Déluge
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le Déluge est un mythe répandu dans de nombreuses cultures. C'est aussi le plus ancien. Il relate des pluies catastrophiques et les inondations consécutives qui décimèrent hommes et animaux à l'exception d'un seul couple des espèces qui allaient repeupler la terre ensuite.
Sommaire |
[modifier] Les récits du Déluge
[modifier] Les textes mésopotamiens
Article détaillé : l'épopée de Gilgamesh
- L'épopée de Gilgamesh dans la tradition mésopotamienne : C'est vers 2700 avant notre ère que dans le mythe de Gilgamesh apparaît, avec plus de détails que dans les versions ultérieures, l'épisode d'un homme nommé Ziusudra selon les sources sumériennes, Uta-Napishtim ou Atrahasis à Babylone. Cet homme fait le récit à Gilgamesh de la colère des dieux qui dépeupla toute la Terre. Cependant, un dieu le prévint et lui apprit à construire une embarcation. Il put ainsi sauver les siens ainsi qu'un couple de chaque espèce qui devait repeupler le nouveau monde. Lors de la déportation à Babylone, le judaïsme a été très vraisembablement en contact avec cette histoire; l'Ancien Testament étant en partie une conséquence de cette déportation, cette épopée pourrait avoir été une des sources de l'histoire rapportée dans la Genèse. On pourrait cependant objecter que le Pentateuque, les cinq livres de la loi mosaïque, peut avoir été composé avant la déportation.
[modifier] Le récit biblique
Article détaillé : Arche de Noé
Dans un des épisodes les plus connus de la Bible, le chapitre 6 de la Genèse, Dieu décide de mettre fin à la corruption répandue sur la terre. L'apparition des Nephilim et la méchanceté des hommes lui font horreur. Il parle alors à Noé, un homme sage, et lui demande de construire une arche et d'y amener un couple de chacun des animaux du monde. Puis, une fois que Noé a fini de construire son arche, Dieu déclenche des pluies diluviennes qui dureront 40 jours et 40 nuits, recouvrant la Terre entière et ses plus hautes montagnes, tuant tous les êtres vivants, comme le précise la Bible, afin de construire une Humanité nouvelle autour des 8 personnes de la famille Noé et des animaux sauvegardés dans l'arche. Cette catastrophe planétaire est survenue quand Noé avait 600 ans (genèse 7-6), soit 1 656 ans après la création d'Adam par le Dieu de la Bible. Après près d'un an passé dans l'arche, Noé envoie successivement des corbeaux puis des colombes. Un jour, une colombe revient tenant dans son bec un rameau d'olivier, signe que le rivage est proche. Il peut alors accoster (d'après le récit, sur le mont Ararat), avec tous ses animaux, pour repeupler le monde avec sa famille, c'est-à-dire sa femme, ses trois fils et ses trois belle-filles. Un arc-en-ciel se dessine dans le ciel, signe de l'alliance avec Dieu.
La colombe et le rameau d'olivier sont restés des symboles d'espoir dans tous les pays de culture chrétienne. En cela ce récit a eu une influence très forte sur la culture des pays occidentaux.
L'arc-en-ciel est toujours un symbole d'alliance avec Dieu.
L'exégèse moderne de la Genèse, à travers l'hypothèse documentaire, estime que le récit biblique du Déluge consiste en la fusion de deux sources distinctes: de nombreuses phrases ou événements y sont décrits deux fois, en des termes légèrement différents.
