Acide gras
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En chimie, un acide gras est un acide carboxylique aliphatique dérivant de ou contenu dans les graisses animales et végétales, les huiles ou les cires sous forme estérifié[1]. Les acides gras naturels possèdent une chaîne carbonée de 4 à 28 atomes de carbone (généralement un nombre pair). Par extension, le terme est parfois utilisé pour désigner tous les acides carboxyliques à chaîne carbonée non cyclique. On parle d'acide gras à longue chaîne pour une longueur de 14 à 22 carbones et à très longue chaîne s'il y a plus de 22 carbones.
En biochimie, les acides gras sont une catégorie des lipides qui comprend entre autres les acides gras et leurs dérivés (acides gras méthylés, hydroxylés, hydropéroxylées, etc.) et les éicosanoïdes. Ces derniers dérivent de l'acide arachidonique et ont souvent un rôle d'hormones.
Dans l'industrie, les acides gras sont fabriqués par l'hydrolyse des liaisons ester de triglycérides (lipides constitués de glycérol et de trois acides gras).
[modifier] Historique
- 1769: découverte du cholestérol dans des calculs biliaires par François Poulletier de la Salle[2];
- 1804: Nicolas Théodore de Saussure réalise une expérience montrant que l'oxygène peut se condenser à l'huile de lin[3]. Ceci est un premier pas vers la découverte des acides gras insaturés;
- 1813: Eugène Chevreul décrit le concept d'acide gras.
- 1818: Eugène Chevreul nomme « cholestérine » le lipide découvert par Poulletier de la Salle;
- 1823: Eugène Chevreul publie sa « Recherches chimiques sur les corps gras d'origine animale » où il décrit pour la première fois de nombreux acides gras dont les acides butyrique, caproïque, stéarique et oléique[4];
- 1827: William Prout est le premier à reconnaitre les graisses comme un important nutriment dans l'alimentation, au même titre que les protéines ou les sucres[5];
- 1847: Nicolas Théodore Gobley isole la lécithine du jaune d'oeuf[6]. Il est de fait le découvreur des phospholipides;
- 1869: Hippolyte Mège-Mouriès invente la margarine après que Napoléon III ait lancé un concours afin de trouver un substitut au beurre[7];
- 1903: Wilhelm Normann dépose un brevet pour la « conversion des acides gras insaturés ou de leurs glycérides en composés saturés » par un procédé d'hydrogènation;
- 1909: découverte de l'acide arachidonique par Percival Hartley[8];
- 1913: McCollum et Davis montrent la nécessité de certains lipides dans l'alimentation lors de la croissance[9];
- 1930: George et Mildred Burr découvre que certain acide gras polyinsaturé sont essentiels[10];
- 1957: Keys, Anderson et Grande montrent une relation entre le taux de cholestérol sanguin et la prise alimentaire de graisse[11];
- 1964: Konrad Bloch et Feodor Lynen reçoivent le prix Nobel de médecine pour « leur découverte concerant le mécanisme de régulation des métabolismes du cholestérol et des acides gras »[12];
- 1972: Bang et Dyerberg montrent que les Eskimos du Groenland ont un taux bas de cholestérol, de LDL et de triglycérides dans le sang est corréle à un risque bas d'infarctus du myocarde, en comparaison avec la population danoise[13];
- 1982: Sune K. Bergström, Bengt I. Samuelsson et John R. Vane reçoivent le prix Nobel de médecine pour « leur découverte concerant les prostaglandines et les substances biologiquement actives associées »[14];
- 1985: Michael S. Brown et Joseph L. Goldstein reçoivent le prix Nobel de médecine pour « leur découverte portant sur la régulation du métabolisme du cholestérol »[15].
[modifier] Acides gras saturés
[modifier] Définition
Un acide gras saturé est un acide gras ayant des atomes de carbone totalement saturés en hydrogène (voir fig. 1.). Il ne possède donc pas de double liaison carbone-carbone.
Les acides gras saturés sont notamment d'origine animale, comme dans le beurre ou le fromage. Ils sont généralement solides à température ambiante (ou en suspension, comme dans le lait ou la crème).
Les acides gras saturés peuvent être :
- linéaires avec une chaîne de n CH2 liés les uns aux autres (dans l'exemple ci-dessous), et une formule chimique de la forme :
H3C — [CH2]n — COOH où n est un nombre entier égal ou supérieur à 2.
