Histoire de l'Asie centrale
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Grâce à sa position géographique, l'Asie centrale a depuis très longtemps été traversée par les grandes voies de communication de l'Eurasie, notamment par la Route de la soie. Cette situation privilégiée lui a permis d'acquérir une grande richesse tant culturelle qu'économique. Il importe cependant de distinguer deux types de peuples, les sédentaires et les nomades, dont l'opposition a marqué l'histoire de l'Asie centrale pendant près de 3000 ans. L'aridité de cette région a contraint les sédentaires a mettre en place des réseaux d'irrigation. Leurs oasis étant éloignées les unes des autres, il leur était difficile de former des États unifiés. Les nomades ont toujours vécu dans la vaste zone de steppes et de déserts située au nord de l'Asie centrale. Quand leurs tribus parvenaient à s'unir, de puissants empires se constituaient. Ainsi en est-il des Xiongnu au IIIe siècle av. J.-C. ou des Mongols au XIIIe siècle. Les empires établissaient leur domination sur les oasis de l'Asie centrale et s'étendaient parfois hors de ce territoire. La Chine a fréquemment subi des invasions de peuples nomades.
L'âge d'or des peuples de la steppe prend fin au cours du XVIe siècle lorsque les grands empires russe et chinois prennent peu à peu le contrôle de la région. Lors du XIXe siècle le cœur de l'Asie centrale tombe aux mains des armées du tsar. Après la Révolution russe de 1917 pratiquement toute la région est incorporée dans l'URSS, seule la Mongolie parvient à rester nominalement indépendante bien que dans les faits elle soit un satellite soviétique. Dans ces zones, l'industrialisation et la construction d'infrastructures se développent, entraînant la mort des cultures locales, la pollution et des tensions ethniques. Le programme de collectivisation entraînera des milliers de morts.
Avec la chute de l'Union soviétique, cinq nouveaux états voient le jour. Dans tous ces états les anciens dirigeants communistes gardent le pouvoir. Et même si un certain frémissement se fait sentir avec l'arrivée des américains dans la région suite à la guerre contre le terrorisme, on est encore loin d'avoir des états démocratiques. Le reste du territoire étudié reste sous le contrôle de la Chine.
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[modifier] Préhistoire
La présence de l'homme est attestée en Asie centrale dès le paléolithique inférieur, notamment par les outils qu'il a produits. Le site le plus connu est celui de la vallée de Soan, au Pakistan; les vestiges les plus anciens pourraient dater de 1,2 à 1,4 millions d'années. Au Tadjikistan, les sites de Karatau I et Lakhuti I ont fournit plus de 2000 pièces datant de 200 000 à 300 000 ans. A cette époque l'Homo sapiens n'existait pas encore. Ses plus anciens restes semblent avoir été trouvés en Mongolie intérieure en 1975; ils datent du début du paléolithique supérieur.
Les premiers habitants de l'Asie centrale ont vécu de la chasse et de la cueillette jusque vers -10 000. Ils ont ensuite progressivement adopté une économie de production. Au VIe millénaire av. J.-C., alors que des grottes continuaient à être habitées par des chasseurs-cueillers, des cultivateurs sédentaires construisaient des villages. Il en reste des vestiges sur le site de Djeitoun, près d'Ashghabad au Turkménistan. L'un de ces villages comprenait une trentaine de maisons qui pouvaient loger jusqu'à 200 personnes. Ils cultivaient de l'orge et du blé et ils connaissaient déjà l'irrigation. La chèvre était sans doute domestiquée; le mouton était encore chassé.
Peu avant l'époque de Djeitoun, au VIIe millénaire av. J.-C., on observe une migration d'un peuple originaire du Moyen-Orient vers le sud-est de la Mer Caspienne. Il apportait avec lui des moutons et des chèvres domestiqués. Ces hommes utilisaient des grottes comme celles de Djebel ou de Dam Dam Chashma II comme habitations saisonnières. Selon Bernard Sergent (Les Indo-Européens, Payot, 2005), il s'agirait de Sémito-Hamites. Poursuivant leur migration jusqu'au nord de la Mer Noire, ils se seraient mélangés à des autochtones, et de ce métissage, seraient issus les Proto-indo-européens.