[modifier] Les textes grecs et romains
- Le mythe de Deucalion: Dans la mythologie grecque, le Déluge provoqué par Zeus laisse deux survivants, Deucalion et Pyrrha, qui repeuplent ensuite la Terre ; 4 textes relatent ce mythe :
- les Odes Olympiques de Pindare : "Chante plutôt la cité de Protogénie où, par l'ordre de Jupiter-Tonnant, Deucalion et Pyrrha, descendant du ciel, trouvèrent leur premier asile, où, sans suivre les lois de la nature, ils propagèrent leur race et firent sortir des pierres un peuple dont le nom seul rappelle l'origine. Consacre-leur des chants harmonieux, mais nouveaux; car si la vieillesse est louable dans la liqueur de Bacchus, la nouveauté prêta toujours des charmes aux accents de la poésie. Je dirai donc qu'à cette époque, un déluge engloutit la terre sous la profondeur de ses ondes ; mais que bientôt, les flots, refoulés au loin, rentrèrent dans les abîmes creusés par la puissante main de Jupiter. Ce couple illustre, ô Épharmoste ! fut la souche de tes magnanimes aïeux. (Olympiques IX-157 -158)
- le Météorologica (Livre I-14) d’Aristote ;
- la Bibliothèque d’Apollodore : " Prométhée avait un fils, Deucalion, roi du territoire de Phthie, et époux de Pyrrha, fille elle-même d'Épiméthée, et de Pandora la première femme. Quand Zeus décida de faire disparaître la race des hommes de bronze, Deucalion, sur le conseil de Prométhée, construisit une arche, et y embarqua tout le nécessaire, puis il y monta avec Pyrrha. Du ciel, Zeus déversa une pluie interminable, et submergea la quasi totalité de la terre de Grèce : tous les hommes furent anéantis, à l'exception de quelques-uns qui s'étaient réfugiés sur les sommets des montagnes proches. Les monts de la Thessalie restèrent isolés, et toutes les régions, en dehors de l'isthme et du Péloponnèse, furent submergées par les eaux. L'arche de Deucalion navigua, ballottée par les flots, neuf jours et neuf nuits durant ; à la fin, elle s'immobilisa sur le mont Parnasse. Quand la pluie cessa, Deucalion sortit et offrit un sacrifice à Zeus protecteur des fugitifs. Alors le dieu lui envoya Hermès, chargé de lui transmettre ce message : quoi qu'il voulût, cela lui serait octroyé. Et Deucalion demanda de pouvoir avoir des hommes. Zeus donna son accord ; Deucalion commença alors à ramasser des pierres et à les jeter derrière lui : les pierres lancées par Deucalion devinrent des hommes, et celles lancées par Pyrrha devinrent des femmes. Depuis lors, par métaphore, les peuples ont pris leur nom (làos) de celui qui signifie la pierre (làas)". (Apollodore, Bibliothèque Livre I, 7, 1-2)
- les Métamorphoses d’Ovide (Livre I-230)
- Le mythe de Philémon et Baucis s’y apparente également : 2 justes, un vieil homme et sa femme, sont sauvés des eaux par Jupiter. (les Métamorphoses d’Ovide Livre VIII-616).
- Le mythe de l'Atlantide évoqué dans 2 textes dePlaton : le Timée et le Critias raconte la submersion brutale d'une île sous la mer.
[modifier] Le récit coranique
Le Coran parle du déluge et de Noé en ces termes :
«Et il fut révélé à Noé: 'De ton peuple, il n'y aura plus de croyants que ceux qui ont déjà cru. Ne t'afflige pas de ce qu'ils faisaient. Et construis l'arche sous Nos yeux et d'après Notre révélation. Et ne M'interpelle plus au sujet des injustes, car ils vont être noyés'.
Et il construisait l'arche. Et chaque fois que des notables de son peuple passaient près de lui, ils se moquaient de lui. Il dit: 'Si vous vous moquez de nous, eh bien, nous nous moquerons de vous, comme vous vous moquez (de nous)'. Et vous saurez bientôt à qui viendra un châtiment qui l'humiliera, et sur qui s'abattra un châtiment durable!"
Puis, lorsque Notre commandement vint et que le four se mit à bouillonner (d'eau), Nous dîmes: 'Charge (dans l'arche) un couple de chaque espèce ainsi que ta famille - sauf ceux contre qui le décret est déjà prononcé - et ceux qui croient'. Or, ceux qui avaient cru avec lui étaient peu nombreux. Et il dit: "Montez dedans. Que sa course et son mouillage soient au nom d'Allah. Certes mon Seigneur est Pardonneur et Miséricordieux". Et elle vogua en les emportant au milieu des vagues comme des montagnes.