- ou non linéaires. Certains acides gras saturés peuvent être, par exemple ramifiés [16] :
[modifier] Nomenclature
Chaque acide gras saturé possède en général deux noms :
- un nom commun qui rappelle souvent son origine. Par exemple, l'acide caproïque (du latin « capra», chèvre) se trouve dans le lait de chèvre;
- un nom systématique décrivant sa structure (nombre de carbones, nombre d'insaturation, etc) et issu de la nomenclature chimique :
acide (radical du nombre de carbone)anoïque où :
- le radical correspond au nombre d'atomes de carbone de l'acide gras;
- an indique qu'il s'agit d'un alkyle;
- oïque qu'il s'agit d'un acide carboxylique.
À cela s'ajoute une nomenclature souvent utilisée en physiologie et en biochimie :
acide gras Cx:0 où :
- Cx indique le nombre d'atomes de carbone;
- 0 indique qu'il y a zéro double liaison carbone-carbone et par conséquent, que l'acide gras est saturé.
[modifier] Exemples d'acides gras saturés
nombre de carbones |
Nom usuel | Nom IUPAC | Nomenclature physiologique |
Formule chimique semi-développée |
---|---|---|---|---|
1[18] | acide formique | acide méthanoïque | C1:0 | HCOOH |
2[18] | acide acétique | acide éthanoïque | C2:0 | H3C-COOH |
3[18] | acide propionique | acide propanoïque | C3:0 | H3C-CH2-COOH |
4 | acide butyrique | acide butanoïque | C4:0 | H3C-(CH2)2-COOH |
5 | acide valérique | acide pentanoïque | C5:0 | H3C-(CH2)3-COOH |
6 | acide caproïque | acide hexanoïque | C6:0 | H3C-(CH2)4-COOH |
7 | acide énanthique | acide heptanoïque | C7:0 | H3C-(CH2)5-COOH |
8 | acide caprylique | acide octanoïque | C8:0 | H3C-(CH2)6-COOH |
9 | acide pélargonique | acide nonanoïque | C9:0 | H3C-(CH2)7-COOH |
10 | acide caprique | acide décanoïque | C10:0 | H3C-(CH2)8-COOH |
11 | acide undécyclique | acide undécanoïque | C11:0 | H3C-(CH2)9-COOH |
12 | acide laurique | acide dodécanoïque | C12:0 | H3C-(CH2)10-COOH |
13 | acide tridécyclique | acide tridécanoïque | C13:0 | H3C-(CH2)11-COOH |
14 | acide myristique | acide tétradécanoïque | C14:0 | H3C-(CH2)12-COOH |
15 | acide pentadécyclique | acide pentadécanoïque | C15:0 | H3C-(CH2)13-COOH |
16 | acide palmitique | acide hexadécanoïque | C16:0 | H3C-(CH2)14-COOH |
17 | acide margarique | acide heptadécanoïque | C17:0 | H3C-(CH2)15-COOH |
18 | acide stéarique | acide octodécanoïque | C18:0 | H3C-(CH2)16-COOH |
19 | acide nonadécyclique | acide nonadécanoïque | C19:0 | H3C-(CH2)17-COOH |
20 | acide arachidique | acide eicosanoïque | C20:0 | H3C-(CH2)18-COOH |
21 | - | acide hénéicosanoïque | C21:0 | H3C-(CH2)19-COOH |
22 | acide béhénique | acide docosanoïque | C22:0 | H3C-(CH2)20-COOH |
23 | - | acide tricosanoïque | C23:0 | H3C-(CH2)21-COOH |
24 | acide lignocérique | acide tétracosanoïque | C24:0 | H3C-(CH2)22-COOH |
25 | - | acide pentacosanoïque | C25:0 | H3C-(CH2)23-COOH |
26 | acide cérotique | acide hexacosanoïque | C26:0 | H3C-(CH2)24-COOH |
27 | - | acide heptacosanoïque | C27:0 | H3C-(CH2)25-COOH |
28 | acide montanique | acide octacosanoïque | C28:0 | H3C-(CH2)26-COOH |
29 | - | acide nonacosanoïque | C29:0 | H3C-(CH2)27-COOH |
30 | acide mélissique | acide triacontanoïque | C30:0 | H3C-(CH2)28-COOH |
31 | - | acide hentriacontanoïque | C31:0 | H3C-(CH2)29-COOH |
32 | acide lacéroïque | acide dotriacontanoïque | C32:0 | H3C-(CH2)30-COOH |
[modifier] Acides gras insaturés
[modifier] Définition
Un acide gras insaturé est un acide gras qui comporte une ou plusieurs double liaisons carbone-carbone.
