Félix Houphouët-Boigny
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Félix Houphouët-Boigny (18 octobre 1905 ? à Yamoussoukro - 7 décembre 1993), premier président de la Côte d'Ivoire de 1960 à 1993.
Est devenu président | 15 octobre 1960 |
Prédécesseur | (indépendance) |
Successeur | Henri Konan Bédié |
Date de naissance | Vers 1900 |
Lieu de naissance | Yamoussoukro |
[modifier] Un leader africain
Houphouët-Boigny est né probablement en 1905 et appartient à l'ethnie baoulé (ethnie localisée au centre du pays) dont il deviendra l'un des chefs traditionnels en 1939. Ayant fait des études de médecine à Gorée puis Dakar (Sénégal), il prend en charge l'administration du canton Akouè (colonial). Dans cette tâche, il se heurte rapidement aux autorités coloniales. Il fonde alors le Syndicat agricole africain (1944), qui rencontre un succès rapide. Il sera transformé en parti politique en 1946 (le PDCI, Parti démocratique de Côte d'Ivoire), peu avant la fondation du RDA (Rassemblement démocratique africain) avec Modibo Keïta, qui le pose en leader indépendantiste. Il est un député toujours réélu de 1944, à l'indépendance de son pays. Il est alors nettement situé à gauche, « compagnon de route » des communistes. Il se rapproche cependant du centre et du centre gauche (Robert Schuman, François Mitterrand), participant à tous les cabinets ministériels de la France de 1956 à 1959. À ce titre, il participe à la rédaction de la loi-cadre Defferre sur l'autonomie des colonies africaines (1956) puis de la constitution de la Ve République française (texte sur Wikisource). Mais le projet de De Gaulle de Communauté franco-africaine qu'il soutient fait long feu. Lors de la proclamation de l'indépendance de la République de Côte d'Ivoire (7 août 1960), il en devient président. Il meurt en 1993.
[modifier] Fonctions gouvernementales en France
- Ministre Délégué à la présidence du Conseil du gouvernement Guy Mollet (du 1er février 1956 au 13 juin 1957)
- Ministre d'État du gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury (du 13 juin au 6 novembre 1957)
- Ministre de la Santé publique et de la Population du gouvernement Félix Gaillard (du 6 novembre 1957 au 14 mai [[1958}})
- Ministre d'État du gouvernement Pierre Pflimlin (du 14 au 17 mai 1958)
- Ministre d'État du gouvernement Charles de Gaulle (3) (du 1er juin 1958 au 8 janvier 1959)
- Ministre d’État du gouvernement Michel Debré (du 8 janvier au 20 mai 1959)
- Ministre conseiller du gouvernement Michel Debré (du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961)
- Il fut aux côtés de De Gaulle et de Michel Debré lors de la signature de la constitution de 1958.
[modifier] Du « miracle ivoirien » à la crise des années 1980-90
Côte d'Ivoire
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Au pouvoir durant 33 ans, il s'appuie de fait sur un parti unique (le PDCI), refusant la pluralité politique et syndicale jusqu'en 1990 : il affirme « préférer l'injustice au désordre », redoutant une partition politique sur des bases ethniques. De nombreuses tentatives sécessionnistes sont réprimées violemment (1959-60, 1970-71). Son choix, pragmatique, du libéralisme économique a permis à la Côte d'Ivoire de bénéficier de la confiance de nombreux investisseurs étrangers, notamment français, et de développer des activités agricoles, fondées sur l'exploitation du cacao et du café au sud puis du coton au nord, mais aussi industrielles (agro-alimentaire). Durant cette période, le PIB par habitant est multiplié par plus de 5 en vingt ans : on parle alors de « miracle ivoirien », le pays faisant figure de réussite rare en matière de décolonisation, un îlot de prospérité dans la région du Golfe de Guinée. C'est l'époque où l'on construit de très nombreuses écoles (le taux de scolarisation passe de 8 à 64 %), où le pays est équipé en infrastructures - transports (ports, aéroports, route et même autoroute), énergie (barrages comme celui de Kossou) -, où le quartier d'affaires du Plateau à Abidjan est édifié sur le modèle nord-américain, où des hôtels de luxe accueillent des touristes et des hommes d'affaires - on construit même la première patinoire d'Afrique... La population passe alors de 2,5 millions d'habitants en 1955 à 6,7 millions en 1975. Houphouët-Boigny y gagne son image de « Sage de l'Afrique », tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il est surnommé respectueusement « le Vieux ».
Les années 1980 marquent un retournement de conjoncture économique et politique. Les cours du cacao et du café s'effondrent (ils ont chuté des 2/3 entre 1980 et 1992) et le régime s'épuise à les soutenir artificiellement. La corruption, réelle dès la période précédente, devient plus visible. Les inégalités sociales entre ville et campagne s'accroissent. Les réalisations prestigieuses de ces années (comme la Basilique Notre-Dame de la paix, la plus grande basilique chrétienne du monde à Yamoussoukro, la nouvelle capitale) n'ont pas l'effet escompté. Les espoirs de réserves de pétrole sont déçus. Son pays au bord de la banqueroute, Houphouët change de cap politique (1989). Il autorise le pluralisme politique et syndical - ce qui ne l'empêche pas de battre son adversaire Laurent Gbagbo à la présidentielle de 1990 par 89% des suffrages. Il doit accorder à un groupe étranger le monopole de la commercialisation du cacao. Diverses catégories sociales s'agitent : l'armée se mutine (1990, 1992), les étudiants manifestent (répression de 1992).
À la mort du Président, terrassé par un cancer le 7 décembre 1993, l'unité du pays, symbolisée par ses obsèques grandioses et consensuelles, est cependant toujours maintenue. Elle volera en éclat, à partir de 1999 surtout, par le jeu de rivalités personnelles entre ses successeurs (Henri Konan Bédié, Robert Guéï, Laurent Gbagbo) et son ancien premier ministre Alassane Ouattara : ces rivalités ranimeront, par la notion « d'ivoirité », les luttes ethniques que Félix Houphouët-Boigny s'était toujours attaché à éviter au profit de la construction d'une « nation » ivoirienne.
Précédé par | Félix Houphouët-Boigny | Suivi par |
— | Président de Côte d'Ivoire |
Henri Konan Bédié |
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