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Paul Ricard

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Pour les articles homonymes, voir Paul Ricard (homonymie). 

Paul Ricard est un chef d’entreprise et entrepreneur français né à Sainte-Marthe (Marseille) le 9 juillet 1909 et décédé le 7 novembre 1997. Il est le célèbre créateur du pastis du même nom. Son entreprise est actuellement intégrée dans le groupe Pernod Ricard.

Sommaire

[modifier] Avant la légende

Paul Ricard est le fils d’un négociant en vins. Curieux de tout et espiègle, il s’intéresse aux arts, au théâtre, au dessin mais c’est un autre domaine qui va déclencher sa vocation. Le 16 mars 1915, sous la pression des ligues de vertu et du lobby viticole, l'absinthe (qui mène au delirium tremens) est interdite au prétexte qu'elle rend fou et criminel, cette interdiction n'est actuellement plus en vigueur.

Les consommateurs doivent se contenter de liqueurs anisées à 40° - La Cressonnée, la Tommysette, l'Amourette, Berger et le déjà célèbre Pernod - dont les ventes sont autorisées depuis 1922 mais dont la saveur n'est pas satisfaisante. On leur donne alors le nom de "pasticchio", mot d'origine italienne signifiant situation trouble ou méli-mélo.

Paul Ricard dès son adolescence n’a qu’un but : fabriquer son propre pastis et en faire le plus populaire, le plus apprécié des consommateurs. Dans un petit laboratoire de fortune qu’il aménagé chez lui avec un alambic, il consacre son temps à faire des mélanges, à tester les arômes, à jouer à l’alchimiste de la boisson anisée. Il décide de rajouter du réglisse et des plantes provençales précieusement choisies avec une priorité, retrouver la pureté de l’anis et de son goût si particulier.

[modifier] 1932, l'année de la "libération"

Le 7 avril 1932 est un jour particulièrement fêté à Marseille car un décret libéralise la fabrication et la vente de boissons anisées à 40°. Paul Ricard vient de créer la recette originale de son pastis qui désigne alors pour la première fois un apéritif. Il lui donne son nom "Ce sera Ricard, le vrai pastis de Marseille". Cet engagement figurera sur chaque bouteille de Ricard : "Sûr de la grande qualité de mon pastis et fier de son goût unique, j'engage mon nom pour votre plaisir".

Certes, une saveur est née mais aussi un mode et un rituel de consommation. Avec une dose de Ricard et cinq volumes d'eau, Paul Ricard lance le premier long drink à la française, une recette légère et originale qui est aussi à l'origine du succès de la marque. Il commence ainsi à faire le tour des bistrots et cafés de la ville, pour se faire connaître et se faire une clientèle, car la concurrence est rude à Marseille.

En huit mois, 250 000 bouteilles sont vendues. Paul Ricard s’occupe de tout : il conçoit lui-même le fameux broc à bec verseur, il dessine les affiches publicitaires qui ornent les premiers camions de livraison de l’entreprise. Très vite, la marque sort du seul territoire marseillais car Paul Ricard est ambitieux et voit loin.

En 1936 c’est Lyon qui découvre la boisson. En 1938 un décret porte la teneur d’alcool du « pastaga » à 45° et permet ainsi à la saveur du pastis de prendre de l'importance. Enfin, Paris est touché en 1939, à grand renfort de publicité. Cette année là, des bouteilles font leur apparition en Espagne, en Italie et en Afrique du Nord. L’expansion se confirme mais les évènements vont contrarier pendant quelques années la saga Ricard.

[modifier] La parenthèse des années noires

En 1940, c’est la défaite de l'armée française et la naissance du Régime de Vichy dans la zone libre. L'État français lance sa « Révolution Nationale » et s’attaque à tout ce que les réactionnaires désormais au pouvoir abhorrent : la république, la démocratie et, ordre moral oblige, le pastis qui est interdit et diabolisé comme étant l’un des responsables de la dégénérescence de la nation, et donc de son écrasement par l’Allemagne.

Il faudra voir dans cette mesure tous les préjugés et la mauvaise réputation de Marseille, dont le cosmopolitisme et l’âme rebelle ne rentrent pas dans le cadre du nouveau pouvoir.

Le coup est dur mais Paul Ricard ne s’avoue pas vaincu : il se reconvertit dans l’agriculture en prenant possession du domaine de Méjanes, en Camargue : on y pratique la riziculture et l’élevage. En employant son personnel, il leur évite le STO. Pour compléter cette activité, il exploite l'eau minérale du Pestrin, une source acquise en Ardèche, produit des jus de fruits et les distille pour fournir une boisson alcoolisée à la Résistance. Il semble qu'il disait à ses proches interlocuteurs J'emmerde le général Pétain.

A la Libération, la déception va être d’autant plus grande que le nouveau gouvernement ne révoque que partiellement les dispositions de Vichy en n’autorisant que les apéritifs à 40°.

[modifier] Une marque mondiale

En 1951, la marque respire : le 45° est enfin rétabli après une longue et âpre bataille. Revers de la médaille, la publicité des apéritifs anisés par affichage ou voie de presse est interdite.

