Irène Hamoir

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Irène Hamoir (1906-1994), poétesse et romancière, est la figure féminine centrale du mouvement surréaliste en Belgique. Epouse de Louis Scutenaire, elle apparaît constamment sous le nom de “Lorrie” dans ses Inscriptions mais aussi dans les dessins et la peinture de René Magritte.

[modifier] Biographie

Irène Hamoir naît le 25 juillet 1906 à Saint-Gilles (Bruxelles). Son père Léopold Hamoir est chapelier. Sa grand-mère paternelle, célibataire, a eu deux fils de Léopold Noiset, coureur cycliste, fabricant de vélocipèdes, directeur d'entraînement du Véloce-club bruxellois, qui a fait vers 1890 des quatre autres de ses enfants portant son nom une troupe d'équilibristes à vélo à laquelle se joint un moment Léopold. L'attraction des “Mignons Noazetts” puis, devenus adultes, de “The Noisets” rencontrera un succès international, exécutant avec motos et autos des numéros spectaculaires (La Cuve Infernale, La Table du Diable, Le Saut de la Mort). Irène Hamoir évoquera les tournées de ses oncles dans la première nouvelle de son recueil La Cuve infernale, écrit entre 1932 et 1939, puis dans un article publié en 1949 dans “Le Soir illustré”.

En 1922 Irène Hamoir est, après des études commerciales, secrétaire dans une tannerie-teinturerie. Militante socialiste, elle participe autour de 1924 à de nombreux meetings, approche ainsi Camille Huysmans, écrit en 1925 son premier poème, rencontre à un cours du soir pour journalistes le peintre Marc. Eemans avec qui elle se lie. Celui-ci collaborant à ”Distances”, la première revue qui rassemble le groupe surréaliste de Bruxelles, Irène Hamoir fait la connaissance en 1928 de Scutenaire, chez Marcel Lecomte. Elle entre en 1929 comme secrétaire à l'Agence Economique et Financière de Bruxelles, tandis que Scutenaire ne cesse de lui écrire quotidiennement des lettres poétiques. Elle l'épouse en 1930 et, après un voyage à Paris et en Espagne, s'installe rue de la Luzerne où il habite avec sa mère.

Irène Hamoir commence en 1931 une carrière de fonctionnaire à la Cour de Justice Internationale, voyageant entre Genève et La Haye où vient parfois la rejoindre Scutenaire, qui est entré au Barreau de Bruxelles. Au delà des réunions du groupe bruxellois, avec notamment Paul Nougé, les frères Magritte, le musicien André Souris, Marcel Lecomte, E. L. T. Mesens, Paul Colinet, Marcel Mariën, tous deux se lient avec les surréalistes de Paris. Irène Hamoir participe en 1935 à l'Exposition internationale du surréalisme à La Louvière, René Magritte peint l'année suivante son portrait. En 1937 les Scutenaire séjournent à Céreste (Provence) chez René Char. “La beauté déferlait de sa gaine fantasque, donnait des roses aux fontaines” écrit-il alors d'Irène Hamoir (“Œuvres complètes”, Bibliothèque de la Pléiade, p. 134), se montrant comme à l'habitude entreprenant, et les rapports entre “Scut” et Char s'en ressentent. En 1939 Irène Hamoir quitte son poste de fonctionnaire, collaborant aux deux numéros de la revue “L'Invention collective” (avec une photographie de Raoul Ubac).

Irène Hamoir et Scutenaire quittent Bruxelles en mai 1940 avec Magritte, Agui et Raoul Ubac. S'étant séparés à Paris, ils se retrouvent à Carcassonne où ils rencontrent Joë Bousquet, Jean Paulhan, André Gide, Gaston Gallimard et, après un détour par Nice, rentrent en octobre à Bruxelles où Irène Hamoir travaille en 1941 à la Banque Nationale de Belgique puis, de 1942 à 1945, à la direction des ventes de l'Union Chimique Belge. Son recueil de nouvelles La Cuve Infernale paraît en 1944 et, entrée à la rédaction du journal “Le Soir”, Irène Hamoir collabore en 1945 aux revues “Le Salut public”, “Le Ciel bleu” et “La Terre n'est pas une Vallée de Larmes” qu'anime Marcel Mariën. Elle publie des poèmes en 1946 dans les “Les Deux sœurs” que dirige Christian Dotremont, le deuxième numéro présentant un “cadavre exquis” signé René Char, Paul Eluard, Scutenaire et Irène Hamoir, participe encore au “Savoir Vivre” édité par Magritte.

Après la publication en 1949, sous le nom d' Irine, de son Œuvre poétique Irène Hamoir collabore dans les années suivantes à plusieurs autres revues, notamment à partir de 1953 à "Temps mêlés", créé par André Blavier et Jane Graverol. La même année est publié son roman Boulevard Jacqmain, dans lequel les membres du groupe surréaliste belge apparaissent sous des surnoms, Nouguier pour Paul Nougé, Gritto pour René Magritte, Maître Bridge pour Scutenaire, Edouard Massens pour E. L. T. Mesens, Bergère pour Georgette Magritte, Marquis pour Paul Magritte, Sourire pour André Souris, Monsieur Marcel pour Lecomte, Evrard pour Geert Van Bruane, Crépue pour elle-même... En 1955 Irène Hamoir commence à rédiger des billets d'humeur pour la “Petite Gazette”. Elle écrit pour “Le Soir”, lors de leurs disparitions, des hommages à Gerard Van Bruane en 1964, à Marcel Lecomte en 1966, avant de prendre sa retraite.

