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Cheikh Anta Diop - Wikipédia

Cheikh Anta Diop

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Pour les articles homonymes, voir Diop. 

Cheikh Anta Diop
Cheikh Anta Diop

Cheikh Anta Diop (1923-1986) est un historien et anthropologue sénégalais. Il a mis l'accent sur l'apport de l'Afrique et en particulier de l'Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiales. Ses thèses restent aujourd'hui très contestées, et peu reprises dans la communauté scientifique occidentale.

Sommaire

[modifier] L'homme et l'œuvre

Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 à Théytou, dans la région de Diourbel (Sénégal). À l'âge de 23 ans, il part à Paris pour étudier la physique et la chimie mais se tourne aussi vers l'histoire et les sciences sociales. Il suit en particulier les cours de Gaston Bachelard. Il adopte très rapidement un point de vue spécifiquement africain face à la vision européenne dominante de l'époque, selon laquelle les Africains sont des peuples sans passé.

En 1951, Diop prépare sous la direction de Marcel Griaule une thèse de doctorat à l'Université de Paris, dans laquelle il affirme que l'Égypte antique était peuplée d'Africains noirs et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l'Afrique de l'Ouest. Il ne parvient pas dans un premier temps à réunir un jury, mais sa thèse rencontre un grand écho sous la forme d'un livre, Nations nègres et culture, publié en 1955. Il obtiendra finalement son doctorat en 1960. Il poursuit dans le même temps une spécialisation en physique nucléaire au laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France. Diop met à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d'approche.

Il s'appuie sur des citations d'auteurs anciens comme Hérodote[1] et Strabon pour démontrer que les Égyptiens anciens présentaient les mêmes traits physiques que les Africains noirs d'aujourd'hui (couleur de la peau, aspect des cheveux, du nez et des lèvres). Des données d'ordre ethnologique (comme le rôle du matriarcat) et archéologique l'amènent à affirmer que la culture égyptienne s'apparente plus aux cultures d'Afrique noire qu'à celles du Proche-Orient. Sur le plan linguistique, il considère en particulier que le wolof, parlé aujourd'hui en Afrique occidentale, présente de nombreuses similarités avec la langue égyptienne antique.

Diop est un des historiens controversés de son époque[réf. nécessaire]. Lorsqu'il obtient son doctorat en 1960, c'est seulement avec la mention honorable, ce qui en pratique, l'empêche d'enseigner en France. Il revient au Sénégal enseigner comme Maître de Conférences à l'Université de Dakar, désormais renommée Université Cheikh Anta Diop (UCAD)[2]. C'est seulement en 1981 qu'il y obtiendra le titre de professeur. Mais dès 1966, il crée au sein de cette Université de Dakar le premier laboratoire africain de datation des fossiles archéologiques au radiocarbone ; en collaboration avec celui du Commissariat français à l'énergie atomique (CEA) de Gyf-sur-Yvette. Il y effecue également des tests de mélanine sur des échantillons de peau de momies égyptiennes, qui lui permettent de confirmer les dépositions des auteurs grecs anciens sur la mélanodermie des anciens Egyptiens.

Dans les années 1970, Diop participe au comité scientifique qui dirige, dans le cadre de l'UNESCO, la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique. Dans le deuxième tome, il rédige le chapitre consacré à l'Origine des anciens Égyptiens. Dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage, il participe en 1974 au Colloque international du Caire où il confronte les méthodes et résultats de ses recherches avec ceux des principaux spécialistes mondiaux.

Le rapport final[3] du colloque mentionne l'accord des spécialistes —à l'exception d'un— sur les éléments apportés par Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga au sujet de la filiation entre la culture égyptienne ancienne et les cultures africaines. Ainsi, pour le professeur Jean Vercoutter : "l'Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser". Le professeur Leclant a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens. La communauté scientifique reste néanmoins partagée sur la nature du peuplement de l'Égypte ancienne : principalement composé de Noirs jusqu'à la perte de l'indépendance pour certains, mixte selon d'autres experts.

Par ailleurs, dès 1947, Diop s'engage politiquement en faveur de l'indépendance des pays africains et de la constitution d'un État fédéral en Afrique.

« Jusqu’en 1960, il lutte pour l’indépendance de l’Afrique et du Sénégal et contribue à la politisation de nombreux intellectuels africains en France. Entre 1950 et 1953, il est secrétaire général des étudiants du Rassemblement démocratique africain [le RDA, dont l'un des fondateurs est Félix Houphouët Boigny] et dénonce très tôt, à travers un article paru dans La Voix de l’Afrique noire, l’Union française, qui, « quel que soit l’angle sous lequel on l’envisage, apparaît comme défavorable aux intérêts des Africains ». Poursuivant la lutte sur un plan plus culturel, il participe aux différents congrès des artistes et écrivains noirs et, en 1960, il publie ce qui va devenir sa plate-forme politique : Fondements économiques et culturels d’un futur Etat fédéral en Afrique noire.[4] » 

Diop sera l'un des principaux instigateurs de la démocratisation du débat politique au Sénégal, où il animera l'opposition institutionnelle au régime de Léopold Sédar Senghor, à travers la création de partis politiques (le FNS en 1961, le RND en 1976), d'un journal d'opposition (Siggi, renommé par la suite Taxaw) et d'un syndicat de paysans. Sa confrontation, au Sénégal, avec le chantre de la Négritude est l'un des épisodes intellectuels et politiques les plus marquants de l'histoire contemporaine de l'Afrique Noire.

