Utilisateur:Yug/Histoire de la Chine contemporaine
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Première guerre de l'opium (1830-1860) |
Seconde guerre de l'opium (1858-1860) |
Crises frontalières et dépeçage de la Chine (1860-1899) |
Modernisation Qing et Mouvements modernisateurs |
Réveil national chinois sous les Qing (1894-1901) |
Chute de la dynastie Qing (1901-1911, l.5) |
Révolution chinoise de 1911 (1911-1912) |
Hésitation républicaine chinoise (1912-1916) |
République chinoise des Seigneurs de la Guerre |
Front uni et décennie de Nankin (1924-1927-1937) |
Deuxième front uni chinois (1937-1945) |
Fin de la guerre civile chinoise (1945-1949) |
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La première guerre de l'opium fut un conflit motivé par des raisons commerciales entre le Royaume-Uni et l'empire Qing en Chine de 1839 à 1842. Il est souvent considéré comme le début de l'hégémonie impériale de l'Occident sur la Chine et qui ne prendra vraiment fin qu'avec la proclamation de la République populaire de Chine en 1949.
Le commerce extérieur de la Chine avant les guerres de l’opium
Le commerce extérieur de la Chine débute dès le XVIe siècle, avec pour premiers partenaires économiques les Portugais (1517) qui se sont installés à Canton (sud-est de la Chine), ils ont fondé en 1550 la cité de Macao. Ensuite viennent les Espagnols aux Philippines (1565), ils y fondent Manille en 1671. Ces pays sont notamment motivés par un objectif missionnaire.
Les Hollandais se positionnent en Indonésie, Batavia (actuelle Jakarta), d’abord installés à Penghu (1603) à côté de Taiwan, puis à Taiwan (1624). Les Russes viennent en voisins par voie terrestre.
En 1685, sous le règne de l’empereur Kangxi (1662-1723), un édit impérial autorise l’ouverture de tous les ports chinois aux bateaux étrangers ; le premier navire arrive à Canton en 1689. Cependant, ce commerce reste très limité car soumis à des règles très strictes : taxes pour les négociants étrangers, obligation de passer par un seul intermédiaire (le marchand de l’empereur) qui prélève des taxes au profit de l’État. En 1720, cet intermédiaire est remplacé par un organisme collégial : le Co-hong.
Sous le règne de l’empereur Qianlong (1736-1796), la politique commerciale s’inverse, elle est limitée dans son étendue et dans son intensité. En 1757, un édit impérial énonce que le Co-hong fixera maintenant les prix et les quantités des marchandises échangées, que les frontières maritimes vont être fermées (sauf Canton) et que les étrangers ne pourront pas s’installer où ils veulent à Canton (pas le droit d’apprendre le Chinois), le but étant d'empêcher les contacts directs.
La Chine repose sur une économie naturelle auto-suffisante, elle n’a pas besoin de beaucoup de produits étrangers, à part quelques produits de luxe (fourrure des Russes, verrerie des Européens…) destinés à la cour chinoise. A contrario, les Européens, plus particulièrement les Britanniques, importent de plus en plus de marchandises chinoises (thé, soie, porcelaine, objets laqués…).
Cet état de fait crée un déséquilibre commercial. Les négociants étrangers demandent l’aide de leur gouvernement. Deux missions diplomatiques verront le jour : la première en 1793 menée par Lord McCartney pour ouvrir d’autres ports. Elle est rejetée par Qianlong qui refuse (en 1796, Qianlong abandonne son trône), la seconde en 1816, dirigée par Lord Amherst, n’a pas plus de succès.
De plus, la Chine, étant autosuffisante, ne veut pas d'échange « marchandise contre marchandise », mais exige d'être payée en monnaie d'argent uniquement. Ceci n'est pas du goût des Britanniques qui, contrairement aux Espagnols, grâce à leurs colonies en Amérique du Sud, ont peu d’argent et beaucoup de marchandises en nature, venant principalement de leurs colonies aux Indes.
Pour répondre à la demande au Royaume-Uni, les Britanniques achètent d’énormes quantités de thé aux Chinois. Ces derniers, voyant que le commerce du thé est très lucratif, se mettent à convertir leurs plantations au détriment d'autres cultures, principalement celle du coton. Du même coup, la Chine ne peut plus vivre en autarcie et doit accepter les échanges de marchandises.
Offensive commerciale des puissances étrangères
Les Chinois connaissaient déjà l’opium, ils ne l’utilisaient pas comme drogue ou stimulant, mais plutôt comme analgésique. C'est à partir du XVIIe siècle, qu'ils ont commencé à l’utiliser comme drogue. Les premiers à leur en vendre furent les Portugais, l’opium venant d’Inde.
Les Britanniques décident de se lancer dans ce commerce des plus lucratifs. Les choses vont s’intensifier au fil du temps et en 1729 entraient environ 200 caisses d’opium par an en Chine. À la fin du XVIIIe siècle, plus de 4 000, et en 1838 plus de 40 000 (vendues par les Américains et les Britanniques).
Les Anglais exigent de se faire payer en lingots d'argent, récupérant ainsi le précieux métal qu'ils avaient cédé dans le commerce du thé. La balance commerciale entre la Chine et l'Empire britannique s'inverse rapidement et dramatiquement en faveur des Anglais. La corruption des fonctionnaires chinois qui contrôlent le trafic de drogue en Chine devient préoccupante et la drogue provoque des ravages dans la population. L'Empereur décide alors de réagir en s'en prenant aux intérêts britanniques.
En 1798, le gouvernement du Premier ministre britannique William Pitt envoie une ambassade à Pékin pour négocier un accord sur les échanges commerciaux sur la base de cette situation nouvelle. L’empereur, refusant de se faire « forcer la main » à cause de l’opium, préfère fermer son pays aux commerçants et aux missionnaires européens.
La réponse des Chinois
Les Chinois vont tenter de réagir avec l’interdiction de fumer l'opium.
Les premières mesures de prohibition
La cour décida de prohiber l’opium. En 1729, un premier édit, proclamé par l’empereur Yong Zheng (1723-1736), promulgue l'interdiction du trafic d’opium, le considérant dorénavant comme de la contrebande.
Cependant le trafic continue, et en 1796, un nouvel édit, proclamé par l’empereur Jia Qing (1796-1821), va confirmer l’interdiction du trafic de l’opium sous peine de mort. Cette fois, des sanctions contre les opiomanes seront également prises.
En 1800, l’empereur va proclamer un nouvel édit qui va confirmer la prohibition de l’opium et interdire sa culture sur le sol chinois ; les dépôts d’opium sont déplacés à Huangpu.
En 1809, une mesure administrative va être prise pour tenter d’entraver le trafic : les navires qui déchargent à Huangpu doivent fournir un certificat sur lequel est indiqué qu’il n’y a pas d’opium à bord. La corruption régnant parmi les fonctionnaires ne permet pas l'application stricte de ces mesures.
Rien ne semble diminuer ou stopper un commerce très lucratif : en 1813, une caisse d’opium indien se vend 2 400 roupies (prix de revient de 240 roupies). En 1821, un nouveau décret chinois annonce que le commerce n’est plus possible à Huangpu, le marché se déplace à Lingding où il va se développer de 1821 à 1839. La Compagnie britannique des Indes orientales (East India Company) décide alors de contourner l'interdiction et augmente ses ventes illégales d'opium en Chine ; de 100 tonnes vers 1800 à 2 600 tonnes en 1838. Le commerce des Britanniques en Chine devient enfin excédentaire, en 1835, il y a 2 millions de fumeurs d’opium en Chine.
La guerre au trafic d’opium
Les autorités chinoises vont répondre de façon plus efficace. L’empereur Daoguang (1821-1851) demande conseil à une dizaine d’experts avant de prendre une décision. Au sein de la cour, il y a des partisans et des adversaires de l’opium : certains veulent légaliser le trafic et d’autres voient le problème financier que cela va poser à la Chine. Un débat va s’engager pendant deux ans. Un de ces rapports va être présenté par le gouverneur général des provinces de Hubei et du Hunan, Lin Zexu (1775-1850).
Celui-ci est plutôt partisan de l’ouverture de la Chine au monde extérieur. C’est un farouche adversaire du trafic et son rapport défend l’interdiction de l’opium. Il propose une série de mesures pour limiter le trafic et la consommation de l’opium. Son texte est fondé sur sa pratique dans ses deux provinces : confisquer les stocks de drogue et accessoires de l’opiomanie.
L’empereur nomme en décembre 1838 Lin Zexu commissaire impérial de la province du Guangdong (Canton), il a pour charge de mettre un terme à l’usage de l’opium.
L’action de Lin Zexu
En mars 1839, Lin Zexu arrive à Canton et établit la liste de toutes les fumeries d’opium, des tenanciers des fumeries et des vendeurs.
Il confisque tous les stocks d’opium de la ville : il donne ordre aux propriétaires de ces stocks de venir remettre la drogue et en échange il leur donne du thé. Ils doivent aussi s’engager par écrit à renoncer à faire du commerce avec les Chinois (vu que tous les propriétaires sont étrangers).
Le surintendant du commerce britannique devra alors coopérer avec Lin. En avril 1839, Lin fait parvenir à la Reine du Royaume-Uni, Victoria, un message pour lui dire que la consommation d’opium est interdite en Chine et lui demande d'en faire cesser le trafic.
En juin 1839, la drogue saisie est détruite, soit 200 000 caisses (1 188 tonnes). Lin édicte un règlement qui stipule que les bateaux étrangers qui entrent dans les eaux territoriales chinoises seront fouillés. L’opinion publique est favorable à cette interdiction.
Au nom de la défense du commerce, lord Melbourne, le Premier ministre de la reine Victoria, convainc le Parlement britannique d'envoyer un corps expéditionnaire à Canton, déclenchant du même coup la première guerre de l’opium.
La fièvre monte
Au Royaume-Uni, environ 300 sociétés commerciales britanniques demandent au gouvernement britannique d’intervenir auprès des autorités chinoises. Certains veulent une intervention officielle des Britanniques pour qu’on leur paie leur marchandise détruite. Une campagne de presse est organisée pour déplorer tous ces incidents entre Britanniques et Chinois.
En Chine, les choses se tendent encore plus et il y a même des affrontements armés entre navires britanniques et jonques chinoises : le premier a lieu en septembre 1839 et le deuxième en novembre 1839. Lin Zexu interdit le port de Canton aux navires britanniques en décembre 1839, l’empereur décide de « fermer pour toujours » Canton aux Britanniques en janvier 1840.
Cette nouvelle parvient au Royaume-Uni. Un débat a lieu en avril 1840 à la Chambre des Communes entre les partisans d'opérations militaires pour la réparation des torts envers leurs commerçants et ceux qui veulent que le Royaume-Uni renonce à vendre de l’opium et du même coup renonce à une guerre. Les premiers auront gain de cause.
La guerre
En avril 1840, une armada britannique est mise sur pied : 16 vaisseaux de ligne, 4 canonnières, 28 navires de transport, 540 canons et 4 000 hommes. Sous le commandement de l’amiral Elliot, ils arrivent au large de Canton en juin 1840. Un croiseur britannique bombarde Canton et occupe l'archipel voisin des Chousan (d'où est tiré le terme de « diplomatie de la canonnière »). Les britanniques attaquent Canton mais sans parvenir à la prendre car Lin a fait planter des pieux retenus par des chaînes dans le port, les bateaux ne peuvent donc pas accoster. Il y a aussi une milice qui défend la ville.
Les Britanniques conquirent Hong Kong (alors un avant-poste mineur) et en firent une tête de pont. Les combats commencèrent réellement en juillet, quand les HMS Volage et HMS Hyacinth défirent 29 navires chinois. Les Britanniques capturèrent le fort qui gardait l'embouchure de la rivière des Perles — la voie maritime entre Hong Kong et Guangzhou.
La cour chinoise prend peur, Lin Zexu tombe en disgrâce (condamné à l’exil) et ils nomment à sa place un aristocrate, Qishan.
Des négociations vont avoir lieu à Canton : Qishan fait démolir les fortifications de Lin, dissoudre la milice en novembre 1840 et réduire le nombre de soldats.
Les trois revendications britanniques :
- La reprise du commerce avec le Royaume-Uni
- Le remboursement des stocks d’opium détruits
- La passation de Hong Kong (anciennement Îles Victoria) dans leur giron.
Qishan refuse. Les Britanniques tentent de le faire plier en attaquant et s’emparant de quelques ouvrages de fortification. Qishan prend peur et accepte les revendications.
La cour chinoise pense que l'acceptation de Qishan ne concerne que la reprise du commerce. En apprenant que cela va beaucoup plus loin, l’empereur décide de destituer Qishan (exécuté en février 1841) et déclare la guerre aux Britanniques le 29 janvier 1841. L’empereur remplace Qishan par Yishan.
En 1841 les forces britanniques occupaient la région autour de Guangzhou, puis ils prirent la ville voisine de Ningpo (de nos jours Ningbo) et le poste militaire de Chinhai.
