Turkestan
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Le Turkestan (persan : ترکستان, turc : Türkistan, littéralement le « Pays des Turcs ») est l'ancien nom donné aux régions d'Asie centrale entre la Mongolie, le Tibet, l'Inde, l'Afghanistan, l'Iran et la mer Caspienne. Il tient son nom du fait de l'apparition des premiers Turcs dans cette région. Aujourd'hui encore de nombreux peuples turcs, de l'Asie centrale aux Balkans en passant par le Caucase et l'Anatolie, considèrent le Turkestan comme leur berceau historique.
Le Turkestan a d'abord été occupé à l'ouest par des peuples iraniens et à l'est par des peuples tokhariens, dont les Yuezhi, qui avaient créé le premier empire connu de l'Asie centrale. Les Yuezhi furent remplacés par les Xiongnu au IIe siècle av. J.-C. Ils se battirent avec les Chinois pour dominer la partie orientale de ce territoire.
On divise traditionnellement le Turkestan en deux zones :
- Turkestan occidental : il est originellement le domaine de peuples iraniens, tels que les Sogdiens, les Bactriens ou les Khorasmiens. Au VIe siècle, les Turcs Bleus (Köktürks, appelés Tujue par les Chinois), partis de Mongolie, y établissent leur domination. Ils sont ensuite remplacés par les Arabes, puis par les Perses. Ces derniers y apportent leur langue, qui restera connue sous le nom de tadjik. Divers peuples turcs s'y installent ensuite, les derniers étant les Ouzbeks, à partir de 1500. La zone est conquise par les Russes au XVIIIe siècle. Entre 1924 en 1929, il a été découpé en républiques socialistes soviétiques (RSS) de Turkménistan, d'Ouzbékistan, de Tadjikistan, de Kirghizstan et de Kazakhstan. Aujourd'hui les peuples turcophones (Turkmènes, Ouzbeks, Kazakhs, Kirghizes) sont majoritaires dans la zone. Ceci dit y vivent également divers peuples iraniens (persophones) tels que les Tadjiks.
- Turkestan oriental ou chinois (actuel Xinjiang) : sa population est originellement constituée de Saces, de langue iranienne, et de Tokhariens. Durant le Ier millénaire, il est dominé par divers peuples nomades provenant de Mongolie, ainsi que par les Chinois. Les Ouïghours, de langue turque, s'y installent au IXe siècle et assimilent les Saces et les Tokhariens. Au XVIIIe siècle, la zone est annexée à la Chine par les Mandchous. Aujourd'hui les Ouïghours peuplent le Turkestan oriental majoritairement, même si cette région est chinoise.
Il faut noter que depuis des décennies de nombreux mouvements indépendantistes Ouïghours ont tenté d'affranchir la région du Turkestan oriental (appelée Xinjiang par les chinois) de la tutelle de Pékin (révoltes au XIXe et XXe siècles, les plus importantes étant celles de 1863, 1933 à Kachgar, 1944 à Yili, 1954 à Khotan, 1990 à Akto et 1997 à Ghulja). Ces mouvements ont été violemment réprimés par les autorités chinoises qui assimilent, surtout après les attentats du 11 septembre 2001, les indépendantistes à des terroristes. À l'étranger, la diaspora ouïghoure reste très active pour faire entendre sa cause, notamment dans divers pays turcophones comme la Turquie, l'Azerbaïdjan et les pays d'Asie centrale, mais aussi en Occident, comme en Allemagne (aidée par l'importante communauté immigrée turque dans ce pays) et aux États-Unis.