Cheikh Anta Diop meurt dans son sommeil à Dakar, le 7 février 1986. Avec Théophile Obenga et Asante Kete Molefe, il est considéré comme l'un des inspirateurs du courant épistémologique de l'afrocentricité.

[modifier] La théorie historiographique de Cheikh Anta Diop

[modifier] Out of Africa

Selon Diop, l’homme (homo sapiens), est apparu sous les latitudes tropicales de l'Afrique. Les travaux d'Yves Coppens, Luigi Luca Cavalli Sforza, Svante Paabo, Anna di Rienzo, Bryan Sykes, documentent abondamment cette théorie de l’origine africaine de l'humanité.

La chaîne d'hominisation africaine est la seule qui soit complète. C'est aussi la plus ancienne. C'est encore la plus prolifique. Ailleurs on trouve des fossiles humains représentant des maillons épars d’une séquence d'hominisation incertaine.

Diop pose que les premiers homo sapiens devaient être probablement de phénotype noir, parce que selon la loi de Gloger, les êtres vivants originaires des latitudes tropicales sécrètent plus de mélanine dans leur épiderme, afin de se protéger des rayonnements solaires. Ce qui leur confère une carnation aux nuances les plus sombres (ou les moins claires).

Ainsi, pendant des millénaires, il n’y aurait eu d'hommes sur Terre que de Nègres/Noirs, nulle part ailleurs dans le monde qu'en Afrique, où les plus anciens ossements d'hommes "modernes" découverts ont plus de 150 000 ans d'âge[5] ; tandis qu'ailleurs les plus vieux fossiles humains (ex. Proche-Orient) ont environ 100 000 ans.

En règle générale, les fossiles humains sont d'autant plus anciens qu'ils se trouvent en Afrique, au cœur de l’Afrique. Tandis qu'ils sont d’autant plus récents qu’ils se trouvent hors de l'Afrique, loin de l’Afrique. Aucune exception n'a encore été apportée à cette règle de cohérence de la théorie « Out of Africa », qui reste la seule à présenter un si haut degré de stabilité.

Comme l'Afrique a une superficie approximative de 30 millions de km², on imagine que la seule hominisation de tout cet espace a dû prendre plusieurs millénaires. En sorte que les fossiles/phénomènes humains de la moitié Est de l'Afrique (ou de sa moitié Sud) sont généralement plus anciens que ceux de sa moitié Ouest (ou respectivement de sa moitié Nord). Cette immensité géographique du premier environnement d'homo sapiens, compte tenu de sa grande diversité climatique, a eu pour autre conséquence de différencier très tôt l'humanité africaine, des points de vue phénotypique et morphologique. Au bout de plusieurs autres millénaires, des colonies humaines auraient émigré dans les régions limitrophes de l'Afrique. Là où sont attestés les plus anciens fossiles humains après ceux de l'Afrique, c’est-à-dire en Asie méridionale et en Europe méridionale.

Si l'Afrique est "le berceau de l'humanité", alors selon Diop les plus anciens phénomènes civilisationnels ont dû nécessairement avoir eu lieu sur ce continent[6]. Donc, non seulement l'Afrique a un passé, mais aussi l'histoire de l'Afrique serait inaugurale, voire matricielle.

Jusqu'à la première moitié du XXe siècle, cette perspective historiographique de Diop est aux antipodes de ce qui est communément diffusé[7] ; depuis Hegel, Hume, Kant, Rousseau, Hobbes, Marx, Weber, Renan, etc. En sorte que son Nations nègres et culture est le premier ouvrage de cette envergure à étudier l'histoire de l'Afrique antérieure aux traites négrières arabe et européenne, dans les temps les plus anciens. Diop y introduit une profondeur diachronique qu'il n'y avait pas ; à la différence radicale des travaux ethnologiques ou anthropologiques généralement anhistoriques : « le livre le plus audacieux qu’un nègre ait jamais écrit » , dira Aimé Césaire dans son Discours sur le colonialisme.