Coup d’arrêt ? Pas du tout, après la guerre, Paul Ricard s’est rendu aux États-Unis lors d’un voyage organisé pour des entreprises françaises. Il y découvre la recette du succès des firmes américaines et plus généralement l’atmosphère conquérante de ce pays qu’il admire : une organisation très professionnelle, une proximité des dirigeants et des employés, une concertation de tous les instants avec les syndicats et aussi la pratique du sponsoring.

En revenant en France, Paul Ricard décide de prendre les devants et de lancer l’entreprise dans une voie encore très peu connue dans le pays, celle du parrainage : en 1948 la caravane du tour voit apparaître des véhicules insolites arborant le jaune et bleu ricard. Le soir, des concerts gratuits réunissant les stars et les espoirs du moment (Darcelys, Tino Rossi, Charles Trenet, Annie Cordy) enchantent les spectateurs. En 1956, en pleine crise de Suez et pénurie de pétrole, il organise la « croisière de la soif », avec une livraison de Ricard dans Paris à dos de chameau ! En 1961, il emmène tout son personnel en train à Rome et le pastis se voit béni par Jean XXIII !

La progression financière de la marque est fulgurante et en l'an 2000 elle fête ses deux milliards de bouteilles vendues. Paul Ricard innove aussi dans son entreprise : les salariés sont à la pointe du progrès social des trente glorieuses et même si ses détracteurs le taxèrent de « paternalisme », il n’empêche que les conditions de travail du personnel firent beaucoup d’envieux : participation au bénéfices, intéressement, protection sociale, épargne retraite, le tout entraîné par un véritable esprit d’équipe et un lien très fort entre le patron et ses employés.

En 1968, Paul Ricard décide de passer la main : Bernard Ricard prend la relève puis, cède sa place à Patrick Ricard. Dans les années 70, Ricard fusionne avec son ennemi de toujours Pernod. Aujourd’hui, le groupe est l’un des leaders mondiaux des vins et spiritueux.

[modifier] Le mécène

Paul Ricard ne peut être limité au chef d’entreprise. Parallèlement à son entreprise, le mécénat a toujours fait partie de sa passion. Le terme de touche-à-tout lui correspond et il s’est engagé dans de nombreuses aventures par défi ou conviction.

En sport, Paul Ricard, qui possédait près de Signes dont il fut le maire, dans l’arrière-pays varois un vaste domaine de mille hectares, fait construire à côté d’un aérodrome le fameux circuit du Castellet, qui va très vite devenir une référence des sports mécaniques : la F1 en 1971 (et jusqu’en 1990), les grands prix moto et le Bol d’Or. Le circuit a été racheté en 1999 par Bernie Ecclestone, le patron de la F1, qui en a fait un circuit de tests ultra moderne, mais sans spectateurs ni compétitions... Il fut aussi le mécène du navigateur Alain Colas en 1973 puis soutint Eric Tabarly en 1978 pour la conception de l'Hydrofoil, l'ancêtre de l'Hydroptère : amoureux de la mer et propriétaire d’un bateau de croisière, le Garlaban, Paul Ricard fit parler la passion.

La loi Barzac en 1987, interdisant le sponsoring sportif pour les marques d’alcool, condamna le groupe à se retirer de ce domaine.

Dans les arts et la culture, Paul Ricard mit en place dans les années 60 la Fondation Paul Ricard qui avait pour objectif de révéler et de promouvoir de jeunes talents de la littérature, de la peinture et bien d’autres. Il était passionné par la peinture et fit l’acquisition de la fameuse « Pêche au thon » de Salvador Dali. La marque a toujours continué cette politique, même après le départ du patron, avec la création en 1988 de la Ricard SA Live Music qui organise des concerts, dont certains gratuits, avec des stars nationales et internationales.

Paul Ricard s’investit aussi dans la tauromachie, avec les clubs taurins qui aujourd’hui encore participent activement à l’organisation de manifestations et de fêtes autour de cette tradition.

La science n’a pas échappé à la soif de défi, à la « passion de créer » comme il disait : l’affaire des « boues rouges » et des pollutions des usines Pechiney qui défraya la chronique dans les années 60 incita le mécène à faire édifier sur l’île des Embiez, dont il fit l’acquisition en 1958, l’institut océanographique : cet institut, toujours en activité, mit en œuvre de nombreux programmes de recherche sur la biodiversité et la protection de l’environnement. Un aquarium, un musée et de nombreuses journées découverte pour les écoliers complétaient cet ambitieux projet auquel collabora Alain Bombard.

Paul Ricard fit l’acquisition de deux îles : les Embiez, au large de Six-Fours-les-Plages, et qui est un haut lieu touristique de la Côte d’Azur ainsi que l’île de Bendor au large de Bandol,un endroit paradisiaque plus intimiste et plus personnel. Paul Ricard manifesta son amour de la mer et de la nature jusque dans ses derniers jours : il repose aujourd’hui en paix sur une pointe des Embiez, face au grand large.

[modifier] Sources

  • Marie-France Pochna,Paul Ricard, l’homme qui se ressemble, éditions PAU, 1996.
  • Paul Ricard, La passion de créer, Albin Michel, 1981.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

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