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Michel Aflaq - Wikipédia

Michel Aflaq

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Michel Aflaq (Source: SyrianHistory.com)
Michel Aflaq (Source: SyrianHistory.com)

Michel Aflaq [1] (ميشيل عفلق) (Damas 1910 - 23 juin 1989 à Paris) est l'un des fondateurs du parti Baas et de l'idéologie nationaliste arabe.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né à Damas en 1910 dans une famille de la petite bourgeoisie grecque orthodoxe, Michel Aflak est le fils d'un nationaliste arabe convaincu, opposé à l’Empire ottoman puis à la présence française en Syrie[2]. Son père a adhéré au Bloc national, dès sa fondation en 1928, il a longtemps milité contre la présence turque puis française dans la région et s'est fait arrêter plusieurs fois pour cela [3]. Les membres de sa famille ont participé à la révolution syrienne de 1925, ainsi qu'à toutes les révolutions palestiniennes[4]. Dans sa jeunesse, il lisait les livres d'auteurs de la Nahda, d'autres livres sur Mahomet et ses compagnons, et des romans historiques sur le Califat Omeyyade et Abbasside[4].

Étudiant à la faculté d'histoire de la Sorbonne à partir de 1928, il s'y passionne pour l'histoire des idées politiques. Ce qui l'intéresse ce sont les grands courants d'idée du XIXe siècle et du XXe siècle. Il s'intéresse tout particulièrement à Proudhon, Marx, Lénine, Nietzsche, Georges Sorel, Maurras, Bergson, André Gide et Romain Rolland[4][3][2]. Dans un entretien avec Charles Saint-Prot il explique qu'avant de venir en France il n'était qu'un nationaliste de sentiment, et c'est en entamant ses études à Paris qu'il comprends que le nationalisme arabe doit dépasser le cadre sentimental pour reposer sur des bases solides, et envisager tous les champs : la politique, l'économie, la culture et les problèmes sociaux[2].

Paris devient au début du XXe siècle le centre de rayonnement du nationalisme arabe en raison du grand nombre d'étudiants arabes présents dans la ville. C'est à Paris que le chrétien Michel Aflak rencontre son compatriote Salah al-Din al-Bitar, un musulman sunnite qui partage les mêmes préoccupations que lui, ce qui les conduit à fonder l'Union des Étudiants Arabes en France. Il milite également au sein de l'Association arabe syrienne et de l'Association culturelle arabe. Ensemble, ils ont participé à de nombreuses conférences et débats politiques pour approfondir leurs connaissances des idéologies et théories économiques. Rentrés tous deux en Syrie, ils enseignent au lycée Tajhiz al-Ula de Damas, l'un l'histoire et l'autre les sciences naturelles et la physique. En Syrie, Aflaq ne se lance pas immédiatement dans la politique. Entre 1932 et 1936 il était surtout connu pour son enseignement et la littérature et on le considérait alors comme un écrivain et un poète[4]. Il devient un poète à succès et il est salué par la critique[4]. En tant qu'enseignant, il se plie difficilement aux méthodes d'éducation et au système scolaire imposé par la puissance mandataire. Par ailleurs, il utilise avec Bitar sa fonction de professeur pour influencer politiquement ses élèves sur ce qui se passe dans le monde arabe. Mais ces méthodes ne sont pas appréciées par le ministère de l'éducation qui émet contre lui des avertissements avant de lui infliger des sanctions[3].

Aflak et Bitar s'expriment tout d'abord dans les colonnes de la revue At Taliya – L'Avant-Garde –, et du journal Al Aiam de tendance communiste qui rassemblent des auteurs de diverses tendances opposées au maintien du régime des mandats français et anglais dans le Proche-Orient arabe[5]. Cependant, dès 1936, ils constatent, lors de la victoire remportée en France par le Front populaire, que leurs amis communistes se font beaucoup plus modérés, obéissant en cela aux consignes venues de Moscou. Il affirme alors,

« Nous n'avons que faire du mythe de l'Internationale prolétarienne et nous ne voulons pas passer d'une domination à une autre. Nous sommes des nationalistes arabes et nous ne pouvons que constater une divergence fondamentale pour ce qui concerne nos objectifs stratégiques essentiels avec ceux des marxistes. Nous plaçons la question nationale au centre de nos priorités, eux ne prennent en compte que les mots d'ordre et les directives émanent de leur capitale politique : Moscou.[2] » 

