Décolonisation
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La décolonisation est un processus d'émancipation des colonies par rapport aux métropoles. Elle implique le plus souvent l'accession à l'indépendance des pays colonisés. Elle est supposée avoir commencé dès 1775 en Amérique, mais c'est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le terme naît, au moment où le phénomène prend une véritable ampleur mondiale avec le développement des nationalismes. On peut dire qu'elle n'est pas encore terminée à ce jour.
[modifier] Origines de la décolonisation
[modifier] Au XVIIIe siècle
[modifier] La guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique
- Elle a souvent été considérée comme le premier mouvement de décolonisation, notamment par les Américains eux-mêmes, qui allaient s'en réclamer ultérieurement pour encourager à l'indépendance les colonies européennes, et particulièrement espagnoles.
- Or, en réalité, les États-Unis ont dû leur indépendance a une révolte des colons, mais non des indigènes, contre leur métropole. Les indigènes ont alors été plus radicalement opprimés, et même décimés par les colons indépendants, lorsque ceux-ci ont eu les mains libres, avec le renfort des émigrants venus d'autres pays d'Europe.
Article détaillé : Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique
[modifier] La guerre d'indépendance de Saint-Domingue
[modifier] Les causes
La guerre d'indépendance est survenue, au moment de la Révolution française, à la suite :
- des réticences d'une partie des révolutionnaires métropolitains à accorder l'égalité aux esclaves (soit parce qu'ils étaient considérés comme de grands enfants encore inaptes à se diriger eux-mêmes, soit parce que leur accès à l'égalité aurait risqué de priver les plantations de leur main d'œuvre, et donc les colonies de plantation de leur rentabilité)
- de l'hostilité des créoles (les blancs nés aux colonies, surnommés aujourd'hui les « Békés »), du plus riche au plus pauvre, à une égalité avec les anciens esclaves noirs, inconcevable à leurs yeux.
- du problème particulier des métis, souvent propriétaires terriens, et donc peu portés à accepter la fin de l'esclavage.
Voir aussi: Histoire de la République dominicaine
[modifier] Les conséquences
- Révolte des colons qui appellent les Espagnols à leur secours
- Révolte des métis
- Révolte des esclaves finalement victorieuse, sur une partie de l'Île (Haïti), malgré la répression du Général Leclerc et malgré la mort dans un cachot métropolitain de Toussaint Louverture, arrêté par traîtrise, tandis que les Espagnols et colons conservèrent l’autre partie de l’Île, la plus riche (Dominicaine).
[modifier] Une décolonisation d'apparence
- Les esclaves, tout en étant opprimés, ont, en effet, eux-aussi été des colonisateurs, forcés certes, mais colonisateurs tout de même. Cela avait été, souvent aussi, le cas des premiers colons blancs, recrutés parmi les « convicts » (prisonniers européens de droit commun) et déportés contre leur volonté, notamment en Australie et Nouvelle-Zélande. Cela a aussi été le cas de certains des premiers colonisateurs français (en Louisiane française) et espagnols du Nouveau monde.
- Les vrais indigènes des Antilles, les indiens Caraïbes et autres, exterminés depuis longtemps, n'ont pu profiter de l'indépendance.
- Enfin c'est grâce au travail des esclaves noirs que les créoles ont pu éliminer ces Indiens des Antilles, moins résistants et moins productifs, sans qu'il soit porté atteinte à la rentabilité de leurs plantations.
[modifier] Au XIXe siècle
[modifier] Indépendance des colonies ibériques
[modifier] Indépendance des colonies espagnoles
- Un mouvement d'indépendance prend naissance en Amérique latine, en partie sous l'influence des encyclopédistes, des philosophes des Lumières et des idées de la Révolution française.
- Ce mouvement aboutit, par une succession de campagnes militaires, à l'indépendance des colonies espagnoles continentales
[modifier] Indépendance du Brésil
- Le Brésil accède à l'indépendance, comme les colonies espagnoles, mais sans révolution, sous la couronne d'un membre de la famille régnante portugaise.
[modifier] Aide des États-Unis
- Doctrine de Monroe («l'Amérique aux Américains») au XIXe siècle.
- Interventions militaires des États-Unis à Cuba et aux Philippines, décolonisée en 1946.
[modifier] Échec des idéaux bolivariens
- L'indépendance des colonies espagnoles et portugaises du Nouveau monde n'a pas été pour autant suivie de la mise en application du bolivarisme, des antagonismes sont rapidement apparus entre certaines des nouvelles nations souveraines sudaméricaines, l'Argentine était au bord de la guerre civile entre fédéralistes et unitaires. Simón Bolívar, José de San Martín et Antonio José de Sucre, qui furent parmi les principaux acteurs de l'indépendance, ont été écartés du pouvoir peu de temps après la fin des guerres (San Martín s'exila dès 1824, Sucre fut assassiné en 1830 et Bolívar abandonna le pouvoir puis mourrut la même année, 1830).
- Malgré l'indépendance, le sort des amérindiens encore majoritaires dans la plupart de ces pays n'a pas beaucoup évolué. L'esclavage fut en façade aboli dans certains pays libérés (Chili dès 1811, Argentine en 1813, Venezuela en 1816, Bolivie en 1826) mais généralement sous condition, par exemple en échange d'un enrôlement des hommes dans l'armée[1]. L'esclavage perdura plus longtemps dans d'autres pays notamment au Pérou (abolition en 1851), au Brésil (abolition en 1888). L'abolition devint totale en Argentine en 1853 et au Venezuela en 1854. L'Argentine et le Chili menèrent une politique de colonisation et d'extermination contre les Mapuches à la fin du XIXe siècle.
- Par ailleurs les interventions des États-Unis, par la doctrine de Monroe ou l'aide militaire aux insurgés, ont ressemblé en pratique, par certains côtés, à une nouvelle forme d'impérialisme.
[modifier] « Principe des nationalités »
Ce principe émergea, en Europe, au XIXe siècle et se prolongea au siècle suivant avec le président américain Woodrow Wilson dans sa fameuse liste des 14 points.