On parle d'acide gras mono-insaturé lorsqu'il n'y a qu'une seule double liaison et d'acide gras poly-insaturé lorsqu'il y en a plusieurs. Les acides gras poly-insaturés sont notamment d'origine végétale.
Les acides gras mono-insaturés sont linéaires, avec deux chaînes de n et p CH2 de part et d'autre de la double liaison C=C (dans l'exemple ci-dessous), et une formule chimique de la forme :
H3C — (CH2)n — HC=CH— (CH2)p — COOH, où n et p sont des nombres entiers positifs ou nuls.
ou non linéaires. Il peuvent être :
- méthylés, par remplacement d'un atome d'hydrogène (de CH2) par un méthyle CH3. Par exemple : l'acide angélique (acide 2-methyl-2Z-butenoïque).
- hydroxylés
- etc.
[modifier] Nomenclatures
[modifier] Nomenclature chimique
De la même manière que les acides gras saturés, les acides gras insaturés possèdent également un nom commun lié à leur origine et un nom systématique décrivant sa structure (en particulier le nombre d'insaturations).
[modifier] Cas des mono-insaturés
Le nom systématique des acides gras mono-insaturé est formé comme suit:
acide cis/trans-x-(radical du nombre de carbone)ènoïque, avec:
- cis ou trans indique la conformation de l'insaturation;
- x indique la position de l'insaturation;
- le radical dépend du nombre d'atomes de carbone de l'acide gras;
- èn indique qu'il s'agit d'un alcène;
- oïque indique qu'il s'agit d'un acide carboxylique;
La position de la double liaison est déterminée en comptant à partir du carbone de la fonction carboxylique (voir figure 2).
[modifier] Cis ou Trans
Les termes de configuration cis et trans sont dus au fait que la double liaison carbone-carbone -HC=CH- peut adopter deux organisations différentes dans l'espace :
- lorsque les hydrogènes H sont du même côté, la liaison est dite cis.
- lorsqu'ils sont de part et d'autre de la double liaison, la liaison est dite trans.
On parle également d'isomère cis et trans. Pour être plus précis, il s'agit de diastéréoisomères.
Une double liaison cis :
H H \ / C = C Les 2 hydrogènes H sont du même côté / \ CH3 COOH
Une double liaison trans :
H COOH \ / C = C Les 2 hydrogènes H sont opposés / \ CH3 H
L'orientation cis ou trans va modifier la structure tridimensionnelle des acides gras. Une double liaison cis crée un coude dans la chaîne carbonée, tandis que la double liaison trans a plutôt une structure étendue. Dans la nature, les acides gras ont très majoritairement une orientation cis (voir figure 3 et 4).
[modifier] Cas des poly-insaturés
Lorsque l'acide gras est poly-insaturé, la position et la conformation de chaque insaturation est explicitée. Le nom systématique est donc de la forme:
acide cis/trans,cis/trans,cis/trans,…-x,y,z,…-(radical du nombre de carbone et du nombre d'insaturation)ènoïque, avec:
- cis ou trans indique la conformation de chaque insaturation;
- x, y,z… indique les positions des insaturations en partant du groupe carboxyle;
- le radical dépend du nombre d'atomes de carbone de l'acide gras;
- le radical dépend aussi du nombre d'insaturations : di- pour 2 insaturations, tri- pour 3, …;
- èn indique qu'il s'agit d'un alcène;
- oïque indique qu'il s'agit d'un acide carboxylique;
[modifier] Cis ou Trans, nomenclature Z/E
La notation cis/trans est un cas particulier de la notation nomenclature Z/E définie par les règles CIP. Cette notation n'est valable que pour une unique chaine carbonée. Dans ce cas :
- Z = cis : ( moyen mnémotechnique ciZeaux)
- E = trans : (moyen mnémotechnique transE )
Le nom de l'acide devient donc en notation Z/E : acide xZ/E,yZ/E,zZ/E,…-(radical du nombre de carbone et du nombre d'insaturation)ènoïque
Par exemple, selon la nomenclature chimique, l'« acide arachidonique » avec ces 4 insaturations se nommera « acide 5Z,8Z,11Z,14Z-éicosatétraènoique » ou « acide cis,cis,cis,cis-5,8,11,14-éicosatétraènoique ».
[modifier] Nomenclature biochimique et signification de la lettre oméga ω
La nomenclature est plus compacte que la nomenclature chimique, puisqu'elle indique seulement le nombre de carbones et d'insaturations de l'acide, soit :
acide gras Cx:y ω-z où :
- Cx indique le nombre d'atomes de carbone;
- y indique le nombre d'insaturations;
- ω-z indique la position de la première insaturation en partant du côté opposé au groupe acide (voir Fig. 2).