Et c'est à partir de la que Michel Aflaq vit une période de sa vie qu'il décrit comme « Une profonde crise morale et intellectuelle qui a duré deux ans. Une crise pendant laquelle nous avons abandonné toute écriture et tout travail »[4]. Cette constatation conduit rapidement à une rupture et à une clarification qui débouche, en 1939, à la création du Cercle de la Renaissance Arabe – al ihya al arabi. C'est l'occasion pour Aflak et Bitar d'être rejoints par Zaki al Arzouzi, un Alaouite d'Alexandrette qui s'est également imposé depuis plusieurs années, avec sa Ligue d'action nationaliste et son Cercle de l'Arabisme, comme l'un des intellectuels capables de formuler les idées nécessaires à la résurrection de la nation arabe. C'est avec lui, qu'Aflaq et Bitar entrent dans le milieu des intellectuels arabes nationalistes. Ils fondent alors un petit club littéraire, Shabab al Ihia al Arabi (La jeunesse de la résurgence arabe).

Mais la Seconde Guerre mondiale met momentanément fin à leurs activités politiques. En 1941, en Irak, un jeune militaire nationaliste, Rachid Ali al Gaylani renverse le gouvernement pro-britannique et ouvre le pays aux allemands. La révolution de Gaylani était alors antimonarchique et anticolonialiste et elle a eu un grand retentissement dans la Syrie voisine. Pour soutenir son coup d'État, Aflaq et son groupe se mobilise, et crée le mouvement Haraka nisrat al irak (mouvement de soutien à l'Irak). Il rédige un appel, « Soutenons l'Irak » rassemble des volontaires, des fonds, des armes et des médicaments[4]. Cependant, Arzouzi condamne très clairement Aflaq pour le soutien qu'il apporte à ce coup d'État qui est pour lui incompatible avec les valeurs du nationalisme arabe. Il dénonce également un opportunisme droitier quant a Aflaq il se justifie en affirmant que toute aide et la bienvenue pour se débarrasser de la tutelle européenne sur le monde arabe[3]. La révolte irakienne est brisée en mai 1941 ; cependant, la mobilisation qu'elle a suscitée en Syrie a permis de nouveaux rapprochements, notamment avec Djamil as Sayid qui dirige la Ligue Nationale du Travail. L'embryon d'un parti autour d'un comité exécutif se constitue rapidement, qui réunit Michel Aflaq, Salah al-Din al-Bitar, Madhat al Bitar et Djamil as Sayid.

En 1942, pour protester contre la répression menée par les forces coloniales françaises contre les lycéens syriens, Aflaq et Bitar démissionnent de leur poste[4]. La même année il crée Shabab al b’ath al arabe (Jeunesse de la résurgence arabe), dont le journal aura été interdit par le pouvoir colonial. C'est ainsi qu'il se concentre sur la diffusion des idées nationalistes, et la lutte contre les pouvoirs coloniaux. En 1943, ils fondent Hizb al B’ath al arabi (Parti de la renaissance arabe). En juillet de la même année, avec le soutien des étudiants du lycée où il enseignait, il se présente aux élections législatives. L'intérêt pour lui n'était pas alors de se faire élire député, mais plutôt de faire connaître son parti et ses idées à la population syrienne[4]. C'est pendant ces élections que Michel Aflaq rédige un programme qui sera le premier vrai programme politique du Baath. C'est pendant cette campagne qu'a été formulée l'une des devises du parti, Umma arabia uahida thata risala halida (une nation arabe avec une mission éternelle). Dans un communiqué, il déclare,

« Nous représentons l'esprit arabe contre le matérialisme communiste. Nous représentons l'histoire arabe vivante, contre l'idéologie réactionnaire morte et le progrès artificiel. Nous représentons le nationalisme en son essence, qui exprime la personnalité contre le nationalisme en mots, qui nuit à la personnalité et contredit les comportements naturels. Nous représentons al risala arabe, contre le métier de la politique. Nous représentons la nouvelle génération arabe.[4] » 

C'est pendant cette campagne qu'il demande aux chrétiens de participer au mouvement national arabe, et d'accepter l'islam comme culture nationale des arabes. Michel Aflaq perd les élections, mais c'est néanmoins pendant ce scrutin que le Baath a eu sa première existence politique concrète.

