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En mathématiques, plus précisément en arithmétique, le grand théorème de Fermat traite des racines de l'équation diophantienne suivante :

Il stipule qu'il n'existe aucune solution non triviale si le paramètre n est strictement supérieur à deux.
En 1637 Pierre de Fermat (1601 - 1665) propose cette équation et indique dans la marge de son exemplaire du livre Arithmetica de Diophante qu'il a trouvé une merveilleuse démonstration.
Il est peu probable qu'une démonstration accessible à Fermat existe, il faut de nombreuses tentatives ainsi que près de 350 ans d'efforts pour qu'une preuve en soit donnée en 1994 par Andrew Wiles.
[modifier] Remarques élémentaires
L'équation est homogène, c'est à dire que pour une valeur n donnée, si le triplet (x, y, z) est solution, alors (a.x, a.y, a.z) est aussi solution. En conséquence, les seules racines recherchées sont les triplets d'entiers premiers entre eux dans leur ensemble.
Si l'un des trois membres du triplet (x, y, z) est égal à zéro, alors l'équation devient évidente, de telles solutions sont dites triviales. L'objectif est donc la recherche de triplet solution tel que le produit x.y.z soit différent de zéro.
Si l'équation n'admet pas de solution pour une valeur p du paramètre, alors il n'existe pas de solution pour toute valeur n multiple de p. En effet, si l'on note n = p.q alors l'équation s'écrit:

En conséquence, les valeurs à traiter sont celles où n est un nombre premier. Il est toute fois à noter l'unique exception, correspondant au cas où n est égal à deux. En effet, des solutions existent, il est donc nécessaire d'étudier aussi le cas où n est égal à quatre.
[modifier] Résultats sans appel à la théorie des nombres
Quelques résultats se démontrent sans structure complexe. Le cas où n est égal à deux, traité à la suite, est simple et date de l'antiquité. Celui où n est égal à quatre se démontre de manière un tout petit peu moins élémentaires. Les cas restant sont ceux où n est premier différent de deux. Il existe une démonstration qui n'utilise pas les entiers d'Eisenstein pour le cas où n est égal à trois, elle est néanmoins suffisamment astucieuse et difficile pour que le mathématicien Leonhard Euler ne propose qu'une démonstration inexacte.
Les autres cas sont techniques, l'utilisation d'entiers algébriques est indispensable. Le premier terme est bien une identité remarquable : xn + yn est en effet un multiple de x + y si n n'est pas une puissance de deux, cependant cette remarque est largement insuffisante pour conclure ne serait-ce que dans un cas.
[modifier] Cas où n est égal à deux
Le cas où n est égal à deux possède une interprétation géométrique. Il correspond aux longueurs entières des différents cotés d'un triangle rectangle.
Ce cas est connu depuis la haute antiquité. Ainsi, les sumériens connaissaient[1] quelques exemple de solutions. La solution complète apparaît pour la première fois dans le livre X des Eléments[2] d'Euclide vers 300 av J.C.
Ce cas est l'unique exception du théorème (si l'on omet le cas où n est égal à un). En effet, il existe des solutions non triviales si n est égal à deux. Trois quatre et cinq est un triplet de solutions, un tel triplet est appelé triplet pythagoricien. En conséquence, il devient important de considérer le cas n égal à quatre, pour démontrer qu'il n'existe pas d'autre puissance de deux admettant des solutions non triviales.
Une démonstration est donnée dans l'article Triplet pythagoricien.
[modifier] Cas où n est égal à quatre
Ce cas est probablement l'unique traité par Fermat. Si aucune preuve écrite n'est trouvée dans sa correspondance, en revanche il démontre qu'il n'existe aucun triplet pythagoricien tel que x.y/2 soit un carré d'entier, ce qui s'exprime, dans le vocabulaire de l'auteur par l'aire d'un triangle rectangle ne peut être celle d'un carré. A partir de ce résultat, la démonstration est aisée.
La méthode utilisée est celle de la descente infinie. La méthode consiste à trouver un autre triplet de solutions tel que le troisième entier est positif et strictement plus petit que celui de la solution initiale. Il est ainsi possible descendre indéfiniment dans l'ensemble des entiers positifs, ce qui est contradictoire avec les propriétés de N.
La preuve définitive provient de Leonhard Euler (1707 - 1783), elle est aussi fondée sur la méthode de la descente infinie. Il en existe d'autres, par exemple utilisant la notion d'entiers de Gauss
Démonstration
Etudions les solutions entières non triviales (c'est à dire tel que le produit x.y.z soit différent de zéro) de l'équation :