[modifier] Climatologie

La principale cause naturelle des premières migrations humaines consiste aux évolutions climatiques : en la succession de périodes pluvieuses et de sécheresses en Afrique, correspondant respectivement à des périodes de glaciation et/ou de précipitation dans ses contrées limitrophes, en Europe méridionale et au Proche-Orient. Dans les premiers temps, l'homo sapiens aurait suivi la disponibilité naturelle des ressources alimentaires (animales et végétales) au gré des conjonctures climatiques ; en empruntant toujours les voies naturelles de sortie de l’Afrique (détroit d’Aden, isthme de Suez, détroit de Gibraltar).

Les catalyseurs culturels de cette migration consisteraient dans la maîtrise du feu[8], permettant de vivre dans des contrées tempérées, et l'invention de la navigation permettant de traverser de vastes étendues aquatiques.

L'on comprend que né en Afrique[9], l’homme y expérimente les plus anciennes techniques culturelles avant d'aller conquérir la planète, précisément grâce à elles. C’est ainsi que la fabrication d'outils (lithiques), la poterie, la sédentarisation, la domestication, l’agriculture, la cuisson, etc. sont attestées en Afrique antérieurement à tout autre endroit du monde[10].

[modifier] Égyptologie afrocentrée

Article détaillé : Origine des anciens Égyptiens.

Pour une étude des différentes thèses sur l'origine des anciens Égyptiens.

Selon Diop, la civilisation égyptienne est une civilisation négro-africaine :

[modifier] Par ses habitants

Selon Hérodote, Strabon et Diodore de Sicile, les Égyptiens étaient des Noirs. C'est également l'opinion de Champollion, le déchiffreur des hiéroglyphes[réf. nécessaire].

En égyptien ancien, Km.t s'écrit avec comme racine le mot km, « noir ». Selon Cheikh Anta Diop, les Égyptiens se sont désignés dans leur propre langue comme un peuple (une collectivité) de Nègres (noir/kam). À l’appui de sa thèse, il invoque une graphie « insolite »[11] de km.t déterminée par un homme et une femme assis, graphie qu'il traduit littéralement par « une collectivité d’hommes et de femmes noirs »[12]. On n’en connaît qu’une seule occurrence[13], dans un texte littéraire du Moyen Empire, les Égyptiens se qualifiant partout ailleurs de rmṯ, « les humains » (XVIIIe dynastie), de rmṯ n p3 t3, « les humains de ce pays » (XXe dynastie), de rmṯ n km.t, « les humains de km.t » (Moyen Empire) , et, à l’époque grecque, de km.tjw, « ceux de l’Égypte » ou de imj.w t3 mrj, « les habitants du pays bien-aimé »[14].

En se basant sur cette graphie unique, les afrocentristes se demandent comment les Égyptiens en seraient venus à se désigner/distinguer par leur phénotype, au Moyen Empire. Il faut savoir que cette occurrence est attestée en Iran. En effet, les gens d'Elam, contemporains des Égyptiens, les Anunaki, se nommaient eux-mêmes Sag Gig, c'est-à-dire les "Têtes Noires" (les Faces Noires ?). Ce qui, selon A. Anselin[15], évoque beaucoup l'expression grecque de "Aithiops", désignant dans les temps anciens les habitants de la région de part et d'autre de la Mer Rouge.

Par ailleurs, le terme le plus ancien répertorié pour dire « les Égyptiens » serait « Rmtw (Rometiou) », qui signifie « les humains »[16] : un terme qui aurait été adopté aux temps prédynastiques où les Égyptiens n’auraient connu d'autres hommes qu'eux-mêmes ; ou en tout cas où ils n’auraient pas connu d'hommes phénotypiquement différents d’eux-mêmes.

Or, ces circonstances n'étant pas celles de la Première Période Intermédiaire, ni du Nouvel Empire, la question des origines, de l'autochtonie, ne se serait posée qu'avec l’avènement des premières dynasties allogènes et d'un plus grand cosmopolitisme de la civilisation égyptienne.

[modifier] Par sa langue

L'argument linguistique de Diop comporte deux volets. D'une part, l'auteur essaie de prouver que l’égyptien ancien n’appartient pas à la famille afroasiatique[17]. D'autre part, il tente d'établir positivement la parenté génétique de l'égyptien ancien avec les langues négro-africaines contemporaines[18]. Ainsi, d'après Diop et Obenga, les langues négro-africaines contemporaines et l'égyptien ancien ont un ancêtre linguistique commun, dont la matrice théorique (ou "ancêtre commun prédialectal") aurait été reconstituée par Obenga, qui l'a baptisée « négro-égyptien ».

La langue maternelle de Cheikh Anta Diop est le walaf (wolof, ouolof), et il a appris l’égyptien ancien lors de ses études d’Égyptologie. Ce qui lui a permis de voir concrètement qu’il y avait des similitudes entre les deux langues. Il a donc tenté de vérifier si ces similitudes étaient fortuites, empruntées, ou filiales.