L'utilisation de la nomenclature « ω-z » vient de ce qu'en biologie, les insaturations apparaissent tous les 3 carbones dans l'immense majorité des cas.
[modifier] Oméga3 (w-3), Oméga6 (w-6), etc.
Ceci permet de les classer en familles : oméga3, oméga6, etc.
- l'acide eicosapentaénoïque 20:5 ω-3 possède 20 atomes de carbone et 5 insaturations (20:5). La première insaturation est sur le carbone 17 (20 - 3 = 17). Les autres insaturations vont de -3 en -3, c'est à dire qu'elles se situent sur les carbone 14, 11, 8 et 5.
- l'acide arachidonique est appelé « acide C20:4 ω-6 ». La première insaturation se situe sur le carbone C14 (20-6=14) et les trois autres sur les carbones C11 (14-3=11), C8 (11-3=8) et C5 (8-3=5). L'acide arachidonique est donc un acide gras de la famille des ω-6.
[modifier] Discussion sur la notation
Il faut noter que le « ω » peut être remplacé par un « Δ » ou par un « n » et que le chiffre peut être en indice. En fait, la chimie aurait plutôt tendance à privilégier la forme Cx:y n-z. De même, le « C » majuscule est parfois omis. Insérez le texte à mettre en italique à la place de celui-ci
[modifier] Exemples de mono-instaurés, et de poly-insaturés
nombre de carbones |
Nom usuel | Abrév. en biochimie | Nom IUPAC | Nomenclature physiologique |
---|---|---|---|---|
Acide gras mono-insaturés | ||||
16 | acide palmitoléique | acide 9Z-hexadécènoïque | C16:1 ω-7 | |
18 | acide oléique | acide 9Z-octadécènoïque | C18:1 ω-9 | |
22 | acide érucique | acide 13Z-docosaènoïque | C22:1 ω-9 | |
24 | acide nervonique | acide 15Z-tétracosaènoïque | C24:1 ω-9 | |
Acide gras poly-insaturés | ||||
18 | acide linoléique |
|
acide 9Z,12Z-octadécadiènoïque | C18:2 ω-6 |
18 | acide α-linolénique |
|
acide 9Z,12Z,15Z-octadécatriènoïque | C18:3 ω-3 |
18 | acide γ-linolénique |
|
acide 6Z,9Z,12Z-octadécatriènoïque | C18:3 ω-6 |
20 | acide di-homo-γ-linolénique |
|
acide 8Z,11Z,14Z-eïcosatriènoïque | C20:3 ω-6 |
20 | acide arachidonique | acide 5Z,8Z,11Z,14Z-éicosatétraènoïque | C20:4 ω-6 | |
20 | acide éicosapentaénoïque |
|
acide 5Z,8Z,11Z,14Z,17Z-éicosapentaènoïque | C20:5 ω-3 |
22 | acide docosahexanoïque |
|
acide 4Z,7Z,10Z,13Z,16Z,19Z-docosahexaènoïque | C22:6 ω-3 |
Les liaisons peptidiques entrent en contact avec les doubles liaisons carbone-carbone afin de leur permettre de produire des acides non-essentiel, autrement dit: monalie-saturé.
[modifier] Rôle des acides gras
- Rôle métabolique: les acides gras sont une source d'énergie importante pour l'organisme. Ils sont stockés sous forme de triglycérides dans les tissus adipeux. Lors d'un effort, en particulier lors d'un effort de longue durée, l'organisme va puiser dans ces stocks et dégrader les acides gras afin de produire de l'énergie sous forme d'ATP
- Rôle structural: les acides gras servent à la synthèse d'autres lipides, notamment les phospholipides quie forment les membranes autour des cellules et des organites. La composition en acides gras de ces phospholipides donnent aux membranes des propriétés physiques (élasticité, viscosité) particulières
- Rôle de messager: les acides gras sont les précurseurs de plusieurs messager intra- et extracellulaires. Par exemple, l'acide arachidonique est le précurseur des eïcosanoïdes, hormones intervenant dans l'inflammation, la coagulation sanguine, etc.
- Autres rôles: les acides gras sont stockés sous forme de triglycérides dans les bosses du chameau et de dromadaire. Leur dégradation amène à la formation de l'eau. De cette manière, les acides gras constituent une réserve d'eau pour ces animaux.