Et Noé appela son fils, qui restait en un lieu écarté (non loin de l'arche): "Ô mon enfant, monte avec nous et ne reste pas avec les mécréants". Il répondit: "Je vais me réfugier vers un mont qui me protègera de l'eau". Et Noé lui dit: "Il n'y a aujourd'hui aucun protecteur contre l'ordre d'Allah. (Tous périront) sauf celui à qui Il fait miséricorde". Et les vagues s'interposèrent entre les deux, et le fils fut alors du nombre des noyés.
Et il fut dit: "Ô terre, absorbe ton eau! Et toi, ciel, cesse (de pleuvoir)!" L'eau baissa, l'ordre fut exécuté et l'arche s'installa sur le Joûdî, et il fut dit: "Que disparaissent les gens pervers"!» (Coran, XI:36-44) Cette version du déluge est bien sûr directement liée à l'Ancien Testament, qui est l'un des livres sacrés de l'Islam.
[modifier] Autres traces culturelles faisant penser au Déluge
- Dans l'hindouisme, où le premier homme Manu est sauvé par le premier avatar de Vishnou, Matsya. Lui aussi échappe au déluge en construisant un bateau. Manu deviendra par la suite le premier législateur de l'hindouisme ;
- Dans les mythologies précolombiennes, notamment incas et mayas (Popol Vuh)
[modifier] Le déluge a-t-il eu lieu ?
On doit accorder une importance particulière au Déluge biblique. En effet il fait partie d’un tout. Ce tout est à la base des trois croyances monothéistes. La Bible hébraïque, l’Ancien testament pour les chrétiens, permet de dater assez précisément tous les grands moments du monothéisme. Le Déluge est bien survenu, selon la Bible, 1 656 ans après la création d’Adam quand Noé avait 600 ans (genèse 7-6). Donc 2 105 ans avant la naissance de Jésus-Christ. Pour valider ou non la survenance du Déluge biblique, il convient de dire que de nombreux édifices égyptiens furent construits vers 2 700 et 2 500 ans avant Jésus-Christ, soit plusieurs centaines d’années avant l’inondation. C’est notamment le cas de la pyramide de Djoser à Saqqarah et des trois de Gizeh. Or, ces pyramides n’ont montré aucun dégât qu’aurait pu causer leur immersion totale durant douze mois. Il en va de même des autres vestiges historiques, retrouvés intacts, telles les grottes de Lascaux, de Cahuvet, d'Altamira ...
Les mythes du déluge sont-ils la mémoire d'un événement réel ? Différents chercheurs ont essayé d'apporter la preuve géologique ou archéologique de l'existence du déluge. D'autres avancent que les évènements considérés ne peuvent avoir marqué les différentes civilisations (ils seraient trop anciens, trop lents ou trop lointains), et que ce mythe serait donc une pure invention, ou l'exagération d'un événement local. Le déluge est-il un événement réel et localisable dans le temps et l’espace ? Si pour certains l'universalité apparente du récit et les détails parfois quasi identiques (construction d'une embarcation, nombre de survivants, couples d'animaux à sauver, etc.) tendent à confirmer une catastrophe majeure et planétaire, il peut leur être objecté d'une part que les similitudes les plus fortes s'expliquent avant tout par la transmission du mythe mésopotamien aux religions monothéistes et d'autre part que la présence d'un tel mythe renvoie avant tout au sentiment de fragilité qu'avaient les sociétés anciennes face aux catastrophes naturelles.
