Les Mille et Une Nuits
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Les Mille et Une Nuits sont un recueil de contes persans ( هزار و یک شب Hezâr ve yek chab en persan).
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[modifier] Les origines de l'œuvre
À l'origine, au VIIIe-IXe siècles, un livre persan intitulé Hezar Afsane ou Mille contes qui a été traduit en arabe et a pris le titre de Les Mille et Une Nuits ( كتاب ألف ليلة و ليلة Elf leïla wa leïla ). L'ouvrage perse, qui relevait du genre « miroir des princes », contenait vraisemblablement des récits exemplaires et était destiné à l'éducation des gouvernants. Il n'appartenait pas à une littérature populaire ou au folklore et avait le même statut que le recueil de fables animalières Kalila et Dimna (par exemple). Seulement, à côté d'un récit-cadre qui est resté stable (l'histoire de Shahrazâd, qui encadre toutes les autres), le reste des contes a considérablement changé (comme le titre persan d'ailleurs) et une nouvelle matière y a été introduite.
[modifier] La traduction d'Antoine Galland
La traduction française est l'œuvre d'Antoine Galland publiée de 1704 à 1717, mais une partie a été rédigée par lui-même, en s'inspirant des récits que lui avait contés son assesseur syrien. Pour faire prendre corps et esprit au personnage de Schéhérazade, Galland s'est inspiré de Madame d'Aulnoy et de la marquise d'O, dame du palais de la duchesse de Bourgogne.
Selon Abdelfattah Kilito, cette compilation de récits anonymes ne remplit aucun des critères classiques de la littérature arabe : un style noble, un auteur précis et une forme fixe (et pour cause en occident l'on confond toujours la Perse et les cultures arabes du fait de l'écriture) ; de plus elle met en avant de nombreux particularismes et dialectes locaux, bien éloignés de l'horizon des lettrés, ce qui laisse à penser que si Galland n'avait pas transmis cette mémoire, elle se serait irrémédiablement perdue dans la nuit des œuvres culturelles disparues.
[modifier] La traduction de Mardrus
Ayant connu la tracuction remaniée et ammoidri des éléments érotiques, le docteur mardrus, amis de Gide publia une nouvelles traduction enchatersque des milles et un nuit. Proust par exemple évoque sa mère qui n'ose le priver de la traduction de Mardrus tout en lui conseillant de s'en tenir à celle de Galland.
[modifier] Les récits
Les Mille et Une Nuits sont un ensemble complexe de contes imbriqués les uns dans les autres, et de personnages en miroir les uns par rapport aux autres, ce qui donne plusieurs niveaux de lecture possible.
Le sultan Shâriyâr, déçu par l'infidélité de son épouse, la fait mettre à mort, et afin d'éviter d'être à nouveau bafoué, il décide d'assassiner chaque matin la femme qu'il aura épousée la veille. Shéhérazade, la fille du grand vizir, se porte alors volontaire pour faire cesser le massacre : habile conteuse, chaque nuit, elle raconte au sultan un fragment d'histoire dont la suite est reportée au lendemain. Le calife dont la curiosité est excitée ne peut se résoudre à tuer la jeune femme ; il reporte l'exécution de jour en jour afin de connaitre la suite du récit commencé la veille. Peu à peu, Shéhérazade gagne la confiance de son mari...
De fait, aujourd'hui, les Nuits sont constituées d'un noyau fixe, une trentaine d'histoires (le récit-cadre ou l'histoire de Shahrazâd, le marchand et le génie, le pêcheur et le génie, les dames de Bagdad, les trois pommes, le bossu, et les histoires qui y sont incluses) et d'un ensemble de récits extrêmement variés qui relèvent aussi bien de la littérature savante que d'une littérature plus « populaire ». Mais s'il fallait caractériser les Nuits, il faudrait les associer aux centaines d'autres recueils de contes du même genre qui étaient en circulation dans le domaine arabe (les Nuits ne sont pas naturellement un livre isolé) et qui appartiennent à ce qu'il faudrait appeler une littérature moyenne.
Quelques contes des Mille et Une Nuits parmi les plus connus (certains ne sont pas issus des plus anciens manuscrits connus, mais ont été ajoutés par la suite. C'est le cas des 7 voyages de Sindbad de marin, d'Ali Baba, d'Aladin et la lampe merveilleuse.):
- Agîb et Gharîb (n° 13)
- Aladin et la lampe merveilleuse (n°19)
- Ali Baba et les quarante voleurs (Ali Baba va tshehel dozde baghdad) (n°24)
- Jullanâr ou Badr Bâsim (n° 73)
- L'Histoire de Qamar az-Zamân (n°120)
- L'Histoire du cheval d'ébène (n° 130)
- Le Mariage d'al-Ma'mûn (n° 142)
- L'Histoire de l'envieux et de l'envié (n° 158)
- Le Conte d’Ayyûb le Marchand, de son fils Ghânim et de sa fille Fitna (n°188)
- L’Épopée de Umar an-Nu'mân (n° 277)
- Les Ruses des femmes (n° 331)
- Sinbad le Marin (n°373)
- Le Cheval enchanté
- Le Conte des deux vizirs et d’Anîs al-Jalîs
- Le Conte du pêcheur et du démon
- Le Conte du tailleur, du bossu, du Juif, de l’Intendant et du Chrétien (qui se déroule à Kachgar)
- Le Conte du vizir Nûr ad-Dîn et de son frère Shams ad-Dîn
- L'histoire du Prince Ahmed et de la fée Pari-Banou
- Kamaralzamân et la princesse Boudour
- Le Khalife et le Khalifat
- La Jouvencelle, lieutenante des oiseaux
- Le Marchand et le Démon
- Le Portefaix et les trois Dames
- Les Sept vizirs
À la fin du livre, le sultan s'aperçoit que pendant les presque trois ans écoulés, Schéhérazade lui a aussi fait trois beaux enfants, et renonce pour cette raison à la faire exécuter.
