Histoire de la République de Moldavie
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La République de Moldavie actuelle correspond à l'ancienne République socialiste soviétique de Moldavie (la RSSM) qui a proclamé son indépendance le 27 août 1991 dans les mêmes frontières, délimitées en 1940, suite à l'entrée de l'Armée rouge sur le territoire de la Roumanie (suivant les dispositions secrètes du pacte Molotov-Ribbentrop entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique), et confirmées par le Traité de Paris.
La République de Moldavie occupe aujourd'hui la Bessarabie, ancien territoire de la Moldavie historique fondée au XIIIe siècle, qui était depuis le XVe siècle sous la domination des Ottomans, plus la région de Transnistrie (territoires à l'est du Dniestr), ainsi que la petite région de Herţa au nord de la Bessarabie.
[modifier] Région de Bessarabie au lendemain de la guerre
La Bessarabie historique au sud vers le Danube et la Mer Noire était un territoire russe en 1812.
L'Est de la Moldavie est occupé en 1812 par les Russes et ils vont renommer toute la région Bessarabie. La capitale actuelle de la Moldavie, Chişinău, fait l'objet d'un massacre en 1903. La révolution russe de 1917 et la déclaration des droits du peuple de Russie encouragent diverses nationalités de l’Empire russe à recouvrer leur souveraineté ; la Bessarabie devient une république indépendante le 2 décembre 1917, mais à la fin de la Première Guerre mondiale, elle est rattachée à la Grande Roumanie par le traité de Saint-Germain-en-Laye (1919).
Mais déjà le 6 janvier 1918, la République démocratique moldave de Bessarabie (RDM de Bessarabie) avait été proclamée. À la demande de la nouvelle administration moldave (le « Conseil du Pays »), le 13 décembre, les troupes roumaines étaient entrées en Bessarabie, pour libérer le territoire de l’armée russe. Le 27 mars 1918, l’union avec la Roumanie avait été votée par la RDM de Bessarabie.
[modifier] RASSM, république autonome dans la RSSU
Après la création de l’Union soviétique en décembre 1922, le gouvernement soviétique, qui espère porter la révolution russe plus à l'ouest et dans les Balkans, crée l'oblast (district) autonome moldave sur la petite région de Transnistrie, en tant que subdivision de la République socialiste soviétique d’Ukraine (RSS d’Ukraine ou RSSU). Le chef-lieu de l'oblast est installé à Balta. Sept mois plus tard, cet oblast se transforme en État autonome, la République autonome socialiste soviétique moldave (Republica autonoma socialistă sovietică moldovenească, la RASSM, ou RASS Moldave ou RASS de Moldavie, selon les traductions en français). La population de la RASSM est constituée pratiquement de 30% de Roumains, le reste étant constitué de Ruthènes. La capitale reste à Balta jusqu’en 1929, et se déplace ensuite à Tiraspol.
[modifier] Création de la RSSM, la contre-offensive nazie
En juin 1940, les troupes russes pénètrent de force en Roumanie, avec le consentement de l’Allemagne nazie, en conséquence d’une clause secrète du pacte de non-agression germano-soviétique (Pacte Molotov-Ribbentrop) de 1939. La Bessarabie, le nord de la Bucovine, et la région de Herţa se retrouvent sous le joug de l'Union soviétique.
Le 2 août 1940, le gouvernement soviétique proclame la République socialiste soviétique de Moldavie (Republica socialistă sovietică moldovenească, la RSS Moldave ou de Moldavie, la RSSM, selon les traductions en français), avec comme capitale Chişinău. Le territoire de la RSSM est constitué du territoire de la RASSM (c'est-à-dire la région de Transnistrie), de la région de Herţa, augmenté d’une grande partie de la Bessarabie, sauf la partie sud qui revient à la RSSU. Le territoire de l'ancienne RASSM (8000 km²), limité auparavant par le Dniestr, s'étend maintenant jusqu'au Prout (car il correspond aux limites de l'avancée des troupes russes en Roumanie), et fait environ 33000 km².
La région de Bessarabie se retrouve donc de nouveau divisée, et son intégrité économique et historique est sapée. Les régions du sud et les points d’accès à la mer Noire, des bouches du Danube (la ville d’Ismail) et l’estuaire du Dniestr (la ville de Cetatea Albă) ont été cédées à la RSSU, laissant la RSSM sans accès à la mer.
En juin 1941, les troupes allemandes et roumaines (dont le gouvernement est à ce moment pro-nazi), attaquent la RSSM et la RSSU ; les nazis ré-attribuent à la Roumanie, leur alliée, non seulement la Bessarabie, la Bucovine du nord, et la région de Herţa perdues en juin 1940, mais encore le territoire entre le Dniestr et le Bug, à partir du nord de Bar en RSSU, que la Roumanie décide d'administrer sous le nom de Transnistrie.