L'équation de Fermat se déduit simplement de la résolution de l'équation précédente. Supposons l'existence d'un triplet de solutions premières entre elles dans leur ensemble et non triviales (a, b, c) avec c strictement positif et montrons alors qu'il existe un autre triplet de solutions non triviales (α, β, γ) tel que γ est positif et strictement plus petit que c. Le théorème de la descente infinie permet alors de conclure.
Le cas où n est égal à deux montre l'existence d'une paire d'entiers premiers entre eux p et q tel que:

L'égalité q 2 + b 2 = p 2 montre l'existence d'un couple d'entiers premiers entre eux (α', β') tel que:

Les deux résultats précédents montrent que :

Or α' et β' sont premiers entre eux, il en est donc de même pour α'.β' et α'2 + β'2 comme leur produit est un carré, ils sont chacun des carrés et donc il existe un entier γ strictement positif tel que γ2 = α4 + β4 où α2 est égal à α' et β2 est égal à β. Comme γ est plus petit que c la preuve est établie.
[modifier] Cas où n est égal à trois
Le cas est plus complexe, Euler écrit à Goldbach en 1753, lui indiquant qu'il a résolu ce cas. Il publie[3] sa preuve qui s'avère fausse. Pour sa démonstration il étudie des nombres dont le cube est de la forme p2 + 3.q2, pour cela il utilise une méthode originale pour l'époque, il considère l'ensemble Z[√3.i], et traite cet ensemble comme un anneau factoriel, c'est à dire qu'il suppose l'unicité d'une écriture d'un élément en éléments irréductibles. Ce résultat n'est pas exact, par exemple 4 est à la fois égal à 2 x 2 et aussi à (1 + √3.i)(1 - √3.i).
Trente ans plus tard, Carl Friedrich Gauss (1777 1855) publie un traité[4] où, pour la première fois, un anneau d'entiers algébriques est étudié rigoureusement, l'anneau des entiers qui porte maintenant son nom.
L'anneau d'entier algébrique permettant d'analyser simplement le cas où le paramètre est égal à trois est étudié précisément par Ferdinand Eisenstein (1823 1852). Cet ensemble est égal à Z[j] où j désigne la racine cubique de l'unité ayant une partie imaginaire pure strictement positive. Cet anneau est euclidien donc factoriel, en conséquence, la décomposition en éléments irréductibles aussi appelés nombres premiers d'Eisenstein est bien unique.
L'utilisation d'anneau d'entiers bien choisie est une des techniques majeures du XIXe siècle. Pour la résolution du théorème avec certains paramètres. En revanche, rares sont les anneaux d'entiers euclidiens. D'autres techniques doivent alors être adjointes pour arriver à une certaine généralité.
Dans cet anneau d'entiers appelés entiers d'Eisenstein, une descente infinie est relativement simple à trouver, c'est la méthode utilisée dans la preuve proposée ici.
Démonstration
L'objectif est de résoudre l'équation : x3 + y3 = z' 3 dans l'anneau des entiers d'Eisenstein. En notant z = -z' , l'équation devient x3 + y3 + z3 = 0. Soit (α, β, γ) une solution non triviale tel que α, β et γ soient premiers entre eux dans leur ensemble.
Notons u = 1 + j et v = -j. On remarque que la famille (u, v) forme une base de l'anneau des entiers considéré comme un Z module. De plus, w = u - v est de norme égal à trois, c'est donc un nombre premier d'Eisenstein. Quelques calculs élémentaires montrent que u2 = -v, v2 = -u, u.v = u + v = 1 et u3 = v3 = -1. Dans la suite de la démonstration a et b désignent deux entiers relatifs.
1. a.u + b.v est un multiple de w si, et seulement si, a + b est un multiple de trois.
-
- Si a.u + b.v est un multiple de w, alors il existe deux entiers relatifs n et m tel que:

