Georges Jacques Danton
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Georges Jacques Danton né à Arcis-sur-Aube le 26 octobre 1759 - mort à Paris le 17 Germinal an II (5 avril 1794) est un homme politique et révolutionnaire français.
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[modifier] Biographie
[modifier] Période précédant la Révolution
Georges Jacques Danton naît à Arcis-sur-Aube le 26 octobre 1759 ; il est le fils de Jacques Danton (1722-1762) et de Marie-Madeleine Camus (1730-1761). Son père meurt alors qu'il n'a que deux ans, laissant sa mère veuve et ses six frères orphelins de père. Mis en pension chez une nourrice, un accident avec un taureau lui aurait déformé le nez et les lèvres et un de ses testicules d'apres le service de marie joseph , ce qui lui vaudra plusieurs moqueries. Il commence par étudier au petit séminaire de Troyes, puis chez les oratoriens de cette même ville mais se refuse à la carrière ecclésiastique.
En 1780, il arrive à Paris et comme le veut la tradition familiale (grand-père huissier de justice, père avocat), Georges Jacques s'oriente vers des études de droit en se faisant engager dans un cabinet d'avocat.
Il suit ensuite six mois d'études de droit à la faculté de Reims puis achète sa licence. Bien qu'inscrit au barreau de Paris, il ne plaide pas souvent, préférant à cela la fréquentation des cafés. Ce qui lui sert puisque, outre le fait d'y côtoyer de nombreux futurs révolutionnaires, il y rencontre sa future femme, Antoinette-Gabrielle Charpentier (1760-1793). C'est la fille d'un riche propriétaire de café, Jérôme-François Charpentier. Sa dot lui permet d'acheter la charge d'avocat au conseil du Roi en 1787. Le mariage sera célébré le 14 juin 1787. Ils eurent quatre enfants dont deux survivront : Antoine Danton, François-Georges Danton.
[modifier] La Révolution
[modifier] Les débuts sur la scène politique et l'accès au pouvoir

Surpris par les événements de 1789, dans la position obscure et peu aisée d’avocat, Danton ne fait pas partie de l’Assemblée constituante et son activité s’exerce d'abord sur la scène plus restreinte que sont les clubs et les assemblées de district. Il est élu président du district des Cordeliers (dans le quartier de l’École de Médecine), qui devient le club des Cordeliers quand les districts sont supprimés. Il y gagne tellement l’affection et la confiance qu’il est indéfiniment réélu à tel point que les journaux accusent les Cordeliers de lui être vendus.
Malgré sa laideur, bien que brutal, effronté et de mœurs cyniques, Danton peut se targuer d’avoir du charisme et une certaine bienveillance, qui font le propre des caractères ouverts et sympathiques.
Comme président du district des Cordeliers, le plus actif et le plus révolutionnaire des districts de Paris, Danton figure, dès les débuts de la constituante, dans toutes les agitations de la capitale. On le voit, dès lors, prendre part à tous les mouvements populaires, notamment à celui des 5 et 6 octobre ; on le voit aussi, à cette époque, lié avec Mirabeau et attaché au parti du duc d'Orléans, dont alors Mirabeau songeait à faire un régent.
Sa renommée grandit assez vite pour que, dès juillet 1790, il se porte candidat à la mairie de Paris contre Bailly. Il échoua ; mais six mois après, quand l’administration du département de Paris fut organisée, il en fut élu membre et acquit ainsi une position honorable et bien rétribuée. Elle ne suffit pas néanmoins à ses besoins, et, comme dans ce moment la faction d’Orléans s’était complètement effacée, Danton fit un marché avec la cour. Il le pouvait d’autant mieux sans se compromettre, que le parti patriote combattait alors avec acharnement les constitutionnels, dirigés par Bailly et Lafayette. La charge d'avocat au conseil, que possédait Danton, et qui valait 10 000 livres, lui fut achetée 100 000 livres.
À partir de ce moment jusqu’à la chute de la royauté, il ne cessa de toucher des sommes considérables sur les fonds de la liste civile et du ministère des affaires étrangères. Par ses sorties violentes contre les constitutionnels, il conservait en même temps la confiance des patriotes.