Les premiers bureaux de son parti sont ouverts à Damas, en 1945. Après la déclaration du président américain Franklin Delano Roosevelt sur l'immigration juive en Palestine, le Baath arrive à canaliser l'indignation et la colère qui touchent le monde arabe[2]. La fondation de la Ligue arabe, qui apparaît comme un instrument visant à pérenniser la domination britannique sur le Proche-Orient, amène aussi au parti de nouveaux militants. Michel Aflaq affichait son hostilité au type de coopération entre les pays arabes instauré par la charte de la Ligue qu'il qualifie d'"inepte". Pour lui, cette organisation est lâche et elle conduit dans la pratique les arabes à une position de faiblesse[6]. Le parti est alors dissout par Choukri al Kouatli. Mais les membres du Baath poursuivent leurs activités politiques clandestinement. Et après la Seconde Guerre mondiale ils organisent une révolte à Damas contre les forces françaises, une révolte réprimée par des bombardements le 29 et le 30 mai[7].

Le premier numéro du quotidien Al Baas sort le 3 juillet 1946, le journal porte le slogan "Unité", "Liberté", "Socialisme", (Wihda, Hurriyah, Ishtirrakiyah). Il se dépense sans compter pour développer le parti en gestation. Après l'indépendance de la Syrie, dans un éditorial spécial Aflaq proclame le combat pour l'unité arabe, « Il faut maintenant créer les conditions de la grande révolution arabe du vingtième siècle qui permettra aux arabes de réintégrer l'histoire. »[2]

Si le parti existe déjà dans les faits, le congrès fondateur à lieu du 4 au 7 avril 1947, dans la grande salle du café Rachid de Damas, en présence de deux cents délégués syriens et de nombreux observateurs venus de Palestine, du Liban, d'Irak et de Jordanie[5]. Aflaq y prononce le discours d'ouverture,

« Notre objectif est clair et il ne souffre aucune ambiguïté : Une seule nation arabe, de l'Atlantique au Golfe. Les arabes forment une seule nation ayant le droit imprescriptible de vivre dans un État libre. Les moyens de la résurrection sont les suivants : l'unité, la liberté, le socialisme.[2] » 

Symbole du parti Ba'as
Symbole du parti Ba'as

La charte du parti est adoptée le 7 avril 1947, et Michel Aflaq en devient son secrétaire général. Las de demander en vain au gouvernement de partir en guerre contre Israël, Aflaq prend lui même les choses en mains et organise au nom du Baath le volontariat de militant voulant se battre en Palestine. Il est lui même parti sur le front palestinien lors de la guerre israélo-arabe de 1948[3]. Michel Aflaq, Salah al-Din al-Bitar et Wahib Ghanim font partis des nombreux volontaires baathistes à être partis sur le front. Un bureau permanent pour la Palestine est crée, les soldats du Baath sont placés sous le commandement de Fawzi al-Qawuqji[3]. A son retour en Syrie, il est condamné à six mois de prison [3]. En 1950, il écrit une lettre au dictateur Husni al-Zaim. Cette lettre contient de lourde critique contre le régime dictatorial de Zaim, ce qui entraine une persécution sans précèdent des baathistes, et en particulier des jeunes militants. Cet évènement entraine une grave crise au sein du parti, ou Salah al-Din al-Bitar parle ouvertement d'une grave faute commise par Aflaq et ou il parle également de son exclusion. Mais grâce à ses soutiens à l'intérieur du parti il en ressort renforcé[3]. Peu après, les militants apprennent par une lettre datée du 11 juin à Husni al-Zaim et dont la presse publie la copie, que Michel Aflaq rend hommage à l'action du régime, il annonce qu'il se retire de la vie politique et qu'il met fin à l'action de son parti. Dans cette lettre, il demande également la grâce pour les militants emprisonnés. Les membres du Baath sont stupéfaits par cette nouvelle, mais on pense qu'Aflaq qui avait été arrêté par la police a été soumis en prison à des menaces ou à des tortures qui l'ont contraint à signer ce document. Cependant, Aflaq a toujours refusé de s'exprimer sur cet évènement [3].

