Satire
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
- Cet article possède un homophone, voir Satyre (homonymie).
L’objet de la satire est de ridiculiser son sujet (des individus, des organisations, des États…), souvent dans l'intention de provoquer ou prévenir un changement. On attribue généralement la paternité de ce genre littéraire (satura, c'est-à-dire « pot-pourri ») au poète et dramaturge archaïque latin Lucilius (IIIe siècle av. J. Chr.).
Sommaire |
[modifier] Le genre littéraire
L’objet de la satire est de ridiculiser son sujet (des individus, des organisations, des États…), souvent dans l'intention de provoquer ou prévenir un changement. Selon le petit Robert, le sens moderne et courant est : « Écrit, discours qui s’attaque à quelque chose, à quelqu’un, en s’en moquant ».
Il existe plusieurs types de satire :
- la diminution réduit la taille de quelque chose en vue de la faire paraître ridicule ou de pouvoir l'examiner en détail et exposer ainsi ses défauts.
- l'exagération est une technique commune de satire où l’on prend une situation réelle et on l'exagère à un point tel qu'elle devient ridicule. La caricature se rattache à cette technique.
- la juxtaposition compare des choses d'importance inégales, ce qui met l’ensemble au niveau de moindre importance.
- la parodie imite les techniques et le style d’une personne, d’un lieu ou d’une chose en vue de le ridiculiser.
Par contre, à l'inverse de cette grande variété de thèmes, de sujets et de tons, la satire moderne latine (Lucilius) se définit d’un point de vue formel par l’emploi de l’hexamètre.
[modifier] Origine
On a longuement discuté de l’origine de la satire. La critique humaniste de la Renaissance, durant près d'un siècle et demi, crut que la satire était originaire du drame satyrique grec, alors qu'il n'en est rien. Comme l’écrit Quintilien (X, 1, 9) : « satura tota nostra est », la satire est bien une création latine dont la définition proprement dite est un « pot-pourri », autrement dit un genre qui se caractérise par sa souplesse : sujet, ton, rythme, longueur.
[modifier] Origine grecque?
Si un tel schéma de filiation est trop simple, il reste que de nombreux textes grecs possèdent déjà l’essentiel des caractéristiques de la satire latine. On peut notamment lire le Margitès attribué à Homère, parodie de l’épopée, ou bien le portrait de Socrate dans « les Nuées » d’Aristophane (v.218-234), qui n’a rien à envier aux portraits satiriques de l’époque républicaine.
[modifier] Un genre littéraire latin
La satire est typique de la littérature latine, même si les écrivains n’en ont pas l’exclusivité : elle a connu à Rome un fort développement, y compris institutionnel (cf. les vers satiriques prononcés par les légionnaires à destination de leur général : Suétone, Vie de César 49.51.52 par exemple).
« Satura » en latin signifie une sorte de macédoine, un « pot-pourri » ; autrement dit, la satire se caractérise par sa souplesse : sujet, ton, rythme, longueur. Et de fait, on trouve de tout sous le terme « satire » : des « Sermones » d’Horace aux « Satires » de Perse ou de Juvénal, certains « Carmina » de Catulle, les « Épigrammes » de Martial, mais encore maints passages de Sénèque (par exemple le passage sur les embarras de Rome, dans les « Lettres à Lucilius » VI, 56), etc. La notion de genre est donc pour une part inadéquate, et il faudrait peut-être alors parler alors de registre.
La satire, en tant que genre littéraire codifié, dont on attribue la création à Lucilius (de l’œuvre duquel il ne reste que des fragments), est apparue au IIe siècle av. J.-C. chez les Latins.
Les principaux auteurs de satire de l'Antiquité sont :
- Lucilius, dont on possède de nombreux fragments, et auquel de nombreux poètes se réfèrent (notamment Horace).
- Varron, auteur de Satires Ménippées, type particulier de satire reconnaissable à son mélange de vers et de prose, et explicitement placé dans la perspective d’un héritage grec, puisqu’elles font référence à Ménippe de Gadara, cynique grec du IIème siècle avant notre ère.
- Horace qui, par ses Sermones (Conversations), fera de la satire un genre aimable entrecoupant ses quelques critiques de sentences.
- Perse, poète plus obscur, influencé par le stoïcisme.
- Juvénal qui fera culminer la violence des propos, la bile satirique, la condamnation personnelle à son apogée s'attaquant à la société dans tous ses vices : tyrannie, perversités féminines, superstitions, privilèges...
- Sénèque qui émaille ses textes de philosophie morale d’anecdotes piquantes et proprement satiriques. Il est aussi probablement l’auteur d’une satire ménippée : « L’Apocoloquintose du divin Claude ».
[modifier] Chez les Celtes
Les sociétés celtes pensaient que les satires des bardes avaient un effet physique similaire à un sort (voir glam dicinn).[réf. nécessaire]
[modifier] Postérité
[modifier] Antiquité tardive
Le genre s'éteint apparemment à Rome après Apulée, bien que le Grec Lucien de Samosate reprenne encore au IIe siècle l'exemple latin à son compte.
[modifier] Moyen-Âge et Renaissance
Si l'on excepte le Roman de Renart, la satire régulière disparaît durant la période médiévale.
Elle ne réapparaitra en Italie qu'à la toute fin du XVe siècle après la réédition des satiristes latins. Le genre connaît alors un large succès et inspire les meilleurs auteurs :
- Boccace dans le « Décaméron »
- Érasme l'emploie dans certains de ses « colloques » (« L'opulence sordide », « le banquet des grammairiens », « le sermon de Merdard »)
- François Rabelais dans « Pantagruel »
- Cervantès et son « Don Quichotte »
- Jonathan Swift dans « Les voyages de Gulliver »
La satire trouve en France sa réalisation finale chez Boileau. Malgré le succès de Voltaire, elle s'efface petit à petit au cours du XVIIIe siècle en tant que grand genre littéraire au détriment de la parodie, pour se banaliser dans la presse écrite.
[modifier] Médias
- Télévision :
- voir émission satirique
- Presse écrite :
- voir journal satirique
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes