Province romaine
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Les provinces romaines sont, jusqu'à la Tétrarchie vers 296, les plus grandes divisions administratives de la Rome antique en dehors de la péninsule italienne. Elles sont, le plus souvent, dirigées par un gouverneur.
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[modifier] Étymologie
À l'origine, Latin: provincia, pl. provinciae désigne le territoire à l'intérieur duquel le Sénat romain autorise un magistrat supérieur à exercer son imperium (pro-vincia : pour vaincre, équivalent de notre Théâtre d'opérations extérieur).
[modifier] République romaine
À partir de 227 av. J.-C. le terme provincia prend le sens d'un commandement hors d'Italie puis possession du peuple romain hors d'Italie. Les provinces sont organisées en vertu d'une Lex provincialis, proposée par le général romain victorieux.
Dans un premier temps, le gouvernement est attribué à un préteur élu par le peuple romain, pour un an. Ensuite sont nommés gouverneurs des magistrats sortis de charge, pour lesquels sont créées les promagistratures : propréteurs et proconsuls. En 81, Sylla restreint les gouvernements provinciaux aux seuls promagistrats.
La fonction n'est pas rémunérée, mais elle rapporte néanmoins de l'argent. Des abus furent commis et donnèrent lieu à des procès comme celui des Siciliens contre Verrès, ou à des révoltes comme en Asie.
[modifier] Création de provinces sous la République
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Note : PC : province gouvernée par un proconsul ; PP : province gouvernée par un propréteur.
- -241 : Sicile PP
- -231 : Corse-Sardaigne PP
- -197 : Hispanie Cistérieure (ou Tarraconaise) et Ultérieure PP
- -167 : Illyrie PP
- -146 : Macédoine-Achaïe (Grèce) PP
- -146 : Afrique PC
- -129 : Asie (dans l'actuelle Turquie) PC
- -120 : Gaule narbonnaise (ancêtre de la Provence) PP
- -81 : Gaule cisalpine PP
- -74 : Bithynie PP
- -74 : Cyrénaïque-Crète PP
- -64 : Cilicie-Chypre PP
- -64 : Syrie PP
- -51 : Gaule transalpine PP
- -30 ; Égypte PP
- -29 : Mésie PP
[modifier] Empire romain
Sous le Principat d'Auguste, le 16 janvier -27, les provinces ont été partagées entre l'empereur et le Sénat, en provinces impériales (provinciæ Cæsaris), et provinces sénatoriales (provinciæ Senatus et populi). Au fil des conquêtes territoriales et des découpages des provinces, les nouvelles provinces furent réparties entre ces deux autorités. Le Sénat se voyait traditionnellement attribuer les provinces pacifiées anciennement, ce qui ménageait ses prérogatives. L'empereur, détenteur du pouvoir militaire (imperium majus) se réservait les provinces situées aux frontières de l'empire qui nécessitaient la présence des légions.
[modifier] Provinces du peuple romain (dites sénatoriales)
Les provinces qu'Auguste ne s'attribua pas en 27 av. J.-C. sont souvent appelées "sénatoriales", car de fait leur gestion dépendait essentiellement du sénat. L'appellation officielle et approprié est en réalité celle de "provinces du peuple romain", le sénat ne représentant que l'élite de l'ensemble des citoyens. En 27 av. J.-C. ces provinces sont pacifiées, dépourvues de légions, leur sécurité étant assurée par le glacis des nouvelles provinces impériales. Seule l'Afrique fit exception jusqu'à Caligula, gardant une légion dans la région de Numidie. Les gouverneurs de ces provinces sont des promagistrats nommés pour un an par le Sénat et portant le titre de proconsul. Ces promagistrats sont pour la plupart des propréteurs, sauf pour l'Afrique — appelée « Afrique proconsulaire » — et l'Asie, plus riches, où ils sont d'anciens consuls. L'attributation de ces provinces se fait par tirage au sort au Sénat. Le gouverneur est aidé par un ou plusieurs legatus pro praetore (légat pro-préteur) de rang questorien. Le gouvernement de l'Afrique ou de l'Asie s'obtient en général une quinzaine d'années après le consulat, il s'agit du sommet de la carrière d'un sénateur, avec la préfecture de la Ville.
