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Origine des anciens Égyptiens

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La naissance de l'égyptologie dans le contexte du XIXe siècle européen marqué par l'impérialisme a porté préjudice à la juste compréhension des origines des anciens Égyptiens. Ce qui antérieurement allait de soi, à savoir que les anciens Égyptiens sont originaires de la Nubie, fut brusquement remis en cause sous l'influence de l'hégélianisme qui d'une part préconisait les origines orientales de grandes civilisations, et d'autre part excluait l'Afrique de l'histoire.

La question de l'origine des anciens Égyptiens consiste donc à savoir d'où viennent géographiquement et culturellement les premiers Égyptiens. Quels sont les plus anciens hommes documentés dans l'histoire de l'Égypte, que savons-nous de leur apparence physique, notamment de leur phénotype ? Quelle est leur culture matérielle et spirituelle ? Présente-t-elle des similitudes avec d'autres cultures, en Afrique ou ailleurs ?

Deux grandes écoles s'affrontent :

  • L'Égypte antique était une société multiethnique – africaine et proche-orientale – ayant développé très tôt des singularités qui en faisaient une civilisation originale[1]. Cette originalité était revendiquée par les Égyptiens eux-mêmes qui se considéraient comme un peuple distinct de ses voisins asiatiques, nubiens et libyens, issus des ennemis du dieu Soleil [2].
  • Les tenants de la thèse afrocentriste défendent cependant une théorie selon laquelle les anciens Égyptiens seraient les descendants direct des peuples « noirs » de l'Afrique sub-saharienne. Cette théorie leur permettrait d'enrichir les connaissances ethnologiques sur les anciens Égyptiens et de remettre en cause les reliquats de biais que l'égyptologie aurait hérité de ses origines européennes et impérialistes du XIXe siècle.

Sommaire

[modifier] La question de l'origine des anciens Égyptiens

Dès ses débuts[3], l'égyptologie a étudié son objet en l'abstrayant de son contexte africain pour l'intégrer d'emblée aux phénomènes civilisationnels du Proche-Orient. Ce biais marque encore la dénomination même de certaines institutions d'égyptologie orientaliste[4].

Jusqu'aux années 1970, deux principales thèses sur l'origine des anciens égyptiens étaient recensées. Le professeur Jean Vercoutter les présentait en ces termes au colloque du Caire[5] :

« … la majorité des égyptologues (Vandier, 1952, p. 22) estime que la population primitive qui occupe la vallée du Nil égyptienne et nubienne, dès le Prédynastique (Badarien et Amratien ou Nagada I) et jusqu'à la première dynastie, appartient à une race brune, "méditerranéenne" ou encore "euro-africaine", souvent improprement appelée "hamite", ou encore "khamite". Cette population serait leucoderme, donc blanche, même si sa pigmentation est foncée pouvant aller jusqu'au noir ; […] Ce type [humain] serait donc d'origine africaine, sans être "nègre" au sens où on l'entend habituellement. Au demeurant même les égyptologues convaincus du caractère africain essentiel de la civilisation égyptienne insistent sur le fait que la population qui a créé cette civilisation n'était pas "nègre" (Naville, 1911, p. 199 ; Bissing, 1929 ; Frankfort, 1950]. » 

« Sous l'impulsion de Cheikh Anta Diop, à l'appartenance caucasoïde (l'expression est de Cornevin, 1963, p. 103-104 et 152) de la population de l'Égypte, généralement acceptée jusqu'en 1955, une appartenance "négroïde" de cette même population a été substituée (Diop, 1955, p. 21-253 ; 1959, p. 54-58 ; 1960, p. 13-15 : 1962a, p. 449-541). On trouvera dans un récent ouvrage un résumé fidèle et développé de la thèse de Cheikh Anta Diop (Obenga, 1973), qui est formulée avec vigueur : "en fait, les habitants néolithiques et prédynastiques de la vallée égyptienne et nubienne étaient des Nègres… Ce sont des Nègres qui ont bâti les civilisations égypto-nubiennes préhistoriques… et historiques (Obenga, 1973, p. 102). » 

Lors de ce colloque, la théorie des Égyptiens "caucasoïdes", de "race brune", "leucoderme" fut invalidée. Désormais, la majorité des égyptologues considère que l'Égypte antique était une société multiculturelle – africaine et proche-orientale – ayant développé très tôt des singularités qui en faisaient une civilisation originale[6]. Leur originalité était revendiquée par les Égyptiens eux-mêmes qui se considéraient comme un peuple distinct de ses voisins asiatiques, nubiens et libyens, très typés dans l'iconographie pharaonique, issus des ennemis du dieu Soleil [7].

À la thèse multiculturaliste (ou afroasiatique), les afrocentristes opposent la théorie Diop-Obenga de l'origine négro-africaine du peuplement de l'Égypte. À noter que plusieurs auteurs grecs anciens (Hérodote, Strabon, Diodore de Sicile, etc.)[8] considéraient également que les Égyptiens étaient mélanodermes.

Certains auteurs (Mary Lefkowitz[9], F.X. Fauvelle-Aymard, Stephen Howe[10]) interprètent les travaux de Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga comme une volonté de magnifier artificieusement le passé de l'Afrique noire. Pour autant, on peut dire que ces deux auteurs ont beaucoup contribué à invalider définitivement la théorie d'une Égypte « leucoderme » ; et à remettre en cause les épistèmes que l'égyptologie a hérité de ses origines européennes colonialistes.

[modifier] Difficultés méthodologiques de la question de l'origine

Le scribe accroupi du Louvre (IVe dynastie).
Le scribe accroupi du Louvre (IVe dynastie).

Le cadre scientifique pertinent pour la détermination de l'origine des anciens Égyptiens a été précisément circonscrit lors du colloque du Caire, afin de surmonter certains obstacles désormais obsolètes, notamment ceux relatifs au concept de « race » . En effet, la biologie a définitivement invalidé les catégories de race noire et race blanche dénuées de fondement génétique.

Pour autant, certains critères scientifiques permettent de distinguer nettement un Blanc d'un Noir, notamment ceux relatifs au taux de mélanine dans l'épiderme. Une étude ostéologique aurait classé les anciens Egyptiens parmi les Noirs . Le groupe sanguin générique des anciens Egyptiens serait B, tout comme celui des Noirs. Tandis que celui des Blancs serait A2[11].

Désormais, la question de l'origine des Égyptiens renvoie essentiellement à leur phénotype, à leur culture (matérielle et spirituelle), et à la localisation géographique des états les plus anciens de leur civilisation. Une telle question requiert un complexe d'arguments faisant appel à diverses disciplines scientifiques, notamment l'anthropologie physique et culturelle, la biologie moléculaire, l'archéologie, l'iconographie, la linguistique.

Chronologiquement, la dynastie zéro, dont les souverains se firent enterrer à Abydos[12], ouvre l'ère (proto)historique de l'Égypte ancienne. De même, Nabta Playa, situé en Nubie, est l'un des plus anciens sites archéologiques prédynastiques. Sa céramique est de même nature que celle que l’on a trouvée au Soudan central, « rien n’indiquant toutefois que ce précoce néolithique saharien [i. e. Nabta Playa] se soit propagé vers le nord et l’est », selon Jean Vercoutter[13]. Fred Wendorf[14], qui a conduit des fouilles à Nabta Playa pendant des décennies, estime quant à lui que de nombreux éléments culturels (astronomie, domestication) élaborés dans cette région se sont répandus dans la moyenne vallée du Nil et que « le processus de domestication attesté dans la vallée du Nil, 1000 ans plus tôt, aurait lentement gagné la Basse Nubie, au cours du IXe millénaire av. J.-C. »[15].

Bien que les restes des anciens Égyptiens aujourd'hui disponibles pour l'étude aient généralement subi des détériorations significatives et aient été embaumés, le débat sur leurs phénotype et lignage se poursuit, en dépit du grand nombre d'indices obtenus à partir des tests scientifiques et de leur examen médico-légal. Au XXIe siècle, les reconstructions médico-légales ont produit des images et des élaborations sujettes à des variations considérables touchant à l'apparence que le pharaon Toutânkhamon a pu avoir. Les critiques accusent certains de ces efforts d'avoir été politiquement influencés et d'avoir engendré des représentations politiquement et racialement motivées. Même si les chercheurs étaient en mesure de déterminer de façon concluante la question de l'apparence phénotypique d'un pharaon, des questions plus étendues demeureraient concernant l'apparence phénotypique de la population égyptienne en général au cours des millénaires. De toute façon, les polémiques les plus remarquées tournent principalement autour des icônes de l'Égypte antique – ses pharaons, ses reines et leurs consorts.

Cependant, les progrès de la biologie moléculaire permettent de résoudre nombre de difficultés concernant les caractéristiques anthropologiques des Égyptiens, grâce à des tests de la teneur en mélanine, des études d'ADN ou des analyses sanguines réalisés (ou réalisables) sur les momies égyptiennes des différentes périodes, et de diverses conditions. Ainsi, depuis plus d'une vingtaine d'années, les techniques de la biologie moléculaire, plus précisément celles mises en oeuvre pour l'étude de l'ADN et des gènes anciens ou archéogénétique, sont appliquées à l'étude des momies égyptiennes comme l'illustrent les travaux du chercheur suédois Svante Pääbo travaillant au Département de Zoologie de l'Université de Munich, l'un des initiateurs de l'archéologie moléculaire. En effet, le professeur Svante Pääbo a produit, en 1985, la première mise en évidence de la préservation de l'ADN dans les restes humains et la démonstration de la possibilité non seulement de le récupérer mais aussi de le dupliquer. Dans un article intitulé "A molecular approach to the study of Egyptian History", Svante Pääbo et Anna Di Rienzo de l'Université de Berkeley en Californie, indiquent que les premières investigations portant sur l'ADN mitochondrial ont été menées sur les populations de l'Afrique sub-saharienne en 1989 puis du Japon, de la Sardaigne et du nord-ouest des États-Unis. Ils mentionnent également une étude en cours du même type sur la population du delta du Nil dans le but de formuler des hypothèses sur l'origine et l'histoire de cette population. Les auteurs soulignent le long travail nécessaire à l'obtention de résultats avec une statistique correcte, c'est-à-dire scientifiquement pertinents.

Eric Crubézy, professeur d'anthropologie à l'Université Paul Sabatier à Toulouse, signale dans un article intitulé Les surprises de l'ADN ancien - Une technique miracle à manier avec précaution, l'analyse de l'ADN de deux corps inhumés dans la nécropole d'Adaïma, en Égypte, 3700 ans avant notre ère :

« Celui-ci [l'ADN] les apparente aussi à des populations d'origine subsaharienne, ce que confortent des éléments morphologiques et épidémiologiques concernant l'ensemble de la population[16]. » 

Le riche patrimoine culturel de l'art égyptien antique illustre amplement la vie économique, religieuse, sociale et politique des anciens Égyptiens au quotidien. Les artisans égyptiens étaient extrêmement habiles dans l'art de la forge, la peinture, la taille et la sculpture. L'esthétique égyptienne et l'utilisation clairement symbolique, plutôt que réaliste, des couleurs dans la représentation de la forme humaine ont néanmoins rendu problématique la détermination, dans certains cas, de l'apparence phénotypique des sujets. Les figures humaines ont été peintes en jaune ocre, en ocre rouge brunâtre, en bleu, en blanc et en noir. Les diverses interprétations concernant la signification et le but de telles descriptions différant selon les chercheurs, la question du phénotype demeure en suspens.

La question est également compliquée par la nature élitiste d'une grande partie de l'art qui nous est parvenu. Il se peut que les peintures murales et les artefacts retrouvés dans les temples et les hypogées des rois et des individus prééminents ne reflètent pas exactement la démographie du peuple égyptien de l'époque.

[modifier] Débats idéologiques

Par-delà les difficultés scientifiques, il y a les a priori idéologiques. Différents partis ont essayé de façonner les anciens Égyptiens à leur propre image pour se réclamer de l'Égypte dynastique comme d'une création de leurs ancêtres. Même ceux qui conviennent que l'Égypte ancienne était une société multiethnique, au moins dans une certaine mesure, sont en désaccord en ce qui concerne les dates auxquelles des décalages de population ont pu se produire et jusqu'à quel point la diversité ethnique a existé. De part et d'autre, des récriminations d'appropriation culturelle ont été échangées. En 2005, quand trois équipes distinctes originaires de trois pays différents ont été chargées de reconstituer le visage de Toutânkhamon et de lui assigner un point d'origine raciale et géographique, des protestations de mécontentement et de colère ont éclaté au milieu d'accusations d'afrophobie de la part du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, de racisme, de blanchissement, accompagnées de contre-accusations de racisme inverse.