[modifier] Conceptions géologiques anciennes
Tant que les datations des couches géologiques n’étaient que relatives et que l’ordre de grandeur du passé de la Terre était mal établi, les roches sédimentaires et leurs fossiles marins, ont été tenus par les scientifiques occidentaux comme témoins du déluge biblique qui avait recouvert jusqu’aux montagnes. Au XIXe siècle encore les géologues voyaient sa trace dans certains sédiments récents (Pléistocène) : dépôts fluviatiles grossiers présents dans les vallées ou sur leurs versants (appelés pour cette raison diluvium) et dépôts de lœss sur les plateaux (leur homogénéité intriguait et était interprétée comme une décantation limoneuse à la suite d’une gigantesque inondation qui avait déposé le diluvium).Jusqu’au début du XXe siècle siècle, des auteurs ont lié le déluge à un hypothétique effondrement d’anciens continents, ou de ponts continentaux, à la place de l’océan Atlantique.
[modifier] Des scénarios fantaisistes ou sujets à caution
- La thèse de Graham Hancock
La période glaciaire de la Terre (qui est cyclique) aurait formé deux couches de glaces de plus de 16 km de haut, sur l'Europe de l'ouest, et sur le Canada. Le réchauffement progressif de la planète aurait formé deux immenses mers intérieures, grandes à peu près comme la Méditerranée. La pression exercée par ces deux immenses blocs aurait enfoncé la croûte terrestre, tout en la faisant remonter sur ses bords. Exactement comme lorsque vous appuyez sur un ballon. La fonte des glaces aurait peu à peu fait céder les barrages qui maintenaient ces deux immenses mers, pour finalement provoquer un raz-de-marée de près de 600 m de haut. Parallèlement, la pression de la croûte terrestre se relâchant brutalement aurait provoqué de gigantesques tremblements de terre, tout en ré-immergeant les terres qui n'avaient émergé que grâce au relief dû à la pression. Cette théorie l'aura poussé à rechercher les vestiges des anciennes civilisations sous la mer, et ce pour des résultats proclamés spectaculaires: des blocs mycéens (de plusieurs tonnes) taillés et traînés sur une centaine de mètres retrouvés à 16 km des côtes. Et des exemples comme celui-ci un peu partout dans le monde (un mythe très répandu évoquait une hypothétique civilisation d'avant Sumer, et la décrivait comme n'étant que côtière). Même si elle met en jeu des processus parfois réels, cette thèse est fortement sujette à caution : l'épaisseur de glace est de l'ordre de 3 km (car la glace flue) et les mouvements de "rebonds" dus à sa mise en place et à sa fonte sont mesurables par les datations des plages étagées. Enfin les raz-de-marée laissent des traces caractéristiques dans les sédiments marins : les hypothèses de Hancock n'ont pas été reçues par la recherche scientifique académique.
[modifier] L'hypothèse locale de la mer Noire
Les géologues américains William Ryan et Walter Pitman (1998) montrent, à partir d'une campagne de recherche américano-russe en Mer Noire de 1993, un passage assez brutal dans leurs carottes d'un niveau d'eau douce à eau salé qu'ils datent d'il y a 7500 ans ; ils pensent tenir là la preuve de la re-connexion de la mer de Marmara avec la Mer Noire qui s'est produite alors par l'entrée de l'eau de mer par le Bosphore. Leur théorie est fondée sur une série d'allers-retours dans l'évolution du niveau marin au moment de la fin des glaciations:
- Le niveau marin baisse suite aux glaciations, et isole la Mer Noire de la Méditerranée.
- Les glaces fondent sur les plaines russes, provoquant un afflux massif d'eau douce en Mer Noire. La Mer Noire se jette alors dans la Méditerranée, et devient un lac d'eau douce.
- A la fin de la fusion, le temps devient plus sec, et la Mer Noire n'est plus alimentée. Elle s'assèche progressivement (comme le fait par exemple la Mer d'Aral), mais la faible durée de cet épisode ne permet pas à la salinité d'augmenter significativement. La Mer Noire est alors un lac d'eau douce, situé sous le niveau de la mer (de l'ordre de 200 m), et toujours isolée de la Méditerranée par le seuil du Bosphore. Les peuplades primitives s'installent sur ses rivages, c'est le début des civilisations agraires.