[modifier] Application en Europe du principe des nationalités
Ce principe se traduisit, en Europe, selon deux tendances :
- Droit à l'unité :
- Unité italienne (avec l'aide de la France)
- Unité allemande (contre l'Autriche et la France)
- Droit à l'indépendance :
- Grèce
- Moldo-Valachie (Roumanie)
- Serbie
Mais, sous ces premières formes, le principe ne concernait que les nations européennes (les nations colonisées étant présumées inaptes à se diriger elles-mêmes).
[modifier] Première extension du « principe des nationalités » en dehors de l'Europe, par le sionisme
Cette première extension du principe des nationalités au tiers monde fut réalisée par le sionisme et théorisée par Theodor Herzl, qui revendiquait la renaissance d'un État juif, sur le sol d'une Palestine, où les juifs seraient majoritaires, et ne seraient donc plus à la merci des actes d'intolérance résultant des changements de gouvernants ou des caprices de la foule.
- La Turquie, possédant la Palestine, fut défavorable à un projet d'État, mais sans pouvoir s'opposer frontalement à cette immigration essentiellement européenne sur ce territoire sans grande valeur ni stratégique, ni économique. De plus, le Royaume-Uni qui détenait la réalité du pouvoir en Palestine d'après les accords de Sykes-Picot (1916), s'était dans un premier temps, et largement pour des raisons financières (crédits de guerre), montré favorable à un foyer juif en Palestine (déclaration Balfour de 1917).
- l'Ouganda avait été proposé aux leaders sionistes pour réaliser leur État, par certains dirigeants britanniques. Mais les sionistes refusèrent cette proposition, puisqu'ils considéraient que leur mouvement ne visait pas à constituer une nouvelle colonie, mais au contraire à ressusciter l’État d'Israël sur son territoire antique". C'était donc sur la base de cette identité (historique, religieuse et nationale) qu'ils entendaient fonder un État indépendant.
- Ce projet de ressusciter un État antique, détruit par la force, de nombreux siècles auparavant, ne paraissait pas nécessairement utopique, dès lors que la Grèce, détruite elle aussi de longue date par les Romains, était réapparue dans le concert des nations. La Pologne avait elle aussi disparu pendant un siècle.
- Dans cette mesure, le mouvement sioniste se considérait comme un mouvement de décolonisation.
[modifier] Au XXe siècle
À la différence de la plupart des décolonisations précédentes, les décolonisations du XXe siècle vont profiter aux indigènes et non aux colons.
[modifier] Le premier ébranlement de la suprématie militaire européenne
- La guerre russo-japonaise de 1905, se termine par une victoire militaire des Japonais, notamment sur mer, à Tsoushima, où leurs vaisseaux modernes et leur artillerie à plus longue portée surclassent ceux des Russes.
- Cette victoire d'un pays asiatique, certes non colonisé, mais qui s'était engagé sur la voie de l'industrialisation quelques dizaines d'années seulement auparavant, montre aux élites des autres nations d'Asie que la domination européenne n'est pas fatale, et que, à condition d'assimiler les techniques de l'Occident, les pays colonisés auraient les moyens de s'affirmer face à eux.
[modifier] La décolonisation soviétique
- Lors de la Révolution russe, les Mencheviks au pouvoir (sociaux démocrates), tout en se réclamant du principe des nationalités, avaient refusé de reconnaître, avant la tenue d'élections générales, la sécession de diverses provinces de l'Empire, comme l'Ukraine et la Finlande (proclamées par la Rada ukrainienne et la Diète finlandaise). C'est alors que les Bolcheviks, après s'être emparés de Petrograd, par leur Révolution d'octobre 1917, décidèrent de reconnaître l'indépendance des nationalités qui le désiraient (Ukraine, pays baltes, Pologne et nations caucasiennes). Mais cette indépendance ne dura pas : l'Ukraine fut reprise par l'URSS en 1921-1922, à l'issue de la guerre civile. Les pays baltes furent réintégrés à l'URSS de façon autoritaire sous Staline en 1940, suite au pacte germano-soviétique. Quant à la Pologne, elle fut occupée par l'armée rouge et placée dans l'orbite de Moscou après la Seconde Guerre mondiale.
- Mais ils adoptèrent pour le reste du pays, désormais dénommé « République socialiste fédérative des Soviets de Russie » (RSFSR), une constitution fédérale. À l'intérieur de cette fédération, les peuples allogènes qui n'avaient pas fait sécession furent érigés en républiques autonomes ou provinces autonomes, dotées de gouvernements autonomes. Certes, la domination du parti communiste, qui contrôlait tous les États membres par un système d'élections avec liste unique, faisait-elle que, dans toutes ces républiques, seuls les communistes locaux dont le parti était centralisé exerçaient le pouvoir. Mais du moins les citoyens des nationalités non russes eurent-ils la satisfaction d'amour propre de sentir leur identité reconnue.
Aussi cette autonomie reconnue aux anciennes colonies du Tsar, allait-elle devenir un modèle pour certains patriotes des nations colonisées à travers le monde, tels que le futur « Ho Chi Minh ».
[modifier] La politique panarabe du Royaume-Uni
- Pendant la première guerre mondiale, la politique arabe du Royaume-Uni, déjà préexistante en Égypte, fut élargie, grâce à ses agents, comme Lawrence, pour obtenir une révolte des nations arabes contre la Turquie. Toutes les promesses possibles furent alors faites non seulement aux Arabes, mais aussi aux sionistes et aux Kurdes pour affaiblir l'adversaire turc.
- À l'issue du conflit cette politique conduisit à la naissance de nouveaux États au Proche-Orient, tels que la Syrie, l'Irak, et la Transjordanie, provisoirement sous mandats de la Société des Nations, ainsi que du Territoire sous mandat de Palestine érigé en « Foyer national juif », avec l'accord du Prince Faycal, chef des nationalistes arabes qui avaient combattu les Turcs.
[modifier] Modalités de la décolonisation
La décolonisation s'est traduite par 3 possibilités d'option :
- L'assimilation,
- L'autonomie interne,
- et l'indépendance,
non exclusives les unes des autres.
[modifier] L'assimilation
- L'assimilation est le mode de décolonisation qui attribue aux indigènes l'égalité civile et politique, et, corrélativement, intègre l'ex-colonie à l'État colonisateur.
