Nominalisme
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Le nominalisme est une doctrine de pensée qui a vu le jour au sein de la scolastique médiévale. Son fondateur est Roscelin.
[modifier] La nature des universaux
Le problème qui lui donne naissance est celui de la nature des universaux dans les syllogismes d'Aristote (par exemple, dans : tous les hommes sont mortels, quelle est la nature de : homme ?). Les nominalistes rejettent la conception idéaliste platonicienne (nommée aussi réalisme dans la thèse : universalia sunt realia ante rem) selon laquelle ils ont une existence immanente a priori, et lui oppose que ces universaux sont définis essentiellement par leurs noms («nomina»). Autrement dit, les nominalistes n’accordent aucune universalité aux concepts mentaux en dehors de l’esprit qui les observe.
En ce sens, les systèmes philosophiques d’Épicure, de Guillaume d'Occam, de George Berkeley, de John Stuart Mill, de David Hume peuvent être qualifiés de nominalistes du fait qu’ils n'attribuent pas d’universalité à des catégories transcendantes, mais simplement à ce qui est construit par l'observateur, comme le fait également l’analyse linguistique contemporaine. Pour eux, le particulier existe, et le général n'est qu'invention humaine établie pour notre commodité de réflexion.
Paul Valéry fera remarquer bien plus tard, dans le même esprit, que la nature ne connaît pas l'expression et caetera, et que celle-ci est propre à l'esprit humain, qui répugne à la répétition. La classification automatique et le data mining enseigneront dans les années 1990 aux machines à construire l'équivalent de leurs propres universaux.
Pierre Abélard tente une synthèse qui donne une importance primordiale au sujet par rapport à l'objet.
Le tenant principal du « réalisme » contre le nominalisme est Guillaume de Champeaux.
Bertrand Russell observe qu'aujourd'hui nous permuterions volontiers ces deux appellations, puisque les « réalistes » s'avèrent manier in fine surtout des mots, tandis que les « nominalistes » ne veulent les utiliser qu'en se référant au réel.
Le nominalisme trouve également de nombreux relais dans la philosphie analytique contemporaine. Nelson Goodman s'est ainsi efforcé d'élaborer un langage nominaliste ne recourant qu'à des entités individuelles.
[modifier] Formes du nominalisme
Dans sa forme maximaliste, pratiquement équivalente au solipsisme, le nominalisme pose que n'existe rien que ce qu'un individu désigne (pense). L'ensemble des pensées d'un individu forme un tout cohérent, qu'il lui est impossible de réellement tester.
Dans une forme plus modérée, il reconnaît une existence indépendante à au moins certains objets, mais considère que cette existence est dépourvue d'effet pratique tant que le sujet n'arrive pas à en intégrer consciemment la pensée. Ainsi et par exemple n'existent pour l'homme que les animaux qu'il a nommés lors de la création, et tant que le concept et le mot de microbe lui étaient étrangers, il restait confronté à bien des mystères.
Le nominalisme scientifique s'interroge sur la valeur des connaissances scientifiques : s'agit-il de vérités (découvertes) ou de conventions arbitraires (construites). Ce qui donnerait à la connaissance scientifique la même valeur que le langage (voir aussi Sémantique générale, Le cru et le cuit).
[modifier] Représentants de l'école nominaliste
- Guillaume d'Occam (v.1285 - 1349), dit le « docteur invincible » et le « vénérable initiateur »
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