Capitole de Toulouse
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Le Capitole abrite la mairie de Toulouse et le théâtre du Capitole de Toulouse. Sa construction a été décidée par les Capitouls en 1190, afin d'y établir le siège du pouvoir municipal. Cette place est le cœur de la ville de Toulouse et du département de la Haute-Garonne. Il est l'emblème de la ville et c'est l'emplacement du pouvoir municipal depuis plus de huit siècles. Le Capitole est entouré par la rue Lafayette, la rue d’Alsace-Lorraine et la rue du Poids de l’Huile. Appelé autrefois la Maison Commune, il se composait d'un ensemble plus important de bâtiments achetés, construits et modifiés au fil des siècles selon les besoins. Aujourd'hui, seules subsistent la Tour des Archives ou Donjon datant du XVIe siècle, les galeries de la cour Henri IV du XVIIe siècle et la façade de l’hôtel de ville du XVIIIe siècle.
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[modifier] Histoire
[modifier] Construction de l'ensemble
L'histoire de cet édifice commence en 1190 lorsque les consuls de Toulouse recherchent un bâtiment pour héberger la maison commune. Ils ont ambition de construire une cité administrative entourée par des remparts au XIIIe siècle. Mais ce n'est qu'au XVIIe siècle que le palais que nous connaissons aujourd'hui est construit par les capitouls. Le nom de cette maison commune fait référence à l'antique Capitole, temple légendaire dédié à Jupiter, et pourvu d'un grand escalier. Il rappelle surtout les magistrats qui l'ont fait édifier, puisqu'en latin, Chapitre se dit Capitulum.
L'emplacement n'est pas choisi au hasard. Il est situé loin du château comtal à la limite de la cité et du bourg de Saint-Sernin contre une tour désaffecté de l'ancien rempart gallo-romain[1]. Les capitouls font l'acquisition de nombreux batiments et terrains autour de la maison commune afin de regrouper les services administratifs, les archives, la prison, les salles de réunion et de réception. AU XIVe siècle, la maison commune forme un ensemble fortifié percé de portes correspondant à la superficie de l'actuelle Capitole et du square.
Au XVIIe siècle, les capitouls veulent construire un palais municipal unique en France. Sa construction va durer près de deux cents ans. La façade du Capitolium a été bâtie en 1750 pendant dix ans sur les plans de Guillaume Cammas. La façade était à l'origine couverte d'un badigeon blanc. Il fut retiré en 1883 par grattage. En 1974 puis en 1987 et 1994, les façades sont rénovées par sablage ainsi que les blasons.
Les huit colonnes de la façade en marbre de Caunes-Minervois symbolisent les huit premiers capitouls. En ce temps, Toulouse était divisé en 8 quartiers: les "Capitoulats", chacun géré par un capitoul. Cette façade avait pour but de cacher l'ensemble hétéroclite de bâtiments que les magistrats n'arrivaient pas à harmoniser. Elle donne sur la Place du Capitole et protège la cour Henri IV. Ainsi que le rappelle une plaque commémorative, c'est dans cette cour que le duc de Montmorency, ennemi de Richelieu, fut décapité en 1632.
[modifier] Modifications contemporaines
En 1873, Eugène Viollet-le-Duc fit construire sur le donjon un beffroi typique du nord de la France. Jean Calas a été interrogé dans ce donjon, qui a longtemps fait office d'archives municipales. Les autres bâtiments du Moyen Âge ont été rasés. Seuls restent la cour Henri IV et le portail, dessiné par Nicolas Bachelier.
Ouverte au public, la Salle des Illustres permet de contempler les chefs-d'œuvre des artistes toulousains du XIXe siècle. Aujourd'hui, le Capitole ne désigne pas seulement la mairie. C'est aussi le nom de l'opéra résidant au sein du bâtiment, et celui de l'orchestre symphonique de la ville se produisant à la Halle aux Grains.
[modifier] Description des anciens bâtiments
- 1- Façade du Capitole
- 2 - Cour Henri IV
- 3 - Poids Commun et la Bouille
- 4- rand Consistoire
- 5 - Chapelle des consistoires
- 6 - salle octogone
- 7 - Logis de l'écu
- 8 - Donjon du Capitole
- 9 - Tour de la vis
- 10 - Tour Charlemagne
- 11 - prison des hommes
- 12 - Arsenal
- 13 - Poids de l'huile
- 14 - Petit Versailles
Derrière la façade du Capitole (1), divers bâtiments existaient durant le règne des Capitouls.
[modifier] Architecture
[modifier] Façade extérieure
Le capitole est construit en pierre calcaire[2] et en briques qui furent longtemps cachées par de la peinture blanche suiavnt kes plans de Guillaume Cammas. Le bâtiment est constitué de deux étages, de trois avant-corps couronnés de frontons et d'un entablement supportant un attique. La façade est percée de quarante-et-une fenêtres ornées de balcons en fer forgé. Chaque balcon est décoré d'écussons : deux (le sixième et seizième balcons) possèdent les écussons colorés des armes de la ville, les autres représentent les armes des capitouls en exercice à l'époque de construction. Ces blasons ont été forgés par Bernard Ortet. Mais en 1760, lors de la pose des écussons, les capitouls n'étaient plus les mêmes et refusèrent de poser les armes de leurs prédécesseurs. Les blasons furent placés dans les combles du Capitole et remplacés par ceux des capitouls en place. Pendant plusieurs années, à chaque changement des capitouls, les blasons connaissaient le même sort jusqu'en 1770. En 1793, les révolutionnaires arrachèrent les blasons en place mais oublièrent ceux cachés dans les combles. On les retrouvé en 1827 pour les remettre en place sur les balcons. En 1988, ils sont remplacés par des copies à cause de leur état de dégradation.
Outre les colonnes, l'édifice est percé d'un porche surmonté d'un fronton triangulaire. Il a été modifié au gré des régimes en place dans le pays. Il porte aujourd'hui et depuis 1871, le sceau de la République française, "R.F." sur fond or. Mais au début, il portait l'effigie de Louis XV, puis celle de la déesse de la Liberté, l'effigie de Napoléon Ier, puis celle de Louis XVIII en marbre, puis la devise "Liberté ordre public".
Le fronton est surmonté de plusieurs statues qui sont des copies des œuvres du sculpteur Louis Parant. Elles représentent au centre une allégorie de la Justice et de la Force avec deux anges soutenant un écusson. Au-dessus de la mairie à gauche, se trouve une représentation de Clémence Isaure et de Pallas, tandis qu'à droite au dessus du théâtre se trouve une représentation de la Tragédie et de la Comédie. Les sculptures originelles ont été remplacées en 1988 et mises à l'abri.
Enfin, une plaque de marbre portant les inscriptions "Capitolium" sous le fronton date de 1759 et a remplacé l'ancienne inscription "Capitolium Tolosanum".
[modifier] La cour Henri IV
On y accède par le portail de l'hôtel de ville qui perce la façade principale. Elle est entourée de deux galeries construites entre 1602 et 1607 sur les plans de Pierre Souffron. Elles ont remplacé deux tours et un poste de garde trop encombrants pour les conserver lors de la construction de la façade. Les galeries sont les parties les plus anciennes du Capitole.
Le nom de cette cour vient du fait que les capitouls décident de faire construire une statue en honneur du roi Henri IV en échange de son argent pour accélérer les travaux retardé par les membres du parlement de Toulouse qui n'adhèrent pas à tous ces travaux. La statue d’Henri IV en marbre polychrome de Thomas Hurtamat datant de 1607 est installée au-dessus du portail de Nicolas Bachelier. Mais, elle est remplacée entre 1799 et 1800 par une Liberté puis retrouve sa place en 1815[3]. Elle est constituée d'un corps en armure noire et une tête blanche couronnée de lauriers verts placée dans une niche entre deux oculi et des blasons des capitouls. Sous la statue, une inscription datant de la Révolution demeure : "Vivant, le peuple entier l'aima. Il le pleura quand il fut enlevé. La postérité ne cessera de l'aimer d'un amour pieux.".
Le portail de Nicolas Bachelier est une porte en plein cintre. Au dessus de l'arc, se trouve Pallas l'autre nom de la déesse Minerve et à gauche une figure ailée porte un bâton sur lequel était posé une chouette et depuis la restauration de 1873, une croix du Languedoc. À droite, se trouve une autre figure ailée qui brandit une couronne de laurier et une branche fleurie.
Sur le sol de cette cour, une dalle scellée rappelle l'exécution par décapitation de Henri II de Montmorency le 30 octobre 1632 sur ordre de Richelieu et de Louis XIII. Il était coupable d'avoir participé au soulèvement du Midi contre le pouvoir royal.
[modifier] Intérieur du palais
Le porche traverse le Capitole de la place en passant par la cour Henri IV jusqu'au jardin Charles-de-Gaulle où se trouve le donjon du Capitole. Il a été construit et décoré par Nicolas Bachelier en 1546.
