Lycée Fabert
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Ancien lycée impérial, le lycée Fabert est l'un des plus célèbres lycées de la ville de Metz. Il doit son nom à Abraham de Fabert d'Esternay. Pour ce qui est de sa réputation, un classement paru dans un des journaux locaux en 2006 le classe en 18e position sur les cinquante meilleurs lycées de France. Le lycée Fabert propose les enseignements généraux : S, L, ES, mais aussi la filière TMD (technique de la musique et de la danse) ouverte a la rentrée 2006, c'est un des 20 lycées de France a posseder cette filière.
Le lycée est actuellement formé par :
- l'ancien lycée, c'est-à-dire le bâtiment conventuel de l'ancienne Abbaye Saint-Vincent, qui comprend la cour du cloître, la bibliothèque, les bureaux du proviseur, ceux de du censeur, ceux de l'intendant, et la salle des professeurs ;
- le petit lycée construit en 1845 ;
- le palais des sciences ;
- l'internat ;
- l'aile Sainte Constance ;
- l'aile Alexis de Tocqueville qui accueille les étudiants de CPGE depuis la rentrée 1999 ;
- le nouveau réfectoire, dont la construction a été achevée en 2003.
Si le lycée fut créé en 1803, l'abbaye Saint-Vincent, elle, fut un lieu d'enseignement depuis 968.
Sommaire
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[modifier] Abbaye Saint-Vincent
Le lycée occupe les anciens bâtiments de l’abbaye Saint-Vincent de Metz, fondée au Xe siècle.
[modifier] Le lycée de Metz (1804-1962)
[modifier] La création du lycée en 1803
L'enseignement secondaire délaissé pendant toute la période révolutionnaire a assez vivement intéressé Bonaparte pour que celui-ci décide de créer les premiers lycées. La ville de Metz fut choisie pour recevoir l'un des futurs lycées grâce à l'énergie du préfet Jean-Victor Colchen ; dès son installation à la préfecture, il fit le point de la situation scolaire de sa zone de manière très énergique : il constate que sur les 351 000 habitants de sa circonscription, seulement 68 000 savent lire et écrire. Nonobstant les excellents résultats des écoles centrales et des deux écoles secondaires de Metz qui ont eu des admis à Polytechnique cette année là, le nouveau préfet pense « qu'il était inutile de s'étendre sur les progrès que la jeunesse avait pu faire dans les sciences, sous le régime des écoles centrales, puisqu'un nouveau mode d'enseignement leur succédait aujourd'hui ».
Le 4 nivôse de l'an X (25 décembre 1801), le maire de Metz, Goussaud, fut informé que Bonaparte avait compris Metz dans les villes destinées à recevoir les premiers lycées, et qu'il devait se mettre à la recherche de bâtiments susceptibles de loger les quatre à cinq cents élèves prévus pour l'établissement. Il profita du fait que les bâtiments de l'abbaye Saint-Vincent étaient encore détenus par l'armée, pour demander au ministre de la guerre de bien vouloir les lui céder. D'autre part, l'administration chargée des hospices consentit à se dessaisir de l'hôpital Saint-Georges, et à s'installer à Bonsecours, en 1805. L'hôpital qui jadis était séparé du reste de l'abbaye par la rue Saint Georges, y fut rattaché par la suppression de celle-ci (dont on peut encore deviner le début aujourd'hui dans le prolongement de la rue Holandre Picquemal ; ce qui reste de la vieille rue Saint Georges sert de hall de livraison pour la cantine et de parking à quelques employés de l'intendance, ainsi qu'au proviseur adjoint).
Pour la remise en état de l'ancienne abbaye Saint Vincent, la ville ouvrit une souscription publique et prévit l'augmentation des droits d’octroi. L'aménagement et l'ameublement des bâtiments furent assez rapidement réalisés. Le 16 floréal de l'an XII (6 mai 1803), parut l'arrêté portant création du lycée de Metz.
[modifier] Le lycée de 1803 à 1870
En fait, le lycée n'ouvrit ses portes que le 14 vendémiaire de l'an XIII (6 octobre 1804), car les travaux de réhabilitation furent très importants et coûtèrent à la ville la somme de 300 000 francs, colossale pour l'époque. La discipline prévue était vraiment très sévère et très proche de celle d'un régiment. Les élèves étaient divisés en escouades et compagnies et les professeurs étaient astreints au célibat, et matériellement obligés d'être logés dans l'établissement dans des chambres minuscules comprenant un bureau, une chaise, et un lit. Tous les mouvements de la journée s'opéraient militairement, au son du tambour : exercices dans les cours, défilés au pas cadencé, alignements en ordre de bataille, rangs…
En 1806, la natation fut rendue obligatoire.
Avant la création des lycées, l'enseignement était dispensé soit par des écoles centrales, soit par des collèges royaux, ou encore par des monastères : à quelques pas de l'abbaye Saint-Vincent, le maréchal Foch a fait toutes ses études secondaires à l'abbaye Saint-Clément. Mais le but des lycées était tout autre : il fallait préparer la jeunesse messine à servir le nouveau gouvernement, et c'est pourquoi l'enseignement dispensé était à mi-chemin entre celui du collège royal et de l'école centrale, plus littéraire que le premier, plus scientifique que le second. Au départ, il n'était donc pas question pour le lycée de former des officiers, mais des fonctionnaires ou des hauts fonctionnaires, tout dévoués au nouveau gouvernement qui leur avait permis d'étudier grâce au système des bourses. Les frais de scolarité étaient d'ailleurs très élevés : 650 francs pour les internes, sans compter environ 50 francs de fournitures. Pour les externes, ils étaient un peu plus modestes : 100 francs par an. Le lycée était un établissement si onéreux que son accès était totalement impossible aux enfants issus des classes sociales modestes ; le public scolaire se composait essentiellement des « élèves du gouvernement », fils de fonctionnaires qui recevaient des bourses d'étude, et des enfants des familles bourgeoises.
Les membres de l'administration étaient vêtus d'un complet noir, d'un manteau noir avec collet et bordure en soie noire ou verte, cravate en batiste blanche et tricorne ; les professeurs portaient les mêmes effets, mais sans broderie. Le personnel était issu en majorité de l'école centrale, fermée à la suite de la création du lycée, comme le proviseur Duquesnoy, ancien professeur de législation à l'école centrale de la Moselle. On sait qu'ils étaient très peu payés, conformément à la tradition universitaire.
Le gouvernement impérial fixa les congés scolaires comme suit : jeudi et dimanche, le 1er et le 2 janvier, le 28 janvier (Saint Charlemagne), Lundi et Mardi gras, les trois derniers jours de la Semaine Sainte, dimanche et lundi de Pâques, et enfin les grandes vacances, du 15 août au 1er octobre. Les élèves portaient vestes et culottes bleues, avec collet et parement plus clairs, et boutons assortis, gravés aux mots de " Lycée de Metz ". Comme leurs professeurs, ils devaient porter quotidiennement l'uniforme.
