Littérature chinoise
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La littérature chinoise a une place à part dans l'histoire de l'humanité, étant donné le culte réservé à la chose écrite en Chine et le caractère unique des caractères chinois, qui tirent leur origine de rites divinatoires et se différencient radicalement des systèmes phonétiques utilises dans la majorité des autres langues.
On peut donc considérer l'émergence de la littérature chinoise au moment où les idéogrammes chinois ont quitté leur vocation originelle pour se constituer en caractères utilisables indépendamment, sans doute 2000 ans avant J-C. Ces premiers écrits gardent toutefois une rigidité canonique ou une vocation philosophique qui pose parfois problème avec la notion occidentale de "littérature".
[modifier] Tableau de synthèse
[modifier] Les premiers textes
Article détaillé: Écriture ossécaille
C'est sous la dynastie Shang (-1570 à -1045 av J-C) qu'apparaissent les premières formes d'écrits chinois constituant de véritables textes (auparavant on ne peut trouver que des pictogrammes isolés). Il s'agit essentiellement de pictogrammes gravés sur des os, omoplates de bovins, écailles de tortues ou encore sur le bronze ou la poterie. L'interprétation de cette écriture reste difficile, en effet sur les quelques 2 500 caractères que l'on connaît en provenance de ces textes, seuls 1400 correspondent à des sinogrammes chinois postérieurs, et peuvent par conséquent être interprétés. La fonction de ces textes ne fait en revanche aucun doute, il s'agit principalement d'oracles utilisé à fin de divination.
[modifier] La période classique
Article détaillé: les Classiques chinois
La Chine possède une littérature ancienne riche, aussi bien en prose qu'en poésie. Les textes classiques datent pour la plupart de la dynastie de Zhou (1046 à 256 av. J.-C) et furent rédigés en Chinois classique. Tous ces textes ont forgé la culture, la philosophie et la pensée religieuse du pays.
- Les classiques confucéens
L'étude de ce qu'on appelle les "Quatre Livres" et "les Cinq Classiques" (四書五經, 四书五经, Sìshūwǔjīng) était obligatoire pour les étudiants qui souhaitaient passer les concours du mandarinat pour devenir fonctionnaires de l'état. Certains sont attribués à Confucius, mais il n'a peut-être été que leur compilateur. Quoiqu'il en soit, tous ont largement été influencés par ses idées.
Les Quatre Livres (四書, 四书, Sìshū) sont constitués de quatre textes compilés par Zhu Xi durant la Dynastie Song pour servir d'introduction à la philosophie chinoise et au confucianisme. Parmi ces quatre textes, deux sont extrait du Lijing 禮經 ou Classique des rites qui décrit les anciens rites et les cérémonies religieuses de la cour. Il s'agit de la Grande Étude (大學, 大学, Dàxué) et de l'Invariable Milieu (中庸 Zhōngyōng), Les deux autres sont : les Analectes de Confucius (論語,论语, Lúnyǔ), une compilation de paroles attribuées à Confucius et rassemblées par ses disciples; et le Mencius (孟子 Mèngzǐ), compilation des entretiens entre Mencius et des rois de son époque.
Les Cinq Classiques (Wǔjīng 五经 ou 五經) quant à eux furent probablement compilés par Confucius lui-même. Le premier est le Classique des mutations ou Yi King (易經, 易经, Yìjīng), manuel de divination basé sur la combinaison de huit trigrammes dont l'invention est attribué au mythique empeureur Fuxi. Le deuxième, le Classique des vers (詩經, 诗经, Shījīng), est un ouvrage composé de 305 poèmes divisés en 160 chants chantés lors des festivités ou des cérémonies religieuses de la cour impériale. Le troisième, le Classique des documents ("Shūjīng" 書經, 书经, ou "Shang Shu" 尚書 ou encore tout simplement "Shu" 書) est une collection de documents et de discours dont on suppose qu'ils ont été rédigés par les nobles et les officiels des dynasties Xia, Shang et Zhou. Le quatrième, le Livre des rites (禮記, 礼记, Lǐjì), est une restauration du livre Lǐjīng perdu au IIIe siècle av J-C qui décrit les rites anciens et les cérémonies de cour. Et le dernier, les Annales des Printemps et des Automnes (春秋 Chūnqiū, alias 麟經, 麟经 Línjīng) constitue une chronique de l' État de Lu, (état de naissance Confucius) de -722 à -479.
