Maïmonide
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Rabbi Moshe ben Maimon (רבי משה בן מיימון), dit le Rambam (30 mars 1135, Cordoue - 13 décembre 1204, Fostat), philosophe et théologien juif, Nagid (chef de la communauté) des juifs d’Égypte et médecin à la cour de Saladin, il est une figure majeure du judaïsme rabbinique.
Son épitaphe en dit long sur l'importance du personnage, et l'estime dans laquelle il était tenu :
- « Mi Moshe ad Moshe lo kam ké Moshe »
- (De Moïse à Moïse, il ne s'en leva aucun comme Moïse)
Allusion au verset 34, 10 du Deutéronome :
- « Il ne s'en leva plus aucun en Israël comme Moïse, prophète et regardant Son visage »
Il a exercé une influence considérable sur la philosophie médiévale. Les Chrétiens le connaissent sous le nom de Moïse Maïmonide et les Musulmans sous le nom de Mussa bin Maimun ibn Abdallah al-Kurtubi al-Israili.
Son premier grand-œuvre fut le Commentaire sur la Mishna. En théologie, il est notamment l'auteur du Mishné Torah, ouvrage monumental rédigé en hébreu dans une langue pure, et non en arabe ou en araméen comme il était d'usage, et destiné à remédier à la dispersion millénaire des règles de la pratique juive (Mishna). Son œuvre dans ce domaine constitue encore le socle de la loi rabbinique.
Comme philosophe, il introduisit la logique aristotélicienne dans la pensée juive et ouvrit des pistes dans les domaines de la psychologie et de l'éthique. Mais son apport essentiel consiste en une conciliation de la science et de la religion qu'il expose dans son Guide des égarés écrit cette fois en arabe. Maïmonide estime que la recherche sans préjugés de la « vérité scientifique », loin d'exclure Dieu, amène à mieux connaître sa perfection - pensée que l'on retrouve d'une certaine manière chez un autre cordouan musulman, Averroès.
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[modifier] Influence
Maïmonide fut l'un des rares penseurs du Judaïsme médiéval dont l'influence rayonna au-delà des cercles juifs.
Maimonide fut, dans la Cordoue d'Al-Andalus, le disciple du grand penseur musulman, précurseur du rationalisme, Averroes (Ibn Rochd, qui n'en est pas l'autre), dont la pensée s'est plus tard répandue et développée en Occident ; c'est dire la bonne considération dont jouissaient les Juifs auprès de leurs codisciples arabo-musulmans : un témoignage unique de l'histoire rayonnante du peuple juif pendant le règne arabo-musulman de l'Andalousie.
Cette influence perdura jusqu'aux Lumières, quand Moïse Mendelssohn est considéré par certains comme son successeur (pour certains, il serait même le "troisième Moïse", cf. épitaphe), et Spinoza.
De nos jours, il est l'un des philosophes juifs les plus respectés et ses théories reprennent force et vigueur dans la pensée juive contemporaine.
Au cours des siècles suivants, l'influence de Maïmonide fut source de conflits entre maïmonidiens et anti-maïmonidiens. Mais la plupart des penseurs restent partagés, reconnaissant le génie de l'homme et sa vision aristotélicienne du monde, mais rejetant les éléments qu'ils considérent comme en désaccord avec la tradition.
Le plus important critique de la philosophie maïmonidienne, et aristotélicienne en général, fut Hasdaï Crescas, l'auteur de Or Hashem. Sa critique entraîna de nombreux savants du XVe siècle à défendre les travaux de Maïmonide.
Voir aussi : Philosophie juive
[modifier] Biographie
Fils de Maïmon ben Yossef HaDayan, Issu d'une longue et illustre lignée de rabbins et juges, que certains n'hésitent pas à faire remonter jusqu'à Rabbi (lui-même réputé de lignée davidique), il naquit à Cordoue. Le fait que sa date de naissance soit connue au jour près (encore qu'un doute subsiste sur l'année), ainsi que celle de son décès est indicateur de la réputation qu'il avait acquise de son vivant. Il perdit sa mère en jeune âge.
