Margaret Thatcher
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Margaret Thatcher (née Margaret Hilda Roberts le 13 octobre 1925 à Grantham), baronne Thatcher, LG, OM, PC, FRS, est une femme politique britannique. Elle fut leader du Parti conservateur de 1975 à 1990. Elle est la 4e femme premier ministre dans le monde, la première en Europe. Elle est aussi à ce jour, la seule femme à avoir dirigé un parti politique[1] britannique et également la seule Premier Ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990. Elle détient le record du plus long mandat de Premier Ministre au Royaume-Uni depuis le XVIIIe siècle. Elle est le premier Premier Ministre britannique à avoir été victime d'un attentat depuis l'assassinat de Spencer Perceval en 1812 et c'est assurément l'une des figures politiques britanniques les plus significatives dans l'histoire politique récente, l'une des plus admirées comme l'une des plus détestées.
Face aux grévistes de la faim irlandais en 1981, aux mineurs en grève pendant un an en 1984 et 1985, elle se montra inflexible.
Son surnom de « Dame de Fer » que le journal soviétique L’Etoile rouge lui décerna en janvier 1976, dans le but de stigmatiser son anticommunisme devint rapidement au contraire un atout politique.
Viscéralement attachée à la souveraineté britannique, comme elle l'a prouvé lors de la guerre des Malouines en 1982, elle n'a cessé de guerroyer avec Bruxelles quand elle était au pouvoir, répétant aussi bien à ses pairs, qu’elle a toujours eu du mal à considérer comme des partenaires, qu’au président de la Commission européenne « I want my money back ! » (« Je veux récupérer mon argent »).
[modifier] Biographie
Margaret Thatcher est née le 13 octobre 1925 à Grantham en Angleterre.
Elle est issue de la petite bourgeoisie[réf. nécessaire]; Sa mère s'appellait Beatrice Stephenson et son père Alfred Roberts (1892 – 1970). Membre du parti conservateur local, il était un petit épicier de quartier. De 1943 à 1947, elle suit des études scientifiques de chimie à l'université d'Oxford. En 1946, elle devient Présidente de l’Oxford University Conservative Association et ainsi la 3e femme à accéder à ce poste. De 1947 à 1951, elle travailla dans le secteur de la recherche en chimie avant de se tourner vers une carrière juridique en 1953. Elle se spécialisa alors en droit fiscal. En décembre 1951, elle épouse Denis Thatcher (1915 – 2003) dont elle eut deux jumeaux en 1953, Mark et Carol. Elle travailla pour un grand fabricant de crème glacée. Elle mit au point des techniques permettant de mélanger un maximum d'air aux glaces afin de diminuer la teneur en crème et en sucre des produits finis et ainsi en diminuer le prix.
[modifier] Son entrée dans la politique
Pendant les élections de 1950 et 1951, elle tente de se faire élire dans le bastion travailliste de Dartford mais échoue. Elle était la plus jeune femme candidate du pays. En 1958, elle est choisie pour être la candidate conservatrice au Parlement de Finchley, où elle remporte l'élection en 1959 et entre pour la première fois à la Chambre des communes poste qu'elle occupera jusqu'en 1992. De 1964 à 1970, elle occupe la fonction de porte-parole de son parti à la Chambre des communes. Ministre de l'Éducation de 1970 à 1974 dans le gouvernement d'Edward Heath, elle suscita une vague de protestations lorsqu'elle mit fin à la distribution gratuite du lait dans les écoles. Après la défaite des conservateurs aux élections de 1974, elle prend à la surprise générale la direction du parti face à Edward Heath[2].
[modifier] Sa victoire face aux travaillistes
C'est dans un contexte marqué par une crise à la fois économique, sociale, politique et culturelle que Margaret Thatcher mena les conservateurs à la victoire le 3 mai 1979 (44% des voix et 339 élus, contre 37% aux travaillistes et 269 élus), devenant le lendemain la première femme à diriger le gouvernement d’un pays occidental. Le nouveau Premier ministre était assez peu connu de ses concitoyens, elle dirigeait le parti conservateur depuis 1975 seulement et n’y avait pas auparavant occupé de poste véritablement de premier plan. Se décrivant elle-même comme « un dirigeant politique de convictions », elle entendait mettre en pratique un programme, appuyé sur quelques principes fondamentaux, pour enrayer le déclin du pays.