- Des précédents de cette solution ont existé de longue date, puisque l'Empire Romain en a fait usage périodiquement, jusqu'à l'Édit de Caracalla, exemple le plus imposant de cette politique, qui a accordé en 212 la pleine citoyenneté romaine à tous les hommes et femmes libres de l'Empire.
- La France a expérimenté ce type de réforme dans ses colonies, d'abord en Algérie où le Senatus-consulte de 1865 a accordé à tous les indigènes, sujets français musulmans ou juifs, la possibilité de devenir individuellement citoyens, à condition d'adopter le statut civil laïc de droit commun (pas de polygamie) et d'en accepter tous les devoirs (service militaire, impôts).
- Ensuite, toujours en Algérie, un pas de plus a concerné les indigènes juifs. Ceux-ci, antérieurement traités en parias ("Dhimmis") dans leur propre pays par la conquête musulmane, avaient accueilli en 1830 les Français en libérateurs et adopté d'emblée la langue et la culture française. C'est pourquoi, lorsque, en 1870, le décret Cremieux du Gouvernement de Défense nationale a attribué d'office la citoyenneté française aux indigènes juifs, mais en supprimant leur statut civil religieux mosaïque, ceux-ci n'en ont pas moins bien accueilli la réforme et les devoirs nouveaux qui en découlaient. Cela s'est largement vérifié sur les champs de bataille de 14-18 et de 39-45.
- Ce décret Crémieux était certes un premier acte de décolonisation, mais il était partiel. Il aurait fallu l'étendre ultérieurement aux musulmans, comme le réclamèrent notamment plusieurs leaders juifs, tels que le professeur Henri Aboulker et le Docteur Loufrani, et surtout comme l'ont revendiqué plusieurs grands patriotes musulmans, comme l'Emir Khaled, descendant d'Abd El Kader, en 1920, et Ferhat Abbas, jusqu'en 1943.
C'est pourquoi les milieux colonialistes n'ont jamais cessé de demander la suppression du décret Crémieux, et d'attaquer les patriotes musulmans qui demandaient un texte semblable, c’est-à-dire l'accès à l'égalité et au droit de vote pour leurs coreligionnaires.
- Pourtant, en 1936, le gouvernement de Front populaire proposa une mesure d'assimilation partielle limitée en faveur des musulmans, le projet Blum-Violette : selon ce projet, les indigènes, titulaires d'une citation militaire, ou d'un diplôme français, tel que le certificat d'études, soit quelque 25 000 individus sur 6 millions, seraient devenus citoyens sans renonciation à leur statut. Les colonialistes et leurs accusations firent alors reculer le gouvernement devant cette mesure en réalité insuffisante.
- En 1940, le gouvernement du Maréchal Pétain (voir Régime de Vichy) donna satisfaction aux colonialistes en abrogeant rétroactivement le décret Crémieux et en retirant leur citoyenneté française aux juifs d'Algérie, sans tenir compte du sang qu'ils avaient versé pour la France depuis 1870. Quant aux musulmans algériens, il ne fit rien pour eux.
- Aussi, après le débarquement allié (voir Opération Torch), le retrait de citoyenneté infligé aux juifs algériens fut maintenu par François Darlan et Giraud (voir Régime de Vichy en Afrique libérée). Ferhat Abbas estima alors que cette assimilation, qui pouvait être retirée par un simple décret, était sans avenir. Aussi opta-t-il, en 1943, pour l'autonomie interne, en publiant son « Manifeste du Peuple algérien » (dans les arguments duquel, il cita le retrait du décret Crémieux, parmi les raisons qui l'avaient fait renoncer à revendiquer la citoyenneté française).
- Par la suite, en 1943, le Comité français de la Libération nationale présidé par le général de Gaulle rétablit le décret Crémieux.
- Puis, il adopta, le 7 mars 1944, une ordonnance qui reprenait, en les élargissant, les dispositions du projet Blum-Violette, en faveur des musulmans.
- À partir de 1946, les colonies françaises sont devenues des « départements » ou des « Territoires d'outremer », et tous leurs habitants des citoyens, mais cette réforme n'a été réalisée pleinement qu'aux Antilles et à la Réunion.
- Dans les autres colonies, en effet, les anciens sujets, tout en recevant la qualité de citoyens français, ont été faits « citoyens du 2e collège », de sorte qu'un statut inégalitaire a été perpétué à leur détriment : ainsi, en Algérie, en 1947, le million de citoyens du 1er collège (à statut civil de droit commun) bénéficiait d'autant de représentants à l'Assemblée algérienne (60), que les 8 millions de citoyens du 2e collège (à statut civil coranique), et ce après 117 ans de présence française. Ils étaient donc des 1/8 de citoyens, ce qui était de nature à motiver leur mécontentement.
- Les collèges multiples ont enfin été supprimés en 1956, dans tous les Territoires d'outremer, et l'égalité donc instituée, à l'initiative du ministre Defferre. Mais la fusion des deux collèges ne fut réalisée en Algérie, que lors du retour au pouvoir de Charles de Gaulle, en 1958.
[modifier] L'autonomie interne
[modifier] La reconnaissance de compétences propres
- Dans ce système, on réserve aux ex-colonies le droit d'édicter leurs propres lois dans un nombre de domaines plus ou moins large. Le pouvoir central conserve en principe les compétences d'affaires étrangères, militaires et de l'ordre intérieur. Les gouvernements locaux des ex-colonies exercent alors toutes les autres compétences.
- Mais bien souvent, même dans ces domaines de base, les compétences de maintien de l'ordre (police), militaires (Garde nationale) et même d'Affaires étrangères (représentation en France du Québec, membre de la Fédération canadienne) peuvent être partagées. Inversement, de nouvelles compétences centrales peuvent apparaître, comme par exemple en matière sociale, où en matière d'énergie nucléaire, lorsque les États autonomes ne peuvent les exercer.
[modifier] L'autonomie interne des Dominions
- L'autonomie interne a été très utilisée, d'abord dans les anciennes colonies britanniques transformées en dominions, comme le Canada, les colonies d'Australie, la Nouvelle-Zélande, etc., dont les compétences locales sont par étapes devenues de plus en plus étendues.