Les opérations militaires se déroulent dans la province de Canton, les Britanniques se rendent vite maîtres des endroits stratégiques. Yishan va mettre plusieurs semaines à arriver à Canton, il va lancer un assaut contre les Britanniques mais celui-ci est repoussé, les Chinois se replient à l’intérieur de Canton. Yishan va demander l’armistice et une convocation d’armistice (convention sur le rachat de Canton) sera signée le 27 mai 1841. Cette convocation engage les Chinois à racheter Canton 6 millions de dollars aux Britanniques (dont un million le jour même). Mais elle repose sur un double malentendu utilisé par les diplomates britanniques : les Chinois considèrent cette action comme un prêt commercial et les Britanniques n’ont pas renoncé à l’indemnisation des stocks d’opium et aussi à Hong Kong.
Capitulation chinoise
Les Britanniques veulent encore faire peur aux Chinois afin d’obtenir davantage avec une nouvelle négociation. En août 1842, une escadre britannique remonta le Yangzi Jiang jusqu'à Nankin, obligeant le gouvernement de l'empereur Tao-kouang à capituler et à signer le traité de Nankin le 29 août 1842. Ce Traité, donne aux britanniques, le libre commerce de l'opium, la fin de l'obligation de négocier uniquement avec les Co Hong et surtout la concession de l'île de Hong Kong qui sera reprise par la suite.
Les forces britanniques étaient dirigées par Le général Anthony Blaxland Stransham.
La facilité avec laquelle les forces britanniques avaient obtenu la victoire affecta gravement le prestige de la dynastie Quing. Cela contribua certainement à la rébellion Taiping (1850-1862).
Les traités inégaux
Le 29 août 1842, les représentants de la cour vont signer à bord d’une canonnière britannique le fameux Traité de Nankin. Ce traité sera complété plus tard par deux autres traités conclus le 28 juillet 1843 et le 8 octobre 1843 (traité de Humen). L’essentiel va au traité de Nankin. Mais ces 3 traités reconnaissent aux Britanniques des droits :
- 1re clause : la cession de Hong Kong qui deviendra une place militaire et économique
- 2e clause : 5 ports sont ouverts : Xiamen, Canton, Fuzhou, Ningbo et Shanghai. Les Britanniques obtiennent aussi le droit de s’installer dans ces ports et d’y vivre avec leur famille (pour les marchands). Le traité de Humen autorisés également l'édification d'édifices dans ces ports.
- 3e clause : indemnités de guerre (frais + opium) : 21 millions yuan, soit 1/3 des recettes du gouvernement impérial. Échéancier de 4 ans.
- 4e clause : douanes : les commerçants britanniques sont assujettis au paiement de droit sur les importations et exportations, le montant est désormais fixé par les Chinois et les Britanniques.
- 5e clause : droit de la juridiction consulaire : en cas de litige entre un Chinois et un Britannique, juridiction britannique, base des lois britanniques.
- 6e clause : la nation la plus favorisée : si la Chine signe un traité avec une autre puissance, le privilège accordé à la nation en question sera de fait accordé au Royaume-Uni.
D’autres nations (États-Unis d'Amérique, France) demandent les mêmes privilèges que ceux accordés au Royaume-Uni.
- États-Unis : en 1842, revendiquent les mêmes droits commerciaux et légaux. En 1844, ils les obtiennent par le traité de Wangxia (village près de Macao)
- France : Avant la guerre de l’opium, les français étaient mal placés commercialement puis ils obtiennent les mêmes droits en octobre 1844 par le traité de Whanpoa. Ils obtiennent de plus le droit de construire des églises et des cimetières. Quelques jours après, ils obtiennent le droit d’évangéliser.
Les conséquences économiques et sociales de la 1re guerre de l’opium
Après les traités de Nankin, l’économie chinoise s’ouvre aux puissances étrangères et vice-versa. La Chine exporte plus de 100 millions de livres sterling de thé, deux fois plus qu'auparavant. De 12 000, les chinois exportent désormais 20 000 balles de soies en 1840, par le biais des Britanniques. Les commerces étrangers s’emploient à renforcer leur position et s’installent surtout à Shanghai (concession britannique en 1841, concession américaine en 1845, puis concession internationale). Shanghai devient une concession française en 1849 (enclave juridique avec ressemblance avec les quartiers français). Le commerce de l’opium continue de se développer. Il n’est toujours pas légal mais toléré : 40 000 caisses en 1838, 50 000 en 1850, 80 000 en 1863 (double en 25 ans).
Conséquences financières
Avant 1821, la caisse est vendue entre 1 000 et 2 000 dollars mexicains maximum. Après 1838, entre 700 et 1 000 dollars mexicains. La monnaie était le liang (traduit par taël en français). Le liang correspond à un poids d’argent variable. (37 g environ) et 1 liang = 1 000 sapèque (en cuivre). Les Chinois paient en liang. La monnaie d’argent se raréfie en Chine, la valeur augmente au détriment de la monnaie en cuivre. L'inflation monte :
- Avant 1820, 1 liang = 1 000 sapèques
- En 1845, 1 liang = 2 200 sapèques.
Cette hausse se reflète sur les Chinois qui n’ont que des sapèques, les impôts doublent.
Conséquences sociales
A la campagne, les paysans s’endettent de plus en plus auprès des propriétaires fonciers. Les paysans mendient, se font bandits, rejoignent des sociétés secrètes.
En ville : le sort des artisans n’est guère plus enviable. Les produits étrangers (cotonnades et fils) peuvent se déverser sur le marché chinois. Chômage pour certains, d’autres meurent de faim. Entre 1841 et 1849, on dénombre 100 soulèvements populaires environ. La Révolte des Taiping par exemple. Cette colère populaire se déverse contre les étrangers (mouvements d’hostilité) comme à Canton ou à Fuzhou.
La population se retourne aussi contre la cour. La révolte sera matée. En 1851, l'empereur Xian Feng accède au trône, les négociateurs des traités tombent en disgrâce et les Chinois veulent reprendre ce qu’ils ont consenti à donner sous la disgrâce.
Voir aussi
- seconde guerre de l'opium (1856-1860)
- William Jardine
- William John Napier, 9th Lord Napier
La seconde guerre de l'opium dura de 1856 à 1860 et opposa la France et le Royaume-Uni à la Chine. Cette guerre peut être vue comme le prolongement de la première guerre de l'opium, d'où le nom que l'on lui a attribué.
Contexte
Le traité de Nankin, faisant suite à la première guerre de l'opium, ne laissait que cinq ports à disposition des Occidentaux pour le commerce.
Malgré cet accord, les puissances européennes, dont la balance commerciale était largement déficitaire, désiraient étendre leur commerce vers le Nord et vers l’intérieur de la Chine.
De plus, le commerce de l'opium était toujours illégal en Chine. Cependant, le vice-roi de la ville de Canton le pratiquait tout en faisant condamner à mort les étrangers accusés de ce commerce. C'est ainsi que la France et les États-Unis demandèrent, en 1854, des révisions dans le traité de Hangpu et le traité Wangxia. Le Royaume-Uni fit la même demande, citant les articles sur le « traitement égalitaire » dans les statuts des nations les plus favorisées.
En 1854, les ministres occidentaux et américains contactèrent de nouveau les autorités chinoises et demandèrent des révisions des traités :
- Pouvoir pénétrer sans hostilité dans Canton.
- Pouvoir étendre le commerce à la Chine du Nord et le long du Yangzi Jiang.
- Le commerce de l’opium était toujours illicite, ils voulaient le légaliser.
- Les Occidentaux voulaient traiter avec la cour directement à Beijing.
La cour impériale de la dynastie Qing rejeta alors les demandes de révision du Royaume-Uni, de la France et des États-Unis. Dès lors, les puissances occidentales cherchèrent d'autres moyens pour arriver à rééquilibrer une balance commerciale très déficitaire.
La guerre
Les puissances occidentales estimaient que seule la guerre pouvait amener l'Empire chinois à changer position. Dès lors, les puissances occidentales attendirent l'événement qui pouvait amener le conflit. Cet événement eut lieu le 8 octobre 1856, lorsque des officiers chinois abordèrent l’Arrow, un navire chinois enregistré à Hong Kong sous pavillon britannique, suspecté de piraterie et de trafic d'opium. Ils capturèrent les douze hommes d’équipage et les emprisonnèrent. Cet épisode est souvent appelé « l'incident de l'Arrow ».
Les Britanniques demandèrent officiellement la relaxe de ces marins en faisant valoir la promesse par l'empereur de la protection des navires britanniques. Ces arguments furent ignorés par les autorités chinoises. Les Britanniques évoquèrent ensuite l’insulte faite au drapeau britannique par les soldats de l'Empire Qing.
La première partie de la guerre
Bien qu'affaiblis par une mutinerie difficile à réprimer aux Indes, la révolte des Cipayes, les Britanniques répondirent à l’incident de l’Arrow en 1857 en attaquant Canton depuis la rivière des Perles. Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces du Guangdong et du Guangxi, ordonna aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Après avoir pris sans difficulté le fort voisin de Canton, l’armée britannique attaqua la ville elle-même. Les navires de guerre américains, y compris l'USS Levant, bombardèrent Canton. Les habitants ainsi que les soldats résistèrent à l'attaque et forcèrent les assaillants à battre en retraite vers Humen.
Le parlement britannique, décida d'obtenir coûte que coûte réparation de la part de la Chine pour l’incident de l'Arrow, demanda à la France, aux États-Unis et à la Russie de s’allier à elle. La France rejoignit les Britanniques contre la Chine après l’exécution du missionnaire Auguste Chapdelaine (incident dit du père Chapdelaine), par les autorités locales chinoises dans la province du Guangxi. Les Américains et les Russes firent des offres d’aide aux Britanniques et aux Français, mais, finalement, ne les aidèrent pas militairement.
Les Britanniques et les Français joignirent leur force sous le commandement de l’amiral Sir Michael Seymour. L’armée britannique dirigée par Lord Elgin et l’armée française dirigée par le général Gros, attaquèrent et occupèrent Canton à la fin de l’année 1857. Ye Mingchen fut capturé et Baigui, le gouverneur de Guangdong, se rendit. Un comité mixte de l’Alliance fut formé. Baigui fut maintenu à son poste original pour maintenir l’ordre au nom de l’Alliance. L’Alliance maintint Canton sous son contrôle pendant près de quatre ans. Ye Mingchen fut exilé à Calcutta, en Inde, où il se laissa mourir de faim.
La coalition se dirigea ensuite vers le nord pour prendre les forts de Dagu, à côté de Tianjin, en mai 1858.
Le Traité de Tianjin
En juin 1858, le Traité de Tianjin conclut la première partie de la guerre à laquelle la France, la Russie et les États-Unis étaient parties prenantes. Ce traité ouvrit onze ports supplémentaires au commerce occidental. Mais, dans un premier temps, les Chinois refusèrent de le ratifier.
Les points principaux du traité étaient :
- Le Royaume-Uni, la France, la Russie et les États-Unis auront le droit d’établir des missions diplomatiques à Pékin, jusque là, cité interdite.
- Dix ports chinois supplémentaires seront ouverts au commerce étranger, y compris Niuzhuang, Danshui, Hankou et Nankin.
- Le droit pour tous les navires étrangers, y compris les navires commerciaux, de naviguer librement sur le Yangzi Jiang
- Le droit pour les étrangers de voyager dans les régions intérieures de la Chine dont ils étaient jusqu’à présent bannis.
- La Chine doit payer une indemnité au Royaume-Uni et à la France de deux millions de taels d’argent chacune.
- La Chine doit payer une indemnité aux marchands britanniques de deux millions de taels d’argent pour destruction de leurs propriétés.
Les négociations se poursuivirent et, en novembre 1858, le gouvernement central accepta de légaliser le commerce de l’opium : en 1886 le commerce de l’opium porta sur 180.000 caisses (environ 10.000 tonnes). Dès 1878 : 100 millions d’opiomanes chinois. Problème jusqu’en 1906.
Les Chinois acceptèrent que les droits de douane soient extrêmement faibles et que les droits maritimes passent sous contrôle étranger.
La ratification eut lieu plus d'un an après. Le gouvernement chinois laissa traîner les choses et les Britanniques et Français eurent recours à la force pour aller plus vite : 18.000 Britanniques et 7.000 Français s’embarquèrent sur les eaux chinoises.
Le Traité d'Aigun avec la Russie
Le 28 mai 1858, le traité d'Aigun est signé avec la Russie pour réviser les frontières entre la Chine et la Russie telles qu’elles avaient été définies par le traité de Nertchinsk en 1689.
Les Russes s’étendent vers la Chine, car ils ne peuvent s’étendre vers le Proche Orient (guerre de Crimée perdue, 1856). Il y a très longtemps que Russes et Chinois s’étaient entendus sur des frontières communes. Par la suite, les Russes avaient essayé de repousser les frontières (au-delà du fleuve Hei Long) et avaient installé deux forts. Les Russes profitent de la deuxième guerre de l'Opium pour consolider leur avancée. Ils collaborent en sous main avec Français et Britanniques et se posent en médiateur. La Russie gagne la rive gauche de la rivière Amour ainsi que le contrôle d’un territoire hors gel le long de la côte Pacifique, où elle fonde la ville de Vladivostok (le souverain de l’est) (anciennement Haishenwei) en 1860.
Les Russes ont les mêmes privilèges que les autres pays et la Chine reconnaît formellement leurs annexions de plus d'un million de kilomètres carrés de territoires.