[modifier] Le succès
L'audience du livre fut immédiate en Europe, et devint rapidement l'objet d'étude et un succès de la littérature de colportage. Les écrivains du XIXe siècle, enfiévrés d'Orient, en firent leur livre de chevet. Janin, enthousiasmé, disait que sa lecture relevait presque d'un « acte patriotique ». Plus tard, le livre devint l'un des premiers titres à succès des collections Hachette et de la bibliothèque de gare.
De 1898 à 1904, Joseph-Charles Mardrus en sortit une version plus érotique, faisant ressortir les transgressions et les ellipses amoureuses se nichant dans le texte initial de Galland.
De nombreux illustrateurs se sont appropriés les Mille et une nuits, comme les Français Gustave Doré, Roger Blachon, Françoise Boudignon, André Dahan, Amato Soro, Albert Robida et Marcelino Truong, l'Anglais William Blake, l'Italien Emanuele Luzzati, l'Allemand Morgan, le Belge Carl Norac et le Turc Emre Orhun.
Dans les versions éditées dans les pays arabes, à Shéhérazade se trouve adjoint un narrateur masculin, pour rétablir l'équilibre des sexes et amoindrir l'atteinte à l'autorité du sultan, si habilement coutournée par la malignité de la jeune femme.
Cette particularité se retrouve, de même, dans la série de dessins animés « Shéhérazade » (52 épisodes de 26 minutes), réalisée par Philipe Mest, où la jeune femme forme une équipe avec un être surnaturel, l'éfrit Till, et un jeune prince persan, Nour, dont elle est amoureuse.
[modifier] Traductions
- Les Mille et Une Nuits, contes traduits par le Dr Joseph-Charles Mardrus, Robert Laffont, collection Bouquins.
- Le Livre des Mille et une Nuits traduction d'Armel Guerne, Club français du livre, 1966-1967 (6 vol.).
- Les Mille et Une Nuits traduction d'Antoine Galland, présentation par Jean-Paul Sermain et Aboubakr Chraïbi, Garnier-Flammarion (3 vol.)
- Les Mille et Une Nuits, contes traduits par Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel, Gallimard, La Pléiade (3 vol), 2005.
- Album Mille et Une Nuits, en trois tomes, nouvelle traduction de Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel, iconographie choisie et commentée par Margaret Sironval, Gallimard, La Pléaïde. Il s'agit de la première traduction complète en français, avec la totalité des 1205 poèmes, non censurée, fondée sur l’édition de Bulaq, du nom de la ville égyptienne où le texte a été imprimé pour la première fois en 1835.
- Les Mille et Une Nuits, traduction et préfaces de René R Khawam, Phébus, Collection libretto (4 vol.), 2001. Cette traduction est différente des autres en ce sens qu'elle propose une reconstruction du chef d'œuvre original d'où ont été expurgés les récits inauthentiques, réintègre ceux qui en furent écartés et présente la structure originale de l'ouvrage après une longue exégèse de près de 40 ans de recherches. Sindbad le marin, Ali baba et autres contes n'ont par exemple jamais fait partie des mille et une nuits, dont le découpage ne semble avoir jamais correspondu à mille et un chapitres... Le conte de Chaharazade n'est que le premier de la série. Cette traduction offre tous les avantages d'une recherche érudite et sérieuse qui s'écarte résolument de la version habituelle dite "de Boulaq" qui semble n'être qu'une compilation tardive. L'auteur, directeur et traducteur d'autres ouvrages dans la même collection, propose même de lever le voile sur l'origine probable de cette œuvre littéraire. La langue en est parfaite.
- Weil G., 1865 et 1984,Tausend und eine Nacht, Erlangen, Karl Müller Verlag, 1984 , 4 tomes en 2 volumes.
[modifier] Adaptations au cinéma et à la télévision
Elles ont été nombreuses. On peut citer :
- Les Mille et Une Nuits (Arabian Nights) de John Rawlins en 1942
- Ali Baba et les quarante voleurs de Jacques Becker en 1954
- Les Aventures d'Aladin (1001 Arabian Nights) de Jack Kinney (film d'animation) en 1959
- Les Mille et Une Nuits (Le Meraviglie di Aladino) de Mario Bava et Henry Levin en 1961
- Les Mille et Une Nuits (Il fiore delle mille e una notte) de Pier Paolo Pasolini en 1974
- Les 1001 nuits de Philippe de Broca en 1990
- Aladdin de John Musker et Ron Clements (film d'animation des studios Disney) en 1992
- Les Aventures de Sinbad (série télévisée) de 1996 à 1998
- Les Mille et Une Nuits de Laurent Boulanger (court-métrage) en 1998
- Les Mille et Une Nuits (Arabian Nights) de Steve Barron (TV) en 2000
[modifier] Bibliographie
- Les Mille et une nuits en partage, sous la direction d'Aboubakr Chraïbi, Actes Sud-Sinbad, 528 pages.
- N. Elisseef, Thèmes et motifs des Mille et une nuits, essai de classification, Institut français de Damas.
- Les Sept Portes des Mille et une nuits, par Edouard Brasey, Le Chêne, 2003.
[modifier] Liens internes
- Conte
- Conte oriental
- Jihad Darwiche, un conteur spécialisé dans le conte oriental et plus particulièrement les Milles et une nuits
[modifier] Liens externes
- Analyse des Mille et une nuits par Vincent Demers
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