[modifier] La fédéralisation de l'ancien empire russe
- Mais cette autonomie interne n'a pu subsister de façon durable, que dans les fédérations. C'est ainsi qu'en Russie, lors de leur révolution d'octobre 1917, les Bolcheviks ont dû faire face au problème des minorités nationales:
Certaines minorités européennes ont arraché par la force leur indépendance (Finlandais, Baltes, Polonais) ou leur rattachement à un autre état (la Moldavie, roumaine jusqu'en 1940). D'autres ont connu une tentative d'indépendance brève et tumultueuse. L'Ukraine, disputée entre indépendantistes, Russes blancs, anarchistes makhnistes, Polonais et Bolcheviks, a fini par revenir à ces derniers. Dans le Caucase, c'est la menace turque qui a incité les Arméniens et les Géorgiens à revenir dans le giron russe. Dans toutes les régions périphériques, l'Armée rouge a pu s'appuyer sur des communistes locaux qui n'étaient souvent que des modernistes anti-féodaux, les forces traditionnelles (grands propriétaires et religieux) étant plutôt contre-révolutionnaires.
L'Union des républiques socialistes soviétiques est une confédération de républiques, théoriquement égales en droit et où les langues et autonomies nationales sont reconnues. En fait, les organes essentiels (Parti unique, police politique, économie planifiée) sont étroitement centralisés depuis Moscou. Le régime soviétique impose des bouleversements en partie modernisateurs (alphabétisation, droits des femmes) mais impose aussi des choix économiques contestables (monoculture du coton en Asie centrale) et mène souvent une politique de terreur (collectivisation des terres dans les années 1930, déportation de peuples entiers, Tatars de Crimée, Tchétchènes, etc., en 1945). Dans les années 1980, le système apparaît fragilisé par l'effondrement économique, par la guerre d'Afghanistan et par l'écart démographique croissant entre les républiques européennes (à faible natalité) et les républiques asiatiques (à natalité forte). Cependant, ce n'est pas la révolte des colonisés, mais la chute du pouvoir central soviétique en 1991 qui entraîne l'éclatement du dernier empire colonial européen.
[modifier] L'indépendance
- La décolonisation par l'indépendance a consisté à reconnaître la pleine souveraineté à une ancienne colonie:
- Il faut noter que les mouvements de décolonisation ont milité, les uns pour l'autonomie interne, comme l'UDMA de Ferhat-Abbas en Algérie, ou le RDA de Félix Houphouët-Boigny en Afrique noire française, et les autres pour l'indépendance, comme le PPA de Messali en Algérie, le Viet Minh ou le Daï-Viet en Indochine, etc. Mais il est clair que c'est l'indépendance qui a eu principalement leur faveur. Si bien que l'autonomie interne a souvent constitué une étape sur la voie de l'indépendance.
- Le processus qui conduit à l'indépendance a donc pu s'effectuer :
- par étapes,
- par révolution.
[modifier] Indépendance obtenue par étapes
L'indépendance par étapes a le plus souvent été obtenue en faisant passer le pays décolonisé, par un (ou plusieurs) stade(s) d'autonomie interne.
- L'évolution des dominions britanniques en a été un exemple. Le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ne sont devenus pleinement souverains que dans les années 20, tout en conservant cependant un chef d'État commun, le monarque britannique, représenté sur place par un gouverneur. Comme ce dernier n'a pas, en pratique, plus de pouvoirs que le monarque n'en a au Royaume-Uni, sa présence n'est guère gênante et tout se décide désormais sur place. Ainsi a été inauguré le Commonwealth. Il faut cependant observer que l'indépendance a été, dans ces trois cas, attribuée aux descendants des colons européens et des immigrants ultérieurs, non aux indigènes. Car ceux-ci ont été pratiquement marginalisés depuis longtemps au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cependant, les descendants de ces colons leur ont concédés des avantages, de nos jours, avec les héritiers statutaires des peuplades amérindiennes, aborigènes ou mahories. Malgré tout, question de savoir s'il reste des étapes à franchir pour obtenir une complète décolonisation reste ouverte.
- La Tunisie en 1956 fut l'un des premier pays qui accéda, grâce à Habib Bourguiba, à l'indépendance.
- L'émancipation des colonies françaises d'Afrique noire fut d'abord lente, parce que les revendications des Africains étaient le plus souvent limitées, hormis dans l'île de Madagascar, qui fut le théâtre en 1947 d'une dramatique insurrection réprimée. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, un nouveau parti avait vu le jour dans toutes les colonies françaises d'Afrique noire, sauf au Sénégal, et s'était développé dans l'opinion et au parlement français, le Rassemblement démocratique africain (RDA). Ce parti utilisa le droit de vote attribué aux indigènes des ex-colonies par la Constitution de 1946 (bien que les résultats électoraux aient été minorés par le système des collèges), pour pénétrer les groupes parlementaires de certains partis métropolitains. À partir de 1956, grâce à leurs contacts en métropole, les élus RDA obtinrent que s'engage un processus pacifique qui va permettre un transfert progressif de souveraineté. D'abord par la loi-cadre Defferre (1956). Cette loi et ses décrets d'application, adoptés alors que le parti socialiste de Guy Mollet était engagé à fond dans la guerre d'Algérie, accordait une décentralisation très poussée aux territoires d'Outre-Mer, avec la suppression des collèges multiples encore en vigueur en Algérie, des assemblées locales librement élues et des conseils de gouvernement désignés librement par celles-ci dans chaque territoire. Ce nouveau régime électoral, appliqué pour une fois sans truquage, permit enfin l'accession à la tête de chaque territoire de leaders représentatifs comme Félix Houphouët-Boigny ou Léopold Sédar Senghor.
- Par la suite, en 1958, lors du vote sur la nouvelle constitution de la 5ème République, tous les T.O.M., sauf la Guinée, votèrent favorablement, et eurent alors le choix, dans les 3 mois, entre le maintien de leur statut de T.O.M., l'adoption du statut de département, ou celle du nouveau statut d'État autonome. Au cours de ces trois mois, les assemblées de tous les T.O.M., d'Afrique et de Madagascar adoptèrent le statut d'États autonome, sauf celui de Cote des Somalis. Tous les autres TOM, y compris la Nouvelle-Calédonie, se prononcèrent pour le maintien de leur statut, tel qu'il découlait de la loi Defferre.