L'empereur désignait néanmoins des procurateurs dans ces provinces, pour la gestion de ses domaines personnels, la perception de certains impôts et la gestion des mines. Dans certaines circonstances, une province du peuple romain peut être transformée en province impériale, et inversement.
Les revenus fiscaux de ces provinces, fort prospères pour la plupart, alimentaient le trésor du Sénat, l'ærarium Saturni, ce qui pour Auguste contribua encore à se concilier le Sénat.
Liste des provinces sénatoriales en 27 av. J.-C. : Le Sénat reçut : Afrique, Asie, Sicile, Bétique, Narbonnaise, Macédoine, Achaïe, Chypre, Crête, Cyrénaïque, Pont, Bithynie
[modifier] Provinces impériales
Ces dernières, mal soumises, possédaient des garnisons, et les gouverneurs (les légats propréteurs ou legati Augusti pro praetore) y représentaient l'empereur, sans autre limite de mandat que celle fixée par le bon vouloir de l'empereur.
- S'il n'y a qu'une légion, son gouverneur est un légat d'Auguste propréteur de rang prétorien, s'il y en a deux, c'est un propréteur de rang sénatorial.
- Les provinces dites procuratoriennes (en général de petite taille, considérées comme moins importantes et moins romanisées) ne comptent pas de légions mais uniquement des corps auxiliaires ; elles sont gouvernées par un chevalier : le procurateur-gouverneur ou praeses. Contrairement aux sénateurs il ne possède pas le ius gladii (droit de vie et de mort sur des citoyens romains), sauf autorisation de l'empereur.
- L'Égypte est un cas à part : depuis Actium (-31) elle est considérée comme une propriété personnelle de l'empereur. Elle est gouvernée par un préfet de rang équestre (préfet d'Égypte) : il est à la fois gouverneur et commandant en chef des légions. Les sénateurs étaient interdits d'accès à l'Égypte.
Liste des provinces impériales en 27 av. J.-C. : Auguste reçut : Hispanie citérieure et Ultérieure, Syrie, Bretagne, Mésie, Dalmatie, Gaules, Cilicie, Sardaigne et Corse, Égypte
[modifier] Aménagement du territoire
Le découpage administratif des provinces se compléta par l’organisation des réseaux indispensables pour les communications : tracé de nouvelles voies romaines, création sous Auguste d’un réseau de poste impériale (cursus publicus). Enfin, les empereurs aménagèrent ces territoires par de nombreuses fondations de colonies.
[modifier] Créations de nouvelles provinces
Par conquête :
- 27 av. J.-C. : Lusitanie (Portugal), démembrement d'Hispanie Ultérieure
- 27 : Achaïe (devient une province distincte)
- 25 : Galatie
- 22 : Chypre (devient une province distincte)
- 16 : Gaule aquitaine et Gaule belgique (démembrements de la Gaule Transalpine)
- 15 : Rhétie
- 15 : Norique
- 14 : Alpes maritimes
- 10 ap. J.-C. : Pannonie
- 17 : Cappadoce
- 17 : Germanie supérieure et Germanie inférieure. Les Germanies n'eurent cependant pas immédiatement le titre officiel de province, mais furent considérées comme des districts militaires, le titre officile de province ne leur étant donné qu'après la révolte d'Antonius Saturninus en 89.
- 40 : Maurétanie Tingitane et Césarienne
- 43 : Pamphylie-Lycie
- 43 : Bretagne (l'actuelle Grande-Bretagne)
- 46 : Thrace
- sous Néron : Alpes Cottiennes
- sous Vespasien : Épire
- 90 : la Mésie est divisée entre Mésie inférieure et Mésie supérieure
- 105 : Arabie
- 107 : Dacie
- 115 : Arménie, Mésopotamie et Assyrie (provinces éphémères)
- IIe siècle : Alpes Pennines
- 195 : Osrohène
- 197 : Numidie (officialisation d'une situation de fait qui remontait à 37).