Vers l'âge de 13 ans, il fut contraint à l'exil lors de la prise de Cordoue par les Almohades. Ceux-ci contraignaient effectivement à la conversion ou l'exil. La famille Maïmon émigra vers le Maroc, où le jeune Moïse s'instruisit en sciences juives et profanes. Il lut Aristote,Hippocrate et bien d'autres et prit connaissance des écrits d'Averroès à la fin de sa vie. La légende veut qu'il se soit brouillé avec son père, désespéré par son désintérêt affiché pour les études religieuses, avant de reparaître, voilé par son talith, faisant un magistral sermon lors du Shabbat avant de se réconcilier avec son père, vaincu par l'émotion et la maestria dont faisait preuve son fils. S'il s'agit bien d'une légende, inspirée de la biographie de Rabbi Akiva rapportée dans le Talmud, il est probable que son intérêt pour les sciences philosophiques en soit à l'origine. Cependant, le Talmud lui-même ne rapporte-t-il pas : "La croyance des nations (idolâtres), ne la crois pas, la sagesse des nations, crois-la"?
Cependant, le Maroc devint rapidement lui aussi le théâtre de massacres sur fond d'intolérance religieuse, et la famille Maïmon dut émigrer en Terre d'Israël. C'est là que mourut le Rav Maïmon en 1170, après avoir encouragé sa famille à descendre en Égypte, où Maïmonide fut prié par toutes les communautés de devenir leur rabbin. Il n'avait que 42 ans, mais le Karaïsme dominait en Égypte, et seul un homme de sa stature serait capable d'y faire face.
A la mort dans un naufrage de son frère David, dont le commerce de perles assurait leur subsistance, il refusa de "se faire une couronne de la Tora", et exerça la médecine pour subvenir à ses besoins. Son cabinet était ouvert à tous, Juif, chrétien, musulman, riche ou indigent. Il parvenait encore à donner de magistrales leçons de philosophies, suivies de tous, et des cours d'études sacrées. Il devint rapidement médecin attitré du secrétaire de Saladin, ce qui lui valut autant d'inimitiés des médecins égyptiens, que de membres de la communauté juive qui le soupçonnaient de vivre comme un converso.
Cette assertion, aussi fausse que ridicule, provient de ses rivaux, mais aussi de son disciple préféré, Joseph ibn Aqnin (auquel Maïmonide destina le Guide des Egarés). Joseph avait transitoirement feint d'embrasser l'Islam, avant de fuir, et de se rendre en Egypte, où il trouverait refuge auprès d'un érudit réputé nommé Moussa bin Maimun. Bien qu'il n'y ait pas eu de mauvaise intention de sa part, il est fort probable qu'il porta une grande créance à cette hypothèse, y donnant par là même beaucoup plus de crédit.
Par ailleurs, dans son Epitre aux Juifs du Yémen, Maïmonide écrit effectivement qu'il n'y a ni honte ni disgrâce à se convertir sous la contrainte, et que mieux vaut un Juif converti mais vivant, pour autant qu'il continue à pratiquer sa religion en secret, qu'un Juif mort.
Quant à Maïmonide lui-même, sa personnalité était trop forte, et son prestige trop grand pour qu'il dût y recourir : le Roi Richard lui-même souhaita l'attacher à sa cour, offre que Maïmonide déclina.
Il mourut à Fostat, mais fut enterré à Tibériade, aux côtés de son père.