Du VIe millénaire av. J.-C. au IVe millénaire av. J.-C., la plus grande partie du Turkestan occidental était recouvert par la culture de Kelteminar. Ces hommes utilisaient la même technique de taille du silex que ceux de Djeitoun, mais ils fabriquaient surtout des pointes de flèche au lieu de produire des faucilles. Ils chassaient la gazelle et l'onagre et pratiquaient la pêche. Ils installaient des campements saisonniers près des points d'eau, avec des huttes semi-enterrées ou de grandes constructions de plus de 300 m². On y a trouvé des os de chameaux, de bœufs et de chevaux sauvages. Une potterie assez simple était utilisée, avec des décors peints ou incisés. V. N. Danylenko a supposé que les hommes de Djebel avaient quitté le sud-est de la Mer Caspienne pour se rendre sur la Volga à cause de la pression des hommes de Kelteminar, et il a même distingué deux vagues de migrations.
Au Ve millénaire av. J.-C., des tribus originaires de l'Iran central s'intallèrent au sud du Turkménistan. Une nouvelle culture, dite de Namazga, apparut. Elle vit le développement de l'agriculture, avec l'élevage des bœufs et des porcs, ainsi que du tissage. La métallurgie du cuivre fut introduite. Vers la fin du IVe millénaire av. J.-C., ces communautés entrèrent en relation avec l'Iran et l'Inde du Nord. Elles s'étendirent lentement vers l'est et des établissements agricoles se consituèrent en Ouzbékistan (site de Sarazm). Les premiers véhicules à roues apparurent, en provenance sans doute du Moyen-Orient.
La culture de Namazga arriva à son apogée au milieu IIIe millénaire av. J.-C., avec l'introduction de bronze et le développement d'un véritable urbanisme. Elle est connue par des sites comme celui d'Altyn-depe ou d'Hapuz-depe. La cité d'Altyn-depe possédait une entrée de 15 mètres de large; il y avait deux allées, une pour les piétons et une pour les véhicules. Il existe des représentations de chariots tirés par des chameaux. Les maisons étaient composées de plusieurs pièces. Les inhumations étaient généralement collectives, comme aux époques antérieures, mais il y avait aussi des tombes individuelles pourvues d'un riche mobilier. Ces dernières se trouvant près d'un édifice religieux, on peut supposer que les défunts avaient été des prêtres. Il s'agissait majoritairement de femmes.
Au Kazakhstan, les cultures ont beaucoup moins évolué. Au sud de ce territoire, elles sont restées proches de la culture de Kelteminar. La chasse, la pêche et la cueillette sont restées les principaux moyens de subsistance, mais on observe une tendance à la sédentarisation. Un site remarquable est celui de Botai, au nord du Kazakhstan. Ses outils en silex ont permis de le dater des IVe millénaire av. J.-C. et IIIe millénaire av. J.-C.. Les maisons étaient semi-souterraines, avec un toit en bois. Il s'agissait d'habitations permanentes. Les os d'animaux qui ont été trouvés proviennent à 99% de chevaux. Les hommes de Botai les chassaient mais ils commençaient aussi à les domestiquer. On sait aussi qu'ils les montaient.
[modifier] L'arrivée des Indo-Européens
La domestication du cheval a été effectuée dès le Ve millénaire av. J.-C. par les Proto-Indo-Européens. Ceux-ci créèrent une culture dite des kourganes d'après la forme de leurs sépultures. Une partie d'entre eux migra durant le IVe millénaire av. J.-C. de la Russie du sud jusqu'en Sibérie méridionale, sur le cours moyen de l'Ienisseï. Ils y fondèrent la culture d'Afanasievo, qui subsista durant tout le IIIe millénaire av. J.-C.. On incline à voir en eux les ancêtres des Tokhariens. Vers l'an -2000, ils s'installèrent dans le bassin du Tarim, autour du désert du Taklamakan. Ce territoire très aride semble avoir été à peu près vide avant leur arrivée: à part certaines îles de l'Océan Pacifique, il a été la zone la plus récemment occupée par l'homme.
A cette même époque, une culture également issue de celle des kourganes apparut à l'est de l'Oural : celle de Sintashta. Ses porteurs disposaient d'une nouvelle invention: le char de guerre léger à deux roues, tiré par deux chevaux. Ils fabriquaient aussi des armes en bronze. Ces avantages expliquent sûrement leur expansion fulgurante. Durant le IIe millénaire av. J.-C., ils occupèrent une grande partie de l'Asie centrale, notamment la totalité du Kazakhstan, et de la Sibérie méridionale. Ils pénétrèrent dans l'ouest du bassin du Tarim, où les Tokhariens subirent leur influence. Ces hommes parlaient probablement une langue iranienne. Il s'agissait de sédentaires qui vivaient de l'élevage et de l'agriculture. Ils fondèrent ce que l'on appelle la culture d'Andronovo.