Dès la première rentrée, ils furent 200 dont 140 internes et 60 externes. Parmi les 140 internes, 100 étaient élèves du gouvernement, c'est-à-dire boursiers. Ils étaient répartis entre la section Belles Lettres et la section Mathématiques. La section Belles Lettres comprenait six classes, avec latin dans chacune de la 6e à la 1re. Le même professeur y enseignait français, latin, grec, calcul, et histoire géographie. En ce qui concerne les langues vivantes, rien n'était organisé par l'administration, mais dans les registres de l'époque, on peut noter que deux professeurs de langue existaient au Lycée : l'un enseignait l’allemand, et l'autre enseignait l’anglais et l’italien. La section Mathématiques comptait, elle aussi, six classes. Le professeur de mathématiques enseignait sa spécialité, mais également la biologie, la physique, la chimie et l'astronomie. Pédagogiquement, le lycée était assez richement doté en matériel : une bibliothèque accessible à tous comprenait plusieurs milliers de livres, et un laboratoire de physique et de chimie facilitaient la tâche des élèves et des professeurs du point de vue expérimental. En outre, il y avait au lycée, un maître de dessin, un maître d'écriture, un maître de danse, un maître de musique, et enfin, un officier, détaché de l'armée, chargé d'enseigner le maniement des armes et l'école du peloton. En effet, il faut se rappeler que l'organisation du lycée était quasi militaire : les élèves étaient répartis en compagnies de 25, chacune dirigée par un sergent et quatre caporaux, ces grades étant réservés aux élèves les plus assidus et les plus disciplinés. D'ailleurs, en ce qui concerne la discipline, elle était organisée de manière très différente de celle qui sévit actuellement ; les sanctions étaient les suivantes : la prison, la table de pénitence, les arrêts (qui consistaient à passer sa récréation à l'intérieur d'un cercle tracé à l'une des extrémités de la cour.)
De nos jours, tous les élèves se plaignent du poids de leurs cartables. À l'époque, ce problème n'existait pas : chaque élève avait un livre unique où étaient regroupés tous les enseignements qu'il suivait.
Le lycée était organisé de telle sorte que l'on y entrait entre 9 ans et 14 ans comme boursier, après avoir passé un examen de français et de calcul, et qu'ensuite, si l'on était travailleur et bon élève, on pouvait passer deux classes par an, c'est-à-dire qu'en trois ans, et après avoir subi six examens, on pouvait en avoir terminé avec les études secondaires. Très vite, et malgré sa réputation de caserne, le lycée subit un engouement très important : de 260 élèves en 1806, il passe à 430 en 1808, et se stabilise à environ 445 à partir de 1813. Déjà à l'époque, le lycée de Metz s'impose comme le modèle du lycée scientifique, comme en témoignent ses succès aux grandes écoles parisiennes : en juin 1805, il fit admettre 6 élèves à Polytechnique sur les 9 qu'il avait présentés. Plusieurs facteurs ont contribué à la réussite du nouveau lycée :
- Metz était un important centre administratif, siège d'un rectorat, d'une faculté de sciences et d'une cour d'appel.
- L'enseignement français était réputé à l'étranger, et de riches familles allemandes tenaient à faire venir leurs enfants à Metz.
- Le lycée était le successeur légitime des collèges du XVIIIe siècle, si prospères à Metz.
- Enfin, il y avait, à Metz, une véritable ambiance intellectuelle, surtout entretenue par l'Académie des sciences et l'école militaire d'artillerie et du génie, implantées dans la ville.
Cependant, après l'échec de la campagne de Russie et de celle d'Allemagne menées par Napoléon, Metz dut accueillir plus de 22 000 blessés. La plupart des bâtiments publics furent transformés en hôpitaux de fortune, et le lycée n'échappa pas à la règle. Durant la Restauration, peu favorable à l'enseignement, et malgré l'hostilité des Messins envers le régime, l'effectif se maintient aux alentours de 400 élèves. Le lycée impérial devient collège royal, les costumes des élèves changent, la cloche remplace le tambour pour rythmer les mouvements des élèves, mais au fond, il y a peu de changement. L'espoir resurgit avec le retour de Napoléon (1815), comme le prouve l'ardeur des lycéens à servir le canon et à former des escouades.
Si l'effectif a été stationnaire sous la Restauration, il monte en flèche sous la monarchie de Juillet et atteignit 700 élèves en 1848. Ce phénomène s'explique par le retour de la paix et d'une plus grande prospérité en France. À partir de ce moment, les bâtiments du lycée s'avérèrent insuffisants, et pour répondre à une demande croissante, la ville de Metz fit construire le Petit Lycée en 1845, qui ferme la grande cour sur la droite.
Cette montée spectaculaire des effectifs n'altérera pas pour autant la qualité de l'enseignement dispensé, puisqu'en 1853, dans un rapport adressé à l'Académie de Metz, le général Didon assure que : "Metz, dans l'étude des sciences exactes, l'emporte sur toutes les autres villes de France". Ce général, en effet, était très compétent, puisqu'il fut deux ans examinateur de sortie à l'École de Saint-Cyr, et sept ans président du jury d'admission à l'X. Cependant, bien que les jeunes Messins fussent de brillants élèves, ils avaient une réputation bien établie de chahuteurs, comme le prouve la correspondance entre le proviseur et le maire de l'époque. Par exemple, la remise des prix de 1840 menaçait d'être orageuse, les externes ayant l'idée de siffler le censeur. Pour étouffer cette manifestation, le maire dut envoyer tous ses agents à la remise des prix.
Comme presque tous les Français, les élèves du lycée accueillirent avec joie la IIe République, bien que celle-ci sonnât le glas de l'expansion du lycée, et ceci pour plusieurs raisons :
- Les révolutions, en général, ne sont pas très favorables à l'enseignement.
- Le rectorat fut supprimé en 1854, et la faculté fut déplacée à Nancy.
Pourtant, cette situation est passagère, et les effectifs remontent, alors que la qualité de l'enseignement est égale à elle-même, ce qui fait dire au ministre, dans une lettre du 19 mai 1862 adressée au maire, que " le lycée de Metz est appelé à devenir l'un des plus importants de France ", prédiction qui se réalisera avec l'ouverture des classes préparatoires aux Grandes Ecoles en décembre 1865. Pour l'occasion, la municipalité fit un gros effort, en achetant les bâtiments compris entre le chevet de Saint Vincent et la rue Goussaud, et l'hospice Saint Georges. Il y avait encore d'autres projets, engloutis par la guerre de 1870, dont Metz fut l'une des plus grandes victimes Extrait de "La Moselle administrative", 1860 : "Le lycée reçoit des pensionnaires, des demi-pensionnaires, des externes surveillés et des externes libres. Les élèves y font l'objet d'une sollicitude perpétuelle de la part des fonctionnaires auxquels l'Etat a confié la double mission de les instruire et de diriger leur éducation. L'enfant peut être reçu au lycée même avant qu'il lise et écrive correctement. Dans une école primaire qui vient d'y être annexée, il apprend tout ce qu'il doit savoir pour suivre avec fruit la classe de 8ème, et il arrive successivement jusque dans les classes les plus élevées. L'enseignement y est dirigé de telle sorte que l'élève ayant terminé ses classes régulièrement, a étudié, sous des professeurs d'un zèle et d'un talent éprouvés, le programme d'examen qui lui ouvre la carrière à laquelle il se destine. Ainsi, les programmes du Baccalauréat ès lettres et du Baccalauréat ès sciences, les programmes d'admission aux écoles centrale, navale, forestière, polytechnique, militaire, normale y sont développés non seulement dans les classes, mais aussi dans des répétitions, conférences, examens faits par les professeurs mêmes de l'établissement. Ces derniers exercices ont pour but, soit de préparer les élèves aux épreuves difficiles des concours, soit de fortifier les plus faibles et de les rendre capables de mieux profiter de la leçon faite en classe. Les avantages de cette méthode sont montrés par l'expérience. Car on sait que les succès obtenus par les élèves du Lycée de Metz dans les concours pour l'admission aux écoles spéciales du gouvernement ont placé cet établissement au premier rang des lycées de l'Empire.
