Tour Martello
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Les tours Martello sont des petites forteresses défensives construites par l'empire britannique à partir des guerres napoléoniennes. Elles sont hautes d'environ 12 mètres (avec deux étages) et peuvent abriter un officier et 25 hommes. Leur structure ronde et leurs murs solides et épais les rendaient très résistantes aux tirs de canon tandis que leur hauteur en faisait une plateforme idéale pour une pièce d'artillerie lourde, montée sur le toit plat et capable de tourner sur 360 degrés. Quelques unes étaient entourées d'un fossé pour améliorer leur défense.
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[modifier] Origines
L'architecture des tours étaient inspirée d'une forteresse ronde, qui faisait partie d'un système de défense génois, à la pointe de Mortella en Corse (voir l'image dans le lien externe ci-dessous). En 1794, les défenseurs de la tour résistèrent avec succès à une attaque de deux navires britanniques, l'HMS Fortitude (74 canons) et l'HMS Juno (32 canons). La tour fut ensuite prise par une force terrestre sous le commandement du soldat britannique John Moore, après deux jours d'intense combat .
Les britanniques furent impressionnés par la capacité de résistance de la tour à leurs navires les plus modernes et en copièrent l'architecture. Mais ils n'en retinrent pas la bonne orthographe, les nommant "Martello" au lieu de "Mortella".
[modifier] Les tours Martello dans les Îles britanniques
Entre 1804 et 1812 les autorités britanniques construisirent une chaine de structures similaires pour défendre la côte sud et est de l' Angleterre, de l' Irlande et de Guernesey pour se prévenir d'une possible invasion venant de France. 105 tours furent construites en Angleterre, placées à intervalles réguliers sur la cote de Seaford, Sussex, à Aldeburgh, Suffolk. La plupart furent érigées sous la direction du général William Twiss (1745–1827) et du capitaine Ford.
Les Français connstruisirent des tours similaires sur leur propre côte, qu'ils utilisèrent comme plateforme de communication pour le télégraphe optique (de Claude Chappe). La capacité des tours Martello ne fut jamais testée en situation de combat contre une flotte d'invasion napoléonienne.
Lorsque la menace napoléonienne fut écartée, les tours Martello anglaises connurent des destins variés. Beaucoup furent utilisées par les gardes-côtes pour lutter contre la contrebande. Quinze furent démolies pour réutiliser les pierres. Trente furent emportées par la mer et quatre furent détruites par l'armée pour tester une nouvelle artillerie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, quelques tours Martello reprirent du service, servant de plateformes d'observation et de tir pour la défense anti-aérienne. Quarante-sept sont toujours debout en Angleterre, quelques-unes ayant été restaurées et transformées en musée (c'est le cas de celle de St Osyth), en centre de visite, ou en galerie (comme à la tour Martello de Jaywick). Beaucoup sont privées, certaines même habitées, d'autres abandonnées.
[modifier] Les tours Martello dans le reste du monde
Les tours Martello furent exportées dans de nombreuses colonies de l'empire britannique, dont l'Afrique du Sud (à la base navale de Simon's Town près du Cap) ainsi qu'un rare exemple à l'intérieur des terres à Fort Beaufort, au Canada, à Minorque, dans les Channel Islands et en Irlande. La construction de tours de Martello hors de Grande-Bretagne continua jusqu'à la fin des années 1860 ; elle cessa lorsqu'il fut évident qu'elles ne pouvaient plus résister aux tirs d'artillerie.
[modifier] Australie
La dernière tour Martello construite dans l'empire britannique est probablement celle de Fort Denison, une petite île à Sydney Harbour, Nouvelle-Galles du Sud. Elle a été construite pour protéger Sydney contre la menace d'une attaque navale russe pendant la guerre de Crimée des années 1850. Elle est bien préservée et est maintenant une attraction touristique très populaire.
[modifier] Île Maurice
Une tour Martello, à l'île Maurice, près de la plage publique de La Preneuse à Tamarin, a été restaurée par des défenseurs de l'environnement et sert de musée.