[modifier] Maïmonide le médecin
La médecine ne fut pas l'apanage de Maïmonide, d'autres érudits du Judaïsme, comme Juda Halevi avant lui, Abraham Maïmonide, Moshe ben Nahman, Joseph ibn Caspi, Lévi ben Guershom, Moïse Narboni, Salomon ben Adret et d'autres après lui furent médecins et vécurent de leur art, considérant que seul un corps sain peut œuvrer à sanctifier le monde (mens sancta in corpore sano pourrait-on ironiser). Cependant, aucun n'atteint la réputation de Maïmonide.
Maïmonide ne fait de la médecine sa subsistance qu'après le naufrage de son frère David, négociant de pierres précieuses, dans l'Océan Indien. D'aucuns y voient d'ailleurs le déclic qui fit du Rav Moshe ben Maïmon le Rabbenou Moshe (notre Maître Moïse, à ne pas confondre avec Moshe Rabbenou), le Sage de Fostat.
[modifier] Magie et médecine naturelle
Lorsque Maïmonide décide de pratiquer la doctrine d'Hippocrate, il sait qu'il se met en porte-à-faux vis-à-vis non seulement des karaïtes (ce dont il n'a cure) mais aussi de nombreux Juifs fidéistes, considérant que la maladie est une intervention divine, et que seules la prière, le jeûne, la mortification permettent d'obtenir la guérison sans enfreindre la volonté divine. De nombreuses amulettes où seraient écrits des Noms divins circulent en guise de prévention, et certains n'hésitent pas à les placer aux linteaux de leurs portes (pratiques contre lesquelles le Maître n'aura pas de mots assez violents)
Pour Maïmonide, non seulement la maladie est l'interruption d'un processus biologique normal, mais la volonté divine n'est pas de répandre la maladie, sinon pourquoi Dieu aurait-Il créé les plantes médicinales, et autres moyens de guérison.
Il ne croit pas davantage au mauvais œil, cette malédiction humaine affaiblissant la personne sujette de leur inimitié. Qu'importe si des Sages du Talmud y croient, d'autres Sages du Talmud s'y opposent, dont Rabbi Akiva, ce qui prouve que le peuple d'Israël a été affecté par les pratiques magiques des peuplades environnantes, allant jusqu'à interpréter des passages bibliques dans ce sens, alors que la Bible ne les mentionne nulle part de façon explicite.
Un autre trait marquant de Maïmonide est sa conception expérimentale, clinique avant la lettre, de la médecine. Le Sage de Fostat ne se fie pas nécessairement à la parole des maîtres, il n'hésite pas à mettre en doute des remèdes établis, et son propre jugement devant l'absence d'amélioration d'état de son malade.
[modifier] Une hygiène rigoureuse
En fait de médecine, Maïmonide prône avant tout une hygiène de vie. S'assurant qu'une plainte ne résulte pas d'un trouble psychosomatique, il recommande, comme s'il s'agissait d'une prescription religieuse, de maintenir la santé de son corps, et d'éviter toute substance pouvant y nuire (les Juifs orthodoxes s'appuient sur ce précepte pour interdire les drogues, et certains le tabac). Il est recommandé de manger et boire sans excès des mets digestes, de quitter la table en ayant encore un peu faim, d'éviter les aliments trop fermentés, de réfréner le nombre de rapports sexuels (Maïmonide vit en Orient, dans une civilisation où se pratique couramment le harem. S'adressant à des personnages importants, qu'il convient de ne pas vexer, il fait souvent allusion à leurs excès en leur conseillant subtilement de "modérer leur activité physique"), d'avoir un cycle de sommeil régulier et harmonieux, d'éviter la sieste diurne, et d'attendre quelques heures après le repas du soir avant d'aller dormir.
L'occlusion intestinale étant une cause de mort fréquente, Maïmonide recommande de déféquer une fois par jour au moins, avec laxatifs si nécessaire.
Le choix des médicaments doit également être graduel. Une diète rigoureuse si le mal est léger. Des drogues ressemblants à des aliments sinon, et ne réserver les "drogues infectes" que dans les cas désespérés.
