Modèle sociopsychologique du phénomène ovni
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Le modèle sociopsychologique ou hypothèse sociopsychologique ou encore HSP du phénomène ovni considère que toutes les observations ont une origine prosaïque. Le terme est né de la publication des ouvrages de Michel Monnerie, et n'est employé qu'en français. En anglais, le modèle sociopsychologique est défendu par le mouvement sceptique contemporain, même s'il ne le nomme pas de la sorte. Des organisations de sceptiques définissent le phénomène ovni comme étant: le fait que des personnes témoignent avoir vu quelque chose qui volait et qu'ils n'ont pas su identifier.
Le modèle sociopsychologique consiste essentiellement à appliquer la méthode scientifique au phénomène ovni, en n'oubliant pas d'utiliser un maximum son esprit critique (particulièrement l'importance d'avoir des preuves solides pour soutenir ce qu'on avance, surtout quand ce qu'on avance est quelque chose d'aussi extraordinaire que des visites extraterrestres quotidiennes de la Terre).
Les sceptiques travaillants dans le cadre du modèle sociopsychologique considèrent généralement l'ufologie comme une pseudo-science et l'HET comme une croyance, croyance adaptée à notre culture post-moderne où la technologie à une place prépondérante (Bertrand Méheust parle à ce propos de merveilleux technologique).
Claude Maugé à proposé d'utiliser à la place du terme de modèle sociopsychologique celui deThéorie Réductionniste Composite[1]. Pour une autre présentation générale de l'approche sceptique du phénomène ovni, le lecteur peut se repporter à page du Skepdic consacrée aux OVNI.
[modifier] Les mécanismes psychosociaux
Dans le cadre de ce modèle, on considère que le résidu d'observations non expliquées peut être dû :
- à des erreurs d'étiquetage (ou méprises simples par opposition à méprises complexes, voir ci-dessous) ou des mauvaises interprétations (le sujet voit quelque chose de prosaïque mais l'identifie à tort comme un vaisseau extraterrestre). La perception est en effet une construction cognitive: d'une certaine façon, on peur dire que l'être humain voit avec son cerveau.
- à des illusions d'optique (le sujet voit un stimulus prosaïque mais le déforme en augmentant ainsi son étrangeté), parfois désignées par le terme méprises complexes. Différentes études ont démontré l'importance de ce phénomène dans l'explication du phénomène ovni, comme par exemple celle de Paolo Toselli[2];
- à des hallucinations (le sujet perçoit un vaisseau spatial là où il n'y en a pas);
- à des faux souvenirs (le sujet se crée le souvenir d'une vision d'ovni ou d'un enlèvement mais qui en réalité ne s'est jamais produit);
- à des phénomènes naturels rares (éventuellement nouveaux).
Les stimuli possibles sont très variés :
- des phénomènes naturels: Vénus (planète), météorite, lune, nuage (par exemple les nuages lenticulaires ou Altocumulus lenticularis), foudre en boule;
- des objets artificiels: avion, ballon-sonde, satellite artificiel, rentrée atmosphérique de débris de fusée, saut en parachute, lasers de boîte de nuit, etc.
[modifier] Les auteurs sceptiques
- Du côté sceptique figurent en France les noms de Michel Monnerie, Gilles Durand, Thierry Pinvidic, Jean-Bruno Renard, Claude Maugé, Dominique Caudron, Éric Maillot, Robert Alessandri, Renaut Leclet, David Rossoni; en Belgique de Jacques Scornaux, Wim Van Utrecht, Marc Hallet, Jean-Michel Abrassart; en Italie de Paolo Toselli; en Suisse de Bruno Mancusi, etc. Nous trouvons également des auteurs qui travaillent dans le cadre du modèle sociopsychologique dans l'association Française CNEGU (pour Comité Nord-Est des Groupements Ufologiques).
- Dans le monde anglo-saxon, le Committee for Skeptical Inquiry ou la Skeptics Society développent une étude critique du phénomène ovni. Ces organisations sceptiques comptent (ou comptaient) dans leurs rangs des scientifiques et des auteurs qui se sont intéressés au phénomène ovni tel que Carl Sagan, Arthur C. Clarke, Philip J. Klass, Joe Nickell, Robert Sheaffer, James Oberg, Nicholas P. Spanos ou encore Susan Blackmore.