Le Lycée de Metz, situé dans l'un des quartiers les plus salubres de la ville occupe un vaste emplacement divisé en trois parties bien distinctes : le grand, le moyen, et le petit lycée. Ces trois divisions forment pour ainsi dire, trois établissements séparés, ayant chacun leurs dortoir, leur réfectoire, leurs salles d'études, leur cour de récréation. Les élèves y sont classés d'après leur âge et n'ont aucun rapport avec ceux qui n'appartiennent pas à leur section. Des religieuses de l'Espérance se rendent tous les matins dans un des dortoirs du petit lycée et donnent aux plus petits enfants tous les soins que réclame leur jeune âge. Enfin, une infirmerie, isolée du reste des bâtiments, est visitée tous les jours, le matin et le soir, par le médecin et le chirurgien de l'établissement, et le soin des malades est spécialement confié aux sœurs de l'Espérance. L'Administration du Lycée ne s'occupe pas seulement du bien-être matériel des élèves. Leur éducation est avant tout l'objet de toute sollicitude, et elle est convaincue que la religion est le moyen le plus efficace pour former le cœur des enfants, sauvegarder les mœurs, faire des hommes dévoués à la patrie, utiles à leurs semblables. Ainsi, l'enseignement religieux est-il donné avec tous les soins et toute l'étendue que réclame son importance, et conformément aux prescriptions des règlements universitaires. Il est obligatoire pour tous les élèves internes, à quelque classe qu'ils appartiennent; les externes y sont admis sur demande de leurs parents. Tout ce qui a rapport avec cet enseignement et au service religieux est soumis à l'approbation de Mgr l'évêque de Metz, qui peut inspecter officiellement, soit par lui-même, soit par ses délégués, l'enseignement religieux du lycée. Les élèves qui ne font pas profession du culte catholique, sont conduits dans leur temple, par des maîtres de l'établissement à des jours et des heures convenables." C'est également dans les années 1860 que le second empire fit construire la salle des fêtes à la place de l'ancienne aile Ouest du cloître, fort abîmée, où se trouvait jadis la bibliothèque des moines bénédictins.
[modifier] Le lycée Allemand (1870-1918)
Comme après chaque conflit majeur, tous les bâtiments publics sont utilisés comme hôpitaux de fortune. C'est le cas du Lycée en 1870. Pourtant, il rouvre ses portes le 17 octobre 1870, pour les externes, à raison de 3 heures par jour. Mais cette embellie sera de courte durée, puisqu'il est fermé définitivement en tant que lycée français le 31 juillet 1871 par le censeur, resté jusqu'au bout à son poste. En octobre 1871, les cours reprennent, mais le lycée s'appelle désormais Kaiserliches Lyceum. Le nouveau proviseur est un certain " Docteur Batty ". En 1872, le lycée comptait 200 élèves, dont 26 autochtones seulement, mais, peu à peu, cette situation se modifie, les Lorrains comprenant qu'il ne faut pas laisser le champ libre à leurs ennemis dans leurs région. Voici le seul témoignage que l'on ait au sujet de cette époque. C'est celui d'un élève ayant étudié au lycée jusqu'à la déclaration de guerre en 1914 : Extrait d'un discours prononcé le 19 novembre 1976 devant le Lyon's Club de FRANKENBERG (R.F.A.) par un ancien élève du Lycée de METZ de 1912 à 1914 Nous devons l'original de ce document à l'obligeance de Monsieur NOTTER, professeur agrégé d'allemand au Lycée Schuman à Metz, et sa traduction à celle de Monsieur SCHEFFLER père. Que tous deux trouvent, ici, nos sincères remerciements pour leur collaboration. Un Lycée Allemand en 1914 Ce lycée est celui de Metz, que j'ai fréquenté durant deux ans et demi, jusqu'à la déclaration de guerre en 1914. J'avais alors 10 ans. J'avais déjà effectué les petites classes: "octava", "septima" et " sexta". Les souvenirs de cette époque me sont restés très vivaces. Et lorsqu'en 1960, en compagnie de mon épouse, j'ai visité mon ancienne école, - aujourd'hui à nouveau lycée français -, et ma maison natale, je n'ai pas été désorienté. Récemment, un de mes jeunes frères, ancien élève d'une école messine lui aussi, m'envoyait la copie d'un rapport annuel sur le lycée de Metz pour l'année scolaire 1913-l9l4. Ce rapport contient beaucoup de choses sur ce lycée allemand de la fin de l'époque de Guillaume: c'est de cela que je voudrais vous parler. Annexé en 1871, avec l'Alsace, Metz comptait, en 1914, avec ses faubourgs, plus de 100.000 habitants, dont 3.000 immigrés allemands, pour la plupart du personnel militaire, des fonctionnaires et employés, des commerçants et des industriels. Metz était alors l'une des plus importantes garnisons et la plus forte forteresse de l'empire allemand. Il y existait 2 écoles supérieures de filles (sans "abitur "), un grand séminaire, une école pratique et professionnelle supérieure (Oberrealschule) et enfin un institut jumelé avec le lycée, spécialisé en sciences humanistes et pratiques. Cet ensemble était installé dans les murs baroques d'une vieille abbaye bénédictine et avait hérité du nom de Lycée de Metz. En tant qu'institut jumelé, l'école comprenait 2 fois 9 classes, soit 18 classes avec un programme commun de la "sexta" à la "quarta"; ensuite une distinction apparaissait entre un lycée humaniste et un lycée pratique de sciences. Le nombre total des élèves était, pour ces 18 classes, de 421, y compris 15 filles considérées comme " auditrices ". La fréquentation des diverses classes était modeste: dans le cours inférieur (1er cycle): 32 élèves; dans le cours moyen (2éme cycle): 19 ; et dans le cours supérieur (3ème cycle): 19 également. Le nombre des candidats à l'abitur (bacheliers) était de 9 dans la branche humaniste, et de 8 (dont une fille) dans la branche pratique : soit un total de 17 pour une population concernée d'au moins 150.000 habitants. Aucun de ces " abituriens" n'était de langue maternelle française. Cinq d'entre eux provenaient des milieux économiques et les 12 autres, des milieux des services publics (petits et moyens fonctionnaires tels que police, armée, intendance, secrétaires). La fréquentation des classes du Lycée de Metz était donc faible. Mais la dotation en personnel enseignant était excellente ; elle comprenait, outre le Directeur, pour 421 élèves, 29 professeurs certifiés et auxiliaires scientifiques, ainsi que 2 technologues, soit en moyenne, un enseignant pour 14 élèves. Rapport qui, dans le cours supérieur, descendait à 1 pour 10! En ce qui concerne le nombre d'heures hebdomadaires obligatoires, il variait, à Metz, de 17 à 22. Les professeurs ne manquaient donc pas et les nominations ne posaient aucun problème, à cette époque. En cas de décès d'un enseignant, celui-ci était remplacé le jour même par un auxiliaire scientifique. Le Directeur n'avait pas besoin de secrétariat! Durant toute l'année scolaire 1913-1914, il n'a reçu de ses supérieurs que 6 circulaires de service: 2 arrêtés ordonnant le pavoisement et un congé scolaire à compter du 18 octobre 1913 à l'occasion de la Commémoration du centenaire de la bataille de Leipzig, " sur l'ordre de Sa Majesté l'Empereur ", (c'était le jour où les souverains allemands se rassemblaient à Leipzig pour l'inauguration du monument de la bataille des Nations) ; un 3ème arrêté ordonnant l'enseignement de la météorologie (l'ère de la navigation aérienne s'annonce). une 4ème note de service concerne le nombre de travaux écrits. une 5ème autorise le Directeur à donner congé aux élèves israélites le Samedi de Pentecôte, sur demande des parents. (Le lycée comptait 32 élèves juifs, soit 8% du total). Enfin, le 6éme et dernier arrêté concerne un voyage d'élèves au bord de la mer, pendant les grandes vacances. Les autorités