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Kibboutz

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SIONISME
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Voir aussi
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Les kibboutzim (hébreu : קיבוץ, kibboutz ; pluriel : kibboutzim : קיבוצים, «assemblée» ou «ensemble») sont des communautés (ou villages) collectivistes, localisées dans tout Israël, et créées au cours du XXe siècle par le mouvement sioniste (nationalisme juif), sous l'influence des idées du socialisme associatif. Il s'agit à l'origine de communautés rurales, mais des activités industrielles ont commencé à y être développées dès les années 1940-50.

Historiquement, les membres des kibboutzim ont été perçus comme une élite sioniste, particulièrement militante et engagée. Ainsi, dans les années 1980, les officiers issus des kibboutzim représentaient près de 25 % du corps des officiers, pour à peine 3 % de la population.

Cependant le poids idéologique ou humain des kibboutzim est clairement en baisse relative depuis les années 1970, et ils ne pèsent plus que 1,8 % de la population israélienne en 2005. Leur population ne se réduit pas vraiment (un peu cependant depuis les années 1990), mais surtout elle ne progresse plus dans une société israélienne en développement démographique rapide.
Une personne vivant dans un kibboutz est appelée kibboutznik (pluriel kibboutznikim).

Sommaire

[modifier] Définitions

Le kibboutz est, par définition :

  • « une communauté délibérément formée par ses membres, à vocation essentiellement agricole, où il n'existe pas de propriété privée et qui est censée pourvoir à tous les besoins de ses membres et de leurs familles »[1]. Notons que le caractère principalement agricole est aujourd'hui largement dépassé.
  • « une unité de peuplement dont les membres sont organisés en collectivité sur la base de la propriété commune des biens, préconisant le travail individuel, l'égalité entre tous et la coopération de tous les membres dans tous les domaines de la production, de la consommation et de l'éducation »[2].
  • Une organisation nationaliste juive destinée à la colonisation de la terre d'Israël.

Sa principale force vient de l'engagement individuel de tous les membres. L'esprit d'entreprise collectif compte pour beaucoup et contribue à la création et à la maturation de communautés qui réussissent économiquement sur le marché libre. Enfin, le niveau de vie élevé aujourd'hui, atteint grâce aux succès économiques, favorise aussi le maintien des communautés.

[modifier] Organisation et fonctionnement

Physiquement parlant, la plupart des kibboutzim sont conçus sur le même modèle : au centre se déploient les édifices communs tels que réfectoire, auditorium, bureaux et bibliothèque, entourés par des jardins et les maisons de leurs membres ; légèrement décentrés sont les bâtiments et les équipements sportifs ; les champs, vergers et bâtiments industriels enfin se trouvent à la périphérie.

Il n'y a généralement pas vraiment de structure élue : les décisions sont prises par l'assemblée générale. Avec le temps, des organes élus sont apparus, mais l'idéal kibboutznik impose qu'ils aient peu de pouvoir.

L'égalité des sexes est revendiquée depuis les débuts (sauf dans les kibboutzim religieux), ce qui ne laisse pas de choquer les religieux juifs.

Bien qu'il y ait quelques exceptions, les membres des Kibboutzim sont tous Juifs. Il y a eu des tentatives avortées d'organisation de Kibboutzim arabes, mais les Kibboutzim Juifs ont vocation à rester des organisation nationalistes juives, dont la base est presque exclusivement juive.

Il n'y a normalement pas de salaire : la communauté fournit gratuitement et de façon strictement égalitaire les biens collectifs (piscines, écoles, etc.) et les biens de consommation individuels (logements, télévisions, ordinateurs). Aucune différence n'est faite selon le statut, la qualification ou le poste de travail des membres.

L'activité économique du kibboutz est collectiviste : les moyens de production et d'échanges sont la propriété de tous, et il n'y a pas d'entrepreneurs privés dans un kibboutz.

Des sommes modérées permettant à chacun d'aller dans le monde extérieur au kibboutz pour y consommer librement sont également remises aux membres, sur une base égalitaire.

[modifier] Fédérations

Chaque kibboutz est autogéré. Il a donc l'autonomie politique propre à une municipalité. Il bénéficie aussi de l'autonomie économique propre à une entreprise opérant sur le marché libre, et devant s'y adapter rapidement.

Mais les kibboutzim ont ressenti le besoin de se regrouper en fédérations :

  • pour défendre leur intérêts devant les institutions étatiques ;
  • pour mettre en œuvre des services bénéficiant à tous (aide juridique, financement,… ).

