Rachi
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Salomon ben Isaac (Rabbi Chlomo ben Yts'hak) plus connu par son acrostiche Rachi (Troyes env. 1040 - env. 1105) est un commentateur des textes sacrés juifs tant de la tradition écrite (Bible c'est à dire : Pentateuque, Prophètes, Hagiographes) que de la tradition orale (Talmud).
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[modifier] Sa vie
On sait peu de choses quant à la biographie de Rachi, et les éléments sûrs et avérés d'un point de vue historique sont rares. Rachi pourrait être issu d'une illustre lignée rabbinique réputée remonter jusqu'au roi David.
En effet, il pourrait être descendant par sa mère du Rav Elyakim, lui-même descendant à la 31e génération de Rabbi Yohanan le sandalier, un Tanna souvent cité dans le Talmud, qui est lui-même arrière-arrière-petit-fils de Rabban Gamliel l'Ancien (fils de Rabbi Shimon, fils de Hillel l'Ancien), réputé de lignée davidique.
Son père est mort en "saint" (c'est à dire en refusant d'abjurer sa foi). Rachi le cite quelques fois comme "mon maître", et il pourrait avoir étudié quelques années avec lui.
Le premier commentaire de Rachi sur le Pentateuque s'ouvre sur les mots "Amar Rabbi Itzhak" (Rabbi Itzhak a dit). Cependant, il ne s'agit pas d'un enseignement du père de Rachi mais d'un midrash issu du recueil Tanhouma Yashan.
Son oncle maternel, Rav Shimon l'Ancien, a longtemps étudié auprès de Rabbenou Guershom de Mayence, surnommé meor Hagola (lumière de l'exil).
Enfant, Rachi se distingue sûrement par sa mémoire prodigieuse, et passe pour un maître accompli à 20 ans. Il part étudier dans les écoles talmudiques rhénanes auprès du Rav Yaakov ben R' Yakar ("mon vieux Maître") à Mayence puis, à la mort de celui-ci, auprès du Rav Yts'hak ben Eléazar Halévi à Worms.
Revenu à Troyes, il fonde à son tour une école talmudique qui attire rapidement des élèves de toute l'Europe. Malgré sa renommée, il refuse de tirer profit de sa charge de rabbin et gagne sa vie comme vigneron, ainsi qu'il transparaît dans un de ses responsa, où il s'excuse de sa brièveté, étant pris par les vendanges.
Ayant vécu un siècle avant "l'autre" géant, Maïmonide, sa renommée fut au moins aussi grande. Rachi le dépassa même en popularité : en effet, à côté du fier Andalous s'exprimant à l'élite, Rachi était simple et très modeste, refusant d'arbitrer les cas qui ne relevaient pas de sa communauté, admettant son ignorance, tant dans ses responsa que dans ses commentaires (cf. infra). Par ailleurs, et c'est rare, Rachi est à la portée du débutant comme de l'érudit.
Rachi n'ayant eu que des filles, il leur enseigna son savoir, ce qui dénotait d'une ouverture d'esprit exceptionnelle au Moyen Âge. Il les maria avec ses meilleurs élèves, qui reprirent, avec leurs enfants, le flambeau de la transmission et du commentaire. Miriam, sa fille aînée, épousa R' Yehoudah ben Nathan (le Rivan), qui eut l'honneur d'achever le commentaire du traité talmudique « Makkot » sur lequel travaillait Rachi à sa mort. Yocheved épousa Meir ben Samuel, et donna naissance à de nombreux enfants, dont trois commentateurs célèbres qui laissèrent leur trace dans l'histoire : le Rachbam, Rabbénou Tam et le Rivam. Leur fille Hanna écrivit un responsa sur les lois de l'allumage des bougies à Shabbat. Rachel (Belleassez) épousa et divorça de R' Eliezer ben Shemiah.
La fin de sa vie fut empoisonnée par les Croisades et les massacres des communautés juives qui les accompagnèrent. Rachi, protégé du comte de Champagne, était à l'abri, mais pas un jour ne se passait sans qu'il entendît une mauvaise nouvelle émanant de ses chères communautés rhénanes.
[modifier] Le commentaire de Rachi
La petite histoire veut que Rachi ait eu l'idée de son commentaire en entendant dans une synagogue un père se tromper en donnant à son fils l'explication du sens simple d'un verset (pshat).
Rachi a donc eu l'idée de réunir dans un commentaire toutes les réponses aux questions qu'un enfant de cinq ans pourrait se poser en restant aussi concis que possible ("Une goutte d'encre vaut de l'or"). Il veut, en respectant grammaire, tournure de phrase et syntaxe, trouver l'explication la plus simple du verset.