[modifier] Exemples de debunking
Les cas sont classés chronologiquement (attention: si le terme de debunking est connoté péjorativement chez les défenseurs de l'HET, il est connoté positivement par les sceptiques comme étant l'application de la démarche scientifique et de la pensée critique aux cas de la casuistique ufologique):
- 1947: L'observation de Kenneth Arnold, à l'origine du phénomène ovni, s'explique pour certains sceptiques par une méprise complexe avec un troupeau de pélicans blancs américains. Un autre point important est qu'Arnold a observé des objets en forme de boomerangs[3], et pas en forme de soucoupe. Par contre, il a décrit aux journalistes le mouvement des objets comme similaire à ceux de soucoupe qu'on lancerait sur l'eau (un déplacement par ricochets). Le journaliste s'est trompé dans son article et a dit que les objets avaient des formes de soucoupe, ce qui donna le terme de soucoupes volantes. Or, dans les semaines qui suivirent, des dizaines de témoins se manifestèrent, pour dire qu'ils avaient vu des soucoupes volantes. Ils décrivirent non pas la forme réellement observée par Arnold (boomerangs), mais celle véhiculée par la presse. C'est un exemple parfait de l'importance de la suggestion[4] des médias, et de l'influence qu'ils ont lorsqu'ils façonnent les témoignages fortéens en général, ou d'ovni en particulier...
- 1947: L'Incident de Roswell s'explique par le crash d'un ballon Mogul. Il s'agit tout d'abord de l'explication officielle concernant cette affaire, mais différents enquêteurs sceptiques sont arrivées à la même conclusion que les experts du gouvernement après leurs propres enquêtes indépendantes: Philip J. Klass[5] et Kal K. Korff[6] pour ne citer que les deux plus célèbres d'entres eux. Le projet Mogul était un projet top-secret qui au début de la guerre froide consistait à envoyer des ballons-sondes dans la haute atmosphère afin d'espionner l'URSS et de voir si elle effectuait des tests nucléaires. Un lancement de ballon Mogul a été réalisé peu avant le crash allégué de Roswell. Les débris sur la photo de presse où les militaires montrent les restes de la « soucoupe » correspondent aux débris d'un ballon-sonde Mogul.
- 1955: La Rencontre de Kelly-Hopkinsville est un bel exemple de RR3 qui s'explique pour certains sceptiques par une méprises complexes avec des rapaces nocturnes (explication proposée par Renaut Leclet, du CNEGU).
- 1961: L'enlèvement allégué par des extraterrestres de Betty et Barney Hill. Les sceptiques considèrent que Betty Hill avait une personnalité encline à l'imagination[7]. Suite à une vision classique d'ovni et à des lectures dans le domaine de l'ufologie, Betty Hill s'est mise à faire des rêves vivaces, ce qui est une des caractéristiques d'une telle personnalité. L'analyse des sceptiques est la suivante : via l'hypnose, Betty et Barney Hill ont tous deux développé un syndrome des faux souvenirs ; avant que le couple ne consulte un hypnothérapeute, Betty a raconté ses rêves vivaces à son mari Barney, ce qui explique les éléments communs aux témoignages de l'épouse et du mari, celui-ci n'ayant fait que répéter sous hypnose ce que sa femme lui avait dit. En ce qui concerne la sincérité du couple, il faut souligner que si le couple s'est bel et bien construit un faux souvenir via l'hypnose prétendument régressive, comme le pensent les sceptiques, il est tout à fait logique qu'ils aient l'air sincères dans ce qu'ils témoignent ; la sincérité d'une personne n'implique absolument pas qu'elle décrive les événements tels qu'ils se sont réellement produits. Les sceptiques considèrent ce cas comme essentiel pour la compréhension du phénomène des enlèvements allégués par les extraterrestres, puisque les témoins ultérieurs se baseront sur ce récit, très largement médiatisé, pour construire inconsciemment le leur. Le récit des Hill est devenu le narratif type pour tous les enlèvements allégués ultérieurs. Les « Gris » sont devenus depuis extrêmement populaires, et cette « espèce » extraterrestre est à l'heure actuelle la plus représentée dans la mythologie ufologique.