[modifier] La Dame de Fer
Elle s'est faite le chantre du libéralisme de l’anti-welfare State. Ses positions libérales ont relancé la productivité britannique, aux dépens d'acquis sociaux[réf. nécessaire]. La relance de l'économie britannique qui s'en est suivie a ramené le taux de chômage au Royaume-Uni à des niveaux historiquement bas. Sa politique internationale fut marquée par un atlantisme certain, récusant l'idée d'une coopération européenne approfondie. Dès son entrée en fonction en 1979, elle déclenche un blocage de la construction européenne, déclarant « I want my money back! » (« Qu'on me rende mon argent ! »), et exigeant un rabais des contributions britanniques au budget européen, ce qu'elle finira par obtenir en 1984 (c'est ce qu'on appelle encore le "chèque britannique").
Ardemment conservatrice et anti-socialiste, Margaret Thatcher commence son premier mandat en défaisant certaines politiques travaillistes, qu’il s’agisse des nationalisations d’entreprises et de ressources, de la régulation du marché locatif à la réduction de la taille de l’administration. Elle lance les premières privatisations, comme celle de British Steel ou de British Airways, transformant une entreprise perdant 1 milliard de livres par an en plus gros producteur d'acier européen, ou un transporteur aérien déficitaire en l'une des meilleurs et plus rentables des compagnies au monde[3].
En politique internationale, elle imprime sa marque en réglant en un peu plus de six mois le problème rhodésien (vieux de 15 ans) avec les accords de Lancaster House. Mais c'est surtout la guerre des Malouines (Falklands War) qui résume sa force de caractère durant son premier mandat. Ce conflit opposa, de mars à juin 1982, l'Argentine au Royaume-Uni, et se solda par la défaite de la flotte argentine et la chute de la dictature militaire. L'inflexibilité de Margaret Thatcher dans ce conflit a partiellement contribué à son surnom de Dame de Fer et lui valut d'être réélue. Fidèle aussi en amitié, elle remerciera bien plus tard le général Augusto Pinochet pour le soutien qu'il avait apporté à l'armée britannique durant la guerre des Malouines en mettant à sa disposition les radars chiliens et en recueillant les blessés [4].
L'amitié qui marquera le plus son mandat avec un dirigeant étranger est surtout celle qu'elle va avoir avec le président américain Ronald Reagan, qu'elle connait de puis 1975, et dont elle partage les idéaux, notamment l'anti-communisme et le libéralisme économique [5]. Les deux dirigeants s'apporteront à maintes occasions un soutien réciproque inébranlable [6].
En politique intérieure, elle n'infléchit jamais sa ligne de conduite, ni face à la grève de la faim des militants de l'IRA en 1981, ni lors de la grève du syndicat des mineurs, qui dura presque un an (1984-1985). En octobre 1984, l'explosion d'une bombe à retardement attribuée à l'IRA au Grand Hôtel de Brighton, où se tient le congrès annuel du parti conservateur, manque de provoquer la mort de Margaret Thatcher et de plusieurs membres de son gouvernement.
En poste lors de l'avènement de la techno, elle mène alors une politique obligeant les clubs à fermer à 2 heures du matin, poussant les clubbers à continuer leurs fêtes de façon clandestine via les raves party, permettant l'émergence de ce qui deviendra la free party.
[modifier] Sa chute
En 1990, l'instauration d'un nouvel impôt local, la poll tax, sa politique économique (15% de taux d'intérêts) et sa réserve face à l'intégration du Royaume-Uni dans les Communautés européennes la mirent en minorité dans son propre parti, alors très divisé sur ces sujets. Elle accepta cependant l'entrée du Royaume-Uni dans le SME en 1990.
Le 1er novembre 1990, son ministre Geoffrey Howe, l'un de ses plus anciens alliés mais européanophile, démissionnait pour protester contre sa politique européenne. Il en appela à quelqu'un de nouveau pour mener une nouvelle politique. L'ancien ministre de la Défense, Michael Heseltine, fit alors acte de candidature pour diriger le parti conservateur, défiant alors Margaret Thatcher. Il reçut alors suffisamment de suffrages pour mettre en ballotage le premier ministre.
Le 22 novembre 1990, de retour d'une conférence à Paris, elle annonça qu'elle refusait de se soumettre à un second tour et par conséquent, annonça son retrait et sa démission du leadership conservateur. Elle se justifia en invoquant la nécessité de choisir quelqu'un de nouveau qui pourrait mener les conservateurs à la victoire dès l'échéance électorale suivante.
Une motion de défiance présentée par les travaillistes mit fin à son gouvernement comme attendu.