Exemple de similitudes :

  • nad : demander (en égyptien) | lad : demander (en Walaf)
  • nah : protéger (en égyptien) | lah : protéger (en Walaf)
  • benben : sourdre (en égyptien) | bel bel : sourdre (en Walaf)

Il y a une équivalence régulière entre le sens du mot égyptien et celui du mot walaf. Plus généralement, il y a une parfaite concordance entre le champ sémantique des mots égyptiens et celui des mots walaf de même morphologie.

Nota : Alain Anselin observe que le phénomène de duplication (benben/bel bel) est généralisé en égyptien ancien et dans les langues négro-africaines modernes :

  • égyptien : dgdg = écraser du pied, piétiner
  • somali : degdeg = vite, urgent
  • walaf : dëgdëg = piétiner
  • basaa : tegatega = clopin-clopan
  • lingala : leka-leka = roder
  • kikongo : dekadeka = vacillant.

Diop observe une "loi de correspondance" entre n en égyptien et l en walaf. Il observe également qu'en présence d'un morphème ayant une structure nd en égyptien, on rencontre généralement un morphème équivalent en Walaf de structure ld. Le grand spécialiste de la linguistique historique, Ferdinand de Saussure, a établi que ce type de correspondances régulières n'est presque jamais fortuit en linguistique, et que cela a force de "loi" phonologique, dite « sound laws ».

La structure consonantique du mot égyptien (nd) est la même que celle du mot walaf (ld) ; sachant que souvent les voyelles ne sont pas graphiées en égyptien, même si elles sont prononcées. Cela veut dire, par exemple, que là où l'on note "a" pour l'égyptien, il est possible de rencontrer une toute autre voyelle dans le morphème walaf équivalent. Dans ce cas la correspondance ne serait approximative qu'en apparence, car c'est la phonétisation (la prononciation) de l'égyptien selon les règles de prononciation sémitiques qui serait erronée. Bien entendu une telle loi ne se déduit pas de deux ou trois exemples, elle suppose l'établissement de séries lexicales exhaustives ; comme on en trouve dans les ouvrages dédiés de Diop et Obenga.

En outre, Diop dit avoir mis en évidence des correspondances syntaxiques et grammaticales régulières entre walaf et égyptien ancien[19]

Il indique par ailleurs que les lois de correspondances observées entre égyptien et Walaf n'existeraient pas entre égyptien et hébreu, arabe, ou berbère. Ce type d'approche sera généralisé par Obenga à de nombreuses autres langues négro-africaines, notamment le mbochi, sa langue maternelle. Oum Ndigi a réalisé des études similaires sur le basaa[20]. Aboubacry Moussa Lam a travaillé dans ce sens pour le peul[21]. Alain Anselin a relevé de nombreuses similitudes régulières en ce qui concerne la « grammaire du verbe, du geste et du corps en égyptien ancien et dans les langues négro-africaines modernes »[22]. Toute une école de linguistique historique africaine est née de ces recherches, dont les auteurs et la publication sont désormais conséquents[23].

Obs.- Bien que démonstration ait été faite avant les travaux de Diop que l’égyptien n’appartient pas au groupe sémitique des langues afroasiatiques, il n’en résulte pas nécessairement qu’elle n’appartient pas au phylum afroasiatique[24]. Ainsi, le linguiste comparatiste A. Loprieno[25] notamment[26] relève les caractéristiques communes à l’égyptien et aux autres langues afroasiatiques : entre autres la présence de racines bi- et trilitères, constantes dans les thèmes verbaux et nominaux qui en dérivent ; la fréquence de consonnes glottales et laryngales, la plus caractéristique étant l’occlusive laryngale ˁayn ; le suffixe féminin *-at ; le préfixe nominal m- ; le suffixe adjectival –i (le nisba arabe). À la Conférence internationale de Toulouse (septembre 2005), A. Anselin quant à lui « a délivré une communication portant sur les noms de nombres en égyptien ancien où il considère deux courants d’influence, l’un tchado-égyptien, l’autre égypto-sémitique »[27]. La parenté génétique de l’égyptien ancien avec les langues négro-africaines contemporaines est pareillement contestée par certains philologues et lexicologues. Ainsi, Henry Tourneux, spécialiste des langues africaines (mbara, fulfulde, munjuk, kotoko…) et membre de l'unité mixte de recherche Langage, Langues et Cultures d'Afrique noire (CNRS)[28], observe que « la coïncidence de trois langues non contiguës » ne garantit pas « le caractère commun, « négro-égyptien », d’un mot » : en effet, il ne suffit pas qu’un fait linguistique soit attesté dans deux langues non contiguës du « négro-africain » contemporain (la troisième langue étant l’égyptien ancien ou le copte) ni que les champs sémantiques soient identiques pour que l’on ait la preuve que le fait linguistique en question relève d’une hypothétique matrice « négro-égyptienne »[29].