Ils eurent des contacts avec la civilisation de l'Oxus, qui occupait le sud du Turkménistan et de l'Ouzbékistan (en particulier la Bactriane) entre -2200 et -1700. Cette civilisation semble être née de la rencontre d'hommes de Namazga avec des Indo-Européens qui parlaient un sanskrit archaïque. A partir de -1700, une partie de ces hommes ont migré vers l'Inde du Nord, où ils ont apporté le sanskrit, mais d'autres se sont déplacés vers le Moyen-Orient, où ils auraient fondé le royaume du Mitanni. De fait, c'est au Moyen-Orient que se trouvent les plus anciennes traces de la culture indienne (vocabulaire et noms de dieux). En Inde, ces hommes s'établirent sur les décombres de la brillante civilisation de la vallée de l'Indus, qu'ils avaient sans doute contribué à détruire.
A partir de -1500, les tribus iraniennes s'intallèrent sur le territoire de la civilisation de l'Oxus. Les Tokhariens et les Iraniens se partagèrent dès lors la quasi-totalité de l'Asie centrale. Ils ne laissèrent subsister qu'une seule langue non indo-européenne, le burushaski, replié dans les montagnes du Pakistan septentrional. Au début du Ier millénaire av. J.-C., les Iraniens des steppes devinrent nomades et abandonnèrent les chars pour la cavalerie montée. Ils sont connus sous les noms de Scythes ou de Saces. Une partie d'entre eux, les Sogdiens et les Bactriens, se sédentarisèrent et fondèrent des cités comme celle de Samarcande.
Le nomadisme des peuples des steppes s'explique par la prédominance accordée à l'élevage sur la culture de la terre: il n'est pas possible de faire paître les animaux toujours au même endroit, sous peine d'épuiser les pâturages. Souvent mal compris par les sédentaires, ce mode de vie ne consiste pas à errer de façon perpétuelle, mais à effectuer un circuit annuel sur un même territoire. Les nomades sont en général attachés à leurs terres. Les Scythes n'hésitaient pas à fuir devant leurs ennemis quand ceux-ci étaient trop forts, mais ils étaient prêts à mourir pour défendre les terres où leurs ancêtres étaient enterrés.
[modifier] L'Antiquité
Au VIe siècle av. J.-C. l'empire achéménide se lança à la conquête de l'Asie centrale. Les auteurs grecs commencèrent dès lors à parler de ce territoire. Les plus anciens témoignages se trouvent dans l'œuvre d'Hérodote. Les Perses prirent possession de la Bactriane et de la Sogdiane, mais ils ne purent soumettre qu'une partie des Saces. Le fondateur de l'empire achéménide, Cyrus, fut tué lors d'une campagne contre les Massagètes, dirigés par la reine Tomyris. Ces derniers étaient des nomades apparentés aux Saces et aux Scythes.
Au IVe siècle av. J.-C., Alexandre le Grand détruisit la dynastie des Achéménides et amena ainsi la civilisation hellénistique jusqu'en Bactriane en fondant la ville d'Alexandria Eskhate en -329, sur le territoire actuel du Tadjikistan. Après sa mort en -323, le territoire conquis fut récupéré par d'autres Grecs, les Séleucides. Vers -250, la portion de l'empire séleucide correspondant à l'Asie centrale fit sécession et forma le royaume gréco-bactrien, qui s'étendit vers l'Inde. Sous le règne de Demetrios (environ de -189 à -167), toute la vallée de l'Inde, jusqu'à la mer, fut conquise. Ce véritable empire vit fleurir l'art gréco-bouddhique.