Irène Hamoir publie par la suite plusieurs plaquettes de poèmes en 1971, 1972 et 1975. Dans la même décennie elle préface, le plus souvent avec Scutenaire, les expositions de leurs amis peintres (Roland Delcol, Tom Gutt, Yves Bossut, Claudine Jamagne, Rachel Baes, Robert Willems, Roger Van de Wouwer) et collabore régulièrement à la revue “Le Vocatif” éditée par Tom Gutt qui, avec Isy Brachot, rassemble en 1976 son œuvre poétique dans Corne de brune. En 1982 Irène Hamoir et Scutenaire signent “Elle et lui” une préface pour la rétrospective “René Magritte et le surréalisme en Belgique”. Après la mort de Scutenaire en 1987, des éléments de leurs correspondances avec André Bosmans, Paul Nougé, Marcel Mariën, sont publiés dans la revue “Les Lèvres Nues”. En 1992 sont édités Croquis de rue, qui regroupent ses chroniques pour “Le Soir”. Elle meurt à Bruxelles le 17 mai 1994.

Dans le legs "Irène Scutenaire-Hamoir", dont Tom Gutt est l'exécuteur testamentaire, au Musée royal d'art moderne à Bruxelles (Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique figurent les nombreuses œuvres du peintre (plus d'une vingtaine de peintures, d'une vingtaine de gouaches, d'une quarantaine de dessins, etc.) qui étaient aux murs de leur maison de la rue de la Luzerne, notamment: notamment: Portrait de Nougé, 1927; La Voleuse, 1927; Découverte, 1927; Personnage méditant sur la folie, 1928; Portrait d'Irène Hamoir, 1936; La Lecture défendue, 1936; Bel Canto, 1938; Les Grandes espérances, 1940; La Cinquième saison, 1943; Le Sourire, 1943; La Moisson, 1943; La Bonne fortune, 1945; Les Rencontres naturelles, 1945; Les Mille et une nuits, 1946; L'Intelligence, 1946; Le Lyrisme, 1947; Lola de Valence, 1948 (dont les images sont visibles sur le site des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique [1]).

[modifier] Bibliographie sélective

[modifier] Poésie

Œuvre poétique (1930-1945), avec une préface de H., [publié sous le nom d' “Irine”], Saint-Generou près Saint Julien de Voventes, Maître François éditeur, 1949.
Ithos, [publié anonymement], dessins de Claudine Jamagne, Leyden, 1971.
L'Orichalcienne, La Louvière, Daily Bul, 1972.
Corne de brune (1925-1976), avec un portrait par René Magritte et quatre dessins de Rachel Baes, Danielle, Jane Graverol et Claudine Jamagne, Bruxelles, Isy Brachot et Tom Gutt, 1976.
Le Comparse en fleurs et des aigrelettes, [texte autographié], [Paris], Éditions de l'Orycte, 1977.

[modifier] Prose

La Cuve infernale, Bruxelles, Les Editions Lumière, 1944.
Boulevard Jacqmain, Bruxelles, Editions des Artistes, 1953; Bruxelles, Didier Devillez Editeur, 1996.
La Cuve infernale, Nouvelles, édition augmentée [de Les Fameux Noiset Acrobates Casse-Cou, publié en 1949, et de La Tourterelle turque, écrit en 1987], accompagné d'un vient de paraître de Tom Gutt, Bruxelles, Editions Brassa, 1987.
Question à une tourterelle turque, Bruxelles, 1989.
Croquis de rue, avec une préface d'Alain Delaunois, Bassac, Plein Chant, 1992.

[modifier] Sur les peintres

Roger Van de Wouwer, Bruxelles, 1972.
Yves Bossut, Galerie Aquarius, Bruxelles, 1974.
Claudine Jamagne et Dominique Libert, Galerie La marée, Bruxelles, 1974.
Rachel Baes, Galerie La marée, Bruxelles, 1976.
Yves Bossut, Bruxelles, 1976.
Robert Willems, Galerie La marée, Bruxelles, 1976.
Le surréalisme en Belgique, I, textes de Louis Scutenaire, Irine [Irène Hamoir], André Blavier, Galerie Isy Brachot, Paris, 1986.

[modifier] Sur Irène Hamoir

Marcel Mariën, L'Activité surréaliste en Belgique (1924-1960), Bruxelles, Editions Lebeer Hossmann, 1979.
Le mouvement surréaliste à Bruxelles et en Wallonie (1924-1947), Paris, Centre Culturel Wallonie Bruxelles, 1988.
Irène Hamoir, texte d'Evelyn Delkop-Kornelis, chronologie et bibliographie de Virginie Devillez et Micheline Colin, in Irène, Scut, Magritte and C°, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 1996 (pp. 20-67).

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

Irène Hamoir par Magritte, peinture, 1936 (Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, legs Irène Hamoir-Scutenaire [[2]]
Irène Hamoir par Magritte, dessin, 1948 (Musée royaux des Beaux-Arts de Belgique, legs Irène Hamoir-Scutenaire) [3]
Irène Hamoir à la Bibliothèque Royale de Belgique [4]