Avec l'excavation du tombeau du pharaon Toutânkhamon de la XVIIIe dynastie en 1922, le monde occidental a été balayé par une vague d'« égyptomanie » qui a déclenché des représentations d'anciens Égyptiens dans les biens de consommation, les arts décoratifs et le cinéma. Bien que certaines de ces images aient été d'aspect plutôt négroïde ou sémitique, la grande majorité a représenté les Égyptiens comme de type caucasien et à la peau claire. Dans le cinéma américain, ou français[17] les acteurs blancs ont prédominé dans les rôles dépeignant les anciens Égyptiens et leurs pharaons, alors que les acteurs noirs étaient habituellement dépeints comme domestiques ou esclaves nubiens.

Les termes du débat idéologique ont été particulièrement bien circonscrits par Wim van Binsbergen[18], notamment dans un article intitulé Une défense de l'afrocentrisme contre Stephen Howe[19].

[modifier] Thèse hamitiste

La théorie hamitiste prend forme au XIXe siècle de la rencontre du comparatisme linguistique de Meinhof (langues libyennes, couchitiques et ancien égyptien) et des théories racistes de Gobineau. D'après cette théorie, les « Hamites » seraient des caucasiens originaires d'Asie et seraient à l'origine de la civilisation des populations africaines dites « primitives ». Les Hamites sont parfois confondus avec les « Chamites » (descendants de Cham). Bien que cette thèse raciste fût fortement critiquée dès le début du XXe siècle, il faudra attendre les années 1960 pour qu'elle soit définitivement abandonnée.

[modifier] Thèse afrocentriste

Les tenants de la thèse afrocentriste affirment souvent que le phénotype noir était le plus répandu dans l'histoire égyptienne ancienne et que l'Égypte est restée essentiellement une civilisation noire africaine[20] tout au long de l'ère dynastique. L'égyptologue égyptien Abd El Hamid Zayed dénonce ainsi les biais de l'égyptologie occidentale :

« L'histoire de l'Égypte ancienne a si longtemps été considérée comme méditerranéenne et blanche qu'il faut reconvertir les techniques d'enquête, les matériaux et surtout les mentalités des chercheurs pour replacer la terre des pharaons dans son contexte africain. » 

[modifier] Kemet : « terre noire », ou "Pays des Noirs" ?

Voir l’article Kemet.
I6 m t
O49
ou
I6 m t
N23

(graphie isolée désignant les habitants[21] : km.t

I6
X1
A1 B1
Z2

En écriture hiéroglyphique, un des nombreux noms pour l'Égypte est km.t (prononciation probable : « Kêmé »).

Le composant principal du mot est le bilitère[22] km, qui signifie « noir[23] ».

Le dernier signe, qui ne se lit pas, est le déterminatif permettant de distinguer l'un de l'autre des termes de sens différent mais écrits de manière identique. Dans les deux premières graphies de km.t, le déterminatif – localité avec des rues qui se croisent et canal d’irrigation - est utilisé pour signifier un lieu habité ou une contrée irriguée ; dans la troisième graphie, il « détermine » une collectivité humaine.

L'utilisation de km.t en termes de lieu s'opposait généralement à « terre rouge » : le désert inhospitalier de part et d'autre de la vallée du Nil, la région la plus fertile de l'Égypte. Utilisé pour désigner des personnes, km.t se traduit par « Égyptiens »[24].

Les auteurs afrocentristes emploient volontiers « Kemet » pour désigner l'Égypte, conformément aux deux premières formes graphiques présentées plus haut. Ils associent le terme à une détermination phénotypique des habitants de Km.t, en invoquant la troisième graphie ci-dessus, graphie qui ne figure que dans un hymne à Sésostris III[25]. Donc, en conformité avec le bilitère km qui signifie « noir », ils traduisent littéralement le mot km.t par « la Noire »[26] lorsqu'il se rapporte au pays, et par « les Nègres »[27] ou encore « les Noirs »[28] lorsqu'il se rapporte aux habitants. Ils traduisent le mot Kêmétyou (km.t(yw) en translittération) par « le peuple noir »[29], alors que la traduction généralement admise[30] est « ceux de la terre noire » : les Égyptiens.

[modifier] État des sciences

Dans les milieux scientifiques spécialisés, toutes tendances confondues, l'on considère dorénavant que les anciens Égyptiens n'étaient pas d'origine indo-européenne, les égyptologues non-afrocentristes récusant par ailleurs les thèses afrocentristes d'une Égypte exclusivement négro-africaine. Les représentations fantaisistes des péplums occidentaux et de certains best-sellers littéraires ne sont en réalité que pur travestissement de l'histoire des Pharaons. On pourrait également interroger la perception de la Bible hébraïque qui a longtemps prévalu dans l'imaginaire collectif occidental, tant des artistes du XIXe siècle que des orientalistes qui, au travers des découvertes de l'archéologie, ont cherché à confirmer les textes de l'Ancien Testament. L'exemple de Pierre Montet et de ses fouilles à Tanis est parlant à ce propos.

On distingue trois principales périodes dans l'évolution de la civilisation égyptienne, à savoir le néolithique, la période proto-historique (dynastie zéro), et la période historique (dite dynastique) inaugurée par la fondation du Double-Pays. Lequel Double-Pays apparaît ainsi, selon les perspectives préhistorienne ou historienne, comme étant l'aboutissement de processus civilisationnels millénaires, fondamentalement néolithiques ; ou comme étant à l'origine d'une nouvelle conjoncture historique qui aura duré trois millénaires, à partir de Narmer. La phase de transition entre préhistoire et histoire aura été assurée par la dynastie zéro, les royaumes du Sud et du Nord, au cours de quelques siècles charnières de la fin du IVe millénaire av. J.-C..

[modifier] Aux temps préhistoriques

Les découvertes paléontologiques faites en Afrique de l'Est[31] montrent que l'homme moderne (Homo sapiens) était présent très tôt dans la région des Grands Lacs, où l'on trouve les sources du Nil. Ces premiers hommes migrèrent probablement vers le nord en empruntant la voie naturelle des rifts africains, en descendant progressivement le cours du Nil, au fil des millénaires.

Au moment où le climat du continent africain évolue vers une désertification due au déplacement des zones tempérées suite à la fin du dernier âge glaciaire vers - 11 000, on assiste à l'expansion du peuplement humain le long du corridor nilotique. De petits groupes humains vont alors former progressivement de véritables principautés aux environs du VIe millénaire av. J.-C..

Ces migrations remontent aux temps préhistoriques où le phénotype, et plus généralement l'apparence physique, de ces populations est difficile à déterminer. Les afrocentristes estiment qu'en vertu de la règle de l'ornithologue allemand Gloger[32] sur « Les mutations des oiseaux sous l’influence du climat » (Das Abändern der Vögel durch Einfluss des Klimas) (1833), des humains originaires des latitudes tropicales devaient être noirs (en fait, une large palette de brun), en raison d'une sécrétion importante de mélanine visant à protéger leur épiderme des rayonnements solaires. Un point de vue que partage Wim Van Binsbergen :

« Que les hommes modernes possèdent un arrière-plan aussi probablement africain (et que, compte tenu de l’exposition aux ultraviolets, ils aient sans doute été noirs de peau) fournit à l’afrocentrisme une conjoncture trop favorable pour être simplement ignorée ou balayée de la main[19]. » 

Par ailleurs, les travaux de Babacar Sall font état d'une origine éthiopienne des Égyptiens préhistoriques[33].

« Si l’Éthiopie ressemble fort à l’Égypte par la nature des lieux et par la présence du Nil, c’est en elle qu’il faut chercher les bases de l’unité de sa culture néolithique avec celle de l’Égypte. […] D’Éthiopie serait venu par conséquent le courant culturel néolithique. C’est là-bas que l’homme avait transformé le Hordeum spontaneum en Hordeum vulgare puisque c’est à cette étape domestique que l’orge est attestée au Fayoum. C’est dire que contrairement à l’idée selon laquelle la botanique et la zoologie militent pour une provenance asiatique du Néolithique égyptien, les travaux de maints paléo-botanistes [Watkins, Peake, Vavilov, Hugot] militent pour une provenance éthiopienne des espèces végétales domestiquées en Égypte. » 

Selon ce même auteur, ces hommes préhistoriques égyptiens étaient d'abord des pêcheurs ayant développé maintes techniques d'exploitation des ressources halieutiques du Nil ; dans un complexe culturel dont l'épicentre géographique était la Nubie. C'est par la suite qu'ils acquerront progressivement des techniques agricoles, apparaissant aux temps historiques d'emblée comme de fameux agriculteurs, aux techniques d'irrigation impressionnantes. [34].

« Si les auteurs de la civilisation pharaonique apparaissent dès le début comme des agriculteurs, il n’en demeure pas moins qu’ils ont gardé les traces de ce qu’ils ont été avant et pendant l’époque prédynastique (-4000 à -3200), c’est-à-dire des pêcheurs. Cette donnée s’exprime dans les caractères hiéroglyphiques par le nombre de signes composés à partir d’images d’outils et d’instruments de pêche. [sign-list « Gardiner » : A25, A37, A38, A49, D33, D34, O34, O35, P1 à P11, R24, R25, S22, S29, S30, S31, T1, T2, T3, T4, T5, T6, T10, T12, T13, U19, V2 à V8, V12, V13, V14, V28, Y1 ; autant d’images de massues, corde, barque, eau, nœuds, etc.] Partis du haut Nil vers l’Égypte via la Nubie, ces pêcheurs ont apporté au Fayoum les gouges inventées à Khartoum et perfectionnées à Es-Shaheinab. » 


[modifier] Aux temps protohistoriques

La Nubie et la Haute-Égypte constituent le foyer originel de la civilisation pharaonique. En effet, dès le milieu du IVe millénaire av. J.-C., se constitue un État en Basse-Nubie/Haute-Égypte. L'archéologue Bruce Williams[35], qui a étudié les objets provenant de fouilles réalisées en Haute-Égypte et au Soudan, écrit dans le Courrier de l'UNESCO (février-mars 1980, pp. 43-44) :

« Grâce au témoignage fourni par le cimetière L, la période qui précède juste la première dynastie devient, pour la première fois, une époque historique. Un fait étonnant se dégage, absolument contraire à toutes les idées antérieures sur la question : pendant neuf générations au moins, de -3500/-3400 à -3200/-3100, la Nubie du groupe A fut un État unifié, possédant tous les attributs d'une civilisation – un gouvernement, un pharaon, des fonctionnaires, une religion officielle, une écriture et des monuments – un État assez fort pour unir des peuples qui n'étaient pas de même origine. C'est ainsi que les habitants du Ta-Seti, "Le Pays de l'Arc", nom par lequel les anciens Égyptiens désignaient la Nubie, participèrent pleinement et sur un plan d'égalité que personne n'avait jamais soupçonné, à l'irrésistible essor de la civilisation des rives du Nil[36]. » 

Des fouilles récentes montrent qu’au Gerzéen (de -3500 à -3200), la culture dite nagadienne se diffuse vers le nord, jusqu’au delta, et vers le sud, jusqu’en Nubie (deuxième cataracte)[37], les principaux sites prédynastiques de Haute-Égypte, Nékhen, This et Noubt, « la Ville de l’or » au débouché du Ouadi Hammamat, révélant dans leurs nécropoles un art et des pratiques cultuelles en relation avec les civilisations néolithiques de la région égypto-nubienne. Cette culture était par conséquent davantage orientée vers l'Afrique et ses origines ethniques seraient nettement africaines.

À la même époque, la vallée s’ouvre sur la Syro-Palestine proche et sur la Mésopotamie, la proximité de l'Égypte avec le Moyen-Orient et l'Asie produisait une confluence de cultures. Ainsi, le manche sculpté du couteau de Gebel el-Arak (Louvre) présente des motifs directement empruntés au Proche-Orient, notamment le « Maître des Animaux » domptant deux fauves. C'est cette culture gerzéenne qui, d’après la palette « aux taureaux » (Louvre) ou encore celle du roi Narmer (Musée Égyptien, Le Caire), finit par s’imposer dans l’affrontement qui oppose le Nord et le Sud à la charnière du Gerzéen « protodynastique » et de l’époque thinite. Malgré une dualité des « Deux Terres » constamment affirmée à l’époque pharaonique, il est probable que pendant les premières dynasties l’installation des nécropoles royales tant à Saqqarah et à Gizeh qu’à Nagada ou à Abydos reflète l’interpénétration progressive des deux cultures dans le creuset de la vallée du Nil.

