Traités d'Utrecht (1713)
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Cet article concerne les traités d'Utrecht de 1713, à ne pas confondre avec le traité d'Utrecht de 1579).
Les traités d'Utrecht sont deux traités de paix qui mirent fin à la guerre de Succession d'Espagne. Le premier fut signé à Utrecht le 11 avril 1713 entre la France et la Grande-Bretagne, le second fut signé à Utrecht le 13 juillet 1713 entre l'Espagne et la Grande-Bretagne.
Sommaire |
[modifier] Guerre de succession d'Espagne
- Article détaillé : Guerre de Succession d'Espagne.
[modifier] Le Congrès d'Utrecht
Le Congrès débute en décembre 1712. La France de Louis XIV est alors au plus mal, et cède irrémédiablement du terrain face aux troupes de la Grande-Alliance (qui regroupe l'ensemble de l'Europe, sauf l'Espagne). La victoire du maréchal de Villars à la bataille de Denain lui permet de négocier in extremis des conditions moins défavorables.
Le traité est le premier rédigé en français : il inaugure la primauté du français comme langue diplomatique, jusqu'au Traité de Versailles, en 1919.
[modifier] Éléments des traités
[modifier] Relégation de l'Espagne au second rang
L'Espagne est la grande perdante de la guerre : elle perd toutes ses possessions européennes : Italie et Pays-Bas vont à l'Autriche et à la Savoie ; son territoire métropolitain même est amputé de Gibraltar et de Minorque. Toutefois, l'accession au trône, de Philippe V, a été synonyme d'un redressement administratif. La reprise de Barcelone et la fin de la guerre sonnera comme le début d'une relative centralisation. Philippe V, d'abord aidé de conseillers français, puis italiens, redressera le prestige diplomatique de l'Espagne. Notamment avec la rétrocession par les Habsbourg en 1738, de Naples, de la Sicile et de Parme.
[modifier] Sauvegarde des conquêtes de la France
- La succession espagnole : les traités d'Utrecht reconnaissent le petit fils de Louis XIV comme roi d'Espagne : Philippe V. Si Philippe V d'Espagne renonce à ses droits sur la couronne de France, les Habsbourg renoncent à leurs droits sur la couronne d'Espagne. Les Pays-Bas espagnols, le Milanais, Naples et la Sicile reviennent finalement à Vienne (mais les Habsbourg devront rendre à Philippe V d'Espagne Naples et la Sicile en 1738).
- Les frontières européennes de la France : sur la rive droite du Rhin, Louis XIV rend les villes occupées depuis le début de la guerre par l'armée française Brisach, Fribourg-en-Brisgau, et Kehl. En contrepartie, il obtient Orange de Frédéric Ier Hohenzollern. La vallée de l'Ubaye, dans les Alpes, est rattachée à la France. Les villes de Furnes et Ypres sont cédées aux Habsbourg. Il doit également renoncer à soutenir les Stuart en Grande-Bretagne et détruire les fortifications de Dunkerque. Mais Louis XIV sauvegarde ses conquêtes antérieures.
- L'empire colonial de la France : l'Acadie (au Canada) est cédée à la Grande-Bretagne. Région très peu peuplée, cela n'aura que peu d'incidences sur le Canada français. Aux Antilles, l'île Saint-Christophe est cédée aux Britanniques. Ce qui n'empêchera pas le commerce français dans les Antilles d'être le plus florissant au XVIIIe siècle. Grâce à Saint-Domingue (annexée en 1697), la France est en passe de devenir le premier producteur mondial de sucre. Concernant Terre Neuve et la Baie d'Hudson, Louis XIV ne les cède pas, puisque ces territoires n'appartenaient pas à la France, il ne fait que confirmer leur possession aux Anglais. Le modeste établissement de Plaisance est laissé à l'abandon.
En Guyane, le traité d'Utrecht consacre l'Oyapock comme frontière avec le Brésil.
