Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer
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Le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer (BUMIDOM) fut un organisme public français chargé d'accompagner l'émigration des habitants des départements d'outre-mer vers la métropole.
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[modifier] Origines et développement
Le BUMIDOM a été créé en 1963 par Michel Debré alors qu'il était encore Premier ministre à la suite d'un voyage effectué à la Réunion en 1959 avec le Général de Gaulle. Ses statuts sont publiés au Journal officiel le 7 juin de cette année. Ils précisent que « la société a pour objet de contribuer à la solution des problèmes démographiques intéressant les départements d'outre-mer. »
Au départ, le BUMIDOM n'était qu'un prolongement du Bureau du développement de la production agricole par ailleurs occupé par la Sakay, une enclave construite par des immigrés réunionnais à Madagascar à compter de 1952. Bon nombre des postes clés en son sein ont été tenus dès sa création par des anciens du BDPA. En outre, beaucoup de départs de jeunes Réunionnais vers la métropole se fera via l'enclave. Ils y recevront au préalable une remise à niveau pour cause d'illettrisme.
Le BUMIDOM s'installe d'abord Faubourg Saint-Honoré dans un appartement de six pièces dont la salle de bains sera transformée en accueil. La première antenne régionale sera par la suite créée à Cannes. D'autres suivront, notamment au Havre ou à Nantes. Cette dernière sera remplacée en 1959 par un centre ouvert à Dieppe. Les autres seront remplacées par de nouvelles antennes à Rouen et Marseille, le dernier centre ouvrant en 1973. Par ailleurs installé à Crouy-sur-Ourcq en 1965 et Simandres en 1968, le BUMIDOM se rapproche ainsi des portes d'entrée des migrants en métropole. À Paris, le Bureau finira par acquérir l'ancienne ambassade de Pologne rue de Crillon.
[modifier] Politique migratoire
Selon Alphonse Técher, le BUMIDOM a organisé la venue en métropole de 70 615 personnes entre sa création et décembre 1981. Cela représente 44,7% d'un total de 157 000 migrants venus d'outre-mer s'installer en France métropolitaine durant cette période, les autres se déplaçant dans le cadre de leur service militaire, d'une mutation de la fonction publique ou d'une migration plus spontanée.
La politique migratoire du BUMIDOM n'a pas concerné les ressortissants de la Guyane, celle-ci ne connaissant pas les problèmes de surpopulation constatées dans les autres principaux départements d'outre-mer. La Guadeloupe et la Martinique ont émis respectivement 16 562 migrants et 16 580 migrants durant la période citée ci-dessus. La Réunion en a émis 37 473, soit plus de la moitié du total. Ils sont majoritairement originaires du sud de l'île, des Avirons à Saint-Philippe. La surcharge démographique y est critique. La population y est majoritairement blanche et donc réputée mieux susceptible de s'adapter à la vie européenne.
D'une façon générale, l'émigration organisée par le BUMIDOM n'a d'abord été qu'une émigration de travail. C'est notamment le cas jusqu'en 1966, année au cours de laquelle les migrants réunionnais cessent d'arriver par bateau depuis le Port de la Pointe des Galets et parviennent désormais en métropole par avion depuis l'aéroport de Gillot. Débarqués à Marseille, ils sont dispersés dans tout l'Hexagone pour y effectuer le travail d'agent des PTT. Réputés dociles, ils deviennent aussi ouvriers spécialisés sur les chaînes de montage de Renault ou Simca. Ils changent de postes régulièrement et sont mobiles à l'intérieur du pays.
Mais avec la multiplication des procédures de regroupement familial, l'émigration organisée par le BUMIDOM devient au début des années 1970 une migration de peuplement. De fait, les migrants ne passent plus toujours par les foyers provisoires de travailleurs comme durant la première décennie. Ils se fixent définitivement dans des chambres meublées en centre-ville ou surtout en banlieue avec les autres populations émigrées. Mieux diplômées, les femmes désormais plus nombreuses sont orientées vers l'aumônerie et le secteur paramédical.
[modifier] Disparition et critiques
Le BUMIDOM a été remplacé par l'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'outre-mer en 1982, à la suite de l'arrivée de la gauche au pouvoir. Entre temps, il a procédé au déplacement de milliers de personnes vers Paris et la province française, un déplacement sans retour que certains n'ont pas hésité à appeler une déportation, les conditions d'accueil des migrants n'étant pas celles qui leur avaient été présentées lors de leur départ.
Le programme mis en place par Michel Debré pour contribuer au repeuplement de la Creuse par l'immigration d'enfants réunionnais qui a depuis fait scandale a été porté par le BUMIDOM.
Aussi, celui-ci a été systématiquement dénoncé à compter du milieu des années 1970 dans la littérature et la musique réunionnaise. On trouve ainsi une critique du BUMIDOM dans l'ouvrage Zistoire Kristian, roman collectif paru en 1977. On en trouve d'autres dans les chansons de Danyèl Waro, un chantre du maloya sur l'île qui fut lui-même emprisonné en métropole à la suite de son refus de faire son service militaire.
On consultera également les chansons de Ziskakan. L'une d'entre elles sortie en 1980 s'intitule justement BUMIDOM. Elle se termine en affirmant :
« Bimidom, bimidom ou vol nout bann frer.
Bimidom, bimidom ramas pa manter.
Bimidom, bimidom ou fé mal nout ker.
Bimidom, bimidom na kas ton bann fer. »
Traduit du créole réunionnais au français, ce texte signifie :
« BUMIDOM, BUMIDOM, tu nous voles nos frères.
BUMIDOM, BUMIDOM, ne mens pas.
BUMIDOM, BUMIDOM, tu fais mal à nos cœurs.
BUMIDOM, BUMIDOM, nous casserons tes fers. »
[modifier] Informations complémentaires
- L'émigration réunionnaise en France, Albert Weber, 1996.
- La Réunion : anthropologie politique d'une migration, Rodolphe Gailland, 2005.
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