scolaires se manifestaient assez peu. Cependant, durant 4 jours entiers, le " conseiller secret du gouvernement et conseiller-maître à la direction de l'enseignement ", un certain Dr SCHERER, " honorait " l'institut de sa visite et assistait à des cours dans toutes les classes. Dans l'Allemagne impériale, les fonctionnaires de l'inspection scolaire jouissaient d'une réputation légendaire. En général, ils étaient de valeur et le plus souvent de caractère humain. Cette tradition s'est maintenue jusqu'à la fin de la République de Weimar, époque à laquelle les fonctionnaires furent remplacés par de vieux militants du nazisme, de qualité médiocre. Ce qui n'existait pas, en 1914, c'était les délégués des élèves et de leurs parents. On demandait simplement à ces derniers de prêter leur concours au maintien de l'ordre à l'école. On leur demandait aussi de payer, annuellement, par élève, et en 3 termes, une somme de 140 Marks Or jusqu'en 1914, somme portée à 150 Marks Or après 14. Cette somme était versée, soit de la main à la main au Directeur, soit à la caisse du percepteur impérial. Après un retard de 15 jours dans le paiement trimestriel, il était procédé à l'encaissement par voie d'huissier. Environ 10% des élèves étaient boursiers. Qu'enseignait-on à Metz ? La matière principale était le latin, même au lycée pratique : en " sexta ", 7 heures hebdomadaires ; de la " quinta " jusqu'à l'abitur, 8 heures par semaine au lycée humaniste. Cet horaire était quelquefois réduit dans le lycée pratique, en faveur des langues anglaise et française dans les classes supérieures. Autres répartitions des langues au lycée humaniste : _ le français, à partir de la " quinta " ; à partir de la " Unterklasse III ", 6 heures de grec par semaine jusqu'à l'abitur ; l'anglais et l'hébreu étaient facultatifs dans les cours supérieurs. Dans les deux branches du lycée: 4 heures hebdomadaires de mathématiques dans toutes les classes. L'allemand était moins enseigné qu'actuellement: en général, 3 heures par semaine, voir 2 heures peur les cours moyens du lycée humaniste. Les élèves apprenaient la construction de la phrase allemande en partant des leçons de latin, procédé discutable dont les répercussions sur le style des traites scientifiques n'ont pas encore, me semble-t-il, disparu entièrement. Les sciences naturelles étaient totalement délaissées. Les " humanistes" n'avaient en Oberklasse III, que 2 heures de chimie organique très élémentaire (ceci se retrouve encore maintenant dans le cours moyen de toutes les écoles actuelles: la chimie est restée le parent pauvre de l'enseignement). La physique, elle aussi, était peu enseignée, ainsi que la topographie et la géographie. En ce qui concerne l'instruction civique, là aussi peu de chose, étant donné le caractère conservateur de l'Ecole. Les travaux écrits étaient autrement nombreux que maintenant. Exemple, en " sexta", 35 devoirs en latin et en allemand ; 20 en mathématiques. En "Oberklasse I" humaniste : 8 compositions d'allemand, 23 de latin, 9 de grec, 6 de français, 14 de mathématiques (en" Unterklasse I": 29 ). A présent, le nombre de travaux écrits exigé est minime : les désavantages de ce système sautent aux yeux et pourtant le nombre de ces travaux continue à baisser. En " Oberklasse 1", la grammaire et le style tenaient une place de choix en latin. Même en classe " d'abitur,, on traduisait encore l'allemand en latin. En définitive, les lycéens allemands n'apprenaient pas à parler couramment une langue étrangère. La philosophie tenait peu de place à côté de la lecture des langues mortes, de l'histoire, de la rhétorique et de la poésie : un peu de Cicéron, un peu de Platon. En langues modernes, les choix étaient assez pauvres, presque uniquement du classique. C'est ainsi qu'on étudiait, par exemple, en français, Anatole France pendant 8 ans! En anglais, les élèves des sciences pratiques n'avaient à faire qu'à J. Kl. Jérôme. Même en lecture allemande, la " prima" se contentait d'œuvres classiques, à part les inévitables Wallenstein, Faust, Iphigénie, Tasso, et un peu de Hebbel. C'était tout ! Comme si en Allemagne, en France, en Angleterre et depuis le milieu du XIXe siècle, aucune littérature n'avait existé : pas de Victor Hugo, de Balzac, de Flaubert, de Zola, cela à 10 km de la frontière française; pas de Kipling, d'O. Wilde, de Wells, de Shaw; point d'Ibsen, de Tolstoï, de Dostoïevski, de Fontane, de Hauptmann, de Rilke. On ignorait les philosophes, même Nietzsche: bien qu'adolescents, c'est à la maison qu'on dévorait Zarathoustra. Le lycée allemand de Metz en 1914 était donc relativement petit en ce qui concerne le nombre des élèves. Les classes étaient peu garnies: les "abituriens" étaient peu nombreux par comparaison au nombre d'habitants de la ville et de sa banlieue.
Les cours y étaient toujours assurés: le lycée était bien doté en personnels enseignants, lesquels étaient bien moins chargés que leurs successeurs actuels. Le lycée était dirigé avec fermeté et son fonctionnement était contrôlé par une instance supérieure. Il était fréquenté par des enfants issus des couches élevées, à la rigueur moyennes, mais en étaient absents les enfants des milieux inférieurs, y compris ceux des travailleurs et des artisans. Dans le cadre des études de l'époque, les lycéens y acquéraient des connaissances solides, soigneusement dosées et réparties sur 9 années. Les matières enseignées étaient à peu prés les mêmes (ceci est à méditer) dans tout l'empire allemand, de la Moselle à Memel, des Alpes à Belt. Cette instruction paraissait à ce point excellente que d'anciens élèves, surtout des humanistes, en font encore maintenant l'éloge à l'occasion de joyeuses rencontres. Mais elle ne fournissait aux élèves presque aucune réelle possibilité en vue d'activités créatrices. Ce qui manquait, c'était un quelconque rapport avec la réalité de l'époque: pas d'instruction politique, pas de droit, l'instruction civique uniquement pendant la République de Weimar, seule l'histoire de la dynastie allemande et celle de la guerre; par contre, étude des constitutions grecque et romaine; rien sur Marx et le mouvement ouvrier; rien sur les corporations. Bref, le lycéen était formé en vue de sa future utilisation pour l'ordre public instauré, avec une pointe de monarchisme. En " prima", à Metz, les élèves rédigeaient des devoirs dont les thèmes étaient, par exemple, " beaucoup d'ennemis, beaucoup d'honneur " ou" la guerre est aussi terrible que les plaies du ciel, mais elle est bonne et est un sort comme elles " ou plus simplement " la guerre aussi a son charme". Une grande partie des élèves qui rédigeaient ce genre de devoirs, ainsi que beaucoup de leurs jeunes professeurs sont, peu de temps après, et comme on disait alors, " tombés au champ d'honneur"...
[modifier] Le retour dans le giron de la France (1918-mai 1940)
A partir de 1918, le Lycée repart pour un nouvel essor, et, en 1935, on fait construire un nouvel internat, muni de tout le modernisme et de tout le confort possibles: le rez-de-chaussée d'une aile étant réservé aux salles de gymnastique et de douche, ainsi qu'à l'infirmerie.
Témoignages: - Proviseur de l'époque, Emile Chamoux - Extrait de Metz d'un petit garçon
Entre 1918 et 1939, le lycée vécut donc des jours paisibles et des jours de gloire, comme celui de l'inauguration du nouvel internat, que l'on pourrait plus ou moins comparer au lycée de la Communication aujourd'hui, par ses innovations technologiques. L'année suivante, c'est-à-dire en 1937, on rasa l'ancienne chapelle du lycée qui était contiguë à l'hôpital Saint Georges et à la " Réale ", le long de la rue Goussaud.