Ces regroupements se sont faits sur une base idéologique :

  • Mouvement kibboutznik unifié, (acronyme hébreu TAKAM) : c'est la principale fédération. Elle est proche du parti travailliste israélien (ou Mapaï). Environ 60 % des kibboutzim y sont affiliés.
  • Kibboutz Artzi : c'est une fédération proche du Mapam (extrême-gauche sioniste), avec 32 % des kiboutzim. Elle a fusionné avec TAKAM en 2000, mais conserve une certaine spécificité.
  • Kibboutz Dati (kibboutz religieux) : c'est la troisième fédération, avec 6 % des kibboutzim. Elle est issue du Hapoel Hamizrahi, un sous-courant sioniste religieux, à l'origine influencé par certaines idées de gauche.
  • Enfin, deux kibboutzim ultra-orthodoxes ont été créés par le parti Poalei Agoudat Israël, branche (ou dissidence, selon les époques) "ouvrière" du parti Agoudat Israël.

[modifier] Histoire

Le modèle qui finalement s'imposa, n'est apparu qu'après une dizaine d'expérimentations, qui toutes ont périclité. Il y a eu au début du XXe siècle, des essais non-égalitaires et (semi-)capitalistes de villages collectivistes avec des classes d'ouvriers, d'ingénieurs, de cadres, etc., ne possédant pas les mêmes droits ou le même salaire. La "possession" par le biais d'un salaire, et les privilèges accordés aux plus diplômés n'apportèrent que tensions et incohérences, incompatibles avec l'idéal socialiste des nouveaux émigrants. Ce qui fait dire à certains auteurs que le kibboutz fut une nécessité et non la réalisation d'un idéal. L'expérience néanmoins dégagea suffisamment d'enseignement pour perfectionner les principes qui en grandes lignes subsistent aujourd'hui. Le modèle du Mochav, moins communautaire, date aussi de cette époque de bouillonnements idéalistes.

[modifier] Les origines agricoles

L'origine des Kibboutz se trouve au sein du parti Ha'poel Hatzaïr, un parti politique non marxiste, influencé par le socialisme populiste russe et l'œuvre de Tolstoï. L'idéal est celui d'un socialisme rural, anti-industriel et anti-autoritaire, très marqué par l'anarchisme (refus des structures élues).

En 1909, un petit groupe de jeunes immigrants juifs originaires d'Europe de l'Est, mus par les idéaux sionistes et socialistes, fondaient sur les rives du lac de Tibériade la première kvoutza (groupe en hébreu, groupement auquel fut ultérieurement donné le nom de kibboutz, communauté basée sur l'adhésion à un même mode de vie rural et collectiviste). Ils appelèrent ce kibboutz Degania, qui est depuis considéré comme la mère des kibboutzim. Kinneret est le second kibboutz, né en 1912.

Leur kvoutza se voulait démocratique et égalitaire, fondée sur la propriété collective des moyens de production et de consommation. Un cadre de vie où tous les membres prenaient les décisions de concert et à la majorité, et se partageaient équitablement droits et devoirs.

À l'origine, les kibboutzim ont été formés par de jeunes immigrants pauvres et sans subventions. Pendant longtemps, la vie y a été extrêmement difficile, loin du niveau de vie enviable atteint aujourd'hui.

A l'origine aussi, les communautés sont de petites tailles (quelques dizaines de personnes). Dès le début des années 20, elles grandissent, comptant maintenant plusieurs centaines de membres. Cette taille plus importante a été jugée à l'époque nécessaire pour le développement économique et humain du projet, et est devenue la norme.

Les Kibboutzim ne se sont pas conçu à l'origine pour être une simple "expérience" collectiviste. Issus de l'extrême gauche radicale, leurs membres souhaitaient au contraire offrir un modèle social qui finirait pas absorber tout le Yichouv. Il s'agissait de créer un "homme nouveau" et une "société nouvelle", débarrassés de la propriété privée. Il fallait aussi briser la "famille bourgeoise", ce qui explique que les enfants étaient élevés en commun, et ne vivaient pas avec leur parents.

[modifier] Le développement de l'industrie et des services

À partir des années 1920 et 1930, les sionistes marxistes du Achdut Ha'avoda, ex Poale Sion (le Ha'poel Hatzaïr et le Achdut Ha'avoda fusionnent en 1930 au sein du Mapai) lancent à leur tour des kibboutzim. C'est en partie sous leur influence que se développeront les premières activités industrielles, qui seront à l'origine très critiquées par les partisans de communautés purement rurales. À partir des années 1960 et 1970, les kibboutzim ajouteront à l'industrie et à l'agriculture le tourisme et les services.