- On en déduit que a + b est égal à 3.(m - n). Réciproquement, si a + b est égal à 3.c, où c est un entier relatif, alors définissons m et n comme les deux entiers vérifiant n - m = c et 2.m - n = a, on vérifie que m - 2.n = b et les égalités (i) montrent que a.u + b.v est multiple de w.
2. Si a.u + b.v n'est pas un multiple de w, alors (a.u + b.v)3 est congru à plus ou moins un modulo neuf.
-
- Soit da (respectivement db) le reste de la division euclidienne par trois de a (respectivement de b), d l'entier d'Eisenstein da.u + db.v et ε l'entier d'Eisenstein défini par a.u + b.v = 3.d + ε. Alors, si a.u + b.v n'est pas un multiple de w la proposition précédente montre que ε est élément de l'ensemble {±u, ±v, ±1}. Le calcul suivant permet de conclure :

3. Un et un seul des trois entiers d'Eisenstein α, β ou γ est un multiple de w.
-
- La somme des trois cubes est égale à 0, elle est donc congrue à 0 modulo neuf. On en déduit que les trois cubes ne peuvent tous être congrus à ±1 modulo 9. La proposition précédente montre qu'au moins l'un d'entre eux est un multiple de w.
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- Si deux des trois entiers ont un diviseur commun, l'égalité α3 + β3 + γ3 = 0 montre que le troisième entier possède aussi ce diviseur. Le fait que les trois entiers soit premiers entre eux dans leur ensemble montre qu'ils sont premiers entre eux deux à deux, w n'est donc diviseur que de l'un des trois. Il est possible, sans perte de généralité de supposer que α est le multiple de w, cette hypothèse est celle de la suite de la démonstration.
4. α est un multiple de trois.
-
- α est un multiple de w d'après le point 3. Donc β3 + γ3 qui est égal à -α3 est un multiple de w3. De plus, β3 (respectivement γ3) est congru à un élément de l'ensemble {±u, ±v, ±1} modulo 9 d'après le point 2, notons εβ (respectivement εγ) cet élément. β3 + γ3 est congru à εβ + εγ modulo 9, or 9 est un multiple de w3 car w4 est égal à 9. Ceci montre que εβ + εγ est congru à 0 modulo w3, ce qui montre que εβ + εγ est égal à 0.
-
- εβ + εγ = 0, donc β3 + γ3 est congru à 0 modulo 9 et α3 est aussi congru à 0 modulo 9, ce qui montre que α est un multiple de trois.
5. Si μ = β.u + γ.v, η = β.v + γ.u et χ = β + γ, alors μ, η et χ sont des multiples de w.
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- Remarquons tout d'abord que β3 + γ3 = μ.η.χ. Ensuite w3 divise μ.η.χ car w3 divise α3 qui est égal à -β3 - γ3. Puis, w divise μ - η car μ - η = w.(β - γ) et enfin μ + η = β + γ est égal à χ.
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- Comme w divise μ.η.χ et que w est premier, il divise au moins l'un d'entre eux, par exemple μ. Comme w divise μ - η, il divise aussi η. Enfin comme w divise μ et η il divise χ = μ + η. Un raisonnement analogue permet de conclure de la même manière si w divise η ou χ.
6. Si μ', η', χ' sont définis par μ = w.μ', η = w.η' et χ = w.χ', alors μ', η' et χ' sont premiers deux à deux.
-
- Raisonnons par l'absurde. Supposons que les trois entiers d'Eisenstein ne soit pas premiers entre deux deux à deux alors μ', η' ont un diviseur commun car χ' = μ'+ η'. Notons δ ce diviseur commun.
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- β + γ est égal à μ + η donc δ est un multiple de β + γ. β - γ est un multiple de μ - η (cf le point 6) donc δ est un multiple de β - γ. En conséquence, δ est un multiple de 2.β et de 2.γ. Comme β et γ sont premiers entre eux, δ est égal à deux (à un membre du groupe des unités près).
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- En conséquence β + γ et β - γ sont des multiples de deux. Divisons β et γ par deux, on obtient : β = 2.qβ + rβ et γ = 2.qγ + rγ, avec les normes de rβ et de rγ inférieures à trois. De plus comme β + γ est un multiple de deux rβ + rγ = 2.λ. En conséquence γ = 2.(qγ + λ) - rβ.
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- L'égalité μ = β.u + γ.v s'écrit alors μ = 2.(qβ.u + (qγ + λ).v + rβw. On remarque alors que deux est un nombre premier d'Eisenstein qui ne divise ni w si rβ qui est le reste d'une division euclidienne par deux. En conclusion μ n'est pas un multiple de deux, μ' non plus ce qui est une contradiction.
7. Il existe un triplet de racine cubique de μ', η' et -χ' solutions de l'équation de Fermat à un élément du groupe de l'unité près.
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- L'égalité μ'.η'.χ' = θ3 où θ est défini par θ.w = α (le point 3. montre que α est un multiple de w) et le fait que les éléments μ', η' et χ' sont premiers deux à deux montre que chacun des facteurs est le produit d'une unité et d'un cube.