En 1951, le parti organise de grandes manifestations à Damas en soutien aux égyptiens qui s'étaient révoltés contre les britanniques. Adib Chichakli, militaire qui avait pris entre-temps le pouvoir en Syrie par un coup d'État, intervient militairement pour la deuxième fois. Il commence par dissoudre le parlement, pousse le président de la république à la démission et fini par interdire le Parti national et le Parti du peuple. Dans un premier temps, le Parti communiste, le Baath et le Parti socialiste arabe échappe à la répression. Mais Chichakli et le Baath entretiennent des rapports difficiles, et le 6 avril 1952, tous les partis politiques sont interdits. Le Baath, devenu clandestin, noue des contacts avec l'opposition de gauche et avec des officiers opposants au régime. Le 28 décembre 1952, les autorités découvrent le complot et 66 officiers sont arrêtés. Le lendemain, Michel Aflaq, Salah Bitar et Akram Hourani sont mis sous arrêt. Ils sont emprisonnés, mais bénéficiant de complicité au sein même de l'armée, ils s'enfuient et quitte le pays pour le Liban. Les trois hommes organisent l'opposition anti-Chichakli depuis Beyrouth, mais Chichakli obtient leur expulsion, et ils se sauvent pour l'Italie[3]. Après être revenu en Syrie, suite à une libéralisation du pays, Aflaq et ses compagnons sont de nouveaux arrêtés, cette fois après une révolte au Djébel el-Druze qu'ils ont soutenu. Cette révolte a poussé Chichakli vers la sortie, et des élections sont convoqués, et Aflaq demande à ce que les élections soit libres.

Le parti change de nom en 1953 après une fusion avec le parti socialiste arabe d'Akram Hourani, le Baath devient le Parti de la résurrection arabe et socialiste (Hizb al ba'ath al arabi al ishtiraki). En 1954, le parti compte environ deux mille cinq cents membres. La fusion avec le parti socialiste d'Akram Hourani permet au parti d'entrée en 1954 dans le gouvernement syrien, les idées du Baath commencent peu à peu à imprégner l'esprit des arabes pas seulement en Syrie mais dans la plupart des pays arabes.

En 1955 un premier traité d'alliance militaire est signé entre la Syrie et l'Égypte. Aflaq estime que la fusion entre les deux pays doit se faire car les tensions intérieures dues à la guerre froide sont de plus en plus fortes. Cependant, il n'est pas convaincu de la capacité de Nasser à unifié le monde arabe et dans une note interne, il note que le régime égyptien « à une tendance vers la dictature »[3]. Laissant de côté ses opinions, il part pour le Caire ou lors d'un déjeuner il arrive à convaincre Nasser des modalités de la fusion des deux pays[2]. Le 1er février 1958, l'État Égyptien et l'État Syrien fusionne pour crée une nouvelle nation, la République Arabe Unie. Le soir même de la conclusion de l'union, Aflaq déclarait à la presse que Nasser avait désormais auprès de lui une idéologie politique fiable, la sienne. Aflaq s'était engagé à dissoudre le Baath syrien, ce qu'il fait, et il comptait alors diffuser ses idées dans le parti unique nassérien, l'Union nationale[2]. Mais la République arabe unie est un échec, et le militaire conservateur, Haydar al-Kouzbari procède à un coup d'État et prend le pouvoir. Aflaq accuse Nasser d'être responsable de cette échec, et critique sa gestion trop autoritaire et jacobine. Pour lui l'unité ne peut se fonder que sur « l'égalité et l'équilibre entre les pays arabes »[6].

Avec l'échec de la RAU, l'aile régionaliste et gauchisante du Baath prend de l'importance, notamment sous l'influence de l'officier marxiste Salah Jedid. Devant l'opposition qu'il l'opposait aux militaires, il décide en 1964 de partir vivre en Algérie. Mais le Baath syrien, contrôlé par les régionalistes ne voient pas d'un très bon œil le fondateur du parti s'installer dans un autre pays arabe et y mener son action politique. Des pressions sont exercées sur le gouvernement d'Ahmed Ben Bella pour que l'avion transportant Aflaq ne se pose pas à Alger[3]. Aflaq se rend alors chez son frère à Bonn. Cette affaire affaiblit Aflaq et la vieille garde du Baath qui voit son influence baisser considérablement au sein du parti. Sur l'invitation de Salah Bitar, Aflaq se rend en décembre 1964 à Damas pour affaiblir les régionalistes. Mais sa tentative est un échec, et les militaires prennent le contrôle de la Direction nationale du parti et poursuivent les opposants.