[modifier] La confiscation des terres arabes

Lors de la Seconde Guerre mondiale, il y avait environ 80 kibboutzim, contre 269 en 2003. La croissance après la Seconde Guerre mondiale et l'indépendance d'Israël a donc été spectaculaire.

Avant la création d'Israël, les kibboutzim se créaient essentiellement sur des terres achetées.

Après la guerre d'indépendance de 1947-1949, l'État d'Israël a confisqué les terres des réfugiés palestiniens (et parfois aussi celles des Arabes palestiniens restés en Israël). Ces terres sont devenues la propriété collective de l'État, à travers le Keren Kayemeth LeIsrael ou K.K.L.. Celui-ci les donne à exploiter aux communautés rurales (mochavim ou aux kibboutzim).

Après la guerre, de nombreux kibboutzim ont donc été installés sur d'anciennes terres palestiniennes, ce qui a créé :

  • des conflits parfois aigus avec les anciens propriétaires restés en Israël ;
  • des conflits avec les anciens propriétaires ou locataires devenus des réfugiés : pendant les années 1950, surtout, on notera de fréquentes tentatives d'infiltrations de réfugiés tentant d'exploiter clandestinement leurs anciennes terres, ou attaquant les nouveaux occupants ;
  • des contradictions idéologiques : certains kibboutzim installés sur d'anciennes terres palestiniennes confisquées relèvent du parti d'extrême-gauche Mapam, lequel revendiquait un État judéo-arabe avant la création d'Israël, et a une attitude de soutien aux droits de la minorité arabe depuis. Cette contradiction a parfois fortement gêné les militants de cette tendance.

[modifier] L'intégration des immigrants

Le kibboutz a été un des outils d'intégration de milliers d'immigrés juifs au cours de l'histoire du sionisme israélien. D'une part en intégrant à ses structures de nouveaux immigrants, d'autre part en servant de centres d'absorption temporaires, ou des cours (hébreu, sionisme, apprentissage d'un métier) sont dispensés.

[modifier] Crise et évolution

La période pionnière est loin, et les kibboutzim ne sont aujourd'hui plus la référence conquérante et incontournable de la construction du socialisme à l'israélienne.

[modifier] Crise économique

À compter des années 1970, les kibboutzim ont connu des difficultés économiques énormes, renforcées par la quasi disparition des subventions sous les gouvernements Likoud (droite).

Les années 1980 ont donc été une période où les kibboutzim ont dû réorganiser en profondeur leurs activités économiques. Les secteurs les plus porteurs : industrie, tourisme et services ont été développés. L'agriculture des origines a été reléguée au second rang (15 % des membres seulement y sont encore affectés). Il y aura d'ailleurs quelques faillites. Cependant, au début des années 1990, les kibboutzim avaient surmonté la crise, qui reste sans doute la plus rude de leur histoire.

Aujourd'hui, malgré quelques exceptions, les kibboutzim sont considérés comme en bonne santé économique et financière. Le niveau de vie des membres des kibboutzim est l'un des plus élevés d'Israël, ce qui suscite d'ailleurs parfois la rancœur des communautés environnantes.

[modifier] Crise des valeurs

Au-delà de la gestion collective et égalitaire du travail, les kibboutzim avaient également à l'origine développé un mode de vie collectiviste : prise des repas en commun, absence totale de propriété privée (même les vêtements étaient au moins théoriquement collectivisés), éducation en commun des enfants, qui ne vivaient pas avec leur parents.

Depuis les années 1970-80, de nouvelles valeurs individuelles et familiales se développent dans les kibboutzim. La propriété collective, le travail collectif, l'égalitarisme social et la démocratie directe ne sont pas vraiment remis en cause. Mais des évolutions sont apparues, en particulier l'acceptation de la vie privée et de la vie de famille. Ainsi, aujourd'hui, il n'y a guère que le repas du midi qui soit pris en commun au réfectoire, et les enfants dorment chez leurs parents.

Toujours dans le développement de cette sphère du privé, une allocation de « budget personnel » est apparue. Il ne s'agit pas d'un salaire, et l'allocation est normalement égale pour tous. Mais elle permet de participer à la société de consommation, et de s'acheter divers biens non fournis par le kibboutz, qui deviennent dès lors une propriété privée.

Beaucoup plus "révolutionnaire" : il est à noter que certains kibboutzim (minoritaires) ont introduit une échelle de salaires différenciés entre les membres, ce qui est une rupture énorme par rapport à la tradition ultra-égalitariste.