- L'égalité μ' + η' = χ' montre que uμ.α' 3 + uη.β' 3 - uχ.γ' 3 = 0.
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- L'égalité uμ.uη.uχ.(α'.β'.γ') 3 = θ3, montre que uμ.uη.uχ est un cube. Ce cube n'est pas multiple de w, il est donc congru à ±1 modulo 9. Il est donc égal à ±1.
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- Un et un seul élément parmi α', β' et γ' est multiple de w. En effet, μ', η' et χ' sont premiers entre deux à deux, il en est donc de même avec α', β' et γ'. En conséquence au plus un élément est multiple de w. Le point 4 montre que α est multiple de 3 qui est égal à w2, et θ est un multiple de w. Comme w est un nombre premier d'Eisenstein, il divise au moins l'un des trois membres. Par la suite, on suppose que α' est le multiple de w. Le raisonnement est le même si le multiple s'avère être l'un des deux autres membres.
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- β' et γ' ont un cube congru à ±1 modulo 9 et un raisonnement analogue au point 4. montre que les racines uη et uχ sont opposées. L'égalité uμ.uη.uχ = 1 devient uμ.uη2 = ±1. Ce qui montre que uμ est égal à ± uη. Quitte à modifier le signe de α', il est toujours possible de choisir uμ égal à uη. L'égalité devient:

8. Une descente infinie montre qu'il n'existe pas de solution à l'équation de Fermat si n est égal à trois.
-
- Le premier triplet de solutions (α, β, γ) non trivial est tel que le produit α.β.γ contient le facteur w plusieurs fois (au moins deux d'après le point 4.). Un tel triplet montre l'existence d'un deuxième triplet de solutions (α', β', γ' ) non trivial tel que le produit α'.β'.γ' contient le facteur w un nombre de fois strictement inférieur car β et γ ne sont pas multiples du nombre premiers d'Eisenstein w et que :

- Ceci démontre l'existence d'une descente infinie et donc l'absence de solution.
[modifier] Théorème de Sophie Germain
La démarche permettant de résoudre le cas où n est égal à trois ne se généralise pas. En effet, l'anneau des entiers algébriques associé aux racines de l'unités n'est plus factoriel. Le raisonnement arithmétique du cas précédent n'est donc plus opérationnel.
Durant la première décennie du XIXe siècle, Sophie Germain (1776 - 1831) apporte une nouvelle idée appelée théorème de Sophie Germain.
Si n > 2 et 2n + 1 sont des nombres premiers et si x.y.z n'est pas multiple de n, alors le triplet (x, y, z) n'est pas solution de l'équation de Fermat.
La démonstration du cas où le paramètre est égal à trois utilise une démarche de cette nature.
L'étude de la démonstration du théorème est alors divisée en deux cas:
-
- Il existe une valeur du triplet multiple de n.
- Aucun des membres n'est multiple de n.
Germain résout le premier cas pour toutes les valeurs du paramètre inférieures à cent. Adrien-Marie Legendre (1752 - 1833) pousse la démonstration à toutes les valeurs plus petites que cent-quatre-vingt-dix-sept.
Démonstration
n est impaire, en conséquence, en modifiant le signe de z, l'équation s'écrit x n + y n + z n = 0. Soit (α, β, γ) une solution non triviale tel que α, β et γ soient premiers entre eux dans leur ensemble, et donc deux à deux. Montrons que α.β.γ est une puissance de n. Pour raisonnons par l'absurde, supposons que α.β.γ ne soit pas une puissance de n et trouvons une contradiction.
1. α + β, β + γ et γ + α sont des puissances de n.
-
- L'équation s'écrit de la manière suivante:

