Rascie
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La Rascie, en serbe cyrillique Рашка ou en serbe translittéré Raška, était au Moyen Âge le centre de la Serbie médiévale. Il est nommé ainsi d'après un cours d'eau qui le traverse, la Rascie. Premier État serbe, ce fut également celui de la dynastie des Nemanjić, qui unifia les territoires serbes. La Rascie eut comme capitale la ville de Ras, située près de l'actuelle cité de Novi Pazar. Aujourd'hui, la Rascie est devenue le district de Raška, qui ne correspond qu'à une petite partie de ce qu'était la Rascie médiévale. Les musulmans du sud-ouest de la Serbie nomment Sandjak la région où ils sont légèrement majoritaires, du nom d'une division administrative de l'Empire ottoman. Le Sandjak correspond approximativement à la Rascie médiévale.
[modifier] Histoire
Invités par l'empereur byzantin Héraclius, les Serbes peuplèrent plusieurs territoires balkaniques dès le VIIe siècle, dont la Rascie. Celle-ci, organisée en État autonome sous souveraineté byzantine, fut dirigée au départ par l'archonte inconnu qui avait mené les tribus serbes dans les Balkans, puis, bien que l'on n'ait pas de renseignements à ce sujet, probablement par ses descendants. Le premier dirigeant serbe dont on connaît le nom fut Višeslav (sans doute descendant de l'archonte inconnu), contemporain de Charlemagne, qui régna en Rascie à la fin du VIIIe siècle. Ses descendants eurent des difficultés à préserver l'autonomie de la Rascie, du fait des guerres entre Byzance et les Bulgares. Au IXe siècle, l'arrière petit-fils de Višeslav, Vlastimir, fonda la dynastie des Vlastimirović, qui devait régner jusqu'en 950. C'est sous le règne de Mutimir, fils de Vlastimir, que les Serbes de Rascie furent christianisés par des émissaires byzantins, bien que le paganisme perdura encore longtemps, jusqu'à l'avènement de Saint Sava. En 924, l'empereur bulgare Siméon annexa temporairement la Rascie, mais à sa mort en 927, un descendant de Vlastimir, Časlav Klonimirović, s'échappa des prisons bulgares et restaura l'État de Rascie. Soutenu par Byzance et l'empereur Constantin VII Porphyrogénète, il en profita pour conquérir les territoires serbes voisins de Bosnie, Travounie et Paganie. Il repoussa plusieurs fois les Hongrois, mais après sa mort au cours d'une bataille en 950, la Serbie fut divisée par Byzance et la Rascie incorporée dans le thème de Serbie (thema servia).
Pendant plus d'un siècle, la Rascie occupa une importance secondaire parmi les États serbes. Dirigée par un stratège byzantin, elle ne devait retrouver son éclat qu'à la fin du XIe siècle. Entre temps, elle fut libérée dans la première moitié du XIe siècle par Stefan Vojislav, prince de Dioclée, qui chassa le dernier stratège byzantin, Theophilos Erotikos. Suite au déclin de la Dioclée, la Rascie redevînt l'État serbe proéminent à la fin du XIe siècle, sous le règne du joupan Vukan, ancien courtisan et allié du roi Bodin de Dioclée. Après plusieurs victoires sur Byzance, Vukan parvînt à agrandir la Rascie vers le sud, englobant une partie de l'actuelle province du Kosovo. La Rascie s'étendait alors, au sud-est, jusqu'à la ligne Ras-Zvečan-Peć. Vukan ne parvînt cependant pas à aller au delà de la vielle ville impériale de Lipljan, qu'il dut abandonner après l'avoir conquise, suite à la présence d'un fort contingent byzantin.
Après la mort de Vukan, la Rascie se retrouva prise par l'empereur byzantin Jean II Comnène au début de son règne, et se vit contrainte de reconnaître l'autorité de ce dernier, malgré une courte libération de la ville de Ras de 1127 à 1129. Au cours des conflits entre Byzance et la Hongrie, les joupans de Rascie prirent parti pour cette dernière, et la Rascie fut maintes fois la proie de destructions et de pillages. Dans leurs efforts pour se libérer de la suzeraineté byzantine, les grands joupans de Rascie parvinrent toutefois à agrandir les frontières de leur territoire. La Rascie s'étendait alors à l'est du mont Kopaonik, recouvrant la vallée de la Toplica et s'étendant jusqu'à la rive gauche de la Morava occidentale, au sud jusqu'à la ligne Zvečan-Peć et au nord jusqu'au mont Jastrebac. Mais suite à la victoire de l'empereur Manuel Ier Comnène sur les Hongrois, elle se retrouva complètement soumise, et l'empereur nomma les grands joupans à son gré, de 1155 à 1163.
En 1163, l'empereur confia le fief de Dubočica à Stefan Nemanja, seigneur d'un domaine princier de Rascie orientale, des environs de la vallée de la Toplica. Il lui octroya par la même occasion le droit de régner comme joupan. Cela lui conférait un avantage certain par rapport à ses trois frères, tous seigneurs d'autres domaines des territoires serbes. Après des bouleversements politiques, le grand joupan de Rascie, Desa, fut chassé en 1165, et ce fut Tihomir, frère de Nemanja, qui lui succéda. Cependant, l'autonomie des territoires de Nemanja lui valu l'opposition de ses frères, qui le capturèrent. Ayant réussi à s'enfuir, Nemanja rassembla ses partisans et chassa ses frères en 1166, se proclamant grand joupan de Rascie. Aidé par Byzance, Tihomir tenta de reconquérir la Rascie, mais échoua et périt en 1168 au cours d'une bataille. Nemanja essaya alors de s'affranchir de la domination byzantine, mais privé de l'aide de la Hongrie, il dut attendre la mort de Manuel Ier, en 1180, pour progressivement libérer la Rascie et rassembler les autres territoires serbes, en particulier la Dalmatie et la Dioclée. À la fin du XIIe siècle, Byzance fut obligée de reconnaître l'indépendance de la Serbie en 1185.
À partir de cette période, l'histoire de la Rascie est confondue avec celle de la Serbie médiévale (voir l'article : Histoire de la Serbie). Stefan Nemanja fut le premier de la dynastie des Nemanjić, qui dirigea la Serbie pendant plus d'un siècle et demi. La désignation de Rascie ne fut dès lors guère plus utilisée que pour désigner la région de Serbie qui lui correspondait. Cependant, on peut noter que plus tard, au XIVe siècle, le Royaume du prince serbe Lazar Hrebeljanović, connu sous le nom de pays de Lazar (Lazareva zemlja), était désigné par les Hongrois comme Royaume de Rascie.
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