Mais en 1939, le ciel politique s'assombrit à nouveau avec la déclaration de guerre, et le lycée ne rouvrit que le 10 novembre; c'était l'époque où les élèves devaient apporter en cours leurs "boîtes de conserve", c'est-à-dire leurs masques à gaz. Naturellement, l'effectif était réduit et le proviseur, mobilisé, fut remplacé par le doyen des professeurs, et les cours n'étaient plus forcément assurés par les professeurs en titre, et les élèves doivent s'exercer à se replier dans les caves du lycée, pour parer à une éventuelle alerte aérienne. "Nous étudions toujours paisiblement en oubliant souvent notre masque à gaz ou en le remplaçant par le casse-croûte de dix heures. Cette période se termine brusquement le 10 mai 1940 à 5 heures du matin, et dès le samedi à midi, le 11 mai, nous sommes renvoyés à la maison "sine die". C'est le début de grandes vacances jusqu'au 1er octobre 1940. Une partie de la population quitte Metz après le bombardement nocturne et au canon du 21 mai 1940. (D'après R Gama, Le Bahut de 1938 à 1945.)
[modifier] Le lycée dans la tourmente (1940-1945)
L'armistice est signé le 22 juin à Rethondes, et, le 24 juin, les élèves sont invités de manière pressante à se rendre au lycée le lendemain, jour d'entrée en vigueur de l'armistice.
[modifier] La période provisoire: juin-octobre 1940
Il s'agit d'une période assez obscure, durant laquelle certains professeurs se mettent à la disposition de l'ennemi. On oblige les élèves à apprendre l'hymne: "Deutschland über alles", et, le dernier jour de l'année scolaire, le 10 juillet, à la place de la traditionnelle remise des prix, un haut fonctionnaire du Reich fait l'éloge des Allemands, de la valeureuse Wehrmacht et de son Führer, en allemand, puis traduit en français. Le tout est clôturé par des hymnes allemands, et le lycée ferme ses portes jusqu'en octobre.
[modifier] Période d'Umschulung (recyclage): octobre 1940-avril 1941
Durant cette période, tous les cours sont dispensés en allemand, et les élèves doivent s'entraîner à écrire la Fraktur, et font 20 heures d'allemand par semaine. Les professeurs, bilingues, ont pour consigne: " übersetzen ist streng verboten". chaque heure de classe doit débuter par le salut hitlérien, appelé " Deutscher Grüss"; ce salut est adressé par le maître, et les élèves doivent répondre par le bras tendu. Les professeurs et les élèves adhèrent à ce cérémonial avec plus ou moins de réserve. Un portrait du Führer est obligatoire dans chaque salle de classe, et également dans la salle des fêtes. Un mât avec un drapeau hitlérien se trouve au milieu de la cour. Les élèves doivent s'y rassembler pour assister aux commémorations nationales et aux fêtes nazies. L'éducation physique se transforme en préparation militaire, un peu comme sous l'Empire, et les élèves peuvent être frappés, jusqu'en seconde. C'est à cette époque que l'Administration décide de tout changer en ce qui concerne l'enseignement : le choix est laissé aux élèves entre les études classiques avec latin et grec obligatoires au Gymnasium, et les études modernes et scientifiques à l'Oberschule. Un Allemand est nommé à la tête de chacun des établissements.
[modifier] La mise au pas: 3ème trimestre de l'année scolaire 1940-1941
Tous les professeurs lorrains sont réformés à la rentrée de Pâques et remplacés par des Allemands. Des anciens élèves notent que leurs rapports avec les professeurs allemands étaient plus clairs qu'avec certains professeurs lorrains habiles dans l'art de danser entre deux chaises. Les classes changent de nom et l'Abitur remplace le baccalauréat pour les élèves les plus doués, à partir de juillet 1941. Certains élèves ont, en 1941, organisé une manifestation anti-allemande. Comme des traîtres, ils ont servi d'exemple, menottes aux poings, dans la salle des fêtes, après avoir été battus par la gestapo. Ce dernier trimestre de l'année se clôt par l'abandon de la Fraktur, ce qui réjouit beaucoup bon nombre d'élèves. Il faut encore préciser que, durant cette période, les cours commençaient à 7h45 et se terminaient à 13 h.
[modifier] Les années 42-43
Les années 1942 et 1943 voient le retour au pays d'un certain nombre de Lorrains réformés. Les élèves commencent à savoir parler et écrire l'Allemand couramment. Les élèves sont embrigadés dans les Hitlerjugend, mais beaucoup essayent de s'y soustraire en faisant croire, dans leur lycée qu'ils étaient déjà incorporés par le recrutement de quartier, et vice versa. Les classes sont décimés par le recrutement forcé d'auxiliaires, des pompiers, choisis parmi les élèves du secondaire. En 1943, arrivent en Lorraine des ausgebombten Deutschen (réfugiés). Le contacte est très limité entre les Reichsdeutschen et les Lorrains, car ces premiers ne comprennent pas un mot de Français, qui est, du reste formellement prohibé au sein de l'établissement. A ce sujet, Raoul Gama raconte une histoire assez cocasse: "Ils entendaient souvent le mot chleuh. A leur demande, nous traduisions par: tribu paillarde de l'Afrique du Nord." e) La fin du Gymnasium et de la germanisation: janvier-juillet 1944. Les classes sont réduites à moins de 20 élèves. Les alertes aériennes se multiplient, et Metz est bombardée tout le mois de mai, ainsi que la nuit du 28 juin. Les cours se poursuivent dans les caves voûtées du lycée, où tout est prévu à cet effet. Les élèves les plus âgés disparaissent peu à peu, soit incorporés de force dans la Wehrmacht, soit rejoignant la France. Le Gymnasium ferme ses portes le 10 juillet.
[modifier] Le lycée de 1945 à 1962
La libération de Metz intervient le 20 novembre 1944, mais la Préfecture et le lycée résistent. Ils ne seront libérés que deux jours plus tard, en fin de matinée, et au prix d'énormes dégâts. Le proviseur intérimaire embauche les élèves pour le nettoyage du lycée, et notamment de la grande bibliothèque qui a pris l'eau à cause d'une brèche de son toit. Bon nombre de livres anciens sont irrécupérables.
Etudier dans des ruines non chauffées, et avec du matériel scolaire germanique tenait presque du miracle. Cependant, la majorité des élèves est reçue à la session spéciale du baccalauréat, en janvier 1945. D'autre part, les élèves du lycée étaient âgés de 17 à 24 ans, du fait de la guerre, et après ce qu'ils avaient vécu, ils n'étaient plus prêts à supporter la discipline tatillonne du lycée d'avant guerre, car les événements les avaient rendus adultes avant l'âge. Le 8 mai 1945 à 9 heures, tous les élèves furent réunis dans la cour, sous le drapeau tricolore, pour célébrer la victoire. A cette occasion, le proviseur amnistia également tous les punis et les exclus du lycée. Malgré le conseil de ne passer le bac qu'en septembre, tous les élèves tentèrent leur chance en juin et un grand nombre d'entre eux fut reçu. Mais les bâtiments étaient très abîmés par la bataille de Metz. Si l'abbaye et l'internat avaient peu souffert, la Réale, et surtout l'ancien hôpital Saint Georges, le long de la Moselle, étaient tellement touchés qu'il était impossible de les réparer. Les architectes de l'internat, Millochau et Parisot furent chargés de concevoir un nouveau bâtiment qui devrait s'élever, en retour d'équerre, le long de la rue Goussaud et de la Moselle. Le projet traîna en longueur, alors que les élèves étudiaient tant bien que mal dans la Réale et dans les " trépidations d'un escalier branlant, dont évoquer le souvenir est susceptible, aujourd'hui encore, de provoquer un infarctus chez les responsables de l'époque."