La seconde partie de la guerre
En 1859, après le refus de la Chine d’autoriser l’établissement d’ambassades à Pékin comme stipulé dans le traité de Tianjin, une force navale sous le commandement de l’amiral Sir James Hope encercla les forts gardant l’embouchure de la rivière Hai He, mais subit des dommages et fit retraite sous la couverture d’un escadron naval commandé par Josiah Tattnall.
En 1860, une force franco-britannique partie de Hong Kong accosta à Pei Tang, le 3 août, et attaqua avec succès les forts de Dagu le 21 août. Le 26 septembre, la force arriva à Pékin et occupa la ville le 6 octobre. Nommant son frère, le prince Gong comme négociateur, l’empereur chinois Xianfeng se réfugia dans son palais d’été de Chengde. Les troupes franco-britanniques incendièrent les deux palais d’été, le nouveau et l’ancien, à Pékin, après plusieurs jours de pillage. Le vieux palais d'été fut totalement détruit. Cependant, Pékin elle-même ne fut pas prise, les troupes restant cantonnées en dehors de la ville.
La Convention de Pékin
Après la fuite de Pékin de l’empereur Xianfeng et de sa suite, en juin 1858, le Traité de Tianjin est finalement ratifié par le frère de l’empereur, le prince Gong, lors de la Convention de Pékin le 18 octobre 1860, mettant un terme à la seconde guerre de l’opium.
Le commerce de l’opium est légalisé et les chrétiens voient leurs droits civils pleinement reconnus, incluant le droit de propriété privée et celui d’évangéliser.
La convention de Pékin inclut :
- La reconnaissance par la Chine de la validité du traité de Tianjin
- L’ouverture de Tianjin en tant que port commercial, destiné au commerce avec Beijing
- La cession du district de Kowloon au Royaume-Uni
- La liberté de culte en Chine. Les missionnaires catholiques français ont le droit d’acheter des terres et de construire des églises.
- L’autorisation pour les navires britanniques d’amener de la main-d’œuvre chinoise à l'étranger pour remplacer les esclaves récemment affranchis. Ces coolies partiront pour les mines ou les plantations de Malaisie, d’Australie, d’Amérique latine, des États-Unis.
- Le paiement aux Britanniques et aux Français d’une indemnité augmentée à huit millions de taels d’argent chacun
Les années 1860 à 1899 suivant les guerres de l’opium vont être marquées par la pénétration des puissances étrangères en Chine sur les côtes, mais aussi plus profondément à l’intérieur. On assiste à l'émergence d’une nouvelle puissance : le Japon.
Les crises des régions frontalières : le rôle du Japon, du Royaume-Uni et de la Russie
le territoire de l'empire est attaqué sur la façade maritime du Sud-est ainsi qu'aux confins du Sud-ouest et du Nord-ouest.
La façade maritime du Sud-est et le Japon
On parle de l’île de Taïwan, objet de la convoitise des USA vers 1847 puisque des marins en avaient évalué les richesses en charbon pour les bateaux. Ils avaient en 1867 essayé de débarquer en force sur l'île, mais avaient été repoussés par les autochtones. Les Japonais s’y intéressaient depuis longtemps du fait de la proximité géographique : en mai 1874, les aborigènes résistèrent aux Japonais avec l’aide de marins chinois du continent. Les Britanniques et les Américains s'étant posés en médiateurs, le gouvernement chinois ne poussa pas plus avant son avantage et accepta de faire une concession aux Japonais pourtant défaits, leur versant selon les termes du traité de Beijing (octobre 1874) 500 000 liang afin qu'ils renoncent à Taïwan et repartent. Les Japonais modifièrent la vassalité des îles Ryūkyū.
Les confins du Sud-ouest et le Royaume-Uni
En 1852, les Britanniques avaient effectué dans le Sud-est des reconnaissances de terrain afin de déterminer comment acheminer au mieux les marchandises dans la province du Yunnan. En 1874, quand le Japon s’attaque à Taïwan, une unité britannique en provenance de Birmanie (200 hommes) tente de pénétrer dans la province. Un représentant britannique en place à Beijing envoie une délégation à sa rencontre. En février 1875, l’interprète de cette délégation est trucidé. Les Britanniques réagissent à cet affront et menacent la Chine de représailles. En septembre 1876, les Chinois signent le traité de Yantai dont voici les principaux points :
- Le Royaume-Uni obtient le droit d’envoyer des émissaires qui seront chargés d’établir sur place des contrats.
- 4 localités supplémentaires somt ouvertes au commerce international (Wuhan, Wenzhou, Bohai, Yizhang)
- Le Royaume-Uni est autorisée à envoyer des agents en Inde et au Tibet en passant par la Chine.
Les confins du Nord-ouest et la Russie
Dans le cadre de sa politique d’expansionnisme, la Russie impériale veut mettre la main sur le Xinjiang qu’ils possèdent déjà en partie en 1864. En 1870, ils continuent de s’étendre et, de fil en aiguille, s’adjugent encore 500 000 km² en 1892. En 1881 le Traité de St Petersbourg leur assure d’importantes prérogatives économiques et politiques.
La guerre franco-chinoise
Deux régions intéressent les Français : le Tonkin et l’Annam qui font partie du Vietnam.
Première tentative d'annexion française du Tonkin
Les Français s’y intéressent depuis 1866 parce que via le fleuve Rouge, ils peuvent accéder directement à l’intérieur de la Chine. En 1873, une tentative d’annexion échoue et la France renonce. Les choses changent avec la Troisième République (1879-1889). Avec Gambetta, puis Jules Ferry, les Français lorgnent de nouveau sur le Tonkin avec une volonté d’expansion.
L’annexion du Tonkin par la France
En 1883, les Français cherchent de nouveau à s’emparer du Tonkin alors sous contrôle de l'empereur d’Annam. Le conflit tourne à l’avantage de la France, l’Annam et le Tonkin passent ainsi sous protectorat français, qui maintient le principe de la souveraineté indigène. Or, les Chinois prétendent à une suzeraineté sur l’Annam. La Chine refuse donc la convention, d’où un conflit franco-chinois qui devient en juin 1884 un affrontement armé.
La guerre franco-chinoise et ses conséquences
Tout d'abord, les Français ont l'avantage total :
- Attaque de Taïwan et débarquement à Taïpei
- Sous les ordres de Courbet, attaque de l’arsenal de Fuzhou
Forte de son succès, la France réclame le Tonkin au cours de négociations secrètes et renonce à l’indemnité. Mais un petit incident remet le feu aux poudres.
Une petite bataille à Lang Son au Nord du Tonkin se solde par une victoire chinoise, mais les Français reprennent l'avantage le 30 mars 1885. Les Chinois acceptent toutes les conditions. Le 4 avril, le traité de Tianjin est signé, stipulant que la Chine renonce à l’Annam.
La France était déjà présente en Cochinchine et au Cambodge. Avec l’Annam (et le Laos), elle contrôle tout l’Est de la péninsule indochinoise. En 1891-93 est créée la Confédération indochinoise, composée de la Cochinchine et des quatre protectorats.
La Guerre sino-japonaise (1894-1895)
Dix ans après ces évènements, un conflit similaire oppose la Chine et le Japon.
Raisons et prétexte du conflit
Les Japonais s’intéressent à la Corée pour des raisons géostratégiques (menace potentielle de la part des coréens et des russes) et aussi pour ses ressources en minerai de fer. Une première tentative d'annexion avait échoué en 1882.
Au printemps 1894, un soulèvement paysan à lieu en Corée. Les dirigeants appellent la Chine à la rescousse. Trois mille hommes sont envoyés, mais quelques années avant un traité avait été conclu, selon lequel la Chine devait prévenir le Japon de toute action militaire en Corée. Le Japon envoie donc 18 000 hommes. Lorsque les Chinois arrivent, le soulèvement a déjà tourné court, mais les Japonais refusent de partir sous prétexte d’aider les Coréens. En juillet 1894, ils installent un gouvernement à leur solde et déclarent la guerre aux Chinois le 1er août.
Le conflit
Il va durer six mois. Confrontés à une armée sophistiquée, les Chinois sont battus. En février 1895, les forces japonaises pénètrent sur le territoire chinois et entrent à Beijing. Le traité de Shimonoseki (nom d’un port Japonais) est signé. Cette victoire japonaise est une surprise pour les diplomaties européeennes qui voyaient encore le Japon comme un pays médiéval, plus petit et donc moins puissant que la Chine. L'Occident découvre qu'il devra compter avec la puissance Japonaise.
Le règlement du conflit et la paix de Shimonoseki
Selon le traité de Shimonoseki signé le 17 avril 1895, la Chine accepte les conditions suivantes :
- Elle renonce à toute influence en Corée.
- Elle cède au Japon plusieurs territoires : péninsule de Liaodong, Lüshun (Port-Arthur), Taiwan et les îles Penghu
- Elle s’engage à verser au Japon sur 8 ans une indemnité de 200 millions de liangs ; les Japonais occupent Weihaiwei dans le Shandong jusqu'au versement intégral.
- Elle accepte d’ouvrir au commerce extérieur plusieurs de ses villes : Shashi dans le Hubei, Chongqing, Suzhou dans le Jiangsu, Hangzhou dans le Zhejiang.
- Elle concède aux Japonais le droit de construire des usines commerciales dans les villes.
Vis-à-vis des autres puissances étrangères, le Japon, tout en se hissant au rang de l'Occident, apparait comme un nouveau concurrent économique.
Le dépeçage de la Chine
Les puissances étrangères se partagent l'empire et acquièrent chacune une zone d’influence.
Les puissances étrangères modèrent le traité de Shimonoseki
L’occupation de la péninsule du Liaodong par le Japon contrarie les Russes, qui ont des visées sur le Nord-est de la Chine. Depuis 1891 ils ont commencé à construire le Trans-sibérien et espèrent mettre la main sur Port-Arthur, mais le traité de Shimonoseki les oblige à y renoncer. Leurs troupes sont insuffisantes pour envisager une guerre avec les Japonais, aussi ont-ils recours à une solution diplomatique : convaincre les autres puissances de la nécessité d’une intervention commune pour limiter les ambitions japonaises en leur reprenant la péninsule. Les allemands et les français se rallient aux russes, mais les britanniques refusent d’intervenir contre le Japon. En avril 1895, les 3 pays demandent officiellement au Japon de renoncer au Liaodong. Le 7 mai 1895, le Japon accepte avec une condition : que les Chinois le leur rachètent 30 millions de liangs. Dès 1898, les Russes s’emparent de Port-Arthur, mais la Japon reprendra à la Russie ses possessions du Nord-Est après sa victoire dans la guerre russo-japonaise de 1904-1905.
Les avantages économiques
En juillet 1895, un groupement de banques russes et françaises accordent un prêt de 100 millions de liangs à la Chine pour le rachat du Liaodong, des banques britanniques et allemandes également. En échange, la France obtient le droit de construire une voie ferrée reliant le Tonkin au Yunnan, d’exploiter des mines en Chine du Sud, et un régime préférentiel pour les droits de douane des marchandises en provenance du Tonkin. Le Royaume-Uni obtient la promesse de garder l’administration des douanes maritimes.
Les avantages territoriaux
En 1898, les puissances étrangères passent des accords pour la répartition des zones d’influence :
- l’Allemagne s’empare du Shandong et de la basse vallée du Fleuve jaune.
- la Russie obtiennent la Chine du Nord-est et la Mongolie.
- la France et le Royaume-Uni obtiennent la Chine du sud-ouest
- le Royaume-Uni ajoute à sa zone d'influence le Tibet et le bassin du Yang Tse.
- le Japon contrôle la province du Fujian.
La politique américaine de la « porte ouverte »
Les États-Unis ne sont pas là au moment du partage. En 1898, ils font la guerre à l’Espagne à propos de Cuba. Cuba deviendra indépendant et les Espagnols cèdent les Philippines aux États-Unis, qui deviennent donc une puissance asiatique. A ce titre, le 6 septembre 1899, ils adressent une note aux puissances occupant la Chine, dans laquelle ils exposent la politique de la porte ouverte, c’est-à-dire que l'intégrité territoriale et administrative de la Chine doit être préservée et que leur accès aux ports de traité ne doit pas être compromis. Les Américains veulent lutter contre les tarifs préférentiels, pour les voies ferrées et les ports par exemple. Les puissances étrangères vont tout d'abord atermoyer en répondant chacune qu'elles ne peuvent accéder à la demande américaine sans avoir consulté les autres. Finalement, en mars 1900, les États-Unis proclament unilatéralement l'acceptation de leurs demandes. Seul le Japon conteste ce fait, la "politique de la porte ouverte" entre donc en application.
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L'humiliante défaite des guerres de l’opium a donné forme à deux mouvements de contestation, l'un par le bas contre le pouvoir mandchou, l'autre par le haut sous la forme d’une tentative de modernisation de l'économie par les élites. La vie politique chinoise de 1865-1894 se caractérise en grande partie par ces deux volontés modernisatrices et par le conservatisme d'autres puissants, notamment l'impératice Cixi.
Le contexte et l’époque
Les problèmes qui se posent
- A/ PROBLÈMES ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX
L'expansion démographique rapide entraîne des famines et leurs effets sociaux : émeutes de la faim réprimées sévèrement. Entre 1841 et 1849, il y aura plus de cent insurrections de ce type. Devant l'impossibilité de vivre de la terre, les paysans se font militaires, coolies ou bandits. Les pertes en impôts de ces années de guerre se font lourdement sentir.