- Montrons que β + γ et β n-1 - β n-2.γ + ... + γ n-1 sont premiers entre eux. Soit d un diviseur des deux membres. Alors γ est congru à -β modulo d et le deuxième terme est congru à zéro modulo d. En remplaçant γ par -β dans le deuxième terme, on montre que n. β n-1 est un multiple de d. Ceci montre que β est un multiple de d. Comme β + γ l'est aussi, γ est un multiple de d. Comme β et γ sont premiers entre eux, on en déduit que d est égal à 1.
-
- Les deux facteurs de droite de l'égalité (i) sont premiers entre eux et leur produit est égal à une puissance de n. Ceci montre que β + γ est une puissance de n. Le même raisonnement s'applique pour α + β et γ + α. Il existe donc trois entiers a, b et c tel que:

2. bn + cn + (-a)n est un multiple de 2n + 1.
-
- Z/(2n+1)Z est un corps dont le groupe multiplicatif est un groupe cyclique d'ordre 2n (cf groupe cyclique et anneau). En conséquence toute puissance de n d'un élément du groupe est d'ordre deux et est donc solution de l'équation X 2 - 1. Toute puissance de n d'un entier non multiple de 2n + 1 est donc congru à ±1 modulo 2n + 1. Les trois puissances α n, β n et γ n ne peuvent être en même temps congrus à ±1 car leur somme serait alors différente de zéro. Un au moins est donc multiple de 2n + 1. Comme 2n + 1 est un nombre premier, une puissance n'est multiple de 2n + 1 que si son facteur l'est aussi. Un des trois termes α, β ou γ est donc multiple de 2n + 1 car aucun n'est multiple de n, supposons que ce terme soit α. Le raisonnement s'applique de manière analogue dans le cas de β ou γ. En revanche deux facteurs ne peuvent en même temps être multiple de 2n + 1 car ils ne seraient plus premiers entre eux, β et γ sont donc congrus à ±1 modulo 2n + 1.
-
- Il suffit alors de remarquer que bn + cn + (-a)n est égal à γ + α + α + β - (β + γ) = 2.α pour conclure que la somme est multiple de 2n + 1.
3. a est multiple de 2n + 1.
-
- Si b est un multiple de 2n + 1, alors γ + α l'est aussi car γ + α = b n. Comme α est multiple de 2n + 1, il en est de même pour γ et ces deux entiers ne sont pas premiers entre eux, ce qui est contraire à l'hypothèse. Le raisonnement s'applique de la même manière pour c.
-
- Le raisonnement du 2. montre que, comme bn + cn + (-a)n est congru à zéro modulo 2n + 1, un des trois termes est un multiple de 2n + 1. Comme ce n'est ni b ni c, a est un multiple de 2n + 1.
4. Les hypothèses initiales sont fausses et α.β.γ est un multiple de n.
-
- Le raisonnement du 1. montre que β n-1 - β n-2.γ + ... + γ n-1 (respectivement α n-1 - α n-2.β + ... + β n-1) est une puissance de n. Il existe donc deux entiers u et v tel que :

- Comme a est un multiple de 2n + 1, β est congru à -γ modulo 2n + 1. Un raisonnement analogue au 1. montre que n.β n-1 est congru à un modulo 2n + 1.
-
- De plus, α est un multiple de 2n + 1, on en déduit que vn est congru à β n-1 modulo 2n + 1 et:

