Jeûne
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Le jeûne résulte de l'abstention de prise de nourriture, soit volontaire pour des raisons médicales, spirituelles ou politiques, soit contrainte par suite de privations ou de sous-alimentation pour des raisons socio-économiques.
Cet article traite uniquement des jeûnes volontaires.
Le jeûne pour raisons médicales ou spirituelles est connu depuis l'Antiquité. Il en est fait mention dans le Mahabharata et les Upanishads.
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[modifier] Jeûne religieux
[modifier] Dans la tradition juive
La religion juive recommande le jeûne au temps de Yom Kippour.
[modifier] Dans la religion catholique
Le jeûne est une pratique courante où il est considéré comme un facteur de purification qui aide à rencontrer Dieu. Il consiste en une privation volontaire de certaines nourritures, la viande essentiellement. Le jeûne est souvent associé à l'abstinence qui ne se résume pas, contrairement à une croyance courante, à la privation volontaire de relations sexuelles. Dans le catholicisme, le jeûne et l'abstinence étaient demandés aux personnes souhaitant recevoir la communion ; le jeûne commençait alors dès la veille. De même pendant la période de Carême (les 40 jours qui précèdent Pâques), le jeûne est fortement recommandé, même si les obligations sont moins formelles qu'autrefois. Enfin, le vendredi a longtemps été le jour de la semaine où l'on faisait systématiquement maigre, c'est-à-dire qu'on ne mangeait pas de viande, ce qui explique la tradition culinaire française de consommer du poisson ce jour-là.
[modifier] Dans le mormonisme
Les saints des derniers jours jeûnent chaque premier dimanche du mois, du samedi soir au dimanche soir (ou du samedi midi au dimanche midi, au choix), en se passant de nourriture et de boisson et en donnant à l'Église, pour le bien-être des plus démunis, la valeur des repas non consommés, ou davantage si le donateur le souhaite. En avril et en octobre, pour cause de conférence générale de l'Église, le jour de jeûne est reporté au deuxième dimanche du mois.
[modifier] Dans l'Islam
L'Islam recommande au croyant de respecter un jeûne, le saoum, pendant le mois de Ramadan principalement, et à d'autres dates également, ainsi qu'en tout temps, afin de développer sa spiritualité. En Islam, le jeûne a une signification large. En effet on parle de jeûne comme d'un renoncement (pas seulement en nourriture ou en boisson)
[modifier] Dans les philosophies orientales
Le jeûne modéré (15 jour à 3 semaines ou le demi-jeûne) a pour vocation d'améliorer la conscience du corps. En combiné avec des techniques méditatives - ou simplement le temps à laisser se décanter les problèmes - le jeûne permet de mieux ressentir l'effet des pensées sur notre corps. Cette sensibilité accrue du corps est destinée à mieux ressentir l'effet positif ou négatif des pensées, actions ou projets sur le bien-être.
[modifier] Jeûne politique
Le jeûne politique, appelé également jeûne de protestation ou grève de la faim, est, semble-t-il, une invention de Gandhi.
Il a ensuite été utilisé par plusieurs personnalités en Europe, dont Lanza del Vasto, notamment pendant la guerre d'Algérie, pendant le concile Vatican II et la lutte des paysans du Larzac. Un épisode très dur a également eu lieu dans la lutte opposant les Irlandais de l'IRA au Royaume-Uni sous le régime de Madame Thatcher.
Il est aujourd'hui souvent utilisé par des réfugiés pour forcer l'obtention d'un permis de séjour ; il est aussi pratiqué par des groupes désireux d'assurer une couverture médiatique à leurs idées ou de faire pression sur un gouvernement, une autorité.
Du 7 mars au 14 avril 2006, Jean Lassalle, député français des Pyrénées-Atlantiques, a suivi un jeûne de plusieurs semaines pour protester contre le risque de départ d'une entreprise japonaise dans sa circonscription ; il a cessé son jeûne contre les garanties que l'entreprise restera dans les lieux.
[modifier] Jeûne pour raisons médicales
Avant une anesthésie non urgente, le jeûne est nécessaire, en raison du risque de vomissements lors de l'induction de l'anesthésie, pouvant entraîner un passage du contenu gastrique dans les bronches, ayant pour conséquence un syndrome de Mendelson.
Après une intervention chirurgicale, le jeûne peut être indiqué, soit en raison
- d'un ileus digestif (paralysie intestinale) pouvant avoir pour origine le geste chirurgical lui même ou l'utilisation de certains médicaments,
- de la nécessité de protéger les sutures digestives jusqu'à cicatrisation.
[modifier] Limites du jeûne
L'organisme humain, jeune et en bonne santé, peut supporter un jeûne total, mais n'excluant pas la prise de boisson, pendant une période assez longue, jusqu'à trois mois (comme en témoigne l'histoire de 9 détenus de la prison de Cork (Irlande) en 1920 dont le jeûne a duré 94 jours, il y eut aussi celui de Bobby Sands mort à Belfast le 5 mai 1981 après avoir engagé une grève de la faim sans retour le 1er mars) si la personne est bien portante et bien nourrie au moment du début du jeûne. La physiologie s'adapte rapidement en mobilisant les réserves internes, mais, assez vite (en moyenne au bout de 3 à 4 semaines), la poursuite du jeûne peut comporter des risques importants, notamment vers la fin, sur le rythme cardiaque. Un suivi médical est vital au moins à partir de la 4ème semaine (plus ou moins suivant l'état de santé, les conditions du jeûne et la nature des réserves au départ).
[modifier] Les effets physiologiques du jeûne
Lorsque aucune nourriture n’est absorbée, l'organisme est contraint de puiser sur lui-même ses sources d'énergie. Il va d'abord utiliser le glucose du glycogène, une molécule de réserve contenue dans le foie (glycogénolyse), puis les acides gras des tissus adipeux et enfin, les protéines musculaires (d'où la "perte de muscle"). Le corps, le cerveau et les tissus nerveux ont besoin de glucose (glucolyse) pour un métabolisme normal (en régime normal, le cerveau consomme environ 120g de glucose par jour). Une fois le glucose transformé, le métabolisme du corps est donc en carence. Une alternative vers une autre source d’énergie peut être faite, cependant, certaines parties du cerveau ont besoin exclusivement de glucose, et des protéines sont nécessaire à sa production. Si le manque de protéines devait se prolonger, la mort s’ensuivrait.
Herbert M. Shelton a supervisé durant une période de 4 à 5 ans des patients jeûnant à l’eau uniquement jusqu’à 90 jours ; selon lui, après une période approximative de trois jours de jeûne, la sensation de faim devient habituellement très peu fréquente ou disparaît complètement. Shelton déclara la ‘faim’ ressentie durant les trois premiers jours de jeûne est dûe à une « irritation gastrique » et non une « véritable faim ». Une deuxième faim apparaît une fois que le corps a brûlé toutes ses ressources (en général au bout de 3 semaines), c’est à ce moment que le jeûne doit être stoppé, pour éviter tout dégât irréversible et permanent à l’organisme.
[modifier] Voir aussi
- Religion et alimentation
- Carême
- Jeûne fédéral
- Jeûne genevois
- Saoum (jeûne islamique)
- Yom Kippour