Nègre
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Nègre est un substantif masculin et un adjectif, désignant des personnes à la peau noire.
Le substantif, dans les pays francophones, est hautement péjoratif. C´est un mot pseudo scientifique qui rapproche les Noirs des animaux, introduit dans la langue française pour cautionner l´esclavage. L'adjectif, au contraire, désigne la spécificité d'une culture (exemple : art nègre). L'académicien Léopold Sédar Senghor en a dérivé le mot négritude.La négritude qui retourne ce que le mot nègre à de péjoratif en positif nie l´esclavage et la colonisation.
Sommaire |
[modifier] Étymologie
Le mot « nègre » arrive dans la langue française en 1516, de l’espagnol ou du portugais : le mot est dérivé du latin niger, « noir ». Le mot negro en espagnol signifie également « noir ». Le mot « Nègre » est rare en français avant le XVIIIe siècle. Il s'impose au XVIIIe siècle avec le développement de la traite des Noirs — et comme un mot scientifique à travers les théories raciales de Voltaire, Hume, Kant ou Cuvier.
Le terme anglais nigger, hautement péjoratif, a été emprunté au français et a donné lieu à de nombreuses variantes (negar, neegar, nigga, neger ou encore niggor).
[modifier] Origine
Le terme « nègre » apparaît au XVIe siècle et désigne une personne à la peau noire, dite mélanoderme et, de ce fait, plus particulièrement originaire d'Afrique sub-saharienne. Les portugais ont été les premiers européens à avoir déporté des noirs comme esclaves dans leurs propre pays, en 1442. Après la Reconquista, les portugais ont chassé les occupants arabes et ont fait des prisonniers. Des Arabes ont alors proposé d’échanger ces prisonniers contre des esclaves.
Les espagnols ont été les premiers européens à déporter des Noirs comme esclaves, aux Amériques. Ils désignent alors les noirs par le mot negro, qui signifie « noir » en espagnol, comme l'illustre une scène du film Amistad. Le premier sens du mot « nègre » est donc celui d'« esclave noir » et est lié aux théories raciales qui font des Noirs, un peuple d’esclaves. En français, on désignait ces populations d’abord par le mot neir (1080) puis par le mot « noir ». L’emploi du mot « nègre » était cependant rare avant le XVIIIe siècle, ce qui montre bien le caractère spécifique de ce mot. Il apparait en effet comme un mot pseudo-scientifique, pour cautionner l´esclavage.A travers les théories raciales de Kant, Voltaire, Hume, Rousseau et d´autres philosophes qui rapprochent les Noirs des animaux.
Avant l'esclavage, on désignait également les personnes mélanodermes comme des « maures », même si tous les maures ne sont pas noirs. Le terme « nègre » a diverses variantes : « négro », « négrillon », etc. Le mot nègre a aussi été utilisé dans des théories raciales concernant la colonisation de l’Afrique. Hitler aussi utilise ce terme pour référence au noir : ainsi, dans son livre Mein Kampf, il désigne la France comme un pays de nègres.
Avec l'abandon officiel de la politique raciste, dans la plupart des pays européens, le mot a été remplacé par « Noir » avec une majuscule dénotant la qualité de peuple (vers 1960). Les expressions politiquement correct telle que « personne de couleur » ou, dans le langage familier, l'anglicisme « black », sont devenues courantes.
À noter qu'en Haïti, qui fut la première République noire au monde et qui fut fondée par des esclaves évadés (les marrons), le mot créole Nèg désigne encore aujourd'hui un « gars », indépendamment de la couleur de sa peau.
Certains défenseurs des droits des Noirs ou de l'égalité entre les hommes ont tenté de donner un sens positif au mot « nègre », comme Voltaire dénonçant l'esclavage dans Candide, Léopold Sédar Senghor ou Aimé Césaire. Malgré ces efforts, le mot reste associé à l'infériorité de droits des esclaves. De nombreux Noirs et non-Noirs rejettent l'appellation « gens de couleur », en arguant que toute personne a une couleur de peau.