Elle apporta son soutien à son ancien dauphin, John Major, qui lui succéda au poste de premier ministre.
Le premier sondage MORI sur le bilan de Mme Thatcher indiqua que 52% de britanniques pensaient que son bilan était globalement positif contre 48% d'un avis contraire.
[modifier] La reconnaissance
Après avoir démissionné, en novembre 1990, du 10, Downing Street, elle a été sans surprise sacrée pair du Royaume-Uni comme « baronne Thatcher of Kesteven », sur proposition de son successeur conservateur John Major, et siège depuis lors à la Chambre des lords.
Elle détient le record de longévité à la tête du Royaume-Uni pour un Premier ministre britannique au XXe siècle avec 11 ans et demi.
[modifier] Bilan du thatchérisme
[modifier] Situation de départ
Quand elle a pris ses fonctions de Premier Ministre, le Royaume-Uni était frappé depuis une décennie par une grave crise économique, sociale, politique et culturelle avec, entre autres, 30 millions de journées de grève en 1979.
Le pays était alors surnommé par plusieurs médias et hommes politiques « l’homme malade de l’Europe » et certains économistes se demandaient si l'on n’assistait pas à un phénomène de retrodevelopment ("développement inversé"), par lequel l’ancien « atelier du monde » serait en train de prendre la voie du sous-développement.
[modifier] L'inspiration et l'application
Margaret Thatcher est bien à l'origine d'un courant, qu'on appelle le thatchérisme. Le thatchérisme est avec le reaganisme, son pendant américain à la même époque, l'un des deux principaux avatars et fers de lance, de la "révolution conservatrice" que le monde a connu suite à la phase dépressionnaire qui s'ouvre à la suite des deux chocs pétroliers.
Sur le point de vue strictement économique, le thatchérisme puise son inspiration dans les théories de l'École de Chicago, incarnée par Milton Friedman et Arthur Laffer, et de l'École autrichienne, dont le maître à penser fut autrefois Friedrich August von Hayek. Ronald Reagan et Margaret Thatcher ont mis en application ces théories en pratiquant des coupes drastiques dans les dépenses publiques (rupture avec le keynésianisme), des réductions massives d'impôts en direction des classes aisées pour favoriser l'investissement (application de la courbe de Laffer), démantèlement d'une grande partie du Welfare State, ou Etat providence, dans le pays qui l'a inventé après la guerre en application du rapport Beveridge, (1942), politique agressive de hausse des taux d'intérêt (ceux-ci étaient souvent à deux chiffres au début de la législature Thatcher), et enfin ouverture économique aux capitaux étrangers, en corollaire d'une pratique de « darwinisme industriel », qui tranche avec le volontarisme des voisins européens pour tenter de sauver l’industrie au cours des années 1980.
[modifier] Critique sociale du thatcherisme
Le bilan du thatchérisme est très discuté. Il a induit une transformation en profondeur des structures économiques du pays, qui est passé du statut de puissance industrielle qu'il était depuis trois siècles à celui de géant dans le domaine des services. Le secteur tertiaire tend à devenir macrocéphale au Royaume-Uni, même si au prix de restructurations considérables et douloureuses, une production industrielle sur le sol national fut maintenue, mais elle est aujourd'hui aux mains de firmes japonaises, américaines ou allemandes. Le Royaume-Uni a donc connu une forte croissance, basée sur l'explosion des services et de l'affirmation de la City comme première place financière d'Europe. Cette croissance fut également à l'origine de nombreuses créations d'emplois, qui ont progressivement amené le Royaume-Uni à des taux de chômage faibles.
Néanmoins, de nombreuses critiques sont formulées au thatchérisme, principalement sur le plan social : insensible aux drames sociaux provoqués par les innombrables restructurations industrielles, peu regardante sur la nature et la viabilité des emplois créés par la croissance du secteur des services (bien souvent des emplois précaires comme les "mac jobs" et mal rémunérés, facilités par une réglementation du travail largement flexibilisée), et enfin peu soucieuse de l'état du système de protection sociale, Margaret Thatcher a, d'après ses détracteurs, plongé le pays dans un marasme social dont les fiascos de la privatisation du rail et la déroute du système national de santé sont autant d'illustrations. Tout comme la segmentation du pays en trois catégories sociales : les exclus, les précaires, et les riches, qui représentent 30, 40 et 30% de la population citation nécessaire. (on parle de société des 30-30-40) : le Royaume-Uni est aujourd'hui un des pays européens où les inégalités sociales sont les plus marquées.