- B/ PROBLÈMES ETHNIQUES
Une grande partie des Hakkas, ethnie constituée autour d'un aggrégat de Hans ayant fui le Nord de la Chine en plusieurs vagues depuis le IIIe siècle, rejoints par de récents arrivés fuyant les raids mongols, s'installent dans le Guangdong et le Guangxi où ils occupent, comme d'habitude, les emplois et les terres dont personne d'autre ne veut.
- C/ PROBLÈMES POLITIQUES
Les Mandchous ont apporté la preuve qu’ils étaient incapables de résister aux puissances étrangères. Cette constatation suscite des soulèvements populaires.
La réaction par le bas : les mouvements populaires d’opposition
Entre 1850 et 1860, l’autorité impériale est contestée partout et parfois refusée complètement. Ces mouvements simultanés n'ont aucune connexion d'ensemble. Ils sont chacun l’expression de problèmes distincts.
Le Mouvement des Taiping : va apparaître en Chine centrale, se présentant comme un pouvoir impérial dissident, avec Nanjing pour capitale. De 1851 à 1864, le mouvement résiste. C'est un mouvement protocommuniste de paysans révoltés contre les propriétaires fonciers. Les Taiping s’opposent à la dynastie mandchoue sur le plan religieux car leur chef proclame une théocratie qui prétend se rattacher au christianisme, et aussi sur le plan politique, considérant l'autorité mandchoue comme « une force d’occupation ».
Le Mouvement des Nian, actif dans 6 provinces entre 1851 et 1868, est la première des insurrections de minorités musulmanes dans le Sud-ouest de 1855 à 1873 et dans le Nord-ouest de 1863 à 1878.
L’intrusion des étrangers a joué un rôle dans la naissance de ces mouvements :
- Sur le plan économique : l’ouverture de la Chine aux marchands étrangers a eu deux conséquences : les portefaits et les bâteliers ont disparu et grossissent les rangs des Taiping.
- Sur le plan politique : les Mandchous se sont montrés incapables de résister aux puissances étrangères, décrédibilisant l’empereur.
Les forces impériales ont du mal à venir à bout des insurrections et font appel à d’autres forces. Ce sont des milices constituées dans les provinces les plus menacées, levées par la « gentry » pour aider les forces impériales, notamment Zeng Guofan (1811-1872) qui œuvre dans les provinces Centre-sud, ou Li Hongzhang (1823-1901) dans la province de Anhui. Ce soutien de la « gentry » au gouvernement mandchou inaugure un régime dyarchique.
La réaction par le haut et le diarchie sino-mandchoue
On peut distinguer deux pôles au sein du pouvoir : le pouvoir central qui correspond aux Mandchous et le pouvoir local qui correspond aux Chinois. Il existe également une scission entre les ultraconservateurs et les réformateurs et modernisateurs.
Les ultraconservateurs : les Mandchous
Régnant depuis 1851, l’empereur Xianfeng meurt en 1861. Il a pour successeur son fils âgé de 5 ans Tongzhi (1856-1875), dont le règne est régenté par sa mère Cixi (1835-1908). L’empereur avait avant de mourir créé un conseil de régence, mais Cixi fait un coup d’État et va gouverner au nom de son fils jusqu'a sa mort en 1875. Elle s'arrange alors pour que la succession aille à son neveu Guangxu (1871-1908) âgé de 3 ans, de sorte qu’elle reste impératrice douairière jusqu’en 1908. Elle regroupe les éléments les plus conservateurs du pouvoir qui pensent que la Chine n'a aucune leçon à recevoir de « pays barbares », tout en menant une politique conciliatrice vis à vis des puissances étrangères. En politique intérieure, elle va laisser agir les modernisateurs, mais s’arrange pour faire échouer les tentatives de réforme.
Les modernisateurs : les Chinois
Ils veulent moderniser la structure économique du pays et s’opposent aux diverses rébellions qui, pensent-ils, menacent le pays. Ce sont des hommes nouveaux qui ont fait leurs preuves à la tête des milices qu’ils ont levées: Zeng Guofan, Li Hongzhang et Zuo Zongtang.
Objectifs et mobiles des modernisateurs
Objectifs
Mettre la Chine à l’école de la société occidentale pour obtenir sa technique tout en conservant l’ordre social chinois jugé supérieur, et collaborer avec les puissances étrangères. C’est pourquoi on appelle ke mouvement modernisateur « le mouvement des activités à l’occidentale ».
Mobiles
Tout d'abord, combattre les ennemis intérieurs tels que les Taiping qui fragilisent la Chine. Les puissances étrangères réalisent des bénéfices à cette occasion en vendant des armes qui serviront à combattre l’ennemi intérieur
Ensuite, combattre l’ennemi extérieur en se dotant d’une flotte militaire crédible permettant la défense et l'attaque en dehors des eaux teritoriales, et stimuler le développement de industrie non seulement militaire, mais aussi civile.
Le programme des modernisateurs
Ils vont s’investir en premier dans le secteur militaire et acquérir une armée et une marine moderne. Le mouvement va durer 30 ans (1865-1894). On y distingue trois sous-périodes :
- De 1865 à 1872 : construction d’arsenaux modernes et création d’entreprises qui touchent au secteur militaire
- De 1872 à 1885 : création d’entreprises modernes moins directement liées à l’industrie militaire
- De 1885 à 1894 : mise sur pied une marine de guerre moderne et création d'aciéries
Première phase de modernisation
De 1865 à 1872 : le mot d’ordre est « auto-renforcement », c'est-à-dire renforcement de l’armée pour faire face à la menace ennemie. Les modernisateurs vont construire un ensemble d’usines d’armes et de munitions, des chantiers navals, etc. La particularité des ces entreprises est qu’elles sont largement tributaires de l’étranger car le personnel est formé par des techniciens occidentaux et les machines viennent de l’étranger. L’essentiel de l’activité économique est dominée par les importations, et c'est surtout le secteur militaire qui se développe.
Deuxième phase de modernisation
De 1872 à 1885 : le mot d’ordre devient « richesse et puissance ». On assiste à la naissance d’entreprises industrielles civiles qui font appel à des capitaux propres privés. Une vingtaine d’entreprises voient ainsi le jour, (ex : compagnie de navigation marchande à vapeur), suivies d'une centaine d'autres jusqu’en 1894. 30 000 ouvriers seront employés dans ces usines.
Les domaines concernés sont principalement l'industrie de la soie (filature et tissage), les minoteries, la fabrication d'allumettes, l'exploitation des mines de charbon. Ces industries connaissant une certaine prospérité dans un premier temps, qui n'aura cependant quasiment aucun effet sur l’ensemble de l'industrie nationale à cause de l’attitude du gouvernement qui y voit avant tout une source de recettes fiscales. Les élites anciennes se sentent menacées et n'encouragent pas le mouvement. D’autre part, ces entreprises modernes sont trop dépendantes pour leurs approvisionnements des entreprises étrangères. Elles doivent faire face à la concurrence des produits importés, qui bénéficient de toutes sortes d’avantages grâce aux traités inégaux, et de la production des entreprises étrangères créées sur le sol chinois et employant une main d’œuvre locale, qui ont accès au marché chinois tout en disposant d'un réseau financier de plus d’une dizaine de banques étrangères.
Troisième phase de modernisation
1885 à 1894 : création d’une flotte et d'aciéries. Une partie des navires (24 en 1884, 67 en 1894) sont achetés aux Britanniques et aux Allemands. En 1885, le ministère de la Marine est créé. Néanmoins, la flotte chinoise reste dépendante de l'étranger. Les aciéries commencent à fonctionner vers 1894 avec des rendements peu élevés.
Modernisation culturelle
On assiste à la création d’instituts de langues étrangères, et d’un institut du savoir occidental où on forme les Chinois à des techniques empruntées à l’Occident (Canton, 1880). En 1881, une école navale et une école de médecine militaire ouvrent.
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La période de 1894-1901 est qualifiée de « réveil national chinois ». Non seulement la Chine est soumise, monopolisée par les puissances occidentale depuis les guerres de l'Opium, mais l'exemple du Japon, sa brillante Ère Meiji, et sa victoire lors de la guerre sino-japonaise de 1894 souligne encore davantage les faiblesses, incompétences et paralysies du régime mandchoue. Se développe alors un double courant modernisateur. D'une part par les fonctionnaires et responsables, mandchoues et chinois, qui veulent conserver l'Empire mais le moderniser à l'occidentale, comme l'ont fait les japonais, et dont l'action la plus éclatante sera la réforme des 100 jours (1898). D'autre part par un mouvement populaire nationaliste, pro-chinois, anti-mandchou, anti-étrangers, anti-chrétiens, dont la manifestation la plus éclatante sera la guerre des boxers.
Le réveil national en haut de la société : la réforme des 100 jours
La guerre sino-japonaise de 1894 et le traité de Shimonoseki a eu un effet négatif sur la population, la gentry conservatrice et modernisatrice se sent également dégradée par cette défaite chinoise.
Apparition du courant réformateur
De nouveaux notables (les « nouveaux lettrés ») tendent à prendre en influence, ils veulent et pénétre le milieu d’affaire, l’industrie et le commerce. Ils sont formés dans des écoles de missionnaires et issus de ports et de villes ouvertes aux étrangers et sont donc davantage sous l'influence de la modernité occidentale. Dans les années 1870, 80, 90 des intellectuels Chinois vont être influencés par le capitalisme et tentent de publier leurs idées sur la situation du pays et commencent à parler de réforme.
Notamment Kang Youwei (1858-1927), Liang Qichao (1873-1929), Tan Sitong (1865-1898), Yan Fu (1853-1921).
Ces réformateurs sont plus jeunes que les animateurs modernisateurs et sont critiques vis-à-vis de ce mouvement. Ils ne veulent pas seulement prendre sa science à l’occident mais aussi procéder à une réforme politique. Leurs idées n'atteignent d'abord pas l’Empereur. En 1895, Kang Youwei lance une pétition dans laquelle il réclame à l'Empereur que soit rejeté le traité de Shimonoseki, il demande aussi que des réformes monétaires, administratives et militaires soient mises en œuvre. Ce texte ne parvient pas à son destinataire mais sera diffusé à 10.000 exemplaires qui circuleront, et dont les idées seront diffusées. En 1897, le texte arrive dans les mains de l’empereur.
Conservateurs et réformistes à la cour
L’empereur Guangxu (1871-1908), 26 ans, est séduit. Mais il est reste isolé au sein de la Cour impériale et ne détient pas réellement les reines dun pouvoir : c'est sa tante Cixi qui gouverne. Il commence à défendre les vues modernisatrices, les réformistes de la Cour commence à s'opposer aux conservateurs et Cixi. Le 11 juin 1898, il promulgue un édit affirmant la nécessité de moderniser la Chine sur le modèle Occidental, puis appel Kang Youwei afin de mettre en œuvre des réformes d’urgence : la Chine doit être capable d’accomplir en 3 ans ce que le Japon à effectué en trente (cf: ère Meiji)
La réforme des 100 jours (1898)
Du 11 juin 1898 au 21 septembre 1898 (103 jours) une tentative de réforme imposé par Guang Xu et Kang Youwei, des décrets sont promulgués touchant aux domaines de l’économie, de l’armée, de la culture et de l’éducation et au total 110 ordres impériaux. Mais ces réformes proposes aussi d'établir une Monarchie constitutionnelle afin de clarifier le pouvoir du souverain. Mais ni Cixi, ni Guang Xu ne souhaite ces dernières réformes, mais ces textes vont être adoptés grâce à un gouverneur. Les conservateurs ne s’opposent pas ouvertement aux réformes mais, aidés de l'ambitieux général Yuan Shikai (1859-1916) : ils effectuent un coup d'État en faveur de Cixi. Tan Sitong se fait exécuté tandis que Kang Youwei et Liang Qichao s’exilent au Japon. Le 22 septembre 1898, un acte impérial annule tous les décrets pris durant les 3 mois précédant. La réforme est tuée.
Le réveil national sur le plan populaire : la révolte des boxers
En 1896, 1897, 1898, dans le sud de la province du Shandong un certain nombre d’émeutes éclatent visant des missions religieuses elles sont organisées par des sociétés comme la Société des Grands Couteaux mais aussi les Boxers (ou Yihequan).
Les Boxers : société secrète et anti-étrangers
Cette société secrète est une dissidence religieuse, politique et sociale c'est-à-dire qu’il y a une dimension antidynastique contre les mandchous, antiétrangère et donc antimodernisation. Ils s'opposent donc en partie aux réformateurs qui considère nécessaire de copier l'étranger, de moderniser, et se contenterait largement d'une monarchie constitutionnelle.
Les boxers vont s’attaquer aux différentes formes de présence étrangère, notamment religieuse et économique. Il y avait en effet, à la fin du XIXe siècle, plus de 3300 missionnaires étrangers pour 800 000 croyants Chinois. Les présences est officiellement tolérée, mais elle pose problème lorsque les chrétiens construisent des églises sans respecter le feng shui, perturbant l'équilibre que les chinois s'emploient à mettre dans leurs constructions. Il est également reproché aux occidentaux de faire pression sur les magistrats dans les affaires judiciaire. De façon générale les occidentaux sont accusés de corruption et de non respect des croyances chinoises. Les boxers s’en prennent donc aux constructions étrangères et aux signes de modernité : lignes télégraphiques et rails de chemin de fer arrachés détruits, etc.