Un grand escalier permet d'accéder au premier étage du Capitole. Cet escalier a été reconstruit en 1674 par Rivals et est orné d'une peinture de Jean-Paul Laurens du XIXe siècle. Il représente la première distribution des fleurs aux jeux floraux de Toulouse le 3 mai 1324 dans un verger des Augustines. Le jury est composé de sept troubadours de la compagnie du Gai Savoir qui récompensèrent Arnaud Vidal de Castelnaudary pour son poème à la Vierge. Une représentation du triomphe de Clémence Isaure faite par Jean-Paul Laurens est aussi peinte au plafond.
Le premier étage est une galerie d'apparat qui est constitué de plusieurs salles :
- la salle Gervais du nom du peintre Paul Gervais qui décora la salle avec des allégories de l'Amour. Cette salle servait de salle de mariage. Trois tableaux représentent l'amour à 20 ans, 40 ans et 60 ans, un autre représente l'île de Cythère.
- la salle du conseil municipal décorée de peintures de Paul Gervais représentant des monuments de la ville et de sa région et des scènes champêtres. Une peinture de André Roucolle (L'entrée de louis XI à Toulouse) et d'Édouard Debat-Ponsan (Molière et Goudouli dans la cour d'une maison languedocienne) décorent aussi la salle. Des bustes sculptés par Marc Arcis dont celui de Raymond IV et de rois wisigoths sont présents dans des niches. Une plaque de marbre rose liste l'ensemble des maires de la ville depuis 1790.
- la salle Henri Martin décorée de dix toiles géantes de Henri Martin. La plus connue est Les rêveurs et représente Jean Jaurès au milieu de célébrités dont le peintre lui-même au bord de la Garonne. Elle est aussi ornée de trois bustes de figures toulousaines : le sculpteur et architecte Nicolas Bachelier, le mathématicien Pierre de Fermat et le juriste Jacques Cujas. Cette salle se dénommait salle des Pas Perdus qui servaient à exposer les plus fameux capitouls.
- la salle des illustres longue de 60 mètres le long de la façade du Capitole est classée monument historique depuis 1994. La salle est ornée des œuvres de Jean-Paul Laurens, Benjamin Constant, Jean-André Rixens, Paul Gervais et Paul Pujol. Elle sert aujourd'hui de salle de réception pour les hôte de marque de la ville de Toulouse et pour les mariés. Elle a été construite en 1892 avec une carcasse métallique hourdée en ciment avec des arcs-doubleaux sans rôle porteur qui sert à diminuer l'effet de renflement de la partie centrale. Les colonnes sont en stuc et peintes en faux marbre[4] et les murs sont peints et remaniés par Paul Pujol qui s'est inspiré de la galerie du palais Farnèse de Rome. On peut citer quelques tableaux comme La défense de Toulouse contre Simon de Montfort de Jean-Paul Laurens et L'entrée à Toulouse du pape urbain II de Benjamin Constant. Cette salle est consacrée à la gloire de Toulouse tel qu'imaginé en 1900.
[modifier] Donjon du Capitole
Bâti lors du XVIe siècle, le Donjon est l’ancienne Tour des Archives ou Tour des Consistoires qui date de l'époque où les Capitouls administraient la ville. Cette construction avait pour but de renforcer le rempart de défense de la porte Villeneuve et de mettre à l'abri les archives de la ville. il fut construit en quatre ans par Pierre de Naves puis Laurent Clary. En 1557, un arsenal ou chambre de l'Artillerie est construit à côté du donjon. Le donjon est restaurée par Viollet-le-Duc entre 1873 et 1887 car il menaçait de s'effondrer. Il ajoute lors de cette rénovation un beffroi flamands (en ardoise) avec un clocheton très originale dans une ville où sur les façades s'expriment la brique et sur les toits les tuiles typique du style méridionale. Aujourd’hui ce bâtiment est l'Office du Tourisme de la ville de Toulouse, on y trouve ainsi des livres, des cartes, des prospectus, ainsi que de nombreuses informations concernant la région Midi-Pyrénées.
Il est constitué d'un étage appelé chambre haute où les archives sont conservées jusqu'en 1946 et d'un rez-de-chaussé appelé chambre basse ou salle du Petit Consistoire qui servait de salle de réunion au Capitouls. Il possédait pendant plus de deux siècles une statue appelée "Dame Tholosa" tenant d'une main une girouette et de l'autre les écussons de la ville. Elle fut démontée et restaurée en 1827 puis exposée face à la Halle aux Grains en 1834 sur la colonne Dupuy.