Devant l'action des militaires, Aflaq et la vieille garde pense qu'il est urgent de lutter contre eux et de séparer le parti du gouvernement. Aflaq publie seize décisions qui définissent le rôle et la situation du Baath, du gouvernement et de l'armée. Devant ces actes, les militaires menacent de démissionner de toutes leurs fonctions, et mène une campagne contre la vieille garde au sein même du Baath. En 1966, Michel Aflaq et les principaux fondateurs du Baath sont obligés de quitter la Syrie après le coup d'État d'officiers marxistes menés par Salah Jedid. Il s'exile à Beyrouth puis, il part pour le Brésil (le but du voyage est encore inconnu aujourd'hui)[4]. En 1968, il est accueilli à Bagdad, qu'il quitte après la guerre du Kippour pour montrer sa désapprobation de ce conflit[4]. Mais il est de nouveau convoqué à Bagdad, où on lui propose le poste de Secrétaire Général du comité panarabe du Baath, qui n'était alors qu'un poste symbolique dépourvu de pouvoirs réels. Il menait des entretiens avec des hôtes étrangers, il participé a des meetings, des inaugurations de travaux et d'expositions. C'est à partir de ce moment qu'il ne pourra plus quitter l'Irak, Aflaq constituait une importante source de légitimité pour le régime irakien, face au Baath syrien voisin. Il aurait été retenu dans une « prison dorée »[4]. Il meurt le 23 juin 1989 à l'hôpital militaire du Val de Grâce à Paris. Son corps a été rapatrié en Irak et il fut enterré à Bagdad. Lors de son enterrement, Saddam Hussein affirme que Michel Aflaq s'était converti à l'islam, et c'est ainsi qu'il est enterré comme un musulman. Cependant, de nombreux membres de sa famille doutent de la version du régime irakien.

Aujourd'hui son mausolée qui se trouve à Bagdad au sein de la zone verte est occupé par l'armée américaine.

[modifier] Idéologie

Aflaq porte un grand intérêt pour les idéologues européens, mais contrairement à d'autre idéologue arabe il refuse de transposer le modèle nationaliste européen au monde arabe. Pour lui, la politique est une science qui s'applique sur un corps social bien précis. Selon lui, chaque nation doit trouver sa propre voie idéologique et son propre modèle politique et social[2].

[modifier] Socialisme

Le socialisme arabe de Michel Aflaq rejette les conceptions libéral, capitaliste et marxiste. Le socialisme baasiste privilégie l’homme au système, il explique :

« La philosophie marxiste est matérialiste et totalisante, donc totalitaire. Elle ne considère que la collectivité en oubliant la personne humaine. Elle entend se plaquer n'importe où et n'importe comment. Mais le socialisme ne doit pas écraser l'individu. Il doit, au contraire, être à son service.[2] » 

Il affirme également que le socialisme arabe réglera les divisions communautaires, chez les chrétiens du Moyen et du Proche-Orient comme chez les Kurdes d'Irak ou les Berbères d'Afrique du nord.

Il affirme que le socialisme arabe est une idéologie nécessaire pour la recherche de l'unité et de la liberté du monde arabe, car il pensait que seul un système socialiste de propriété et de développement surmonterait le retard pris par les pays arabes à cause du colonialisme. Les socialistes arabes rejetaient les idées marxistes qu'ils jugeaient matérialiste, internationaliste et athée, et qui s'adaptaient mal à la situation intérieure arabe. C'est ainsi qu'Aflaq et Bitar lance en 1944 l'expression socialisme arabe. Ils expliquent,

« Il n'est pas difficile pour les Arabes, s'ils se libèrent du cauchemar du communisme, de découvrir un socialisme arabe émanant de leur âme, (...) au service du nationalisme arabe et comme facteur essentiel de sa résurrection.[8] » 