Montée des Boxers, réactions étrangères et gouvernementales
- A/ La montée en puissance des Boxers
A la fin de 1899 les attaques Boxers se multiplient, incendiant des églises, chassant les missionnaires et s’attaquant aux fonctionnaires Chinois qu’ils accusent de corruption. Dans la province du Shandong, province natale de Confucius, on trouve plus d’un millier d’églises ! Les autorités chinoises envoient leur plus puissant génral, Yuan Shikai, et les boxers quitter le Shandong pour le Zhili (province qui n’existe plus). Arrivés là bas ils se joignent aux Boxers locaux, progressent vers Tianjin puis vers Beijing qu’ils controlent durant l’été 1900, y tenant en échec les troupes impériales. D’autres mouvements Boxers apparaissent dans le Shanxi, le Henan, en Mongolie intérieure et dans le nord-est de la Chine. A l'opposé de Kang Youwei qui voulait moderniser la Chine en copiant l'occidant, les Boxers renient farouchement l'occidant, détruisant tout ce qui est moderne et la marque d'étrangers, faisant reculer la modernisation matérielle de la Chine (usines, télégraphes, trains, etc.).
- B/ La réaction des puissances étrangères
Les nations étrangères demandent aux mandchous de stoper les Boxers et menacent d’ouvrir les hostilités. En Juin 1900, Royaume-Uni, États-Unis, France, Allemagne, Japon, Russie, Autriche, Italie (8 pays) se coalisent pour protéger leurs resortissants et intérêts en Chine, et reprennent rapidement Tianjin.
- C/ La réaction des autorités Chinoises
Cixi a peur que les puissances étrangères et passe une alliance tacite avec les Boxers leur faisant savoir qu’il faut que les étrangers soient supprimés. La situation devient de plus en plus dangereuses pour les occidentaux présents sur le territoire chinois.
Conflit Chine-occident
Tandis que les Boxers semblent réussir à s'imposer, les étrangers sont de plus en plus menacé.
- Le 19 juin, les délégations étrangères à Beijing sont « pour leur sécurité » officiellement invitées à quitter la capitale sous 24 heures, les autorités chinoises proposent de les ramener au port de Tianjin.
- Le 20 juin, Von Ketteler, abassadeur allemand, est assassiné et les puissances étrangères soupçonnent un double jeu des autorités chinoises.
- L'après midi du 20 Juin : les troupes chinoises assiègent les légations ou sont réfugiés les diplomates étrangers.
- Le 21 juin 1900 Cixi annonce que les Boxers sont la milice royale et déclare la guerre aux étrangers.
Alors qu'il y avait juste une révolte et des autorités chinoises débordées, il y a maintenant une association Boxer-autorités chinoises en guerre ouverte contre les étrangers.
- A/ L’offensive Chinoise : le siège des légations
Durant 55 jours, les chinois font le siège du quatier étrangers où 473 civils étrangers deumeurent (225 hommes, 149 femmes, 79 enfants) et plus de 3000 chrétiens chinois et 451 soldats étrangers. Pourtant, le chef militaire chinois se contente du statu-co, n'attaquant pas : il veut minimiser les pertes, afin de minimiser les indemnités de guerre que les étrangers demanderont lorsqu'ils reprendront le controle.
- B/ La contre-offensive des puissances étrangères : l’expédition internationale
Les gouvernements étrangers forment une nouvelle armée de coalition sous commandement allemand et plus anglais. A compter de Tianjin le 4 août 1900 et arrivée à Beijing en 10 jours, cette coalistion libère les assiégés le 15 août 1900, la ville de Beijing est mise à sac par les soldats étrangers. Déguisé en paysans, Cixi et son entourage doit s'enfuire à Xi’an. Le 16 janvier 1901, une nouvelle paix humiliante est imposé, c'est le Protocole de 1901.
Le Protocole de 1901
Les puissances étrangères s'accordent d'abord difficilement, puis débutent les pourparlés avec la Chine, et les termes sont formalisés le 7 septembre 1901
- A/ Pour les coupables :
Les puissances étrangères demandent l’exécution ou l’exil des principaux coupables, de sanctionner des fonctionnaires qui ont aidé les boxers (10 haut fontionnaires pro-boxers sont décapité), puis l'interdiction des sociétés anti-étrangères et la destitution à vie des fonctionnaires locaux qui ont manqué de poigne à l’égard de ces sociétés. Le gouvernement s’engage à réprimer tout nouveau mouvement contre les étrangers. Enfin, l’on suspend les examens de recrutement des fonctionnaires civils et militaires dans les districts où les boxers se sont manifestés pendant 5 ans.
- B/ Le controle sur la Chine est renforcé :
- une surveillance militaire est imposé et la Chine n’aura pas le droit d’importer des armes pendant deux ans.
- Création d’un quartier de délégation plus facile à protéger
- Un ministère des affaires étrangères -sous tutelle étrangère- est créé et a préséance sur les autres ministère.
- C/ Réparation financière :
La Chine s’engage à verser une indemnité de 450 millions de liang sur 39 ans.
Le protocole est signé, l’impératrice douairière est toujours à Xi’an et revient à Beijing en janvier 1902, cette défaite semble avoir montrer une fois de plus la supériorité militaire étrangère, et certains signes semblent montrer qu'elle tend à accepter la nécessité de moderniser l'État chinois.
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La Révolte des Boxers s’est mal terminée pour les chinois, le coût financier fut important, du fait des destructions sytèmatiques des produits modernes et étrangers. Russes et Japonais en profitent pour avancer davantage au détriment de la Chine, ainsi que les autre puissances par le Protocole de 1901. Le 8 janvier 1901, un édit impérial est promulgué qui annonce le ralliement de la Chine à une politique de réformes (même programme qu’auparavant dont Ci Xi n’avait pas voulu mais avec un volet institutionnel puisque la monarchie constitutionnelle reste). Les réformes sont mises en place entre 1901 et 1910, mais l'élite dirigeante chinoise se divise entre ceux favorables aux réformes et les conservateurs, qui y freinent le plus possible. L'agonie de Cixi en 1908 encourage les espoirs réformateurs, mais la mort subite du jeune empereur Guangxu (14 novembre 1908) les laisse sans leader dynastique. À la mort de Cixi le lendemain (15 novembre 1908), ce sont les conservateurs qui reprennent le controle du gouvernement, stopant les réformes promises, affaiblissant donc les réformateurs et encourageant les républicains révolutionnaires.
La réforme de l’enseignement
Les réformes vont concerner le système des examens et l’organisation du cursus scolaire avec de surcroît la création en mai 1906 d’un ministère de l’instruction.
Réformes des examens
Depuis 13 siècles il y avait un système d’examens avec des compositions en huit parties (très formaliste). Le nouveau système au lieu d’interroger sur les classiques confucéens on interroge aussi sur l’histoire de la Chine et sur les pays étrangers
Réformes scolaires
L’état était peu engagé dans la majorité des établissements visés puisqu’ils sont privés. Peu d’enseignement public. La réforme prévoit d’instaurer un réseau plus large. À l’échelon du pays on instaure des écoles primaires (7-12 ans) ensuite au niveau des sous préfectures des écoles primaires supérieures (12-16 ans) enfin dans les préfectures des écoles moyennes (16-21 ans) et pour les capitales de province des écoles pour les 21-28 ans. À Beijing, une université est créée en 1902. Un dispositif d’École Normale était fait pour les maîtres. L’enseignement n’est pas obligatoire et n’est gratuit qu’au premier niveau. À partir du niveau moyen, on enseignait les langues étrangères.
Le bilan
En termes quantitatifs : en 5 ans le nombre d’écoles a été multiplié par 10. En 1909, plus de 100000 écoles et durant la même période de 92 000 élèves à plus d’1 million et demi. En revanche en terme qualitatif on obtient des résultats mitigés du fait de mauvais professeurs confucéens de sorte que les autres matières étaient négligées. On encourage les étudiants Chinois à partir pour l’étranger. En 1902, 271 Chinois sont partis au Japon et en 1907 ils étaient 1500.
Réformes militaires
Pour l’essentiel, elle concerne la formation militaire et l’organisation de l’armée
La formation militaire
Même système de concours calqué sur les épreuves littéraires plus d’autres épreuves. On calque sur le système occidental les écoles d’officiers.
L’organisation de l’armée
Quelques exemples : on partage l’espace Chinois en 20 régions militaires, on crée de nouvelles institutions : un ministère de la guerre en 1906 et un état major général. On va mettre en place un service des écoles militaires.
Le bilan
Pour mesurer les progrès, on constate qu’en 1910 il existe 3 armées modernes : la première se trouve dans le Zhi Ni (Hebei en 1928) sous le commandement de Yuan Shikai et qui compte 40 000 soldats on l’appelle l’armée du Nord (Beiyang). La deuxième dans le Hubei et la troisième dans le Hunan. Néanmoins, gros point noir malgré le ministère de la guerre la centralisation n’est pas bonne puisque chaque armée est autonome.
La réforme de l’administration
Il s’agit de moderniser l’état et de renforcer sa centralisation. Mais d’abord la bureaucratie
La bureaucratie dans la Chine impériale
A. Les traits caractéristiques de l’administration
Trois traits stables sur le long terme - l’administration est à la fois complexe et hiérarchisée et on distingue l’administration centrale de l’administration provinciale - les fonctionnaires sont des lettrés. Depuis la dynastie des Song (900 – 1200)les fonctionnaires sont recrutés exclusivement sur concours. Le traitement et le privilège dépendait du rang et le rang du titre (bachelier/ licencié/ docteur). - Les fonctionnaires avaient des pouvoirs exécutif et judiciaire avec toutefois une nuance puisque les fonctionnaires n’exerçaient jamais dans leur province d’origine.
B. Les problèmes de l’administration - Un problème d’archaïsme puisqu’une culture classique de Confucius - Un problème d’effectif : en 1850 pour gouverner 450 millions de sujets, l’empereur de Chine disposait de 40 000 fonctionnaires (civils et miltaires). Deux procédés permettent tant bien que mal de gérer : on a mis en place une sous-bureaucratie hors statut. Ces auxiliaires étaient au nombre de 1million et demi. Quantités de choses étaient prises en charge par l’état et on été privatisées.
L’objectif de la réforme
L’objectif pour les Chinois, par référence au Japon est de créer un état fort. On va substituer la technocratie (savoir) à la virtuocratie (vertus confucéennes)
A. La réforme de l’administration centrale
On crée de nouveaux ministères : ministère des affaires étrangères (1901), ministère du commerce (1903), ministère de la police (1906, ministère de l’instruction (1906), ministère de la guerre (1906). Par ailleurs un règlement est adopté pour régir l’administration centrale (égalité mandchoue/Chinois). On supprime le cumul des mandats.
B. L’administration provinciale
On décide de spécialiser les tâches administratives et judiciaires : c'est-à-dire que des personnes ne peuvent plus faire les deux. Par la suite on hiérarchise les tribunaux et on insiste sur une organisation locale et centrale de la police.
Le bilan
Pour être efficace cette réforme aurait nécessité une réforme du système fiscal et budgétaire. L’empereur peut dépenser ce qu’il veut et le système de collecte des impôts n’est pas très efficace, ce qui entrave la budgétisation.
La réforme constitutionnelle
La réforme la plus importante est que cette réforme intègre un volet constitutionnel.
Le principe de la monarchie constitutionnelle est adopté
En juillet 1905, la Cour Impériale va dépêcher à l’étranger (Europe, États-Unis, Japon) une mission de 5 fonctionnaires pour prendre chez chacun ce qu’il y a de meilleur. En septembre 1906, un édit impérial est promulgué qui indique qu’après un certain temps de préparation la Chine adoptera une constitution. En septembre 1907, deux autres édits sont publiés préconisant la tenue d’une assemblée constituante pour l’un et pour l’autre la tenue d’une assemblée provinciale délibérante au sein de laquelle on fait l’apprentissage des débats parlementaires. Les choses sont ralenties par les personnes qui ne souhaitent pas la constitution. En Août 1908, on se montre plus concret : les autorités chinoises disent qu’il n’est pas question d’instaurer la constitution avant un délai de 9 ans et ensuite qu’on centre entre les mains de l’empereur tous les pouvoirs et le parlement n’a qu’un rôle consultatif. Un événement va porter un coup d’arrêt aux réformes : Cixi est mourante, Guangxu meurt le 14 novembre, Cixi le 15 novembre 1908. Le successeur au trône est un enfant l’arrière neveu de CiXi : Puyi qui règne jusqu’en 1912 et son père règne à sa place, c’est Zai Feng (1883-1952), le frère de Guang Xu. Mais Zai Feng est un conservateur et n’a de cesse de faire échouer la réforme. Il fait le ménage à la cour à commencer par Yuan Shikai qui doit rentrer au Henan.
L'accélération de la réforme
Des partisans pacifistes de la réforme demande l'instauration d’un parlement par le biais de pétitions. Des groupes révolutionnaires organisent des soulèvements armés et des attentats. Mesures de Zai Feng :
- Octobre 1909 Convocation dans toutes les provinces d'assemblées destinées à préparer la formation d'une assemblée nationale consultative. Il y a de grands électeurs.