La première tranche des travaux commença le long de la Moselle en 1953, et fut terminée pour la rentrée, le 1er octobre 1956. La Réale fut évacuée, démolie, et le nouveau bâtiment prolongé le long de la rue Goussaud. Ces bâtiments comportaient des salles de sciences, des salles banalisées, et des salles d'histoire-géo, ainsi qu'un nouveau gymnase, partiellement enterré. Ce nouvel ensemble fut baptisé " palais des sciences. " A la même époque, on décida d'annexer l'orphelinat Sainte Constance, mais cette annexion n'ayant pas pu se réaliser à l'amiable, il fallut entamer une procédure d'expropriation pour cause d'utilité publique. On logea les taupins et les épiciers dans ces nouveaux bâtiments, la chapelle Sainte Constance fut réaménagée et devint chapelle du lycée. De plus, on pouvait désormais relier l'internat au reste du lycée. On aménagea par ailleurs un foyer aux préparationnaires dans l'ancien hôtel " passe-temps", enclavé dans la cour de Sainte Constance, et dont l'oratoire surplombant la Moselle, restauré par les Beaux Arts, est un véritable bijou d'architecture ogivale.
Par ailleurs, à partir de 1948, le lycée se sépara progressivement de ses classes primaires qui intégrèrent l'école d'application de l'autre côté de la rue. A partir de 1949, l'internat, d'une capacité normale de 180 lits s'avéra insuffisant. On implanta des dortoirs dans des salles de l'abbaye situées au-dessus de la cuisine, et on loua même l'immeuble "carrefour", situé au 42, rue St Marcel.
[modifier] Le lycée Fabert depuis 1962
Le nom de " lycée Fabert " fut donné en 1962 au lycée de garçons de Metz, pour rendre hommage au célèbre maréchal messin Abraham de Fabert d'Esternay, 300 ans après sa mort.
Avec la création, en 1963, du lycée Robert Schuman, les effectifs du lycée Fabert tendent à baisser, et les dortoirs de fortune aménagés au-dessus des cuisines retrouvent leur destination première : être des salles de cours. De plus, la réforme de l'enseignement qui porta création de la sectorisation des établissements du premier cycle accentua la baisse des effectifs de l'internat.
L'année 1968 vit pour la première fois l'apparition de la contestation au lycée Fabert, qui se solda par quelques dégradations matérielles sans grande importance, beaucoup de graffiti, et surtout, le vol de la grosse cloche en bronze qui rythmait jadis le mouvement des élèves. Au mois de mai notamment, les élèves sortaient de cours à n'importe quel moment, et chahutaient dans les couloirs, ce qui rendait la tâche très difficile à l'Administration. En 1969, le nouveau proviseur tira leçon des événements de l'année précédente en donnant plus de liberté à ses élèves, grâce au système de la participation, qui, comme son nom l'indique, a pour but de faire prendre part les élèves à la vie du lycée, et également en abolissant le système qui voulait que les élèves montassent en cours en rangs d'oignons, après le signal d'un surveillant. Cependant, ces mesures n'ont, semble t-il pas suffi à calmer l'effervescence lycéenne comme en témoignent les échanges par voie d'affiche entre le proviseur et les membres du CAL (comité d'Action Lycéenne). D'ailleurs, ce trouble resta longtemps dans les esprits, comme en témoigne la vision du lycée qu'a le proviseur de l'époque, en 1971.
[modifier] Le lycée Fabert en 1971
Voici ce que Paul Muller, proviseur honoraire du Lycée Fabert, écrit de la vie du lycée en 1971 :
L'Ancien qui revient au Lycée, que ce soit au titre de parent d'élève, en visite amicale ou pour le banquet annuel, espère toujours retrouver intacts ses souvenirs d'adolescent : il souhaite plus ou moins. inconsciemment que le Lycée d'aujourd'hui soit resté celui d'hier.
Et les apparences le réjouissent : peu de choses ont changé dans l'aspect général. Les façades sont d'un autre temps et en portent les marques, les piliers du cloître ont peut-être préservé ses initiales gravées au canif il y a 20 ans. Il apprécie certainement davantage qu'à l'époque où il était interne la splendide architecture des réfectoires. Mais les musées eux-mêmes ont le droit de retrouver une jeunesse de bon goût. Aussi espérons-nous pouvoir bientôt entreprendre de grands travaux de réfection qui confectionneront un habit neuf aux vieilles bâtisses, raviveront l'éclat des pierres taillées ou sculptées, serviront la beauté tout en dispensant davantage de confort. Il serait long d'énumérer tous les projets, mais que. les Anciens se rassurent, on ne veut pas abîmer leur Lycée, seulement le mettre en valeur. Imaginez par exemple que nos affreuses portes d'un brun triste et douteux cèdent la place à des portes de verre et de fer forge : ce serait bien agréable de découvrir, depuis la rue, les fleurs colorant la cour d'honneur où la lumière jouant sur les gargouilles du cloître. Et voilà ! On me demande de parler d'aujourd'hui, et je m'aperçois combien il est difficile de s'y arrêter. Je me surprends à glisser tout de suite à demain, en m'adressant à des lecteurs qui rêvent surtout à hier. Eh bien, faisons un effort, reprenons au début : notre Ancien pénètre dans le Lycée, se dit " décidément, ça ne change pas ", mais à cet instant ses tympans commencent à vibrer aux sons déchaînés d'une musique pop. Mais oui, la vénérable salle des fêtes, aux yeux de certains, a perdu sa vertu : elle se prête complaisamment aux exercices de 4 ou 5 orchestres alternant avec les répétitions de 4 groupes de théâtre. Molière reste à l'affiche comme alibi, mais les pièces sont plus souvent signées Camus, Guitry, Boris Vian, Jarry ou Roussin. A la fête de Noël, les choeurs traditionnels répondaient aux Négro Spirituals et aux groupes pop tandis que les gars du club photo éclaboussaient la scène de leurs flashs. C'était bien l'image d'une vie exubérante et saine, et le Lycée offre de vastes possibilités à ceux qui veulent y faire vivre le souffle de la jeunesse : cinéma, décoration, sculpture, marionnettes, philatélie, ciné-club, échecs, sciences fiction, musique, électronique, mécanique, archéologie, coopérative, journal, sports etc : 26 clubs actuellement. Il faut bien sûr ne pas se contenter d'être spectateur et certains trouvent plus génial et plus facile de vanter les mérites du Secours Rouge sur les murs du Lycée à grande dépense de peinture rouge. Il en faut pour tous les goûts !