- Les nouveaux États autonomes entrèrent dans une Communauté conduite par la France, avec le titre d'États-membres. Quant à la Guinée, elle était devenue indépendante, immédiatement sa réponse négative au referendum, sous l'influence de son président Ahmed Sékou Touré.
- Mais cette Communauté française de 1958, n'allait pas faire long feu sous sa forme fédérative. En effet ses membres allaient à leur tour accéder à l'indépendance, en 1959 et 1960, par la négociation, mais avec conclusion d'accords de coopération avec la France.
[modifier] Indépendance sans transition
Ce fut le cas du Congo (également connu sous le nom de Zaïre), dont le roi des Belges annonça à l'improviste, en 1959, sa décision de le décoloniser dans un délai d'un an.
- Or, auparavant, la Belgique avait pratiqué au Congo une politique ultra colonialiste, en s'attachant à ne former que des cadres subalternes et en fermant l'accès de ses universités aux indigènes, au point qu'il n'existait pas plus d'une trentaine d'étudiants congolais dans le monde, au moment de l'indépendance (même si le taux d'alphabétisation et de scolarisation des indigènes était supérieur aux autres pays d'Afrique). Enfin dans la Force publique congolaise, pas un seul aspirant ne fut formé, même pendant la dernière année précédant l'indépendance, car les Belges tenaient à en conserver étroitement le contrôle.
- Si bien que lorsque l'indépendance fut proclamée, le parti unitaire de Patrice Lumumba, seul à être présent dans tout le Congo, n'obtint qu'une majorité relative de 45% des voix. En effet, faute de tout encadrement politique sérieux, les autres voix s'éparpillèrent entre les partis tribaux centrifuges, dont l'un, le parti Bacongo s'associa avec le sien pour gouverner. Lumumba devint alors Premier ministre et Kasavubu président.
- Des responsables improvisés se répartirent alors les plus hauts postes de l'État, alors que, dans l'armée, les sous-officiers restaient sous-officiers. D'où des troubles, à la suite desquels les sous-officiers et soldats congolais, soutenus par Lumumba. se révoltèrent contre leurs officiers belges. Malheureusement les émeutiers s'en prirent aussi aux autres Européens, si bien que Lumumba demanda l'aide de l'ONU, afin que les casques bleus rétablissent l'ordre.
- C'est alors que la riche province du Katanga, dirigée par son président Tschombé fit sécession, avec l'appui d'une gendarmerie solide restée sous commandement belge, et avec celui des grandes entreprises industrielles. Une autre province, celle du Sud-kasaï diamantifère se proclama elle aussi indépendante.
- Aussi, lorsque Lumumba voulut envoyer ses troupes, à la tête desquelles il avait du nommer des généraux improvisés, celles-ci peu disciplinées, firent quelques massacres qui furent montés en épingle. C'est alors que Lumumba fut trahi à la fois par le président Kasavubu, qui prit le parti de Tschombé, et par l'ONU qui affecta de ne reconnaître que ce président tribaliste (qui ne représentait, en réalité que 10% des Congolais).
- Mobutu, l'un des généraux improvisés nommés par Lumumba, prit alors le pouvoir, et, avec la complicité de l'ONU dont les casques bleus avaient arrêté Lumumba, livra celui-ci à Tschoumbé, qui le fit immédiatement assassiner.
C'est dans ces circonstances que le Congo fut livré à une sanglante anarchie, puis à la longue dictature corrompue de Mobutu.
- En résumé il semble bien que l'accession à l'indépendance d'un grand pays, sans qu'elle ait pu être préparée n'est guère souhaitable.
- L'indépendance des Indes fut accordée en 1947 par le gouvernement britannique. Elle fut largement préparée par l'action non-violente de Mohandas Karamchand Gandhi. Le « Mahatma » (« Grande âme », du sanskrit mahā, grand et ātman, âme) est l'un des pères fondateurs de l'Inde moderne et un défenseur de la non-violence comme moyen révolutionnaire. Le 15 août 1947 l'Inde est devenue un dominion dans le Commonwealth, sous la direction du premier ministre Jawaharlal Nehru. Des désaccords violents entre hindous et musulmans entraînent les Britanniques à diviser l'Inde, créant le Pakistan oriental, futur Bangladesh, et occidental, là où se trouvaient des majorités musulmanes. L'Inde devient une république laïque, membre du Commonwealth, après la promulgation de sa constitution le 26 janvier 1950.
[modifier] Indépendance arrachée par la force
- Lorsque aucun espoir n'est laissé aux colonisés d'obtenir l'égalité soit par l'assimilation, soit par l'indépendance, la tentation de se révolter devient grande. Mais il faut alors constater qu'alors l'indépendance est rarement acquise sur le champ de bataille, mais plutôt lorsque l'opinion publique métropolitaine, lassée de lutter contre la rébellion, se prononce pour l'indépendance.
[modifier] Guerre d'indépendance du Viêt-Nam
- La France entreprit de reconquérir l'Indochine en octobre 1945 avec le général Leclerc. En décembre 1946, la guerre éclata car les autorités françaises étaient en désaccord, malgré de nombreux contacts, avec le Président Hô Chi Minh, dirigeant du Viet Minh, fédération de mouvements patriotiques vietnamiens, et surtout avec son général Giap, aussi bien sur le principe de l'indépendance, que sur le sort futur de la Cochinchine. De leur côté, Hô Chi Minh et Giap tout deux francophones et francophiles cherchaient coûte que coûte à éviter une guerre sanglante avec la France. Ils semblaient d'accord pour signer avec Jean Sainteny et le général Leclerc, qui avaient su gagner leur confiance, des accords prévoyant une pacifique autonomie-indépendance du Vietnam à l'intérieur de l'Union Française. Alors qu'ils voyageaient avec ce dernier et le Général Salan jusqu'à Biarritz pour signer ces accords avec le gouvernement français, Georges Thierry d'Argenlieu, apparenté à la famille Michelin - qui avait d'immenses intérêts dans les plantations d'hévea d'Indochine - fit capoter l'accord en suscitant la création de la république de Cochinchine, le 1er juin 1946. De cette action date la perte de l'Indochine et consécutivement de tout l'Empire Français, ainsi que les deux guerres qui ont suivi.