Selon ses défenseurs, les dépenses sociales n’ont pas diminué entre 1979 et 1990, mais ont été stabilisées autour de 22% du PIB et dans l’ensemble des dépenses gouvernementales, elles passèrent de 42% à 50%. Les dépenses en faveur de l’emploi ont augmenté de 73%, les dépenses de sécurité sociale de 33%, et celles du service national de santé de 34% inflation déduite.
Le thatchérisme a également été critiqué pour son positionnement international : très atlantiste (Ronald Reagan et Margaret Thatcher affichaient une complicité réelle), méfiant et isolationniste vis-à-vis de l’Europe (CEE), méfiance qui se manifesta au moment de l'obtention du "chèque britannique", et qui accentua largement la vision du Royaume-Uni comme un "cheval de Troie" des États-Unis au sein de l'Europe.
[modifier] Prolongements actuels
Le blairisme du Premier ministre Tony Blair, qui prend la suite du thatcherien John Major en 1997, marque un prolongement du thatcherisme pour sa trame libérale, mais avec des infléchissements qui passent par une reconsidération de la question des inégalités, la renationalisation d'entreprises d'intérêt général en déroute, ou encore une attitude moins isolée vis-à-vis de l'Union européenne, sans pour autant remettre fondamentalement en cause l'atlantisme traditionnel dans le pays.
[modifier] Héritage et retrait de la vie publique
Après plusieurs petites attaques cérébrales et sur avis de ses médecins, elle se retire en 2002 de la vie publique tout en restant très impliquée dans la politique.
Très affaiblie après le décès de son époux en 2003, Margaret Thatcher tient à assister personnellement aux funérailles de son grand ami l'ancien président américain Ronald Reagan qui ont lieu le 11 juin 2004 en la cathédrale nationale de Washington en présence de dirigeants du monde entier.
Le mercredi 7 décembre 2005, l'ancien Premier ministre, âgée de 80 ans, a été hospitalisée à Londres après s'être sentie faible en fin d'après-midi. Les médecins l'autorisèrent à sortir de l'hôpital dès le lendemain matin. Madame Thatcher avait depuis plusieurs mois une santé très fragile et elle souffre de fréquentes pertes de mémoire.
L'ancienne Premier ministre conservateur Margaret Thatcher a été le 24 janvier 2006, le premier chef de gouvernement britannique dont une statue a été montrée de son vivant dans la Chambre des communes.
Un moulage à l'échelle 1/2 représentant Mme Thatcher a été exhibé à titre d'essai, le temps d'une photo, sur le dernier socle vacant du grand hall de la chambre basse du parlement. L'œuvre a pris place aux côtés des effigies de Winston Churchill, Lloyd George et Clement Attlee, trois de ses prédécesseurs. Ceux-ci n'avaient été honorés par une statue aux Communes que cinq ans après leur mort.
Le 4 avril 2006, elle s'est rendue à Arlington aux États-Unis pour assister aux funérailles de l'ancien secrétaire d'État américain à la Défense de Ronald Reagan, Caspar Weinberger, décédé le 28 mars.
Le 24 avril, elle a assisté avec quelques 700 invités, parmi lesquels l'ancien Premier-ministre conservateur John Major, à un service religieux dans la chapelle St George de Windsor, pour célébrer les 80 ans de la chef de l'Église d'Angleterre, la reine Elisabeth II.
Le 15 juin, la seconde vague des célébrations des 80 ans d'Elizabeth II a commencé avec une cérémonie religieuse en la cathédrale Saint Paul de Londres à laquelle, elle a assisté avec 2 300 personnes dont 34 membres de la famille royale. Le premier ministre Tony Blair et son épouse, Cherie, étaient également présents, ainsi que John Major, qui lui avait succédé à la tête du Parti conservateur et du 10 Downing Street. La Dame de fer qui a célébré ses 80 ans à l'automne dernier était vêtue d'un tailleur bleu pâle mais visiblement affaiblie. Sa santé étant défaillante depuis quelques temps.
Le 11 septembre 2006, pour les 5 ans de l'anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, elle était présente au Pentagone à Washington en compagnie de la secrétaire d'État américaine aux Affaires étrangères Condoleezza Rice pour rendre hommage aux victimes étrangères. La secrétaire d'État américaine a également rendu un hommage particulier à Margaret Thatcher, en déclarant "Je vous remercie d'avoir inspiré autant de monde, y compris moi-même, parce que vous vous êtes toujours tenue du côté de ce qui était juste".