Méritons-nous encore l'appellation de Lycée-caserne écrite de la même main sur nos murs ? Aussi longtemps que nous entasserons des effectifs aussi élevés dans un établissement, nous n'échapperons pas aux relents de caserne. Mais quel que soit l'effectif, il ne saurait être question d'autoriser un groupe minoritaire à endoctriner ou fanatiser la masse passive. Alors qu'en est-il de la Liberté ? " Il faut avancer pas à pas " a dit le Président Mao d'un sujet moins controversé. L'autodiscipline est en marche, mais sous peine d'aller à l'échec, elle ne doit pas être précipitée : elle procède par étapes, par expériences limitées qui sont dans l'ensemble un succès. Il est certain et heureux que la discipline traditionnelle soit morte : on ne peut plus prétendre "faire marcher " les élèves à " coups de gueule " et de punitions. Le dialogue se révèle bien plus bénéfique quand on veut faire œuvre d'éducation. Nous, avons effleuré beaucoup de sujets, mais sans songer à l'essentiel : l'enseignement. Nombreux sont ceux qui actuellement sont capables de disserter sans fin sur un établissement d'enseignement en oubliant tout simplement que son 1er objectif reste d'enseigner. Et ce n'est pas un des moindres maux dont nous souffrons en ce moment. Il y a environ une centaine de professeurs pour1 400 élèves. Le corps professoral est assez stable et la qualité de son travail reste réputée dans le département. Mais d'importantes variations affectent les élèves : après le détachement de l'annexe Barbot (l 000 élèves), nous assistons à un dépérissement du 1er cycle, tandis que le 2e cycle se renforce et que nous espérons un élargissement des classes préparatoires aux grandes écoles. La vocation scientifique du Lycée est nettement affirmée : sur 7 secondes, 6 sont scientifiques et 5 terminales sur 7. Cela semble normal puisque Fabert propose au-delà du baccalauréat, un enseignement supérieur scientifique dont les résultats sont élogieux. Mais certains Anciens crieront au scandale en apprenant que dès la prochaine rentrée, Fabert sera mixte : systématiquement en 6e et 2e, facultativement aux autres niveaux. Si bien que dans 3 ans, les filles seront aussi nombreuses que les garçons. Cela suffira-t-il à apporter la civilisation à nos potaches et à les rendre heureux ? Nous en attendons certains progrès de mentalité, de tenue, mais le prix à payer pour voir dans nos lycéens des enfants épanouis et heureux est à coup sûr plus élevé. Regardons vivre une classe : 20 à 30% des élèves sont à l'aise et suivent sans problème ; 50% triment sans joie et avec un espoir mesuré ; le reste se sent perdu, déplacé, déraciné. Et c'est la même chose dans tous les établissements ! Ce n'est pas brillant, et tant que les proportions resteront les mêmes, nous n'aurons pas de quoi être particulièrement fiers. Malheureusement, à ce stade, les solutions nous échappent.
Voici ce qu'en écrit Francis Grossmann, élève de Première, la même année :
Tous les jours, à partir de huit heures, des gens s'enferment dans des salles pleines de chaises, de tables rangées en colonnes par deux. Tous les jours ou presque, un professeur s'assied à une table un peu différente, regarde les têtes qu'il a en face de lui et commence à parler. Évidemment, toutes les heures, on change les salles, les chaises, les professeurs, mais on dirait que ce sont presque les mêmes. Il y a entre eux un air de famille qui ne saurait tromper : le Lycée Fabert est sans doute le lien commun de ces choses hétéroclites.
Il ne faudrait pas croire pourtant que cette parenté entre les êtres, entre les choses, exclut de profondes différences. Examinons le cas des élèves. Il en est une espèce, encore assez florissante malgré une diminution sensible depuis quelques années: les INTERNES. Beaucoup d'entre eux conservent la traditionnelle blouse bleue et sont ainsi aisément repérables. Les Internes vivent souvent au Lycée Fabert depuis une éternité et ils en connaissent presque tous les recoins ; ils forment une sorte de tribu aux mœurs et au langage assez inaccessibles aux autres élèves. D'ailleurs ils ne prennent même pas leurs repas en même temps que. les demi-pensionnaires. Depuis quelques temps, leur sort s'est un peu amélioré : foyer[1], télévision, électrophone, mais cela reste maigre. Et puis, il est difficile de perdre, du jour au lendemain, l'habitude de. s'ennuyer ; d'ailleurs, comment s'amuser vraiment lorsque toute la semaine on est enfermé. Alors pour passer le temps, on travaille ; c'est ainsi que les internes sont souvent de bons élèves !
L'espèce hybride que forment les “demi-pommes” [2] est moins facilement décelable, mais c'est sans doute une des plus proliférante qui soit. Après les cours du matin, on les voit errer par bandes dans les couloirs ou dans la cour, ou le plus souvent rester dans leurs salles d'étude. Là, on cause, on travaille, on dort. A une heure, tout le monde descend vers le réfectoire pour prendre le repas. Il faut reconnaître que ceux-ci se sont, dans l'ensemble, beaucoup améliorés depuis un an. Certes on a parfois de mauvaises surprises, les jours maigres, mais on ne peut plus s'en plaindre vraiment que par une vieille habitude qui force à dénigrer tout ce qui peut être fait de bien, parce que c'est dans ce satané Lycée Fabert. Les repas pris en commun, les heures creuses passées ensemble, tout cela crée des liens, une certaine chaleur et finalement le régime de la demi-pension est assez supportable.
Les externes sont, eux, les enfants gâtés du Lycée : ils viennent en touristes y travailler un peu, puis s'en évadent le plus vite possible. Enfin, tout ceci va disparaître puisque le Lycée s'écroule, lentement mais sûrement : le "vieux Lycée " craque de toutes parts, et il est rare qu'on n'ait pas de plâtre dans les cheveux lorsqu'on en sort. Triste fin ! Peut-être qu'un jour, l'administration se décidera à nous faire un beau Lycée. tout neuf. En attendant…
[modifier] La mixité en 1972
A la rentrée scolaire de 1972, le lycée devient mixte, et, dès 1974, il perd le premier cycle qui intègre le collège de l'Arsenal. Cette nouvelle disposition fait notamment grogner les Anciens, mais tout le monde a l'habitude…
LE BAHUT : AMPUTATl0N RÉUSSIE ?
L'année 1975 marque le début d'une ère nouvelle pour notre Bahut. Désormais les " p'tiots " ne viendront plus se jeter dans les jambes des " grands ". De la sixième à la troisième, les élèves sont partis chercher refuge au C.E.S. Arsenal. Les grands, au nombre de mille, retrouvent ainsi des locaux plus spacieux... A priori tout va bien et pourtant... Autrefois, de la dixième à Math-Sup, certains élèves passaient presque toute leur jeunesse au Bahut. C'est fini ! Ennuyeux peut-être, niais tellement attirants dans leur naïveté, leur débordante énergie, les petits ne seront plus là pour faire vibrer les murs de leurs jeux, de leurs rires ou même de leurs pleurs. C'est fini ! Ce n'étaient pas encore des intellectuels, mais nombreux sont les professeurs qui, à leur contact, ont appris à aimer leur métier en aimant " leurs " élèves. C'est fini ! C'était une institution d'être petit : à la fois " bizuth " et protégé, le petit et son vélo, le petit et les pions, le petit et la gym, le petit et le chant... Bref, une tradition qui certes existera encore, mais en marge, en annexe. Fini les "Attention à mon grand frère qui est en 1ère ! ". Fini les longues bousculades au " réf ", les derniers de tables gentiment brimés ! Des hommes très sérieux nous apporterons mille et un arguments prouvant la nécessité d'une telle opération. Statistiques pédagogiques, psychologiques, sociologiques et que sais-je encore, viendront prouver au vieux sentimental la nécessité de se tourner vers l'avenir et le rationnel. Tant pis si je parais rétrograde : pour moi, le lycée Fabert a perdu des odeurs, une musique et une âme ! Et puis, on dit souvent qu'il arrive à un homme amputé de souffrir de son membre disparu !