- 1969: L'observation du président des USA Jimmy Carter a été déboulonnée par le sceptique Robert Sheaffer[8]. Il est très intéressant de constater qu'un président est un être humain comme les autres, et qu'il peut aussi expérimenter une méprise complexe avec Vénus.
- 2004: L'observation de Campeche, au Mexique, eut lieu lorsqu'une caméra infrarouge d'un avion de l'Armée de l'Air mexicaine filma 11 ovnis dans l'espace aérien mexicain. L'explication apportée par les sceptiques pour ce cas est que la caméra infrarouge a filmé des torchères des puits de pétrole (détectables à très grande distance par une caméra infrarouge à cause de la chaleur que dégage les torchères). Dans ce cas, un indice révélateur était que si la caméra avait bel et bien filmé quelque chose, les pilotes de l'avion n'avaient rien vu à l'œil nu...
[modifier] Historique du modèle sociopsychologique
- George Heuyer, dans une communication à l’Académie Nationale de Médecine[9] qui date de 1954, émit l’hypothèse que les vagues d’ovni, étaient le fruit d’une psychose collective.
- En 1958, Carl Gustav Jung publie Un Mythe Moderne[10] où il suggère l'importance d'étudier la psychologie des témoins d'ovni. Comme matériel, il propose des études de cas de rêves à thématique ovni de ses patients. Son hypothèse principale est que les ovnis ont une forme de soucoupe par analogie avec les mandalas. Malheureusement, on trouve aussi dans son ouvrage des références à sa théorie parapsychologique de la synchronicité, ce qui est criticable.
- En 1968, publication du rapport Condon aux USA, qui se positionne clairement contre l'HET.
- En 1977, Michel Monnerie lance un pavé dans la mare dans le monde de l'ufologie francophone en publiant l'ouvrage: Et si les ovnis n'existaient pas?[11]. Cet ouvrage fondateur sera le début du mouvement qui a été surnommé les nouveaux ufologues en France. Il sera suivit un peu plus tard par un second ouvrage, Le naufrage des extraterrestres[12]. Jacques Scornaux[13] a beaucoup aidé à la popularisation des idées de Michel Monnerie, via plusieurs articles.
- En 1978, Bertrand Méheust publie un ouvrage[14] qui pose la question de l'antériorité de la SF sur le phénomène ovni. Comment expliquer que les auteurs des pulps du début du XXième siècle aient put présenter tant de détails qui ne sont apparuts que bien plus tard dans le phénomène ovni? Pour rappel, le phénomène ovni débute en 1947 avec la vision de Kenneth Arnold... L'ouvrage est régulièrement cité par les sceptiques, qui y voient un argument fort en faveur du modèle sociopsychologique. Cependant, il est très important de souligner que Bertrand Méheust n'est absolument pas lui-même un sceptique. Il défend en effet dans cet ouvrage, très influencé par Carl Gustav Jung, l'hypothèse extraterrestre au second degré. Aujourd'hui, Bertrand Méheust est par ailleurs un des principaux défenseurs de la parapsychologie en langue française.
- En 1992, Marc Hallet publie un ouvrage sceptique sur la Vague belge: La Vague OVNI Belge ou le triomphe de la désinformation[15]. Dans cet ouvrage, il pointe les nombreuses erreurs, inexactitudes et raisonnement fallacieux de la première publication de la SOBEPS, Vague d'OVNI sur la Belgique[16]. Comme le titre l'indique, Marc Hallet tente de démontrer que la Vague Belge est en grande partie le fruit de la désinformation réalisé par la SOBEPS. Il a par la suite publié d'autres articles sur le sujet.[17].
- En 1994, Thierry Pinvidic est l'éditeur scientifique d'un ouvrage collectif, OVNI – Vers une anthropologie d’un mythe contemporain[18], qui est à l'heure actuel l'ouvrage le plus abouti dans la langue de Molière sur le modèle sociopsychologique.
[modifier] Critiques de l'hypothèse extraterrestre
Plusieurs arguments contestent l'hypothèse extraterrestre comme explication rationnelle du phénomène OVNI[19]:
- La théorie de la relativité prévoit l'impossibilité de tout déplacement à une vitesse supérieure à la vitesse de la lumière. Aussi tout voyage interstellaire serait irréalisable en pratique, le moindre déplacement entre deux systèmes planétaires pouvant prendre plusieurs centaines d'années.
