Technologie
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Le mot technologie possède deux acceptions de fait :
- Étymologiquement et historiquement : l'étude des techniques. On dit alors la technologie.
- De plus en plus fréquemment, un ensemble des méthodes et techniques autour de réalisations industrielles formant un tout cohérent. On parle alors d'une technologie. Elle ne se confond pas dans cette seconde acception avec la technique :
- Si sur une voiture, vous utilisez un procédé d'avance à l'allumage, de votre invention il s'agit d'une simple technique.
- Un moteur à explosion d'automobile est quant à lui issu d'une technologie qui évolue depuis un siècle et demi.
- En revanche, l'automobile dont l'existence s'accompagne de constructeurs, de routes, d'autoroutes, de stations-services, de garages, de parkings, etc. constitue un ensemble de technologies.
Les sciences de l'ingénieur ont à couvrir l'étude des technologies pertinentes à leur discipline. Dans une même branche, celles-ci changent avec le temps.
- Guy Deniélou, fondateur de l'Université de Technologie de Compiègne, propose de définir la technologie comme « le nom que prend la science quand elle a pour objet les produits et les procédés de l'industrie humaine ».
- On peut aussi se contenter de la formulation du dictionnaire, qui la définit comme Étude des techniques, des machines, des outils, etc., employés dans l'industrie, qui est plus concise et sans doute plus claire, même si elle est un peu moins précise.
À cause de son aspect porteur, le mot est parfois galvaudé par les services de marketing des entreprises. Ainsi, ClearType est présentée comme une technologie alors que ce n'est qu'une technique, et on voit mal comment elle pourrait ne pas le rester. En revanche le Wi-Fi est bien aujourd'hui pour sa part une technologie comme peut l'être le HTML par exemple.
[modifier] Origine et histoire
Le mot technologie renvoie à la notion d'artefact (techne en grec) et à celle de sciences (logos). La notion semble avoir été pour la première fois utilisée en 1772 par un physicien Allemand : Johann Beckmann. D’autres étymologistes situent son apparition au début du XVIIe siècle. Mais son usage populaire précède en fait de quelques années la révolution industrielle. C'est semble-t-il un professeur de Harvard, Jacob Bigelow, qui en a pour la première fois systématisé l'usage dans son ouvrage Elements of technology (1829). Botaniste et professeur à la chaire Rumford de Harvard consacrée à "l'application de la science aux arts utiles" (useful arts), Bigelow est reconnu par certains historiens américains comme un visionnaire mais aussi un fervent promoteur de la technocratie. Promoteur d’une véritable « fusion » entre les arts et la science, Bigelow va dévaloriser à la fois les savoirs fondamentaux qui ne s’articulent pas avec une pratique concrète et les techniques (les arts dans les mots de l'époque) qui s’inscrivent dans une tradition sans le recours systématique au savoir scientifique. En promouvant une sectorialisation accrue des savoirs scientifiques et une répartition scientifiques des tâches dans le domaine du travail il va fournir à la société capitaliste américaine naissante un véritable modèle d’éducation. C'est d'ailleurs sur les recommandations du professeur de Harvard que le MIT (Massachusetts Institute of Technology)empruntera son nom mais aussi de nombreuses orientations pédagogiques qui en feront un des centres de recherches technologiques les plus performants au monde (dans le domaine de la communication, de l'informatique et aujourd'hui de la robotique et de l'intelligence artificielle).
Le mot « technologie » ne désignait pas simplement pour Bigelow les « arts utiles ». Il voulait suggérer en fait la convergence qui s’opérait à l’aube de la révolution industrielle entre les arts (techne) et la science (logos). Une convergence jusqu’alors compromise par l’impossible articulation des savoirs scientifiques fragmentés et des arts nécessairement enfermés dans une tradition (ce que les membres du comité des arts et sciences américain nommaient « une routine empirique »).
Bigelow s'inscrit largement dans le sillon du "millénarisme technologique" qui anime avec ferveur l'enthousiasme scientifique et technique des nations occidentales (pour l'historien David Noble, il faut remonter au moine Bénédictin Erigène promoteur d'un salut grâce aux "arts mécaniques"). Millénarisme séculier qui renvoie plus ou moins à l'idée d'un paradis sur terre qui s'incarne désormais dans le progrès technologique (idée largement redevable aux philosophies progressistes de l'histoire européenne qui émergent au siècle des Lumières). L'une des influences majeures de cette téléologie du progrès technique fut sans aucun doute Francis Bacon : le chancelier d'Angleterre qui a initié la philosophie expérimentale, philosophie inductive qui marque une rupture fondamentale avec les approches scolastiques médiévales de la science (pour qui la nature s'appréhende par le prisme des dogmes de l'Église : la méthode "aprioriste"). Bacon était un fervent millénariste profondément imprégné de la rationalité puritaine (il restera anglican : fonctions obligent...).