Michel URBAN
En 1976, s'établit une institution dans l'établissement. Sur l'initiative de Monsieur Riegel, conseiller principal d'éducation, naît la " Fête de Fabert", qui permet à tous les élèves volontaires de pouvoir monter sur les planches ; comme les propositions abondent, il est aisé de faire le tri entre les numéros de qualité et les choses plus légères. C'est chaque année un moment de divertissement, durant lequel la cohésion et la fraternité entre les élèves se renforce, chacun donnant le meilleur de lui-même pendant trois soirs, pour faire plaisir aux autres. Cependant, depuis quelques années, ce rendez-vous est beaucoup plus calme, pour des raisons de sécurité, car les spectateurs n'ont plus le droit de se lever et de danser dans la salle des fêtes. L'année 1977 voit l'arrivée d'une nouvelle espèce d'élèves. Ils présentent un baccalauréat technique musical. Ce sont les F11, appelés " musicaux " par les autres élèves. Leur instinct grégaire les pousse à se rassembler dans un angle de la cour appelé " coin F11 ". Comme ce sont des artistes, ils ont bien évidemment des mœurs particulières et ils sont autorisés à aller au conservatoire (ou plutôt au café) tous les soirs et rentrent à l'internat vers minuit dans un état qui ne leur permet pas toujours de respecter le sommeil de leurs camarades. Mais l'Administration, d'habitude pointilleuse, leur pardonne : " Que voulez-vous, ce sont des artistes…" En 1981, le Palais des Sciences est modernisé, avec notamment l'élargissement de ses couloirs qui sont aujourd'hui larges de deux mètres. A Fabert, le service de demi-pension a toujours été un problème. On dit aujourd'hui que la cantine tourne à plus de 100% de ses capacités ; pour être véritablement honnête, il faut préciser qu'elle accueillait, l'année dernière, 987 rationnaires, contre 1300 en 1969. Il n'en demeure pas moins qu'elle est un carcan pour tous : pour les agents, d'abord, car ils doivent commencer à préparer les repas de midi vers 7 heures du matin, puis les stocker dans des armoires chauffantes. De plus pour ces personnes, il faut servir les repas table par table, puis les débarrasser. Pour les élèves, ensuite : il faut accepter d'être traités sans ménagement par les surveillants chargés de nous faire rentrer dans les réfectoires, et accepter également la qualité médiocre de mets qui ont attendu des heures dans des armoires chauffantes. Mais comment parler de Fabert, sans évoquer sa restructuration qui a fait couler tant d'encre ? Pour bien comprendre les tenants et les aboutissants de ce feuilleton, il faut en revenir aux faits. Depuis plus de dix ans, la communauté de Fabert est convaincue qu'il faut restructurer l'établissement : _ Tout d'abord, parce qu'il est plein comme un œuf : il est des horaires où aucune salle n'est libre, pas même le C.D.I ni la salle de permanence _ Ensuite, pour améliorer le service de demi-pension. _ Enfin, pour que les élèves bénéficient d'un gymnase digne de ce nom, car, depuis que les parents d'élèves FCPE ont fait céder le Conseil d'Administration sur la gratuité du sport, les activités se limitent à : athlétisme, athlétisme, et…athlétisme, c'est-à-dire que les élèves courent autour de la cour dans un sens, puis dans l'autre, pour ne pas user leurs semelles que d'un côté.
Pour pallier cette situation, plusieurs solutions ont été trouvées: _ Construire la demi-pension derrière l'internat : impossible à cause de l'accès des secours. _ Aménager le sous-sol du Palais des Sciences : très peu fonctionnel et difficile à réaliser, car les caves du Palais des Sciences se trouvent sous le niveau de la Moselle. _ La construire sur pilotis en empiétant sur le bras mort de la Moselle : trop cher, trop près de la préfecture, et dans une zone classée. _ La construire au square du Luxembourg : cette solution semblait enfin être la bonne, mais un collectif de riverains s'est formé, sous la présidence d'un conseiller municipal de l'opposition, Dominique Gros, qui d'ailleurs n'habite pas dans le secteur, mais qui a trouvé dans cette cause des électeurs potentiels. Ce collectif, attaché au Metz Plage des années 20, a constitué un lobby qui a considérablement ralenti le projet.
C'est pourquoi, au mois d'avril 1997, les lycéens et leurs professeurs, fatigués d'être ballottés de faux espoirs en désillusions ont décidé d'organiser une manifestation à travers la ville, qui a rassemblé plus de mille personnes. Finalement, la solution du jardin du Luxembourg a été abandonnée, et un nouveau site a été choisi : le Palais des sciences. A ce sujet, deux projets sont encore en course: l'un prévoyant d'implanter la nouvelle cantine en débordant sur une pelouse le long de la Moselle, et l'autre se proposant d'utiliser les fondations de l'ancien hôpital Saint Georges. Cette solution semble la plus probable. Mais, pour pouvoir la mettre en œuvre, il faut pouvoir déplacer les élèves qui étudient actuellement dans le Palais des Sciences, et, pour ce faire, il a fallu acquérir des nouveaux bâtiments qui se trouvent derrière l'internat, et entamer une longue procédure d'expropriation qui a encore ralenti le projet. Parallèlement, la Région a consenti à débloquer des crédits pour permettre au lycée une " réorganisation d'ensemble ". Normalement, les nouveaux bâtiments seront livrés en septembre 1999, la nouvelle cantine en 2001 ; l'internat sera modernisé sur deux ans, entre 1999 et 2001, et, si tout va bien, le lycée devrait rentrer en possession de son nouveau gymnase vers 2005. La libération des anciennes cuisines et des réfectoires devrait permettre la création d'un CDI digne de ce nom, de laboratoires de langues, et surtout, d'un foyer pour les internes!
Il faut également ajouter que le lycée Fabert est doté d'un matériel de pointe en informatique, de salles de sciences très bien fournies en matériel, et d'une section sport-études volley-ball vice-championne du monde.
En 1992, entre en application la loi contre le tabagisme dans les lieux publics. Le proviseur veut, tout en évitant de tomber dans le laxisme en la matière, que cette loi soit applicable dans l'établissement. C'est pourquoi il interdit de fumer dans la cour du marronnier, qui était, jadis, le lieu où se rassemblaient les fumeurs, mais tolère la cigarette dans la grande cour, ce qui est très bien vu, puisque cela évite aux élèves de sortir de l'établissement, et par conséquent de prendre des risques, pendant les récréations. En 1998, ont lieu des manifestations lycéennes. C'est la première fois qu'une manifestation rentrait dans la grande cour, et parvenait à saccager du matériel scolaire. Bien entendu, il ne s'agissait pas d'élèves de l'établissement, bien que, par pure solidarité, les " grèves" aient été suivies à 70% environ, ce qui a fait augmenter le taux d'absentéisme, d'habitude évalué à 3%. Comme chaque fois, ces actions se sont terminées avec l'arrivée des vacances d'automne.
[modifier] Quelques membres du lycée restés célèbres
- Edouard Jaunez (1795-1876) : Maire de Metz de 1850 à 1854.
- Emile-Jean-Didier Bouchotte (1796-1878) : Maire de Metz de 1830 à 1831.
- Jean-Victor Poncelet (1788-1867) : Général et mathématicien.
- Philippe Félix Marechal (1798-1871) : Maire de Metz (1854-1871)
- Alexis de Tocqueville (1805-1859) : Historien et homme politique.
- Pierre Henry (1816-1884) : Général, il négocia en 1870 la paix pour la ville de Metz.
- Victor Prevel (1860-1938) : Maire de Metz de 1918 à 1919.
- Robert Schuman (1886-1963) : Ministre des Affaires étrangères de 1948 à 1952, il est l'un des principaux fondateurs de l'Europe.
- Gabriel Hocquard (1892-1914) : Maire de Metz de 1938 à 1947.
- Joachim von Ribbentrop (1893-1946) : Ministre des Affaires étrangères du Troisième Reich.
- Louis Joxe (1901-1993) : Compagnon de la libération, il fut plusieurs fois ministre de De Gaulle et fut le représentant de la France aux accords d'Évian.
- René Haby (1919-2003) : Proviseur du lycée, puis ministre de l'Éducation nationale (1974-1978).
- Jean Laurain (1921) : engagé volontaire en 1942 dans l'armée française, professeur de philosophie, ancien député de Moselle et ministre des Anciens Combattants et Victimes de guerre de 1981 à 1986.
[modifier] Bibliographie
- « Le Lycée Fabert, 200 ans d'histoire », Aline Cordani, Editions Serpenoise, 2006.