- Le paradoxe de Fermi prétend que, si une seule race maîtrisant le voyage interstellaire existait dans l'univers, elle aurait déjà conquis l'ensemble de l'univers, serait parmi nous depuis des millénaires et aurait automatiquement pris contact avec nous.
- Le comportement parfois aberrant, voire absurde des OVNIs ou de leurs prétendus occupants contredit le schéma classique d'explorateurs venus étudier scientifiquement un monde inconnu.
Le raisonnement fallacieux du renversement de la charge de la preuve est souvent utilisé par les défenseurs de l'hypothèse extraterrestre: ils demandent aux sceptiques de prouver que le phénomène ovni n'est pas d'origine extraterrestre.
[modifier] Critiques de l'hypothèse extraterrestre au second degré
- Voir la wikipage Critique de la parapsychologie: les critiques globales faites à la parapsychologie s'appliquent aussi à cette hypothèse particulière. L'existence du Psi n'ayant pas été prouvée scientifique, l'invoquer pour expliquer le phénomène ovni n'est tout simplement pas scientifiquement pertinent.
- L'hypothèse extraterrestre au second degré n'est pas très éloignée intellectuellement parlant du modèle sociopsychologique du phénomène ovni. Les sceptiques diront que les auteurs qui défendent l'hypothèse extraterrestre au second degré, tel que par exemple Bertrand Méheust et Rémy Chauvin, sont allés dans la bonne direction, mais n'ont pas été assez loin en concluant que le phénomène ovni était purement un phénomène psychosocial. Pour les sceptiques, ces auteurs ont adoptés cette position afin de préserver leur croyance dans de l'extraordinaire dans le phénomène ovni. Ils ont donc rajouté une couche de parapsychologie à l'HET afin de la préserver (de manière ad hoc) des falsifications qu'ils rencontraient.
[modifier] Les enlèvements par les extraterrestres
- Dans le cadre du modèle sociopsychologique, les organisations de sceptiques expliquent les enlèvements par les extraterrestres par une combinaison de symptômes de la paralysie du sommeil et de faux souvenirs, révélés par l'utilisation de l'hypnose prétendument "régressive".
- Certains auteurs, comme Elaine Showalter[20], considèrent qu'il s'agit d'une forme contemporaine d'hystérie (parmi d'autres tel que par exemple le trouble dissociatif de l'identité, le syndrome de fatigue chronique ou encore le syndrome de la guerre du golfe). Une recherche menée par Nicholas P. Spanos et collaborateurs[21] semble indiquer à l'inverse que les ravis ne souffriraient pas d'une psychopathologie.
- Un autre élément à prendre en considération est que certains enlevés présenteraient une personnalité encline à la fantaisie[22], ou du moins un fort engagement dans l'imaginaire, qui les conduiraient à projeter celui-ci dans le monde extérieur. Cette personnalité serait non pathologique, car le sujet n'en souffre pas et serait adapté socialement. Deux exemples célèbres en ufologie de personnalité encline à la fantaisie sont Betty Hill et Whitley Strieber.
- Cependant, il semblerait cependant qu'un nombre non négligeable d'enlevés n'aient aucun souvenir de leurs enlèvements et qu'ils ne se considèrent comme enlevé que suite à un certains nombres de symptômes (déprime, rêves vivaces, marques sur le corps, etc.) qu'ils interprètent erronément de la sorte (parce que ces symptômes peuvent être causé par bien d'autres choses). C'est en tout cas ce qui ressort de l'étude menée par la psychologue Susan A. Clancy[23] sur la question.
[modifier] Les Hommes en Noir
C'est Gray Barker, dans le classique de l'ufologie They knew too much about flying saucers, qui introduisit pour la première fois la thématique des Hommes en noir (en anglais Men in Black). Il y a une dizaine d'années, John C. Sherwood[24] révéla finalement que Gray Barker publiait dans son fanzine ufologique sous forme d'articles (donc présentés comme objectif) des textes qui au départ lui était soumis comme des étants des nouvelles de science-fiction. Les Hommes en noir sont donc une légende qu'il a créé de toute pièce, avant qu'elle ne soit récupéré et répété dans le folklore ufologique.