Autre facteur de remise en cause, l'industrialisation des kibboutzim a entraîné le recours à de la main-d'œuvre extérieure, salariée. Elle est importante : 50 à 60 % des travailleurs employés par l'ensemble des kibboutzim. Ces travailleurs peuvent être des Juifs, mais aussi des arabes ou des travailleurs immigrés de diverses origines (Chine, Europe orientale,...). Cette main d'oeuvre, surtout concentrée dans les tâches d'exécution, perçoit parfois le kibboutz où elle travaille comme un « patron » collectif, avec lequel des conflits peuvent surgir. Elle touche évidemment des salaires, notion qui n'existe normalement pas dans un kibboutz (mais qui s'y développe, voir plus haut). Et elle ne participe pas vraiment à la définition des politiques du kibboutz, ce qui viole les principes égalitaires du projet.

Enfin, certains membres des kibboutzim travaillent maintenant à l'extérieur. Le salaire est normalement intégralement versé au kibboutz (qui reverse l'allocation mentionnée ci-dessus). Cette situation a toujours existé (le corps des officiers a toujours été riche en membres des kibboutzim). Mais cette tendance se renforce, et entraîne trois conséquences :

  • certains liens communautaires se distendent quelque peu ;
  • des membres deviennent économiquement indépendants du kibboutz et peuvent donc le quitter à tout moment. Ce qu'ils font parfois ;
  • certains revenus échappent au kibboutz, et introduisent parfois quelques différences sociales (modérées) entre les membres.

[modifier] Anarchisme et kibboutz

Le kibboutz est souvent cité par le socialisme utopique et l'anarchisme comme une expérience anti-autoritaire et anti-étatique particulièrement réussie et poussée (cf. version précédente de l'article). Cependant, son caractère libertaire et anarchiste tient davantage du mythe que de la réalité. Ces contradictions ont été soulignées par le linguiste et essayiste polémique américain Noam Chomsky dans deux interviews, la première, disponible sur internet, dans l'émission de radio américaine "Democracy Now" présentée par Amy Goodman[3], la seconde dans un livre d'entretiens[4].Chomsky s'est lui-même installé en 1953, pour une durée de six semaines, dans un kibboutz près de Haïfa.

Ces contradictions peuvent être résumées de la manière suivante:

  • Premièrement, le kibboutz repose en partie sur le racisme, en profonde contradiction avec l'idéal universaliste de l'anarchisme: presque aucun kibboutzim n'accepte d'arabe.
  • De plus, les kibboutzim entretiennent une relation extrêmement trouble avec l'Etat d'Israel: la réussite économique des kibboutzim étant partiellement due aux subventions de l'Etat israélien, ceux-ci lui fournissent ses troupes d'élites: pilotes, agents de renseignement, officiers gradés, etc...
  • Enfin, il existe dans le kibboutz un "autoritarisme du groupe" extrêmement fort, engendrant un machisme et un conformisme très puissant: par exemple, presque aucun habitant de kibboutzim ne refuse de faire son service militaire.

Chomsky conserve une certaine nostalgie de cette expérience, cependant il considère le kibboutz comme totalement opposé au modèle de société anarcho-syndicaliste qu'il propose.

[modifier] Aujourd'hui

En dépit de certains problèmes économiques (globalement bien surmontés), de la perte d'une partie de son prestige au sein de la société israélienne (qui ne considère plus les kibboutzim comme un modèle à atteindre) et de l'acceptation d'une sphère privée importante (vie familiale et consommation), l'institution du kibboutz demeure, de nos jours encore, le plus grand mouvement communautaire au monde.

En 2005, près de 120 500 personnes (1,8 % de la population israélienne) vivent dans les 269 kibboutzim d'Israël disséminés depuis le plateau du Golan au nord jusqu'à la mer Rouge au sud. Leurs effectifs varient de moins de 100 membres à plus de 1000 pour certains, la majorité recensant une population de quelques centaines de membres.

Il est à noter qu'une trentaine de ces kibboutzim se sont installés dans les territoires palestiniens occupés.

La population des kibboutzim en chiffres[5] :

Année Nombre Population
1910 1 ?
1920 12 805
1930 29 3 900
1940 82 26 550
1950 214 67 550
1960 229 77 950
1970 229 85 100
1980 255 111 200
1990 270 125 100
1998 269 116 500


[modifier] Liens et adresses

[modifier] Références

  1. Encyclopedia Judaica, 1969
  2. Définition juridique figurant dans le Registre des sociétés coopératives
  3. http://www.democracynow.org/static/chomskymit.shtml
  4. "Understanding Power: The Indispensible Chomsky" écrit par Noam Chomsky, Peter R. Mitchell, et John Schoeffel, paru en février 2002 chez New Press en anglais.
  5. Source : Yad Tabenkin, Centre de recherche et de documentation du Mouvement kibboutzique unifié
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