Pierre Poujade
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- Pierre Poujade ne doit pas être confondu avec Robert Poujade.
Pierre Poujade (Saint-Céré, 1er décembre 1920 - La Bastide-l'Évêque, 27 août 2003) était un homme politique français et un leader syndical qui a donné son nom au poujadisme, mouvement qui réclame la défense des commerçants et artisans et condamne l'inefficacité du parlementarisme tel qu'il était pratiqué dans la IVe République. Le poujadisme peut surtout se définir comme une rébellion sectorielle érigée en vision du monde puisant dans le répertoire de la révolte contre les "gros", le fisc, les notables et le rejet des intellectuels au nom du "bon sens", des "petites gens".
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[modifier] Biographie
Pierre Poujade était le cadet de sept enfants qui dut interrompre ses études au Collège Saint Eugène d'Aurillac, à la suite du décès de son père, architecte. Après avoir "tâté" de divers métiers comme apprenti typographe, moniteur d'éducation physique, docker ou goudronneur, il milita quelques temps dans le Parti Populaire Français (PPF) de Jacques Doriot avant de devenir durant la guerre, un membre éphémère d'un mouvement de jeunesse vichyste, les Compagnons de France ; avec l'invasion de la "zone libre" par les allemands fin 1942, il décida de rejoindre, via l'Espagne, la Résistance. Engagé dans l'aviation à Alger, il rencontra sa future femme Yvette Seva qu'il épousera en juillet 44 et avec qui il aura cinq enfants. À la Libération, il devint représentant en livres religieux puis s'installa comme libraire-papetier dans sa ville natale de Saint-Céré (d'où son surnom « le papetier de Saint-Céré ») dont il fit partie du conseil municipal.
Pierre Poujade accède brutalement à la notoriété en 1953 lorsqu'il prend la tête d'un groupe de commerçants qui s'opposent de manière musclée à un contrôle fiscal dans cette petite localité du centre de la France. Les contrôleurs renoncent à leur mission et, des commerçants des départements voisins viennent demander conseil au "papetier de Saint-Céré", devenu entre temps conseiller municipal. Cette révolte fiscale marque le début du mouvement poujadiste. Fort en gueule, excellent orateur de tribune, Pierre Poujade parle à toutes les professions qui se sentent menacées par un monde qui change. Il est là pour les défendre. Au nom des "petits", il dénonce avec véhémence "l'État vampire" et ses "soupiers" (les grands commis qui "vont à la soupe"), les "éminences" et les "apatrides" qui occupent la "maison France". Son mouvement est violemment anti-parlementaire. Soutenu à ses débuts par les milieux communistes qui espèrent récupérer le mouvement, il sera ensuite qualifié du sobriquet "poujadolf" pour le discréditer, une référence d'une part à ses meetings politiques, réunissant jusqu'à 200 000 personnes (24 janvier 1955 à Paris), mais qui renvoie surtout à ses propos volontiers xénophobes ou antisémites ; ses attaques répétées contre l'homme politique de confession juive Pierre Mendès-France, "qui n'a de français que le mot ajouté à son nom", sont sans équivoques.
Son mouvement syndical, l'Union de Défense des Commerçants et Artisans (UDCA), connut un grand succès dans le contexte déprimé et déliquescent de la IVe République, ainsi que dans sa version électorale: l' Union et Fraternité Française (UFF). Ce qui lui permet d'envoyer 52 députés (2.4 millions de suffrages, soit 11,6 %) à l'Assemblée nationale en 1956 avec une loi électorale qui accordait 70 députés au MRP avec pourtant près de 230 000 voix de moins. Parmi eux se trouvait Jean-Marie Le Pen, qui allait devenir par la suite la figure marquante de l'extrême droite en France mais avec qui il se brouilla rapidement, allant jusqu'à l'exclure de l'UFF et refusa jusqu'au bout toute affinité.
Cependant, l'arrivée de la Ve République en 1958 fit rapidement baisser l'influence de Pierre Poujade.