Le Classique de la musique (樂經, 乐经, Yuèjīng) est parfois cité comme le sixième classique, mais il a été perdu pendant la Dynastie Han.
On ajoute parfois d'autres classiques à cette liste pour constituer les neuf classiques (九經, jiujing) ou même les treize classiques (十三經, shisan jing). Mais ces autres textes sont d'importance secondaire.
- Les classiques du taoïsme
Historiquement, le taoïsme s'est construit autour de trois oeuvres majeures : le Classique de la voie et de la vertu (道德經, 道德经, Dàodéjīng) attribué à Lao Zi; le Zhuang Zi attribué au philosophe du même nom (莊子 Zhuāngzǐ Tchouang-tseu) et le Vrai classique du vide parfait qui aurait été rédigé par Lie-Zi.
A ces trois classiques, il faut ajouter un nombre élevé d'autres textes canoniques qui furent enrichis et compilés progressivement au grés des écoles de pensée et les dynasties successives.
- Les classiques du Mohisme
Il s'agit essentiellement du Mo Zi, attribué au philosophe du même nom: Mozi 墨子 (470-391 av. J-C)
- Les classiques du Légisme
Un certain nombre de ces textes semble avoir été irrémédiablement perdus. Un des plus important classique du légisme qui soit parvenu jusqu'à nous est le Han Fei Zi, attribué à Han Fei.
- Les classiques de l'Art militaire
Deux classiques de l'art militaire chinois sont parvenus jusqu'à nous : L'Art de la guerre, attribué à Sun Zi et Les 36 stratégies, redécouvert en 1939 sur un marché chinois.
- Les classiques de l'Histoire de la Chine
Ces classiques retracent l'histoire de diverses périodes, depuis l'antiquité chinoise jusqu'à la dynastie Song. Il s'agit des Annales des Printemps et des Automnes de Zuo, attribuées à Zuo Qiuming, des Annales des Printemps et des Automnes de Lü Buwei attribuées à Lü Buwei, du Zizhi Tongjian, attribué à Sima Guang et des Annales de bambou.
[modifier] La poésie classique
Article principal: Poésie chinoise
Parmi les premières anthologies poétiques les plus influentes on trouve le Chuci 楚辭 (Chants de Chu) constitué initialement de poèmes attribuées au légendaire Qu Yuan 屈原 (vers 340-278 Av. J-C) et à son disciple Song Yu 宋玉 (IVe siècle Av. J-C). Les chants de cette collection sont plus lyriques et romantiques et représentent une tradition différente de celles des premiers recueils de vers comme le Shijing. Durant la dynastie des Han (206 Av. J-C à 220 Ap. J-C), ce style à évolué jusqu'à devenir le Fu 賦: un poéme généralement construit en vers rimés à l'exception de son introduction et de sa conclusion qui sont rédigés en prose, souvent sous la forme de questions/réponses. L'ère de désunion nationale qui suivra la période des Han verra le développement d'une nouvelle poésie, profondément influencée par le Taoïsme et en quête d'harmonie avec la nature.
La poésie classique atteignit son apogée au cours de la dynastie des Tang (618-907 Ap. J-C.). Le début de la période des Tang est bien connu pour ses lushi 律詩 ("vers réguliers") poémes de huits strophes contenant cinq ou sept mots par ligne, ses "Zi" poèmes en vers suivant des règles de prosodie très rigoureuses, et ses jueju 絕句 ("vers tronqués") poème de quatre lignes contenant cinq ou sept mots par ligne. Les deux poétes les plus célèbres de cette période furent Li Bai 李白 (701-762 Ap J-C) et Du Fu 杜甫 (712-770 Ap. J-C). Li Bai était célébré pour le romantisme de sa poésie et Du Fu était considéré comme un moraliste confucianiste pronant un sens aigu du devoir envers la société.