Si de tels principes peuvent sembler désuets de nos jours, et presque de bon sens, qu'on se souvienne que le "bon sens" de l'époque était celui de Galien et ferait presque passer les médecins de Molière pour des prix Nobel.
[modifier] Le médecin de cour
Maïmonide ne pratique la médecine qu'à la mort de son frère, David, survenue lors d'un naufrage dans l'Océan Indien. Refusant de se faire une couronne ou une pioche de la Torah, il s'investit dans la médecine, tant et si bien qu'il ne tarde pas à être appointé médecin personnel du sultan Al-Afdal, secrétaire privé de Saladin. C'est à la demande d'Al-Afdal que Maïmonide réalisera la plupart de ses traités médicaux, notamment le Traité sur l'Asthme, la Guérison par l'esprit, et d'autres.
Cette position, qui occupe le meilleur de son temps, ainsi qu'il le décrit à Samuel ibn Tibbon, lui vaut un prestige considérable dans la communauté Juive, mais aussi une jalousie des médecins musulmans. Si Maïmonide se fait circonspect sur les désagréments qu'il eut à subir, la postérité abonde en légendes où il est typiquement celui qui, contraint à mesurer son art en poisons et drogues à ses adversaires, ne veut ni mourir ni tuer, se bornant à concocter des antidotes, alors que la peur et le doute brûlent les viscères de ses rivaux.
Néanmoins, il eut à en subir de vrais dommages, notamment les accusations (calomnieuses et mensongères) d'avoir renié l'islam après avoir feint de l'embrasser (cf. supra), ce qui aurait bien pu lui coûter la tête. Une légende apocryphe, inspirée de l'histoire de Rabbi Shimon bar Yochaï, raconte qu'il dut se cacher sept ans dans une grotte pour échapper à leur vindicte.
C'est précisément l'un de ses adversaires qui nous relatent une preuve de son indéniable succès : le roi Richard Cœur de Lion lui offre de se mettre à son service.
[modifier] La Prière Médicale
La paternité de cette superbe prière, qui orne le cabinet de bien des médecins Juifs,n'est pas unanimement attribuée au Sage de Fostat, encore qu'elle soit rédigée dans son style. Le Pr Fred Rosner (in "la Médecine tirée du Mishneh Torah"), par exemple, estime qu'elle ne peut être antérieure à 1783.
- Mon Dieu, remplis mon âme d'amour pour l'Art et pour toutes les créatures. N'admets pas que la soif du gain et la recherche de la gloire m'influencent dans l'exercice de mon Art, car les ennemis de la vérité et de l'amour des hommes pourraient facilement m'abuser et m'éloigner du noble devoir de faire du bien à tes enfants. Soutiens la force de mon cœur pour qu'il soit toujours prêt à servir le pauvre et le riche, l'ami et l'ennemi, le bon et le mauvais.
- Fais que je ne voie que l'homme dans celui qui souffre. Fais que mon esprit reste clair auprès du lit du malade et qu'il ne soit distrait par aucune chose étrangère afin qu'il ait présent tout ce que l'expérience et la science lui ont enseigné, car grandes et sublimes sont les recherches scientifiques qui ont pour but de conserver la santé et la vie de toutes les créatures.
- Fais que mes malades aient confiance en moi et mon Art pour qu'ils suivent mes conseils et mes prescriptions. Éloigne de leur lit les charlatans, l'armée des parents aux mille conseils, et les gardes qui savent toujours tout: car c'est une engeance dangereuse qui, par vanité, fait échouer les meilleures intentions de l'Art et conduit souvent les créatures à la mort. Si les ignorants me blâment et me raillent, fais que l'amour de mon Art, comme une cuirasse, me rende invulnérable, pour que je puisse persévérer dans le vrai, sans égard au prestige, au renom et à l'âge de mes ennemis. Prête-moi, mon Dieu, l'indulgence et la patience auprès des malades entêtés et grossiers.
