Galanterie
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La galanterie est une forme de politesse pratiquée par un homme à l'égard d'une femme.
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[modifier] De l'attention à la séduction
La galanterie se présente comme un ensemble de manières développées par un homme en vue de faciliter les déplacements, les mouvements ou l'habillement d'une femme. Elle consiste, par exemple, à laisser la priorité à la femme sur le seuil d'une porte, à lui céder sa place dans les transports en commun ou à l'aider à porter ses bagages. Plus généralement, il s'agit d'être prévenant et attentionné à l'égard des femmes et de leur témoigner du respect et de la considération. Certains gestes comme le baisemain expriment aussi cette déférence de l'homme envers la femme. La galanterie peut enfin s'étendre aux dépenses de sorties mondaines où l'homme assurera les frais, quelle que soit la situation maritale ou affective du couple.
La galanterie concerne parfois des agents extérieurs à la relation entre individus de sexes opposés. Par exemple, lors du service d'un repas, le serveur ou la serveuse considèrera que les hommes sont galants et accordera la priorité de son service aux femmes.
Pour l'universitaire Claude Habib, qui propose une lecture anthropologique de la galanterie, elle serait un juste milieu développé à l'origine dans la civilisation française entre les deux extrêmes que représenteraient le machisme méditerranéen, qui se caractérise par une hyper-érotisation de l'espace public (la drague), et l'apparente indifférence nordique, qui se caractérise par l'absence totale d'érotisation de l'espace public et le refoulement puritain de l'érotisme dans la pornographie. Érotisme léger et diffus, la galanterie serait donc une séduction douce des hommes envers les femmes consistant à témoigner à ces dernières un respect, des attentions et des égards particuliers.
La galanterie, malgré une perte de vitesse pendant les années fastes du féminisme et du "tout paritaire", semble revenir dans les pratiques courantes de séduction.
[modifier] Un peu d'Histoire
Il semble que la galanterie ait une double origine.
La première influence est celle de la courtoisie qui se développe à partir du XIIe siècle dans des cours comme celle d'Aliénor d'Aquitaine ou Marie de Champagne (cette dernière fut le mécène de Chrétien de Troyes). Les poètes médiévaux, troubadours et trouvères, qui écrivent pour des femmes de haut rang chantent les mérites d'un nouvel art d'aimer. Il s'agit de faire honte aux pratiques brutales de certains hommes (enlèvements) et de les conduire non seulement à respecter les femmes mais même à les considérer comme leurs suzeraines naturelles, sur le modèle des rapports féodaux. Le chevalier se doit d'être au service de sa dame en toutes circonstances. Cette conception de l'amour trouvera encore des échos au XIVe siècle chez Dante (rôle central de Béatrice dans La Divine Comédie) et Pétrarque (rôle central de Laure dans Le Canzoniere) et à travers ce dernier sur toute la littérature amoureuse de la Renaissance (Ronsard, Du Bellay...).
La deuxième influence est celle des salons du XVIIe siècle, comme celui de Madeleine de Scudéry, où se réunissent, sous l'égide d'une grande dame, les écrivains et les artistes de l'âge baroque et de l'âge classique. Dans ce contexte, se développe la galanterie proprement dite qui ressemble beaucoup à la courtoisie médiévale mais s'en distingue tout de même par plus de légèreté et une moindre influence du néo-platonisme.
[modifier] La galanterie et ses détracteurs
La galanterie a souvent été la cible des misogynes comme Jean-Jacques Rousseau qui s'indigne, dans sa Lettre à d'Alembert, de voir les Français, du fait de leur galanterie, accorder tant d'importance à l'esprit et au jugement des femmes.
Du point de vue d'un certain féminisme, la galanterie serait un comportement sexiste hérité des sociétés patriarcales où l'homme possèderait un statut supérieur à la femme. À cela les défenseurs de la galanterie répondent d'une part que toutes les sociétés patriarcales n'ont pas développé de telles marques de considération à l'égard des femmes (ce serait plutôt une exception remarquable) et que, d'autre part, la galanterie a historiquement profité aux femmes dont la condition et le statut étaient bien inférieurs en Europe avant l'émergence de la courtoisie (voir, par exemple, l'évolution importante de la femme dans la littérature, de la chanson de geste au roman courtois). Ils font aussi remarquer que ce sont les dames de l'aristocratie qui furent à l'origine de ce raffinement des mœurs et que ce sont elles qui l'ont enseigné aux hommes.
[modifier] Vocabulaire associé
- Synonymes : un homme galant sera également dit courtois ou chevaleresque. Ce dernier mot étant plus fort, il sera réservé à des cas où, par exemple, un homme vient spontanément au secours d'une femme agressée. Ces deux termes renvoient aux origines aristocratiques de la galanterie, qui s'est d'abord développée dans les cours royales ou princières (courtoisie), et dans le cadre des valeurs de la chevalerie.
- Traduction : le gentleman est un équivalent en anglais de l'homme galant.
- Antonymes : mufle, goujat désignent des individus dont le comportement se situe à l'opposé des pratiques de la galanterie. Dans une moindre mesure, un macho est aussi le contraire d'un galant homme.
[modifier] Références
[modifier] Liens
[modifier] Bibliographie
- Claude Habib, Galanterie française, Gallimard, octobre 2006.
- Verena von der Heyden-Rynsch, La Passion de séduire : une histoire de la galanterie en Europe, Gallimard, juin 2005.
- Dominique Picard, Politesse, savoir-vivre et relations sociales, PUF, 2007 (Que sais-je?, 3ème édition).
- Dominique Picard, Pourquoi la politesse? Le savoir-vivre contre l'incivilité, Le Seuil, 2007.
- Frédéric Rouvillois, Histoire de la politesse de 1789 à nos jours, Flammarion, octobre 2006.
- Dictionnaire raisonné de la politesse et du savoir-vivre (sous la direction d'Alain Montandon), Le Seuil, 1995.