Damas
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Damas est la capitale de la Syrie. En arabe la ville s'appelle Dimashq ach-Cham, mais on dit très souvent ach-Cham seulement (arabe: دمشق الشاَّم [dimašq aš-šam]). La ville compte plus de 2 millions d'habitants, près de 3 millions en comptant l'agglomération (« Le grand Damas »).
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[modifier] Géographie
La ville est dans le désert, ses quartiers ouest escaladant le flanc du mont Quassioun (ou Qassioun ou Kassioun selon les translitérations), premier contrefort du massif de l'Anti-Liban. À une altitude d'environ 700m, elle est située à vol d'oiseau à 60 km à l'est de la mer Méditerranée.
Damas est arrosée par une rivière, la Barada, qui s'écoule de l'Anti-Liban et se perd dans un marécage à l'est de la ville. Autrefois entourée d'une "ceinture verte" de cultures irriguées, la ville n'arrête pas de grandir, dans certains endroits d'une façon anarchique, au dépens de sa "Ghouta" (nom donné aux terres cultivées qui encerclent Damas). C'est ainsi que le havre de verdure initial de la ville disparaît.
Damas a deux superficies (ville et région):
ville:~249,79 km²= 24 979 ha
région:18 018 km²
Damas est la plus grande ville de la Syrie
Damas est enfin une ville qui fait partie du patrimoine de l'UNESCO.
[modifier] Histoire
Il s'agit de l'une des plus anciennes villes connues et toujours habitées. Elle est citée dans la Bible, dès la Genèse (XIV, 15; XV, 2), et plusieurs fois dans les Livres des Rois et des Prophètes.
- La ville de Damas est d'une grande beauté et toute description, si longue qu'elle soit, est toujours trop courte pour ses belles qualités.
- Ibn Battûta (1304-1368) Voyages, Editions FM / La Découverte.
D'abord possession égyptienne, la ville fit successivement partie du royaume de David, fut la capitale du royaume araméen, puis fut conquise par les Assyriens, les Perses, Alexandre le Grand, les Séleucides et les Romains. La ville vit saint Paul prononcer ses premières prédications, notamment dans l'église Hanania, la plus vieille de toute la Syrie (aujourd'hui dans le quartier chrétien de Bab Touma).
En 635, la ville fut prise par les Arabes qui en firent leur capitale, notamment durant la dynastie des Omeyyades, de 661 à 750.
Les Croisés l'assiégèrent inutilement en 1158.
La ville fut saccagée par les Mongols de Tamerlan en 1401.
Elle fit partie de l'Empire ottoman de 1516 à 1918. La majorité des musulmans y était très fanatique : ils firent un horrible massacre des Chrétiens en 1860, avec l'appui des forces de l'ordre turques.
Suite au Traité de Versailles (1919), elle fut placée, avec la Syrie, sous mandat français en 1920, jusqu'à son indépendance en 1946.
[modifier] Les traditions
- Le « damasquinage » consiste à incruster de petits filets d'or ou d'argent dans un objet de métal. Cette technique s'est répandue de Damas à Tolède et en Inde.
- Le « damas soudé » consiste à forger des barres de fer pour constituer l'âme à la fois résistante et souple d'épées, dont les tranchants étaient rapportés par soudure : les lames de Damas. Des barres de fer doux et carburé, disposées alternativement étaient soudées, martelées, repliées sur elles mêmes comme pour faire une pâte feuilletée. Après polissage, le métal était plongé dans un bain d'acide pour faire apparaître l'effet de moirage des couches de métal blanc et noir, appelé le « damassé ».
- Damas est réputée pour ses étoffes de soie et surtout pour ses brocarts tramés d'or que l'on appelle des « damas ».
- Il y a aussi le linge « damassé » sur lequel apparaissent des dessins par des procédés, de tissage. Cet art existe encore, mais avec des métiers Jacquard.
- Dans les souks, on voit beaucoup de tapis, mais ce sont principalement des importations d'Iran, d'Afghanistan ou d'Ouzbékistan.
- On trouve aussi à Damas de nombreuses confiseries offrant des fruits confits entiers : abricots, poires, mandarines, etc. en piles impressionnantes. Au Moyen Âge, la région était le premier producteur de sucre, les croisades en ont rapporté l'usage en occident (confitures et fruits confits).
[modifier] La ville
La grande mosquée, actuellement Grande mosquée des Omeyyades, a été construite vers 705. C'est la plus ancienne avec le Dôme du Rocher de Jérusalem à être pratiquement dans son état initial.
