Hans Urs von Balthasar
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Hans Urs von Balthasar (Lucerne, 12 août 1905–Bâle, 26 juin 1988), théologien catholique suisse, de langue allemande.
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[modifier] Biographie
Né dans une famille catholique suisse allemande de Lucerne, en Suisse, Hans Urs von Balthasar fait ses études dans une école bénédictine puis dans la jésuite. Il étudie la philosophie et la littérature à Vienne et à Berlin.
En 1927, il effectue une retraite religieuse à Bâle, où il se sent appelé par Dieu. En octobre 1928, il obtient son doctorat à l'université protestante de Zurich, sur le sujet Histoire du problème eschatologique dans la littérature moderne allemande. Dès le mois de novembre, il commence son noviciat dans la Compagnie de Jésus. Il étudie alors la philosophie scolastique et la théologie pendant plusieurs années. Il rencontre alors d'autres étudiants comme Jean Daniélou, ainsi que des enseignants théologiens comme Henri de Lubac, qui lui montre l'importance des Pères de l'Église, ou le philosophe Erich Przywara, qui lui fait découvrir Hegel, Max Scheler, et Heidegger.
Hans Urs von Balthasar est ordonné prêtre en juillet 1936. Il refuse un poste à la Gregoriana, à Rome, et s'installe à Bâle. Il donne des conférences et se lie d'amitié avec le théologien protestant Karl Barth, avec qui il partage une même passion pour Mozart. Il est en effet un excellent pianiste et un musicien de qualité. Il fonde un institut séculier, la Communauté Saint-Jean, avec la mystique protestante Adrienne von Speyr, dont il est le confesseur et le directeur spirituel.
À ce moment, ses difficultés s'accumulent : son père meurt, sa mère tombe gravement malade, de même que son mentor Erich Przywara. De plus, Adrienne von Speyr a des visions, à l'égard desquelles les églises catholiques et luthériennees, en 1947 et 1949, préfèrent prendre des distances. La Compagnie de Jésus préfère ne pas prendre sous sa responsabilité l'Institut Saint-Jean, et la « nouvelle théologie » d'Henri de Lubac, dont il est proche, fait l'objet de nombreuses critiques au sein de l'appareil ecclésiastique romain. En 1950, Hans Urs von Balthasar quitte la Compagnie de Jésus. Il se retrouve sans travail et sans ressources. La Congrégation suisse pour l'éducation catholique l'a banni des instituts et universités.
Il réussit à vivre en donnant des conférences. Alors que sa santé se détériore, la théologie de Urs von Balthasar fait de plus en plus d'adeptes. Bien qu'il ne soit pas invité à Vatican II, il reçoit, en 1984, le prix Paul VI pour la théologie, et en 1988, est créé cardinal par Jean-Paul II le 26 juin 1988 mais meurt deux jours avant le consistoire où il devait recevoir l'anneau et la barrette cardinalices.
[modifier] Pensée théologique et philosophique
- La pensée de Urs von Balthasar est une pensée organique, au sein de laquelle le passage par la philosophie est nécessaire. Imprégnée des Pères de l'Eglise et de la théologie médiévale, mais aussi de la philosophe idéaliste allemande avec une coloration hegelienne sensible, Balthasar prend des distances avec une théologie qui oppose la foi révélée avec la raison (celle de Karl Barth, avec lequel il maintiendra un long débat). Mais plus profondément, c'est Goethe et son esthétique qu'il choisit, contre Kant et ses catégories.
- L'histoire des rapports entre philosophie et théologie passe par quatre moments : (1) La Grèce, en quête de sagesse et de vérité dans une figure achevée ; (3) La patristique qui intègre la philosophie grecque en la faisant exploser dans la Révélation et la transcendance ; (3) La philosophie médiévale, notamment la scolastique de Thomas d'Aquin, où s'épanouit l'idée de la capacité humaine à atteindre naturellement le divin (avec les risques de chosification de la grâce divine qui mèneront à la réaction protestante) ; (4) le moment moderne qui se divise en deux courants philosophiques avec lesquels la théologie doit s'intégrer : l'un qu'il nomme la "médiation antique" et qui cherche à retrouver l'éclat de l'être et à reprendre à son compte la métaphysique ancienne (et qui s'accomplit notamment chez Heidegger) ; l'autre "le tournant vers l'esprit", amorcé avec Descartes qui mènera à l'idéalisme allemand et au positivisme. La théologie épouse chacun de ses moments, en cherchant tantôt l'articulation organique, tantôt la revendication confessante.
Toutefois, Urs von Balthasar n'accepte pas une interprétation de sa pensée comme étant une philosophie chrétienne. La philosophie doit mener aux questions ultimes face auxquelles s'imposent des options.
- Une des clés de lecture de la pensée de Urs von Balthasar est celle de la "figure" (Gestalt) et de son rayonnement. L'amour de Dieu dans le Christ est totalement engagée dans le créé, et même les figures imparfaites et particulières imposent le respect. La lumière divine n'est pas réservée à ceux qui la confessent, d'autant plus qu'elle se révèle à travers les figures du créé et de l'histoire, même les plus tragiques -la Gloire et la Croix-. De ce point de vue, il s'éloigne de Hegel pour qui la vérité en fin de compte ne s'éprouve définitivement que dans le moment de l'esprit absolu. L'amour de Dieu est plus vaste que l'auto-compréhension de l'Esprit par lui-même. C'est la raison pour laquelle Urs von Balthasar s'est investi dans une vaste Dramatique de Dieu lui-même, clé de voûte d'une théologie où parlent l'art et le théâtre.
On ne doit pas en déduire que la pensée de Balthasar soit un immanentisme théologique. Son analyse de l'analogie de l'être, appuyée non sur une approche logique, mais d'abord sur la liberté qui conditionne l'amour au sein de Dieu et dans le rapport entre Dieu et la créature, l'inscrit dans la lignée des métaphysiciens spiritualistes. De ce point de vue, la pensée de Urs von Balthasar est un équilibre réussi entre la métaphysique ancienne et médiévale, et la phénoménologie contemporaine.
[modifier] Œuvres
L'œuvre de Hans Urs von Balthasar est immense et pratiquement sans aucun équivalent au cours du Vingtième Siècle. Henri de Lubac a dit de lui qu'il était peut-être l'homme le plus cultivé de son temps. Pour entrer dans son œuvre, on pourra lire les deux petits livres "l'amour seul est digne de foi", et "Dieu et l'homme d'aujourd'hui"
Liste non exhaustive.
- Apocalypse de l'âme allemande (1937–1939)
- Présence et pensée. Essai sur la philosophie religieuse de Grégoire de Nysse (1942)
- Liturgie cosmique (1947)
- La gloire et la croix. Aspects esthétiques de la Révélation, (1961–1969)
- Le cœur du monde, (1956)
- Parole et mystère chez Origène (1957)
- Ronchamp (préface à un album de photos), trad. Armel Guerne, Desclée de Brouwer, 1958.
- Points de repères (1973)
- La dramatique divine (1973–1983)
- Aux croyants incertains (1980)
- Le chrétien Bernanos (2004)
- La vérité est symphonique (2000)
[modifier] Bibliographie
[modifier] Voir aussi
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