Les critiques d'Henry Tourneux ont fait l'objet d'une réponse circonstanciée de Théophile Obenga dans "Le sens de la lutte contre l'africanisme eurocentriste"[30], où il estime que son contradicteur n'est pas compétent en matière de linguistique historique comparative, ni même spécialiste de la langue égyptienne. En effet, Henry Tourneux est « spécialiste des langues tchadiques et de la lexicographie peule »[31]. Par ailleurs, d'après Obenga, aucun linguiste spécialiste de linguistique historique n'a encore contesté ses travaux et ceux de Diop, particulièrement en ce qui concerne la régularité des propriétés communes aux langues négro-africaines, au copte et à l'égyptien ancien. Or, toujours selon Théophile Obenga, c'est très précisément cette régularité, faisant force de loi linguistique (Cf. F. de Saussure, A. Meillet, E. Benveniste), qui fonde sa théorie générale du "négro-égyptien" : des similitudes éparses, irrégulières entre les langues ou groupes de langues comparées pouvant relever, ou bien de coïncidences, ou - plus sûrement en l'espèce du paradigme afroasiatique - d'emprunts réciproques de langues dont les locuteurs sont géographiquement mitoyens depuis des millénaires. Pour Obenga, le fait même que les langues africaines modernes ne soient pas contemporaines de l'égyptien ancien, et que beaucoup de ces langues soient attestées à des milliers de kilomètres de l'Égypte, serait un argument favorable à sa théorie linguistique du "négro-égyptien"[32] :

« L'énorme discontinuité géographique milite en faveur de l'exclusion de l'emprunt dans ces temps anciens, sur l'ensemble des concordances établies, morphologiques, phonétiques et lexicologiques. C'est-à-dire que la séparation très ancienne de la souche commune prédialectale élimine les effets de convergence, de hasard et d'emprunt. En d'autres mots, si des connexions de caractère sérial sont établies entre l'égyptien pharaonique, le copte et les langues négro-africaines modernes, on est autorisé de reconnaître un « air de famille », une « parenté par enchaînement » selon l'expression de la systématique des plantes, même si l'on s'éloigne beaucoup du type initial, des prototypes reconstruits. Ainsi, le temps qui sépare l'égyptien ancien des langues africaines actuelles - un hiatus de 5000 ans - au lieu de constituer une difficulté se présente au contraire comme un critère sûr de comparaison (le temps qui sépare le hittite du portugais actuel est également énorme, mais rien n'empêche de comparer directement ces deux langues, dans un ensemble donné, pour rejoindre précisément l'indo-européen. » 

[modifier] Par la culture spirituelle

La comparaison des cosmogonies égyptiennes avec les cosmogonies africaines contemporaines (Dogon, Ashanti, Yorouba, etc.) montre une similitude radicale qui, d'après les afrocentristes, n'a rien de fortuit, mais témoignerait d'une profonde parenté culturelle. Ce serait le cas des isomorphies Noun/Nommo, Amon/Ama, Wsir/Nkongolo, Sth/Mbidi. Ce serait aussi le cas des fêtes des semailles et autres pratiques cultuelles agraire ou cycliques.

[modifier] Par l'institution du « roi divin »

L'institution politique dite de « la royauté sacrée » (Luc De Heusch, Michel Izard) est attestée en Égypte et partout ailleurs en Afrique ; de même que la pratique ancestrale du régicide rituel. C'est ainsi que le Fari, le Mansah, le Mwene ou le Mogho Naba, sont des institutions politiques structuralement analogues (sacerdotales et en même temps politiques) ; tandis qu'elles se distinguent radicalement du « Roi »[33] :

« La monarchie pharaonique fut-elle une royauté divine africaine ? Tout d'abord, il convient de remarquer qu'en Égypte le dieu-qui-meurt est Osiris et que, comme dans le cas des rois divins africains mais à la différence des autres dieux-qui-meurent d'Europe et du Proche-Orient anciens, Osiris est aussi roi (...). Comme les rois africains, Osiris est la personnification du principal aliment de la communauté, la céréale, l'orge (cf., par ex., Mystère de la succession, scène 9, 29-32 ; Textes des sarcophages, 269, 330 ; Luttes d'Horus et Seth, 14, 10 ; Textes du sarcophage d'Ankhnesneferibre, 256-302 ; Plutarque, Isis et Osiris, 36, 41, 65, 70 ; cf. aussi les "Osiris végétants", représentations du dieu en argile dans lesquelles sont enfoncées des graines de céréale qui finissent par germer), et lui-même ou bien les humeurs qui émanent de son cadavre s'identifient avec le Nil ou avec les eaux fécondantes de la crue (cf. Textes des Pyramides, 39, 117, 788, 848, 1360 ; Hymne de Ramsès IV à Osiris). La capitale de l'Égypte, Memphis, est un centre qui diffuse l'abondance parce que le cadavre d'Osiris flotta dans les eaux du Nil à sa hauteur et qu'il y fut enterré (Théologie memphite, 61-62, 64). C'est qu'Osiris, roi-dieu mort, dispense l'abondance précisément dans sa condition de mort, d'être sacrifié (Frankfort, 1948, chap. 2). En plus d'être le dieu-qui-meurt, Osiris est aussi le premier ancêtre de la royauté (être individuel) et, en tant que roi mort, celui auquel s'identifient tous les rois en mourant (être collectif). Osiris se ressemble donc en tous aspects au roi-dieu africain. (...) Pour conclure, nous pourrions nous demander comment s'explique cette parenté et, en général, comment s'expliquent les nombreux parallélismes qui existent entre l'Égypte et l'Afrique. Certains auteurs ont parlé de diffusion, d'autres de convergence. Nous préférons, quant à nous, la notion de « substrat culturel pan-africain », compris comme un patrimoine culturel commun qui aurait eu son origine à l'époque néolithique et dont auraient émergé, ici et là dans l'espace et dans le temps, les diverses civilisations africaines historiques et actuelles. » 