[modifier] Article "Nègre" du Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, Larousse de 1872
« | C’est en vain que quelques philanthropes ont essayé de prouver que l’espèce nègre est aussi intelligente que l’espèce blanche. Quelques rares exemples ne suffisent point à prouver l’existence chez eux de grandes capacités intellectuelles. Un fait incontestable et qui domine tous les autres, c’est qu’ils ont le cerveau plus rétréci, plus léger et moins volumineux que l’espèce blanche, et comme, dans toute la série animale, l’intelligence est en raison directe des dimensions du cerveau, du nombre et de la profondeur des circonvolutions, ce fait suffit pour prouver la supériorité de l’espèce blanche sur l’espèce noire. Mais cette supériorité intellectuelle, qui selon nous ne peut être révoquée en doute, donne-t-elle aux blancs le droit de réduire en esclavage la race inférieure ? Non, mille fois non. Si les nègres se rapprochent de certaines espèces animales, par leurs formes anatomiques, par leurs instincts grossiers, ils en diffèrent et se rapprochent des hommes blancs sous d’autres rapports et nous devons en tenir grand compte. Ils sont doués de la parole, et par la parole nous pouvons essayer de les élever jusqu’à nous, certains d’y réussir dans une certaine limite. Du reste, un fait physiologique que nous ne devons jamais oublier, c’est que leur race est susceptible de se mêler à la nôtre, signe sensible et frappant de notre commune nature. Leur infériorité intellectuelle, loin de nous conférer le droit d’abuser de leur faiblesse, nous impose le devoir de les aider et de les protéger. | » |
— Pierre Larousse , Article Nègre, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle (1872) |
[modifier] Différents sens
Le mot « nègre » dans son acception contemporaine est largement controversé dans les pays où il est utilisé pour désigner spécifiquement les individus à la peau noire. Dans les pays ayant été impliqués dans le commerce triangulaire, « nègre » conserve un sens péjoratif fort, qui renvoie à une image biaisée de la population africaine.
- La pâtisserie chocolatée nommée « tête de nègre » a vu sa dénomination remplacée par « meringue au chocolat » ou « tête au choco » dans le commerce pour cette raison. Il existait en France autrefois (dans les années 1950) une friandise aujourd'hui disparue, plate, de forme ovale et d'environ deux cm de haut, en réglisse donc noire, présentant sur une de ses faces la tête stylisée d'un noir et appelée aussi « tête de nègre ».
- Certains américains aux origines africaines se sont appropriés le terme argotique pour en faire un mot d'auto-référence. Cependant, la majorité de la population désignée par le mot « nègre » a toujours refusé cette appellation, qualifiée de hautement raciste et déshumanisante. Il est à noter que l'adjectif negro est parfaitement neutre aux États-Unis, le substantif nigger rassemblant la totalité du contenu péjoratif. On préfère néanmoins African American, sans trait d'union.[1]
- Au XXe siècle, le courant littéraire de la négritude s'est réapproprié le mot, qui est utilisé sans connotation dans l'expression « art nègre ».
- L'emploi du mot « nègre » pour désigner une personne qui écrit pour le compte d'une autre, sans être mentionnée, provient probablement d'une assimilation entre « nègre » et « esclave », attestée par des expressions comme « travailler comme un nègre ». Dans ce cas-là, le mot anglais est ghostwriter. Pour éviter que cette expression française soit mal perçue, l'utilisation des termes écrivain privé, ou écrivain sous-traitant, ou encore du terme anglais seraient alors préférable.
- Cependant, à l'école militaire de Saint-Cyr le mot nègre est utilisé depuis le XIXe siècle pour désigner au contraire le major, c'est à dire l'élève le plus brillant de la promotion. On connaît l'expression de Mac Mahon : « C'est vous le nègre ? Eh bien, continuez ! » qu'il fit entendre lors de sa visite de cette école. Le mot s'était révélé gaffeur car ce major de promotion était par ailleurs lui-même mélanoderme ! L'expression est passée à la postérité avec la dose d'humour qui se doit.
- Le mot « nègre » est également utilisé aujourd'hui, dans le monde du travail, pour désigner une personne contrainte à subir le pouvoir et l'autorité excessifs d'un « supérieur » hiérarchique, à l'instar des esclaves noirs soumis à l'autorité du trafiquant ou du colon.
- L'expression « travailler comme un nègre », qui n'a pas vraiment de connotation raciste, fait référence à la contrainte et à l'exploitation sans limites d'un travailleur.
- La couleur « tête-de-nègre » est une couleur marron foncé.
D'une façon générale, en dehors des expressions courantes ci-dessus et dont il est relativement difficile de corriger l'usage, le mot « nègre » n'est plus utilisé dans le langage usuel hormis par les personnes qui font profession d'un racisme « négrophobe » couvert ou déclaré.
[modifier] Note
- ↑ Voir à ce sujet en:Hyphenated American.