- Ces assemblées provinciales ne vont pas tarder à devenir de véritables foyers d'opposition et en février 1910 des délégués des assemblées provinciales vont monter à Beijing pour se réunir et vont demander que soit mis en place un parlement de sorte qu'en octobre 1910 Zai Feng va être contraint d'accepter qu'un assemblée nationale consultative soit mise en place
- Comme cette assemblée insiste pour que le parlement soit mis en place Zai Feng raccourcit la période et annonce que le parlement sera mis en place en 1913
Les réformes arrivent trop tard et sont trop peu nombreuses.
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La Révolution chinoise de 1911 renverse la Dynastie des Qing après 268 ans de régne (1644-1912). Le système impérial qui gouvernait la Chine depuis des millénaires va disparaître.
La montée de l’opposition organisée
Les mouvements révolutionnaires
Dans le Guangdong et dans le Guangxi entre 1905 et 1911 plusieurs mouvements insurrectionnels ont lieu. Tous ces mouvements échouent sans cependant décourager les révolutionnaires. Ces mouvements insurrectionnels ne veulent pas réformer le pays mais changer l’ordre social et introduire une république. Ces mouvements ont lieu dans le sud du pays où existent beaucoup de sociétés secrètes, qui aideront les révolutionnaires, ainsi qu'à Hong Kong, un lieu de passage qui permet des contacts avec l’extérieur.
Sun Yat-sen : de l’association pour la renaissance de la Chine à la ligue jurée
Plusieurs organisations dont l'association pour la renaissance de la Chine fondée à Honolulu en 1894 avec le soutien de petits commerçants et de propriétaires fonciers et d’un médecin Chinois Sun Yat-sen. L’association qu’il crée va tenter une insurrection à Canton et il devra s’exiler au Japon. Au cours des 10 années qui suivent il va chercher des soutiens financiers à travers le monde. Il essaie de regrouper en une seule organisation tous les groupements révolutionnaires qui existent et en août 1905 à Tokyo une organisation est fondée : la ligue jurée (1905). Elle a une philosophie autour de trois principes définis par Sun Yat-sen : le triple démisme. Ils sont énoncés en 1905 : le nationalisme (l’indépendance, les mandchous dehors, la Chine aux Chinois), la démocratie (établissement d’une république), le bien-être du peuple (droit à la propriété de la terre égal pour tous). Sun Yat-sen proclame aussi une déclaration au monde dans lequel il dit que les traités seront respectés, que les indemnités et dettes seront payées et que les droits acquis par les étrangers seront protégés.
Le temps des insurrections infructueuses
Entre 1907 et 1911 la ligue jurée va s’épuiser en 8 soulèvements. En octobre 1911 une dernière insurrection va être victorieuse et donne le coup d’envoi de la révolution. Cette insurrection n’est pas le fait de la ligue jurée mais de la société d’études littéraire et la société pour le progrès commun
La révolution du double 10 (10/10/1911)
La campagne pour la défense des chemins de fer : prélude à la révolution de 1911
En 1905, des notables décident de construire avec leur propres fonds des voies de chemin de fer en Chine or en mai 1911 les autorités chinoises décrètent la nationalisation des voies de chemin de fer car les puissances étrangères voient d’un mauvais œil que quelqu’un d’autre le fasse. On leur propose des indemnités qui n’apparaissent pas suffisantes, ils créent des comités de défense notamment au Sichuan. Une ligue pour la protection des chemins de fer est créée, des pétitions et des manifestations, mobilisation sur le thème « les mandchous vendent le fruit de notre travail aux étrangers ». Résultat, les dirigeants de la ligue sont arrêtés, manifestation pour la libération des dirigeants et plusieurs morts. A la fin du mois d’août 1911 des bandes de paysans se soulèvent tant et si bien que les autorités Chinoises décident de frapper un grand coup avec l’armée (la nouvelle armée du Hubei) mais au sein de cette armée on trouve de très nombreux partisans révolutionnaires (1/3 de 15000)
L’insurrection de Wuchang et la révolution de 1911
Dans la province du Hubei dans les villes de Hankou et Wuchang (qui avec Hanyang forment la conurbation du Wuhan) le 10 octobre 1911. Prévu à la base le 16 octobre mais une bombe explose le 9 donc on précipite les choses. Les insurgés se rendent maîtres de la ville. Forment un gouvernement provisoire avec un général Li Yuanhong et lancent un appel général à la révolution. La ligue jurée est absente de l’opération.
La révolution s’étend
Plusieurs provinces Chinoises vont proclamer leur indépendance dans les semaines qui suivent tant et si bien qu’à la fin du mois de novembre ce gouvernement ne contrôle plus que la Mandchourie et les régions qui entourent Beijing. Le gouvernement ne contrôle plus que le nord. Le 30 novembre 1911 à Wuchang va avoir lieu une réunion des délégués sécessionnistes des provinces du sud. Les fonctionnaires locaux rallient la cause des indépendantistes et les gouverneurs vont rallier le mouvement et même le provoquer. Les choses se sont faites pacifiquement.
La réaction du gouvernement Chinois, la réaction des puissances étrangères et la fondation de la République de Chine
La réaction du gouvernement Chinois
Réaction double : les autorités Chinoises vont envoyer vers le sud des forces armées pour combattre les insurgés. Pour désamorcer le mécontentement de la population Zai Feng va annoncer plusieurs mesures parmi lesquelles la promesse que le régime constitutionnel va être mis en place. Pour vaincre les insurgés l’armée Chinoise va envoyer dans le sud l’armée Beiyang de Yuan Shikai. Il va réussir à défaire les troupes des insurgés jusqu’à la fin du mois de novembre où il cesse le combat en se disant qu’il n’a pas intérêt à éliminer les insurgés. Pendant ce temps, la ligue jurée va profiter du répit que leur donne Yuan Shikai et en particulier Huang Xin va tenter d’organiser un autre mouvement (c’est un chef) à Nanjing. Le 30 novembre 1911 Nanjing tombe aux mains des partisans de la ligue jurée. Il y a donc deux gouvernements : Wuchang et Nanjing. Les deux partis vont discuter pour un seul pouvoir et un président unique. Le 24 décembre 1911, jour où Sun Yat-sen arrive des États-Unis et il est élu président provisoire de la République de Nanjing le 29 décembre 1911 et il sera investi dans ses fonctions le 1er janvier 1912 à Nanjing.
La fondation de la République de Chine
Une république datée du 10 octobre 1911. Cela devient la Fête nationale. Pour autant le gouvernement deSun Yat-sen va avoir une vie très brève : 45 jours. Il existe désormais 2 pouvoirs : impérial au nord, républicain au sud. La ligne de partage. Étant donné l’ampleur qu’à pris le mouvement sécessionniste Yuan Shikai n’est pas sûr qu’il n’y ait pas guerre civile si intervention et il n’est pas sûr que les puissances étrangères interviennent en faveur des manchous. Il ouvre donc un dialogue avec les sécessionnistes à partir du 20 décembre 1911 et une conférence à Shanghaï. Les pourparlers traînent jusqu’en janvier 1912 et les révolutionnaires lui proposent de se retourner contre la dynastie mandchoue et de devenir président de la république. Pourquoi ont-ils proposé cela ? Car les révolutionnaires ne constituent pas un groupe homogène et il vaut mieux que Yuan Shikai prenne le pouvoir qu’un autre chef. Ce dernier obtient que l’empereur abdique et se désiste en faveur de lui. Sun Yat-sen abandonne le poste de président. Yuan Shikai va devenir président de la république et il obtient que Beijing devienne la capitale de la République au lieu de Nanjing. Le 10 mars 1912, Yuan Shikai prête serment en tant que 1er président de la République de Chine. Il a bénéficié de sa force armée. Il a bénéficié de la faiblesse des révolutionnaires. Il a bénéficié du soutien des puissances étrangères.
L’attitude des puissances étrangères
Le gouvernement de Wuchang fait tenir le 13 octobre 1911 aux puissances étrangères une note qui reconnaît tous les traités du gouvernement mandchou. Les puissances étrangères comprennent qu’il n’est pas nécessaire d’intervenir. Elles font le choix le moins hardi.
Voir aussi
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En mars 1912, la république est créée avec à sa tête Yuan Shikai. La Chine connaît une période de calme, mais revient au bout de deux ans aux méthodes de gouvernement absolu. A la mort de Yuan Shikai, en juin 1916, le régime républicain est rétabli.
De la république à la dictature
A la suite d'un compromis, en échange la reddition de l'empereur Pu Yi, les révolutionnaires cèdent le poste de président de la République à Yuan Shikai alors dirigeant de l'armée du beiyang. Après avoir été mis en minorité lors des élection législatives de 1913 par le guomingdang, il fait assassiner le leader de ce parti. S'ensuivront des troubles entre Yuan et les militants du guomingdang qui aboutiront à la dictature.
L’organisation de la dictature
En mars 1912 une constitution est adoptée sous la forme d’une loi conventionnelle, et en août et septembre, des lois électorales créent la chambre des députés. En décembre 1912 et janvier 1913, les sièges de la première législature sont partagés entre le guomingdang (parti à majorité nationaliste) et le minzhu dang . Yuan Shikai fait assassiner le leader du guomingdang Song Jiaoren. Après avoir transgressé les lois, il emprunte 25 millions de livres soit un an de revenus de l’état.
La seconde révolution du Guomingdang
Si les membres du guomingdang comprennent la stratégie de Yuan Shikai, ils hésitent à s’opposer à lui de front. La plupart des provinces sont alors contrôlées par un gouverneur militaire, représentant de Yuan Shikai. Néanmoins trois provinces ont un gouverneur membre du Guomingdang.
Le gouvernement central cherche à les évincer alors que les gouverneurs prônent l’indépendance de leur province. Mais Yuan Shikai fait appel à la force et déclenche des combats du 12 au 29 juillet 1913. Les dirigeants fuient le pays et se retrouvent au Japon, notamment Sun Yat-sen (le père de la nation). On appelle cette épisode la deuxième révolution (二次革命).
L’établissement de la dictature
C'est alors que Yuan Shikai va éliminer l’opposition parlementaire. Dans un premier temps il fait cerner la chambre des députés à l'occasion du vote instaurant le mandat présidentiel. Celui-ci est fixé à 5 ans renouvelable une seule fois.
Le 4 novembre 1913 le guomingdang est déclaré illégal, les journaux d’opposition sont interdits et des sénateurs sont expulsés du pays. En janvier 1914, Yuan Shikai dissous ce qui reste du parlement et nomme lui-même des groupes. La constitution provisoire de 1912 est annulée puis remplacée en mai 1914 par un texte qui étend considérablement les pouvoirs du président. Cette constitution est complétée par un amendement qui porte à 10 ans la durée du mandat présidentiel renouvelable sans réélection
La république contestée de l’extérieur
Alors qu'en août 1914 débute la première Guerre mondiale, la souveraineté de la Chine est en phase de déclin.Le Japon dépose ses vingt et une demandes pour augmenter son influence sur la Chine.
Les vingt-et-une demandes du Japon
Allié de la Triple-Entente tout comme la Chine, le Japon confisque les possessions allemandes de la province de Shandong au motif qu’elles appartiennent au camp ennemi. Le gouvernement de Shigenobu Ōkuma va établir en janvier 1915 une liste de vingt-et-une demandes qui ont pour but de faire de la Chine une sorte de protectorat Japonais. Elle est présentée secrètement par le ministre du Japon à Yuan Shikai.
La réaction du gouvernement chinois
Yuan Shikai ne refuse pas mais veut gagner du temps ce qui conduit les Japonais à poser un ultimatum le 7 mai 1915. Il accepte certaines demandes et divulgue les revendcations des Japonais. Les États-Unis protestent et l’opinion publique Chinoise s'y oppose.
Les réactions populaires
Le 25 mai 1915, les vingt-et-une demandes sont adoptées. Mais cela entraîne un boycott des marchandises et des banques japonaises. Les chefs de file de la contestation populaire lancent une souscription nationale destinée à recueillir des fonds de telle sorte que la Chine soit suffisamment forte pour résister aux prétentions japonaises.
De la restauration de la monarchie au rétablissement de la république
Considérant la situation favorable, Yuan Shikai veut alors augmenter son emprise. A l'instar de Yan Du, certains de ces partisans lui conseille de restaurer la monarchie, et de prendre le titre d’empereur. Contrairement à ses attentes, il est alors confronté à une vive opposition qui le contraint à se rétracter peu avant sa mort.
La restauration de la monarchie
Yuan Shikai affirme que la Chine ne peut pas résister aux Japonais parce qu’elle n’est pas assez forte. Il explique que seule la monarchie pourrait rétablir la stabilité nécessaire. C'est ainsi que le système impérial est restauré le 12 décembre 1915. Ces prétentions monarchiques suscitent des oppositions parmi ceux qui le soutenaient jusqu’alors. Cai Ye , ancien gouverneur du Yunnan y retourne et déclare l'indépendance de la province. De là une armée de protection nationale va se former, s’étendre aux autres provinces du sud (Guangdong, Guangxi, Guizhou) qui revendiquent à leur tour leur indépendance. Yuan shikai avait pour l’instant pu s'appuyer sur l’armée Beiyang mais de nouvelles loyautés se sont formées et se sont les lieutenants qui ont le pouvoir.
