Charles Louis d'Autriche
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Charles Louis d'Autriche (5 septembre 1771 – 30 avril 1847), archiduc d'Autriche, duc de Teschen (en allemand : Erzherzog Karl von Österreich, Herzog von Teschen, connu aussi sous le nom de Karl von Österreich-Teschen), Grand-maître de l'Ordre teutonique (1801-1805), fils de Léopold II, Empereur du Saint Empire (1747-1792) et de son épouse Marie-Louise de Bourbon, infante d'Espagne. C'est aussi le frère de François Ier,empereur d'Autriche. Bien qu'épileptique, Charles fut très respecté en tant que commandant et réformateur de l'armée autrichienne.
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[modifier] Jeunesse et carrière militaire
Grâce à une généreuse décision de son père, Charles est adopté et élevé à Vienne par sa tante Marie Christine d'Autriche et son mari Albert de Saxe-Teschen, tous deux sans enfant. À la mort de son oncle Charles hérite du duché de Teschen. Sa jeunesse se passe en Toscane, à Vienne et aux Pays-Bas autrichiens, dont il devient gouverneur (1792-1794)
Il reçut de bonne heure une éducation distinguée qu'il fortifia sans relâche par de sérieuses études. Le maréchal de Bellegarde lui enseigna les premiers éléments de la stratégie. Les événements qui agitaient l'Europe offrirent bientôt au jeune prince l'occasion d'en faire l'application sur les champs de bataille.
Il commence sa carrière militaire en combattant contre la révolution française. L'Autriche et la Prusse venaient de former la première coalition contre la France. À peine âgé de 21 ans, le prince Charles reçut le commandement de l'avant-garde de l'armée autrichienne sous les ordres du prince de Cobourg. Il commande une brigade à la Bataille de Jemmapes, et dans la campagne de 1793 se distingue à la bataille d'Aldenhoven et la bataille de Neerwinden, où il cueillit les premiers lauriers militaires. L'empereur François le nomma grand-croix de Marie-Thérèse et devient Statthalter des Pays-Bas et reçoit le rang de maréchal de champ, promotion bientôt suivi de celle de Feldzeugmeister. Pendant le reste de la guerre dans les Pays-Bas il obtient des commandements importants, et il est présent à bataille de Fleurus.
Dans la seconde campagne, le jeune prince seconda avec talent les opérations du général Clairfayt. C'est surtout dans la campagne du Rhin, en 1796, qu'il déploya de grandes qualités qui l'ont placé au rang des premiers hommes de guerre de l'époque. En 1795 il sert sur le Rhin, et les années suivantes il est commandant en chef des armées toutes les forces autrichiennes sur ce fleuve. Il conduit les opérations contre Jourdan et Moreau en 1796, qui lui valent d'être considéré comme l'un des plus grands généraux en Europe.
Au début se repliant avec prudence et évitant de prendre une décision, il lance finalement la marche, laissant un simple écran devant Moreau. Tombant sur Jourdan il le bat dans les batailles de Amberg et Würzburg, le repoussant au delà du Rhin, en lui infligeant de lourdes pertes. Il se tourne alors sur l'armée de Moreau, qu'il défait et expulse d'Allemagne.
L'Autriche, délivrée de la crainte de l'invasion, la Bavière ramenée sous ses lois, la guerre reportée sur les frontières de France, la prise de Kehl et d'Huningue, tels furent les résultats obtenus par la tactique d'un général de vingt-cinq ans. Reçu triomphalement à Vienne, le prince Charles fut nommé généralissime des armées autrichiennes.
[modifier] Guerres napoléoniennes
Il rencontra bientôt un redoutable adversaire. Le général Bonaparte, victorieux en Italie, allait franchir les Alpes noriques et se précipiter sur Vienne.
En 1797 il a été envoyé pour arrêter la marche victorieuse de Bonaparte en Italie. Le prince Charles, marchant à sa rencontre, engagea avec lui sa première bataille sur les rives du Tagliamento, le 16 mars 1797, et lui opposa la plus vigoureuse résistance. Peu de jours après, au combat livré sur le col de Larvis, le prince affronta la mort avec un courage héroïque, et ne céda devant Masséna qu'après les efforts les plus opiniâtres.
Bonaparte offrit la paix à son rival par une lettre célèbre qui témoigne de sa haute estime pour le prince. Quelques mois après, la paix de Campo-Formio était signée.
L'Europe fut de nouveau mise en feu. Rentré en campagne, le prince Charles battit le général Jourdan à Osterach et à Stokasch en Souabe : dans ce dernier combat, on le vit mettre pied à terre et charger lui-même à la tête de ses grenadiers. Passé en Suisse, il fit assaut de manœuvres et d'audace avec Masséna; il revint bloquer Philisbourg, et remporta, le 22 novembre 1798, la bataille d'Heingheim. Il est au sommet de son succès lorsqu'il envahit la Suisse et là vainc Masséna pendant la première bataille de Zurich, après quoi il rentre en Allemagne et repousse une fois de plus les Français au-delà du Rhin.