Contrairement à une idée répandue, la notion de technologie et son institutionnalisation internationale entretiennent des liens forts avec les expectatives religieuses européennes et américaines des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles (le puritanisme, la franc-maçonnerie, le déisme pour ne citer qu'eux). La Royal Society de Londres, l'une des premières académies des "arts et sciences" (inspirée par l'Evangile baconien de la science) en fournit un bon exemple. Parmi ses membres, on compte une quantité incroyable de déistes (comme Isaac Newton), des unitariens descendants des puritains (comme Joseph Priestley, l'homme qui a découvert l'oxygène et qui a créé la première église unitarienne), le huguenot français expatrié en Angleterre, Jean Desaguiller (qui fut le créateur de la première loge de franc-maçonnerie spéculative). On a trop vite fait d'oublier cette généalogie de la notion de technologie qui porte un éclairage fondamental sur les espoirs suscités en occident depuis la révolution industrielle par toutes ces découvertes. Technologie et progrès apparaissent donc dès le départ intrinsèquement liés.
La technique est porteuse de changement à la seule condition de s’accompagner de changements structuraux dans la société et son organisation socio-politique selon Jacques Ellul qui est le grand critique moderne de la société technicienne, avec Ivan Illich et Lewis Mumford.
Sources :
- BIGELOW, Jacob, An address on the limits of education, Massachusetts Institute of Technology, Boston : E. P. Dutton & company, 1865.
- BIGELOW, Jacob, « Elements of technology », The North American review, vol. 30, 67, 1830.
- BIGELOW, Jacob, Elements of Technology, Boston : Hilliard, Gray & Co., 1829.
- MILLER, Perry, The life of the mind in America. From the Revolution to the Civil War, New York : Harvest Book, 1965.
- ELLUL, Jacques, Le système technicien, Paris, Calman-Lévy, 1977.
- ELLUL, Jacques, Le bluff technologique, Paris, hachette, 1988.
- NOBLE, David F., The religion of technology. The divinity of man and the spirit of invention, New York : Penguin Book, 1999.
[modifier] Haute technologie et compétitivité économique
Pour les technologies fondées sur des percées scientifiques récentes on parle habituellement de haute technologie ou nouvelles technologies. Ce domaine peut ou non apporter un avantage compétitif aux entreprises et zones géographiques (pôle de compétence) qui ont su y acquérir une avance : tout dépend du rapport performances/prix offert par l'avance en question, ainsi que de son triangle coûts/délais/qualité. Les exemples de sociétés ayant pris des faux-départs pour avoir eu trop d'avance sur le marché (Viatron, Exidy, Archimedes, AIXtron...) semblent tout aussi spectaculaires que celles de sociétés ayant acquis au cours du temps une position dominante sans être arrivées pour autant premières chronologiquement sur le marché (IBM face à UNIVAC, par exemple). Être le premier procure des avantages mais aussi des risques importants.
[modifier] Avantages
- Absence de concurrence.
- Reconnaissance envers le pionnier.
- Développement de l'humanité (satisfactions de ses besoins fondamentaux).
- Facilite la vie.
[modifier] Inconvénients
- Les techniques sont jeunes et mal connues : il faut "essuyer des plâtres", entreprendre un effort d'information des clients potentiels.
- Les standards ne sont pas établis, ce qui peut obliger ensuite à de coûteuses reconversions pour mettre sa production en conformité.
- La technologie nouvelle peut être à l'origine de pollutions.
- Certaines technologies peuvent être dangereuses pour l'humanité.
[modifier] Exemples
- Pour s'être équipée avec retard en lignes téléphoniques, la France a pu se doter rapidement d'un réseau totalement temporel (multiplexé) sans être handicapée par le poids d'un trop important équipement spatial existant.
- La forte implantation du Minitel en France a pendant plusieurs années retardé l'arrivée massive d'Internet dans les foyers français.