[modifier] Installation de la RSSM à la fin de la guerre
Cet arrangement reste en vigueur jusqu’en août 1944, lorsque les troupes soviétiques réoccupent la Bessarabie et la Transnistrie. Un traité en 1947 redonne la Bessarabie, la Bucovine du nord, la région de Herţa et la région de Transnistrie à la RSSM, membre de l’Union soviétique, et les anciennes divisions administratives soviétiques et la toponymie slave des territoires sont imposées à nouveau.
[modifier] Domination soviétique après la guerre
Le territoire continue à faire partie de l’URSS après la Seconde Guerre mondiale sous le nom de République socialiste soviétique de Moldavie, et souffre d’une politique brutale de dénationalisation de la population roumaine, que les Soviétiques massacrent, emprisonnent et déportent en Sibérie à peu près un million de personnes, de façon à modifier la structure de la population. La police secrète frappe les groupements nationalistes et l’alphabet cyrillique s’impose à la langue « moldave ». Des populations russophones et ukrainophones sont encouragées à s’établir en RSSM, depuis les autres républiques soviétiques, surtout en Transnistrie.
La politique gouvernementale, qui exige une production agricole élevée en dépit de maigres récoltes, conduit les populations à la famine, conséquence de la sécheresse catastrophique des années 1945-1947. Les postes politiques, académiques et du parti communiste sont occupés par des non-Roumains (seulement 14 % des chefs politiques de la RSSM sont Roumains en 1946).
La purification ethnique est dirigée contre les intellectuels roumains qui avaient décidé de rester en Moldavie après la guerre, ainsi que contre tout ce qui est roumain.
Les conditions de la prise de pouvoir soviétique sont à la base du ressentiment dirigé contre les autorités soviétiques – ressentiment qui s’est rapidement manifesté. En 1950-1952, lorsque Leonid Brejnev est secrétaire du parti communiste de Moldavie (PCM), une révolte des ethnies roumaines est étouffée par la mort ou la déportation de centaines d’hommes, et par l’institution forcée de la collectivisation. Brejnev et les premiers secrétaires du PCM réussissent à réprimer le sentiment national moldave, et ces Moldaves se taisent encore trois décennies, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Mikhail Gorbatchev. Sa politique de glasnost (transparence, en russe) et de perestroïka (restructuration, en russe) crée les conditions d’expression du sentiment national libre et ouvert, et les républiques soviétiques peuvent adopter des réformes.
[modifier] Croissance de l’autodétermination
Dans un climat toujours plus tendu, les tensions politiques grandissent dans la RSS Moldave en 1989. Cette année se forme le Front Populaire Moldave, une association de groupements politiques et culturels reconnue officiellement. Les grandes manifestations des ethnies roumaines conduisent à la désignation de la langue roumaine comme langue officielle et le remplacement du chef du Parti Communiste Moldave. Dans le même temps, l’opposition face à une influence croissante des ethnies roumaines se manifeste plus fortement, particulièrement en Transnistrie, où se forme le Mouvement Yedinstvo-Unitatea des minorités slaves en 1988, et où apparaît dans le sud le mouvement Gagauz Halkî (le peuple gagaouze), en novembre 1989, qui représente une minorité de langue turque.
Les premières élections démocratiques au Soviet Suprême de la RSS Moldave se tiennent le 25 février 1990. Le Front Populaire remporte la majorité des voix. Après les élections, Mircea Snegur, un ancien communiste, devient président du Soviet Suprême ; en septembre, il devient président de la République. Le gouvernement réformiste qui l’a porté au pouvoir en mai 1990 conduit beaucoup de changements qui ne plaisent pas aux minorités, par exemple la modification du nom de RSS Moldave en RSS de Moldavie en juin, et la déclaration de souveraineté le même mois.
[modifier] Sécession de la Gagaouzie et de la Transnistrie
En août, les Gagaouzes se déclarent « république indépendante », sous le nom de République Gagaouze (Gagauz-Yeri) dans le sud, autour de la ville de Comrat. En septembre, la population sur la rive est du fleuve Dniestr, en majorité d’ethnie slave, proclame la « République Moldave Nistréenne » (ou simplement « République Nistréenne ») en Transnistrie, avec comme capitale Tiraspol. Aussitôt le Soviet Suprême déclare cette proclamation comme nulle, et des élections sont organisées dans les deux « républiques ». Stepan Topal est élu président de la République Gagaouze en décembre 1991, et Igor Smirnov président de la « République Nistréenne » le même mois.
À peu près 50 000 volontaires moldaves armés passent en Transnistrie, où la violence est contenue par l’intervention de la 14e armée russe. Ce corps d’armée tenait ses quartiers généraux à Chişinău sous la direction du Haut Commandement pour les Opérations Militaires du Sud Est depuis 1956. À Moscou, les négociations entre Gagaouzes, les Slaves transnistriens et le gouvernement de la RSS de Moldavie échouent, et le gouvernement refuse de continuer à négocier.