[modifier] Canada
Seize tours de Martello ont été érigées au Canada, onze ont été préservées. Les tours Martello canadiennes ont été construites avec des toits coniques amovibles pour les protéger de la neige et la plupart de celles qui ont été restaurées ont désormais des toits fixes de façon à faciliter leur entretien.
La ville de Québec avait à l'origine quatre tours, la tour #3 est démolie en 1905. Les trois autres tours ont été restaurées au début des années 1990: la première, surplombant le fleuve Saint-Laurent est sur les plaines d'Abraham et fait office de musée, la deuxième est près de l'entrée du parc et est utilisée lors d'évènement spéciaux, alors que la tour #4 se trouve dans le faubourg Saint-Jean-Baptiste mais ne peut être visitée. Au début du 19e siècle, les Britanniques craignent que les Américains, par suite de l'obtention de leur indépendance (1776), ne tente d'annexer le Canada à leur territoire. Devant cette menace, Gother Mann, commandant des ingénieurs royaux du Canada (1785-1804) préconise la construction de tours à Québec pour empêcher l'envahisseur de s'approcher des fortifications existantes. Ralph-Henry de Bruyères, successeur de Gother Mann, entreprend la construction de quatre tours à l'été de 1808. James Henry Craig, alors gouverneur de la colonie, fait exécuter les travaux sans l'autorisation de Londres qu'il met devant le fait accompli. En 1812, les tours sont terminées, prêtes à servir. Grâce à leur architecture propre, les tours Martello sont peu coûteuses à construire et faciles à défendre. Elles sont disposées à peu près parallèlement à l'enceinte sur toute la largeur du promontoire et se protègent mutuellement. Le mur ouest, qui fait face à l'ennemi, est plus épais alors que le mur est, plus mince, peut facilement être détruit à partir de l'enceinte en cas de prise par l'ennemi. Les deux tours du centre (#2 et #3) et celles situées aux deux extrémités, plus petites (#1 et #4), devaient abriter respectivement une garnison de d'à peu près 20 et 12 hommes du régiment du Royal Artillery. Ces garnisons devaient prévoir leur subsistance pour une période d'environ un mois, soit jusqu'à leur relève. L'unique accès à la tour est situé à l'étage et est orienté vers l'est, c'est-à-dire vers l'enceinte. L'échelle amovible, une fois tirée à l'intérieur, rendait la tour inaccessible à l'ennemi. Il pouvait y avoir un crochet ou un palan au-dessus de la porte extérieure pour entrer et sortir les objets lourds.
Quatre tours Martello se retrouvent à Kingston: soit la redoute Cathcart (sur l'île Cedar), Fort Frederick au Collège militaire royal du Canada), la tour Victoria ou Shoal (à la marina de Kingston, entièrement entourée d'eau) et la tour Murney (à environ un kilomètre à l'ouest de la tour Shoal, près de l'Université Queen's, sur les rives du Lac Ontario). Il existe aussi l'une de ces tours à Carleton.
[modifier] Irlande
Des tours Martello jalonnent la côte irlandaise près de la baie de Dublin ; la plus connue d'entre elles est celle de Sandycove, Dun Laoghaire, dans laquelle James Joyce a vécu une semaine en 1904, ce qui est décrit dans le premier chapitre de son roman Ulysse. Les tours Martello sont mentionnées dans plusieurs autres œuvres littéraires dont l'action se passe à Dublin.
[modifier] Liens externes
- (fr) Les tours Martello de Québec
- (fr) Le site historique national canadien de la tour Martello de Carleton
- (fr) Les tours Martello de Kingston, en Ontario
- (en) Martello Towers homepage Un guide des tours Martello anglaises
- (en) Description des tours Martello anglaises
- (en)La tour de James Joyce, Dun Laoghaire
- (en) Fort Denison, Sydney
- (en)Images de la tour originelle à Mortella
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