À la fin de cette campagne , dégoûté de voir ses plans militaires sans cesse traversés par le conseil aulique, le 17 mars 1800 en désaccord avec la politique menée à Vienne, il céde le commandement à son frère l'archiduc Jean, et se retire en Bohême.
Les victoires de Bonaparte le firent bientôt rappeler au commandement de l'armée autrichienne, qui se trouvait alors désorganisée. Le général Moreau était à 30 lieues de Vienne? Le résultat du bataille de Hohenlinden oblige l'archiduc a faire l'armistice de Steyr, le 25 décembre, qui fut suivi de la paix de Lunéville.
Sa popularité est maintenant telle que le régime de Ratisbonne, rencontrée en 1802, propose d'ériger une statue en son honneur et de lui donner le titre de sauveur de son pays, mais Charles refuse ces honneurs.
L'Autriche tira de nouveau l'épée contre la France. Le prince Charles, qui s'était prononcé contre la guerre, et qui ne fut point consulté sur les plans de la campagne, reçut le commandement de l'armée réunie en Italie sur l'Adige. Dans la guerre courte et désastreuse guerre de 1805 l'archiduc Charles commande ce qui devrait être l'armée principale en Italie, mais les événements font de l'Allemagne le théâtre principal des opérations, et les défaites successives sur le Danube, neutralisent le succès obtenu par l'archiduc sur Masséna dans un combat désespéré à la bataille de Caldiero où il déploya toutes les ressources de son talent, et ramena intacte l'armée qui lui avait été confiée.
Après la paix de Presbourg, il fut nommé chef du conseil aulique de guerre et généralissime des armées. En 1805 François II (devenu François Ier d'Autriche) le nomme Generalfieldmarschal, commandant en chef de l'armée autrichienne, président du Conseil de la guerre. Profitant de son prestige ; c'est le seul général s'étant montré capable de battre les Français ; il lance des réformes de grande envergure, qui remplacent les méthodes désuètes de XVIIIe siècle, Il profite de la paix pour commencer un travail de réorganisation de l'armée, supprimant le service militaire à vie, instituant la conscription, interdisant le châtiment corporel, adoptant les tactiques françaises de combat. La nouvelle armée est surprise, en pleine réorganisation, par la guerre de 1809.

Il reprit les armes en 1809, et soutint contre Napoléon une lutte glorieuse. Au combat sanglant d'Aspern, son courage fut admirable. ; chaque fois qu'il voyait ses soldats fléchir, il sautait à bas de son cheval, saisissait un drapeau et les ramenait au combat.
Les premiers succès sont neutralisés par des revers à la bataille d'Abensberg, de Landshut et d'Eckmühl. Après l'évacuation de Vienne, ont lieu les terribles batailles d'Aspern-Essling et Wagram, à l'issue desquelles les Autrichiens bien que vaincus, infligent à Napoléon une perte de plus de 50 000 hommes. Metternich convainc alors l'Empereur François II de signer le paix de Schönbrunn
La nouvelle armée autrichienne a prouvé qu'elle est devenue un adversaire bien plus formidable que l'ancienne, et contre l'armée maintenant hétérogène dont dispose Napoléon, elle ne succombe qu'après une lutte désespérée. Cependant à la fin de la campagne, Charles, désavoué, renonce à tous ses charges militaires. Sa dernière bataille fut celle de Wagram. Depuis, il vécut dans la retraite, emportant avec lui le renom d'un grand capitaine.
Comme son illustre rival Napoléon, il a retracé avec la plume les grandes choses qu'il avait exécutées avec l'épée, en consacrant une partie de ses loisirs à la composition de plusieurs ouvrages militaires fort estimés. Le prince Charles qui chargé des pouvoirs de l'Empereur des Français, avait conduit à l'autel la jeune archiduchesse Marie-Louise d'Autriche, sa nièce, devenue l'épouse de Napoléon, servit de guide et de protecteur au fils du grand homme qu'il avait combattu. Il entoura de soins et de conseils le duc de Reichstadt qui lui témoignait les sentiments d'une affection toute filiale.
[modifier] Vie civile
Charles passe le reste de sa vie dans le retirement, exception faite, pour une courte période en 1815, quand il est nommé gouverneur de Mayence. En 1822 il succède au duché de Saxe-Teschen. L'archiduc Charles se marie en 1815, avec la Princesse Henriette de Nassau-Weilburg (1797-1829). Ils ont sept enfants :
- Marie-Thérèse de Habsbourg-Lorraine-Teschen (31 juillet 1816 Vienne - 8 août 1867 Abano). Épouse en 1837 Ferdinand II de Bourbon, roi des deux Siciles.