Le royaume gréco-bactrien fut victime de la médiocrité de ses derniers souverains et d'un évènement d'une importance considérable qui se produisit à l'est de l'Asie centrale: la défaite de l'empire des Yuezhi face à celui des Xiongnu. Les premiers étaient des nomades tokhariens qui avait fondé un vaste empire à partir de l'ouest du Gansu. Ils avaient notamment pris le contrôle du bassin du Tarim, où d'autres Tokhariens s'étaient sédentarisés. Les Xiongnu ayant chassé les Yuezhi de leur territoire d'origine, ceux-ci migrèrent vers l'ouest en poussant devant eux certains peuples saces. Ces derniers se rendirent en Bactriane, qu'ils prirent aux Grecs, et ils poursuivirent leur route jusqu'en Afghanistan. Sous le règne de Maues (de -90 à -53), ils pénétrèrent en Inde. Une partie des Yuezhi s'intalla à son tour en Bactriane, un peu avant -130. Désireux d'entrer en contact avec eux, les Chinois leur envoyèrent l'ambassadeur Zhang Qian. Dès lors, ils eurent une connaissance assez précise de l'Asie centrale. A partir du Ier siècle av. J.-C., ils s'efforcèrent de contrôler le bassin du Tarim et d'en chasser les Xiongnu.
Le Ier siècle de notre ère vit l'émergence d'un nouvel empire en Bactriane, celui des Kouchanes. Les Chinois les considèrent comme des Yuezhi, mais peut-être s'agissait-il en réalité de Saces qui avaient été vassaux des Yuezhi. Leur culture était de toute évidence iranienne. Malgré l'importance que prit cet empire, on sait très peu de choses sur lui. Etant un trait d'union entre la Chine et l'empire romain, il permit au commerce de se développer sur la Route de la soie. Cette voie de communication traversait la Perse, alors dominée par les Parthes. Le bouddhisme commença à se diffuser en Asie centrale sous le règne de l'empereur Kanishka Ier. Il s'installa surtout dans sa partie orientale, c'est-à-dire dans le bassin du Tarim. Le zoroastrisme resta la religion principale des peuples de langue iranienne. Le nestorianisme plus s'implanter en certains endroits.
[modifier] L'arrivée des Turco-Mongols
Fondamentale, la victoire des Xiongnu sur les Yuezhi l'a été à plus d'un titre: elle marque le début du recul des peuples indo-européens face aux peuples turco-mongols, originaires de Sibérie. Désormais, la Mongolie n'appartiendra plus qu'à ces derniers. Ces peuples perpétuent toutefois le mode de vie des nomades indo-européens. Ils sont des cavaliers extrêmement habiles armés de puissants arcs composites. Tous les hommes sont des guerriers qui ont de devoir de tuer des ennemis; mourir au combat est un idéal. Contrairement à ce que l'on croit parfois, leurs armées sont très disciplinées. Ces peuples pratiquent aussi la razzia. Ils attaquent les sédentaires puis ils les laissent en paix en échange du versement d'un tribu.
Plusieurs empires apparaissent en Mongolie et dominent une partie plus ou moins grande de l'Asie centrale:
- En 155, les Xianbei succèdent aux Xiongnu. Ils ne fondent pas un État très puissant, mais à la fin de la dynastie Han en Chine, après 220, des tribus issues de leur confédérations occupent la Chine du Nord. C'est le cas des Tabgatch, fondateurs en 432 de la dynastie des Wei du Nord. Ce phénonème peut être comparé aux Grandes invasions qui ont causé l'effondrement de l'empire romain d'Occident.
- Les Ruanruan, ou Avars de leur vrai nom, se rendent maîtres de la Mongolie en 402. Leur chef porte le nom turco-mongol de khan.
- Au même moment, les Hephthalites, originaires de la Dzoungarie, partent à la conquête du Turkestan russe, puis de l'Inde du Nord. En Perse, les Sassanides sont confrontés à eux. Il semble qu'ils aient été indo-européens.
- Les Köktürks éliminent les Avars en 552, puis les Hephalites quelques années plus tard. Ils s'emparent de tout le Turkestan occidental, s'installant jusqu'en Bactriane. C'est le premier peuple à porter le nom de « turc ».
- Ils sont remplacés en 744 par les Ouighours, également turcs. Au contraire des peuples précédents, les Ouighours seront en bons termes avec les Chinois. Ils deviendront même les protecteurs de la dynastie Tang face à la rebellion d'An Lushan.
- Ils sont vaincus en 841 par les Kirghiz, de langue turque, et se réfugient au Gansu puis dans le bassin du Tarim, où ils provoqueront l'extinction des langues tokhariennes. Ils se convertissent au manichéisme puis au bouddhisme, la religion des Tokhariens.
