Pierre Martin (amiral)
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Pierre Martin, vice-amiral, né à Louisbourg (Canada), le 29 janvier 1752.
Le Canada était alors une colonie française. Les parents de Martin, qui étaient allés y chercher la fortune, l'envoyèrent, à peine âgé de douze ans, en France pour y faire ses études. Le goût de la mer le prit pendant la traversée, et il resta, en qualité de pilotin, à bord de là flûte le Saint-Esprit, où il s'était embarqué comme passager.
Neuf années de navigation et d'études avaient développé ses dispositions pour l'hydrographie et pour le pilotage, et,en 1775, il comptait comme second pilote sur la frégate la Terpsichore. Ce fut là qu'il perdit l'œil gauche. Il passa, en 1778, maître-pilote sur le Magnifique.
Pendant huit ans que dura la guerre maritime, Martin fit constamment un service actif; il prit part aux combats d'Ouessant, de la Grenade, de la Dominique, et fut blessé à cette dernière affaire. Il était à l'armée du marquis de Vaudreuil sur la frégate la Cérès sur la Vigilante, pendant la campagne des côtes de France, sur la flûte la Désirée, pendant celle des Antilles, toujours en qualité de premier pilote.
Lorsque, en 1786, il fut demandé par le marquis de Boufflers, gouverneur du Sénégal, pour commander cette station, il était lieutenant de vaisseau. Les cartes hydrographiques qu'il dressa alors lui valurent la croix de Saint-Louis.
Le mouvement politique de 1789 devait donner à son avancement une impulsion puissante. Les anciens officiers, qui tous appartenaient à la noblesse, avaient été dispersés par la fuite ou par la destitution, et les sujets manquaient aux emplois. Lieutenant en 1792, il fut chargé du commandement d'une division avec laquelle il croisa dans l'Océan et sur les côtes de France, et capitaine de vaisseau à la fin de là même année, il commanda l'America.
En 1793, élevé au grade de contre-amiral, il commandait une des divisions de l'armée navale réunie à Brest, et en l'an II celle de la Méditerranée.
Sa mission était de protéger les opérations de l'armée d'Italie ; il eut pour lui le talent et la fortune. Son escadre de sept vaisseaux rencontra, dans la rivière de Gênes, les forces combinées de l'Angleterre et de l'Espagne, qui se composaient de trente et un vaisseaux ; il fut assez habile pour se retiter intact dans le golfe Juan, et pour forcer, après cinq mois de résistance , l'armée combinée à l'abandonner dans cette position.
De retour à Toulon, Martin en sortit de nouveau,le 13 ventôse an III, avec quinze vaisseaux et 5 000 hommes de troupes. Il devait tenter un débarquement en Corse, dont les Anglais protégeaient le siège avec une armée navale. Le 17, il était en vue des côtes de la Corse, la prise du Berwich, vaisseau de 74 canons, signala son arrivée. Le 23, contrairement au but de sa mission, il se prépara à combattre l'escadre anglaise, bien supérieure à la sienne. Il cédait sans doute à la nécessité, car plusieurs de ses bâtiments avaient reçu des avaries considérables, et trois d'entre eux ne l'avaient pas encore rallié. Le combat dura deux jours sans engagement général. Le Ça-Ira et le Censeur restèrent au pouvoir des ennemis après une honorable résistance.
Letourneur de la Manche, qui fit le rapport de ce combat au Comité de salut public, s'exprimait en ces termes : « Le général Martin s'est conduit dans cette affaire avec une intelligence digne d'éloges. La loi lui ordonnait de passer sur une frégate au moment du combat, j'ai -dû l'y suivre ; le désir de pouvoir donner -des ordres plus précis nous a souvent mis à portée du canon de l'ennemi ; mais les circonstances l'exigeaient, et j'ai été le premier à l'engager à mettre de côté toute considération personnelle. »
Il rentra à Toulon avec onze vaisseaux. Le Mercure, démâté, avait été obligé de relâcher, et le Sans-Culotte, vaisseau à trois ponts, s'était séparé de l'armée sans cause connue.
Le 16 messidor de la même année, l'amiral Martin appareillait de nouveau de Toulon à la tête de dix-sept vaisseaux ; il rencontra bientôt la flotte anglaise, forte de vingt-trois vaisseaux, et il chercha à se réfugier au mouillage du golfe Juan. Bientôt la variété des vents l'obligea à changer de direction ; il gagna le golfe de Fréjus. Au milieu de ces évolutions, l'Alcide, qu'il avait lancé contre un vaisseau anglais, prit feu et sauta en l'air avec une explosion terrible. L'amiral Martin rentra à Toulon sans avoir éprouvé d'autres pertes.
"Vice-amiral en l'an IV, il fut nommé commandant d'armes à Rochefort en l'an VI ; c'est en cette qualité qu'il donna les instructions pour transporter à la Guyane les députés proscrits le 18 fructidor.
Lors de l'institution des préfectures maritimes, il occupa celle de Rochefort. Membre de la Légion-d'Honneur le 19 frimaire an XII, il devint grand officier le 25 prairial de la même année, et comte de l'Empire en 1808.
Remplacé dans sa préfecture en 1810, Martin fut mis à la retraite en 1815, il avait alors 63 ans. Il est mort en novembre 1820.
[modifier] Source
« Pierre Martin (amiral) », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)