Lac de Tunis
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Le lac de Tunis (البحيرة) est une lagune côtière peu profonde (moins d'un mètre) située entre la ville de Tunis et le golfe de Tunis. Elle occupe près de 4000 hectares mais sa superficie tend à diminuer avec la constitution d'un polder sur sa rive nord (nouveau quartier des Berges du Lac) puis sur sa rive sud.
Aujourd'hui, le lac apparaît comme constitué de deux surfaces distinctes appelées, d'une part le « lac nord » (2600 hectares) et d'autre part le « lac sud » (1100 hectares).
Cette lagune d'eau hautement salée (35 grammes par litre) est reliée à la mer Méditerranée par le golfe à travers deux passes (Khereddine au nord et Radès au sud).
[modifier] Histoire

Si par sa très faible profondeur le lac de Tunis n'offre pas les qualités suffisantes pour abriter un port actif, il constitue un rempart défensif intéressant pour les fondateurs de la ville de Tunis au VIIIe siècle. Bien que la profondeur ait été supérieure au Moyen Âge, le port ne peut accueillir de navires importants. ce qui nécessite le développement d'un avant-port à La Goulette. C'est à partir de 1888, que l'on décide de creuser, du port de Tunis à l'entrée de La Goulette, un chenal. C'est la Société de construction des Batignolles qui effectue les travaux de dragage. À l'origine, le chenal mesure 10 kilomètres de long, 6,50 mètres de profondeur et 30 mètres de largeur. 4 800 000 de m³ de matériaux sont évacués et constituent les digues de chaque côté du chenal ou servent de remblais aux rives du côté de Tunis. La première route établie sur la digue en parallèle avec la voie du TGM est postérieure à l'indépendance en 1956.
Le lac offre néanmoins de grandes possibilités pour la pêche car la forte salinité de ses eaux faisait prospérer le plancton nourrissant mollusques et poissons en grandes quantités. Des pêcheries existent ainsi au sortir du lac pour piéger le poisson lorsqu'il quitte ce dernier afin de frayer en mer. De plus, le lac accueille d'importantes colonies d'oiseaux, en particulier de flamants roses stationnées autour de l'îlot de Chikly qui abrite un ancien fort espagnol et qui constitue aujourd'hui une réserve naturelle. Toutefois, aucune rivière ne se jetant dans le lac et les communications avec la mer étant limitées, les égouts qui s'y déversent depuis la fondation de Tunis et les déversements d'usines polluantes installées dans la banlieue sud de Tunis (entre Radès et Hammam Lif en passant par Mégrine) dégradent profondément l'écosystème du lac jusqu'à la fin du XXe siècle.
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Devant l'extension continue de l'agglomération de Tunis, face aux problèmes environnementaux et suite à la mise en sommeil du port de Tunis, un grand projet d'aménagement du lac de Tunis voit le jour afin de créer un nouvel espace urbain et commence à se concrétiser dans les années 1980 (au sud puis au nord). Une partie du lac est progressivement remblayée au nord et une nouvelle ville commence à naître portant le nom de Berges du Lac ou plus simplement le nom arabe du lac (El Bouhaïra). Située à proximité des grands axes de communication (GP9 entre Tunis et La Marsa), à quelques kilomètres de l'aéroport international de Tunis-Carthage, elle accueille des espaces de loisirs, des résidences de haut standing et les sièges sociaux d'entreprises du secteur des services voire des ambassades et constitue ainsi un nouveau pôle urbain. Parallèlement, depuis le début des années 1990 s'opère l'assainissement du « lac sud » afin d'aménager une ville de 130 000 habitants combinant des fonctions résidentielles (socialement plus tournées vers les classes moyennes) importantes, aux fonctions économiques (avec notamment le redéploiement de la zone industrialo-portuaire du port de Tunis) et des fonctions de loisirs (port de plaisance et espaces verts).
[modifier] Nœud de transport
Par son emplacement, le lac est un véritable nœud de communication de l'agglomération de Tunis :
- Les deux lacs sont séparés par une digue sur laquelle se trouvent une voie rapide et une ligne ferroviaire (TGM) reliant Tunis au port de La Goulette et aux villes côtières de la banlieue nord (Carthage, Sidi Bou Saïd, La Marsa, etc.).
- La passe du « lac sud » (appelé canal de Radès) est traversée par un bac reliant le port de Radès (situé sur sa rive sud) à La Goulette (situé sur sa rive nord). Il lui sera substitué dans quelques années un pont à haubans de 260 m actuellement en construction pour décongestionner le centre de la capitale.
[modifier] Environnement et urbanisme
Le lac de Tunis ayant été pendant des siècles le réceptacle direct des déchets provenant de la capitale et des villes voisines, un programme d'assainissement est mis en place dès 1984 (« lac nord ») avec l'expertise d'entreprises étrangères.
Ces travaux se sont accompagnés de l'assèchement de nombreux terrains afin de faciliter l'extension urbaine de Tunis (création du quartier des Berges du Lac) même si de nombreux terrains ne sont pas encore construits. Les projets de restructuration et d'aménagement du lac sont destinés à changer le visage de la capitale grâce à la création d'espaces urbains modernes. De plus, la reconversion en marina de l'ancien port de Tunis va permettre la création d'un véritable front de mer pour la capitale.
C'est au tour aujourd'hui du « lac sud » de servir de récepteur aux rejets domestiques et industriels. À partir des mesures et des analyses des différents paramètres physico-chimiques des eaux, il apparaît que le milieu est très altéré, très riche en sels nutritifs et hypereutrophe. À partir de cette étude, l'état global de la lagune peut être qualifié de hautement pollué et nécessite donc des travaux d'assainissement (curage du fond), de régénération des eaux et d'interdiction de tout rejet domestique et industriel dans le futur plan d'eau.
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