Ces traités consacrent une stagnation pour la France, après le règne de Louis XIV. Toutefois la France reste la première puissance militaire en Europe. Son potentiel démographique est immense puisqu'à l'époque un Européen sur quatre est français, et Louis XIV a durablement installé la dynastie française sur le trône espagnol. Son empire colonial reste plus important que celui des Britanniques jusqu'à la seconde moitié du XVIIIe siècle. Enfin, le rayonnement culturel de la France, introduit par Louis XIV, n'en est qu'à ses débuts.
[modifier] Redressement factice de l'Autriche
L'Autriche remplace l'Espagne en Italie, où elle reprend une partie du Milanais, Mantoue, Naples et la Sardaigne, qu'elle échange contre la Sicile avec la Savoie. Elle obtient également les Pays-Bas du sud (Belgique actuelle). Toutefois, ce redressement n'est qu'artificiel. Territorialement, dès 1730 et 1738, les Habsbourg devront rétrocéder Naples et la Sicile aux Bourbons d'Espagne. Enfin, l'ascension de la Prusse en 1740 va menacer l'influence de Vienne en Allemagne. Militairement, la puissance Habsbourg reste surclassée par l'armée française, comme l'ont montré les campagnes de l'Armée française en Allemagne, en 1712 et 1713. Par ailleurs, les Habsbourg doivent renoncer à la couronne d'Espagne, qui appartenait à leur dynastie depuis Charles Quint, et ils doivent reconnaitre comme définitives toutes les conquêtes de Louis XIV.
[modifier] La Hollande en déclin
Bien que victorieuse, la Hollande ne retire presque rien de la guerre. Elle perd même sa position de maîtresse des mers du Nord. Economiquement, après vingt années de guerres ruineuses, elle amorce son déclin financier et commercial, au profit de la France et de la Grande-Bretagne.
Elle obtient cependant d'occuper huit places fortes qui constituent une Barrière contre la France : Furnes, Ypres, Menin, Tournai, Mons, Charleroi, Namur et Gand. Les conditions en sont réglées après la mort de Louis XIV, au traité de la Barrière, signé le 15 novembre 1715 à Anvers avec l'Autriche. L'entretien de ces places s'avèrera fort coûteux pour les finances hollandaises.
[modifier] Début de l'ascension de la Grande-Bretagne
Territorialement, la Grande-Bretagne se voit confirmer la possession de Terre-Neuve et de la Baie d'Hudson. La France cède l'Acadie, très peu peuplée, et Saint-Christophe aux Antilles.
Elle acquiert une relative prédominance sur les mers qui bordent l'archipel britannique (mer du Nord, La Manche), aux dépens de la Hollande. Cette prédominance est encore renforcée par les bases de Gibraltar et de Minorque, prises à l'Espagne en 1704.
Enfin, elle obtient le monopole de l'asiento (traite des esclaves dans les colonies espagnoles) pour 30 ans.
[modifier] Italie et Allemagne
Les deux régions restent divisées, mais les puissances qui les unifieront au XIXe siècle émergent : la Prusse et la Savoie.
La Maison de Savoie retrouve la Savoie qui avait été occupée par la France depuis le début de la guerre. Elle obtient également la Sicile, qu'elle échangera pour la Sardaigne et le titre royal. Enfin, elle échange Barcelonnette et Château-Dauphin contre Fenestrelle et le val de Suse (Exilles, Bardonnèche et Oulx) avec la France.
L'Électeur de Brandebourg Frédéric Ier de Hohenzollern obtient le titre de roi en Prusse, la haute-Gueldre et Neuchâtel. Mai il cède ses droits sur Orange à Louis XIV.
[modifier] Traités annexes
Outre le traité d'Anvers (dit de la Barrière), en 1715, le traité d'Utrecht est complété l'année suivante par le traité de Rastatt. Signé le 6 mars 1714 par le maréchal de Villars et le prince Eugène, qui représente l'empereur d'Allemagne, il en précise les modalités d'application pour ce qui concerne la France et l'Empire.
Le traité de Bade du 7 septembre 1714 en étend les clauses à toutes les principautés allemandes.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
[modifier] Sources
[modifier] Notes et références
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