En mai 1991, les officiels renomment l’État en République de Moldavie (Republica Moldova). Enfin, le Soviet Suprême est transformé en Parlement Moldave.
[modifier] Indépendance
Pendant le coup d’État de Moscou en août 1991, les chefs du Commandement du Sud-Est essaient d’imposer l’état d’urgence en République de Moldavie, mais ils sont arrêtés par le gouvernement moldave, qui fait allégeance au président russe Boris Ieltsine. Le 27 août 1991, après l’échec du coup d’État, la République de Moldavie se déclare indépendante de l’Union soviétique.
En octobre, la République de Moldavie commence à organiser ses forces armées. L’Union soviétique s’effiloche rapidement, et la République de Moldavie ne peut compter sur ses forces seules pour prévenir les risques d’escalade des violences en « Republique Nistréenne » et dans le reste du pays. Les élections de décembre, de Stefan Topal et de Igor Smirnov à la présidence des « républiques », et la dissolution officielle de l’Union soviétique accroissent les tensions en République de Moldavie.
La flamme de la violence se rallume de nouveau en Transnistrie en 1992. Un accord de cessez-le-feu est négocié en juillet entre les présidents Snegur et Ieltsine. Une ligne de démarcation doit être maintenue par une force de paix tripartite (composée d’éléments moldaves, russes et transnistriens), et Moscou s’engage à retirer sa 14e Armée si une constitution pour la Transnistrie arrive à s’établir. Alors, la Transnistrie devra avoir un statut spécial dans le cadre de la République de Moldavie, qui lui réserve le droit de sécession en cas d’union de la République de Moldavie avec la Roumanie.
[modifier] Après l’indépendance
À partir de l’indépendance de l’[URSS] de 1991, les forces russes restent sur le territoire à l’est du Dniestr pour défendre la population slave, formée principalement d’Ukrainiens, de Russes et de Bulgares, qui déclarent leur république Transnistrie sur le territoire de la RSSA Moldave.
De nouvelles élections parlementaires sont organisées en Moldavie le 27 février 1994. Bien que ces élections soient décrites par les observateurs internationaux comme libres et correctes, les autorités de Transnistrie refusent de compter les voix et font tous leurs efforts pour décourager la population à participer au vote. Seuls 7 500 habitants votent sur la rive gauche du Dniestr, en Moldavie.
Le nouveau parlement, qui a comme majorité les représentants du Parti Agraire de Moldavie, n’est pas touché par le même blocage qui avait caractérisé l’ancien parlement dont la majorité était constituée de nationalistes durs du Front Populaire : une législation réformatrice est adoptée, et permet d’envisager des changements. Le président Snegur signe le partenariat de paix avec l’OTAN en mars 1994, et en avril, le parlement approuve la participation de la Moldavie à la Communauté des États indépendants dans le cadre d’une union économique. Le 28 juillet, le parlement ratifie la nouvelle constitution. Celle-ci entre en vigueur le 27 août 1994. Elle prévoit une autonomie importante de la Transnistrie et de la Gagaouzie.
La Russie et la République de Moldavie signent un traité en octobre 1994, qui concerne le retrait des troupes russes de la Transnistrie, mais le gouvernement russe ne ratifie pas le traité. Alors que le cessez-le-feu est encore en vigueur début 1995, et que des négociations ultérieures sont menées sur la conférence de sécurité, la coopération en Europe et les Nations unies, les espoirs de calme et de retrait de l’armée russe dans un futur proche montent d’un niveau.
En mars et en avril 1995, des étudiants et des élèves moldaves entament une série de grèves et de manifestations à Chişinău pour protester contre la politique gouvernementale sur la culture et l’éducation. Il s’adjoignent des représentants des intellectuels, et puis des travailleurs et des retraités qui protestent contre le gouvernement pour des motifs économiques. Le problème sensible de la langue nationale est posé : ou celle-ci est le moldave, comme énoncé dans la constitution de 1994, ou celle-ci est le roumain comme se prononce la majorité des experts.
Dans son discours au parlement du 27 avril, le président Snegur demande à celui-ci d’amender la constitution, et de changer le nom de la langue nationale en roumain. La décision finale du gouvernement est repoussée à l’automne à cause d’un article de la constitution qui stipule qu’il faut respecter un délai d’au moins 6 mois avant d’apporter une modification à celle-ci. Les manifestations étudiantes se produisent jusqu’au 6 septembre.
Alors qu’il s’est écoulé plus de 10 ans depuis la déclaration de l’indépendance, les conséquences de la propagande soviétique sont encore visibles dans la population d’origine roumaine qui se sent encore honteuse de son origine.