[modifier] Métabolisme des acides gras
Le métabolisme des acides gras comprend deux composantes:
- la lipogenèse, ou synthèse de novo qui consiste à synthétiser un acide gras par condensation de molécule d'acide acétique (ou unité acétyl) à deux carbones en consommant de l'énergie sous forme d'adénosine triphosphate (ATP). Il est à noter que les unités acétyl sont sous la forme d'acétyl-coenzymeA (acétyl-CoA). ;
- la lipolyse, ou β oxydation, qui consiste à dégrader des acides gras en unités acétyl en produisant de l'énergie sous forme d'ATP.
[modifier] Lipogenèse
La lipogenèse permet la synthèse d'acide gras saturés par condensation de molécules d'acétate à 2 carbones. chez les mammifères Ce processus a lieu dans le cytoplasme des cellules, pricipalement du foie, des tissus adipeux et des glandes mammaires. Cependant, il ne permet pas de synthétiser des acides gras saturés à plus de 16 carbones (acide palmitique) ou des acides gras insaturés. L'ensemble de la synthèse est réalisée au niveau d'un complexe multi-enzymatique appelée acide gras synthase[19]. Le bilan de la synthèse de l'acide palimitique est:
8 acétyl-CoA + 7×ATP + 14(NADPH + H+) → acide palmitique (C16:0) + 8 CoA + 7(ADP + Pi) + 14NADP+ + 6H2O
Cette synthèse est consommatrice d'énergie sous forme d'ATP et nécessite comme cofacteur du Coenzyme A (CoA) et du Nicotinamide Adénine Dinucléotide Posphate (NADP). le CoenzymeA permet de faciliter l'utilisation de l'acétate par la cellule. L'acétyl-CoA provient principalement de la mitochondrie où il est synthétisé à partir du pyruvate lors du cycle de Krebs. Le NAPD est l'agent réducteur de la synthèse des acides gras. De fait, il est oxydé à la fin de la réaction et doit être régénéré.
L'élongation des acides gras saturés au delà de 16 carbones est réalisée dans le réticulum endoplasmique et la mitochondrie. Dans le premier cas, l'élongation implique des acide gras élongases. Dans le second cas, l'élongation implique paradoxalement certaines enzymes de la lipolyse.
La synthèse des acides gras insaturés à partir des acides gras saturés a lieu au niveaux de la membrane du réticulum endoplasmique par des acide gras désaturases. La désaturation est consommatrice d'oxygène moléculaire (O2) et utilise comme cofacteur du Nicotinamide Adénine Dinucléotide (NAD):
acide stéarique + 2(NADH + H+) + O2 → acide oléique + NAD+ + 2H2O
Il est à noter que tous les organismes ne synthétisent pas forcément tous les acides gras saturés et insaturés possibles. Par exemple, l'homme ne peut pas synthétiser l'acide linoléique. Cet acide gras est dit essentiel et doit être apporté par l'alimentation.
[modifier] Acides gras, nutrition et maladies cardio-vasculaires
L'alimentation est une source importante d'acides gras. Cet apport est vital pour maintenir une lipidémie stable et pour fournir au corps les acides gras essentiels. Les acides gras qualifiés d'essentiels incluent les oméga-3 et oméga-6. Le corps humain ne sachant pas les synthétiser, ou les synthétisant en quantité insuffisante, un apport minimal et régulier par l'alimentation est nécessaire.
En revanche, de nombreuses études ont montré qu'un excès d'acides gras (notamment saturés et insaturés trans) pouvait avoir des conséquences sur la santé et notamment augmenter de façon très significative les risques de problèmes cardio-vasculaires[20]. Certaines études portent sur la consommation excessive d'acides gras insaturés trans issus de procédés industriels comme l'hydrogénation partielle d'acides gras d'origine végétale (huiles).