L'époque dont il est question ici est aussi celle de la grandeur des Sogdiens, dont l'activité commerciale a contribué au développement de la Route de la soie. Ils fondèrent des colonies jusqu'à l'est du bassin du Tarim et leur langue devint la langue véhiculaire de l'Asie centrale. Ils influencèrent les Ouighours alors ceux-ci étaient encore en Mongolie; leur écriture servit à noter la langue turque.
[modifier] L'islamisation
Après avoir détruit l'empire perse des Sassanides en 651, les Arabes poursuivirent leurs conquêtes. Ils prirent Samarcande en 712. Les Chinois, qui avaient réussi à contrôler une grande partie de l'Asie centrale après la défaite des Köktürks, furent éliminés du Turkestan occidental lors de bataille de Talas en 751. De même que les Perses, les Sogdiens se convertirent progressivement à l'islam. Cette religion allait marquer profondément les peuples sédentaires de l'Asie centrale, et inversement, leur civilisation raffinée allait exercer une influence sur l'islam. Sous la dynastie des Samanides, arrivée au pouvoir vers 875, le persan supplanta les langues de Bactriane et de Sogdiane. Toujours parlé en Asie centrale, il a pris le nom de tadjik.
Cependant, les Turcs poursuivaient leur expansion. Les Karakhanides, voisins des Ouighours du Tarim et occupant un territoire allant de Kachgar jusqu'au lac Balkhach, se convertirent à l'islam et se lancèrent à l'assaut de la Transoxiane (région située entre l'Amou-Daria et le Syr-Daria). Leur souverain Bughra Khan conquit la Sogdiane en 999, mettant fin à la dynastie des Samanides. Les Karakhanides restèrent toutefois implantés dans le bassin du Tarim, notamment à Kachgar, et entreprirent d'islamiser ce territoire par la force des armes. A la fin du Xe siècle, un autre royaume turc musulman se constitua en Afghanistan, celui des Ghaznévides. Son plus grand roi, Mahmud de Ghazni, entreprit une conquête sanglante de l'Inde, jusqu'au Gange. Il contribua à la défaite des Samanides; il fut allié puis ennemi des Karakhanides.
Les Oghouz était un groupe de tribus turques qui nomadisaient vers l'an 800 dans les steppes du Kazakhstan. Ils sont aussi connus sous le nom de Turkmènes. Vers 950, une de ces tribus, celle des Kinik, s'installa sur le cours du Syr-Daria à l'initiative de son chef Seldjouk. Ses descendants, les Seldjoukides, se convertirent à l'islam, mais de manière assez superficielle car ils restèrent en partie chamanistes. Leur chef Tohgril jeta les bases de leur futur empire en renversant les Ghaznévides en mai 1040. Il conquit Ispahan en 1051 et décida d'en faire sa capitale. La Perse tout entière tomba sous la domination, et en 1055, il entra à Bagdad. Trois ans plus tard, le Khalife lui donna le titre de « roi d'Orient et d'Occident ». À partir de 1064, les Seldjoukides se substituèrent aux Karakhanides en Sogdiane. Par ses conquêtes, Toghril permit aux tribus oghouzes de s'installer en Anatolie et en Azerbaïdjan, où le turc allait remplacer les langues locales. La Perse, en revanche, ne fut pas turquisée. Sédentarisés et défenseurs de la civilisation iranienne, les Seldjoukides furent confrontés à leurs propres frères restés nomades. Ils les utilisèrent comme auxiliaires ou durent lutter contre eux.
- Les Khwârazm-Shahs au Xe et XIe siècle.
- Le plus spectaculaire, l'empire mongol formé par Genghis Khan au XIIIe siècle, comprenant toute l'Asie centrale, la Chine, une grande part de la Russie et du Moyen-Orient.
[modifier] Influences étrangères
Le style de vie nomade qui était resté pratiquement inchangé depuis 500 av. J.-C. commence à disparaître après 1500. Plusieurs raisons expliquent ce bouleversement. Tout d'abord l'économie mondiale subit un important changement entre le XIVe et le XVe siècle avec l'apparition du commerce maritime. Les routes commerciales océaniques sont découvertes par les Européens, elles vont supplanter la route de la soie, affaiblissant les états musulmans d'Asie Centrale. De plus le chaos qui suit la fin des Mongols rend cette route peu sure.