- Dans Z/(2n+1)Z une puissance de n est égal soit à ±1 soit à 0. Les valeurs ±1 étant impossibles, u et v sont donc des multiples de 2n + 1. En conséquence β n-1 est aussi β est un multiple de 2n + 1 et α et β ne sont pas premiers entre eux, ce qui est contraire aux hypothèse.
-
- En conclusion il n'est pas possible de supposer que le triplet (α, β, γ) est une solution si α.β.γ n'est pas un multiple de n.
[modifier] Cas où n est égal à cinq
Le théorème de Fermat est alors célèbre. Tous les efforts se concentrent sur le cas où le paramètre est égal à cinq. Sophie Germain a résolu le cas où aucune des inconnues n'est multiple de cinq. Cependant, malgré l'implication de nombreux membres de la communauté mathématique, plus de quinze ans s'écoulent sans progrès notable. En 1825 Dirichlet (1805 - 1859) devient immédiatement célèbre, pour un apport significatif. En général, un triplet solution, dans le cas où n est égal à cinq, contient un multiple de cinq et un multiple de deux. Dirichlet résolut le cas où les deux multiples sont associés à la même inconnue.
La démonstration est soumise à l'académie des sciences et Legendre est nommé référé. Il utilise les techniques de Dirichlet, et résolut l'autre cas en quelques mois, c'est à dire celui où le multiple de deux et celui de cinq sont associés à des inconnues différentes.
Les deux démonstrations utilisent des techniques semblables à celle du cas où le paramètre est égal à trois. Elles se fondent sur l'arithmétique modulaire de l'anneau des entiers relatifs et d'un anneau d'entiers bien choisi. Cependant, cette fois ci et à la différence du cas où n est égal à trois, l'extension cyclotomique associée, c'est à dire correspondant au corps de décomposition du polynôme cyclotomique n'est ni euclidien ni factoriel. Il devient nécessaire de considérer l'anneau des entiers du corps Q[√5] et non Q[i√5]. La structure, particulièrement le groupe des unités devient plus complexe. Sa compréhension revient à l'analyse d'une autre équation diophantienne dite de Pell, étudié par Euler. Les travaux de Lagrange sur les fractions continues fournissent les outils nécessaires à l'élucidation de cette structure. Cet anneau prend le nom d'anneau des entier de Dirichlet, il permet d'établir le lemme clé de la démonstration.
-
- A la différence des travaux de Gauss et d'Eisenstein sur le cas où n est égal à trois, aucune percée théorique majeure n'est réalisée pour la résolution de ce cas. L'anneau associé est toujours euclidien et donc factoriel, les arithmétiques utilisées sont de même nature que les précédentes.
Démonstration
On suppose que (α, β, γ) est une solution non triviale tel que α, β et γ soient premiers entre eux dans leur ensemble et donc deux à deux.
Résolution du cas ou z est un multiple de cinq et de deux.
L'équation s'écrit alors : x 5 + y 5 = 25.m.55.n.z' 5. Soit (α, β, γ') un triplet solution associée.
1. Il existe deux entiers p et q premiers entre eux, de parités opposées tel que α 5 + β 5 = 2p(p4 + 10p2q2 + 5q4 ).
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- γ est pair donc α et β sont impairs, α + β et α - β sont donc pairs et si p et q sont définis par 2p = α + β et 2q = α - β, alors α = p + q et β = p - q. De plus, p et q sont non nuls et premiers entre eux car α et β le sont. Alors un développement binomial montre que :
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- Enfin, p et q sont de parités opposées car α et β sont impairs.
2. Il existe deux entiers q et r premiers entre eux de parités opposées tel que r soit multiple de cinq et α 5 + β 5 = 2.52.r(q4 + 50q2r2 + 125r4).
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- α 5 + β 5 est multiple de cinq, le terme 2p(p4 + 10p2q2 + 5q4 ) est donc multiple de cinq, ce qui montre que p l'est. Soit r l'entier défini par p = 5.r. En remplaçant p par 5.r dans l'équation (i), on obtient:
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- r est de même parité que p, chaque membre de l'équation (ii) est multiple de 55 donc soit r soit q est multiple de cinq. Or q est premier avec p et p est multiple de cinq, q n'est donc pas multiple de cinq et r l'est. Les notations suivantes sont alors utilisées:
3. les entiers a et b sont deux entiers strictement positifs premiers entre eux de parités opposées et t = a2 - 5b2 est une puissance cinquième.
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- Un simple calcul montre que t = a2 - 5b2.
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- Montrons que a et b sont premiers entre eux. Soit f un diviseur de a et de b, f ne peut être pair car a est impair (q et r sont de parités différentes et a = q2 + 25r2). f ne peut être multiple de cinq car a n'est pas multiple de cinq (car q n'est pas multiple de cinq, en effet p et q sont premiers entre eux et p est un multiple de cinq). Enfin f est un diviseur de r car il divise b = 2.5.r2, comme il divise aussi a il est donc diviseur de q. Comme q et r sont premiers entre eux, f est égal à 1, ce qui montre que a et b sont premiers entre eux. Comme b est un multiple de deux et de cinq, a et b sont de parités différentes et a n'est pas un multiple de cinq.