Acide gras: | saturé | mono-insaturé | poly-insaturé | oméga-3[23] | oméga-6[23] |
---|---|---|---|---|---|
g/100g | g/100g | g/100g | g/100g | g/100g | |
Graisses animales | |||||
Lard | 40.8 | 43.8 | 9.6 | ||
Beurre | 54.0 | 19.8 | 2.6 | ||
Graisses végétales | |||||
Huile de coco | 85.2 | 6.6 | 1.7 | ||
Huile de palme | 45.3 | 41.6 | 8.3 | ||
Huile de germe de blé | 18.8 | 15.9 | 60.7 | 8 | 53 |
Huile de soja | 14.5 | 23.2 | 56.5 | 5 | 50 |
Huile d'olive | 14.0 | 69.7 | 11.2 | 0 | 7.5 |
Huile de maïs | 12.7 | 24.7 | 57.8 | ||
Huile de tournesol | 11.9 | 20.2 | 63.0 | 0 | 62 |
Huile de carthame | 10.2 | 12.6 | 72.1 | 0.1-6 | 63-72 |
Huile de colza | 5.3 | 64.3 | 21-28 | 6-10 | 21-23 |
Dans un avis publié en 1992[24], l'American Heart Association (AHA) a fait les recommandations suivantes :
- l'apport énergétique quotidien provenant des matières grasses ne devrait pas dépasser 30 % de l'apport journalier recommandé;
- ces matières grasses devraient contenir
- de 50% d'acide gras monoinsaturés de type oméga-9
- de 25% d'acide gras polyinsaturés de type oméga-3 et oméga-6
- de 25% d'acides gras saturés;
- une partie des acides gras saturés peut être remplacée par des acides gras mono-insaturés
[modifier] Acides gras saturés
Dans un acide gras saturé, toutes les liaisons entre les carbones sont simples (pas de liaisons doubles). Chaque carbone porte le maximum d'hydrogènes possible. On ne peut pas ajouter d'hydrogène à la molécule ; elle est saturée.
[modifier] Sources alimentaires
Les acides gras saturés se trouvent notamment dans les graisses animales (lait, fromage, beurre, viande, lard, etc.) mais aussi dans l'huile de coco et de palme (voir tableau 2). Ils ont tendance à être solide à température ambiante.
[modifier] Effets sur la santé
Consommés en excès les acides gras saturés augmentent la cholestérolémie et le taux de LDL[20]. Or, il existe une relation entre un taux élevé de cholestérol et de LDL dans le sang et l'augmentation du risque de maladie cardiovasculaire : « la responsabilité des taux élevés de LDLc (cholestérol LDL) a été établie dans les coronaropathies »[20].
Tous les acides gras saturés ne présentent cependant pas le même risque cardio-vasculaire : les acides gras à chaîne moyenne (par ex. l’acide laurique C12:0, l’acide myristique C14:0 ou l’acide palmitique C16:0, qui représentent env. 30% des graisses de bœuf, mouton ou porc) exercent des effets plus délétères que les acides gras saturés à longue chaîne (comme l’acide stéarique C18:0, env. 27% des graisses de bœuf ou mouton) [25].
[modifier] Acides gras insaturés cis
[modifier] Sources alimentaires
Les huiles végétales sont souvent riches en acides gras insaturés, notamment les huiles de colza, de maïs et d'olive. Les corps gras riches en acides gras insaturés ont tendance à rester à l'état liquide à température ambiante. Il est à noter que les acides gras insaturés cis des séries oméga-3, oméga-6 et oméga-9 comprennent plusieurs acides gras essentiels.
[modifier] Effet sur la santé
Les acides gras mono-insaturés cis exerceraient une action préventive sur les maladies cardio-vasculaires, surtout si ces huiles sont de première pression à froid [26].
Cela inclut les acides gras de la série oméga-9, dont le principal est l’acide oléique, constituant principal de l'huile d'olive, qui expliquerait une bonne partie des bénéfices santé du régime crétois.
[modifier] Équilibre oméga-3 - oméga-6 dans l'alimentation
L'AFSSA[27] recommande un ratio de un acide α-linolénique (le précurseur de la famille des oméga-3) pour cinq acide linoléique (le précurseur de la famille des oméga-6). Le ratio Oméga-3/Oméga-6 recommandé est très différent d'une agence à l'autre dans le monde. Ces différences dépendent en partie de la population choisie comme référence. Par exemple, les Inuits consommeraient 3 fois plus d'oméga-3 que d'oméga-6 alors que pour les Japonais c'est exactement l'inverse. Ces deux populations sont connues pour présenter moins de cancers et de maladies cardio-vasculaires que la plupart des pays développés.
[modifier] Acides gras insaturés trans
- Article détaillé : Acide gras trans.
Les acides gras trans contiennent une double liaison carbone en configuration trans. Ces liaisons sont principalement produites lors de l'hydrogénation industrielle des huiles végétales.
[modifier] Sources alimentaires
La source naturelle d'acide gras trans est constituée des produits laitiers (2,5 à 6.4% dans le lait)[28], des graisses et de la viande de ruminants : graisses de bœuf et de mouton (à env. 4,5%), les viandes de bœuf et de mouton (env. 2%).