La culture dite badarienne du nom du premier site qui en révéla les vestiges, était davantage ouverte sur le Proche-Orient, les artefacts découverts ayant de nombreux points communs avec les cultures néolithiques de la région palestinienne, par exemple. Cela dit, cette culture installée dans le delta du Nil développera des caractéristiques singulières, assimilées ultérieurement dans le nouveau royaume fondé par les Pharaons des premières dynasties, tous originaires de Haute-Égypte. Il est donc probable que l'origine ethnique de cette culture était proche de celle des populations qui se sédentarisèrent dans l'ensemble de la région. Les découvertes archéologiques faites sur les sites protohistoriques démontrent qu'il s'agissait de deux cultures distinctes, mais avec des contacts réguliers notamment commerciaux, sans parler des affrontements territoriaux qui trouveront leur issue dans les victoires successives d'un royaume sur l'autre.

Cela expliquerait le fait très remarquable que, au contraire de la Mésopotamie contemporaine, la victoire du Royaume du Sud n'entraîna pas l'annihilation de la culture des vaincus. En effet, les fouilles archéologiques effectuées dans le delta n'ont révélé aucun niveau de destruction dans les couches stratigraphiques : à dater de l'époque où l'on situe l'unification du pays, les deux cultures qui auparavant cherchaient à se dominer commencèrent à se confondre et à former une unité culturelle. Il est plus que probable qu'il en fut ainsi également pour les populations : elles se mélangèrent, formant ainsi un nouveau peuple qui gardera longtemps des caractéristiques ethniques propres.

Plus tard, Thèbes fut à plusieurs reprises le foyer de nouvelles dynasties qui régnèrent sur l'Empire. Dans cette capitale sacrée, le culte du bélier, hypostase égyptienne du dieu Amon, partage sans doute ses origines avec la Nubie toute proche. Que ce soit à Thèbes, à Kerma ou bien à Napata, ce culte dénote des traits communs, sans qu’il soit toujours possible de préciser dans quel sens les échanges se sont effectués. Sous Sahourê et Djedkarê Isési, les Égyptiens établissent des relations commerciales avec le pays de l'encens, la légendaire « Terre du dieu », située probablement sur les rives africaines de la mer Rouge, ainsi qu’avec le pays nubien de Yam, comme en témoignent les inscriptions autobiographiques du « gouverneur du Sud » (tpj rsy) Hirkhouf, qui assura plusieurs expéditions vers ce pays pour le compte des pharaons Mérenrê Ier et Pépi II.

[modifier] L'Égypte: négro-africaine, ou afroasiatique ?

Les recherches qui se poursuivent, notamment sur les sites de Bouto, de Nagada et d'Abydos, permettront certainement de mieux cerner la question de l'origine des anciens Égyptiens.

Au colloque du Caire, en 1974, les professeurs J. Vercoutter et J. Leclant soulignaient le caractère africain de la langue et la culture égyptiennes, sans toutefois accréditer l'idée que les Égyptiens étaient des Noirs[5].

D'ailleurs, cette question de leur phénotype n'avait pu être tranchée, puisque

« en résumé les débats ont révélé la persistance de désaccords importants sur l'origine anthropologique des anciens Égyptiens : La conclusion des experts qui n'admettaient pas la théorie d'un peuplement uniforme de la vallée du Nil des origines jusqu'à l'invasion perse, énoncée par les professeurs Cheikh Anta Diop et Obenga, a été que le peuplement de base de l'Égypte s'était mis en place au Néolithique, en grande partie en provenance du Sahara et qu'il avait uni des hommes venus du nord et du sud du Sahara et différenciés par leur couleur. À cette théorie, les professeurs Diop et Obenga ont opposé la leur, qui soulignait l'unité du peuplement de la vallée par des Noirs et les progrès de ce peuplement du sud au nord. » 

D'après Jean Yoyotte, professeur émérite au Collège de France,

« ... bien évidemment, la civilisation égyptienne est le produit de populations et d'influences diverses. Certains indices anthropologiques révèlent le maintien d'une forte composante ethnique (méditerranéenne dolichocéphale) du paléolithique au prédynastique, composante à laquelle se sont mêlées d'autres populations. Ainsi, au quatrième millénaire, fait irruption dans la vallée une population brachycéphale de type arménoïde (en relation avec l'influence mésopotamienne ?)[38]. » 

Pour sa part, Cervello Autuori[39] rappelle que :

« Jusqu'à une période récente, l'historiographie occidentale considérait l'Égypte ancienne comme une culture du Proche Orient parmi d'autres, sans prendre particulièrement en compte la réalité de sa situation géographique ni de ses implications culturelles. De nos jours, sur la base des travaux des préhistoriens de la vallée du Nil en particulier, et de l'Afrique boréale en général, la contextualisation africaine de la préhistoire et de la protohistoire égyptiennes ne fait plus le moindre doute, de même que la gestation, lente mais continue, de la civilisation pharaonique à partir des chasseurs-pêcheurs-cueilleurs épipaléolithiques, sans rupture et sans apports extérieurs acculturants (Vercoutter, 1992; Cervelló Autuori, 1995; 1998). Ceci fait de l'Égypte ancienne une culture essentiellement africaine (Leclant, 1975, 1990; Barocas, 1987). L'étude des royautés africaines et la comparaison de leurs traits les plus caractéristiques avec la monarchie pharaonique révèlent un système partagé de notions et de pratiques rituelles qui souligne cette africanité de l'Égypte et qui ouvre de nouvelles perspectives d'interprétation. » 

[modifier] Arguments linguistiques

Fille d'Aménophis IV (période amarnienne).
Fille d'Aménophis IV (période amarnienne).

La recherche universitaire assure que le simple listage de similitudes formelles entre des mots isolés de langues ne garantit aucunement une généalogie commune. Seule une recherche rigoureuse et exhaustive accomplie à l'aide de la méthodologie comparative de la linguistique comparée peut y parvenir. Celle-ci doit établir des « lois », c'est-à-dire des équivalences phonologiques, morphologiques, syntaxiques, grammaticales systématiques communes à toutes langues d'une famille linguistique (voir à ce sujet Phonétique historique). Sans cela, il est assez aisé de trouver entre deux langues prises au hasard quelques paires de mots aux signifiés (sens) proches et aux signifiants (forme sonore) approchants. Dans la majorité des cas, ce ne seront que des coïncidences[40]. En sorte que, dans ce contexte, la comparaison philologique ne peut suffire à prouver une parenté linguistique quelconque. La linguistique comparative ne saurait évidemment déterminer la couleur de la peau des locuteurs des langues qu'elle étudie.

[modifier] Correspondances avec les langues afro-asiatique

Les philologues non-afrocentristes considèrent l'égyptien classique comme faisant partie de la famille linguistique afro-asiatique (anciennement « chamito-sémitique »)[41], avec des particularités qui lui sont propres, notamment une flexion suffixale absente des autres langues de la famille afro-asiatique[42]. Ce groupe linguistique, probablement originaire d'Afrique[réf. nécessaire], recouvre la majorité du Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, la Corne de l'Afrique, aussi bien que la plupart du Tchad et du Nigéria, les autres langues dans cette famille incluant l'akkadien, l'amharique, l'arabe et l'hébreu[43].

Ainsi, l’égyptologue britannique Sir Alan H. Gardiner fait remarquer que

« la langue égyptienne est apparentée[44]) (related) non seulement aux langues sémitiques (hébreu, arabe, araméen, babylonien etc.), mais aussi aux langues est-africaines (Galla, Somali etc.) et aux idiomes berbères de l'Afrique du Nord. Son rapport (connection) avec les [deux] derniers groupes, (...) est controversé, alors qu'en revanche ses liens de parenté[45]) (relationship) avec les langues sémitiques peuvent être définis avec une précision suffisante. En dépit de ces similitudes (ressemblances), l'égyptien diffère de toutes les langues sémitiques bien plus qu'elles ne diffèrent entre elles, chacune des autres, et en définitive tant que ses relations avec les langues africaines n'auront pas été plus étroitement définies, l'égyptien ancien doit être classé en dehors du groupe sémitique[46]. » 

En d’autres termes, d’après Gardiner, l’égyptien, bien qu’il ne soit pas une langue sémitique (outside the semitic group), a des liens incontestables avec le groupe sémitique. Cette parenté entre l’égyptien et le sémitique est pareillement soulignée par le linguiste comparatiste A. Loprieno[47], qui lui aussi[48] situe l’égyptien dans le « cadre génétique » (genetic frame) de la « souche généalogique » (phylum) afroasiatique en raison des caractéristiques communes à l’égyptien et aux autres langues afroasiatiques : notamment la présence de racines bi- et trilitères, constantes dans les thèmes verbaux et nominaux qui en dérivent ; la fréquence de consonnes glottales et laryngales, la plus caractéristique étant l’occlusive laryngale ˁayn ; le suffixe féminin *-at ; le préfixe nominal m- ; le suffixe adjectival –i (le nisba arabe).

Toutefois, au colloque du Caire en 1974, le professeur Serge Sauneron considérait que les similitudes entre égyptien ancien et sémitique restent peu nombreuses, et relèvent d'emprunts plutôt que de filiation :

« [...]le professeur Sauneron a souligné l'intérêt de la méthode proposée par le professeur Obenga après le professeur Diop. L'Égypte étant placée au point de convergence d'influences extérieures, il est normal que des emprunts aient été faits à des langues étrangères ; mais il s'agit de quelques centaines de racines sémitiques par rapport à plusieurs milliers de mots. L'égyptien ne peut être isolé de son contexte africain et le sémitique ne rend pas compte de sa naissance ; il est donc légitime de lui trouver des parents ou des cousins en Afrique. [5] » 

[modifier] Correspondances entre langues africaines et kmtique

Les afrocentristes apparentent l'ancien égyptien avec les langues de la famille nigéro-congolaise dont pratiquement tous les locuteurs sont noirs. Par exemple, Cheikh Anta Diop estime que la langue égyptienne ancienne partage du vocabulaire, des règles grammaticales[49], syntaxiques[50], morphologiques, en commun avec le wolof[36], tandis que Théophile Obenga, linguiste comparatiste, l'associe au mbochi, et plus généralement aux autres langues négro-africaines[51], et affirme que le chamito-sémitique n'a aucune validité scientifique[52].


[modifier] Formation du pluriel

Comme nombre de langues africaines, l'égyptien classique ou ancien forme le pluriel des substantifs en -w (-ou) pour les noms masculins ; et -wt (-out) pour les noms féminins :

  • Égyptien ancien : rn, "nom" ; pl. rnw / snt, "soeur" ; pl. snwt
  • Azer : sane, "étoile", pl. sanu / fare, "âne", pl. faru
  • Bambara (mandé) : ba, "mère" ; pl. bau / morho, "homme", pl. morhu
  • Ewe : ati, "arbre" ; pl. atiwo
  • Sarakollé : kompe, "case", pl. kompu / iaharé, "femme", pl. iaharu

Par comparaison au pluriel berbère :

  • alut, "orgelet", pl. iluten
  • gadir, "mur"; pl. igudar
  • fus, "main"; pl. ifessen
  • azmez, "nègre" ; pl. zemzan

Plus généralement : « la formation du pluriel en égyptien et en négro-africain se fait par suffixation d'éléments aux formes du singulier » ; tandis qu'en sémitique et en berbère, le pluriel d'un mot peut être un tout autre mot (azmez/zemzan), ou une transformation interne du singulier (fus/ifessen)[50].


[modifier] Formation grammaticale d’abstraits

En égyptien ancien, bw se traduit par « endroit », « place ». Mais bw (ou ma en copte) peut s’utiliser comme préfixe d’un verbe pour former un nom ; ou d’un adjectif pour former un abstrait. Cette propriété du kémètique (copte et ancien) s’observe également dans d’autres langues négro-africaines. Et elle n'a rien à voir avec la manière dont se forment noms et abstraits en berbère et en sémitique.

  • Égyptien ancien : nfr, « bon » ; bw nfr, « le bien »
  • Copte : shopi, « habiter » ; ma-n-shopi, « demeure »
  • Hausa : sabka, « décharger » ; masabki, « un logement »
  • Wolof : rafèt, « (être) beau » ; bu rafèt, « ce qui est beau » = « le beau »

Plus généralement, en langue négro-africaine, pour former un nom ou un abstrait à partir d’un morphème, on suffixe ou affixe une particule.