[modifier] Les Agroglyphes
Pour les organisations de sceptiques, l'ensemble des agroglyphes sont bel et bien d'origine humaine. De nombreux auteurs défendent l'hypothèse humaine pour la fabrication des tous les agroglyphes (et pas uniquement d'une partie d'entres eux comme le suggère à l'inverse les auteurs défendants l'hypothèse extraterrestre). Dans le monde anglo-saxon, nous pouvons citer Joe Nickell[25]. Le lecteur intéressé par ce sujet pourra aussi visister avec intérêt le site web de l'association Circlemakers (www.circlemakers.org), qui est une association regroupant des personnes réalisants des agroglyphes en angleterre. En France, au début des années 1990, le CNEGU, épaulé de chercheurs indépendants, est aussi arrivé à cette conclusion lors de ses études de terrain des agroglyphes anglais : Mission FARC 89, puis VECA 90 - 91 - 92. Éric Maillot[26] Gilles Durand [27], Thierry Pinvidic[28]et Jean-Michel Abrassart [29] ont aussi publié divers articles allants dans ce sens.
[modifier] L'affaire Ummo
En ce qui concerne l'affaire Ummo, les organisations de sceptiques considèrent tout d'abord que des lettres tapées à la machine et envoyées par la poste ne peuvent être en aucun cas considérées comme des preuves en faveurs de l'HET. Le consensus parmi les auteurs travaillant dans le cadre du modèle sociopsychologique du phénomène ovni est que les lettres sont des contrefaçons plus ou moins élaborées. En général, ces sceptiques considèrent que José Luis Jordán Peña est à l'origine des premières lettres et que les faussaires ultérieurs se sont basées sur celles-ci comme modèle afin d'étendre le mythe. Le sceptique ayant le plus travaillé sur l'affaire UMMO en français est Dominique Caudron. Dans un de ses articles, Jean-Michel Abrassart[30] suggère que la popularité de l'affaire Ummo provient de sa similarité avec une révélation religieuse.
[modifier] Les vagues d'ovnis
Philip J. Klass a proposé une règle explicative généralle des vagues d'ovnis: "Lorsque la couverture médiatique conduit le public à croire qu'il y a des ovnis dans les environs, il y a de nombreux objets naturels ou artificiels qui, particulièrement lorsqu'ils sont vu la nuit, peuvent prendre des caractéristiques inhabituelles dans l'esprit d'un observateur plein d'espoir. Leurs observations d'ovni s'ajoutent en retour à l'excitation de masse, ce qui encourage encore plus de témoins à chercher à voir des ovnis. Cette situation se nourrit d'elle-même jusqu'à ce que les médias perdent leur intérêt pour le sujet, et alors le phénomène retombe."[31]. Jean-Michel Abrassart[32] analyse par exemple la Vague belge d'ovnis en suivant ce schéma explicatif. Un ouvrage posthume de Renaud Leclet (qui était membre CNEGU) devrait être publié prochainement par le SCEAU, défendant l'hypothèse que la Vague belge se compose principalement de méprises complexes avec des hélicoptères et des avions.
[modifier] Critiques des travaux de la SOBEPS concernant la Vague belge
Les critiques sceptiques s'orientent dans deux axes[33]. Le premier consiste à montrer que la Société belge d'étude des phénomènes spatiaux (SOBEPS) n'a pas aussi bien travaillé qu'elle le prétend dans ses publications.
Le deuxième, plus classiquement, consiste à tenter d'expliquer la Vague belge d'ovnis dans le cadre du modèle sociopsychologique du phénomène ovni. L'un ne va pas sans l'autre, car on se rend vite compte que la Société belge d'étude des phénomènes spatiaux a joué un rôle non négligeable dans l'informations biaisées (par leur croyance préexistante à la vague dans l'hypothèse extraterrestre) que les médias ont eu sur la Vague, et par là sur sa propagation.
- Remarquons d'emblée qu'avant la Vague Belge, les témoins d'ovni voyaient principalement des soucoupes volantes. Or, durant la Vague, les témoins ont principalements décrits des objets triangualires. Il s'agit d'un exemple d'incohérence du phénomène ovni au cours des décennies, qui évolue en fonction des modes.
