Épée
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L'épée est une arme blanche à simple ou double tranchant composée d'une lame droite en métal pourvue le cas échéant d'une gouttière (dépression longitudinale), d'une poignée et, dans certains époques, d'une garde protégeant la main et d'un pommeau.
Le terme d’épée est polysémique :
- Il peut désigner l’ensemble de la famille de ces descendants du glaive romain. Le terme anglais est alors sword
- Il a depuis le XXe siècle acquis un sens nouveau, l’« épée d’escrime », l'une des trois armes avec le fleuret et le sabre. Le terme anglais est alors le même qu'en français, épée. C'est un des nombreux cas de terme récursif, un terme désignant à la fois un objet et la famille à laquelle il appartient.
Le présent article s’intéresse au sens 1. Il aborde également le second sens, mais de manière mineure. La forme de l'épée détermine son utilisation :
- de taille : coup portée avec le fil de l'épée (l'arête tranchante) ;
- d'estoc : coup porté dans l'axe de l'épée pour transpercer son adversaire.
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[modifier] Histoire
Des épées, c'est-à-dire des armes ayant une lame d'au moins trente centimètres, sont connues dès l'âge du bronze : celles-ci sont alors réparties en quatre types, dont le plus ancien est celui des « épées à languette large » (G.Gaucher et J.-P.Mohen) du Bronze ancien ou moyen, vers -2000.
À l'âge du bronze final, les « épées à languette tripartite » ont les trois parties de la poignée clairement distinctes (garde, fusée et pommeau) : c'est au plus tard à cette période et probablement plus encore au premier âge du fer que l'arme acquiert une valeur aristocratique. Coûteuse, longue et complexe à élaborer, l'épée semble en effet se trouver exclusivement dans les tombes de personnages importants.
Lourde et difficile à manier, l'épée s'affirme au départ comme une arme de prestige et devient durant l'antiquité l'arme par excellence qu'utilise le cavalier pour frapper « de taille » le fantassin. Néanmoins, Celtes, Germains et Romains l'utilisent aussi dans l'infanterie, sous différentes formes.
Dans le dernier quart du IVe siècle, l'épée celtique cladio [[1]], d'une longueur de lame de 60 cm devient un élément primordial de l'équipement standard du guerrier. Jusqu'à la période romaine, cette épée connaît un allongement de sa lame, tandis que sa pointe s'arrondit, ce qui indique un usage quasi-exclusif de taille.
Les légionnaires romains emploient le glaive (latin gladius), qui se porte au côté droit comme avant lui l'épée gauloise ou ibérique. Le glaive du haut Empire (type « Mayence ») est directement inspiré de l'épée hispanique avec une lame qui peut atteindre soixante centimètres. Par la suite, sa pointe se raccourcit (type « Pompéi »). Le glaive du légionnaire est peut-être l'arme qui contribue le plus à la supériorité militaire romaine des premiers siècles de l'ère chrétienne, notamment en raison de sa capacité à être utilisé de taille et d'estoc.
Parallèlement, la cavalerie romaine, souvent composée des troupes auxiliaires celtes ou germains, emploie un type d'épée longue (latin spatha). Sous les Sévères, la spatha devient à son tour une arme d'infanterie, avec une lame longue de 60 à 90 cm qui s'élargit progressivement, qui se porte au côté gauche.
Sans doute à cause des traits évoqués, l'épée est une arme dont la fabrication est confiée à des spécialistes. En raison de cela, un modèle est souvent et longtemps imité avant qu'une innovation apparaisse. Ainsi, les Germains avaient emprunté l'épée longue aux Celtes. À partir du IIIe siècle environ, la spatha (l'épée longue romaine) s'inspire elle-même des armes germaniques occidentales : elle connaît son heure de gloire au moment des Grandes invasions ; c'est l'épée des barbares qui triomphe du glaive équipant les cohortes, en quelque sorte.
Exportée en Scandinavie (dans le Jutland), c'est celle-ci qui semble avoir servi de modèle originel à l'épée occidentale médiévale, dont le premier type est celui de l'épée mérovingienne, au pommeau triangulaire muni d'un anneau. L'épée longue « mérovingienne » sert à son tour de modèle à l'épée franque carolingienne, la meilleure de son temps au point que son commerce a été interdit à l'exterieur de l'empire. Celle-ci est perfectionnée jusqu'au IXe siècle en Saxe, puis copiée par les Vikings. Lors de l'établissement du duché de Normandie, l'épée Viking est améliorée jusqu'au XIe siecle (son poids diminue et la garde s'allonge). Au XIIe siècle le pommeau rond se répand et remplace les pommeaux ovales ou lobés des épées Normandes. Des modèles à la garde recourbée apparaissent. L'estoc (pointe) rond tend à s'éffiler jusqu'au développement au début du XIVe de l'épée d'estoc : son talon est large (jusqu'à 10cm) et l'estoc très pointu permet de transpercer l'armure entre les plates qui apparaissent alors. A la fin du XIIIe siècle apparaissent les épées longues (à deux mains) telles que le brand d'arçon qui, comme son nom l'indique, est porté sur la selle et est utilisé par le chevalier démonté. Les épées batardes (dites à une main et demi) se développent au XVe siècle. Leur longueur et leur poids modérés ainsi qu'un excellent équilibrage (notamment grace aux pommeaux en ampoule) en permettent l'usage à cheval et à pied. Les épées très longues telles que les espadons restent d'usage au XVe siècle et jusqu'au début du XIVe (Zweihänder des Lansquenets).