Fait exceptionnel, la salle de prière contient un tombeau : celui de Jean-Baptiste (Sidi Yahya pour les musulmans), cousin de Jésus. La présence d'un tombeau dans la salle de prière d'une mosquée est un cas pratiquement unique. Les chrétiens du quartier Est de Damas viennent y faire des prières. On voit donc dans cette salle à la fois les prosternations des musulmans, et les signes de croix et les génuflexions des chrétiens. La présence de ce tombeau s'explique historiquement. Lorsque les Arabes conquirent la ville en 635, ils y trouvèrent en plein centre la grande basilique Saint-Jean Baptiste, fierté des chrétiens, qui abritait le tombeau du Précurseur. Un dignitaire chrétien de la ville qui devait à ses origines arabes de s'exprimer en arabe, Sarjoun, le père de saint Jean Damascène, vint demander au calife qu'il épargne ce sanctuaire chrétien. Par respect pour Sidi Yahya, les califes successifs préservèrent durant soixante-dix ans le grand sanctuaire chrétien. Et lorsque Al-Walid Ier décida de transformer l'église en mosquée, en 705, il épargna le tombeau du Baptiste et fit construire la mosquée autour.
La mosquée est très fréquentée durant toute la journée. On y entre pour prier, pour admirer et on y vient aussi tout simplement pour faire la sieste, allongé sur le tapis ou adossé à une colonne, car c'est un lieu frais et calme dans le centre de la ville. Véritable lieu de vie, on y voit même des enfants jouer, parfois avec des trotinettes.
Le plus haut minaret de cette mosquée est le minaret de Jésus : c'est là que selon la tradition locale Jésus, le Messie, reviendra sur terre au moment du jugement dernier.
« C'est la plus sublime mosquée du monde par sa pompe, la plus artistement construite, la plus admirable par sa beauté, sa grâce et sa perfection. On n'en connaît pas une semblable, et l'on n'en trouve pas une seconde qui puisse soutenir la comparaison avec elle. Celui qui a présidé à sa construction et à son arrangement fut le commandeur des croyants, [...]
Il fit partir une ambassade vers l'empereur des Grecs, à Constantinople, pour intimer à ce prince l'ordre de lui envoyer des artisans, et ce dernier lui en expédia douze mille. Le lieu où se trouve la mosquée était d'abord une église. [...]
Au milieu de la mosquée est le tombeau de Zacharie, au-dessus duquel se voit un cercueil placé obliquement entre deux colonnes, et recouvert d'une étoffe de soie noire et brodée. On y voit écrit, en lettres de couleur blanche, ce qui suit: “ Ô Zacharie! nous t'annonçons la naissance d'un garçon, dont le nom sera Yahia.”
La renommée de cette mosquée et de ses mérites est très répandue; et j'ai lu à ce sujet, dans l'ouvrage qui a pour titre Les Qualités excellentes de Damas, l'assertion suivante: “ La prière dans la mosquée de Damas équivaut à trente mille prières ”. Et dans les traditions du prophète j'ai trouvé ces paroles de Muhammad : “ On adorera Dieu, dans la mosquée de Damas, durant quarante années après la destruction du monde. ”[1] »
Curieusement Ibn Battûta voit le tombeau de Zacharie, père de Jean-Baptiste, là où la tradition actuelle situe le tombeau du second.
Dans une annexe, hors de l'enceinte de la mosquée se trouve le mausolée de Husayn qui est supposé avoir contenu (ou contenir ?) le crâne du troisieme Imam des chiites décapité à la bataille de Kerbala (Achoura : 10 de muharram 61H; 10 octobre 680) le corps de Husayn se trouve à Najaf (au sud de l'Irak) et la tête tranchée a été enterée en Égypte(au Caire)
« Lorsque Khawalî, portant la tête de Husayn, arriva auprès d'Obaïdallah, fils de Ziyâd, il lui dit: Tu dois me combler de cadeaux, car je t'apporte la tête du meilleur de tous les hommes ! [...]
Puis il (Obaïdallah) toucha avec une baguette la bouche de Husayn, en récitant ce vers: “ Nous tranchons les têtes des hommes qui nous sont chers, mais qui sont devenus rebelles et insolents.” [2] »
Damas comprend aussi de très beaux monuments de la période Ottomane, le Palais Azem, de nombreux caravanserails dont le Khan Assa'd Pacha du XVIIIéme siècle, et un musée témoignant de la richesse historique et archéologique exceptionnelle du pays.
[modifier] Divers
- L'expression chemin de Damas évoque un parcours provoquant un changement radical d'attitude chez celui qui le vit (cf. Retournement). Elle évoque l'expérience de saint Paul, persécuteur des chrétiens quelques années après la mort de Jésus : selon les Actes des Apôtres, se rendant à Damas, il eut une illumination et une révélation qui en firent le principal prosélyte des premières heures du Christianisme.
- Depuis la destruction de la ville d'Antioche (entre 1268 et 1872), Damas est le lieu de résidence de plusieurs chefs d'Églises autocéphales :
- Le Patriarche de l'Église orthodoxe d'Antioche
- Le Patriarche de l'Église catholique melkite d'Antioche
- Le Patriarche de l'Église syriaque orthodoxe d'Antioche
[modifier] Liens externes
[modifier] Notes
- ↑ Dans Ibn Battûta : Voyages, I De l'Afrique du Nord à La Mecque, Editions FM / La Découverte, p. 217 (ISBN 2-7071-1302-6)
- ↑ Dans Tabari : La Chronique (Volume II, Les Omayyades), Actes-Sud, p. 49 (ISBN 2-7427-3318-3)
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