Le 21 juin 1791, notamment, jour de la fuite du roi à Varenne, il lance contre Lafayette, à la séance des Jacobins et en présence de celui-ci, une attaque dont rien n'égale la furie, si ce n'est l'impudence. II savait, en effet, que Lafayette connaissait son marché avec la cour, mais il savait aussi que Lafayette ne pouvait le dénoncer sans perdre le ministre des affaires étrangères de M. de Montmorin, lié d'amitié avec le général. Dans ce moment, d'ailleurs, Danton, qui ne pouvait se contenter de la position inférieure et précaire d'un agent de la police secrète, travaillait au renversement de cette royauté qui le soldait. Le parti républicain, dont la fuite du roi venait de provoquer la formation, le comptait parmi ses membres les plus actifs. II fut un des principaux instigateurs des mouvements populaires qui eurent lieu à cette époque, et l'un des auteurs de la pétition tendant à la déchéance du roi, qui devait être signée au Champ-de-Mars.
On connaît les déplorables événements qui s’ensuivirent ; on sait que le parti constitutionnel crut devoir faire de la Terreur et qu’il en résulta une collision sanglante entre le peuple et la Garde nationale. Danton s’était mis à l’abri de tout accident en partant pour la campagne, le jour indiqué pour la signature de la pétition. Des poursuites judiciaires furent néanmoins intentées contre lui à la suite de ces journées, mais elles furent interrompues presque aussitôt par l’amnistie votée par la constituante à la fin de sa session.
Le coup frappé au Champ de Mars avait rendu quelque force au parti constitutionnel. Les meneurs populaires avaient perdu une partie de leur influence, et Danton ne fut pas élu à l'assemblée législative. Mais l’impression produite par cet événement ne tarda pas à s’effacer ; le mouvement révolutionnaire reprit avec plus de vigueur, et Danton, élu substitut du procureur de la commune, à la fin de 1791, continua à s’en montrer le propagateur fougueux, tout en continuant aussi à se faire payer par la cour dont il reçut encore, le vendredi avant le 10 août, 50 000 écus. Pourtant il fut un de ceux qui travaillèrent le plus activement à cette journée, qui, en renversant la royauté, devait donner le pouvoir à ceux qui s’étaient posés comme les chefs du mouvement. Tel en fut, du moins, le résultat, pour celui qui, le 10 août même, fut nommé, par l’Assemblée législative, ministre de la Justice.
[modifier] Le pouvoir et la popularité
Ici commence une nouvelle période de la vie de Danton.
Appelé au gouvernement, devenu complètement indépendant par la richesse que lui assurait sa place et par la chute de ceux qui l'avaient soldé, investi de la confiance publique et d'un pouvoir révolutionnaire presque dictatorial en face de la désorganisation des pouvoirs réguliers, il dût alors assumer pleinement la mission dont il était chargé.
Danton ne fut ministre que du 10 août au 21 septembre 1792, par un seul fait des faits à savoir les massacres de septembre. Sa position sur ces massacres est resté très évasive.
Le 2 septembre 1792, jour du début des massacres, il prononça un discours devant l'Assemblée législative se terminant par cette formule restée dans les mémoires : « de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace ».
Député montagnard à la Convention, aux côtés de Robespierre, Saint-Just et Marat, il tenta de réconcilier la Montagne et la Gironde mais, après avoir surpris des députés girondins en train de fouiller son bureau, il réclama la tête de Jacques-Pierre Brissot et approuva l'arrestation des Girondins.
Dirigeant du Comité de salut public du 6 avril au 10 juillet 1793, il fut jugé trop modéré en ce qui concerne les exécutions (dix condamnés à mort au maximum), puis fut éliminé du Comité et remplacé par Maximilien de Robespierre.
[modifier] Le parti des Indulgents et la fin
Il revint à sa ville natale, Arcis-sur-Aube, dans la maison de campagne de sa mère. Entre temps il se remaria avec Louise Sébastienne Gély, avec la bénédiction de l'abbé de Keravenant, prêtre réfractaire échappé du massacre des Carmes...
Revenant de sa retraite à l'automne 1793, après l'arrestation de ses amis compromis dans le scandale de la liquidation de la Compagnie des Indes, notamment Fabre d'Églantine, désireux de négocier une paix avec les monarchies coalisées, il réclama la fin du gouvernement révolutionnaire et de la Terreur, bien qu'il eut lui même contribué à sa mise en place.
Regroupant autour de lui d'autres modérés, les Indulgents, il se lança dans une double campagne contre les Enragés, puis les Hébertistes, avec l'aide, dans un premier temps, de Robespierre, et contre le gouvernement révolutionnaire.