Similitudes syntaxiques

  • Égyptien ancien : bw nfr hpr m bw bin

Traduction : « ce qui était bon est devenu, s’est transformé (hpr) en qualité de (m) ce qui était mauvais. »

  • Wolof : bu rafèt mèl ni bu bon

Traduction :« ce qui est bon ressemble (mèl) comme (ni) ce qui est mauvais.» La syntaxe de la phrase wolof est similaire à celle de la phrase kémètienne pour exprimer rigoureusement la même pensée. En d'autres termes, wolof et kmtw organisent grammaticalement les mots de la même manière, en vue d'exprimer les mêmes idées. Et ce paradigme syntaxique diffère de ce qui est en vigueur en berbère et dans les langues sémitiques[52].


[modifier] Cas de non-validité du paradigme afroasiatique, selon Théophile Obenga

En principe, certains mots sont rarement empruntés par une langue à une autre ; ils sont dits « hérités ». C’est le cas, notamment, des mots pour nommer les parties du corps, ou les astres visibles à l’œil nu. En sorte que la similitude morphologique et lexicologique de ces mots dans plusieurs langues augure d’une filiation entre ces langues, même si cela ne suffit pas à conclure. Voici, pour une même série de mots, ce qu’il en est du sémitique, du kmtique et du berbère :

  • « Soleil »
    • sémitique commun : sms
    • arabe : sams
    • ugarit = sps
    • kémètique : ra, rè
    • berbère : tafukt
  • « année »
    • lihyanite : sn
    • hébreu : sànà
    • arabe : sanat
    • kémètique : rnpt, rompè, rompi
    • berbère : asggas
  • « nuit »
    • arabe : layl
    • éthiopien : lèlit
    • hébreu : lùn, lin
    • ugaritique : lyn
    • kémètique : grh, d3w
    • berbère : id
  • « oreille »
    • accadien : uzun
    • assyrien : uzan
    • hébreu : ozen
    • arabe : udn
    • kémètique : msdr
    • berbère : amezzuγ
  • « frère »
    • accadien : ahu
    • ugaritique : ah
    • hébreu : ‘àh
    • syriaque : ‘ahà
    • kémètique : sn, son
    • berbère : g-ma (pl. ait-ma)
  • « dent »
    • arabe : sinn
    • éthiopen : sen
    • kémètique : tst
    • berbère : akhs, ahs
  • “noir”
    • arabe : aswad
    • kémètique : km, kamè, kèmi
    • berbère : isgin, isggan, istif
  • “sang”
    • sémitique commun : dam
    • kémètique : snf, snof, snfw
    • berbère : idammen
  • « maison »
    • hébreu : bayit
    • kémètique : pr
    • berbère : tigemmi

On peut observer ci-dessus qu'il n'y a pas de correspondances lexicales entre sémitique, berbère et kmtique, pour la série proposée. Certes, les séries lexicales, même en ce qui concerne les mots hérités, ne prouvent pas la parenté génétique. Mais, une très forte corrélation de ces séries entre plusieurs langues peut être la conséquence, la moins difficile à vérifier, d'une parenté génétique entre ces langues.


[modifier] Critiques africanistes de la théorie linguistique afrocentriste

Dans un ouvrage collectif intitulé Afrocentrismes, l'histoire des Africains entre Égypte et Amérique[53], Henry Tourneux[54] et Pascal Vernus[55] se sont montrés très critiques à l'encontre des arguments invoqués en faveur d’une famille linguistique « négro-égyptienne».

Dans un article paru dans la revue Politique africaine, Henry Tourneux reproche à Th. Obenga de « mettre la barre très bas»[56] : toutes les références sur le tchadique datent d’avant 1950 ; aucune mention n’est faite de « la série publiée aux éditions du CNRS sous la direction de J. Perrot : Les langues dans le monde ancien et moderne, dont un très gros volume est consacré aux langues de l’Afrique subsaharienne (1981) et un autre aux langues chamito-sémitiques (1988). » Henry Tourneux relève par ailleurs que, d’après Obenga, « la coïncidence de trois langues non contiguës suffit [...] à garantir le caractère commun, « négro-égyptien », d’un mot. » En d’autres termes, il suffirait qu’un fait linguistique soit attesté dans une ou deux langues du « négro-africain » d'Obenga (la troisième langue étant l’égyptien) pour que l’on ait la preuve que le fait linguistique en question relève d’un « négro-égyptien » - alors même qu’il faudrait qu’il y eût des correspondants dans toutes les branches de la prétendue famille négro-égyptienne.

Pour prouver l’existence de ce « négro-égyptien », Obenga recourt aussi à ce que H. Tourneux qualifie de « véritables tours de passe-passe ». Ainsi, Obenga estime apparentés à l’égyptien s(3)m (sm3 d’après Obenga), «  prêtre s(3)m », le kanuri same « ciel » , le hawsa sama « ciel », le sénoufo sama « bon », le songhai sama « être beau », le sainua « conserver la santé, épargner la mort », le bambara sama « offrir un cadeau » - alors même que le mot égyptien s(3)m ne signifie pas « ciel », « bon », « beau » etc. [57] Par quel moyen Obenga réussit-il à rattacher ce vaste champ sémantique négro-africain à l’égyptien s(3)m ? C’est que, d'après Obenga, « le prêtre sem « sm3, sema», devait rendre le dieu habillé beau et fort, conserver ainsi sa santé; les présents ne manquaient pas. Ainsi habillé, honoré, purifié, le dieu devait garder l’ordre cosmique, l’ordre céleste. » - en d'autres termes, de l'identité de deux champs sémantiques, Obenga déduit une parenté linguistique.

« Le vivier des langues négro-africaines est suffisamment vaste, conclut H. Tourneux, pour que, y allant à la pêche, chacun puisse en rapporter ce qui va dans le sens qu’il désire ; mais justement, cette procédure n’est pas une procédure scientifique. (…) Souhaitons que de véritables linguistes comparatistes s’attellent réellement au sujet dont chacun devine les implications historiques. » 

D’après H. Tourneux, le kanuri et la hawsa sama sont en réalité des emprunts avérés à l’arabe sama « ciel », le sénoufo et le songhai same viennent de l’arabe samha « « beau, bon ».

[modifier] Réponses de Théophile Obenga aux critiques africanistes

Théophile Obenga a répondu aux critiques des deux africanistes (qui ne sont pas spécialistes de linguistique historique) dans un opuscule intitulé "Le sens de la lutte contre l'africanisme eurocentriste"[58].

« A propos de la comparaison lexicale, Tourneux tourne dans le vide : "il est absolument clair qu'Obenga sollicite le sens de ce mot" (p.90). Il faut bien le faire dans le cadre d'un champ sémantique précis, restreint, le mot étant polysémique par nature. Il est clair qu'il faut absolument le faire sans rien imposer. Le mot négro-égyptien sem qu'examine Tourneux (pp.90-91) [de "Afrocentrismes..."] est précisément riche, au plan lexicologique, sémantique, culturel et anthropologique ; le vocabulaire n'est pas que le lexique ; il est aussi culture, société, psychologie ; - les faits restent valables, exclus les emprunts :

  • égyptien : sem "prêtre", vêtu d'une peau de léopard, chargé de la toilette divine
  • bambara : sema "chef de culte"
  • malinké : seme "chef de culte"
  • kikongo : sema "sanctifier, honorer, bénir"
  • teke : seme "prier", "sanctifier", "honorer, bénir", même chose en Mbochi
  • fang : seme "adorer, honorer" » 

Le prêtre sem, avec sa peau de léopard et ses fonctions dans les rites funéraires[59], évoque des institutions similaires en Afrique noire, notamment celle du nganga. En sorte que ce n'est pas seulement le mot, mais aussi ce qu'il nomme et son contexte de performance qui sont communs aux cultures kmtienne et négro-africaines contemporaines.

« C'est bien dommage, Tourneux ne dit pas la vérité :

  • égyptien : fdw "quatre"
  • copte : ftoou, ftau, ftoe, fto, bto, bta, fteu, fte
  • tchadique : fad, fwot, fudo, fudu, mfad, pudu, etc : 42 attestations
  • burji : foola, foole ; le burji est couchitique : je le donne après le tchadique, mais Tourneux voit sans voir ; c'est son choix, et pourtant il cite la page 324 de mon livre où se trouve précisément le burji. [...] Ma démonstration, selon les règles, reste probante, car "un rapprochement, même limité à deux dialectes, peut passer pour sûr dans certains cas particuliers" (Antoine Millet, "Introduction à l'étude comparative des langues indo-européennes", Alabama, university of Alabama Press, 1978, p.380). » 

[modifier] Arguments géographiques

Sans aucune exception, tous les états les plus anciens de la civilisation égyptienne sont localisés en Afrique. Ils sont d'autant plus au sud de l'Égypte, voire en Basse-Nubie, qu'ils sont anciens. En sorte que, d'un strict point de vue géographique, l'Égypte est africaine et les anciens égyptiens sont des Africains.

En outre, aucun autre groupe humain n'a de diversité phénotypique plus grande que les peuples africains. Parmi les différentes populations autochtones africaines, la couleur de la peau diffère naturellement du brun le plus sombre au brun le plus clair. Dès lors, quand on parle de "noir", on fait référence à une couleur de peau dotée de la plus large palette de nuances naturellement observable. Aujourd'hui, un Peul à la peau sombre est généralement considéré comme un noir Africain à l'instar d'un Nubien à la peau très foncée. Par conséquent, les cheveux denses et crépus, le nez plat et les lèvres épaisses ne s'appliquent pas systématiquement à tous les naturels d'Afrique. Et encore moins à tous les peuples noirs de la planète, dont beaucoup ont les cheveux relativement raides et le faciès plus étroit. Ainsi, des peuples possédant toute une gamme de couleurs de la peau n'en sont pas moins considérés comme « noirs », au même titre que beaucoup de locuteurs nilotiques, sémitiques et kouchitiques de l'Afrique du Nord-Est et de l'Afrique de l'Est.

Selon Hérodote[60], du temps de Narmer, c'est-à-dire à la fin du IVe millénaire av. J.-C., les terres "au-dessous du lac Moéris" étaient sous les eaux. Cela est confirmé par les recherches actuelles[61]. Il estime que les égyptiens sont autochtones de leur pays "depuis qu'il y a des hommes", c'est-à-dire dès l'origine de son peuplement. Et que ce sont des habitants de la Haute-Égypte qui occupèrent (progressivement) la région au nord ("au-dessous") du lac Moéris, au fur et à mesure de son émergence des eaux marines.

[modifier] Arguments artistiques

La dame Nésa, IIIe dynastie. Musée du Louvre.

La forme humaine a été représentée dans l'art égyptien dynastique à l'aide d'une variété de pigments allant du jaune au noir en passant par le châtain ou même le bleu. Parfois, le choix des tonalités de peau, telles que le blanc cru ou le jaune, était symbolique et était censé représenter la vitalité, la force, la féminité, la permanence et même la mort.

Dans les représentations typiques des Égyptiens dans leur propre art, à partir de l'Ancien Empire, ceux-ci sont représentés avec des couleurs allant aussi bien du cuivré au brun très foncé à l'aide d'un ocre rouge et d'une pigmentation noire[62] ; les femmes sont typiquement dépeintes avec une couleur de peau plus claire, aux tons jaunes. Quelques pommeaux de cannes dépeignent les ennemis asiatiques vaincus avec une peau claire.

De nombreuses peintures murales et sculptures égyptiennes s'étalant sur plus de trois millénaires représentent les individus avec la peau foncée, le visage à larges pommettes et aux lèvres épaisses, un prognathisme prononcé et un menton fuyant. (voir les représentations murales ci-dessous dans « Peintures murales ethnographiques ».) De telles caractéristiques sont typiques du phénotype « négroïde » ou « africoïde ».

[modifier] Le sphinx de Gizeh

Grand sphinx du plateau de Gizeh.
Grand sphinx du plateau de Gizeh.

Censé représenter le pharaon Khéops, le Sphinx de Gizeh est dans un état de dégradation considérable suite à quatre mille ans d'érosion et de vandalisme. Muhammad al-Husayni Taqi al-Din al-Maqrizi (mort en 1442) a rapporté que le nez en a été détruit en 1378 par un intégriste musulman soufi du nom de Sa'im al-dahr. La plupart voient néanmoins des traits « négroïdes » dans ce qui en subsiste, soulignant, entre autres, le prognathisme facial prononcé de l'image qui demeure tout à fait évident.