- Enfin, la Méditerranée remonte progressivement, avec la remontée générale du niveau marin. Quand le niveau dépasse celui du seuil du Bosphore, c'est la catastrophe: "les portes du ciel s'ouvrirent", et la Méditerranée tombe dans la Mer Noire en une grande cataracte. Le niveau marin de la mer Noire serait remonté en deux ans de 150 m, inondant plus de 100 000 km² de terre et entraînant, sans doute, un déplacement des populations. La date de la catastrophe, ses conséquences sur les populations, et sa localisation géographique permettent de penser que l'événement pourrait être à l'origine du mythe que l'on retrouvera transcrit dans les récits mésopotamiens (Épopée de Gilgamesh) et plus tard dans la Genèse.
Cette hypothèse s'appuie désormais sur un certain nombre de confirmations: trace de cañon sous le niveau de la mer au droit du Bosphore, anomalies encore sensibles dans la répartition des couches d'eau, dépôts marins d'eau douce sous le niveau de la mer et recouverts de sédiments de turbidité, traces de dunes fossiles sous le niveau actuel de la mer...
Si l'on admet l'hypothèse du déversement catastrophique des eaux par le Bosphore, on peut aussi en rechercher la source dans un épisode sismique sur la faille nord anatolienne, dans la zone Marmara-Dardanelles, dans cette région sismique la plus active au monde après la Californie. Il est possible que l'exploitation, actuellement en cours, des résultats de l'expédition ASSEMBLAGE du projet européen éponyme ([[1]]) menée en 2004 en mer de Marmara et en mer Noire par l'Ifremer sur le Marion Dufresne éclaircisse la question.
[modifier] Confrontation de l'hypothèse de la mer Noire aux textes anciens
Les civilisations des bords de la Mer Noire (vers -6000) étaient les proto-celtes, au début de la civilisation agraire: il s'agissait donc d'une population relativement dense, cultivée, mais n'ayant pas encore découvert l'écriture.Un tel évènement a été traumatisant, largement capable de graver à jamais une légende dans la mémoire collective. À l'Ouest, du côté grec, la mémoire de la catastrophe a pu être apportée par les invasions doriennes venues du nord de la Grèce, que l'on situe vers -1100 av J.C. Compte tenu du débit envisageable au Bosphore, et de la faible pente des plaines ukrainiennes et roumaines, l'effet de l'inondation a été spectaculaire : la ligne de rivage reculait en moyenne à peu près à la vitesse d'un homme en marche. C'est trop rapide pour une fuite à pied, car l'eau progresse plus vite le long des vallées, et finit par piéger les fuyards sur les hauteurs locales. La seule "planche de salut" a pu être effectivement de se confier à un bateau ou de se réfugier sur les montagnes les plus hautes. Le texte des Métamorphoses d'Ovide décrit une telle situation de la façon la plus saisissante : « Débordés, les fleuves s’élancent à travers les plaines découvertes ;avec les récoltes, ils emportent les arbres, les troupeaux, les hommes, les maisons, les autels domestiques et leurs objets sacrés. Si une maison est restée debout et a pu résister à un tel désastre sans s’écrouler, le faîte disparaît englouti par les eaux et leur assaut fait chanceler les tours dans l’abîme.... /.../ l’immense débordement des eaux avait recouvert les collines ; des flots jusqu’alors inconnus battaient le sommet des montagnes.» Selon Apollodore, « tous les hommes furent anéantis, à l’exception de quelques-uns qui s’étaient réfugiés sur le sommet des montagnes proches ». Est-ce en mémoire de ce cataclysme que les Grecs ont d’abord baptisé la mer Noire "Axine" c’est à dire « la mer inamicale », avant qu’elle ne devienne plus tard Euxine (ou Pont-Euxin) c’est à dire la mer amicale ?
