Religion en Tunisie
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La religion en Tunisie se caractérise par la prédominance de l'islam. Le judaïsme et le christianisme y sont très minoritaires mais la Tunisie se caractérise par sa tolérance et son ouverture aux autres cultures qui ont fait l'identité du pays.
Le film Un été à la Goulette témoigne de l'esprit pluricommunautaire qui prévaut avant la guerre des Six Jours.
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[modifier] Religion et État
La constitution tunisienne prévoit l'exercice libre des religions tant qu'elles ne portent pas atteinte à l'ordre public. Le gouvernement respecte généralement ce droit mais il ne permet pas l'établissement de partis politiques basés sur la religion, interdit le prosélytisme et limite le port du hijab (notamment dans les écoles publiques). La constitution déclare que l'islam est la religion officielle de l'État et stipule que le président doit être musulman. Dans le même temps, le gouvernement contrôle et subventionne les mosquées et paie les salaires des imams. Le président nomme également le mufti de la République (poste actuellement occupé par Kamaleddine Jaïet). La loi de 1988 sur les mosquées stipule quant à elle que seul le personnel désigné par le gouvernement peut mener des activités dans les mosquées et que ces dernières doivent rester fermées en dehors des heures de prière et des cérémonies religieuses telles que mariages et obsèques. De nouvelles mosquées peuvent être construites selon des règlements nationaux de planification urbaine mais, une fois achevées, elles deviennent la propriété du gouvernement.
Dans ce contexte, les rapports ambigus entre État, politique et religion sont anciens car l'ancien président Habib Bourguiba n'a pas voulu, lors de la rédaction de la constitution promulguée en juin 1959, trancher la question du caractère de l'État[1]. Ainsi, soucieux d'apparaître comme le défenseur de l'identité tunisienne et des préceptes de l'islam menacés par la colonisation française, il se prononce, dans les années 1930, en faveur du hijab avant de l'interdire au lendemain de l'indépendance en se glissant dans les habits du mojtahed (interprète autorisé de la loi coranique). L'ambivalence se perpétue après l'accession au pouvoir de Zine el-Abidine Ben Ali qui adopte une série de mesures symboliques destinées à réhabiliter la place de l'islam dans la société : appel à la prière à la télévision tunisienne, réhabilitation de l'Université Zitouna marginalisée par Bourguiba, mise en place d'un Haut Conseil islamique destiné à façonner un islam officiel et création d'un prix présidentiel de récitation du Coran. Ponctuant fréquemment ses discours de sourates du Coran, Ben Ali se dit d'ailleurs l'apôtre d'un « islam modéré et éclairé » dialoguant avec les autres grandes religions.
L'enseignement de la religion islamique est obligatoire dans les écoles publiques mais le programme d'études religieuses dans le secondaire inclut également l'histoire du judaïsme et du christianisme. L'Université Zitouna fait partie du système universitaire national.
Dans le domaine judiciaire, l'interprétation de la loi civile n'est basée sur la charia que dans quelques cas d'affaires familiales. Toutefois, des familles évitent cette situation dans le domaine de l'héritage en concluant un contrat de vente entre parents et enfants pour s'assurer que les fils et les filles reçoivent une parts égale de l'héritage familial.
Les fêtes religieuses musulmanes sont considérées comme des jours fériés (Aïd el-Kebir, Aïd el-Fitr, etc.). En ce qui concerne la proclamation du début du jeûne du ramadan, un décret de 1988 stipule que des comités régionaux, assistés de cadres religieux et de citoyens, sont chargés d'observer le croissant lunaire dans chaque chef-lieu de gouvernorat. Le gouvernement reconnaît également la sainteté des fêtes religieuses des non-musulmans.
[modifier] Islam
Près de 98% de la population tunisienne est de confession musulmane. La grande majorité est sunnite de rite malékite mais on compte un nombre restreint d'ibadites parmi les berbérophones de l'île de Djerba. Il n'existe cependant aucune donnée fiable sur le nombre de musulmans pratiquants. Quant aux fidèles du bahaïsme, vu par le gouvernement comme une secte hérétique de l'islam, ils ne peuvent exercer leur liberté de culte qu'en privé.
Il existe également une petite communauté de musulmans soufis mais il n'existe aucune statistique concernant sa taille. Les sources fiables signalent que beaucoup d'entre eux ont quitté le pays peu de temps après l'indépendance lorsque leurs bâtiments et leurs terres sont retournés aux mains du gouvernement (tout comme ceux des fondations islamiques orthodoxes). Bien que la communauté soufie soit restreinte, sa tradition mystique imprègne la pratique de l'islam dans tout le pays. Ainsi, pendant le ramadan, elle divertit le public en exécutant des danses religieuses.
[modifier] Christianisme
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On compte 92 453 chrétiens en Tunisie[2], dont 20 000 catholiques[3] rattachés au diocèse de Tunis, soit 1% de la population tunisienne. Cette petite minorité, constituée principalement d'étrangers, possède un petit nombre d'écoles et d'églises. Le christianisme est ainsi la deuxième religion du pays même si elle reste loin derrière l'islam[4].
[modifier] Judaïsme
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Le judaïsme est la troisième religion du pays avec approximativement 1500 membres. Un tiers des croyants vit dans la région de Tunis et descend majoritairement d'immigrants italiens et espagnols (XVIe siècle). Le reste vit sur l'île de Djerba où la communauté juive remonte à 2500 ans.
Le gouvernement accorde aux juifs la liberté de culte et paie le salaire du grand rabbin. Il subventionne partiellement la restauration et l'entretien de quelques synagogues. Il autorise également la communauté juive à gérer des écoles religieuses privées et permet aux enfants juifs de l'île de Djerba de partager leur journée d'étude entre les écoles publiques séculaires et les écoles religieuses privées.
Le gouvernement encourage les émigrés juifs à retourner en Tunisie pour le pèlerinage annuel à la synagogue de la Ghriba (Djerba) et subventionne partiellement la communauté juive.
[modifier] Références
- ↑ Samy Ghorbal, « La laïcité en question », Jeune Afrique, 29 octobre 2006
- ↑ Répartition de la population en fonction de la religion
- ↑ Statistiques du diocèse de Tunis
- ↑ Ridha Kéfi, « Ils ont choisi le christianisme », Jeune Afrique, 3 juillet 2005
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