[modifier] Islam

Contrairement au kémalisme qui considère l'Islam comme une religion étrangère à l'identité turque, le nationalisme du Baath estime au contraire que le nationalisme arabe doit prendre en compte l'islam comme une composante essentiel de la civilisation arabe. De manière général, le Baath magnifie l'Islam[2]. Michel Aflaq qui avait lui même étudié le Coran, les hadiths et la vie de Mahomet revendiquait l'héritage du prophète et expliquait que pour les arabes, l'islam est l'expression de leur personnalité[2]. L'islam est une religion révélée en terre arabe, à un prophète arabe en langue arabe, c'est donc une partie fondamentale du patrimoine commun de l'identité arabe. En 1940, il explique « Arabisme et Islam ne sont pas antagonistes et ils ne peuvent pas l'être puisqu'ils sont tous deux de même nature. »[2]

En 1943, lors de l'anniversaire de la naissance de Mahomet il organise une « commémoration du Prophète arabe » ou il affirme « L'arabisme est le corps dont l'âme est l'islam. »[2] Aflaq pense que le nationalisme arabe doit intégrer l'islam dans un projet national progressiste. Dans son discours «À la mémoire du prophète arabe» il explique,

« L'islam a été la pulsion vitale qui a révélé aux arabes les potentialités et les forces latentes qui résidaient en eux. Il les a projetés sur la scène de l'Histoire. L'islam est la meilleure expression du désir d'éternité et d'universalité de la nation arabe. Il est arabe dans sa réalité et universel dans ses idéaux.[2] » 

Pour lui, l'expérience prophétique est propre aux arabes puisque tous les prophètes furent d'après lui arabes.

C'est ainsi qu'Aflaq invitait les arabes chrétiens à s'ouvrir à l'Islam en tant qu'élément de leur héritage national et culturel. Il invitait les chrétiens à « s'attacher à l'islam comme à l'élément le plus précieux de leur arabité. » Aflaq appelle les arabes à renouveler l'expérience prophétique et militaire des origines de l'Islam. Il s'agissait pour lui de retrouver le même élan de ferveur qui a conduit les arabes à conquérir tout le Moyen-Orient à la mort de Mahomet. Il prétend instaurer un système politique laïc de la société et des lois au nom de l'islam à sa source.

Il affirme également, « Un jour viendra ou les nationalistes arabes seront les seuls à défendre les vraies valeurs de l'islam. »

En revanche, pour Aflaq, l'État ne doit pas être religieux, l'État doit être indépendant de la religion, ce qui n'exclut pas un État correspondant à l'éthique musulmane. Car en effet, le laïcisme prôné par le Baath, est un laïcisme fortement imprégné de l'Islam[8]. Les dirigeants du Baath condamnait catégoriquement l'athéisme,

« Sans nous, disait-il, et sans notre mouvement, la société arabe serait menacée de se voir défigurée par l’athéisme. Grâce à notre résistance contre la réaction religieuse, sans compromis et sans relâche, grâce à notre position ferme et courageuse face à cette réaction, nous sauvons la société arabe de la mutilation que serait pour elle l’athéisme.[2] » 

[modifier] Notes et Références

  1. La lettre finale étant la translittération de la lettre "qaf" arabe, on trouve écrit "Aflak" (surtout dans des textes francophones) ou "Aflaq" (surtout dans des textes anglophones)
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 2,12 2,13 2,14 2,15 2,16 Charles Saint-Prot: Le nationalisme arabe : Alternative à l'intégrisme
  3. 3,00 3,01 3,02 3,03 3,04 3,05 3,06 3,07 3,08 3,09 3,10 3,11 Pierre Guingamp, Hafez El Assad et le parti Baath en Syrie
  4. 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05 4,06 4,07 4,08 4,09 4,10 4,11 4,12 Approche comparative des discours de Michel Aflaq et de Saddam Hussein (consulté le 11 janvier 2007)
  5. 5,0 5,1 Le Baas, parti de la « résurrection arabe »(consulté le 11 janvier 2007)
  6. 6,0 6,1 Etude comparative du nationalisme arabe et de l'islamisme à travers les oeuvres de Sayyid Qutb et de Michel Aflaq (consulté le 11 janvier 2007)
  7. Damas, miroir brisé d'un orient arabe, Anne-Marie Bianquis
  8. 8,0 8,1 Le nationalisme arabe, Olivier Carré

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens externes

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