Le savant français Volney qui a visité l'Égypte entre 1783 et 1785 a exprimé son étonnement à la vue des Égyptiens noirs et du visage « nègre » du grand sphinx :

« …[les Égyptiens] ont tous un visage boursouflé, des yeux distendus, le nez plat, des lèvres épaisses ; en un mot, le vrai visage du Nègre. J'ai été tenté d'attribuer ceci au climat, mais lorsque j'ai visité le Sphinx, son aspect m'a donné la clef de l'énigme. À la vue de cette tête, typiquement nègre dans toutes ses caractéristiques, je me suis souvenu du passage remarquable où Hérodote dit : « Je juge, quant à moi, que la Colchide est une colonie égyptienne car ses habitants sont, comme eux, noirs avec des cheveux laineux… ». En d'autres termes, les anciens Égyptiens étaient de vrais Nègres du même type que tous les natifs d'Afrique. Ainsi, nous pouvons voir comment leur sang, mêlé pendant plusieurs siècles à celui des Romains et des Grecs, doit avoir perdu l'intensité de sa couleur originale, tout en maintenant néanmoins l'empreinte de son moule original. Nous pouvons même énoncer comme principe général que le visage est une sorte de monument capable, dans nombre de cas, d'attester ou de faire la lumière sur les preuves historiques de l'origine des peuples. » 

Lors de son expédition en Égypte (1798-1799) Dominique Vivant Denon écrivit à propos du sphinx :

« Je n’eus que le temps d’observer le Sphinx qui mérite d’être dessiné avec le soin le plus scrupuleux, et qui ne l’a jamais été de cette manière. Quoique ses proportions soient colossales, les contours qui en sont conservés sont aussi souples que purs : l’expression de la tête est douce, gracieuse et tranquille ; le caractère en est africain : mais la bouche, dont les lèvres sont épaisses, a une mollesse dans le mouvement et une finesse d’exécution vraiment admirables ; c’est de la chair et de la vie (…) Quant au caractère de leur figure humaine, n’empruntant rien des autres nations, ils ont copié leur propre nature, qui était plus gracieuse que belle (…) en tout, le caractère africain, dont le Nègre est la charge, et peut-être le principe. » 

Lors de sa visite de l'Égypte en 1849, Gustave Flaubert a fait écho aux observations de Volney. Il a écrit dans son journal de voyage :

« Nous nous arrêtons devant un sphinx ; il nous fixe avec un regard terrifiant. Ses yeux semblent toujours pleins de vie ; le côté gauche est souillé de crottes d'oiseaux blanches (le haut de la pyramide de Khéphren a les mêmes longues taches blanches) ; il est exactement face au soleil levant, sa tête est grise, des oreilles très grandes et dépassant comme celles d'un noir, son cou est érodé ; de face, il est visible dans son entièreté grâce au grand encaissement creusé dans le sable ; le fait que le nez manque en augmente l'aspect plat et négroïde. Il était certainement éthiopien, les lèvres étant épaisses. » 

D'autres ont également remarqué le caractère africoïde du visage du sphinx, y compris W.E.B. Dubois dans son ouvrage The Souls of Black Folk ainsi que le professeur à l'Université de Boston et spécialiste du sphinx Robert M. Schoch qui a écrit : «… le Sphinx a un aspect « africain », « nubien » ou « négroïde distinct… »

[modifier] Peintures murales ethnographiques

Deux époux. IVe ou Ve dynastie. Musée du Louvre.
Deux époux. IVe ou Ve dynastie. Musée du Louvre.

Il existe de nombreuses représentations montrant le contraste entre les Égyptiens et les peuples non-Égyptiens. Comme d'autres peuples à travers l'histoire, les Égyptiens semblaient se penser comme une sorte d'idéal ou de norme parmi les autres peuples. Il existe, de plus, des preuves selon lesquelles les anciens Égyptiens se pensaient en termes d'identité et d'ethnicité nationales. Le concept occidental moderne de « race » leur était étranger.

Au cours du Nouvel Empire, la souveraineté égyptienne se prolongeait au nord jusqu'à l'empire hittite et jusqu'à la Nubie au sud. À cette époque, la littérature sacrée et le langage figuré égyptiens fondaient systématiquement leurs observations sur des différences basées sur ces deux critères. Ceci apparaît clairement dans le « grand Hymne à Aton » d'Akhénaton dans lequel on lit que les peuples du monde sont différenciés par Aton :

Leurs langues sont de paroles distinctes
Et il en va de même de leur nature
Leur peau est différente
Les pays de la Syrie et de la Nubie, la terre d'Égypte
Chaque homme est à sa place.

Cette différentiation entre les peuples se raffine par la suite dans le Livre des portes, un texte sacré qui décrit le passage des âmes aux enfers. Il comprend une description des différents peuples connus des Égyptiens : les Égyptiens eux-mêmes, plus les Asiatiques, les Nubiens et les Libyens. Ces peuples sont illustrés dans plusieurs décorations tombales où ils sont différenciés par leur costume et la couleur de leur peau. Ces décorations dépeignent les Égyptiens (« Ret » ou « hommes », souvent utilisé comme « ret na romé » signifiant « Nous les hommes au-dessus de l'humanité ») ; les Asiatiques/Sémites (« AAMW » ou « Namu » : « voyageurs » ou « vagabonds », souvent utilisé dans « namu sho » ou les « voyageurs des sables », signifiant les nomades ou les Bédouins) ; d'autres Africains (« Nahasu » ou « étrangers ») ; et, finalement, les Libyens (« TMHHW », ou « Tamhu », un terme pour lequel plusieurs étymologies ont été proposées). Dans tous les cas sauf un, les Égyptiens sont bruns foncé ou noirs et portent des pagnes. De façon exceptionnelle, dans le tombeau de Ramsès III où une vignette identifie une figure de Nubien comme égyptienne, l'image des Ret et des Nahasu est identique en tous points, y compris les vêtements. Les tenants de la thèse afrocentriste y voient une preuve que les Égyptiens étaient identiques aux autres Africains. Les autres égyptologues considèrent que les artistes ont mal étiqueté les images parce que les vignettes sont également inversées pour TMHHW (les Libyens) et AAMW (les Asiatiques/Sémites).

Quatre peuples du monde : Syriens, Nubiens, Libyens et Égyptiens. (Tombeau de Séti Ier)

[modifier] Analyse de momies

[modifier] Tests de mélanine

Stèle du Nouvel Empire, Louvre.
Stèle du Nouvel Empire, Louvre.

Les tenants de la thèse afrocentriste citent les résultats des essais médico-légaux de Cheikh Anta Diop du contenu de mélanine dans les momies égyptiennes et de la reconstruction médico-légale des crânes pour prouver que les premiers Égyptiens dynastiques étaient des noirs africains et qu'ils le sont restés pour la plupart pendant des millénaires. Les défenseurs des thèses de Diop affirment que des essais semblables pour déterminer le contenu de mélanine dans les os ont été employés par la police dans le rassemblement de preuves légales partout dans le monde, quoique sur des corps de plusieurs milliers d'années plus récents.

Peu soutenu de la part de la communauté scientifique, le travail de Diop est principalement accepté par les tenants de la thèse afrocentriste. Le seul contenu de mélanine ne constitue pas une preuve définitive d'appartenance ethnique mais, une fois replacés dans le contexte des populations possibles de vallée du Nil de l'époque, beaucoup considèrent les résultats de Diop comme convaincants. Les détracteurs arguent du fait qu'il existe relativement peu d'exemples de restes humains bien préservés de cette époque et que la dégradation de la mélanine due au temps et à la présence des fluides d'embaumement utilisés à l'époque est un phénomène qui n'a pas été beaucoup étudié. Diop lui-même a évoqué cette question dans Origin of the Ancient Egyptians :

« En gros, le corps chimique responsable de la pigmentation cutanée, la mélanine (eumélanine), est insoluble et se conserve pendant des millions d'années dans la peau des animaux fossiles. Il y a ainsi d'autant plus raison pour qu'elle soit aisément recouvrée dans la peau des momies égyptiennes, en dépit d'une légende tenace selon laquelle la peau des momies, corrompue par le matériel d'embaumement, n'est plus susceptible d'aucune analyse. Bien que l'épiderme soit le site principal de la mélanine, les mélanocytes qui pénètrent le derme à la limite avec l'épiderme, même lorsque celui a été la plupart du temps détruit par les matériaux d'embaumement, montrent un degré de mélanine inexistant dans les peaux blanches… D'une ou façon d'une autre, disons simplement dire que l'évaluation du niveau de mélanine par l'examen microscopique est une méthode de laboratoire qui nous permet de classifier sans conteste les anciens Égyptiens parmi les races noires. » 

[modifier] Analyse crânienne et reconstruction médico-légale

Une princesse de la famille d'Akhénaton
Une princesse de la famille d'Akhénaton

Comme le suggère l'étude de 1993 de 24 mesures crâniennes par l'anthropologue C. Loring Brace, la population de la Haute-Égypte prédynastique tombait à peu près entre l'Afrique du nord-est (Somalie, Nubie) et l'Europe néolithique, tandis que la population de la fin de la Basse-Égypte dynastique se situait résolument dans la tranche néolithique européenne /nord-africaine[63]. Toutes deux différaient sensiblement des mesures crâniennes typiques des populations africaines subsahariennes.

Il faut également noter que les crânes somaliens, nubiens et éthiopiens diffèrent essentiellement de ceux des autres Africains subsahariens. Ceci peut s'expliquer, au moins en partie, par le fait que pendant des milliers d'années, l'Afrique du Nord-Est a été un endroit de cohabitation biraciale et d'alliances multiraciales. Les études autosomales de Cavalli-Sforza et al. et l'analyse du mtDNA et de l'ADN Y-Chromosomique par Passarino et al. sont arrivées indépendamment à la conclusion qu'environ 40 % des ancêtres des Éthiopiens modernes peut être caucasien, inclure peut-être autant d'en tant que 58 % des ancêtres masculins[64]. Ceci est une raison de plus pour laquelle l'attribution d'une race, pas simplement aux anciens Égyptiens mais à la population de l'Afrique du Nord-Est tout entière, est une entreprise pour le moins hasardeuse.

Les anciens Égyptiens eux-mêmes faisaient remonter leur origine à une terre qu'ils appelaient « Pays de Pount » (pwnt), ou ta nṯrw (lire « Ta Netcherou »), la « Terre des Dieux ». Punt est censé avoir été situé soit au Soudan méridional ou en Érythrée. Les anciens habitants du Pays de Pount ont été décrits comme un peuple noir avec des caractéristiques « négroïdes » et des têtes généralement allongées ou dolichocéphales. Le crâne ovale est généralement considéré comme un trait racial des populations noires africaines de la région et de certaines populations africoïde. Dans le phénotype « négroïde » classique, le crâne est en général sensiblement plus long que celui du phénotype caucasien. Certaines populations scandinaves étant également connues pour avoir de longues têtes, celles-ci ne sont donc pas uniques aux Africains, mais elles fournissent un indice significatif dans la détermination de l'appartenance ethnique des restes squelettiques.

L'historienne Drusilla Houston a écrit, dans son ouvrage datant de 1926, The Wonderful Ethiopians of the Ancient Cushite Empire :

« Dans les inscriptions relativement aux campagnes de Pépi Ier, les Noirs sont représentés comme touchant immédiatement à la frontière égyptienne. Ceci semble déconcerter quelques auteurs. Ils avaient toujours été là. C'était la vieille race de l'Égypte prédynastique, le type kouchite primitif. C'était la race indigène d'Abyssinie symbolisée par le grand sphinx et le merveilleux visage de Khéops. Prenez n'importe quel livre d'histoire égyptienne contenant des gravures authentiques et examinez les visages des premiers pharaons. Ils sont distinctement éthiopiens. L'« Agu » des monuments représentait cette race originelle. C'étaient les ancêtres des Nubiens, la race régnante de l'Égypte. William Petrie a montré, en 1892, devant l'Association britannique pour l'avancement des Sciences, quelques crânes de la IIIe et IVe dynastie montrant des caractéristiques négroïdes distinctes. Elles étaient dolichocéphales ou au crâne allongé. Les résultats de l'archéologie révèlent de plus en plus qu'à ses débuts l'Égypte était kouchite et que les Éthiopiens n'étaient pas une branche de la race de Japhet au sens où ils sont ainsi représentés dans les classifications ethnologiques moyennes actuelles. » 

[modifier] Comparaison avec les Africains modernes

Figure de pleureuse, XVIIIe dynastie.
Figure de pleureuse, XVIIIe dynastie.