- Fais que je sois modéré en tout, mais insatiable dans mon amour de la science. Éloigne de moi l'idée que je peux tout. Donne-moi la force, la volonté et l'occasion d'élargir de plus en plus mes connaissances. Je peux aujourd'hui découvrir dans mon savoir des choses que je ne soupçonnais pas hier, car l'Art est grand mais l'esprit de l'homme pénètre toujours plus avant."
[modifier] Maïmonide le philosophe
- Il n’y a aucun moyen de percevoir Dieu autrement que par ses œuvres ; ce sont elles qui indiquent son existence et ce qu’il faut croire à son égard, je veux dire ce qu’il faut affirmer ou nier de lui. Il faut donc nécessairement examiner les êtres dans leur réalité, afin que de chaque branche de science, nous puissions tirer des principes vrais et certains pour nous servir dans nos recherches métaphysiques. Combien de principes ne puise-t-on pas, en effet, dans la nature des nombres et dans les propriétés des figures géométriques, principes par lesquels nous sommes conduits à connaître certaines choses que nous devons écarter de la Divinité et dont la négation nous conduit à divers sujets métaphysiques ! Quant aux choses de l’astronomie et de la physique, il n’y aura, je pense, aucun doute que ce ne soient des choses nécessaires pour comprendre la relation de l’univers au gouvernement de Dieu, telle qu’elle est en réalité et non conformément aux imaginations
Moïse Maïmonide, Guide des Egarés
Outre son petit lexique des termes philosophiques (Peroush Milei HaHigayon), les principales contributions de Maïmonide à la philosophie juive, et à la philosophie en général, furent le monumental Guide des Egarés et le Traité des Huit Chapitres, introduction philosophique au Traité des Pères.
Ces œuvres exercèrent une influence durable sur la philosophie scolastique, et ses plus grandes figures, Albert le Grand, Thomas d'Aquin et Duns Scotus. Lui-même peut être considéré comme un Scolastique Juif.
Davantage éduqué dans la lecture des travaux des grands penseurs musulmans que dans le contact personnel avec leurs auteurs, il développa, outre une connaissance intime de la philosophie arabe, une maîtrise des doctrines d'Aristote. Toute son œuvre vise à réconcilier la philosophie aristotélicienne, et la science, avec les enseignements de la tradition juive.
[modifier] Les 13 principes de la foi
Enoncés pour la première fois dans son Commentaire sur la Mishna (traité Sanhédrin 10:1), ils furent soumis à des critiques ardentes, comme pratiquement tous ses écrits.
Ils furent néanmoins rapidement considérés comme fondamentaux, et ont été versifiés sous forme de l'hymne Ygdal. On les connaît néanmoins sous leur forme originale, Ani Maamin... (Je crois).
[modifier] Enumération des principes
- Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est le Créateur et Maître de toutes les créatures, et que Lui seul fit, fait, fera toutes choses.
- Dieu peut tout, sait tout, et Il n'a pas de limite - Il Est sans limites, et aucune limite ne L'entrave, ce qui explique qu'Il puisse S'occuper du monde et de chacun simultanément. C'est Lui qui a créé le mal (Isaïe l'écrit explicitement).
- Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est Un et Unique; Il est Un dans une Unité comme il n'y en a nulle autre; et Lui seul fut, est, sera notre Dieu.
- Dieu est Un. Il Est non pas Un et Unique, mais l'Un et l'Unique - fondement du monothéisme, pour lequel non seulement il n'y a qu'Un Créateur du monde, mais en outre, Il ne fait qu'Un avec le Dieu providentiel garant de la morale, et du libre arbitre de l'homme. S'Il Est nommé par différents Noms, c'est que les hommes, incapables de Le comprendre, car Il les trancende complètement, sont obligés d'exprimer Ses différents aspects dans le monde.
- Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est incorporel; qu'Il est libre de toute représentation et propriété anthropomorphique, et qu'Il n'a aucune ressemblance.