- Déclenchée à la suite de provocations venant des deux camps, cette guerre de décolonisation devient ensuite un enjeu de la guerre froide, dans la mesure où le Viêt-Minh, bien qu'organisation patriotique regroupant à l'origine, les partis nationalistes et les sectes, était dominée par le Parti Communiste indochinois.
- Le Viet-Minh bien que chassé des villes tint solidement dans l'intérieur, particulièrement au nord du pays et inventa de nouvelles techniques de combat adapté à sa pauvreté en matériel et en munitions.
- La France chercha alors une solution politique, sans passer par le Viet-Minh : en juin 1948, elle reconnut l'État associé Viêt-Nam, Cochinchine comprise, dirigé par l'Empereur Bao Dai. Cette solution trop tardive ne changea pas la situation militaire.
La guerre s'internationalisa en 1949, lorsque les communistes chinois, ayant atteint la frontière de l'Indochine, apportèrent une aide directe au Viêt-Minh. Les Américains initialement favorables au Viet-Minh, soutinrent financièrement la France.
- En 1954, la défaite de Diên Biên Phu, au cours de laquelle, les vaillants combattants français payèrent pour l'impéritie des généraux français qui les avaient envoyés s'enterrer dans une cuvette et avaient sous-estimés les moyens militaires du Viet-Minh, convainquit la France à se retirer.
- Mendès France, après avoir constitué un gouvernement allant du centre à la droite, se donna un mois pour résoudre le conflit à la conférence internationale de Genève. Les indépendances du Laos, du Cambodge et du Viêt-Nam y furent alors proclamées.
- Mais le Viet-Nam fut alors provisoirement divisé en deux États, le nord sous l'autorité d'Ho Chi Minh, et le sud dirigé par Bao-Daï. Celui-ci, à l'issue d'un referendum, fut promptement remplacé par un nationaliste catholique anti-Français, Ngo Dinh Diem.
- Celui-ci refusa la tenue des élections, prévues, dans tout le Viêt Nam, pour un an après l'indépendance, et instaura au sud une dictature fascisante faisant appel à des conseillers militaires américains. Ainsi provoqua-t-il l'insurrection du « Front national de libération » (FNL), bientôt connu sous le nom de « Viet-Cong », et déclencha-t-il la seconde guerre d'Indochine.
Voir aussi: Guerre d'Indochine et Guerre du Viêt Nam
[modifier] Guerre d'indépendance de l'Algérie
- Dans le cas de l'Algérie, aussi, la décolonisation fut imposée par le peuple de métropole lassé de poursuivre cette guerre, surtout à partir du moment où les appelés avaient du y participer: Les Français, consultés une première fois, lors des législatives de 1956, sur la négociation avec le FLN, avaient voté pour le « Front républicain » qui la préconisait (mais dont le chef Guy Mollet, une fois élu, ne l'a pas réalisée). Par la suite, consultés plus tard, et cette fois directement par referendum, ils allaient répondre à de Gaulle, « oui » pour l'autodétermination.
- La guerre d'Algérie éclata en 1954 par une série d'attentats du FLN, dont le leader le plus populaire auprès des Algériens fut Ahmed Ben Bella. Ce groupe, sécessionniste du MNA de Messali Hadj, était partisan de l'action violente pour obtenir l'indépendance. Le choc fut rude pour la France qui considérait l'Algérie comme territoire français où, sur dix millions d'habitants vivait un million d'Européens, les Pieds-Noirs.
- Ces derniers, pour la plupart, refusaient catégoriquement l'indépendance, bien qu'ils soient en grande partie responsables de cette situation. En effet, les représentants des Français d'Algérie avaient constamment bloqué toutes les réformes assimilatrices, même les plus minimes, tendant à reconnaître enfin aux musulmans algériens la pleine citoyenneté française. Le ministre de l'intérieur, François Mitterrand déclara à la suite des attentats du FLN de la Toussaint 1954: "la seule négociation, c'est la guerre".
- Cette guerre mobilisa des moyens militaires et politiques de plus en plus importants. En 1957, les parachutistes du général Massu furent chargés d'investir Alger et d'y supprimer le FLN, par le gouvernement socialiste. Ils démantelèrent les réseaux terroriste FLN, en utilisant des moyens réprouvés tant par la loi que la morale et par le règlement militaire, en toute connaissance du gouvernement français de l'époque. À la fin de cette "bataille d'Alger", les parachutistes français étaient guidés dans leurs arrestations des sympatisants FLN par de jeunes musulmans, qui impressionnés par leurs "résultats" croyaient à la victoire finale de la France.
- Les succès militaires français furent incontestables, mais les moyens employés, notamment la torture et les exécutions sommaires baptisées « corvées de bois », heurtèrent l'opinion métropolitaine. Si bien que les succès remportés dans ces conditions ne cessèrent d'augmenter le nombre des partisans de la rébellion. Au point de faire oublier les atrocités très nombreuses commises par certains FLN, comme le massacre, femmes et enfants compris, de la population de Melouza contrôlée par un maquis nationaliste rival. Si bien qu'en Algérie, la cause nationaliste progressa, avec le soutien de l'ONU.
- Le 13 mai 1958, la population européenne d'Alger provoqua une émeute, entraînant la garnison de la ville, puis, avec le soutien d'officiers factieux et d'unités militaires parachutistes, imposa à la métropole un changement de gouvernement.
- C'est alors que le général de Gaulle, qui avait préconisé en vain, pour la France libérée, un régime démocratique pourvu d'un exécutif fort, au grand déplaisir des dirigeants de la IVe République, fut rappelé. Il commença par soutenir les militaires dans leur lutte efficace contre l'ALN (Armée de Libération Nationale algérienne), à partir de 1959 il n'y eu plus d'action armée du FLN et de l'ALN contre la présence française. C'est seulement après les accords d'Evian que des attentats anti-français purent reprendre.
- À partir de 1959, il engagea un processus qui allait conduire à l'indépendance de l'Algérie. C'est le 16 septembre 1959, qu'il reconnut le droit des Algériens à l'autodétermination, et fit approuver ce principe, par referendum, par les Français.