[modifier] Par la culture matérielle

Les plus vieux ustensiles et techniques de chasse, pêche, agriculture attestés en Égypte sont similaires à ceux connus dans les autres régions de l’Afrique. De même que les différentes coiffures et leurs significations, les cannes et sceptres royaux. Les travaux d'Aboubacry Moussa Lam sont particulièrement décisifs pour ce champ de la recherche ouvert par Diop.

L'ensemble des différents types d'arguments que les afrocentristes invoquent mobilise diverses disciplines scientifiques, et constitue d'après eux un « faisceau de preuves », c'est-à-dire un système argumentaire global, ayant sa propre cohérence interne qui l'établit comme un paradigme épistémologique autonome.

Toutefois, la préoccupation de Diop consiste moins à innover en matière d'historiographie de l'Afrique, qu'à connaître profondément l'histoire de l'Afrique en vue d’en tirer les enseignements utiles pour agir efficacement sur son avenir. Il ne s'agit pas davantage de s'enorgueillir puérilement de quelque passé glorieux, mais de bien connaître où l'on vient pour mieux comprendre où l'on va. D’où sa remarquable prospective politique dans Les fondements économiques et culturels d’un État fédéral d’Afrique noire (éd. Présence africaine, 1960) ; et son implication concrète dans la compétition politique au Sénégal, son pays natal.

[modifier] Postérité de l'œuvre de Cheikh Anta Diop

L'idée d'une Égypte ancienne noire avait déjà été avancée par d'autres auteurs, mais l'œuvre de Cheikh Anta Diop est fondatrice dans la mesure où elle a considérablement approfondi l'étude du rôle de l'Afrique noire dans les origines de la civilisation. Elle a donné naissance à une école d'égyptologie africaine en inspirant par exemple Théophile Obenga et Molefi Kete Asante. Diop a participé à l'élaboration d'une conscience africaine libérée de tout complexe face à la vision européenne du monde. Ses travaux et son parcours sont aujourd'hui une référence constante des intellectuels africains, plus encore peut-être que Léopold Sédar Senghor auquel Diop a reproché d'avoir aliéné la négritude en la basant sur un type de raison différent de la raison européenne. Les travaux de Cheikh Anta Diop, entre autres, ont donné naissance à un courant historiographique dit de l' afrocentricité. Sur le plan linguistique, il a initié l'étude diachronique des langues africaines et a défriché l'histoire africaine pré-coloniale (hors période pré-égyptienne largement commentée).

Nombre d'auteurs, tout en reconnaissant que Diop a eu le mérite de libérer la vision de l'Égypte ancienne de son biais européocentriste, reste partagés sur certaines de ses conclusions. Certains chercheurs africanistes contestent l'insistance de Diop sur l'unité culturelle de l'Afrique noire. D'autres estiment que son approche pluridisciplinaire l'amène à des rapprochements sommaires dans certains domaines comme la linguistique, ou que ses thèses entrent en contradiction avec les enseignements académiques de l'archéologie[réf. nécessaire] et de l'histoire de l'Afrique et en particulier de l'Égypte. Ses travaux ne sont pas considérés comme une source fiable par une partie des historiens actuels[réf. nécessaire] affirmant que ses travaux suscitent l'intérêt sur le plan de l'historiographie de l'Afrique et non sur celui de la connaissance de son passé.

[modifier] Archéologie

Des découvertes archéologiques récentes semblent en accord avec certaines hypothèses formulées par Diop. Sur le site de Blombos ont été exhumées les plus anciennes œuvres d'art jamais trouvées. Elles datent de plus de 70 000 ans. De même, sur le site de Kerma, les travaux du Suisse Charles Bonnet ont prouvé l'originalité de la civilisation de Kerma (-3000/–1500)[34] par rapport à l’Égypte pharaonique.

