Karen Ann Quinlan
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Karen Ann Quinlan (29 mars 1954 au New Jersey - 11 juin 1985 au New Jersey) est une Américaine emblématique de l'histoire du droit à l'euthanasie. Mondialement connu, son cas a donné lieu à maints débats sur la bioéthique, l'euthanasie, la garde légale et les droits civiques.
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[modifier] Chronologie
En avril 1975, Karen Ann suit un régime alimentaire draconien, et tombe dans le coma pendant une fête. Quelques minutes plus tard, elle est trouvée inconsciente et sans respiration. Ranimée, les médecins de l'hôpital Newton Memorial déterminent qu'elle a subi des lésions irréversibles au cerveau, et est branchée à un respirateur artificiel. Malgré les lésions, elle agite les bras et tourne la tête, comme si elle était en partie consciente. Les parents sont bouleversés de la voir ainsi branchée.
Elle est ensuite déplacé à l'hôpital St Clare, toujours dans le New Jersey. Plusieurs spécialistes sont affectées aux soins de Karen Ann, mais ne peuvent la faire sortir de son coma. Les membres de Karen Ann se déplacent au point de se coincer, ce qui n'améliore guère son état.
Le 31 juin de la même année, déchirés par le spectacle et bien qu'ils soient des croyants, ses parents signent les autorisations nécessaires pour qu'elle soit débranchée du respirateur, les autres soins étant maintenus. Les autorités de l'hôpital refusent, car les parents n'ont pas la garde légale de Karen Ann (elle a 21 ans à ce moment). Si la cour leur donne cette garde, les responsables ne s'opposeront peut-être pas.
Le 9 septembre 1975, l'avocat des parents dépose une demande pour se faire entendre devant une court du New Jersey. C'est le début d'une saga judiciaire et médiatique sans précédent aux États-Unis.
Les tenants pro-vie affirment que Karen doit rester en vie à tout prix, car décider de sa mort est équivalent à se substituer à Dieu. D'autres s'opposent et opinent en faveur de la qualité de vie. Les parents, eux, souhaitent que les souffrances de Karen cessent. En effet, elle a pris la position d'un fœtus et son corps est une plaie vivante. Sans compter que la voir ainsi branchée les trouble.
Les journalistes envahissent le village où habitent les Quinlan et traquent leur moindre geste, souvent tuyautés par des membres du personnel hospitalier. En effet, cette cause est à la fois couverte par The New York Times, NBC et Associated Press, trois importants médias américains. Également, des journaux du monde entier reprendront plusieurs articles publiés aux États-Unis.
Devant cette couverture nationale, plusieurs sympathisants à la cause des Quinlan se désistent, sachant, au contraire des Quinlan, que les causes judiciaires médiatisées sont très éprouvantes. Pratiquement tous les médecins contactés refusent de se prononcer devant un tribunal. Les Quinlan parviennent quand même à faire entendre quelques spécialistes des troubles du cerveau.
Le 10 novembre 1975, la cour rejette tous les arguments, tant constitutionnels que religieux, invoqués par l'avocat des Quinlan. Elle doit interpréter ces arguments, ce qui n'est pas de son ressort, mais bien de la Cour suprême. L'avocat interjette appel devant une cour d'instance supérieure, mais la Cour suprême du New Jersey la court-circuite et décide d'entendre la cause des Quinlan le 26 janvier 1976. Le 31 mars de la même année, elle rend son jugement à l'unanimité : les parents ont la garde légale de Karen Ann et affirme que Karen a droit à la protection de sa vie privée. De plus, la cour affirme que si la mort survient après le débranchement, ce ne sera pas un homicide, mais due à une cause naturelle.
Cependant, les semaines passent et les médecins en charge refusent de débrancher, affirmant que Karen mourra. Lors d'une réunion tendue avec les médecins et les responsables de l'hôpital, les parents apprennent que la religieuse à la tête du conseil d'administration de l'hôpital se sent moralement incapable d'ordonner le débranchement. Cela fait 10 mois que les parents de Karen subissent les assauts des journalistes et se battent en cours. Le père de Karen, à bout, ne peut s'empêcher d'exploser et d'affirmer que, s'il avait su que la morale était le principal frein au refus, il aurait fait immédiatement déplacer Karen dans un autre hôpital.
Finalement, un médecin commence à la débrancher graduellement du respirateur. Après quelques jours, elle respire par ses propres moyens. La saga des parents n'est pas terminée, car il faut trouver un hôpital pour malades chroniques. Toutes les institutions contactés refusent d'accueillir Karen faute de personnel qualifié ou d'installations suffisantes. Ils doivent aussi compter avec la pression médiatique et les attaques des tenants pro-vie. Suite à un changement administratif, la clinique Morris View accepte d'accueillir Karen Ann. Toujours traqués par les journalistes et les tenants pro-vie, les parents devront ruser pour la déplacer.
Installée dans sa nouvelle chambre, elle sera alimentée artificiellement pendant neuf autres années, avant de s'éteindre en 1985.
Un film pour la télévision sera réalisé sur la saga vécue par Karen Ann et ses parents.
[modifier] Bibliographie
- (en) Joseph Quinlan, Karen Ann, 1978, Albin Michel - Opera mundi. (paru en anglais : Joseph Quinlan, Karen Ann: The Quinlans tell their story, 1977. ISBN 0-385-12666-2)
- (en) Julia Duane Quinlan My Joy, My Sorrow: Karen Ann's Mother Remembers, 2005. ISBN 0-86716-663-0
- Karen Ann, Joseph Quinlan, Julia Quinlan et Phillys Battelle, Sélection du Reader's Digest, octobre 1978. ISSN 0037-1378.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
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