Il sera candidat à deux reprises aux élections européennes: en 1979 sur la liste de Philippe Malaud, puis en 1984 sur la liste socio-professionnelle présentée par Gérard Nicoud, mais sans être élu. Il présidera l'UDCA jusqu'en 1983, date à laquelle il s'est retiré de la vie politique pour étudier et promouvoir la culture des topinambours, dans l'intention d'en extraire des biocarburants, afin d'apporter l'indépendance énergétique à la France et d'apporter des ressources directes et renouvelables à l'agriculture et à tout le monde rural.
Il fut nommé par François Mitterrand membre du Conseil économique et social de 1984 à 1999, de la Commission nationale consultative pour les carburants de substitution depuis 1984 et vice-président de la Confédération des syndicats producteurs de plantes alcooligènes (CAIPER). Il fut également chargé de mission en Roumanie après la révolution de 1989. Il anima également une association visant à la promotion de la Roumanie, au travers de tournées en France de Lycéen Roumain présentant des spectacles folkloriques.
Bien que généralement classé à la droite voire à l'extrême droite de l'échiquier politique, il soutint à chaque fois lors des élections présidentielles le candidat vainqueur (Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand par deux fois et Jacques Chirac), à l'exception de celle de 2002 où il choisit Jean-Pierre Chevènement. On prétend que la discipline de vote des poujadistes permit plusieurs fois de faire la différence.
[modifier] Citations
Citations de Pierre Poujade
En parlant de Jean-Marie Le Pen lors d'un plateau de télévision, au milieu des années 1980, Pierre Poujade déclara : « Si vous voulez vraiment lui faire du mal, ne parlez pas de lui ! »
Dans une interview sur RTL, en mai 1978, lorsque Pierre Poujade prend la tête d'une liste aux élections européennes : « Nous allons avoir des élections au Parlement européen. Les responsabilités du Parlement européen sont extrêmement importantes pour la France en général, et pour les classes moyennes en particulier. Il ne faut pas attendre que les partis classiques défendent nos intérêts. Nous n'avons rien à attendre d'eux. C'est la raison pour laquelle j'ai annoncé la couleur: je prend la tête d'une liste de défense des classes moyennes. Je suis là, je ne suis pas vieux. J'ai certes vieilli, mais ce vieillissement m'a donné une certaine expérience. »
Citations sur Pierre Poujade
Seule réaction du monde politique à la mort de Pierre Poujade, celle du président du Front national, Jean-Marie Le Pen dans un communiqué : « Avec lui disparaît une figure qui fut emblématique de la lutte des classes moyennes contre le bureaucratisme et le fiscalisme et, plus généralement, contre la décadence française qu'incarnait la IVe République finissante ». Interrogé sur RTL, le leader du FN a néanmoins pris ses distances avec le fondateur de l'UDCA : « Le poujadisme et le lepénisme n'ont rien à voir. Je suis un leader politique. Pierre Poujade était un leader syndical. Il a mené une opération commando sur la politique qui lui a été offerte en quelque sorte par l'opportunité. En son for intérieur, il n'était pas un homme politique ».
Aujourd'hui, quand on traite quelqu'un de poujadiste, c'est l'assimiler à quelqu'un renfermé sur ses intérêts personnels. Le sens de ce terme est devenu proche de celui de "populiste".
[modifier] Œuvre
- J'ai choisi le combat (1954)
- A l'heure de la colère (1976)
- L'histoire sans masque, son autobiographie (2003)
- Avant sa mort, Pierre Poujade avait prévu de sortir un livre intitulé Pierre Poujade raconte le poujadisme mais, selon sa fille, il est mort avant même d'en avoir commencé la rédaction.
[modifier] Bibliographie
- Les années Poujade, Thierry Bouclier, Editions Remi Perrin, 2006 (ISBN 2913960235)
- De la IIIe à la IVe République, André Siegfried, Grasset, Paris, 1956
- Mythologies, Roland Barthes, Seuil, Paris, coll. Points, 1957 : voir les chapitres "Quelques paroles de M. Poujade" (p. 79-82) et "Poujade et les intellectuels" (p. 170-177).
[modifier] Liens externes
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