Vie
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La vie est le nom donné :
- à un phénomène empirique particulièrement important pour les humains (qui sont eux-mêmes vivants et pour qui les autres êtres vivants ont une place essentielle), mais qui ne se laisse pas facilement définir (cf. infra). Ce phénomène s'oppose à la notion de matière inerte, et s'articule avec la notion de mort ;
- à une étendue temporelle, entre la naissance et la mort ;
- au contenu en événements ou en actions de cette étendue temporelle, pour un humain ;
- à l'approche harmonieuse des relations humaines (voir « question sociale »).
Une des marques de l'hominisation est l'existence de rites funéraires, et donc d'une conscience d'une transition entre la vie et la mort. La vie est un concept primordial qui a donné lieu depuis des temps immémoriaux à de nombreuses réflexions empiriques, philosophiques, scientifiques, etc. C'est également un sujet de débat politique, qu'il s'agisse du traitement accordé aux êtres vivants par rapport aux humains et aux choses inertes (cf. écologisme) ou des considérations sur le début et la fin de la vie humaine (cf. avortement, euthanasie, « vie éternelle »).
Ces réflexions concernent :
- la catégorie statique (par opposition à la matière « inerte » ou à l'état de mort) ;
- le concept d’évolution (passage de la matière inerte à la vie, développement et dissolution des formes vivantes, mort, création, etc.).
Elles sont toujours liées aux notions d'esprit et d'intelligence. Elles débouchent également sur des réflexions sur l'étendue temporelle et spatiale de la vie (y compris dans l'univers : « vie extraterrestre »). Elles s'interrogent à la fois sur les conditions d'apparition de la vie (phénomène unique ou au contraire très banal) et sur la possibilité d'une vie évoluée (par comparaison à l'humanité, implicitement considérée comme l'achèvement de l'évolution de la vie terrestre) au sein de l'univers.
En science, l'étude de la vie a été appelée biologie. Elle s'est avérée être un développement de la chimie, plus spécifiquement de la chimie organique (à base de carbone), mais les théoriciens n'excluent pas d'adopter des définitions pouvant inclure des formes mécaniques ou électromécaniques, et même des formes créées par l'homme hors de tout processus reproductif naturel (« vie artificielle » ou cellule artificielle).
Sommaire |
[modifier] Définitions scientifiques
Toute définition doit tenir compte de la notion de niveaux d'organisation structurels, d'émergence, d'homéostasie, d'entropie et de métabolisme pour éviter de se retrouver dans une « zone grise », comme pour l'exemple des virus (sont-ils vivants ou non-vivants ?). Les définitions suivantes semblent limiter le nombre de zones grises :
Selon la NASA, est vivant tout système délimité sur le plan spatial par une membrane semi-perméable de sa propre fabrication et capable de s'auto-entretenir, ainsi que de se reproduire en fabriquant ses propres constituants à partir d'énergie et/ou à partir d'éléments extérieurs.
La vie est un état organisé et homéostatique de la matière.
Mode d’organisation de la matière générant des formes diverses, de complexités variables, en interaction et ayant comme propriété principale de se reproduire presque à l’identique en utilisant les matériaux et l‘énergie disponibles dans leur l’environnement auquel elles peuvent s’adapter.
[modifier] La vie comme propriété d’un organisme vivant
La période s’étendant de la conception à la mort d’un organisme singulier et individuel.
L’organisme est l’objet d’un processus de développement, la vie, qui le conduit en général par étapes d’un état embryonnaire à l’adulte et à la mort.
La graine, la spore, le spermatozoïde ou l’ovule sont aussi des formes du vivant, bien qu’ils n’aient en eux-mêmes ni la forme ni les caractéristiques des êtres vivants qu’ils vont devenir. Il est ainsi difficile d’isoler totalement la vie d’un individu de la lignée à laquelle il appartient. Le vivant nait du vivant : nous ne connaissons pas de vivant émergeant de l'inerte, ce qui rend difficile la reconstitution des étapes prébiotiques.
[modifier] Caractéristiques biologiques d’un être vivant
Ou comment peut-on affirmer qu’une entité est « vivante » ?
[modifier] Caractéristiques au niveau des activités
En biologie, une entité est traditionnellement considérée comme vivante si elle présente les activités suivantes, au moins une fois durant son existence :
- Développement ou croissance : l’entité grandit ou mûrit jusqu’au moment où elle devient capable de se reproduire ;
- Métabolisme : consommation, transformation et stockage d'énergie ou de masse; croissance en absorbant de l’énergie ou des nutriments présents dans son environnement ou en réorganisant sa masse, par production d’énergie, de travail et rejet de déchets ;
- Motricité externe (locomotion) ou interne (circulation) ;
- Reproduction : pouvoir créer de façon autonome d'autres entités similaires à soi-même.