Le 10 décembre 2006, son porte-parole a annoncé que l'ancienne premier ministre était "profondément attristée" par la mort de l'ancien dictateur chilien Augusto Pinochet. Il a affirmé qu'elle ne faisait aucune déclaration mais qu'elle transmettait ses "plus profondes condoléances" à sa veuve et à sa famille.
Le 21 février 2007, une statue en bronze la représentant en taille réelle a été érigée en face de celle de Winston Churchill, dans le hall de la Chambre des communes en sa présence. La dame de fer l'air détendu, habillée d'un ensemble couleur champagne et portant des boucles d'oreille en perle, a affirmé, "j'aurais préféré une statue en fer, mais le bronze me convient. Elle ne rouillera pas". Cette statue réalisée par le sculpteur Antony Dufort, la représente en train de s'exprimer devant les députés, la main droite tendue, dans une posture qui lui était familière.
C'est la première fois qu'un ancien premier ministre britannique est statufié de son vivant.
[modifier] Bilan de la « Dame de fer »
Le 5 mai 2004 et durant les jours qui suivirent, les conservateurs britanniques ont cultivé la nostalgie, célébrant l'arrivée au pouvoir, le 4 mai 1979, de Margaret Thatcher, la première femme à occuper le 10, Downing Street, et qui allait bien vite devenir pour tous la "Dame de fer", référence à sa volonté de fer mais aussi à son intransigeance.
Voilà vingt ans, le Royaume-Uni offrait un visage bien différent, que Margaret Thatcher a largement contribué à modifier. Le Royaume-Uni de 1979 était un pays dont l'économie était en difficulté, et où l'emprise de l'État sur le tissu industriel était considérable.
Forte de sa victoire lors des élections législatives du 4 mai 1979 et d'une majorité de 44 sièges à la Chambre des communes, Margaret Thatcher a rapidement appliqué un véritable électrochoc au Royaume-Uni. La "Dame de fer" a ainsi privatisé de larges pans de l'économie britannique, comme la compagnie aérienne British Airways ou le géant de la sidérurgie British Steel, deux gouffres financiers. Elle s'est aussi attaquée aux syndicats, dont la puissance était importante notamment grâce à leur influence au sein même du Parti travailliste, qui était alors nettement à gauche. Ce sera particulièrement vrai lors de l'hiver 1984-1985, lors d'une longue grève des mineurs. Mais sa thérapie de choc ne s'est pas faite sans casse : le nombre de chômeurs explosa, dépassant les 3 millions de personnes. Des dissensions virent également le jour au sein de son cabinet. Mais il en aurait fallu plus pour faire changer la ligne politique de Margaret Thatcher d'un iota. Elle a fait d'ailleurs école, nombre de dirigeants étrangers s'inspirant de sa politique de privatisation (transports ferroviaires, compagnies d'électricité et pétrolières, télécommunications, industrie automobile).
Les impôts des entreprises ont été sensiblement réduits, et les budgets sociaux ont été diminués. Le tour de vis ne s'est pas fait dans la dentelle. Mais l'opinion publique finit par s'enflammer quand, en 1989, elle projette de réformer le système de taxes locales. La question européenne est devenue aussi un sujet de discorde au sein du gouvernement. Risquant d'être battue pour le leadership du Parti conservateur, elle préfère démissionner en novembre 1990.
Elle reste, à ce jour, le Premier ministre à avoir tenu le plus longtemps les rênes du pouvoir au Royaume-Uni : 11 ans et six mois.
[modifier] Polémique
Selon la presse, les services de Tony Blair prépareraient des obsèques nationales en prévision du décès de Margaret Thatcher.
La polémique va bon train depuis juin 2006, sur la volonté du premier ministre Tony Blair d'organiser des funérailles nationales pour Margaret Thatcher. Même si le 10 Downing Street dément cette information, la presse continue d'en parler. Par exemple, le Daily Telegraph a consacré le 9 août sa "une" aux remous de l'affaire au sein du Parti travailliste. Plusieurs membres du Parti du premier ministre évoquent la possibilité de quitter le Parti si cette information était confirmée. Les obsèques nationales sont normalement réservées à la famille royale. Mais il existe certaines exceptions, comme en 1965 lors du décès de Winston Churchill, qui avait dirigé le pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Margaret Thatcher reste pour le pays une figure très controversée.
[modifier] Fonctions
- Députée conservateur à la Chambre des Communes de 1959 à 1992.