Les poétes de la période tardive de la dynastie des Tang développèrent un plus grand réalisme et sont connu pour leur vision critique de la société. Ils ont également contribué à l'affinnement de l'art de la narration. Un des plus célèbre de ces poètes fut Bai Juyi 白居易 (772-846 Ap. J-C) dont les poèmes se présentent comme un commentaire inspiré et critique de la société de son temps.
[modifier] La prose classique tardive (IIIe siècle au XIIe siècle)
La période des Tang voit également le rejet de la prose ornée et artificielle développée durant la période précédente et l’émergence d’une nouvelle prose, puissante, directe et simple, basée sur les écrits des périodes Han et pré-Han. Le premier partisan de ce style néoclassique et qui influencera abondamment la littérature pendant près de 800 ans, fut Han Yu 韓愈 (768-824), un maître essayiste et un partisan inconditionnel du retour à l’orthodoxie confucianiste.
[modifier] La prose moderne (du XIVe siècle au début du XXe siècle)
Les fictions en langue vernaculaire, bien que jamais reconnues par les officiels de la cour impériale, ont commencée à devenir très populaire après le XIVe siècle. Recouvrant un large panel de sujets, sructurées plus longtemps et à un niveau moins élevé que les fictions littéraires, ces fictions populaires comprennent un certains nombres d’œuvres maîtresses. La plus célèbre fut certainement le roman familial “Hong Lou Meng” 紅樓夢 que l’on peut traduire par : “Le Rêve dans le pavillon rouge”. Cette oeuvre semie autobiographique rédigée par un descendant d’une famille bourgeoise sur le déclin, est reconnu par tous les spécialistes de la fiction chinoise comme étant une pièce incontournable de ce genre.
Un nouveau courant est amorcé avec les oeuvres de Lu Xun (1881-1936). Il prôna un renouveau de la littérature et, notamment, pour la rendre plus accessible, il délaissa le chinois classique au profit de nouvelles rédigées en chinois moderne (Baihuà).
[modifier] La période contemporaine (XXe siècle)
La littérature chinoise a subi un choc d'ampleur jusque-la inconnue dans son histoire suite a la chute de la Dynastie Qing et la fin de la culture classique lettrée, revendiquée avec véhémence lors du mouvement du 4 mai 1919. L'écriture issue du langage oral, appelée baihua 白话, devient un nouveau vecteur de création et d'engagement de la part d'écrivains qui sont rapidement confrontes aux nouvelles idées venues d'Occident, notamment le socialisme et le marxisme (création du Parti communiste chinois en 1921), et l'influences d'auteurs étrangers comme Romain Rolland.
[modifier] La fin de la culture lettrée
L'écrivain Lu Xun rédige des nouvelles et des essais qui incarnent l'évolution de l'écriture passant du wenyanwen, l'écriture classique, au baihua. Le contenu de ses œuvres porte également un témoignage sur la fédération progressive des écrivains au sein de l'Association des Écrivains Chinois, qui devront souscrire aux préceptes de propagande et de censure du Bureau culturel a partir de l'avènement de la République populaire de Chine en 1949.
[modifier] La littérature sous le régime de la censure
Un grand nombre d'écrivains et d'intellectuels chinois ont été envoyés dans les laogai. D'autres sont d'anciens zhiqing, c'est à dire ont vécu la déportation à la campagne d'une grande partie de la jeunesse chinoise urbaine à l'issue de la Révolution culturelle à partir de 1967.
