Joseph Agricol Viala
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Joseph Agricol Viala (22 septembre 1780 - 6 juillet 1793) a participé à l'insurrection de Marseille en 1793.
Agricol Viala était un enfant du Midi. Il habitait Avignon, et, quoique bien jeune, l’impression produite par les grands événements, qui s’accomplissaient alors, avait éveillé en lui des sentiments d’énergie et de patriotisme au-dessus de son âge.
À cette époque où la France, attaquée au dehors et au dedans, montrait le même but â tous les citoyens : l’indépendance et la liberté, les jeunes gens qu’on appelait à 18 ans, souvent à 15, à la défense du pays, apprenaient de bonne heure à porter un fusil : aussi, à peine âgé de 13 ans, Viala, dont on estimait déjà le courage, fut placé à la tête des jeunes gens enrôlés sous le nom d’Espérance de la patrie, et bientôt il prouva que ce n’était pas sans raison qu’on avait ainsi préjugé sur l’avenir.
Les royalistes, ralliés aux Anglais et à ces hommes qui rêvèrent un instant le morcellement de la France, avaient déployé le drapeau blanc à Toulon et à Marseille. En face de ce soulèvement, les soldats de la République française furent obligés de se replier vers Avignon, abandonnant Nîmes, Aix, Arles, aux confédérés provençaux, et ceux-ci, encouragés par ces succès, les poursuivaient audacieusement. Enfin les habitants de Lambesc, de Tarascon, réunis aux Marseillais rebelles, se dirigèrent vers la Durance pour marcher sur Lyon, puis sur Paris. Ils espéraient déjà, comme tous les ennemis de la République française, briser dans la Convention l’unité nationale et étouffer ainsi la Révolution.
À la première nouvelle de l’approche des insurgés, les républicains, principalement ceux d’Avignon, se réunirent pour s’opposer à eux ; mais les insurgés marseillais allaient traverser la Durance, et écrasé par la supériorité du nombre une faible troupe de soldats républicains.
Un seul moyen de salut restait à ces derniers, c'était d'aller couper, sous le feu de l'ennemi, les câbles du ponton déjà tombé en son pouvoir ; mais une si périlleuse entreprise fait hésiter les plus braves...
La seule ressource qui restât au parti républicain était de couper les câbles à l’aide desquels on retenait et on dirigeait les pontons. Le moyen est sûr, mais il est périlleux : il faut traverser une chaussée entièrement exposée à la mousqueterie des rebelles, et derrière laquelle les républicains se sont retranchés. On hésite, et les hommes les plus hardis reculent devant l’imminence du danger.
Alors, un enfant s’élance : c’est Viala, qui s’était échappé d’Avignon à la faveur du trouble qu’avait excité l’approche des Marseillais.
Il saute sur une hache, vole aux bords du fleuve, et frappe sur le câble à coups redoublés. Plusieurs décharges de mousqueterie sont dirigées contre lui : il continue à frapper avec ardeur... Enfin, atteint d'une balle et mortellement blessé.[1]
La courageuse tentative de Viala, bien qu’elle n’eût pas complètement réussi, ne fut cependant pas inutile. Les insurgés, étonnés de tant d’audace, hésitèrent un instant, et les républicains qui s’étaient précipités sur les pas du jeune Avignonnais, eurent le temps d’accomplir leur retraite ; toutefois, ils ne purent emporter avec eux le corps du jeune héros.
En vain l’un de ses camarades qui s’était glissé près de lui, encouragé par son exemple, et qui avait recueilli ses dernières paroles, essaya de l’enlever. Il fut forcé de s’éloigner devant les royalistes qui s’avançaient. Ceux-ci ayant traversé la Durance, insultèrent indignement le cadavre de Viala. Enfin, après l’avoir horriblement mutilé, ils le précipitèrent dans la rivière, se disputant entre eux l’honneur de cette victoire.
La mère de ce jeune Spartiate se montra digne de lui avoir donné le jour. En apprenant cette perte cruelle, sa douleur fut profonde ; mais quand on lui eut raconté l'admirable dévouement de son fils. - "Oui, dit-elle, il est mort pour la patrie !" et ses larmes cessèrent de couler.
Le dévouement de Viala lui valut les honneurs du Panthéon. Une gravure représentant ses traits fut distribuée dans toutes les Écoles primaires. On trouve dans l’hymne que Chénier a intitulé le Chant du départ, la strophe suivante qu’il a placée dans la bouche d’un enfant :
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- De Barra, de Viala le sort nous fait envie ;
- Ils sont morts, mais ils ont vaincu.
- Le lâche, accablé d’ans n’a point connu la vie :
- Qui meurt pour le peuple a vécu !
- Vous êtes vaillants, nous le sommes ;
- Guidez-nous contre les tyrans :
- Les républicains sont des hommes,
- Les esclaves sont des enfants.
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[modifier] Source partielle
« Joseph Agricol Viala », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)