- Dieu est non-physique, incorporel et éternel, c'est-à-dire intemporel - Toutes les sentences anthropomorphistes dans la Bible et la littérature rabbinique sont des à-peu-près du langage, ou des métaphores; il serait impossible de parler au commun de Dieu sans elles.
- Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est le premier et le dernier.
- Il est antérieur au monde, lequel n'est donc pas éternel, contrairement à ce que pense Aristote.
- Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est le Seul auquel l'on peut adresser ses prières, et qu'il est inapproprié d'adresser ses prières à quiconque d'autre.
- Ce fut la faute des gens de la génération d'Enosh, et les sources de l'idolâtrie, selon la Bible,lorsque les gens commencèrent à prier des corps célestes, comme le soleil, ou séparés, comme des anges,d'intercéder auprès de Lui en leur faveur
- Je crois d'une foi entière que tous les mots des Prophètes sont vérité.
- Je crois d'une foi entière que la prophétie de Moïse notre maître, la paix soit sur lui, était vraie, et qu'il fut le père de tous les Prophètes, ceux qui l'ont précédé et ceux qui l'ont suivi.
- La Bible hébraïque - et beaucoup de croyances rapportées dans la Mishna et le Talmud - est considérée comme fruit d'une révélation divine, ainsi que les dits des prophètes (même si, par ailleurs, Maïmonide rationalise la prophétie, sa thèse étant que le prophète parfait ne fait qu'un avec le philosophe parfait) - L'expression de cette relation, et ce qu'on entend exactement par "divin" lorsqu'on parle d'un livre, est, a toujours été, et sera encore source de dissensions au sein des Juifs, menant à divers courants théologiques.
- Je crois d'une foi entière que toute la Tora que nous possédons actuellement fut donnée à Moïse notre maître, que la paix soit sur lui.
- Comme quoi, la polémique sur le Deutéronome ne date pas d'hier...
- Je crois d'une foi entière que cette Tora ne sera pas changée, et qu'il n'y aura aucune autre Tora donnée par le Créateur, que Son Nom soit béni.
- Allusion au Nouveau Testament et au Coran
- Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, connaît tous les actes et toutes les pensées des humains, ainsi qu'il est dit (Psaumes 33:15) : "C'est Lui qui façonne les cœurs de tous, Lui qui perçoit tous leurs actes"
- Allusion à la philosophie d'Aristote, qui professe que Dieu ne connaît pas le particulier, et que Ses actes intéressent la collectivité, et non l'individu. Cependant, Sa prescience n'exclut en rien le fait qu'Il nous ait donné le libre arbitre, sans quoi l'article suivant n'aurait pas de sens
- Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, récompense ceux qui suivent Ses commandements, et punit ceux qui les transgressent.
- L'âme est pure à la naissance, et les êtres humains ont un libre arbitre, avec tant un yetzer ha'tov ("bon côté") qu'yetzer ha'ra (mauvais côté), qui les entraîne à faire des "bonnes" ou "mauvaises" actions. Encore tout n'est-il pas manichéen : le yetser hara peut conduire à de bonnes actions, et inversement; "l'enfer est pavé de bonnes intentions", etc.
- Par ailleurs, les gens peuvent "revenir" de leurs péchés par des actes et des paroles, sans intermédiaires, par la prière (tefilla), la pénitence (teshouva), et la tsedaka, si cela s'accompagne d'une sincère décision de ne plus commettre ces actes inacceptables et si l'on fait amende honorable envers ceux et celles qu'on a lésés. "Il y a toujours moyen de revenir à Dieu".
- Je crois d'une foi entière à le venue du Messie, et même s'il tarde, j'attendrai chaque jour sa venue.
- Il y aura un mashia'h (Messie), ou peut-être une ère messianique. Cet article de foi a été porté en chanson par le chanteur Hassidique Mordekhaï ben David en 1993.