[modifier] Système de suspension
L'évolution de l'arme proprement dite est indissociable de celle de son système de suspension : les Celtes protohistoriques de la Tène avaient déjà su élaborer un système de suspension reposant sur deux chaînes : un brin court (15 cm) et sur un brin long (45 -- 50 cm).
Au début du haut Moyen Âge, les épées sont portées au côté gauche au moyen d'un double pontet vertical (sorte de boucle rigide). L'origine exacte de ce dernier est incertaine : connu des Chinois, il faut attendre pour le voir utilisé en occident que les Sarmates et les Alains l'introduisent durant les invasions "barbares", une des découpes des Grandes invasions (IIIe-IVe siècle). Jusqu'au XIe siècle, le port de l'épée dans son fourreau en bandoulière ou grace à une ceinture simple est courant. Plus tard, alors que l'usage de la cavalerie se répand, on utilisera des fourreaux attachés avec une double ceinture, conferant ainsi une meilleure stabilité à cheval. Pour les mêmes raisons, au XIIe siècle, le port de l'épée, d'abord vertical le long de la jambe gauche, devient oblique. Il passe presque à l'horizontale au XVe siècle lorsque les épées longues se répandent, afin que la pointe ne touche pas le sol quand l'homme d'armes est à pied. Les épées de très grande dimensions (brands, espadons) sont portées attachés à la selle du cheval, et non dans le dos. Les seules épées communément portées dans le dos furent les claymores des highlanders au XVIIe.
[modifier] Techniques de forge
Un autre aspect important de l'Histoire de l'épée est l'évolution des techniques de forge : ainsi, pour forger leurs lames, les Gaulois pratiquaient le corroyage en mélangeant eux-mêmes différents métaux, probablement dans un but de réemploi. Au haut Moyen Âge, « une caractéristique des épées longues "mérovingiennes" est la structure composite de beaucoup de lames »[1]. La technique, consistant à forger l'« âme » de la lame, puis à lui adjoindre (« rapporter ») deux tranchants à la teneur plus élevée en azote a été bien étudiée : deux bandes étroites de métal, destinées à être utilisées comme tranchants, sont soudées à une bande centrale de métal damassé (composé de bandes alternées de fer doux et de fer carburé, éventuellement torsadées avant d'être martelées). L'amélioration des métaux, soit par corroyage en occident, soit par emploi de lingots déjà prêts, en orient puis en occident, est également un souci majeur que rapportent notamment les épopées scandinaves.
Hydace, chroniqueur galicien du VIème siècle, rapporte dans son Olympiade 211 que "de même un jour, lors de l'assemblée des Goths, la partie de fer ou la pointe des armes qu'ils tenaient à la main prit une couleur verte pour les unes, rose ou jaune, safran ou noire pour les autres, perdant ainsi provisoirement son aspect naturel de métal." On peut y voir un témoignage de leur structure en couches, qui reflète le soleil de différentes manières.
[modifier] Voir aussi
Au fil des siècles et des peuples, des armes qui pouvaient être regroupées sous ce terme générique ont évolué en différentes formes, devenant sabre en Orient, cimeterre, katana dans le Japon médiéval, etc. Toutefois l'épée était en principe une arme réservée aux nobles.
[modifier] Types
liste complète : (en) List of swords
Épées à une main :
- cladio[2] : épée celte en fer de La Tène, lame de 80 à 90 cm, pointe large et tranchants parallèles
- xiphos : épée courte des anciens Grecs ;
- glaive : épée courte à lame et garde symétrique des légionnaire romains ou plus tard des hauts dignitaires au 19ème;
- spatha : épée longue romaine des grandes invasions (exemple) ;
- arming sword : « épée de guerre », ce que l’on imagine habituellement quand on pense à une épée (c’est l'épée longue dans les jeux de rôles) ;
- side sword : « spada de lato » en italien, c'est une épée développée pour lutter contre les plates et utiliser un ricasso tout en continuant à utiliser l’arme à une seule main (exemple) ;
- dirk : (exemple)
- katzbalger : (étripe chat en allemand) une épée courte utilisée par les lansquenets ;
- rapière : épée longue et fine utilisée en Europe à partir du fin XIVe ;
- épée de cour : une version plus courte de la précédent, prolongeant la tendance d'une arme de moins en moins utilitaire ;
- jian : épée chinoise légère utilisée notamment pour la pratique du Tai-Chi.