Diop a fait passer ce message : l'Afrique noire a une histoire riche et a largement contribué à l'origine des civilisations et des techniques. Il écrivait cela dans « Nations Nègres et Culture » il y a déjà cinquante ans.

[modifier] Épigraphie

Alain Anselin a mis en exergue l’africanité de l’écriture hiéroglyphique, le mdw nṯr :

« Il est clair que l’absence répétée des paires d’homophones nécessaires à l’établissement du code hiéroglyphique dans une famille de langues donnée rend difficile d'affirmer que cet univers linguistique puisse rendre compte de l'élaboration de l'écriture hiéroglyphique […] Le paradigme africain, doté d'un pouvoir explicatif plus grand, invalide pour cette raison le paradigme sémitique devenu « classique », fondé sur l’induction que les Égyptiens « devaient » être « sémites », dans le cadre réducteur du « chamito-sémitisme[35]. » 

Anselin estime que les hiéroglyphes photographient le milieu écologique et sociétal qui les a vus naître. Or, la faune et la flore des signes scripturaux égyptiens sont indéniablement africaines, notamment de la région des Grands Lacs, au cœur de l'Afrique et l'ichthyonomie égyptienne présente des similitudes frappantes avec les noms de poisson dans diverses langues négro-africaines contemporaines.

Babacar Sall relève que dans la sign list de la grammaire égyptienne d'Alan H. Gardiner[36] les symboles relatifs aux instruments de la pêche et de la chasse sont particulièrement nombreux, et correspondent à des pratiques et techniques attestées dans toute l'Afrique noire, encore de nos jours :

« Si les auteurs de la civilisation pharaonique apparaissent dès le début comme des agriculteurs, il n’en demeure pas moins qu’ils ont gardé les traces de ce qu’ils ont été avant et pendant l’époque prédynastique (-4000 à -3200), c'est-à-dire des pêcheurs. Cette donnée s’exprime dans les caractères hiéroglyphiques par le nombre de signes composés à partir d'images d’outils et d'instruments de pêche. Sign-list « Gardiner » : A25, A37, A38, A49, D33, D34, O34, O35, P1 à P11, R24, R25, S22, S29, S30, S31, T1, T2, T3, T4, T5, T6, T10, T12, T13, U19, V2 à V8, V12, V13, V14, V28, Y1. Autant d'images de massues, corde, barque, eau, nœuds, etc. [37] » 