Un aspect intéressant des récentes reconstructions réside dans l'aspect de leurs dents. Appelée prognathisme alvéolaire, cette forme de projection du visage avec de grandes incisives, est une caractéristique physique typique de beaucoup de Soudanais, de Somaliens et d'autres peuplades indigènes de la région.

L'examen et l'analyse scientifique des momies des crânes royaux égyptiens à travers plusieurs dynasties confirment, avec le temps, une prédominance de structures crâniennes progressivement inclinées et dolichocéphales et/ou de prognathismes alvéolaires significatifs et de recul du menton. De plus, ces caractéristiques, communes aux « Nubiens mésolithiques » ainsi qu'aux Nubiens des temps modernes constituaient des caractéristiques proéminentes dans les momies royales de la fin des XVIIe et XVIIIe dynastie parmi lesquelles la reine Ahmès-Néfertary, Amenhotep Ier, la reine Mérytamon, Thoutmôsis Ier, Thoutmôsis II, Tjuyu (mère de la reine Tiyi) et la « Dame âgée » dont on pense qu'elle était probablement la reine Tiye selon l'analyse facio-crânienne, le roi Toutânkhamon partageait les caractéristiques raciales distinctives des noirs kouchites et nilotiques de la région que ses homologues royaux des XVIIe et XVIIIe dynasties.

[modifier] Reconstitution de l'apparence du roi Toutânkhamon

1500 ans après la fondation de la première dynastie et après des siècles de métissage de la population égyptienne avec divers groupes ethniques, Akhénaton et d'autres personnalités de la XVIIIe dynastie montrent des caractéristiques facio-crâniennes qui sont conformes au phénotype africoïde. Des documentaires en 2002 et 2003 diffusés aux États-Unis sur la chaîne de télévision américaine Discovery Channel ont fourni des images saisissantes de type négroïde de Toutânkhamon[65] et de Néfertiti[66] fondées sur des reconstructions médico-légales de momies.

Dans la tentative la plus récente de mettre un visage sur un monarque de l'Égypte ancienne, trois équipes séparées d'enquêteurs égyptiens, français et américains ont produit une reconstruction de ce qu'ils ont déterminé comme représentation exacte de Toutânkhamon. Les équipes égyptienne et française connaissaient l'identité du sujet sur le visage duquel elle travaillaient, les Égyptiens travaillant à partir d'imageries médicales du crâne même et les équipes françaises et américaines travaillant sur des reproductions en plastique identiques. L'équipe américaine ignorait l'identité du spécimen.

Selon un communiqué de presse largement diffusé en date du 10 mai 2005, Zahi Hawass du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, a annoncé que

« Sur la base de ce crâne[67], les équipes américaines et françaises ont toutes deux conclu que le sujet était caucasien (le type humain typique, par exemple, de l'Afrique du nord, de l'Europe et du Moyen-Orient). » 

Dans une interview téléphonique avec le Washington Post, un membre de l'équipe américaine, Susan Antón, a décrit le spécimen comme « quelque peu équivoque » et, contrairement à la déclaration de Hawass, n'a pas employé le terme « caucasien » ou aucun autre terme racial pour décrire le crâne de Toutânkhamon :

« la mâchoire résolument masculine était la preuve déterminante, a-t-elle déclaré, bien que le front arrondi, les arcades pointues et les yeux proéminents suggèrent une femme. L'âge était facile, a-t-elle dit. Les troisièmes molaires étaient en train de pousser, ce qui se produit entre l'âge de 18 et de 20 ans. La race était « la plus difficile à déterminer ». La forme de la cavité crânienne suggérait un Africain, alors que le passage nasal suggérait des narines étroites, une caractéristique européenne. Le crâne était celui un Nord-Africain. » 

La reconstitution de l'équipe française a suscité des critiques considérables. Les tenants de la thèse afrocentriste critiquent la décision de l'équipe française d'attribuer au jeune roi la couleur de la peau et des yeux sur la base des caractéristiques des Égyptiens modernes, quoique beaucoup d'Égyptiens soient en fait plus foncés. Ils affirment que ces caractéristiques ne reflètent pas la couleur des yeux ou de la peau du citoyen « moyen » de l'Égypte dynastique ancienne. D'autres critiques affirment que la plupart, sinon tous, les artefacts égyptiens dépeignent Toutânkhamon avec des yeux et une peau considérablement plus foncés et que la connaissance préalable de l'identité de leur sujet a polarisé l'équipe française vers des tonalités de peau plus claires. L'archéologue égyptien Ahmad Saleh estime pour sa part que les anciens égyptiens sont originaires du bassin de l'est de l'Afrique qui comprend actuellement l'Erythrée, Djibouti et la Somalie. Ils auraient ainsi la peau foncée et non blanche. Pour lui, il existe des tentatives de récupération voulant faire remonter les pharaons à la race caucasienne. Quoi qu'il en soit, Saleh estime que l'Égypte fait partie du tissu africain et qu'une reconstitution supposée de Toutankhamon devait lui donner une peau foncée [68].

Les tenants de la thèse afrocentriste accusent depuis longtemps Hawass et le gouvernement égyptien d'organiser une campagne en vue de détruire une culture « noire africaine » dans l'Égypte. Les Égyptiens eux-mêmes accusent en retour les tenants de la thèse afrocentriste qui sont habituellement d'origine ouest-africaine, surtout afro-américains, de tenter de s'approprier un patrimoine qui est complètement égyptien avec des affinités avec l'Afrique du Nord et le Proche-Orient, mais qui n'a rien à voir avec l'Afrique occidentale.

Les expressions fortement prononcées du phénotype nilotique classique visibles sur le crâne de Toutânkhamon et l'absence complète de toute anomalie physique qui pourrait indiquer la présence d'une autre ethnicité – comme un crâne (extrêmement dolichocéphale dans le cas de Toutânkhamon) aplati ou arrondi, qui est évident dans quelques momies royales à travers les millénaires – constituent de puissants indicateurs que les pigments brun foncé employés dans la plupart des reproductions contemporaines du jeune monarque approchaient probablement au plus près de la nuance naturelle de sa peau.

[modifier] Arguments religieux et culturels

Tête d'homme, Nouvel Empire, Musée du Louvre.

Les extraits suivants de l'encyclopédie Britannica illustrent quelques éléments en faveur et contre l'argument culturel.

« en Libye, composée pour la plupart de désert et d'oasis, les populations sédentaires ont un élément négroïde évident et la même chose est vraie du fellah égyptien, qu'il soit copte ou musulman. Les études ostéologiques ont prouvé que l'élément négroïde était plus fort dans les périodes prédynastiques qu'à l'heure actuelle, ce qui reflète un mouvement à une période ancienne vers le nord le long des rives du Nil qui étaient alors abondamment recouvertes de forêts[69]. » 

« un grand nombre de dieux remontent à l'époque préhistorique. On peut faire remonter les images d'une vache et de la déesse (Hathor), du faucon (Horus) et les figures à forme humaine du dieu de la fertilité (Min) à cette époque. Quelques rites, tels que la « course du taureau Apis », le « sarclage de la terre » et d'autres rites de fertilité et de chasse (tel que la chasse à l'hippopotame) datent vraisemblablement de ces temps anciens. On ne peut établir avec certitude des liens avec les religions d'Asie du Sud-Ouest. Il est douteux qu'Osiris puisse être considéré comme l'équivalent de Tammuz ou d'Adonis ou qu'Hathor soit associée à la « grande mère[70]. Il existe des relations plus étroites avec les religions africaines du nord-est. Les nombreux cultes animaux (notamment les cultes des bovins et des dieux panthères) et les détails des robes rituelles (queues animales, masques, tabliers en herbe, etc.) sont probablement d'origine africaine. La parenté montre, en particulier, quelques éléments africains, tels que le roi en tant que ritualiste principal (c'est-à-dire chamane), les limitations et le renouvellement du règne (jubilés, régicide) et la position de la reine-mère (élément matriarcal). Certains d'entre eux se retrouvent parmi les Éthiopiens de Napata et de Méroé, d'autres parmi les tribus prénilotiques (Shilluk). » 

Les dieux régénérateurs de la mythologie égyptienne ont souvent la peau noire (ou verte) et ceux en rapport avec le mal et les maladies ont la peau rouge. Cependant, les égyptologues attribuent ces couleurs au contraste qui existait entre la terre noire fertile des bords du Nil et le sable rouge du désert stérile.

[modifier] Isomorphie entre Mbidi/Nkongolo et Osiris/Seth

Alain Anselin a mis en évidence l'isomorphie entre les duos Mbidi/Nkongolo et Osiris/Seth ; ce qui signe de profondes similitudes cultuelles entre Luba et Égyptiens[71] :

« Mbidi et Nkongolo sont les isomorphes Luba des jumeaux égyptiens, Osiris et Seth, qui leur sont antérieurs de cinq mille ans. Mbidi, souligne Luc De Heusch (69) semble devoir être un « roi-lune » dépositaire du pouvoir sacré ? Osiris apparaît sous les traits d’une momie comme « dieu-lune », wsr-Aah, qui tient dans ses mains les symboles de la vie, de l’ordre, du pouvoir, expose E.A. Wallis Budge (I, 59). La genette Mbidi fait partie du bestiaire royal Luba ? La genette Mafdet est l’un des attributs archaïques de la réincarnation pharaonique d’Osiris. Mbidi est un maître de pluies, une figure de la fécondité ? Osiris est un dieu de la fécondité et de la végétation, que l’on fête à la fin de l’inondation. Comme Nkongolo, époux débridé de toutes ses sœurs, ivrogne cruel, beau-frère féroce, oncle hostile piégeant sans succès son neveu, Seth est paillard, incestueux, brutal, guerrier, épouse sa sœur, viole son neveu, dépèce son frère. Ils sont tous deux des dieux Rouges, que le parcours identitaire qui définit leur personnalité conduit de l’hybris débordante d’une sexualité incestueuse à la stérilité, de l’humide au sec. Seth est le dieu rouge de la stérilité, du désert, de la sécheresse. Nkongolo incarne de même sécheresse et stérilité (Luc De Heusch, 228). » 

[modifier] Caractère négro-africain du calendrier égyptien[72]

« […]« L’année » égyptienne ne diffère pas fondamentalement des autres « années » africaines. Aussi s’organise-t-elle comme elles autour des levers et des couchers héliaques annuels des étoiles, qui règlent le calendrier des activités agricoles. […] Mais comme dans beaucoup d’autres calendriers africains, c’est Sirius, dépouillé d’une partie de ses attributs symboliques par le Nil, qui faisait office de repère initial. Chez les Venda, le lever héliaque annuel de Sirius introduit la saison sèche. Chez les Duala, c’est aussi avec l’apparition de nsote, Sirius, que débute l’année. Chez les Égyptiens, il introduit également la canicule, mais sur les bords du fleuve, la notion de saison sèche s’efface comme principe directeur du temps au profit de la crue du Nil.[…] C’est le lever héliaque de spdt, la « pointue », qui commence l’année agricole égyptienne, et se fait le messager de la crue, avec laquelle il coïncide chaque 15 juin, à hauteur de Memphis. Les égyptiens appellent ce jour wpt rnpt, le jour qui ouvre (wp) l’année (rnp). » 

[modifier] Caractère négro-africain des sacrifices rituels consacrés au Nil[73]

« Nous avons des références sûres concernant les offrandes que les Égyptiens devaient offrir à l'esprit du Nil pour attirer l'inondation. [...] Ces offrandes étaient composées de denrées alimentaires, d'animaux domestiques, des fleurs de lotus, de l'encens, du pain, de la pâtisserie, des gâteaux et peut-être de la statue du dieu Nil (Caminos 1982 : 499), des fruits, des amulettes en vue d'éveiller et d'entretenir les forces de la crue, des figurines féminines afin de provoquer le rut du grand Nil aux vagues puissantes qui se lance sur la terre et engendre l'Egypte[...]. Les populations de la rive du fleuve Sénégal observent pratiquement les mêmes rituels à l'endroit du fleuve à l'approche de la période de la haute crue. Il est interdit aux femmes de jeter dans le fleuve le reste des débris alimentaires de peur de provoquer la fureur du génie de l'eau nommé mame coumba bag. De même elles ont l'habitude de présenter le fleuve aux nouveaux-nés afin que le génie du fleuve puisse reconnaître ces petits fils et petites filles. Tant en Egypte ancienne qu'en Afrique noire, les génies de l'eau participent à l'équilibre du groupe et le protègent de tout danger externe. » 

[modifier] Auteurs anciens

Les auteurs grecs ont habituellement décrit la couleur des Égyptiens comme étant sombre, au même titre que celle des Éthiopiens.