- La nécessité d'amortir la très coûteuse technique à miroir tournant pour ses imprimantes à laser a fait perdre à IBM ce marché au profit de Canon et Xerox qui sont partis plus tard sur une idée de diodes laser fixes.
- Cette même compagnie dut abandonner en cours d'études sa technologie FS qui n'eut que quelques retombées ultérieures sur certains produits dans le cadre des technologies existantes (imprimantes à laser, mémoires de masse à changement automatique, usage généralisé des bases de données relationnelles au système de fichiers, etc.).
- L'avance de l'Angleterre et de la France dans le domaine du transport civil supersonique avec le superbe et efficace Concorde, s'est révélée un désastre financier.
- Celle de l'Europe dans le domaine du transport aérien (Airbus) ou des lanceurs de satellites (Ariane) ont en revanche constitué de francs succès, qui va peut être remise en cause avec les déboires de l' A380, pour l'instant reconnu comme une curiosité.
[modifier] Conclusion
L'avance technologique ne peut donc en aucun cas être considérée comme la balle d'argent qui fait gagner à tous les coups. Elle ne constitue qu'un facteur d'appréciation parmi d'autres. L'important est moins de suivre une mode (coûteuse vu les investissements) que d'anticiper le moins mal possible les besoins actuels et à venir. Des technologies actuellement émergentes, mais dont on ne connaît pas bien, en 2004, l'avenir sont par exemple :
- les micromachines ;
- les calculateurs quantiques ;
- la thérapie génique.
[modifier] Automatique
[modifier] Biologie
- Médecine ~ Biotechnologie (technologies vertes)- Bioremédiation - Agronomie
[modifier] Chimie
[modifier] Communication
- Télécommunication ~ Téléphone ~ Internet ~ Radiodiffusion ~ Télévision ~ Radioamateur ~ Imprimerie ~ livre ~ Journal ~ (voir aussi NTIC)
[modifier] Informatique
- Ingénierie informatique ~ Informatique industrielle ~ Génie logiciel ~ Informatique embarquée ~ Micro-informatique ~ Réseau informatique ~ Internet ~ Ordinateur ~ Électronique numérique ~ (voir aussi NTIC)
[modifier] Technique d'affichage
- Affichage mécanique ~ Projection lumineuse ~Tube cathodique ~ Affichage plasma ~ diode électroluminescente ~ Cristaux liquides~ Encre électronique
[modifier] Ingénierie financière
- Calcul stochastique ~ Capital risque ~ Marchés dérivés ~ Titrisation,
[modifier] Matériaux
[modifier] Matériaux métalliques
[modifier] Fer et alliages de fer
[modifier] Métaux et alliages non ferreux
[modifier] Matériaux minéraux
- Verre
- fabrication ~ floats
- traitements ~ « glass coating »
[modifier] Matériaux organiques
- Papier
- Histoire de la fabrication du papier
- Caractéristiques mécaniques du papier
- Machine à papier
- Textile
- Plastiques
- Composites
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[modifier] Autres concepts concernant les matériaux
[modifier] Mécanique industrielle, électrotechnique
[modifier] Généralités
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[modifier] Techniques nucléaires
Centrale nucléaire ~ moteur atomique
[modifier] Production, distribution et utilisation de la vapeur
[modifier] Énergie hydraulique
[modifier] Électrotechnique
Centrale électrique ~ Pile à combustible ~ Alimentation électrique ~ Éclairage ~ Électroménager ~ Moteur électrique ~ Générateur électrique ~ Protection électrique
[modifier] Moteurs thermiques
Moteur à combustion interne ~ Moteur à combustion externe ~ Moteur à réaction
[modifier] Technique des gaz et du vide, réfrigération
Réfrigérateur ~ Technique du vide
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(Lien: Mécanique & Électronique)
[modifier] Physique appliquée
[modifier] Son
- Supports audio (CD, mini-disc, cassette, vinyle, SACD, DAT, la radio, les cylindres)
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- Liste des articles sur les transportsMP4
[modifier] Liens internes
- Prix Roberval : des oeuvres pour comprendre la technologie
- Revival technologique
[modifier] Liens externes
- Le Réseau de Développement Technologique national
- Le Réseau de Développement Technologique d'Ile-de-France
- Projet technologies clés 2010
- Une bibliographie commentée (Top 10) sur la philosophie contemporaine de la technologie (Michel Puech)
[modifier] Voir aussi
- Education
- Évaluation de technologie
- Économie du savoir
- Technologie intérieure