Les puissances étrangères, qui ne veulent pas que la Chine soit trop unifiée ou trop forte, suspendent leur aide financière et diplomatique. Yuan Shikai fait machine arrière et renonce à son titre impérial le 22 mars 1916. Pour prouver ses bonnes intentions il propose à ceux qui ont formé ce gouvernement provisoire de rentrer au gouvernement central. Mais ces promesses n’auont pas d’effet et il meurt d'une maladie du foie le 6 juin 1916.
Le rétablissement de la république
Le gouvernement échoit au vice président de la république Li Yuanhong. Il restaure la constitution de 1912 et convoque le parlement de 1913. Le régime républicain est rétabli et, le 1er août 1916, les membres du Guomingdang forment une majorité avant de s'opposer au premier ministre, un général nommé Duan Qirui. Pendant quelques temps la Chine va recouvrer son unité nationale, mais un conflit entre ses lieutenants va entraîner un éclatement de l’armée Beiyang qui durera 12 ans.
Voir aussi
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Le pouvoir central Chinois est très instable. Entre la mort de Yuan Shikaï et 1919 la présidence va changer trois fois.
Le règne des seigneurs de la guerre
A la disparition de Yuan Shikaï, les gouvernements militaires vont se déchirer.
Des gouverneurs militaires aux seigneurs de la guerre
On les appelle ainsi à partir du moment où ils vont chercher à étendre leur pouvoir aux autres provinces sans obéir au pouvoir de Beijing. En 1914 il y avait 457 000 soldats dans toute la Chine. En 1918 il y en a 850 000.
Le morcellement de l’autorité et le morcellement du pays
Les cliques militaristes sont composées de hoboreaux. Cette clique s’appuie sur une armée composée de mercenaires. La clique règne tant qu’elle a les moyens de payer. Dans le Hunan, il y aura 13 cliques successives en 16 ans, la stabilité ne règne pas. Les seigneurs de la guerre s’efforcent de maintenir une collégialité. En 1917, le collège des seigneurs de la guerre va décider de l’entrée de la Chine dans le conflit mondial. Les paysans paient les guerres sous forme d’impôt. Enfin, dans les fiefs qu’ils dirigent les seigneurs de la guerre imposent la culture de l’opium au détriment de culture indispensable à la survie des paysans. Les terres cultivées en Chine où l’on cultive l’opium sont de 3% en 1919 et de 20% en 1929.
Géopolitique de la Chine
Vers la fin 1916, on a dans le sud 2 principales forces de la guerre, celle du Yunnan dirigée par Tang Jiyao qui occupe le Yunnan et le Guizhou et celle du Guangxi dirigée par Lu Rongting qui occupe le Guangxi et le Guangdong. Ces cliques sont soutenues par les Britanniques et les Américains. Seigneurs de guerre du BeiYang : Anhui dirigée par Duan Qirui composée de Shaanxi, Shandong, Zhejiang et le Fujian et Zhili dirigée par Feng Guozhang qui va mourir et être remplacé par Wu Pei Fu composée de Jiang Su, Jiangxi et Hubei. La clique de l’Anhui a le soutien du Japon et celle du Zhili du Royaume-Uni et des États-Unis. En il existe la clique de Fengtian dirigée par Zhang Zuolin a le soutien des Japonais
Li Yuan Hong veut rétablir le régime républicain tandis que Duan Qirui veut poursuivre le travail de Yuan Shikaï
La lutte pour le pouvoir central
Lorsque Yuan Shikaï meurt il est remplacé par Li Yuanhong. On rétablit la constitution et le parlement. Lin Yuan hong a un vice président (Feng Guozhang) et un premier ministre qui sont des seigneurs de la guerre. La cohabitation entre Lin Yuanhong et Duan Qirui (1er ministre) est difficile. Lin Yuan hong souhaite maintenir le cap de la légalité républicaine tandis que Duan Qirui veut faire ce que Yuan Shikaï n’a pu mener à terme. Duan Qirui veut éliminer Lin Yuan hong. Le conflit va rester souterrain dans un premier temps mais un point particulier : la question de la participation de la Chine au conflit mondial.
La question de la participation au conflit mondial
Duan Qirui veut s’engager dans le conflit parce qu’il a l’espoir de s’emparer du pouvoir grâce à cela et de l’autre côté les parlementaires veulent rester neutres. (dont Sun Yatsen). Le clan de l’intervention est soutenu par le Japon et celui des partisans de la non-intervention par les États-Unis. En mai 1917 Duan Qirui est démis de ces fonctions, il contre-attaque en prenant les armes contre le pouvoir central entraînant d’autres seigneurs de la guerre en les convaincant de prendre leur indépendance. Duan Qirui menace de faire marcher ses troupes sur Beijing. Lin Yuan hong sent qu’il n’est pas de taille. Il fait appel à un médiateur Zhang Xun qui est un militariste.
Une crise politique
Zhang Xun travaille en sous main avec Duan Qirui et il est de plus un ultra-conservateur partisan des Qing. Zhang Xun pousse Lin Yuanhong à dissoudre le parlement et qu’il démissionne. Le 1er juillet 1917, Zhang Xun va placer Pu Yi sur le trône, mais Duan Qirui ne voulait pas mettre un Qing sur le trône, et Sun Yatsen convoque une assemblée de révolutionnaires. Duan Qirui veut se débarrasser de Zhang Xun et s’attaque à lui sur le thème « on a trahi la république » et il envoie ses troupes à Beijing pour chasser Zhang Xun. Pu Yi est contraint d’abdiquer le 13 juillet 1917. Duan Qirui reprend son poste de premier ministre et le nouveau président est Feng Guozhang. 1 an plus tard il sera remplacé par Xu Shichang. Duan Qirui ne rétablit pas la constitution ni le parlement car il considère qu’il est le fondateur de la seconde république Chinoise. Duan Qirui déclare la guerre à l’Allemagne le 14 Août 1917.
La Chine entre en guerre
L’effort de guerre de la Chine se limite à l’envoie de travailleurs Chinois à l’étranger, notamment en France. 190 000 coolies sont engagés et transportés en France et dans les colonies ainsi qu’au Royaume-Uni. En échange de cette participation, les puissances étrangères font des concessions : elles acceptent de différer l’indemnité des boxers de 5 ans, elles acceptent d’augmenter les droits de douane des produits étrangers qui entrent sur le sol chinois de 5%. Elles tentent quand même de resserrer leur emprise sur la Chine. En novembre 1917, le Japon et les États-Unis signent des accords secrets (Lansing-Ishii) au terme desquels les américains reconnaissent que les Japonais ont des intérêts particuliers en Chine notamment dans les zones limitrophes et les Japonais vont soutenir le principe de la porte ouverte. Plus généralement, le contrôle des puissances étrangères va s’accentuer.
Vers la sécession
Sun Yatsen condamne la conduite de Duan Qirui qui est un autocrate. Il demande que le gouvernement de Duan Qirui démissionne et que l’on rétablisse la constitution et le parlement.
La fondation d’un gouvernement à Canton
Sun Yatsen cherche à s’allier avec les adversaires de Duan Qirui. Il se tourne vers des militaristes du Guangxi et du Yunnan. Il forme ainsi en septembre 1917 un gouvernement militaire pour la défense de la constitution et il se fait élire généralissime. Les militaristes du Guangxi et du Yunnan sont élus généraux. Un conflit va naître entre les deux gouvernements qui débouche sur une guerre civile appelée la guerre entre le sud et le nord. Les hostilités entre les deux partis débutent en octobre 1917 et se poursuivent jusqu’à la fin de 1918. La lutte d’idées s’estompe et il y a des fissures dans les camps.
L’éviction de la clique de An Hui par celle du Zhili
A l’intérieur du camp sudiste, les alliés font semblant de soutenir la constitution, ils ont joué la carte Sun Yatsen. Ceux-ci l’évincent en mai 1918 et ils réorganisent le gouvernement de Canton qui devient une faction militariste comme toutes celles qu’il y a en Chine. On observe le même type de problème à l’intérieur du clan nordiste. Le clivage porte sur la politique à adopter vis-à-vis des Sudistes. Au nord, la clique de l’Anhui est partisane de réduire par la force les Sudistes. La clique du Zhili est favorable à la négociation. Les désaccords vont être tels que pour les résoudre on doit employer la force. 1er conflit en juillet 1920 entre l’Anhui et le Zhili et 2ème conflit en 1922 entre la clique Fengtian et le Zhili. Le Zhili sort victorieux dans les deux cas. La clique contrôle le pouvoir central. En juin 1922 Lin Yuanhong est réinvesti dans sa fonction de président dans la légalité républicaine. En juin 1923 Lin Yuanhong est démissionné par un coup d’état de Wu Peifu. Cao Kun est le nouveau président de la république. La clique du Zhili connaît son apogée. Elle reste ainsi jusqu’en octobre 1924 où elle se fait battre par Zhang Zuolin qui appartient à la clique du Fengtian et un nouveau gouvernement va être mis en place.
Voir aussi
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Durant le premier front uni (1924-1927) et la décennie de Nankin (1927-1937) le Guangdong par progressivement consolider et affirmer son emprise sur le pays. Dans un premier temps nationaliste et communistes vont s'allier contre les seigneurs de guerre du nord.
Après cette période de collaboration avec le PCC, le Guangdong affirme sa prééminence et réprime, souvent par la violence, l'opposition politique. Cela entraîne les communistes à démarrer une guérilla armée qui entraînera la : Longue Marche alors que le gouvernement nationaliste tente de moderniser le pays et de le libérer des pression étrangères.
Si l'autorité du Guangdong s'étendait officiellement à tout le pays, de grandes régions sont demeurées gouvernées par des seigneurs de la guerre plus ou moins autonome par rapport au gouvernement central. L'autorité du Guangdong était absolue dans les régions orientales de la Chine proche de la capitale Nankin mais des seigneurs comme Feng Yü-hsiang et Yan Xishan ont conservé une autonomie beaucoup plus importante dans leurs régions.
La menace Japonaise mettra fin à la décennie de Nankin, en poussant le Guangdong à une nouvelle alliance avec le PCC.
Affirmation de l'identité nationale
La Chine est dominée par les seigneurs de la guerre. Son économie est complètement désorganisée à cause du trafic d’opium. Durant cette période se développe le sentiment national, contre l'influence des japonais et des occidentaux.
Le mouvement pour la nouvelle culture est une démarche de rénovation de la culture nationale, surtout en matière de littérature. Celui-ci va naître sous l'impulsion de certains intellectuels : écriture en baihua (白话 chinois oral), écritures d’œuvres de fiction (la première Le journal d’un fou de Lu Xun), traductions de textes occidentaux…
Mouvement du 4 mai
- Article détaillé: Mouvement du 4 mai
Les étudiants de Pékin apprennent qu’à la conférence de la paix qui aboutira au traité de Versailles, on a décidé de transférer au Japon les anciennes possessions allemandes de la province du Shandong. Ils sont mécontents car ils pensent que leur gouvernement a démissionné devant la conférence de la paix et ils en veulent aux japonais à la suite des vingt et une demandes. En 1919, il va y avoir une grande manifestation dans les rues de Pékin.
Fondation du parti communiste
En juillet 1921 se crée le Parti communiste chinois. Son premier dirigeant est Zhang Guotao (Chen Duxiu sera le premier secrétaire général du Parti communiste chinois). Li Dazhao aura un rôle clef lors de fondation du parti. Mao Zedong qui participe également à ce premier congrès n'est alors pas encore très connu. Le parti communiste Chinois est dépendant du Komintern (Internationale des partis communistes).
Entre novembre 1921 et février 1922, la conférence de Washington apparaît comme l'occasion de revenir sur les négociations de Versailles. Au cours de cette conférence, la Chine tente de récupérer ses deux provinces, mais seules les zones d’influence y seront abolies. Absents de cette conférence, les Russes renoncent à leurs privilèges en Chine à cette époque. En février 1923, Sun Yatsen retourne à Canton et fonde un nouveau gouvernement révolutionnaire.
Le premier front uni (1924-1927)
La stratégie du front uni
Le front uni est une alliance entre les nationalistes du Guomingdang et les communistes pour lutter contre les seigneurs de la guerre. En 1924, alors que les communistes sont 300 et le Guomingdang 50 000, les nationalistes cherchent à se rapprocher des soviétiques. Les communistes chinois bénéficient de cette tentative de rapprochement. En 1924, les Russes aident à créer l'académie militaire de Huangpu. L’alliance effective est scellée en septembre 1923 en présence d’un délégué du Komintern. A partir de janvier 1924, le Guomingdang va rédiger ses statuts et accepte le principe de la double appartenance: il devient possible d'être communiste et d'adhérer au Guomingdang.