- Il se heurta alors à la résistance des pieds-noirs, et d'une fraction de l'armée, dont les plus extrémistes, dirigés par quatre généraux, tentèrent un putsch en avril 1961. Ce dernier fut un échec, mais certains Européens d'Algérie créèrent alors l'Organisation armée secrète (OAS), dans le but de s'opposer aux négociations entre le gouvernement et le FLN. L'OAS déclencha une insurrection contre l'armée française, qui la réprima sévèrement, ainsi que des attentats en métropole. Le 18 mars 1962, l'indépendance de l'Algérie n'en fut pas moins proclamée, en application des accords d'Évian.
- Malheureusement cette indépendance fut accompagnée de massacres de nombreux « pieds noirs » et de dizaines de milliers de « Harkis », c’est-à-dire de musulmans partisans de la France. Il est vrai que les massacreurs ne furent que rarement des membres de l'ALN, mais plutôt des lâches qui, n'ayant rien fait pour l'indépendance, cherchaient tardivement à prouver ainsi leur zèle patriotique. Mais le FLN, qui n'avait pas su les protéger, n'avait pas moins violé ses obligations. Cependant, il semble aussi que la responsabilité essentielle en ait incombé aux autorités françaises au sommet, qui loin d'avoir protégé les Harkis, les ont fait désarmer et ont mis des obstacles administratifs à leur venue en métropole.
Article détaillé : Guerre d'Algérie
[modifier] Guerre d'indépendance de l'Angola
Les colonies portugaises, l'Angola et le Mozambique, accèdent à l'indépendance au terme de guérillas interminables en 1974, après la révolution des œillets qui renverse le régime salazariste. Dans le cas de l'Angola c'est l'insurrection du mouvement « Unita » de Joseph Savimbi, le seul véritablement indigène (et le seul qui ait véritablement combattu les forces portugaises). Ainsi a-t-il obligé la population portugaise de métropole, qui refusait la guerre, à soutenir le putsch de ses officiers rebelles contre le gouvernement salazariste. Ainsi le succès de ces derniers a-t-il permis de mettre fin au conflit.
À noter que l'indépendance de l'Angola a été confisquée par les métis de Luanda, dont l'un, apparenté à l'amiral salazariste Coutinho, s'est fait transmettre le pouvoir par celui-ci lors de l'indépendance. Alors, les métis, incapables de vaincre seuls l'Unita, ont dû faire appel, grâce aux revenus du pétrole, aux anciens gendarmes katangais de Tchoumbé, puis à l'armée régulière cubaine, pour briser, au prix de longues années de guerre, les véritables résistants angolais.
[modifier] Causes de la décolonisation
[modifier] L'ébranlement des empires coloniaux sous la Seconde Guerre mondiale
La Seconde Guerre mondiale entraîna une énorme perte de prestige pour les puissances coloniales : L'image de leur invincibilité y fut très atteinte, en raison des victoires allemandes puis japonaises.
En outre, pendant la guerre, Britanniques et Français ont eu besoin des colonies et ont multiplié les promesses d'émancipation, à commencer par celle de l'Empire des Indes.
Certes, en 1944 lors de la conférence de Brazzaville, la France préconisa plutôt l'assimilation, sous la forme de l'accession par degrés des indigènes à la citoyenneté, plutôt que l'autonomie des colonies ou leur indépendance. Mais si l'on considère que cette conférence réunissait essentiellement des gouverneurs des colonies, il faut admettre qu'elle a tout de même été émancipatrice. En outre, il faut savoir que le CFLN et l'Assemblée consultative d'Alger, prêts à aller très loin pour défendre la souveraineté française, contre les Allemands et vis-à-vis des Américano-britanniques, ne se reconnaissaient pas le droit de renoncer à la moindre parcelle du territoire français, remettant les décisions de cet ordre aux futures instances démocratiquement élues de la France après la libération. Après 1945, l'opinion politique mit d'ailleurs très longtemps à évoluer en France, malgré la guerre d'Indochine, la révolte de Madagascar et la guerre d'Algérie.
[modifier] L'influence des diverses chartes internationales
L'opinion internationale, elle, fut de plus en plus favorable à la décolonisation, sous l'influence de la Charte de l'Atlantique du 14 août 1941, par laquelle Roosevelt et Churchill reconnaissent le droit de tous les peuples à l'autodétermination, de l'ONU, de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
[modifier] Le renversement de position des mouvements de pensée
Les Églises qui avaient joué un rôle important dans l'œuvre de colonisation, tant par l'envoi de ses missionnaires, que par le déclenchement d'expéditions militaires pour les protéger lorsqu'ils étaient persécutés, ont commencé à renoncer à leurs positions colonialistes, pour prendre la défense des indigènes. Cela était déjà arrivé sporadiquement aux siècles précédents, notamment par les interventions de Las Casas ou des Jésuites du Paraguay. Mais après la Seconde Guerre mondiale, cette orientation a tendu à se généraliser, en même temps que des prélats indigènes ont progressivement accédé aux fonctions de haut rang auparavant monopolisées par les Européens. Les intellectuels, étaient encore en majorité favorables à la colonisation, avant la guerre de 1939-45. L'œuvre coloniale de la France apportant la civilisation aux peuples déshérités était l'un des thèmes incontournables des discours sur la colonisation. Mais à la suite du choc produit par l'effondrement de la France et du Royaume-Uni en 1940, le point de vue des indigènes a été moins méconnu par les intellectuels. Ceux-ci se sont dès lors montrés de plus en plus réservés ou carrément hostiles, parallèlement au développement des idéologies socialistes dans les métropoles, surtout après la Seconde guerre mondiale.