[modifier] Œuvres

  • Nations nègres et culture : de l'antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique noire d'aujourd'hui, (ISBN 2708706888) (1954)
  • L'unité culturelle de l'Afrique noire, (ISBN 2708704060) (1959)
  • L'antiquité africaine par l'image, (ISBN 2708706594)
  • L'Afrique noire précoloniale. Étude comparée des systèmes politiques et sociaux de l'Europe et de l'Afrique noire de l'antiquité à la formation des États modernes, (ISBN 2708704796) (1960)
  • Les fondements culturels techniques et industriels d'un futur État fédéral d'Afrique noire, (ISBN 2708705350)
  • Antériorité des civilisations nègres, mythe ou vérité historique ?, (ISBN 2708705628) (1967)
  • Parenté génétique de l’égyptien pharaonique et des langues négro-africaines (1977)
  • Civilisation ou barbarie, (ISBN 2708703943) (1981)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Diop prend plusieurs exemples. Ainsi, lorsque Hérodote veut montrer que le peuple des Colchidiens est parentèle des Égyptiens, il prend comme argument que les Colchidiens « sont noirs, et qu'ils ont les cheveux crépus » (Histoire, livre II sur Wikisource).
  2. http://www.ucad.sn/
  3. Ce rapport est publié en annexe du tome II de l'Histoire générale de l'Afrique publiée par l'UNESCO. On peut en lire un compte rendu détaillé sur ankhonline.com.
  4. http://www.monde-diplomatique.fr/1998/01/A/9788
  5. http://www.hominides.com/html/dossiers/expansion.html
  6. Cette perspective est confortée par les plus récentes découvertes archéologiques : «l'invention des bijoux date en fait au moins de 75 000 ans, puisque 41 petits coquillages percés et de cet âge ont été découverts en 2002 dans la grotte de Blombos en Afrique du Sud par Francesco d'Errico et Marian Vanhaeren, préhistoriens au CNRS. L'étude de ces 41 fossiles de gastéropodes appartenant à l'espèce Nassarius kraussianus et découverts dans les couches archéologiques du Middle Stone Age révèle qu'ils ont été utilisés comme objets de parure.» Voir http://ma.prehistoire.free.fr/blombos.htm
  7. Cf. Théophile Obenga, "Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx", éd. Khepera/Présence Africaine, Paris, 1996
  8. http://www.hominides.com/html/dossiers/feu_domestication.htm : «Quelques sites sur le continent africain présentent également des traces de combustions anciennes (1.5 Ma) mais certainement dues à des incendies naturels : Chesowanja et Gadeb (Ethiopie), Bodo (Kenya).»
  9. Nathalie Michalon, "L'origine des cultures africaines aux bords des Grands Lacs confirmée par l'observation satellitaire du nombre d'éclairs au-dessus de l'Afrique et les traditions et mythes africains", in ANKH n°14/15, éd. Khepera, Gif-sur-Yvette, 2006
  10. Nabta Playa est probablement le plus ancien centre de domestication connu : http://en.wikipedia.org/wiki/Nabta_Playa
  11. ungewöhnlich : cf. Zettelarchiv du Thesaurus Linguae Aegyptiae (http://aaew2.bbaw.de/tla/index.html)
  12. Alain Anselin, "Samba", éditions de l'UNIRAG, Guadeloupe, 1992, Pp. 11-16
  13. Cf. Zettelarchiv du Thesaurus Linguae Aegyptiae (http://aaew2.bbaw.de/tla/index.html)
  14. A. Erman et H. Grapow, Wörterbuch der ägyptischen Sprache, t. VI, p. 4
  15. Cf. "Le Mythe d'Europe. De l'Indus à la Crète", éd. Anthropos, 1982
  16. Le terme n’est pas attesté antérieurement à la XVIIIe dynastie (cf. Wörterbuch der ägyptischen Sprache, t. VI, p. 4. R. Hannig, Ägyptisches Wörterbuch I, Altes Reich und Erste Zwischenzeit, Mainz, 2003, qui répertorie le lexique de l’Ancien Empire et de la Ire période intermédiaire ne le mentionne pas.
  17. Le "Chamito-sémitique n'existe pas", Ankh, n°1, février 1992, pp. 51-58
  18. Cheikh Anta Diop, Nations Nègres et Cultures (1954) p. 231-287 ; voir également Théophile Obenga, "Origine commune de l'égyptien ancien du copte et des langues négro-africaines modernes. Introduction à la linguistique historique africaine", éd. L'Harmattan, Paris, 1993
  19. [1]
  20. http://www.ankhonline.com/kwaod.htm
  21. Aboubacry Moussa Lam, "De l'origine égyptienne des Peuls", éd. Présence Africaine/Khepera, Paris, 1993
  22. éd. UNIRAG, Guadeloupe, 1993
  23. [2]
  24. Sur la famille linguistique afroasiatique, cf. notamment http://goto.glocalnet.net/maho/webresources/general.html et http://goto.glocalnet.net/maho/webresources/afroasiatic.html
  25. Ancien Egyptian – A Linguistic Introduction, Cambridge University Press, 1995, p. 1
  26. tout comme James P. Allen, Middle Egyptian, Cambridge University Press, 2004 ; Elmar Edel, Altägyptische Grammatik, Pontificium Institutum Biblicum, Roma, 1955 ; Erhart Gräfe, Mittelägyptisch - Grammatik für Anfänger, Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 2001, Gustave Lefebvre, Grammaire de l’égyptien classique, Le Caire, 1955 ; Alan H. Gardiner, Egyptian Grammar, Oxford University Press, 1973
  27. cf. A. Anselin, Words and Signs of Numerals in Egyptian - Some Elements of Analysis and Reflexion in : L'Égypte pré- et protodynastique. Les origines de l'État - Conférence internationale de Toulouse, 5-8 sept. 2005
  28. http://www.bibliomonde.net/pages/fiche-auteur.php3?id_auteur=897
  29. Cf. Les langues africaines et l’égyptien : http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/055153.pdf
  30. éd. Khepera/L'Harmattan, Paris, 2001
  31. Cf. "Afrocentrismes L'histoire des Africains entre Égypte et Amérique", éd. Karthala, Paris, 2000
  32. http://www.ankhonline.com/langue1.htm
  33. Josep Cervello Autuori (Universitat Autonoma de Barcelona), Monarchie pharaonique et royautés divines africaines, in Cahiers Caribéens d'Egyptologie n°2, février/mars 2001
  34. Ch. Bonnet, art. Kerma dans : Dictionnaire de l’Antiquité, PUF, 2005 ; voir aussi http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/aux_frontieres_sud_de_l_egyptele_royaume_de_kerma.asp
  35. Alain Anselin, L’oreille et la cuisse, éd. Tyanaba, 1999 ; P.9
  36. Egyptian Grammar, Oxford University Press, 1973, p. 544-547
  37. Babacar Sall, « Des Grands Lacs au Fayoum, l'Odyssée des pêcheurs », in Ankh N°12/13, 2003-2004, éd. Khepera, Paris, pp108-117

[modifier] Liens externes

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