- braquemard : épée large et courte
- colichemarde
- Reitschwert (exemple)
- katana, sabre japonais de main droite
- wakizashi, sabre japonais de main gauche
- tanto, variation du katana
- tachi, variation du wakizashi
- o-katana, long katana
- faucon (arme), sabre droit, semblable à la latte
Épées à deux mains :
- épée bâtarde (ou épée à une main et demie), utilisable à une ou deux mains
- claymore épée longue des Hautes Terres d'Écosse
- espadon (zweihänder en anglais et allemand), un épée tardive conçue pour la force brute et l'effet de choc
- flamberge, une version à lame ondulée, qui ajoute un impact psychologique, réduit la performance et censément induit des vibrations dans l'arme adverse
- ōdachi, long sabre japonais
- nodachi, long sabre japonais
- zhanmadao, extrêment longue épée chinoise
- Tuck (non classé) (exemple)
[modifier] Épées célèbres
De nombreuses épées ont un nom célèbre, qu'elles soient au départ historiques, devenues des armes légendaires dans les épopées médiévales, ou bien qu'il s'agisse d'armes entièrement imaginaires qui appartenant à des œuvres fantastiques écrites après le XIXe siècle :
[modifier] Épées « historiques » ou armes d'épopées médiévales
- L'Épée de Damoclès
- Almace : épée de l'archevêque Turpin, compagnon de Charlemagne
- Balmung (ou Nothung dans la Tétralogie de Richard Wagner): l'épée de Siegfried
- Caladbolg, l’épée magique de Fergus Mac Roeg, dans la mythologie celtique irlandaise
- Courte : l'épée d'Ogier le Danois
- Durandal : épée de Roland, compagnon de Charlemagne
- Excalibur (ou Escalibur) : épée du roi Arthur
- Flamberge : épée à deux mains de Renaud de Montauban
- Hauteclaire : épée du chevalier Olivier
- Joyeuse appartenant à Charlemagne
- Tizona : épée du Cid
- Santacrux : épée de Thibaut de Sauvigny
- L'épée aux étranges attaches : épée de Galaad
- L'épée de Nuada : épée du dieu irlandais Nuada qui tranche le fer et l'acier, peut avoir inspiré la légende d'Excalibur
[modifier] Épées d'œuvres de fiction des XIXe-XXe siècles
- Andúril : épée d'Aragorn, personnage du Seigneur des Anneaux
- Dard : épée de Bilbon dans Bilbo le hobbit de J.R.R. Tolkien, elle fut remise à son neveu Frodon Sacquet dans Le Seigneur des Anneaux. Elle a la particularité de luire lorsque des orques sont à proximité.
- Daywalker : épée du vampire Blade dans les films du même nom.
- Destinée : épée indestructible et disputée dans le film Tigre et dragon
- Excalibur-Jr: épée du personnage-joueur Pip, dans la série de livre dont vous êtes le héros Quête du Graal.
- Frostmourn : épée maudite d'Arthas, prince du royaume déchu de Lordaeron dans le monde d'Azeroth tirée du jeu vidéo Warcraft III.
- Glaive de Sommer : Épée (le terme glaive est issu d’une mauvaise traduction) des rois du Sommerlund, longtemps laissé au royaume de Durenor en gage d’alliance. Elle est l’une des rares armes permettant de tuer les Seigneurs des ténèbres et son possesseur est Loup Solitaire dans la série de récits du même nom.
- Glamdring : épée de Gandalf le sorcier dans le Seigneur des Anneaux.
- Grayswandir : épée du prince d'Ambre Corwin, personnage de Roger Zelazny.
- Epée marqué du héron : épée fabriquée à l'aide du Pouvoir Unique dans La Roue du Temps. Elles ont la particularité d'être pratiquement indestructible. Elles sont généralement la propriété de grands épéistes. Le jeune héros, Rand, héritera la sienne de son père adoptif..
- Herugrim : épée du roi Théoden, roi de Rohan dans le Seigneur des Anneaux.
- Master Sword (Epée de Légende ou Excalibur) : épée légendaire et arme principale du héros Link dans la série de jeux vidéo The Legend of Zelda.
- Narsil : épée d'Elendil dans le Seigneur des Anneaux, elle fut brisée dans le combat contre Sauron puis reforgée pour devenir Andúril.
- Stormbringer : épée d'Elric le Nécromancien, personnage de Michael Moorcock, et sa jumelle Mournblade
- Vorpale : épée évoquée dans le poème Jabberwocky de Lewis Carroll.
- Werewindle : épée du prince d'Ambre Brand, personnage de Roger Zelazny.
- Zar'roc : épée de Morzan le Parjure puis de Brom le Dragonnier et enfin d'Eragon dans la trilogie Eragon.
[modifier] Films de capes et d'épées
Voir article complet : Film de cape et d'épée
L'épée (rapière ou épée de cour) est l'arme caractéristique des personnages, et en particulier des héros, des films appartenant au genre « films de cape et d'épée ». Ces films se terminent généralement par un duel à l'épée.
Le film de cape et d'épée se caractérise par des combats d'épées, un héros et une histoire d'amour.
[modifier] Notes et références
- ↑ Iaroslav Lebedynsky, dans Armes et guerriers barbares au temps des grandes invasions, Paris, 2001