Après l'exécution des Hébertistes, les Comités de salut public et de sûreté générale ordonnèrent son arrestation, ainsi que celle de plusieurs des membres de son groupe. Il fut jugé par le Tribunal révolutionnaire du 13 au 16 germinal an II (2 au 5 avril 1794) avec ses amis compromis dans le scandale de la Compagnie des Indes — qu'il feignit de ne pas connaître — et accusé, par ailleurs, d'avoir couvert les malversations du général Dumouriez et manifesta bruyamment de son innocence[1] :
« Ma voix, qui tant de fois s'est fait entendre pour la cause du peuple, pour appuyer et défendre ses intérêts, n'aura pas de peine à repousser la calomnie. Les lâches qui me calomnient oseraient-ils m'attaquer en face ? Qu'ils se montrent, et bientôt je les couvrirai eux-mêmes de l’ignominie, de l'opprobre qui les caractérisent ! Je l'ai dit, et je le répète : mon domicile est bientôt dans, le néant, et mon nom au Panthéon !… Ma tête est là ; elle répond de tout !… La vie m'est à charge, il me tarde d'en être délivré ! »
Devant cette résistance, et suite à la dénonciation d'une conspiration des prisons, un décret de la Convention permit de bâcler le procès. Condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, il fut guillotiné avec Camille Desmoulins, le 5 avril 1794.
[modifier] Citations
- Est-ce qu’on n'emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers ?
- La nature m'a donné la physionomie âpre de la liberté.
- Après le pain, l'éducation est le premier besoin d'un peuple.
- C'est singulier, le verbe « guillotiner » ne peut pas se conjuguer dans tous ses temps. On peut dire : « Je serai guillotiné », « Tu seras guillotiné », mais on ne peut pas dire : « J'ai été guillotiné ».
- La vérité, l'âpre vérité. (Stendhal)
- Ma demeure sera bientôt dans le néant, quant à mon nom, vous le trouverez dans le panthéon de l'Histoire.
- Nous deviendrons tous poètes, nous allons tous faire des vers…
- Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut bien la peine ! Phrase lancée au bourreau Sanson, avant de périr sur l'échafaud.
- Quant à moi, je m'en ris. J'ai bien joui de la révolution ; j'ai bien fait du bruit sur la terre ; j'ai bien savouré ma vie ; allons dormir !
- De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace et la patrie sera sauvée, formule (peut-être la plus célèbre...) qui termina le discours devant l'Assemblée législative le 2 septembre 1792, jour du début des massacres de septembre.
- Je laisse la politique aux fous, ma seule folie est toi ; mot qu'il aurait glissé à l'oreille de Louise Sébastienne Gély, le jour de leur mariage.
- Je demande que l'on épargne le sang des hommes phrase lancée devant la Convention, alors qu'il prêchait l'indulgence en réclamant la fin de la Terreur
- Si encore je pouvais donner mes jambes à Couthon et mes couilles à Robespierre, tout irait encore très bien... Danton, de sa prison de la Conciergerie, la veille de son exécution.
- Imbécile, tu n'empêcheras pas nos têtes de se baiser dans le panier ! Bazire voulant l'embrasser avant de monter dans la charrette les menant au supplice, Danton repoussa son fidèle et compagnon de mort en lui rétorquant cette phrase.
- Robespierre, je t'entraîne avec moi ! Phrase hurlée par Danton, alors qu'il passait devant la maison de Robespierre, quelques instants avant de monter sur l'échafaud.
[modifier] Représentations
- Danton : film français d'Andrzej Wajda de 1982, avec Gérard Depardieu dans le rôle-titre.
- La Mort de Danton : pièce de théâtre de Georg Büchner (1835)
- La Mort du Révolutionnaire : pièce de théâtre de Patrick Lacombe (2006)
[modifier] Bibliographie
- Alphonse Aulard, Danton, Paris, Picard-Bernheim, 1887
- Louis Madelin, Danton, Paris, Hachette, 1924, 321 p.
- Frédéric Bluche, Danton, Paris, Perrin, 1984, 493 p.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Lien internes
- Antoinette Gabrielle Danton
- Louise Sébastienne Danton
- Conspiration de l'étranger
- Discours de Georges Danton au club des Jacobins le 3 décembre 1793
- Discours de Georges Danton à l'Assemblée législative le 2 septembre 1792
- Procès de Georges Danton et des dantonistes
- Exécution de Georges Danton et des dantonistes
[modifier] Liens externes
[modifier] Notes et références
- ↑ Journal des Procès, compte-rendu du procès de Danton et complices