- Ministre de l'Éducation et des Sciences de 1970 à 1974.
- Présidente du Parti conservateur de 1975 à 1990.
- Premier ministre de 1979 à 1990.
[modifier] Citations
Ses citations.
- « En politique, si vous voulez des discours, demandez à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme. » Extrait d'une interview en 1975.
- « C'est le coq qui chante, mais c'est la poule qui pond les œufs. »
- « Vous pouvez avoir à livrer la même bataille plus d'une fois pour la gagner. »
- « Un jour où l’on est très satisfait de soi est un jour où l’on n’a pas été paresseux. »
- « I want my money back ! » ( « Qu'on me rende mon argent ! » )
- « There is no alternative » ( « Il n’y a pas d’alternative » )
- « There is no such thing as society. There are individual men and women, and there are families. And no government can do anything except through people, and people must look to themselves first. » 1987
Une citation la concernant.
- « Le sourire de Marilyn et le regard de Caligula...» (François Mitterrand)
[modifier] Divers
- En 1985, le chanteur français Renaud fait figurer dans l'album Mistral gagnant une chanson, Miss Maggie, d'abord écrite pour stigmatiser la catastrophe du Heysel (provoquée par les supporters de Liverpool) mais qui est finalement devenue un hymne pour les femmes et une charge féroce contre Margaret Thatcher.
- Le film Billy Elliot évoque les grèves des mineurs au temps du thatchérisme.
- Un film va lui être consacré par la BBC, Pathé et DJ Films. Le film sera « un portrait intime et révélateur de Margaret Thatcher alors qu'elle se bat pour sauver sa carrière lors des 17 jours précédant immédiatement la guerre des Malouines en 1982 », selon le communiqué du studio français[7].
[modifier] Voir aussi
[modifier] Annotation
- ↑ A l'exception de Margaret Beckett qui dirigea brièvement le Labour
- ↑ Ce dernier lui avait ainsi dit "Vous allez perdre" quand Thatcher lui annonca son intention de se présenter
- ↑ Paul Johnson, Time, 13/04/1998
- ↑ Madame Thatcher le remerciera encore publiquement et personnellement en 1998 après sa mise en résidence surveillée en Grande-Bretagne suite à un mandat d'arrestation internationale lancée par le juge espagnol Baltasar Garzon pour les violations des droits de l'homme commis sous le régime de la junte militaire. Faisant campagne pour sa libération, elle le remercia pour avoir ramener le Chili vers la démocratie en ces termes "je sais que vous êtes celui qui avait amené la démocratie au Chili, que vous avez établi une constitution démocratique, que vous l'avez mise en œuvre, des élections ont été tenues, vous en avez accepté les résultats et vous avez quitté le pouvoir" ("I'm also very much aware that it is you who brought democracy to Chile, you set up a constitution suitable for democracy, you put it into effect, elections were held, and then, in accordance with the result, you stepped down") [1]
- ↑ Ronald Reagan la surnommait "the best man in England" alors qu'elle le qualifiait de deuxième homme le plus important de sa vie. Les deux leaders s'étaient rencontrés en 1975 alors que Reagan n'était encore que gouverneur de Californie[2]
- ↑ Ils seront en désaccord néanmoins sur la guerre des Malouines où les intérêts américains penchaient plutôt du côté sud-américain et sur l'invasion de la Grenade par les troupes américaines en 1983. Leur relation bilatérale n'en sera cependant pas affecté
- ↑ Un film sur Margaret Thatcher, imedias.biz
[modifier] Références
- La Grande-Bretagne de Margaret Thatcher, 1979-1990 de Jean-Claude Sergeant. Edité le 1er octobre 1994 aux Editions "Presses Universitaires de France".
- 10, Downing Street : mémoires I de Margaret Thatcher. Edité le 18 octobre 1993 aux Editions "Albin Michel".
- Les chemins du pouvoir : mémoires II de Margaret Thatcher. Edité le 13 juin 1995 aux Editions "Albin Michel".
- Margaret Thatcher, une dame de fer de Catherine Cullen. Edité le 23 janvier 1991 aux Edititions "Odile Jacob".
- La révolution de Madame Thatcher, ou, La fin de l'ère socialiste de Peter Jenkins. Edité le 16 avril 1991 aux Editions "Robert Laffont".
- Margaret Thatcher, de l'Epicerie à la Chambre des Lords de Jean-Louis Thieriot. Edité le 10 avril 2007 aux "Editions de Fallois"
[modifier] Liens
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