L’essor des luttes sociales et la réaction du Guomingdang
Des mouvements revendicatifs vont naître et se développent et les travailleurs chinois commencent à s’organiser pour travailler. Des grèves éclatent dans les usines et en mai 1925 est fondée la fédération des syndicats de Chine. Le mouvement ouvrier ne se développe pas facilement. En mai 1925, manifestation et la police tire sur les manifestants. Parallèlement, les masses paysannes s’organisent notamment dans le Guangdong. En juin 1926, on trouve des unions paysannes dans douze provinces chinoises qui regroupent au total près de un million de membres. Le 12 mars 1925, Sun Yatsen meurt à Beijing. Wang Jingwei va lui succéder. A la mort de Sun Yatsen, la division politique du Guomingdang va éclater au grand jour. Deux grandes tendances : de gauche avec Wang Jingwei (courant qui s’appuie sur les dernières volontés de Sun Yatsen) et de droite de Tchang Kaï-chek (courant qui répudie les principes de la lutte des classes d’où cohabitation avec le parti communiste chinois difficile). Une alliance se forme entre la gauche et le parti communiste. Tchang Kaï-chek va réaliser un coup de force à Canton contre les organisations locales du parti communiste pour montrer qu’il est le patron du Guomingtang. Wang Jingwei quitte son poste et s’enfuit.
L’expédition contre le nord et la montée en puissance des communistes
- Article détaillé: Expédition du Nord
L'offensive militaire est déclenchée le 9 juillet 1926, elle se propage rapidement et en six mois terrasse les principaux seigneurs de la guerre. À la mi-décembre, le gouvernement du Guomingdang se transporte à Wuhan. L’expédition bénéficie du soutien des masses laborieuses. Le parti communiste chinois comprend 342 membres en 1923, 10 000 en 1925, 58 000 en 1927. Les communistes s’emparent de Shanghai avant que les troupes de Tchang Kaï-chek n’arrivent. Les communistes organisent un gouvernement municipal à Shanghai institué en mars 1927. Tchang Kaï-chek refuse de reconnaître ce gouvernement municipal de Shanghai, rétablie la république par la force ce qui entraîne une répression sanglante.
La fin du front uni
- Article détaillé: Soulèvement de Nanchang
Le 12 avril 1927, Tchang Kaï-chek lance une attaque contre les locaux communistes en association avec la pègre locale. 400 syndicalistes et communistes sont tués le 12 avril. Il y aura au total 5 000 victimes à Shanghai. Avec cette opération d’épuration, Tchang Kaï-chek s’ouvre les portes du pouvoir. Il fonde à Nankin un gouvernement national qui contrôle le sud du pays. La rupture entre la gauche et la droite est consommée. Wang Jingwei rentre en avril pour prendre la tête du gouvernement de Wuhan. Il y a donc deux gouvernements en Chine.
Les communistes, alliés à l’aile gauche du Guomingtang maintiennent le front uni. Mais ça ne dure pas longtemps car des tractations entre l’aile droite et l’aile gauche du Guomingdang aboutissent, fin 1927, à la réunification du parti sous la direction de Tchang Kaï-chek. Le Kominterm décide de changer de stratégie et pousse à l’action insurrectionnelle. La commune de canton dure deux jours avant d'être réprimée. Face à ce nouvel échec, les communistes doivent encore changer leur tactique.
La décennie de Nankin
Le 18 avril 1927, le nouveau gouvernement central qui s’est installé à Nankin n’a pas fini l’expédition du Nord. Pour consolider son pouvoir politique Tchang Kaï-chek lance une seconde expédition et les nationalistes s’emparent de Beijing en février 1928. Ils la rebaptisent Beiping et Nankin devient la capitale. Le seigneur de la guerre qui contrôle la Mandchourie se soumet à Tchang Kaï-chek mais d’autres seigneurs contrôlent encore des zones plus réduites; ils acceptent un pacte de reconnaissance du pouvoir central. La décennie de Nanjing est la période qui sépare la fin de l’expédition du Nord et le début de la guerre contre le Japon.
Le gouvernement de Nankin
Il adopte une constitution provisoire et annonce un programme de reconstruction économique et de réformes sociales. Le gouvernement va moderniser les systèmes légaux et pénaux, stabiliser des prix, tenter de résorber la dette, et reformer le système bancaire, améliorer l'infrastructure ferroviaire et routières et les équipements de santé publique, légiférer contre le trafic de stupéfiants et augmenter la productivité industrielle et agricole.
Des progrès seront également faits dans l'éducation et, dans le but d'unifier la société chinoise, un programme pour promouvoir la langue nationale et limiter ses variations dialectales est lancé.
Son objectif est la reconquête des droits de souveraineté et les pressions étrangères sur la Chine vont être modérées par la diplomatie. Le gouvernement de Nanjing dénonce les traités inégaux qui arrivent à échéance et les puissances étrangères restituent les deux tiers des concessions tout en gardant les plus importantes. La Chine retrouve l’autonomie de ses ports.
Le gouvernement nationaliste connaîtra trois échecs majeurs :
- en matière agricole, le régime nationaliste ne réalisera jamais une réforme, revendication du Guomingdang, la terre à qui la cultive ;
- en matière de finance le gouvernement de Nankin n’arrivera pas à établir son budget ;
- en matière de démocratie le gouvernement n’a pas été élu, il pratique la censure contre les critiques, n’a pas de soutien populaire.
Les communistes : des bases révolutionnaires à la longue marche
Le Kominterm engage les Chinois dans une nouvelle tactique qui tient en quelques points :
- le centre de l’action va se déplacer des villes vers les campagnes;
- Il faut essayer de s’emparer du pouvoir localement qu’on appellera les bases révolutionnaires au lieu d’envisager la révolution dans le pays entier.
La première république soviétique (1931-1937)
- Article détaillé: République soviétique chinoise du Jiangxi
Les communistes se retirent dans les campagnes pour créer des bases de guérilla. Ils procèdent à une réforme agraire en confisquant les terres aux riches et en les répartissant entre les pauvres. Le 7 novembre 1931 à Ruijin (province du Jiangxi), les petites bases de guérilla sont regroupées pour créer la République soviétique chinoise. On nomme un président de la république Mao Zedong.
La Longue Marche et l’ascension de Mao
- Article détaillé: Longue Marche
Les nationalistes entrent en guerre contre la République soviétique chinoise. Entre 1932 et 1934 le territoire va être encerclé par les nationalistes qui mèneront cinq campagnes successives. À l’automne 1934, Le cinquième assaut est fatal pour la république soviétique. Elle pousse les communistes à s’enfuir en direction de Shaanxi où existe un petit territoire soviétique. La longue marche dure un an pour parcourir 9 600 km. Sur les 100 000 partisans qui prennent le départ, 30 000 survivront aux escarmouches contre les nationalistes, à la faim et au froid, aux blessures et maladie. Cela provoque une redistribution des influences au sein du parti et, en janvier 1935, la réunion du comité central du parti de Zunyi (Guizhou) entraîne l'élection de Mao à sa tête.
Le nouveau front uni
L’intervention Japonaise en Chine
- Article détaillé: Conquête de la Mandchourie par le Japon
En 1931, le Japon envahit la Mandchourie et s’empare des trois provinces chinoises du Nord-est (Liaoning, Jilin, Heilongjiang). Tchang Kaï-chek privilégie la lutte contre les communistes. Les Japonais poursuivent donc leur progression et c’est le gouvernement soviétique chinois qui déclare la guerre au Japon.
Naissance du front uni
- Article détaillé:Accord de Xi'an
Zhang Xueliang veut faire un front commun contre les Japonais. Les communistes chinois sont pressés par le Kommintern de faire alliance. Le 7 juillet 1937, les Japonais sont aux portes de Beijing. L'accord de Xi'an permet de créer le deuxième front uni, cette fois anti-japonais.
Cet accord marque la fin de la décennie dite « de Nankin ».
Voir aussi
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Le premier front uni s'opposait aux seigneurs de guerre, le deuxième front uni chinois est anti japonais.
L’alliance de Chiang Kai-shek avec les communistes
Le pacte avec l’union soviétique
Le 29 août 1937, le gouvernement Chinois et le gouvernement soviétique signent un pacte de non-agression. Si l'une des parties contractantes est agressée, l'autre n’en profitera pas.
L’alliance avec le parti communiste
Le front uni devient effectif en juillet 1937 et les communistes s’engagent sur plusieurs points à arrêter leur régime. Ils intègrent l’armée rouge aux troupes nationalistes qui porte le nom de 8ème armée de route et est placée sous le commandement de Zhu De. En contrepartie le Guomingdang reconnaît l’existence légale du parti communiste.
Les effets du front uni
Les nationalistes et les communistes chinois contre les japonais
Le Guomingdang est incapable de mobiliser la population contre les japonais. Ceux-ci s’emparent donc de positions très importantes : Beijing, Nanjing, Canton, Wuhan. En septembre 1937, dans le Shanxi les communistes remportent une victoire contre les japonais.
La réaction du Japon
Constatant la résistance des communistes, les japonais changent de tactique et se concentrent sur les zones dirigées par les communistes. Ils agissent aussi sur le plan politique. En décembre 1938 les japonais font des propositions aux nationalistes Chinois, et Wang Jingwei forme un gouvernement « collaborateur » à la solde du Japon.
Dissensions entre communistes et nationalistes chinois
Tchang Kaï-chek retourne son alliance, veut couper court la propagande communiste et s’attaque aux bases communistes.
Le règlement du conflit
Ni l’armée ni les forces communistes ne vont vaincre les japonais. La guerre qui débute en 1939 va avoir des répercussions en Extrême Orient, elle se termine par les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki. Entre le lancement des deux bombes, les soviétiques déclarent la guerre au Japon. La capitulation japonaise est annoncée par l'empereur Hiro-Hito le 15 août 1945.
L’évolution de la société chinoise
De 1937 à 1945 la Chine est morcelée en trois parties: une zone contrôlée par les japonais, une zone nationaliste, et des zones autonomes communistes (Shaanxi, etc.) ou guerrière (Zhang Xueliang).
La Chine contrôlée par le Japon et son mouvement de collaboration
La Chine du Nord, les grands ports et les centres industriels du pays.
La Chine libre
La Chine non occupée, unie autour du gouvernement du Guomingdang qui s’est réfugié à Chongqing dans le Sichuan. Elle bénéficie de l’aide financière des États-Unis.
La Chine communiste
Le parti communiste occupe une partie du territoire, expérimente des modes de vie rustiques. On appelle les zones libérées (de l’occupant japonais) les territoires.
Les communistes sont forts du prestige de huit années de lutte, les effectifs du parti n’ont pas cessé de croître. En 1937 le parti compte 40 000 membres et en 1945 : 1 200 000 qui lutte par la guerrilla maoiste par embuscade campagnarde. Le parti communiste est à la tête d’une puissante armée, d’une zone libre avec une population totale de 96 millions d’habitants. Les communistes ont réussi à rallier à eux la population paysanne.
Le camp nationaliste est discrédité auprès de la population chinoise, sa corruption et son incompétence en matière économique sont connues, ainsi que des méthodes autoritaires notamment à l’égard des intellectuels
Voir aussi
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La fin de la guerre civile chinoise correspond à une période s'étalant de septembre 1945 à septembre 1949, au terme de laquelle l'armée populaire de libération du Parti communiste chinois vint à bout du Guomindang avec la proclamation le 1er octobre 1949 de la République populaire de Chine par Mao Zedong.
Staline est en train de mettre la main sur l’Europe centrale et orientale et veut garder de bons contacts avec l’Europe occidentale. Il s'abstient donc d'intervenir militairement.
Les tentatives de médiation américaine
Une mission américaine est installée à Yan'an. Elle veut former un gouvernement de coalition communiste-nationaliste. Les Américains ont peur qu’un conflit ne s’ouvre entre communistes et nationalistes. Ils se démènent pour que les deux parties forment une alliance. À l’aide du matériel américain, les nationalistes occupent les anciennes zones japonaises au détriment des communistes, moins bien équipés.
En août 1945, à la demande des communistes et après plus d’un mois de négociation, un accord est conclu avec les nationalistes. Le parti communiste accepte de donner une partie des territoires qu’il contrôle et de réduire ses armées. En contrepartie, une commission politique consultative tripartite est créée. Elle est destinée à ramener la paix en Chine mais elle ne fonctionnera jamais, les incidents entre communistes et nationalistes se multipliant. La guerre civile va reprendre assez vite.
Reprise de la guerre civile
Elle reprend à la fin de 1946 à l’initiative des nationalistes qui se sentent en position de force pour plusieurs raisons :
- point de vue militaire : leurs troupes sont trois fois plus importantes que celles des communistes
- point de vue logistique : les nationalistes ont des moyens lourds et des moyens de transport
- point de vue économique : ils dirigent les grandes villes
- point de vue diplomatique : les nationalistes bénéficient du soutien des États-Unis
Jusqu’au printemps 1947, les communistes reculent sur tous les fronts devant les nationalistes. Ils devront en particulier abandonner Yan'an en mars 1947.
À partir de début 1948, la tendance va s’inverser. En avril 1948, Yan'an est repris, et en juin cent soixante-quatre villes ont été libérées par les communistes. Tchang Kaï-chek comprend qu’il ne vaincra pas l'opposition militairement et il organise une réunion au sommet. Il abandonne son projet d’être président de la république. Les communistes refusent les avances des nationalistes car ils croient que Tchang Kaï-chek attend des renforts américains. Ils participent néanmoins à la conférence.
Le 20 avril 1949, la négociation tourne court puisque les nationalistes refusent d'entrer en matière avec les communistes. Le lendemain, l’armée populaire de libération lance une opération militaire. Le 23 avril, Nankin est libérée et en quelques mois le régime nationaliste s’effondre et débarque à Taiwan. Le 1er octobre 1949 devant une foule immense Mao Zedong annonce la fondation de la République populaire.
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