En effet, si la Torah a toujours été commentée, on se concentrait jusque-là que sur le drash des versets : lorsqu'une difficulté se présente, que ce soit dans la compréhension textuelle ou contextuelle de la section lue, les maîtres tendent à donner des réponses indirectes. Qu'elles soient allégoriques, poétiques, politiques, philosophiques, voire mystiques, elles extraient souvent un verset de son contexte et le dénaturent quelque peu. Ainsi, en est-il du fameux "ne lis pas banaïkh (tes fils) mais "bonaïkh" (tes bâtisseurs)". Tout exacts que soient ces propos, ce n'est pas là l'intention du verset.
En commentant le Tanakh et le Talmud, Rachi ne souhaite ni se lancer dans des discussions savantes, ni débattre de questions philosophiques ou théologiques ardues, mais seulement rendre, au sens restituer, à son peuple les moyens de comprendre ces textes écrits dans une langue trop antique, parlant de choses trop élevées, se basant des notions trop anciennes, et sur lesquels ils doivent pourtant se baser de façon indispensable pour continuer à perpétuer les traditions d’un peuple qui, s’il ne peut en aucun cas rajouter ni retrancher quoi que ce soit à la lettre, doit s’y conformer dans un monde en perpétuelle mutation.
Pour ce faire, il a retransmis les opinions des Anciens, des maîtres de la tradition prophétique, puis rabbinique, en sélectionnant dans l'immense compilation de midrashim celui qui semble correspondre le mieux au sens simple du texte. Il recherche avant tout la clarté de pensée, et la clarté de style, n’hésitant pas à recourir à la langue d’oïl, la langue vernaculaire de la France du Nord du XIe siècle (signalées par "bela'az"), ou de chercher la comparaison avec une anecdote vécue à Troyes ((qui est une ville marchande, des foires internationales s'y tiennent plusieurs fois par an) afin de simplifier encore plus l’explication proposée.
Il est important de noter que cette recherche de la concision, tant dans la forme que dans le fond de la formulation, est une valeur typiquement française, ce que ne manqueront pas de rappeler Emmanuel Levinas ou Léon Ashkénasi.
Doué d'une mémoire et d'une connaissance encyclopédiques, il parvient à reconstituer par sa seule intuition la disposition du Tabernacle. Il souligne les explications connues mais erronées ; il illustre parfois par des midrashim. Exceptionnellement, il aborde des questions de grammaire, d'orthographe ou de cantilation lorsque cela permet d'éclairer le sens simple des versets.
Rachi traite rarement de points de théologie. Néanmoins, citons son commentaire sur les Psaumes 49:11 (“Ils remarquent pourtant que les sages meurent (yamoutou), tout comme périssent (yovedou) le fou et le sot, en laissant leurs biens à d’autres.”), où Rachi explique la différence de terme entre ces deux notions, pourtant similaires à première vue, de la sorte : “mita” s’applique au sage, dont seul le corps meurt, tandis qu’“aveda” est pour le fou ou le sot, dont non seulement le corps, mais aussi l’âme disparaît.
On peut aussi noter que Rachi n'hésite pas à dire "Je ne sais pas" et que lors d'un doute, il rapporte les différentes explications possibles soit en soulignant que les opinions sont partagées ou qu'elles correspondent à plusieurs niveaux de lectures.
Bien que son œuvre fût colossale (on raconte qu'il écrivit aussi 7 livres de médecine, qui malheureusement ne parvinrent pas jusqu'à nous), il la révisa à trois reprises, et selon son petit-fils, le Rachbam, s'apprêtait à le refaire.
Voir aussi : Commentaire biblique (Judaïsme)
[modifier] Son succès
Rachi ne fut pas le premier commentateur, mais il fut tout de même le Parshandata, le père du commentaire.
Ses commentaires sont considérés comme ayant été écrits sous l'emprise d'une inspiration divine et on dit que le Talmud sans le commentaire serait comme un livre scellé. On peut aussi souligner son importance par le fait qu'il fut le premier livre juif à être imprimé en hébreu (Calabre 1475). Son commentaire édité en marge du texte fut typographiée avec une cursive italique qui ne tarderait pas à être connue sous le nom d'écriture Rachi, bien que lui-même ne l'ait probablement jamais utilisée.
Pas moins de 134 commentaires sur le sien ont été recensés, sans épuiser le sujet ! "Que dit Rachi ?" "Quelle est la question que posait Rachi ?" "Pourquoi Rachi a-t-il choisi ce midrash ?" "Qu'est-ce qui le gêne ?" sont autant de manières d'en renouveler la portée.
Il fut même lu par des théologiens Chrétiens, dont Nicolas de la Lyre qui inspirerait plus tard Martin Luther.
[modifier] Bibliographie
- Simon Schwarzfuchs, Rachi de Troyes, Albin Michel, Spiritualités vivantes rééd. 2005
- Héritages de Rachi, Sous la direction de René Samuel Sirat,Editions de l’éclat, Bibliothèque des fondations, 2006
[modifier] Liens connexes
- Commentaire biblique (judaïsme)
- Commentaire de Rachi sur le Psaume 91
[modifier] Liens externes
Grandes figures du Judaïsme médiéval |
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