- Réponse à des stimuli : pouvoir détecter des propriétés de son environnement et d'agir de façon adaptée.
Discussion sur ces critères :
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- Ils ne sont pas tous satisfaits en même temps pour un individu particulier : il faut parfois considérer la lignée ou l’espèce pour qu’ils coexistent (les hybrides stériles sont des êtres vivants) ;
- En isoler un ou deux peut conduire à des conclusions erronées : le feu (combustion) assimilable à une digestion, car ce sont deux processus d’oxydation, ne transforme pas le feu en être vivant ;
- Parfois, un critère manque : les virus ne grandissent pas, mais certains les considèrent comme vivants puisqu’ils peuvent contenir de l’ADN et être munis de mécanismes (transcription d’ADN en ARN) provoquant leur reproduction dans les cellules hôtes ;
- D’autres fois encore, c’est une seule propriété qui est présente et qui se transmet à d’autres entités, comme un mime de la fonction de reproduction (le prion est une protéine, conformée en miroir par rapport à la protéine normale, qui transmet sa propriété pathogène aux autres protéines), etc.
[modifier] Caractéristiques au niveau des structures et composés chimiques
D’où le besoin, éprouvé par les biologistes, de compléter ces caractéristiques pour réduire ces ambiguïtés :
- Les organismes vivants sont composés au moins d'une cellule, c’est-à-dire d’une membrane fermée, séparant un milieu extérieur et un milieu intra-cellulaire, qui contient du matériel génétique;
- Les organismes vivants contiennent des molécules telles que : des hydrates de carbone, des lipides, des acides nucléiques et des protéines, toutes à base de carbone ; mais on peut y voir une vision biaisée parce que carbocentrique de la vie. Des formes de vie pourraient en théorie être fondées sur le silicium, mais celui-ci ne présente pas l’étonnante variété de formes et de propriétés du carbone ;
[modifier] Autres définitions
- Par Francisco Varela et Humberto Maturana, largement utilisée par Lynn Margulis. Une entité est vivante si :
- elle peut se reproduire elle-même ;
- elle est basée sur l'eau ;
- elle produit des lipides et des protéines (?) ;
- son métabolisme est basé sur le carbone ;
- elle se réplique grâce à des acides nucléiques ;
- elle possède un système permettant de « lire » des protéines.
- « Un système de rétrocontrôles négatifs inférieurs subordonnés à un rétrocontrôle positif supérieur » (J. theor Biol. 2001)
- Tom Kinch définit la vie comme un système autophage, hautement organisé, émergeant naturellement des conditions ordinaires sur les corps planétaires et qui consiste en une population de réplicateurs capables de muter.
- Dans L'aventure du vivant, le biologiste Joël de Rosnay énumère trois propriétés fondamentales :
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- L'autoconservation, qui est la capacité des organismes à se maintenir en vie par l'assimilation, la nutrition, les réactions énergétiques de fermentation et de respiration ;
- L'autoreproduction, leur possibilité de propager la vie ;
- L'autorégulation : les fonctions de coordination, de synchronisation et de contrôle des réactions d'ensemble.
- Il faut ajouter à ces trois propriétés la capacité des êtres vivants à évoluer.
[modifier] Définitions philosophiques
[modifier] Idéalisme et matérialisme
Deux grands groupes de définitions sont discutées depuis les débuts de la philosophie : les conceptions idéalistes qui s’appuient sur une séparation plus ou moins nette entre la matière et la vie (cf. la définition phénoménologique, ci-après) et les conceptions matérialistes qui supposent la vie comme une des manifestations émergentes de la matière.
Historiquement, on peut distinguer deux thèses, sans qu'il soit possible de déterminer si l'une est antérieure à l'autre, d'autant qu'elles peuvent faire l'objet de synthèses variées (les deux thèses cohabitant à des degrés divers au sein de théories plus sophistiquées). On les retrouve dans la pensée grecque antique.
Selon les thèses dites dualistes, la vie est conçue comme fondamentalement différente de la matière : il y a du vivant (spirituel) et de l'inerte (matériel et énergie) comme il y a du fer et de l'eau. La seule difficulté, c'est de « purifier » et « d'isoler » (au sens quasiment chimique) le vivant de l'inerte, séparation d'autant plus difficile qu'elle est, par définition, inaccessible aux méthodes exclusivement matérielles. Ces thèses font appel à des notions diverses : l’âme, le souffle vital, l’élan vital, etc. Cette séparation a donné lieu à diverses théories, comme celle de la génération spontanée, encore vivaces au temps de Pasteur.