L'autre grand changement est l'apparition des armes à feu, qui va changer le rapport de force entre les nomades et les sédentaires. La fabrication de ces armes nécessite des sociétés organisées, petit à petit les empires périphériques conquièrent la steppe.
Le dernier empire de la steppe est celui des Dzungars qui envahissent le Turkestan et la Mongolie . Cependant signe des temps ils sont incapables d'attaquer les forces manchous, et sont même défait par eux. Durant le XVIIIe siècle, les empereurs manchous (Qianlong), originaires eux aussi de la steppe, font campagne vers l'ouest et la Mongolie, prenant le contrôle du Xinjiang en 1758. Une grande part de la Mongolie est conquise formant la province de Mongolie intérieure.
De son coté la Perse commence sont expansion vers le nord avec le règne de Nadir Shah qui étend la domination perse jusqu'au rive de l'Oxus. Après sa mort néanmoins, l'empire perse s'affaiblit et tombe sous la coupe des Britanniques et des russes.
Les russes de leur coté s'étendent vers le sud, la première étape est la formation de la forteresse d'Orenbourg au porte de la steppe kazakh. La lente conquête de l'Asie centrale démarre au début du XIXe siècle et se poursuit sur tout le siècle. Jusqu'aux années 1870, l'impact de cette conquête sur le mode de vie reste faible. Cela change avec la conquête du Turkestan et l'arrivée massive de paysans venus s'installer dans la steppe.
[modifier] Le contrôle du Turkestan par les puissances étrangères
[modifier] Les campagnes russes
Les Russes apparaissent dans la région à la fin du XIXe siècle, après une victoire fulgurante des troupes du général Mikhaïl Tcherniaïev à Chymkent (actuel Kazakhstan) en 1884. Ils soumettent d'abord les tribus nomades de Kazakhs, puis les khanats (états sur lesquels règne un khan) de Boukhara et de Khiva, et ensuite l'est de l'actuelle Ouzbékistan, incluant Tachkent (1865). Les territoires conquis furent regroupés dans un ensemble administratif appelé Gouvernement général du Turkestan. En 1867 Tachkent devient la capitale du Turkestan.
Les forces russes ne rencontrent que peu de résistance de la part des armées des khanats. Il y a bien quelques leaders qui tentent de s'interposer, comme le Kokandien Alimqul qui est tué près de Chymkent, mais l'opposition principale est celle des Britanniques, qui s'inquiètent pour leurs frontières nord de leur Empire des Indes.
Les autorités tsaristes ont favorisé la culture du coton au Turkestan en lieu et place des cultures extensives traditionnelles. Sa production et distribution furent contrôlées par les Russes, ce qui entraîna d’importants conflits entre la population locale et les colons. Dans le domaine linguistique, la Russie adopta diverses mesures visant à propager le russe dans les territoires conquis en Asie centrale.
Cependant, ces annexions russes permettent l'instauration de relations socio-culturelles nouvelles, d'échanges commerciaux intenses entre les négociants russes et les marchands ouzbeks, ainsi qu'un développement de l'éducation, des industries et des chemins de fer, ce qui amène une puissante pulsion au développement socio-économique de la région.
A poursuivre
[modifier] L'influence chinoise
[modifier] Révolution et révoltes
[modifier] La domination soviétique et chinoise
Les Bolcheviks qui prirent le pouvoir en Russie suite à la révolution d'Octobre 1917 rencontrent une résistance féroce des nationalistes (basmatchis) en Asie Centrale. Une fois la résistance réprimée, les communistes cherchent des alliés parmi les musulmans progressistes car ils se rendent rapidement compte qu'une répression impitoyable risque de jeter les musulmans du Turkestan dans les bras des Blancs. L'un d'entre eux, l'Ouzbek Soultan Galiev, dès que le danger des nouvelles révoltes est passé, fut écarté du cercle du pouvoir et exclu du parti communiste. Une chose inquiète en fait les Bolcheviks : le pantouranisme (rassemblement de tous les peuples turcs), ce qui explique qu'ils aient voulu faire disparaître jusqu'au nom de "Turkestan".
[modifier] Depuis 1991
[modifier] Voir aussi
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[modifier] Références
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- Brower, Daniel Turkestan and the Fate of the Russian Empire (London) 2003
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- Soucek, Svat A History of Inner Asia. (Cambridge: Cambridge University Press) 2000
- В.В. Бартольд История Культурной Жизни Туркестана (Москва) 1927
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