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Georges Marchais

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Georges Marchais (7 juin 1920 à la Hoguette (Calvados) - 16 novembre 1997 à Paris) est un homme politique français, secrétaire général du Parti communiste français de 1970 à 1994.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né dans une famille catholique, Georges Marchais devient mécanicien ajusteur dans l’industrie aéronautique (Snecma) juste avant l'invasion allemande.

[modifier] Chez Messerschmidt: calomnies et incertitudes

Il part travailler en Allemagne en novembre 1942, chez Messerschmitt à Augsburg, alors que son entreprise, déjà au service intégral de l'industrie du Reich, est exemptée du tout récent Service du travail obligatoire. En 1970, Charles Tillon mécontent d'être exclu du parti, accusera Georges Marchais de s'être porté volontaire. Son biographe Thomas Hoffnung estime qu'il n'en existe aucune preuve, et qu'il fut plutôt muté outre-Rhin, dans le cadre de la réquisition des travailleurs de l'industrie aéronautique par l'Allemagne nazie. De plus, deux décisions de justice, faisant suite à une plainte de Georges Marchais contre ses détracteurs, établissent que Georges Marchais n'est pas parti en Allemagne de sa propre initiative.

Une thèse récente, s'appuyant sur l'existence de certains contacts discrets de Georges Marchais par la suite, avec lesquels il n'a pas hésité à s'afficher dans des cérémonies officielles à la fin de sa vie, tendrait à démontrer qu'il est toujours resté en contact actif avec les successeurs des officiers français de sécurité qui l'avaient accrédité pour entrer à la Snecma, et que ces derniers l'auraient encouragé à partir en Allemagne en mission de renseignement, au péril de sa vie.

Selon la thèse officielle, à cette époque, Georges Marchais, n'aurait encore eu aucune conscience politique manifeste. Il s'est tenu en effet complètement en-dehors des événements du Front Populaire, de la grève générale du 30 novembre 1938 et, officiellement, de la Résistance. Il figure en effet parmi les premiers ouvriers transférés en Allemagne, à une époque antérieure au développement de la Résistance officialisée après la guerre et à la création des maquis, et n'a jamais revendiqué y avoir appartenu.

L'incertitude subsiste aussi sur la date de son retour en France. Il prétendra avoir profité d'une permission en juin 1943 pour se cacher et ne pas repartir (cas fréquent à l'époque), mais sera bien incapable de préciser les endroits où il s'abrita. Aucune trace administrative ni aucun témoignage ne démontrent sa présence en France avant avril-mai 1945. Toujours selon Thomas Hoffnung, Marchais se résigna à repartir en Allemagne après sa permission, et ne revint en France qu'à la chute du IIIe Reich, parmi des milliers de Français anonymes [1].

[modifier] Carrière au sein du Parti communiste

En 1946, il est secrétaire du syndicat des métaux d’Issy-les-Moulineaux. Secrétaire du centre intersyndical CGT dans la même commune en 1951, secrétaire de l'Union des syndicats de travailleurs de la métallurgie de la Seine de 1953 à 1956.

Le siège du PCF
Le siège du PCF

Membre du Parti communiste français (PCF) depuis 1947, Georges Marchais commence dès cette époque une carrière qui le propulse assez vite et durablement vers les sommets du Parti, sans jamais avoir eu l'occasion de participer ni de s'exposer lors des événements fondateurs de la geste communiste antérieure à 1945[2].

En 1956, Marchais est membre suppléant du comité central du PCF et secrétaire de la Fédération de la Seine-Sud, puis en 1959 membre du comité central et du bureau politique. À partir de 1961, il est secrétaire à l'organisation puis secrétaire général adjoint en 1970.

En 1968, il s'oppose à la grève étudiante et attaque Daniel Cohn-Bendit, qu’il qualifie d’« anarchiste allemand ». Il garde le silence en public lors du Printemps de Prague.

Il sera, au nom du parti communiste, cosignataire du Programme commun de gouvernement avec le PS et les Radicaux de gauche en juin 1972.

[modifier] Secrétaire général d'un PCF en déclin

En décembre 1972, il devient secrétaire général du PCF, succédant à Waldeck Rochet, qui démissionne pour raisons de santé. Élu député de la 1re circonscription du Val-de-Marne (Arcueil-Cachan-Villejuif) en mars 1973, il sera régulièrement réélu à chaque scrutin jusqu'en 1997.

Son arrivée à la tête du PCF coïncide avec l'apogée de la puissance de l'Union soviétique et le début de son déclin: en 1974, les Portugais quittent l'Afrique pour laisser la place à des régimes pro-soviétiques, en 1975, les Américains sont chassés du Viet-Nam où les Russes s'installent à leur place; le cardinal Agostino Casaroli et le pape Paul VI considèrent alors comme irrésistible la main-mise de l'Union Soviétique sur l'Europe et cherchent à s'en rapprocher [3]. 1979 est l'année de la chute du shah d'Iran et de l'arrivée au pouvoir des Sandinistes au Nicaragua, mais c'est aussi le début de l'invasion et des déboires soviétiques en Afghanistan.

Georges Marchais, qui a su capter la confiance des partis "frères", est alors le mieux à même pour drainer des informations sur les menées des Soviétiques et des formations politiques et syndicales qu'ils financent dans les pays méditerranéens et en Turquie, ainsi que l'identité des émissaires afghans du Khalk et du Parcham (collaborateurs des Russes) en France.

En 1974, lors du congrès du parti[4], bien dans son rôle, il évoque le "bilan globalement positif en URSS", ce qui provoque une vive polémique en France de la part des niais. Deux ans plus tard, le parti abandonnera toute référence au "modèle soviétique", à la dictature du prolétariat, pour adopter des thèses proches de celles du parti communiste italien, dans la ligne de l'"euro communisme"[5].

