Corps (mathématiques)
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En mathématiques, un corps est une structure algébrique. Concrètement, c'est un ensemble dans lequel il est possible d'effectuer des additions, des soustractions, des multiplications et des divisions.
Les corps les plus classiques sont le corps des nombres rationnels (noté ), le corps des nombres réels (noté
), le corps des nombres complexes (noté
) et le corps
des congruences modulo p où p est un nombre premier.
La théorie des corps commutatifs est appelée théorie de Galois et il n'existe qu'un seul corps non commutatif important, celui des quaternions.
Sommaire |
[modifier] Fragments d'histoire
Jusqu'au XIXe siècle, les ensembles de nombres ont paru tellement naturels que l'on ne s'est jamais préoccupé de leur donner un nom, ni même de définir avec précision leur structure. Cependant, avec la naissance de l'étude des nombres algébriques, il est apparu d'autres ensembles de nombres que les rationnels, les réels et les complexes. Il est devenu nécessaire de préciser la structure de corps, puis la notion d'entiers sur ce corps et enfin la notion d'anneau. C'est à l'école allemande que l'on doit le développement de ces notions. C'est Richard Dedekind qui définit pour la première fois la structure de corps (Körper en allemand) et c'est la raison pour laquelle un corps quelconque est souvent nommé K. La structure de corps s'insère dans une hiérarchie comprenant le monoïde, le groupe, l'anneau, et donne lieu à la définition de l'espace vectoriel, et de l'algèbre.
[modifier] Définition et exemple
Un corps est un ensemble K muni de deux lois notées en général + et × vérifiant
- (K, +) forme un groupe commutatif dont l'élément neutre est noté 0
- (K - {0}, ×) forme un groupe multiplicatif.
- la multiplication est distributive pour l'addition (à gauche comme à droite) c'est à dire que
On parle alors du corps (K, +, ×)
Les premiers corps étudiés étant des ensembles de nombres (rationnels, réels, complexes, algébriques), la multiplication y était commutative. C'est la raison pour laquelle, initialement, dans la définition d'un corps, la multiplication devait être commutative. Actuellement, la tendance est plutôt de ne pas exiger la commutativité de la multiplication et de préciser corps commutatif le cas échéant. Les corps non commutatifs sont parfois appelés corps gauches ou algèbres à division. Cette terminologie est inspirée de l'anglais où un corps commutatif est appelé field et un corps non nécessairement commutatif division algebra.
Exemples de corps
- L'ensemble des nombres rationnels,
est un corps commutatif
- L'ensemble des nombres réels
est un corps commutatif
- L'ensemble des complexes
est un corps commutatif
- L'ensemble des quaternions
est un corps non commutatif
- En arithmétique modulaire, l'ensemble
où p est un nombre premier est un corps commutatif
Un sous-corps d'un corps K est une partie non vide L de K, stable par + et , telle que L munie des lois induites soit un corps.
[modifier] Caractéristique
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S'il existe un entier naturel n non nul tel que (avec n termes) est nul, on appelle caractéristique du corps le plus petit entier non nul vérifiant cette propriété. S'il n'existe pas d'entier non nul vérifiant cette propriété, on dit que le corps est de caractéristique nulle
Par exemple le corps est de caractéristique nulle alors que le corps
est de caractéristique p. On démontre qu'un corps possède toujours pour caractéristique soit 0 soit un nombre premier.
[modifier] Corps finis
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Ce sont les corps dont le nombre d'éléments est fini. L'étude des corps finis est tardive dans l'étude des corps. On démontre qu'un corps fini est toujours commutatif, de cardinal égal à la puissance d'un nombre premier. Il est en fait possible de dresser la liste de tous les corps finis (à isomorphisme près).
[modifier] Corps et anneau
L'ensemble n'est pas un corps car la plupart des éléments de
ne sont pas inversibles : par exemple, il n'existe pas d'entier relatif n tel que 2n = 1 donc 2 n'est pas inversible.
Plus généralement, un ensemble A muni de deux lois + et × verifiant
- (A, +) forme un groupe commutatif dont l'élement neutre est noté 0
- (A-{0}, ×) forme un monoïde.
- la multiplication est distributive pour l'addition (à gauche comme à droite)
est un anneau unitaire
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Si l'anneau est commutatif et intègre, c'est à dire si
,
l'anneau est presque un corps car il ne lui manque plus que l'inversibilité pour la multiplication. On démontre que l'on peut plonger l'anneau dans son corps des fractions, qui est le plus petit corps contenant l'anneau.
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Exemple : est le corps des fractions de
[modifier] Corps et espace vectoriel
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Partant du corps , il est naturel de s'intéresser à
, ensemble des n-uplet de réels. On est amené à le munir d'une addition et d'une multiplication par un réel. La structure ainsi définie (une addition interne munissant l'ensemble d'une structure de groupe et une multiplication externe possédant des propriétés de distributivité et d'associativité) est appelée espace vectoriel sur
. Il est alors naturel de définir ce que pourrait être un espace vectoriel sur un corps K quelconque
[modifier] Corps et équation algébrique
L'étude des polynômes à coefficient dans un corps commutatif et la recherche de leurs racines a développé considérablement la notion de corps. Si f est un polynôme de degré n sur un corps commutatif K, l'équation f(x) = 0 est une équation algébrique dans K. Si, de plus, f est un polynôme irréductible, l'équation est dite irréductible. Lorsque n est supérieur ou égal à deux, trouver les solutions d'une tellle équation demande de se placer dans un corps plus grand que K, une extension de corps.
Par exemple, l'équation x2 − 2 = 0 est irréductible dans mais possède des racines dans
ou mieux dans
. L'équation x2 + 1 = 0 ne possède pas de solution dans
mais en possède dans
ou mieux dans
.
Le corps de rupture d'un polynôme est un corps minimal contenant K et une racine de f.
Le corps de décomposition de f est le plus petit corps contenant K ainsi que toutes les racines de f.
L'étude des corps de décomposition d'un polynôme et du groupe de permutation de ses racines forme la branche des mathématiques que l'on appelle la théorie de Galois.
[modifier] Autres champs d'étude
On retrouve la théorie des corps dans l'étude de certaines fonctions comme les fonctions rationnelles ou les fonctions elliptiques
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Sources
- Jacques Bouveresse, Jean itard, Emile Salé, Histoire des mathématiques
- Lelong-Ferrand, Arnaudies , Algèbre
- Petite encyclopédie des mathématiques, Editions K Pagoulatos
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