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- Montrons que 2.52.r et t sont premiers entre eux. Soit f un diviseur des deux membres. Comme t est impair (t = a2 - 5b2 et a et b sont de parités opposées) f l'est aussi. Cinq divise p, donc il ne divise pas q. Si cinq ne divise pas q, il ne divise pas t ni f. Tout diviseur commun à r et t divise aussi q, donc r et t sont premiers entre eux. Donc, si f divise r, comme f divise r il est égal à un. Tout diviseur commun à 2.52.r et t est donc égal à un, et ils sont premiers entre eux.
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- L'égalité γ5 = 2.52.r.t permet de conclure que t et 2.52.r sont deux puissances cinquième car ils sont premiers entre eux. De plus q et r sont non nuls donc a et b sont des entiers strictement positifs.
4. Il existe deux entiers c et d, différents de zéro premiers entre eux de parités opposées tel que cinq divise d avec :
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- Ce passage correspond au lemme clé de la démonstration. Une fois prouvée, la suite est relativement mécanique. Comme pour le cas où le paramètre est égal à trois, le bon anneau d'entier est nécessaire. Ici, c'est l'anneau des entiers de Dirichlet. La démonstration est donnée dans le paragraphe Propriété associée aux entiers de Dirichlet pour la démonstration du dernier théorème de Fermat. L'unique élément à démontrer reste le fait que d est un multiple de cinq. Il suffit pour cela de remarquer que b est un multiple de 25, c n'est pas un multiple de cinq, donc d l'est. Utilisons alors les notations suivantes:
5. e et f vérifient les hypothèse du lemme.
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- On remarque que e et f sont premiers entre eux. En effet, si θ est un diviseur commun à e et à f, alors θ ne divise pas 2 car c et d étant de parités différentes e est impair, θ est donc un diviseur de d et de c, il est donc égal à 1. On remarque de plus que f est pair et e impair, d est un multiple de cinq donc f l'est. Enfin, d est non nul donc f est aussi non nul, c n'est pas un multiple de cinq, donc e est aussi non nul.
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- Montrons que e 2 - 5.f 2 est une puissance cinquième. On remarque que:
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- Le terme correspond donc à un diviseur de b. L'égalité (ii) montre que 2.52.r est une puissance cinquième, il en est donc de même de son carré. Or :
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- Il suffit donc de montrer que e 2 - 5.f 2 est premier avec 2, 5 et d pour prouver que c'est une puissance cinquième. La différence de parité entre e et f montre que l'expression est première avec 2. Comme e est premier avec 5 (car c l'est) l'expression est première avec 5. Enfin, c est premier avec d ce qui montre que l'expression, somme de c4 et de puissances de d, est première avec d. Les hypothèses du lemme sont bien vérifiées.
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- On en déduit l'existence de deux entiers g et h vérifiant les égalités suivantes et les conclusions du lemme :
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- Comme précédemment, nous utilisons les notations suivantes:
6. Existence d'une descente infinie.
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- e' et f' vérifient les hypothèses du lemme pour la même raison que pour le point 5. Le fait que l'expression e' 2 - 5.f' 2 soit une puissance cinquième provient du fait que 2.54.d est une puissance cinquièm et son carré aussi, donc :
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- Il suffit alors de montrer que l'expression est première avec 2, 5 et d' ce qui se montre comme précédemment. La suite d, d' etc... est une suite d'éléments non nuls, il suffit de montrer qu'elle est décroissante. Or la suite est strictement positive et entière, donc :
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- La suite génère une descente infinie, ce qui montre qu'une telle solution n'existe pas.
- ↑ Tablette Plimpton 322 Université de Columbia -1900 - -1600
- ↑ Euclide Les quinze livres des éléments géométriques d'Euclide : plus le livre des donnez du mesme Euclide aussi traduict en françois par ledit Henrion, et imprimé de son vivant traduction de 1632, site Gallica
- ↑ Leonhard Euler Algèbre 1770
- ↑ Carl Friedrich Gauss Disquisitiones Arithmeticae 1801
[modifier] Liens externes
- Simon Singh Le Dernier Théorème de Fermat Poche 2001
- P. Samuel Théorie algébrique des nombres Hermann Paris 1971
- A. Weil number theory, an approach through history, from Hammurapi to Legendre Birkhäuser 1983
- P. Ribenboim 13 lectures on Fermat’s theorem Springer Verlag 1980)