- 198 : Mésopotamie
Par démembrement :
À partir de Septime Sévère, il n'y eut plus de création de province par conquête, les créations se firent par démembrement de provinces existantes. Ainsi Septime Sévère scinda-t-il en deux les provinces qui avaient les armées les plus puissantes : la Syrie et la Bretagne. Dioclétien procéda à une division des provinces sur l'échelle de tout l'empire vers 303. Par exemple la Gaule lyonnaise fut divisée (en deux étapes) en quatre provinces (les Lyonnaises I, II, puis III et IV), la Gaule belgique le fut en trois provinces (I, II, III).
Ce nouveau système entraîna une augmentation notable du nombre des provinces romaines :
- 210 ap. J.-C. : 44 provinces ;
- IIIe siècle : 57 provinces ;
- 369 : 104 provinces ;
- Ve siècle : 120 provinces.
[modifier] Réorganisation des provinces au IIIe siècle
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Le système des provinces sénatoriales et impériales formait un cadre administratif relativement léger, où les cités provinciales jouissaient d'une autonomie assez large. Suffisant lorsque la pax romana régnait, il se révéla problématique lors de la crise du IIIe siècle : la fiscalité et le ravitaillement des troupes devaient augmenter leur rendement, et d'autre part les représentants du Sénat ne montrèrent pas, à quelques exceptions près, l'ardeur et la compétence militaire attendue face aux barbares.
Comme bien des réformes romaines, l'évolution fut pragmatique et progressive :
- Gallien (260-268) limite de plus en plus l’accès des sénateurs aux postes de légat de province impériale, et leur enlève le commandement de légions. Les legati Augusti, proconsuls ou propréteurs, sont de plus en plus remplacés par des vice praeses, de rang équestre.
- En 275, Tacite, nommé empereur par le Sénat romain, inverse la tendance et redonne aux sénateurs le droit de diriger des provinces impériales comme proconsul.
- En 282, Carus reprend la politique de Gallien excluant les sénateurs des gouvernements provinciaux.
- Dioclétien enfin sépare complètement l'administration civile, confiée à un praese, et le commandement militaire, attribué à un dux, officier monté en grade dans l'armée, tous deux dépendants de l'empereur et non plus du Sénat.
Dans le même temps, Dioclétien subdivise les provinces en unités plus petites, doublant presque leur nombre qui dépasse 100. Deux niveaux administratifs sont ajoutés, les diocèses au nombre de 12, regroupant les provinces, et quatre préfectures du prétoire, ensemble de diocèses. L'administration impériale se rapprochait du terrain, au prix d'une explosion du nombre de ses fonctionnaires.
[modifier] Liste alphabétique
(hélas non exhaustive)
- Achaïe, 146 av. J.-C. et 27
- Afrique, 146 av. J.-C., démembrée au Bas-Empire en :
- Afrique proconsulaire
- Byzacène
- Tripolitaine
- Africa nova, 46 av. J.-C., future Afrique proconsulaire
- Alpes :
- Alpes Cottiennes, sous Néron
- Alpes maritimes, 14
- Alpes Pennines, au IIe siècle
- Aquitaine, voir Gaule aquitaine ci-dessous
- Arabie, 105
- Arménie, 115
- Assyrie, 115
- Asie, vers 129-126 av. J.-C.
- Belgique, voir Gaule belgique ci-dessous
- Bithynie, 74 av. J.-C.
- Bretagne, 43 (actuelle Grande-Bretagne), divisée en deux, puis en huit provinces
- Cappadoce, 17
- Chypre, 58 av. J.-C.
- Cilicie, 102 av. J.-C.
- Corse-Sardaigne, 227 av. J.-C.