Hérodote, historien grec (-480/-425), visita l'Égypte. En parlant d'un peuple d'Asie Mineure, il dit « Il est bien évident, en effet, que les Colchidiens sont d'origine égyptienne […]. Je l'avais conjecturé moi-même pour la raison d'abord qu'ils ont la peau noire [μελἀγχροἐς] et les cheveux crépus [οὖλδτριχες]. […] », Histoire, Livre II, 104.

D'après Hérodote, les terres au-dessous du lac Moeris sont un don du Nil [74]:

« Les prêtres de Vulcain m'apprirent à Memphis que [...] les Égyptiens avaient inventé les premiers l'année, et qu'ils l'avaient distribuée en douze parties, d'après la connaissance qu'ils avaient des astres.[...] Ils me dirent aussi que les Égyptiens s'étaient servis les premiers des noms des douze dieux, et que les Grecs tenaient d'eux ces noms ; qu'ils avaient les premiers élevé aux dieux des autels, des statues et des temples, et qu'ils avaient les premiers gravé sur la pierre des figures d'animaux ; et ils m'apportèrent des preuves sensibles que la plupart de ces choses s'étaient passées de la sorte. Ils ajoutèrent que Ménès [Narmer] fut le premier homme qui eût régné en Égypte; que de son temps toute l'Égypte, à l'exception du nome Thébaïque, n'était qu'un marais ; qu'alors il ne paraissait rien de toutes les terres qu'on y voit aujourd'hui au-dessous du lac Moeris, quoiqu'il y ait sept jours de navigation depuis la mer jusqu'à ce lac, en remontant le fleuve. [...] Les Ioniens ont une opinion particulière sur ce qui concerne l'Égypte : ils prétendent qu'on ne doit donner ce nom qu'au seul Delta [...] En admettant cette opinion, il serait aisé de prouver que, dans les premiers temps, les Égyptiens n'avaient point de pays à eux : car le Delta était autrefois couvert par les eaux, comme ils en conviennent eux-mêmes, et comme je l'ai remarqué ; et ce n'est, pour ainsi dire, que depuis peu de temps qu'il a paru. [...] Pour moi, je ne pense pas que les Égyptiens n'ont commencé d'exister qu'avec la contrée que les Ioniens appellent Delta, mais qu'ils ont toujours existé depuis qu'il y a des hommes sur terre ; et qu'à mesure que le pays s'est agrandi par les alluvions du Nil, une partie des habitants descendit vers la basse Égypte, tandis que l'autre resta dans son ancienne demeure : aussi donnait-on autrefois le nom d'Égypte à la Thébaïde, dont la circonférence est de six mille cent vingt stades. » 

Aristote, savant, philosophe grec, précepteur d'Alexandre le Grand, (-389/-322) dit : «  Ceux qui sont excessivement noirs (agan melanes) sont couards, ceci s'applique aux Égyptiens et aux Éthiopiens. », Pysisionomie 6. Il dit également dans sa métaphysique que l'Égypte est le berceau des mathématiques.

Le Grec Héliodore écrit à propos de Chariclée, une jeune fille blanche, qui se trouve devant des Égyptiens : «  De nouveau, elle leva les yeux, vit leur teint noir et leur aspect repoussant.  »

Marcus Manilius déclare que « les Éthiopiens souillent le monde et représentent une race d'hommes plongés dans l'obscurité. Les habitants de l'Inde sont moins brûlés par le soleil. La terre Égyptienne, inondée par le Nil, obscurcit plus modérément les corps à cause de l'inondation de ses champs : c'est un pays plus proche du nôtre et son climat modéré produit une carnation médiane. »

Strabon, géographe (-58/+25), historien et grand voyageur dit qu'il est venu lui-même en Égypte jusqu'à la frontière avec l'Éthiopie avec son ami Aeluis Gallus préfet d'Égypte « Nous y avons vu des édifices consacrés jadis au logement des prêtres, mais ce n’est pas tout, on nous montra aussi la demeure de Platon et d’Eudoxe : car Eudoxe avait accompagné Platon jusqu’ici. Arrivés à Héliopolis, ils se fixèrent et tous deux vécurent là treize ans dans la société des prêtres (…) Ces prêtres, si profondément versés dans la connaissance des phénomènes célestes, étaient en même temps des gens mystérieux, très peu communicatifs, et ce n’est qu’à force de temps et d’adroits ménagements, qu’Eudoxe et Platon purent obtenir d’être initiés par eux à quelques-unes de leurs spéculations théoriques. Mais ces barbares en retinrent par devers eux, cachée, la meilleure part. Et si le monde leur [i. e. aux prêtres égyptiens] doit de savoir aujourd’hui combien de fractions de jours il faut ajouter aux 365 jours pleins pour avoir une année complète, les Grecs ont ignoré la durée vraie de l’année et bien d’autres faits de même nature, jusqu’à ce que des traductions en langue grecque des mémoires des prêtres égyptiens aient répandu ces notions parmi les astronomes modernes, qui ont continué jusqu’à présent à puiser largement dans cette même source comme dans les écrits et observations des Chaldéens ». Comme l'avait dit le sénégalais Cheikh Anta Diop, « Il (Strabon) confirme la thèse selon laquelle les Égyptiens et les Colches appartenaient à la même race. IL n'y a aucun doute sur l'idée que Strabon se faisait de la race des Égyptiens car il tente par ailleurs d'expliquer pourquoi les Égyptiens sont plus noirs que les hindous, ce qui permettrait d'écarter, toute tentative de confusion entre la race "hindoue" et "l'égyptienne". »

L'étude de la Bible, des traditions juive et musulmane conservent la mémoire de la descendance de Cham, ancêtre biblique des Noirs : en particulier Kush (Kouch) et Misraïm (l'Égypte).

[modifier] Notes

  1. Voir notamment Pascal Vernus et Jean Yoyotte, Dictionnaire des pharaons, Éditions Noésis, 1998, p. 116
  2. Cf. A. Erman et H. Ranke, La civilisation égyptienne, Payot, Paris, 1976, p. 47
  3. Selon J. Vercoutter, rapporteur des débats sur le peuplement de l'Égypte ancienne, au colloque du Caire : "l'appartenance caucasoïde (l'expression est de Cornevin, 1963, p. 103-104 et 152) de la population de l'Égypte, [était] généralement acceptée jusqu'en 1955"
  4. http://www.fltr.ucl.ac.be/FLTR/GLOR/ORI/ , http://www.ifao.egnet.net/. Presque tous les départements académiques occidentaux d'égyptologie font partie des institutions d'études orientales, bien que géographiquement l’Égypte fasse partie du domaine africain. En revanche, quasiment aucune institution africaniste ne comporte de département d'égyptologie...
  5. 5,0 5,1 5,2 Voir la transcription du colloque. En résumé, les débats ont révélé la persistance de désaccords importants sur l'origine anthropologique des anciens Égyptiens :

    « La conclusion des experts qui n'admettaient pas la théorie d'un peuplement uniforme de la vallée du Nil des origines jusqu'à l'invasion perse, énoncée par les professeurs Cheikh Anta Diop et Obenga, a été que le peuplement de base de l'Égypte s'était mis en place au Néolithique, en grande partie en provenance du Sahara et qu'il avait uni des hommes venus du nord et du sud du Sahara et différenciés par leur couleur. À cette théorie, les professeurs Diop et Obenga ont opposé la leur, qui soulignait l'unité du peuplement de la vallée par des Noirs et les progrès de ce peuplement du sud au nord. » 

    Par contre dans le domaine linguistique, le rapporteur écrit qu'

    « un large accord s'est établi entre les participants. Les éléments apportés par les professeurs Diop et Obenga ont été considérés comme très constructifs. (…) Plus largement, le professeur Sauneron a souligné l'intérêt de la méthode proposée par le professeur Obenga après le professeur Diop. L'Égypte étant placée au point de convergence d'influences extérieures, il est normal que des emprunts aient été faits à des langues étrangères ; mais il s'agit de quelques centaines de racines sémitiques par rapport à plusieurs milliers de mots. L'égyptien ne peut être isolé de son contexte africain et le sémitique ne rend pas compte de sa naissance ; il est donc légitime de lui trouver des parents ou des cousins en Afrique. S'agissant de la culture égyptienne : Le professeur Vercoutter a déclaré que, pour lui, l'Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser. Le professeur Leclant a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens. » 

    Le rapporteur, dans sa conclusion générale indique que

    « La très minutieuse préparation des communications des professeurs Cheikh Anta Diop et Obenga n'a pas eu, malgré les précisions contenues dans le document de travail préparatoire envoyé par l'UNESCO, une contrepartie toujours égale. Il s'en est suivi un véritable déséquilibre dans les discussions.}}Fin citation}}