- Un des principaux critiques des travaux de la Société belge d'étude des phénomènes spatiaux est Marc Hallet. Il a publié un ouvrage sceptique sur la Vague Belge: La Vague OVNI Belge ou le triomphe de la désinformation[34]. Dans cet ouvrage, il pointe les nombreuses erreurs, inexactitudes et raisonnement fallacieux de la première publication de la SOBEPS, Vague d'OVNI sur la Belgique[35]. Comme le titre l'indique, Marc Hallet tente de démontrer que la Vague Belge est en grande partie le fruit de la campagne d'informations biaisées réalisée par la Société belge d'étude des phénomènes spatiaux. Il a par la suite publié d'autres articles sur le sujet.[36].
- Wim Van Utrecht a pour sa part particulièrement travaillé sur la Photo de Petit-Rechain.
On remarque que sur cette photo, aujourd'hui mondialement célèbre, il n'y a aucun élément de décors (l'objet est sur un fond totalement noir) permettant d'estimer la taille réelle de l'objet photographié, ni de confirmer le récit du témoin (le lieu et l'heure où il prétend l'avoir prise). Wim Van Utrecht a reproduit la Photo de Petit-Rechain avec des moyens mécaniques. Il y a un consensus pour dire que la photo n'a pas été truquée de manière informatique ou par surrimpression, mais ça ne veut pas dire que l'objet photographié est bel et bien un vaisseau spatial extraterrestre, ni même un objet très grand volant dans le ciel... Certains sceptiques ont aussi souligné des incohérences entre le cliché et le récit du témoin. De plus, l'identité du témoin reste inconnue du monde scientifique, ce qui rend une contre-expertise très difficile. Enfin, la Photo de Petit-Rechain est sous copyright, ce qui soulève la question du fait qu'elle rapporte de l'argent à quelqu'un, ce qui peut-être sujet à caution en ce qui concerne un document soumis à des analyses scientifiques (danger de contrefaçon).
- Les sceptiques défendent l'idée que cette vague est le fruit d'une contagion sociologique.
Les ufologues prétendent pour leur part que cette thèse explique la contagion mais n'explique pas la naissance de la vague. Selon eux, le premier soir de la vague, c'est à dire le 29/11/89, 143 observations ont été rapportées alors qu'aucune information n'était diffusée dans les médias.
Le problème ici est: sait-on exactement quand ces témoignages ont été donnés à la SOBEPS? Réellement avant la médiatisation du témoignage des policiers d'Eupen par les médias belges, ou après celui-ci? Est-ce que effectivement ces 143 témoins ont téléphoné à la SOBEPS ce soir là même, ce qui veut dire qu'ils avaient tous le numéro de téléphone de la SOBEPS sous la main (ce qui semble peu plaussible: d'ailleurs pourquoi les soi-disant témoins auraient-ils averti cette organisation somme toute inconnue, plutôt que les autorités (police, gendarmerie ou autre?)?
Ou bien comme c'est beaucoup plus plausible ont-ils contactés la SOBEPS après la médiatisation du témoignage des policiers d'Eupen, en faisant un témoignage rétroactif?
Malheureusement, aucun rapport de la SOBEPS sur cette affaire n'indique quand ces "témoignages" ont été communiqué au bureau de la SOBEPS, ce qui met gravement en cause ces rapports, puisqu'il s'agitd'est une information cruciale. Ce problème a été soulevé par Marc Hallet dans son ouvrage La Vague OVNI Belge ou le triomphe de la désinformation[37]: si ces témoignages sont bel et bien arrivé après la médiatisation de celui des policiers d'Eupen, il est légitime de penser qu'un effet de suggestion à pu jouer à plein, ce qui rend cette soirée pleinement compatible avec le modèle sociopsychologique et l'explication de la vague par une contagion sociologique. Pourquoi la SOBEPS n'a pas mentionné dans ses rapports quand lui sont parvenus ces "témoignages", alors qu'elle connaissait ou devait connaître le caractère crucial de cette information? Tel est la question de fond qu'il faut se pose à ce sujet.
[modifier] Liens externes
[modifier] Notes et références
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