Tête de la liste du PCF aux élections européennes de 1979, il est élu député européen et le restera jusqu'en 1989. Publiquement, il soutient l'intervention militaire soviétique en Afghanistan des 26 et 27 décembre 1979[6].

Candidat communiste à l’élection présidentielle 1981, il obtient 15,34% des voix. Ce résultat confirme le déclin de son parti au profit du parti socialiste.

[modifier] Le PCF au gouvernement

L'élection de François Mitterrand, que ne souhaitait pas Georges Marchais, oblige le PCF à entrer dans le gouvernement. Mitterrand lui confie trois ministères de second ordre pour le rendre solidaire de son action gouvernementale. Malgré l'anticommunisme caractérisé du président Reagan, celui-ci conserve avec la France les mêmes relations que sous le prédécesseur de François Mitterrand, sachant qu'il n'a rien à craindre de Georges Marchais.

Sa participation au gouvernement, qui lui ôte son rôle de parti contestataire, fait perdre encore des voix de mécontents au PCF, phénomène qui s'aggravera encore avec le chute du régime soviétique en 1990.

[modifier] Courte retraite

En 1994, à l'occasion du XXVIIIe congrès du PCF, il cède son siège de secrétaire général à Robert Hue mais reste membre titulaire du bureau politique (renommé bureau national). La même année, il devient président du comité du PCF pour la défense des libertés et droits de l'homme en France et dans le monde. En juin 1995, il assiste au premier rang aux obsèques de son ami Robert-André Vivien présidées par Jacques Chirac. C'est aussi l'occasion d'un dernier contact avec les successeurs de ceux qui l'ont fait rentrer à la Snecma, cinquante cinq ans plus tôt. Traîné dans la boue et ridiculisé par "l'Humanité", Georges Marchais meurt le 16 novembre 1997 à l’hôpital Lariboisière, à la suite d’un malaise cardiaque.

Il est enterré au son de Bitches Brew de Miles Davis[7] au cimetière de Champigny (94)[8], ville où il vécut auprès de sa femme Liliane et de ses enfants.

[modifier] Portrait

D'une haute stature, avec une physionomie marquante et une élocution particulière lorsqu'il prononçait des discours, Georges Marchais a fait la joie des caricaturistes et des chansonniers de tout poil, en particulier de Thierry Le Luron mais aussi et surtout de Pierre Douglas. En tête à tête, il s'exprimait avec un ton tout à fait naturel, dans une syntaxe académique et un vocabulaire précis et adapté sans rapport avec ceux que lui prêtaient ses imitateurs.

[modifier] Œuvres

  • Les Communistes et les Paysans, (1972)
  • Le défi démocratique, (1973)
  • La politique du PCF, (1974)
  • Communistes et/ou chrétiens, (1977)
  • Parlons franchement, (1977)
  • Réponses, (1977)
  • L'espoir au présent, (1980)
  • Démocratie, (1990)

[modifier] Citations

  • Jean-Pierre Elkabbach : "Ce n’était pas ma question" ; Georges Marchais : "Oui mais c’est ma réponse !"
  • "Taisez-vous Elkabbach" (prononcée en 1981 pendant la campagne présidentielle lors d'un débat politique, selon certains journalistes comme Jérôme Bourdon, cette phrase n'aurait jamais été prononcée mais Georges Marchais coupait très souvent la parole de Elkabbach lors de leurs débat dans l'émission "Cartes sur table")

[modifier] Notes

  1. . Dans les années 1970, plusieurs membres du PCF, exclus ou tombés en disgrâce, prétendent que Georges Marchais s'est porté volontaire pour aller travailler en Allemagne, dans les usines Messerschmitt. En mars 1980, un article de Jean-François Revel dans l'Express reprend cette hypothèse mensongère, en connaissance de cause. La justice fera droit à la plainte déposée par Georges Marchais à ce sujet.
  2. C'est à ce titre qu'en 1970, plusieurs personnalités communistes ou ex-communistes tels Jean-Pierre Vernant, Charles Tillon, ou Maurice Kriegel-Valrimont protesteront solennellement contre l'accession à la direction du Parti "d'un homme qui n'a participé à aucun de ses combats vitaux", tandis qu'en 1991, un certain nombre d'anciens résistants membres du PCF, dont Henri Rol-Tanguy, demanderont en vain à Georges Marchais de s'abstenir de paraître au 50e anniversaire de l'exécution des otages de Châteaubriant.
  3. (dans cet esprit, ils laissent ajouter dans les catéchismes une mention sur Lenine avec une commémoration de la date de sa mort)
  4. XXIe congrès, Vitry, 24-27 décembre 1974.
  5. XXIIe congrès, L'Île Saint-Denis, 4-8 février 1976. Cette nouvelle ligne, annoncée dans les mois précédents, sera adoptée en présence d'une délégation du parti communiste d'Union soviétique.
  6. cf. Patrick Jarreau, « 1981 : "La force tranquille" » dans Le Monde du 24/08/2006
  7. Georges Marchais était un passionné de jazz.
  8. Champigny fut un des bastions du parti communiste, dirigé pendant 25 ans jusqu'en 1975 par Louis Talamoni, sénateur-maire, puis par Jean-Louis Bargero). La tombe de Georges Marchais voisine avec celle de son ami Louis Talamoni.

[modifier] Bibliographie

  • Thomas Hofnung, Georges Marchais, l’inconnu du Parti communiste français, Paris, L'Archipel, 2001. (ISBN 2841873196)

[modifier] Documentaire

  • Mosco, Mémoires d'Ex, 3e partie : Du passé, faisons table rase, 1991, 185 mn.


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