La plus grande quantité consommée se trouve cependant dans les produits industriels : pain /sandwich (4 g à 21 g d'acides gras trans sur 100 g de graisses), viennoiseries (24% à 35%), craquelins (0,1% à 17%), pâte à pizza / pâte feuilletée (16% à 61%), gâteaux (12% à 36%), [29].
[modifier] Effets sur la santé
L’[Autorité Européenne de Sécurité des Aliments] (AESA) dans un avis d'expert de 2004 [20] reconnait que « les acides gras trans augmentent le risque de maladie cardiaque et souligne la nécessité de n’en consommer que de faibles quantités, quelle que soit leurs origines. La suppression ou la réduction des acides gras trans dans de nombreux produits alimentaires doit se poursuivre. Chaque fois que cela est possible, ils doivent être remplacés de préférence par des acides gras insaturés cis plutôt que par des acides gras saturés ». Plusieurs recherches montrent en effet que mème des doses très faibles d'acides gras trans augmentent de manière significative les risques de maladies cardio-vasculaires et d'athérosclérose, sans pour autant en expliquer le mécanisme [30]. En particulier, dans une étude de 1997 menée par Hu, Stampfer et Manson, les résultats montrent que, pour un même apport de glucides, une augmentation de 5% de la consommation de graisse saturée augmente le risque de 17%, une augmentation de 5% de la consommation de graisse "trans" augmente le risque de 93%[31].
Aux États-Unis, la communauté scientifique semble du même avis. D'après le Pr. Dariush Mozaffarian[32], « approximativement 30% des graisses naturelles sont transformées en graisses trans. Aux États-Unis, la consommation des graisses trans représente de 2 à 4% de l'apport calorique de l'alimentation. Pour limiter les risques en termes de santé, il faudrait supprimer presque totalement de l'alimentation les graisses trans (à un niveau inférieur à 0.5% de l'apport calorique total) ». Il serait selon lui indispensable d'adopter des mesures législatives pour réduire leur consommation, pour les 4 raisons principales suivantes :
- Les effets nocifs des graisses trans sont mieux établis que pour presque toutes les autres substances alimentaires.
- Des doses très faibles de graisses trans accroissent de manière significative le risque de maladie cardiaque.
- Les consommateurs ne peuvent pas évaluer la quantité de graisses trans qui leur est servie dans les restaurants.
- Les graisses trans peuvent être remplacées facilement. La limitation de leur emploi dans l'industrie alimentaire et les restaurants serait peu coûteuse et sans effet significatif sur le goût des aliments. Cela a été clairement démontré, tant au Danemark qu'aux Pays-Bas.
En France, l'AFSSA a établi des recommandations, ramener la part d'acide grans trans à 1g pour 100 g de produit commercialisé, et préconise leur étiquetage systématique[33].
[modifier] Notes et références
- ↑ (en) D'après l'IUPAC dans le « le Glossaire basé sur la structures des noms de classes des composés organiques et réactifs intermédiaires »
- ↑ (en) Olson R.E., « Discovery of the Lipoproteins, Their Role in Fat Transport and Their Significance as Risk Factors »,The Journal of Nutrition, vol. 128:439S-443S, 1998
- ↑ (fr) de Saussure, N.T., « Recherches chimiques sur la végétation », Paris, 1804
- ↑ (fr) Chevreul M.E., « Recherches chimiques sur les corps gras d'origine animale », Levrault F.G. éd., Paris, 1823
- ↑ (en) Prout W., « On the ultimate composition of simple alimentary substances, with some preliminary [remarks on the] analyses of organized bodies in general », Annales de chimie et de physique, vol. 36:366-378, 1827
- ↑ (fr) Gobley N.T., « Recherches chimiques sur le jaune d'oeuf - Examen comparatif du jaune d'oeuf et de la matière cérébrale », J Pharm Chim, vol. 11:409, 1847.