[modifier] La force exemplaire de chaque nouvelle indépendance sur les colonisés
L'accession à l'indépendance de toute une série de nouveaux pays encouragea les mouvements politiques anti-colonialistes dans tous les pays d'outremer non encore indépendants: En 1946, Philippines, en 1947, Union indienne et Pakistan, en 1948, Birmanie et Ceylan, etc. C'est particulièrement l'accession à l'indépendance de l'Empire des Indes, promise en pleine guerre par le Royaume-Uni, qui a impressionné les opinions des pays encore colonisés ou colonisateurs. L'Inde britannique, connue par les romans de Rudyard Kipling et par de nombreux films, ainsi que par sa surface imposante sur les cartes des manuels scolaires, était imaginée comme un pilier de la colonisation. Si le Royaume-Uni victorieuse qui dominait les mers l'abandonnait, comment imaginer que les colonies des autres pays pourraient être conservées ? La division de cet Empire en deux États séparés, l'Union indienne, dont la population était en majorité de religion brahmaniste, et le Pakistan peuplé principalement de musulmans, qui avaient accédé séparément à l'indépendance démontrait que la décolonisation n'avait pas que des avantages : Elle s'était en effet traduite par de terribles massacres des exodes massifs, et avait laissé subsister de terribles tensions, et de nombreux problèmes non résolus. Mais les massacres semblaient éloignés et seul subsistait l'image colossale des nouveaux États indépendants. Les mouvements coloniaux militaient, les uns pour l'indépendance, PPA de Messali en Algérie, Viet Minh et Daï-Viet en Indochine, les autres pour l'autonomie, UDMA de Ferhat Abbas en Algérie, RDA d'Félix Houphouët-Boigny en Afrique noire française, etc., etc. C'est souvent, en accédant à la conscience politique et en retournant contre les pays colonisateurs leurs propres valeurs, que ces mouvements, allaient développer de la sympathie pour leur action dans les opinions métropolitaines.
[modifier] Le coût des empires coloniaux
La prise de conscience du coût élevé pour l'économie des empires coloniaux européens, qui sera appelé plus tard complexe hollandais, a beaucoup pesé sur les puissances coloniales. En effet, suite à la perte de l'Indonésie, les Pays-Bas ont connu un réinvestissement des capitaux coloniaux dans leur économie ainsi que le redéploiement des dépenses publiques sur la métropole néerlandaise. Il est ainsi apparu dès le milieu des années 1950 que la perte de l'Indonésie, loin d'être une catastrophe pour l'économie néerlandaise, fut au contraire favorable.
En France, Raymond Cartier (voir Cartiérisme), journaliste à Paris-Match, à la fin des années 1950, estimait que les colonies coûtaient trop cher, et qu'il valait mieux financer « la Corrèze avant le Zambèze ». Il écrira :
-
- « Le colonialisme a toujours été une charge en même temps qu'un profit, souvent une charge plus qu'un profit. Dans les conditions et sous les servitudes politiques actuelles, c'est plus vrai que jamais » (Paris-Match, 18 août 1956)
De Gaulle dira également de la décolonisation : « c'est un fait : la décolonisation est notre intérêt et, par conséquent, notre politique ». On notera par exemple que la France dépensa dans ses colonies, entre 1945 et 1960, deux fois le montant reçu des États-Unis au titre du plan Marshall.
La thèse du « pillage » colonial est contestée, et il est notable que le développement récent du capitalisme a exigé au contraire un abandon des colonies, un divorce à l’amiable entre les deux parties. Si un des divorcés en a largement profité, la métropole, le cas du second est plus nuancé.
[modifier] Les intrigues des États tiers
[modifier] Le rôle de l'Allemagne et du Japon
L'Allemagne, bien qu'ayant perdu toutes ses colonies après la Première Guerre mondiale fut un acteur influent dans le processus de décolonisation. En participant à la surenchère internationale que ces pays durent subir pendant la Seconde Guerre mondiale. Le régime nazi tenta grâce à la radio de saper le moral et de créer des révoltes dans les colonies. Elle tenta de se rapprocher des pays dominés par les alliés afin d'en obtenir des matières premières, et se présenta de cette manière comme une amie des colonisés. En réalité Hitler dans Mein Kampf avait clairement exprimé son mépris pour les colonisés arabes et indiens. Néanmoins la propagande nazie participa au processus de décolonisation, car en proposant plus que les métropoles, l'Allemagne encouragea les revendications à l'encontre des colonisateurs. Le Japon fit de même dans le sud-est asiatique en soutenant les autonomistes locaux. Mais ces derniers, après avoir accueilli favorablement les Nippons constatèrent rapidement le mépris dans lequel ceux-ci tenaient les autres asiatiques. Néanmoins par la constitution de gouvernements fantoches contre les Hollandais (aux Indes néerlandaises), contre les États-Unis (aux Philippines), contre le Royaume-Uni (en Malaisie et Birmanie) et contre la France (au Viêt-Nam, au Cambodge, et au Laos), ils démontrèrent aux indigènes que les occidentaux avaient cessé d'être invincibles.
[modifier] Le rôle de l'Union soviétique
Avec la conférence de Bakou, en 1920 déjà, les Soviétiques s'intéressèrent activement aux problèmes de la décolonisation : ils assimilaient les colonisés au prolétariat, ceux-ci étaient donc à libérer. Leur propagande portait, parce qu'ils apparaissaient comme sincères : après tout, ils avaient eux-mêmes donné l'exemple en effectuant leur propre décolonisation par la voie de l'autonomie interne, alors que d'autres pays colonisateurs comme la France en étaient bien loin. Leur appui à la décolonisation ne fut cependant pas illimité après la mort de Lénine. En effet, deux thèses s'opposèrent alors, celle de Staline, pour une consolidation de l'État soviétique, et celle de Trotsky pour une priorité à l'internationalisme. C'est Staline qui l'avait emporté, et avait dès lors concentré ses efforts sur l'Europe.
Ce fut surtout après la mort de Staline (5 mars 1953) que l'URSS commença à soutenir les indépendances, avec la guerre froide. L'URSS s'opposa alors dans les pays du tiers monde à l'action des Américains. Il y eut une surenchère incessante entre ces deux pays pour obtenir le plus large contrôle, et la plus grande influence possible dans ces pays.
[modifier] Le rôle des États-Unis
Les États-Unis se disent clairement anti-colonialistes, avec par exemple Franklin Roosevelt. Symboliquement, Harry Truman lors de son discours sur l'état de l'Union de 1949 ouvrit l'ère du développement (par opposition au sous-développement caractéristique des pays colonisés) et prône l'aide. Après ce discours, le Congrès des États-Unis adoptera l'Act for international development, et tant l'ONU que l'Europe créeront des institutions de coopération. Mais ce discours, s'il est porteur d'espoir, n'en est pas moins jugé par certains comme paternaliste. De plus, il ne s'adressait qu'aux peuples pacifiques, c'est-à-dire principalement aux pays non communistes.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
-
- dernier territoire africain à ne pas avoir été décolonisé, d'après les Nations unies
- article sur un.org
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