- Albert de Teschen (3 août 1817 Vienne - 18 février 1895 Vienne), duc de Teschen, deviendra un des plus célèbres généraux d'Europe.
- Charles-Ferdinand de Teschen (29 juillet 1818 Vienne - 20 novembre 1874 Groß Seelowitz)
- Frédéric-Ferdinand (14 mai 1821 Vienne - 5 octobre 1847 Vienne)
- Rodolphe (25 septembre 1822 Vienne - 11 octobre 1822 Vienne)
- Marie-Caroline (10 septembre 1825 Vienne - 17 juillet 1915 Bade). Épouse en 1852 Rainier de Habsbourg-Lorraine,
- Guillaume (21 avril 1827 Vienne - 29 juillet 1894 Weikersdorf). Grand-Maître de l'Ordre teutonique 1863.
Charles décède à Vienne le 30 avril 1847. Il est inhumé dans la tombe 122 de la crypte impériale de Vienne. Une statue équestre est érigée en son honneur, sur la Heldenplatz en 1860.
[modifier] Évaluation
Ce n'est que lorsque la situation l'exige que l'archiduc, fait la démonstration de ses travaux stratégiques. Son éducation le portant naturellement en faveur de la défensive, il est en même temps capable de déployer une stratégie agressive des plus audacieuses. Sa compétence tactique dans la manipulation des troupes, dans les mouvements de rotation larges, comme Würzburg et à Zurich, ou dans les masses, comme à bataille d'Aspern-Essling et la bataille de Wagram, est certainement égale à cela de n'importe quel chef de son temps.
Sa campagne de 1796 est considérée comme presque parfaite. Qu'il ait subit une défaite en 1809 était dû en partie de la grande supériorité numérique des Français et de leurs alliés, et de l'état de ses troupes trop fraîchement opérationnelles. Six semaines d'inaction après la victoire d'Aspern, déchaîne une critique défavorable. En tant que stratège, ses positions dans l'évolution de l'art de la guerre sont très importantes.
Il aimait répéter le conseil suivant : rien ne doit être risqué si votre propre armée n'est pas sûre. Une règle qu'il oublia pourtant avec de brillants résultats en 1796. Il disait que les points stratégiques (et non la défaite de l'armée ennemie) décide de l'avenir de son propre pays, et ils doivent donc rester de façon permanente à l'attention du général, une maxime qui n'a jamais été aussi bien prouvée erronée que durant la guerre de 1809. L'éditeur des travaux de l'archiduc ne peut opposer qu'une faible défense face au reproche de Clausewitz qui arguait que Charles attachait plus de valeur au terrain qu'à la destruction de l'ennemi. Dans ses écrits tactiques le même esprit est présent. Sa réserve pendant les batailles sert à couvrir la retraite.

L’influence funeste des ces principes tout à coup dépassés est clairement démontrée lorsque l’armée autrichienne préfère se maintenir à Königgratz-Josefstadt en 1866, considéré comme un emplacement stratégique, plutôt que de battre séparément les armées prussiennes, ainsi que dans les plans étranges produits à Vienne pour la campagne de 1859, et l’inintelligible bataille de Montebello. La théorie et la pratique de l’archiduc Charles forment un contraste saisissant, unique dans l’histoire militaire. Dans la première, tout semble irréaliste ; dans la seconde, il déploie une activité qui fait de lui un des meilleurs opposants de Napoléon.
Sur le champ de bataille, il est probablement juste de dire, que Charles avait des compétences comparables à celles du duc de Wellington, qui, bien que tout à fait conservateur n'en demeurait pas moins excessivement compétent. Que Wellington ait une réputation supérieure est probablement dû au fait qu'il n'eut à faire face à Napoléon qu'une seule fois. Encore qu'en cette occasion il n'était que co-commandant d'une force alliée. En revanche Charles a été confronté à Napoléon plus que n'importe quel autre commandant. Lors de ces occasions, la tactique fiable et imaginative de Charles était insuffisante (sauf lors de la bataille d’Essling) pour battre Napoléon. Néanmoins Charles doit être considéré comme étant membre d'un Panthéon réunissant les plus célèbres figures de l'époque napoléoniennes, incluant l'empereur lui-même, Davout, Karl Philipp de Schwarzenberg, Alexandre Souvorov, Gebhard Leberecht von Blücher et le sus-mentionné Wellington.
[modifier] Voir aussi
Liste des gouverneurs des Pays-Bas espagnols
[modifier] Publications
[modifier] Sources
- (en) « Charles Louis d'Autriche », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail édition] [lire en ligne]
- « Charles Louis d'Autriche », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)
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