- ↑ (fr) Chauvière F., « Hippolyte mege Mouries et la margarine », Portraits d'inventeurs, émission du 14 Mai 2006
- ↑ (en) Hartley P., « On the nature of the fat contained in the liver, kidney and heart: Part II », J Physiol, vol. 38:353, 1909
- ↑ (en) McCollum E.V. et Davis M., « The necessity of certain lipins in the diet during growth », J Biol Chem, vol. 15:167-175, 1913
- ↑ (en) Burr G.O. et Burr M.M., « On the nature and role of the fatty acids essential in nutrition », J Biol Chem, vol. 86:587-621, 1930
- ↑ (en) Keys A., Anderson J.T. et Grande F., « Prediction of serum-cholesterol responses of man to changes in fats in the diet », Lancet, vol. 2:959-966, 1957
- ↑ (en) nobelprize.org, « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1964 »
- ↑ (en) Bang H.O. et Dyerberg J., « Plasma lipids and lipoproteins in Greenlandic west coast Eskimos », Acta Med Scand., vol. 192:85-94, 1972
- ↑ (en) nobelprize.org, « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1982 »
- ↑ (en) nobelprize.org, « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1985 »
- ↑ Corps gras
- ↑ (en) catalogue de Sigma-Aldrich « Saturated fatty acids and derivatives nomenclature »
- ↑ 18,0 18,1 18,2 cet acide ne correspond pas stricto sensu à la définition des acides gras, mais peut parfois être inclus dans cette catégorie (Cf. référence 1)
- ↑ Maier T., Jenni S. et Ban N., "« Architecture of Mammalian Fatty Acid Synthase at 4.5 A Resolution », Science, vol. 311:1258 - 1262, 2006
- ↑ 20,0 20,1 20,2 20,3 (fr) (en) Autorité Européenne de Sécurité des Aliments, « Avis du groupe scientifique sur les produits diététiques, la nutrition et les allergies sur une question de la Commission relative à la présence d’acides gras trans dans les aliments et aux effets sur la santé humaine de la consommation d’acides gras trans », Question n° EFSA-Q-2003-022, juillet 2004
- ↑ (en) Food Standards Agency, « McCance & Widdowson's The Composition of Foods », Fats and Oils, Royal Society of Chemistry, 1991
- ↑ (en) Ted Altar, « More Than You Wanted To Know About Fats/Oils », Sundance Natural Foods Online
- ↑ 23,0 23,1 Les chiffres des 2 dernières colonnes proviennent d'une autre source(Huilerie Noël), citée dans le livre « Le cholestérol : un ennemi qui vous veut du bien » de Catherine Martinez. Il peuvent être considérés comme cohérents avec les autres sources du tableau à l'exception de l'huile de colza ou la somme oméga-3 + oméga-6 (27-33 g/100g) est supérieur aux chiffres de la colonne poly-insaturés (21-28 g/100g). Les chiffres figurant dans l'article sur l'Huile de colza sont respectivement de 28, 6 et 21 g/100g pour les poly-insaturés, les oméga-3 et les oméga-6.
- ↑ (en) American Heart Association « Guidelines for cardiopulmonary resuscitation and emergency cardiac care », JAMA Vol. 268:2171-302, 1992
- ↑ Brochure "Viande et santé humaine" de l'Association Royale des Ingénieurs, issue de la Faculté des Sciences Agronomiques de Gembloux, en Belgique, page 11
- ↑ Interview du Dr P. Keros, « Les HPPF (huiles de première pression à froid), riches en oméga 3 et 6, en vitamines et en oligoéléments jouent un rôle protecteur important, notamment contre le vieillissement de nos cellules », Alternative Santé, Mars 2005 sur www.medecines-douces.com
- ↑ (fr)Agence française de sécurité sanitaire des aliments, « Rapport sur les acides gras de la famille oméga 3 et système cardiovasculaire : intérêt nutritionnel et allégations », 2003
- ↑ Graisses du lait et athérosclérose, Pr. Olivier Ziegler
- ↑ Analyses faites en 1999, citées dans : Questions - réponses sur les acides gras trans, Afssa
- ↑ La relation entre risque cardiovasculaire et consommation alimentaire d’Acide Gras Trans est étudiée depuis longtemps. Elle est bien documentée aujourd’hui. Risques et bénéfices pour la santé des acides gras trans apportés par les aliments. Recommandations
- ↑ Hu F.B., Stampfer M.J., Manson J.E., « Dietary fat intake and the risk of coronary heart disease in women », N Engl J Med, 1997, 337:1491-1499
- ↑ Le danger des graisses trans. Dariush Mozaffarian, professeur à la faculté de médecine et à l'école de santé publique de Harvard
- ↑
[modifier] Bibliographie
- Cyberlipid.org, « Chronological history of lipid science »
- Robert E. Olson, « Evolution of Ideas about the Nutritional Value of Dietary Fat: Introduction », The Journal of Nutrition, vol. 28(2):421S-422S, 1998
- Lubert Stryer, Jeremy Mark Berg, John L. Tymoczko (trad. Serge Weinman), Biochimie, Flammarion, « Médecine-Sciences », Paris, 2003, 5e éd. (ISBN 2-257-17116-0).
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
- Wikilivre de tribologie, et plus spécialement le chapitre consacré aux lubrifiants.
- Oméga-3
[modifier] Liens externes
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