Selon les thèses monistes, au contraire, la vie est une manifestation de la matière, une propriété émergente qui apparaît spontanément dans certaines conditions. Il est alors possible de faire varier la définition de la vie selon les conditions qu'on considère comme caractéristiques, ce qui introduit des marges de faux débats (les contradicteurs croyant discuter sur le concept de vie alors que, en adoptant des critères différents, ils s'interdisent a priori tout accord) même si en pratique seuls les objets en marge sont sujet à discussion (les microbes, les virus, les prions, le feu, etc.). La pensée scientifique moderne relève de ce type de thèse, en particulier suite aux expériences de Pasteur sur la stérilisation : tant qu'on n'a pas démontré la nécessité de postuler une dualité, il convient de s'en tenir à l'hypothèse moniste. Même si les étapes de l’apparition de la vie, ou de l'organisation des êtres vivants, restent à expliquer, les lois chimiques connues sont pour l'instant suffisantes.
Les recherches sur les conditions matérielles originelles de notre planète, avec l’espoir de parvenir à croiser ces informations avec celles existant sur d’autres planètes, nous donneront peut-être un jour un ou des scénarios convaincants du passage de la matière inerte à la vie.
[modifier] Une définition phénoménologique
Le philosophe Michel Henry définit la vie d'un point de vue phénoménologique comme ce qui possède la faculté et le pouvoir « de se sentir et de s'éprouver soi-même en tout point de son être ». Pour lui, la vie est essentiellement force subjective et affectivité, elle consiste en une pure expérience subjective de soi qui oscille en permanence entre la souffrance et la joie. Une « force subjective » n’est pas une force impersonnelle, aveugle et insensible comme le sont les forces objectives que l’on rencontre dans la nature, mais une force vivante et sensible éprouvée de l’intérieur et résultant d’un désir subjectif et d’un effort subjectif de la volonté pour le satisfaire. Il établit également une opposition radicale entre la chair vivante douée de sensibilité et le corps matériel, qui est par principe insensible, dans son livre Incarnation, une philosophie de la chair.
Le mot « phénoménologique » se réfère à la phénoménologie, qui est la science du phénomène et une méthode philosophique qui se réduit à l'étude des phénomènes tels qu'ils apparaissent. Ce que Michel Henry appelle la « vie phénoménologique absolue » est la vie subjective des individus réduite à sa pure manifestation intérieure, telle que nous la vivons et que nous la sentons en permanence. C'est la vie telle qu'elle se révèle elle-même et apparaît intérieurement, son autorévélation : la vie est à la fois ce qui révèle et ce qui est révélé.
Cette vie phénoménologique est par essence invisible parce qu'elle n'apparaît jamais dans l'extériorité d'un voir, elle se révèle en elle-même sans écart ni distance. Le fait de voir suppose en effet l'existence d'une distance et d'une séparation entre ce qui est vu et celui qui le voit, entre l'objet qui est perçu et le sujet qui le perçoit. Un sentiment par exemple ne se voit jamais de l'extérieur, il n'apparaît jamais dans « l'horizon de visibilité » du monde, il se sent et s'éprouve de l'intérieur dans l'immanence radicale de la vie. L'amour ne se voit pas, pas plus que la haine, les sentiments se ressentent dans le secret de notre cœur, là où nul regard ne peut pénétrer.
Cette vie est composée de la sensibilité et de l'affectivité, elle est l'unité intérieure de leur manifestation, l'affectivité étant cependant l'essence de la sensibilité comme le montre Michel Henry dans son livre sur L’essence de la manifestation, ce qui signifie que toute sensation est affective par nature. La vie phénoménologique est selon Michel Henry le fondement de toutes nos expériences subjectives (comme l'expérience subjective d'une tristesse, de la vision d'une couleur ou le plaisir de boire de l'eau fraîche en été) et de chacun de nos pouvoirs subjectifs (le pouvoir subjectif de bouger notre main ou nos yeux par exemple).
Pour davantage de précisions sur la vie phénoménologique, voir l'article sur la Philosophie de la vie, ainsi que celui sur la Vérité (partie consacrée à la Vérité de la Vie).
[modifier] Citations
- Un rêve est une vie qui n'a pas de lendemain. — Stéphane Derenty.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
- Mort
- Origines de la vie
- Vie après la mort
- Vie et rayonnement
- Demi-vie
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