- Crète, 67 av. J.-C., réunie à la Cyrénaïque après la mort de César
- Cyrénaïque, 74 av. J.-C.
- Dacie, 107 démembrée en :
- Dacie supérieure ou Apulensis
- Dacie inférieure ou Malvensis
- Dacie Porolissensis
- Égypte, 30 av. J.-C.
- Épire, sous Vespasien :
- Galatie, 25
- Gaules, dont on fit les provinces de :
- Gaule narbonnaise, conquête en 120 av. J.-C., provincialisation entre 118 et 70[1](la Provincia d'où Provence). Cette province est démembrée au Bas-Empire en :
- Narbonnaise 1re
- Narbonnaise 2e
- Narbonnaise 3e
- Gaule cisalpine, 81 av. J.-C.
- Gaule transalpine, 51 av. J.-C. démembrée en :
- Gaule aquitaine, 16
- Gaule belgique, 16 démembrée en :
- Belgique 1re
- Belgique 2e
- Belgique 3e
- Gaule lyonnaise (Gaule celtique), 16 démembrée en :
- Lyonnaise 1re, dont on tira la :
- Lyonnaise 4e
- Lyonnaise 2e, dont on tira la :
- Lyonnaise 3e
- Lyonnaise 1re, dont on tira la :
- Gaule narbonnaise, conquête en 120 av. J.-C., provincialisation entre 118 et 70[1](la Provincia d'où Provence). Cette province est démembrée au Bas-Empire en :
- Germanie :
- Germanie supérieure, 17, démembrée au Bas-Empire en trois provinces
- Germanie inférieure, 17, démembrée au Bas-Empire en trois provinces
- Hispanie
- Hispanie citérieure 197 av. J.-C., démembrée au Bas-Empire en :
- Tarraconaise
- Galice
- Carthaginoise
- Hispanie ultérieure, 197 av. J.-C., démembrée en :
- Hispanie citérieure 197 av. J.-C., démembrée au Bas-Empire en :
- Illyrie, provincialisation au Ier siècle av. J.-C.[2]
- Judée 6 av. J.-C.
- Lycie, 43
- Macédoine, 146 av. J.-C.
- Maurétanie, 40 où l'on distinguait :
- Maurétanie tingitane
- Maurétanie césarienne, dédoublée au Bas-Empire entre Maurétanie césarienne et Maurétanie sitifienne
- Mésie, 29 av. J.-C., démembrée en :
- Mésopotamie, 199
- Norique, 15
- Numidie, 193, dédoublée peu de temps au Bas-Empire entre Nimidie militaire et Numidie cirtéenne
- Osrhoène, 195
- Pamphylie, 43
- Pannonie, 10, divisée en deux puis en dix provinces
- Rhétie, 15
- Sicile, 227 av. J.-C.
- Syrie, 64 av. J.-C.
- Syrie Palestine, nouveau nom pour la Judée à partir d'Hadrien
- Thrace, 46
L’Italie est un cas à part. Disposant d’un statut spécial au Haut-Empire, transformée en province par Marc-Aurèle, elle est divisée en de multiples provinces pour satisfaire les ambitions des sénateurs et des chevaliers :
- Vénétie-Istrie ;
- Émilie-Ligurie ;
- Tuscie-Ombrie ;
- Flaminie-Picenum ;
- Campanie ;
- Samnium ;
- Lucanie-Bruttium ;
- Apulie-Calabre.
Rome a un statut extra-provincial, ainsi que Constantinople au Bas-Empire.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
- Gouverneur romain
- Postérité : une subdivision de l'antiquité tardive introduit le diocèse, puis la province ecclésiastique de l'Occident chrétien
[modifier] Liens externes
- (fr) L'accès à la citoyenneté romaine
- (fr) Le pouvoir et l'administration sous l'Empire romain, le gouvernement des provinces
- (fr) La représentation des Provinces sur les monnaies de l'empire romain
[modifier] Bandeau de navigation
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