[modifier] Théâtre du Capitole
Principal lieu de l'art lyrique de la région toulousaine, le Théâtre du Capitole est fort d'une histoire longue de près de deux siècles, puisqu'il fut inauguré le 1er octobre 1818 à l'emplacement des anciennes salles de spectacle, dans l'enceinte de l'hôtel de ville. La grande salle a une jauge de 1 150 places.
[modifier] Histoire
Le théâtre-Opéra de Toulouse a pour origine la salle du jeu de spectacle intégrée dans l'édifice municipal en 1737 par Guillaume Cammas. À l'époque, on disait déjà qu'il était le plus beau et le plus moderne du royaume[5]. Mais avant cette salle officielle, une salle de l'auberge du Logis l'Écu situé entre le Tour du Donjon et la rue du Poids-de-l'Huile servait à accueillir les troupes itinérantes. Cette salle appartenait déjà aux capitouls qu'ils avaient aménagés entre 1538 et 1539[6]. Molière y fait plusieurs représentations vers 1650. En 1671, une scène permanente est aménagée et des loges sont construites pour les capitouls et leurs invités.
En 1737, après la construction de la nouvelle salle par Guillaume Cammas, la salle comportait un parterre, un amphithéâtre et une triple couronne de quinze loges sur trois étages. Cette salle était moderne grâce à des systèmes ingénieux comme une nacelle, des chars, des trappes e tdes contre-trappes. L'intérieur constitué de 667 places était fastueux avec un lustre en cristal, des frises, des pilastres et des colonnes, des coussins et un rideau peint aux armes de la ville. À son ouverture, la direction est confiée à Mademoiselle Desjardins, directrice de l'Académie royale de musique. En 1793, le théâtre est renommé théâtre de la République. En 1800, le théâtre ferme ses portes à cause de la concurrence d'un nouveau théâtre situé place du Capitole dans le collège Saint-Martial. Elle fut ensuite abandonnée au fil des ans et reconstruite et réaménagée en 1818 par les soins de Cellerier et Gisors, et des peintres joseph Roques et Wallaert. Mais la salle ne satisfait pas notamment au niveau de l'éclairage à huile trop faible et trop dangereux. En 1923, après un incendie, il fut reconstruit et décoré par Paul Pujol dans un style néo-baroque. D'autres réaménagements sont réalisés notamment en 1996 par les architectes Jean-louis Roubert et René Peduzzi dans un style contemporain.
[modifier] Renommée
C’est parmi les opéras français, selon Le Monde, « le deuxième établissement national en terme de qualité, une place que seul, aujourd’hui, peut lui disputer l’Opéra de Lyon parmi les établissements lyriques qui ont obtenu le label “national” (Opéra du Rhin, Opéra de Bordeaux, Opéra de Nancy et de Lorraine), alors que Toulouse, assez crânement, ne l’a jamais brigué. »[7]. Le Théâtre du Capitole propose aujourd'hui, grâce à son équipe composée de plus de 260 personnes, d'un chœur et de l'Orchestre national du Capitole de Toulouse, des ballets, des concerts et, parfois, de l'opérette. Il accueille également un concours international de chant. Michel Plasson en prit la direction artistique en 1973 et fut succédé par Jacques Doucet en 1981 et par Nicolas Joël en 1991.
[modifier] Notes et références
- ↑ Le capitole de Toulouse, édition Privat, page 15, (ISBN 2-7089-9714-9)
- ↑ Pierres issues de Belbèze, de Carcassonne, de Pezens et de Roquefort-sur-Soulzon.
- ↑ Description du portail sur site de la mairie de Toulouse
- ↑ Décorés par les peintres Faure et Monlong. Des insectes et des canetons sont aussi représentés de façon impromptue.
- ↑ La haute-Garonne, encyclopédie illustrée, édition Privat, page 277 (ISBN 2-7089-5811-9)
- ↑ voir histoire du théâtre du Capitole : http://www.theatre-du-capitole.org/sommaire/history/ch01/accueil.htm
- ↑ Renaud Machart, « Nicolas Joël à la tête de l'Opéra de Paris », dans Le Monde (ISSN 0395-2037) daté du 5 décembre 2006 [lire en ligne]
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles complémentaires
[modifier] Bibliographie
- Le capitole de Toulouse, édition Privat, Henry Eynard, (ISBN 2-7089-9714-9)
[modifier] Liens externes
- Capitole sur le site de la mairie de Toulouse
- le Capitole sur le wiki de Toulouse (phototèque,plan du quartier,webcam de la place...)
- article détaillé sur l'architecture du Capitole sur toulouse-renaissance.net
- Site du Théâtre du Capitole
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