- Il eut par ailleurs une grande portée dans l'histoire des Juifs, puisqu'il fut utilisé par les polémistes chrétiens (souvent des Juifs apostats contre les Juifs eux-mêmes, et entraîna la rédaction des Ikkarim de Joseph Albo
- Je crois d'une foi entière que la résurrection des morts se produira au moment voulu par le Créateur, que Son Nom soit béni, et que Son souvenir soit exalté pour toujours, à jamais.
[modifier] Influence sur la halakha
Voir aussi Mishné Torah
Nommant son grand-œuvre d'après un verset du Deutéronome, Maïmonide, se basant sur les travaux du Rif, rassemble, avec une grande systématisation, toutes les décisions halakhiques et législatives dispersées dans le Talmud, et y joint les opinions des Gueonim.
Rédigé en Hébreu, son ambition avouée est de permettre à tout Juif de connaître la conduite à tenir, quand bien même il ignorerait tout de la Tora ou du Talmud. Dans sa lettre à R' Pinhas haDayan, il se défendra de vouloir supprimer l'étude du Talmud. Par ailleurs, Dans un souci de concision, Maïmonide n'inclut pas les références (ni, disent certains, toutes les opinions, n'hésitant pas à se poser en juge de ce qui est valable ou non en matière de Halakha)
Pour ces raisons, bien que le Mishné Tora soit actuellement considéré comme précurseur des "Quatre Colonnes" (Arbaa Tourim) et du Choulhan Aroukh, il rencontra en son temps un succès magistral, mais aussi une résistance farouche, et les controverses entre "maïmonidiens" et "anti-maïmonidiens" devaient se poursuivre des siècles durant.
Les plus grands contradicteurs de Maïmonide furent les rabbins de Provence, en particulier Rav Avraham ben David de Posquières. Cependant, il ne faut pas y voir d'attaque au sens propre. En objectant les positions de Maïmonide, RabaD ne veut ni remettre son avis en doute, ni exposer ses opinions personnelles. Il veut simplement montrer qu'il peut exister une opinion s'opposant à celle de Maïmonide. Il y a si bien réussi que sa critique se trouve en marge de pratiquement toutes les éditions du Mishné Tora.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Œuvres de Maïmonide
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
- Maïmonide théologien, philosophe et médecin
- Leçons du Rav Mordekhaï Blumenfeld sur les treize articles de foi
- Création et éternité du monde selon Maïmonide
- Maïmonide, prince des médecins
- Etude du Rambam en ligne,complete et en Français
[modifier] Bibliographie
- HAYOUN, Maurice-Ruben, Maïmonide ou l'autre Moïse. 1138-1204, Paris, Editions Jean-Claude Lattès, 1994, ISBN 2-266-13945-2
- MAIMONIDE, Le Guide des Egarés, Traduction, notes et commentaires de Salomon Munk, Paris, Maisonneuve et Larose, 1981. Bonne approche de Maimonide
- ATTALI Jacques, La Confrérie des Eveillés, Un beau roman historique, d'une grande érudition. Prenant son point de départ à Cordoue pour entraîner le lecteur à travers l'Europe et le Maroc, le roman a pour personnages principaux deux des grands penseurs du XIIe siècle, le juif Maïmonide et le musulman Averroës. L'auteur suppose avérée leur rencontre et les lance à la poursuite d'un fabuleux ouvrage d'Aristote, avec à leurs trousses les membres d'une mystérieuse secte. Prudence, à lire avant tout comme un roman.
[modifier] Note
Maïmonide eut un homonyme, le Rav Moshe ben Maïmon (ou peut-être Mimoun) Aben Danan, ou Abendanan (1300-1391), surnommé Rambam el-Fassi pour éviter le risque de confusion, orginaire de Cordoue, mort à Fès.
Il écrivit quelques commentaires sur le Talmud.
Grandes figures du Judaïsme médiéval |
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