Zhuang Zi
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Zhuāng Zǐ 荘子 (ou encore 庄子 en écriture simplifiée) (EFEO : Tchouang-tseu) est un philosophe chinois.
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[modifier] Le personnage
Si Zhuang Zhou a réellement existé, on ne sait en tout cas que très peu de choses sur la personne de ce philosophe chinois qui vécut à l'époque des Royaumes Combattants (IVe siècle av. J.-C.). Les « Annales Historiques » de Sima Qian rapportent qu'il était originaire du district de Meng, qui pourrait avoir été situé au sud du fleuve jaune, quelque part dans la province actuelle du Henan. Il est dit aussi qu'il occupa des charges administratives subalternes et refusa le poste de Premier ministre que lui offrait le roi de la principauté de Chu.
Il termina sa vie complètement retiré du monde menant une vie nomade proche du peuple.
[modifier] L'œuvre
La pensée de Zhuang Zhou, plus couramment appelé Zhuangzi (maître Zhuang), nous est parvenue dans un texte écrit en prose d'une grande qualité littéraire. L'ouvrage actuel doit beaucoup à son principal éditeur, Guo Xiang, taoïste ayant vécu au IIIe siècle, et peut-être à un autre lettré, Xiang Xiu [1]. Guo Xiang n' a conservé que trente-trois chapitres sur les cinquante-deux de l’époque Hàn (汉), ayant écarté ceux qu’ils jugeait de mauvaise qualité ou d’origine douteuse. Il en a mis en tête sept qu’ils considérait comme particulièrement importants, attribués à Zhuang Zhou en personne, qui constituent les « chapitres internes » neipian [2]. Suivent quinze « chapitres externes » waipian [3] puis onze « chapitres divers » zapian [4]. On pense qu’il a remplacé le style poétique d’origine par sa prose. Dans les gloses qui consistent essentiellement en interpolations, il expose sa lecture de l’ouvrage.
On présente aussi traditionnellement Zhuangzi comme un successeur de Laozi. Cependant, certains chercheurs n'hésitent pas aujourd'hui à affirmer l'antériorité du Zhuangzi (c'est aussi le nom qu'on donne à l'œuvre qui nous reste). Quoi qu'il en soit, ce texte occupe une place déterminante dans ce qui fut désigné, plusieurs siècles après la mort de ces personnages, comme la pensée taoïste.
Le concept central de la philosophie de Zhuangzi est le Dao (道) que l'on peut définir comme le cours naturel et spontané des choses. Zhuangzi se moque de l'Homme, seul être à tenter de se détacher du Dao en imposant son action et son discours. Là se situe en effet le problème : toutes les tentatives pour discourir sur la réalité visant à acquérir les bases de la connaissance fondatrice de l'action sont vaines étant donné que le discours ne fait qu'opérer des découpages partisans de cette réalité.
La question posée par Zhuangzi est donc la suivante : si le discours n'est pas un instrument approprié permettant d'acquérir des connaissances certaines, que reste t-il à l'Homme et comment doit-il envisager sa position dans l'univers ? La réponse se situe dans le non-agir (wuwei 無為) qui, loin d'être synonyme d'indolence, de passivité ou de repli, définit l'action en tant qu'elle est conforme à la nature des choses et des êtres. L'Homme est ainsi invité à se débarrasser de son égocentrisme et de sa volonté de plier la réalité à ses phantasmes. Le "Wu" est peut-être pris ici dans sont sens étymologique de "dépouillement", plus que de "vide" au sens moderne.
Cette recherche d'une position cosmique s'incarne dans la figure du sage qui ne s'embarrasse d'aucune question métaphysique ni d'aucun conflit d'aucune sorte. Retournant à l'origine, il puise directement sa force et sa vitalité dans la Dao. Épousant les métamorphoses des dix mille êtres, il est libéré de toute contrainte et n'est plus soumis qu'aux nécessités.
Le non-agir tel que le conçoit Zhuangzi est une démarche strictement individuelle, sans prétention politique, à la différence de la conception de Laozi pour qui le politique est le lieu emblématique où devrait s'exercer toute l'efficacité du non-agir.
L'épisode le plus connu du Zhuangzi est cette histoire où le sage rêve qu'il est un papillon, et, se réveillant, se demande si ce n'est pas plutôt le papillon qui rêve qu'il est Zhuang Zi. Ce qui pose la question de la nature profonde de la réalité, et fait écho à certains développements des écoles mystiques indiennes (tradition vijñanavada du bouddhisme, tantrisme Kashmirien ou encore Védanta).
[modifier] Notes
[modifier] Œuvres
- Les œuvres de Maître Tchouang, Traduction de Jean Levi, Editions de l'encyclopédie des nuisances, Paris 2006.
- Tchouang-tseu - Œuvre complète, traduction de Liou Kia-hway, Gallimard, Paris, 1969, ISBN 2070705293.
- Le Rêve du papillon - Tchouang-Tseu, traduction de Jean-Jacques Lafitte, Albin Michel (Spiritualités vivantes), Paris, 1994 / Albin Michel ( Spiritualités vivantes poche), Paris, 2002.
- Propos intempestifs sur le Tchouang-tseu, Jean Lévi, Allia (Petite collection), Paris, 2004.
- Leçons sur Tchouang-tseu, Jean-François Billeter, Allia (Petite collection), Paris, 2004.
- Études sur Tchouang-tseu, Jean-François Billeter, Allia, Paris, 2004.
- Sagesses profanes : Jean-François Billeter (fichier son), in Les chemins de la connaissance, Jacques Munier, France-Culture, 4 janvier 2006.
- Montagne c'est la mer : Tchouang-tseu et Wittgenstein, Kim Soun-Gui, La Souterraine/Main courante, 2003.
- Fictions philosophiques du "Tchouang-tseu", Romain Graziani, Gallimard (L'Infini), Paris,2006.
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