Après la mort de Mao Zedong en 1976, Deng Xiaoping lance les réformes économiques et l'ouverture progressive du pays. La littérature des cicatrices, témoin des traumatismes liés a l'éclosion douloureuse de la Chine moderne, fait alors son apparition, conjointement a un florilège d'autres modes d'écritures, assoiffés de liberté créatrice.
[modifier] Le déferlement de la littérature contemporaine
L'expression d'idées politiques et notamment d'idées démocratiques émerge alors, jusqu'aux Manifestations de la place Tiananmen, qui durcit la politique de répression et de censure du Bureau culturel. Toutefois, des écrivains comme Wang Shuo ont continue a publier des romans, très critiques de la société chinoise : on a tort de considérer la Chine comme un goulag culturel. Le volume démesuré des publications en Chine, les milliers de maisons d'édition, laissent de nombreux interstices ou une relative liberté d'expression peut trouver sa place.
En particulier, l'écrivain Mo Yan semble disposer d'une totale liberté d'expression sans pour autant être censuré.
[modifier] Le théâtre chinois
Le théâtre (xijù) peut désigné des pièces de théâtre modernes parlées (huàjù), ou des pièces traditionnelles chantées, comme celles de l’opéra de Pékin (Jingjù), de l’opéra de Canton (Yuèjù) ou de l’opéra de la province du Seutchouan (Chuanjù). Les pièces de ces opéras régionaux sont souvent écrites en dialecte local et contiennent des expressions littéraires parfois difficiles à comprendre. Dans le théâtre parlé, les dialogues comiques (xiansheng) sont des formes très prisées. Les sketches sont généralement truffés d’expressions dialectales et populaires, de jeux de mots et de jeux sur les sinogrammes homophones qui favorisent les situations de quiproquo. Ce genre littéraire à ses auteurs renommés comme Hou Baolin, Guo Qiru ou encore Ma Ji.
A cela il faut ajouter le théâtre de marionettes (Mùouxi) et le théâtre d’ombres chinoises (piyingxi, « théâtre d’ombres en peau »), les figurines étant autrefois découpées dans de la peau d’âne.
[modifier] La cyber-littérature
Dans les années 90, le développement exponentiel d'internet a donné lieu à la création d'une nébuleuse de pages web personnelles, et plus récemment, de blogs, dont celui de Mu Zimei, journal de la vie sexuelle d'une jeune fille de Canton, a attiré les foudres de la censure mais également une notoriété nationale.
La Chine dispose du plus puissant système de filtrage de sites internet au monde, mais qui ne sévit dans le domaine de la littérature que quand des "excès" acquièrent une certaine notoriété.
[modifier] La littérature chinoise au-delà des frontières
En comparaison de l'immensité de la production littéraire chinoise, depuis les temps les plus anciens, seule une très maigre partie a été traduite en langues occidentales. Depuis l'émergence économique de la Chine, ce phénomène éditorial commence à évoluer, avec l'apparition de maisons d'éditions spécialisées comme les éditions Picquier ou Bleu de Chine en langue française.
Phénomène nouveau, des écrivains d'origine chinoise commencent aujourd'hui à s'exprimer directement en langue française, l'exemple le plus édifiant étant François Cheng, premier Chinois d'origine admis à l'Académie française. D'autres, comme Gao Xingjian, ont émigré en France où leurs idées peuvent être reçues publiquement. Beatrice Lao, poétesse chinoise qui travaille en Europe, écrit en anglais.
L'engouement récent pour la Chine a donc eu un impact positif sur la création littéraire chinoise et sa réception à l'étranger, parallèlement à une commercialisation de certains écrivains répondant aux goûts du public français : Mian Mian, Wei Hui ou Mu Zimei sont ainsi des phénomènes littéraires dont la valeur reste encore à prouver.
Des œuvres majeures, comme celles de Mo Yan, continuent heureusement d'être publiées.
[modifier] Voir aussi
- Philosophie chinoise
- Liste d'œuvres littéraires chinoises
- Liste d'auteurs chinois
- Liste de poètes de langue chinoise
- Bande dessinée chinoise
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