  6. Voir notamment Pascal Vernus et Jean Yoyotte, Référence:Dictionnaire des Pharaons (Pascal Vernus, Jean Yoyotte) Dictionnaire des pharaons, Éditions Noésis, 1998, p. 116
  7. Cf. A. Erman et H. Ranke, La civilisation égyptienne, Payot, Paris, 1976, p. 47
  8. Cf. Engelbert Mveng, "Les sources grecques de l'histoire négro-africaine, depuis Homère jusqu'à Strabon", éd. Présence Africaine, 1972
  9. Point of view not out of Africa
  10. Afrocentrism ‘’Mythical past and imagined homes’’
  11. Cf. Histoire générale de l'Afrique II par l'UNESCO, P. 48
  12. Cf. Jean Yoyotte et P. Vernus, Dictionnaire des pharaons, Éditions Noêsis, 1998, p. 198
  13. Cf. Jean Vercoutter, L’Égypte et la vallée du Nil : Des origines à la fin de l’ancien empire (Paris, 1995), p. 97
  14. Fred Wendorf, Romuald Schild et Angela E. Close, "Egypt during the Last Interglacial. The middle Palaeolithic of Bir Tarfawi and Bir Sahara East", 1993, Plenum Press
  15. Voir l’article Nabta Playa
  16. Acquis récents de la recherche et histoire ancienne de l'Afrique sur ankhonline.com
  17. notamment le film intitulé "Asterix et Obélix, mission Cléopâtre", réalisé par Alain Chabat
  18. Afrocentricity and the Black Athena debate
  19. 19,0 19,1 Une défense de l’Afrocentrisme
  20. D'après Cheikh Anta Diop dans Histoire générale de l'Afrique II par l'UNESCO, P. 59
  21. dans un texte littéraire du Moyen Empire
  22. signe qui correspond à deux lettres, dépeignant ici un fragment de la peau à écailles du crocodile
  23. Wörterbuch der Ägyptischen Sprache – Tome 5, p. 122 sq. ; A Concise Dictionary of Middle Egyptian de R. O. Faulkner, p. 286 ; Großes Handwörterbuch Ägyptisch-Deutsch de R. Hannig, p. 883. Le suffixe t est la marque du féminin : cf. Cours d'égyptien hiéroglyphique, de Pierre Grandet et Bernard Mathieu, leçon 5, page 65 : Le genre grammatical
  24. Wörterbuch der Ägyptischen Sprache – Tome 5, p. 127 et A Concise Dictionary of Middle Egyptian de R. O. Faulkner, p. 286
  25. Cf. Zettelarchiv du Thesaurus Linguae Aegyptiae (http://aaew2.bbaw.de/tla/index.html) sous l'entrée km.t ; voir aussi F. Ll. Griffith, Hieratic Papyri from Kahun and Gurob, London, 1898 : Plate II, p. 2
  26. Aboubacry Moussa Lam, De l'origine égyptienne des Peuls, Paris, Présence Africaine / Khepera, 1993, p. 181
  27. Aboubacry Moussa Lam, De l'origine égyptienne des Peuls, p. 181
  28. Aboubacry Moussa Lam, De l'origine égyptienne des Peuls, p. 262: « Ce collectif se décompose comme suit: kmt, féminin de km (qui comme nous l'avons déjà vu, signifie noir), est déterminé par un homme et une femme, les trois traits qui viennent après étant la marque du pluriel. En clair, cette manière d'écrire, qui est absolument conforme à la règle régissant la formation des noms collectifs, signifie que Kmt s'applique à une collectivité (les trois traits qui marquent le pluriel l'attestent) composée d'hommes et de femmes (l'homme et la femme accroupis le prouvent). Le scribe pouvait-il être plus explicite dans sa volonté de montrer qu'il entendait donner à sa graphie le sens de « Les Noirs »? »; Aboubacry Moussa Lam, Les chemins du Nil. Les relations entre l'Egypte ancienne et l'Afrique Noire, Paris, Présence Africaine / Khepera, 1997, p. 82
  29. Cf. Oscar Pfuma, "Histoire culturelle de l'Afrique Noire", éd. Publisud, 1993, Pp8-31
  30. Il s’agit d’un nisbé : cf. G. Lefebvre, Grammaire de l’égyptien classique, Le Caire, 1955, p. 94 sqq.
  31. Comment l'homme moderne a-t-il conquis le monde ? sur hominides.com
  32. Écologie théorique
  33. [Babacar Sall, Racines éthiopiennes de l’Égypte ancienne , éd. l’Harmattan, Paris, 1999, pp202-206.]
  34. Des Grands Lacs au Fayoum, l’Odyssée des pêcheurs, in Ankh N°12/13, 2003-2004, éd. Khepera, Paris, pp108-117
  35. Oriental Institute Museum Nubia - "Its glory and its people". Voir aussi : "A prospectus for exploring the historical essence of Ancient Nubia", Revue ANKH n°6/7, 1997-1998, éd. Khepera, Gyf-sur-Yvette, Pp91-120
  36. 36,0 36,1 La Nubie et l'Égypte ancienne dans leur contexe naturel négro-africain sur ankhonline.com
  37. Cf. Béatrix Midant-Reynes, art. Gerzéen in : Dictionnaire de l'Antiquité (Sous la direction de Jean Leclant), Presses Universitaires de France, 2005
  38. Dictionnaire des pharaons, Éditions Noêsis, 1998, p. 116
  39. Cf. Monarchie pharaonique et royautés divines africaines, in Cahiers Caribéens d'Egyptologie n°2, février/mars 2001
  40. On peut donner un exemple de telles coïncidences : en latin, « avoir » se dit habere et en allemand haben. Pourtant, habere et haben n'ont aucun rapport (haben est en fait lié au radical de capere, « prendre », en latin), alors même que ces deux langues sont indo-européennes.
  41. G. Lefebvre, Grammaire de l’égyptien classique, Le Caire, 1955, p. 2 sqq., relève notamment les points communes suivants entre l’égyptien d’une part, le sémitique, le libyco-berbère et le couchitique d’autre part : * en phonétique, prédominance du consonantisme sur le vocalisme et abondance des consonnes glottales et laryngales ; * constance des consonnes radicales dans les thèmes nominaux ou verbaux qui en dérivent ; * étymologies ; * désinences du féminin et du pluriel ; * pronom indépendant ; * formation de thèmes verbaux par redoublement de la 2e consonne radicale ; * formation de thèmes verbaux causatifs au moyen du préfixe s- ; * formation de verbes intensifs (p. ex. réfléchir) ou réflexifs au moyen du préfixe n-, etc. Cf. aussi A. H.Gardiner, Egyptian Grammar, Oxford University Press, 1973, p. 2 sq.
  42. Cf. A. Loprieno, Ancient Egyptian - A linguistic Introduction, Cambridge University Press, 2004
  43. ibid., p. 2
  44. Oxford-Hachette Dictionary
  45. ibid.
  46. « The Egyptian language is related not only to the Semitic tongues (Hebrew, Arabic, Aramaic, Babylonian, etc., but also to the East African languages (Galla, Somali, etc.) and the Berber idioms of North Africa. Its connexion with the latter group, together known as the Hamitic family, is a thorny subject, but its relationship to the Semitic languages can be fairly accurately defined : In spite of these resemblances, Egyptian differs from all Semitic tongues a good deal more than any one of them differs from any other, and at least until its relationship to the African languages is more closely defined, Egyptian must certainly be classified as standing outside the Semitic group. » (Egyptian grammar, Oxford University Press, 1972, p. 2 et 3
  47. Ancien Egyptian – A Linguistic Introduction, Cambridge University Press, 1995, p. 1
  48. tout comme James P. Allen, Middle Egyptian, Cambridge University Press, 2004 ; Elmar Edel, Altägyptische Grammatik, Pontificium Institutum Biblicum, Roma, 1955 ; Erhart Gräfe, Mittelägyptisch - Grammatik für Anfänger, Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 2001 et Gustave Lefebvre, Grammaire de l’égyptien classique,Le Caire, 1955
  49. Voir sur ankhonline.com
  50. Voir sur ankhonline.com
  51. Théophile Obenga, "Origine commune de l'égyptien ancien du copte et des langues négro-africaines modernes. Introduction à la linguistique historique africaine", éd. L'Harmattan, Paris, 1993
  52. Le "Chamito-sémitique n'existe pas", Ankh, n°1, février 1992, pp. 51-58
  53. Sous la direction de François-Xavier Fauvelle-Aymar, Jean-Pierre Chrétien et Claude-Hélène Perrot, éd. Karthala, Paris 2000
  54. Henry Tourneux est membre de l'unité mixte de recherche Langage, Langues et Cultures d'Afrique noire au [CNRS] et directeur de collection aux éditions Karthala. Le titre de sa contribution dans l'ouvrage cité est L'argument linguistique chez Cheikh Anta Diop et ses disciples, Pp79-102, éd Karthala, Paris 2000.
  55. Pascal Vernus est philologue et directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études de Paris. Sa contribution dans "Afrocentrismes..." s'intitule "Situation de l'égyptien dans les langues du monde"
  56. Les langues africaines et l’égyptien
  57. Suivant le déterminatif, il a pour sens « s’emparer de », « brûler» ou « attrister ».
  58. éd. Khepera/L'Harmattan, Paris 2001
  59. Voir Jean-Pierre Bamouan Boyala, "L'eau dans les rites funéraires égyptiens de l'époque tardive", Ankh n°3, éd. Khepera, Gyf/Yvette, 1994 ; également Mouhamadou Nissire Sarr, "La représentation du deuil dans l'Ancien Empire Égyptien", Ankh n°8/9, éd. Khepera, Gyf/Yvette, 2001
  60. Voir section "auteurs anciens"
  61. cf. Jacques Labeyrie, "L'homme et le climat", éd. Denoël, 1985. Voir aussi K.W. Butzer, "Prehistoric geography of Egypt and the Nile Valley", Cambridge Ancient History, vol. I, 1970, chap II, p.30-37
  62. On pense que la couleur noire de jais des reproductions de Toutânkhamon n'a rien à voir avec la couleur réelle de sa peau car ces figures représentent son voyage à travers l'obscurité totale des enfers, un rituel significatif de vie après la mort. « La chambre funéraire était gardée par deux statues-sentinelles noires qui représentent le ka (âme) royal et symbolisent l'espoir de renaissance, propriétés d'Osiris, qui était ressuscité après être mort. »
  63. Brace, C. L. et al. 1993. Clines and Clusters Versus “Race”: A Test in Ancient Egypt and the Case of a Death on the Nile. Yearbook of Physical Anthropology 36:1-31
  64. Passarino et al., “Different Genetic Components in the Ethiopian Population, Identified by mtDNA and Y-Chromosome Polymorphisms.” Am. J. Hum. Genet. 62:420-434, 1998
  65. Site de Discovery Channel
  66. Site de Discovery Channel
  67. [1]
  68. Site Al Ahram
  69. Encyclopaedia Britannica 1974 ed. Macropedia Article, Vol 14 : “Populations, Human” – p. 843
  70. Encyclopaedia Britannica 1974 ed. Macropedia Article, Vol 6: “Egyptian Religion”, p. 508
  71. Alain Anselin, « Samba » éd. de l’UNIRAG, 1992, pp133-136
  72. Alain Anselin, « Samba », éd. de l’UNIRAG, 1992, pp157-164
  73. Cf. Mouhamadou Nissire Sarr, "Cours d'eau et croyances en Egypte pharaonique et en Afrique noire moderne", in ANKH n°14/15, éd. Khepera, Paris 2006, pp128-135
  74. Hérodote, Histoires, livre II, Euterpe, Chap IV à chap XV

[modifier] Bibliographie

  • Grégoire Alexandre, Égypte, Afrique, langue et « race » dans Toutankhamon, juin/juillet 2004 ;
  • Grégoire Alexandre, Les origines orientales de l'Égypte dans Toutankhamon, juin/juillet 2004 ;
  • Kathryn A. Bard, The Emergence of the Egyptian State (c. 3200 – 2686 BC) dans The Oxford History of Ancien Egypt (Oxford, 2000) ;
  • Mélina Dessoles, Égypte : civilisation africaine ? dans Toutankhamon, juin/juillet 2004 ;
  • Stan Hendrickx and Pierre Vermeersch, Prehistory : From the Paleolithic to the Badarian Culture (c. 700 000 – 4000 BC) dans The Oxford History of Ancient Egypt (Oxford, 2000) ;
  • Michael A. Hoffmann, Egypt before the Pharaohs (Austin, 1991) ;
  • Barry J. Kemp, Ancien Egypt – Anatomy of a Civilization, Part I : Establishing Identity (New York 2004) ;
  • Béatrix Midant-Reynes, The Naqada Period (c. 4000 – 3200 BC) dans The Oxford History of Ancien Egypt (Oxford, 2000) ;
  • Beatrix Midant-Reynes, The Prehistory of Egypt : From the First Egyptians to the First Pharaohs (Oxford, 2000) ;
  • Jean Vercoutter, L’Égypte et la vallée du Nil : Des origines à la fin de l’ancien empire (Paris, 1995).

[modifier] Thèses afrocentristes

  • Cheikh Anta Diop :
    • L'Unité culturelle de l'Afrique noire, éd. Présence africaine, Paris, 1960;
    • Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ?, éd. Présence africaine, Paris, 1967 ;
    • Parenté génétique entre l'égyptien pharaonique et langues négro-africaines, Ifan-Nea, Dakar, 1977 ;
    • Nations nègres et culture, éd. Présence africaine, Paris, 1979 ;
    • Civilisation ou barbarie, éd. Présence africaine, Paris, 1981 .
  • Théophile Obenga:
    • L'Afrique dans l'Antiquité — Égypte ancienne-Afrique noire, éd. Présence Africaine, Paris, 1973.
    • La Philosophie africaine de la période pharaonique 2780-330 avant notre ère, éd. L’Harmattan, Paris, 1990. Ouvrage traduit en anglais sous le titre de : African Philosophy – The Pharaonic Period: 2780-330 BC, éd. Per Ankh, Dakar, 2004;
    • Origine commune de l'égyptien ancien, du copte et des langues négro-africaines modernes. Introduction à la linguistique historique africaine, éd. L'Harmattan, Paris, 1993;
    • La Géométrie égyptienne - Contribution de l'Afrique antique à la mathématique mondiale, éd. L’Harmattan / Khepera, Paris, 1995;
    • Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx - Contribution de Cheikh Anta Diop à l'historiographie mondiale, éd. Présence Africaine / Khepera, Paris, 1996;
    • L’Égypte, la Grèce et l’école d’Alexandrie – Histoire interculturelle dans l’Antiquité – Aux sources égyptiennes de la philosophie grecque, éd. Khepera / L’Harmattan, Paris, 2005.
  • Aboubacry-Moussa Lam :
    • De l'origine égyptienne des Peuls, Paris, Présence Africaine/Khepera, 1993 ;
    • Les Chemins du Nil. Les relations entre l'Égypte ancienne et l'Afrique noire, Paris: Présence africaine /Khepera, 1997;
    • L'Affaire des momies royales. La vérité sur la reine Ahmès-Nefertari, Paris: Présence africaine / Khepera.
  • Babacar Sall, Racines éthiopiennes de l'Égypte ancienne, éd. Khepara/L'harmattan, 1999 ;
  • Alain Anselin, La Cruche et le tilapia. Une lecture africaine de l'Égypte nagadéenne, Revue Tyanaba, éd. de l'Unirag, 1995 ;
  • Ankh, Revue d'égyptologie et des civilisations africaines, éd. Khepera, Paris ;
  • Cahiers caribéens d'égyptologie, "Dix ans de Hiéroglyphes au campus", éd. Tyanaba, Martinique, 2002 ;
  • Grégoire Biyogo, Aux sources égyptiennes du savoir, éd. Menaibuc, Paris, 2002 ;
  • Dika Akwa nya Bonambela, Les descendants des pharaons à travers l'Afrique, éd. Osiris/Africa, Bruxelles, 1985.
  • Oscar Pfuma, Histoire culturelle de l'Afrique noire, éd. Publisud, Paris, 1993

[modifier] Liens externes

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