Gouvernement provisoire de la République française
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Le gouvernement provisoire de la République française est l'institution de sortie de la Seconde Guerre mondiale en France.
Il succède au Comité français de la Libération nationale (CFLN), organe politique issu de la Résistance extérieure et intérieure, qui se proclame Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) le 2 juin 1944.
Il fut présidé successivement par :
- Charles de Gaulle (juin 1944 - janvier 1946) ;
- Félix Gouin (janvier - juin 1946) ;
- Georges Bidault (juin - novembre 1946) ;
- Vincent Auriol (intérim : novembre - décembre 1946) ;
- Léon Blum (décembre 1946 - janvier 1947).
[modifier] Historique
Le premier acte du GPRF est de s'opposer à la mise en place d'une administration militaire américaine intérimaire, l'AMGOT.
Ce gouvernement, venu d'Alger, assume la réalité du pouvoir à partir de la fin de l'été 1944, à la suite de la Libération de la France. Composé de communistes, de socialistes et de MRP, il déclare nulles et non avenues toutes les décisions du Régime de Vichy, qu'il considère comme une parenthèse illégale dans le fonctionnement de l'État. En témoigne le refus de De Gaulle de proclamer la république du balcon de l’hôtel de ville de Paris libérée, le 25 août. Selon lui « La république n’a jamais cessé d’exister. La France libre, la France combattante, le comité français de la libération nationale l’ont tour à tour incorporée ».
Pour rétablir l’autorité républicaine, le GPRF envoie dans chaque grande région libérée un commissaire de la République. Ces commissaires se heurtent parfois aux comités locaux de la résistance, souvent noyautés par les communistes, et qui regimbent à céder un pouvoir acquis de facto suite à la libération. Par ailleurs plusieurs organisations issues de la résistance disposent d’éléments armés pouvant être utilisés par les communistes dans l’éventualité d‘une révolution (FFI, COMAC, milices patriotiques). Pour parer ce danger et malgré la mauvaise volonté du CNR et des communistes, le GPRF s‘efforcera de les incorporer à l’armée régulière comme pour les FFI, le 23 septembre ou de les dissoudre comme pour les milices patriotiques le 28 octobre.
Le gouvernement provisoire reprend le projet de 1937 de Jean Zay, et crée l'École nationale d'administration (9 mai 1945) afin d'assurer aux futurs hauts-fonctionnaires une formation effective, homogène et de haut niveau, ainsi que de permettre l'accès de ces fonctions aux seuls éléments méritants, indépendamment de leur origine sociale. Il accorde surtout le droit de vote aux femmes, qui iront aux urnes pour la première fois le 29 avril 1945. Il met en place la sécurité sociale (ordonnance du 19 octobre 1945) et des allocations familiales (loi du 22 août 1946).
Il poursuit la guerre et organise l'épuration (procès de Philippe Pétain en juillet 1945) tout en en réfrénant les excès. Cette épuration légale fait suite à une épuration improvisée, conduite à la Libération, et parfois exercée par des résistants de la dernière heure. Celle-ci avait conduit à de nombreuses exécutions sommaires et à la tonte des femmes soupçonnées d‘avoir eu des liaisons avec l‘ennemi. Mais il faut rappeler que ces exécutions ne faisaient que répondre aux dures souffrances imposées à la population par les exactions des occupants et de leurs "collaborateurs".
Par la suite l'épuration légale conduite soit par des magistrats, qui pratiquement tous avaient prêté serment à Pétain, ou par des jurés de la Haute-Cour, parlementaires issus de la "Troisième Force" opposée aux Gaullistes et aux communistes, allait aboutir à des résultats d'une indulgence extrême, laissant libres des hommes comme René Bousquet qui avait, en accord avec le haut-dignitaire SS Heydrich et avec Himmler, intensifié l'action de la police française contre les résistants, ou comme Xavier Vallat, créateur du commissariat général aux questions juives, grand ordonnateur de la persécution des juifs sans défense et surtout de leur recensement qui allait faciliter leur déportation par l'ennemi. Au total l’épuration aurait touché environ 10 000 Français et son bilan est controversé ; bien que certains responsables politiques et intellectuels collaborationnistes aient été jugés et condamnés, de nombreux collaborateurs de l'Industrie, de la police, de la gendarmerie, de l‘administration et de la magistrature furent peu inquiétés.
En août 1945, un conflit éclate en Indochine entre le gouvernement du Viet Minh, qui avait pris le pouvoir à la faveur de la capitulation japonaise et les autorités françaises.
La France reconnaît l'indépendance de la République démocratique du Viêt Nam, mais refuse d'inclure la Cochinchine dans le nouvel État, ce qui provoque une guerre qui ne se terminera, en ce qui concerne la France, que beaucoup plus tard, avec la séparation du Viêt-Nam entre le Viêt-Nam du Nord et du Sud, en 1954.
Un des autres objectifs principaux du GPRF, sous la houlette du général De Gaulle fut de rendre la parole au peuple en organisant des élections législatives et un référendum qui eurent lieu le 21 octobre 1945. Les élections voient la victoire des 3 partis résistants (SFIO, PC, MRP) qui recueillent les ¾ des voix et le référendum consacre, avec 96% des votants, la fin de la Troisième République. L'assemblée constituante issue des élections est chargée d'instaurer la Quatrième République.
Le 20 janvier 1946, Charles De Gaulle démissionne, en désaccord avec le projet de constitution et les ministres communistes.
Un premier projet de constitution est rejeté par référendum le 5 mai 1946. Le projet monocaméral devient bicaméral. Une nouvelle assemblée constituante est élue le 2 juin et la constitution de la Quatrième République est définitivement adoptée par référendum le 13 octobre 1946.
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