[modifier] Confrontation de l'hypothèse du séisme et des textes anciens
- A l'Ouest, trois textes occidentaux évoquent un séisme déclencheur du déluge :
- le Timée de Platon : "Dans les jours qui suivirent, eurent lieu de grands tremblements de terre, des inondations, et en un seul jour, et une seule nuit fatale, tout ce qu’il y avait de guerriers chez vous fut englouti à la fois dans la terre entrouverte, et l’Île d’Atlantide disparut sous la mer"
- le Critias de Platon "une île plus vaste que la Libye et l'Asie, et qui une fois après avoir été engloutie lors d’un tremblement de terre,"
- Les Métamorphoses d'Ovide : "Le dieu lui-même a frappé la terre de son trident ; elle a tremblé et par sa secousse a ouvert les retraites des eaux".
- A l'Est, un seul texte, l'épopée de Gilgamesh, qui est aussi le plus ancien, évoque un déluge déclenché par un séisme : "Les assises de la terre immense se brisèrent comme une jarre"
Les autres textes orientaux sont beaucoup moins évocateurs que les textes occidentaux ; ils décrivent des sources qui jaillissent de la terre ou sous la mer :
- la Bible : « en ce jour-là toutes les sources du grand abîme jaillirent »
- le Coran : 54 ,12 : « et nous fîmes jaillir la terre en sources. »
Effectivement, dans l’hypothèse du déversement des eaux de la Méditerranée par le Bosphore, l'origine de la montée des eaux de la mer n’a pas pu être comprise par les habitants des rives Est de la mer Noire, situés à prés de 600 km du Bosphore. Les « sources du grand abîme » qui soulèvent le niveau de la mer prennent alors leur sens. Et il est alors possible que l'allusion au mont Ararat vienne du souvenir collectif d'une population que l'inondation avait repoussée sur les rives escarpées du Caucase, et qui de là était passée en Mésopotamie, situant donc son origine du côté de l'Arménie, qui est précisément sur le chemin.
Enfin, les quelques mentions toponymiques identifiées dans les textes antiques situent le déluge au nord d'une ligne Mont Parnasse-Mont Ararat.
[modifier] Citations sur le Déluge
- Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort : « Il n'y a que l'inutilité du premier déluge qui empêche Dieu d'en envoyer un second. »
- Ambrose Bierce : « Déluge : première et remarquable expérience de baptême qui fit disparaître du monde tous les péchés et tous les pécheurs. »
[modifier] Évocations artistiques et scientifiques
[modifier] Artistiques
- Les Gospels reprennent souvent ce thème, notamment le Golden Gate Quartet avec son remarquable "Did it rain?"
[modifier] Cinéma
- La prophétie des grenouilles de Jacques-Rémy Girerd, dessin animé.
- En attendant le déluge, Sortie France : 23 février 2005. Genre: Drame. Durée: 1h21 Pays: France. Réalisé par: Damien Odoul.
[modifier] Littérature
- Les Élus, nouvelle d'Alejo Carpentier (1965).
[modifier] Scientifiques
- W.B. Ryan and W.C. Pitman, "Noah's Flood: The new scientific discoveries about the event that changed history" 1998
- V. Yanko-Hombach et al., "The Black Sea Flood Question: Changes in Coastline, Climate and Human Settlement" (Springer, 2007, 971 pages) (ISBN 1-4020-4774-6)
[modifier] Littérature
- Les Civilisations englouties, Graham Hancock (site officiel), éd. Pygmalion
[modifier] Références
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- (en) Black Sea deluge theory : "mer+noire"&btnG=Rechercher&meta= WWW sur ce thème en français et "black+sea"&btnG=Rechercher&meta= WWW en anglais.
- (fr) Bibliothèque d'apollodore : http://ugo.bratelli.free.fr/Apollodore/Livre1/I_7_1-2.htm
L'hypothèse d'une formation catastrophique de la Mer Noire a été évoquée au tournant du XXIe siècle, et pourrait expliquer que le déluge ait été ancré dans la mémoire collective des peuples de la région.